En l’an 480 de l’Hégire (1087), Alfonsh VI envoya de Tolède différents corps d’armées qui attaquèrent et prirent plusieurs petites villes et une importante forteresse musulmane du nom de Liyayte dans l’est de l’Andalousie. Puis il réunit une garnison de 13.000 soldats dans cette forteresse et à nouveau le danger se fit pressant pour les royautés musulmanes indépendantes qui ne levèrent même pas le petit doigt pour se défendre.

Alfonsh, pas tout à fait encore prêt, était sur le point d’attaquer et de conquérir tout l’est de l’Andalousie.

Cette même année, al-Mou’tamid Ibn ‘Abbad présentant le nouveau danger imminent s’embarqua sur un navire pour le Maghreb ou il rencontra Youssouf Ibn Tashfine et lui demanda assistance pour la seconde fois contre la menace d’Alfonsh.

Youssouf Ibn Tashfine lui répondit : « La situation était sous votre contrôle. Si vous vous étiez unifiés, vous seriez venu facilement à bout de lui car il était affaiblit. Mais vous lui avez laissé le champ libre pour reconstituer ses forces et voilà qu’il cherche à vous manger de nouveau. Et voilà le résultat de la division et son résultat sur les gens ».

 

Youssouf, pour la seconde fois répondit favorablement à sa demande et en l’an 481 de l’Hégire (1088), il traversa de nouveau le détroit de Tariq et débarqua en Andalousie.

Il se dirigea aussitôt vers le nord-est et leva une armée composée des habitants de ces contrées menacées. Puis il se dirigea vers la forteresse de Liyayte qu’il assiégea.

Alfonsh informé de l’arrivée de l’armée musulmane craignit le pire pour les soldats de la forteresse. Il sortit à la tête d’une immense armée et Ibn Tashfine informé de son arrivée, ne voulut par être prit entre deux armées ennemies.

Et pour ne pas combattre en position de faiblesse, il ordonna le retrait de son armée tout en espionnant secrètement les mouvements de l’armée. Alfonsh en profita pour faire évacuer la garnison et ainsi prit fin la menace de Liyayte.

Ibn Tashfine dut retourner de nouveau au Maghreb où son attention était requise et en partant, il laissa une partie de son armée pour défendre les Musulmans.  

 

La réunion des savants de Syrie 

En l’an 482 de l’Hégire (1089), Alfonsh fit une nouvelle fois ses préparatifs pour transformer Tolède en place fortifiée pour ses armées et d’où il pourrait organiser ses conquêtes.

 

Les gouverneurs des royaumes indépendants ne changèrent en rien après ces deux dangers éliminés et chacun resta sur sa position noyé par l’amour du pouvoir, des vains délices et des occupations mondaines de cette vie. Bientôt la division se fit plus profonde entre deux royaumes qui finirent par s’entretuer au plus grand bénéfice d’Alfonsh et les gens alarmés envoyèrent des messagers demander l’aide des Mourabitine pour la troisième fois.

 

Les nouvelles des divisions et des guerres intestines entre gouverneur parvinrent jusqu’en Syrie. Alors deux des plus grands érudits de l’époque : Abou Hamid al-Ghazali, qui se trouvait en Syrie à cette époque, et Abou Bakr at-Tartoushi, puisse Allah le Très Haut leur faire miséricorde, se réunirent avec d’autres ‘Oulémas pour discuter des problèmes de l’Andalousie et du sort des Musulmans, reflétant les propos du Messager d'Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui) : « Quiconque ne s’occupe pas des affaires des Musulmans n’en fait pas partie »

Les savants religieux édictèrent alors un des plus important arrêté juridique de tous les temps. Ils ordonnèrent à Youssouf Ibn Tashfine de retirer le pouvoir aux gouverneurs d’Andalousie, et d’unifier l’Andalousie par la force. Du fait que ces gouverneurs étaient la cause principale du danger qui menaçait directement les Musulmans et qu’il ne convenait pas de se taire ou d’ignorer ce fait. Puis ils envoyèrent cet arrêté juridique (fatwa) à Youssouf Ibn Tashfine lui donnant juridiquement l’ordre de procéder et de mettre fin à ces dissensions.      

Youssouf Ibn Tashfine réfléchit aux conséquences de cet ordre. Il était bien évidemment que son attention était demandée en permanence pour diriger son état des Mourabitine et que s’il partait, des troubles pouvaient surgir à tout instant. Mais le statut de l’Andalousie était bien plus préoccupant que le sien qui était bien stable. Et le danger des croisés était bien plus important que ceux qui menaçaient son état.

Mais ce qui le motiva encore plus pour combattre les croisés (jihad salibiyine), et qu’il ne put supporter c’est que certains gouverneurs comme al-Mou’tamid Ibn ‘Abbad, al-Moutawwakil Ibn Akhtas, le gouverneur de Badajoz et ‘AbdAllah Ibn Boullouqine celui de Grenade, conduisirent des tractations secrètes (tifaqat sirriyah) avec les ennemis des Musulmans contre les Mourabitine.

Alors pour la troisième fois Youssouf Ibn Tashfine porta son attention vers l’Andalousie qu’il se promit d’unifier quand bien même devrait-il employer la force, protégé par l’arrêté juridique lui donnant les droits de procéder.  

 

Le retour d’Ibn Tashfine en Andalousie 

En l’an 483 de l’Hégire (1090), Youssouf Ibn Tashfine, à la tête de son armée, retourna en Andalousie. Puis au fur et à mesure de son avance vers Tolède, beaucoup de Musulmans joignirent son armée et grossirent ses rangs avec ceux qui furent envoyés par les gouverneurs des états indépendants.

Lorsqu’il arriva et mit le siège, il ne put rien faire. Puis, il se demanda comment cette ville ainsi fortifiée avait-elle put tomber entre les mains d’Alfonsh si facilement. Sachant qu’il ne pouvait rien faire à cause de sa petite armée et de ses moyens très réduits, il décida donc de mieux se préparer tant pour unifier l’Andalousie que mettre  le siège sur la ville.

Youssouf Ibn Tashfine commença par envoyer des messagers aux gouverneurs.

 

En l’an 484 de l’Hégire (1091), Syr Ibn Abou Bakr, le commandant de l’armée de Youssouf Ibn Tashfine, se dirigea vers Cordoue, une des villes les plus importantes du sud, dépendante de Séville, un des plus larges royaumes indépendant, gouverné par al-Mou’tamid Ibn ‘Abbad, qui avait lutté au côté de Youssouf Ibn Tashfine lors de la bataille de Zallaqa. Tandis que Cordoue était dirigé par son fils al-Fath Ibn al-Mou’tamid Ibn ‘Abbad, les deux avaient refusé de se soumettre aux Mourabitine.

Syr Ibn Abou Bakr utilisa tous les moyens pacifiques pour convaincre al-Fath de se rendre mais il refusa systématiquement toutes les offres qui lui furent faites, si bien que Syr n’eut d’autre choix que de donner l’assaut. Les deux armées s’affrontèrent et al-Fath fut battu, ses partisans s’enfuirent tandis que son épouse Zahidah et ses enfants se réfugièrent chez le roi croisé de Castille (qishtallah) ou ils apostasièrent, devinrent Chrétiens et Zahidah prit le nom d’Isabelle, préférant les cochons aux chameaux, puis devint l’épouse d’Alfonsh. Cordoue tomba aux mains des Mourabitine et Syr Ibn Abou Bakr marcha sur Séville.

 

Les croisés 

Il est important de noter qu’au début de cet « Abrégé de l’Histoire du Maghreb et de l’Andalousie », j’utilisais le mot Chrétien (nassarah), pour progressivement utiliser le mot croisé (salib) du fait que ces dernières guerres étaient bien des croisades et comme nous l’avons mentionné, le pape de Rome appela aux croisades à plusieurs reprises comme par exemple en l’an 482 de l’Hégire (1089) quand le pape catholique Urbain II, le père du concept « des croisades » demanda aux Chrétiens d’Europe d’assister les Espagnols dans leur guerre contre les Musulmans et que les armées des croisés traversèrent les Pyrénées pour leur porter assistance en un très grand nombre de fois. De même lors du colloque des églises en France, à Clermont Ferrand en l’an 488 de l’Hégire (1094), il fut décidé, en t’autre, le début des croisades et l’envoi de troupe vers les terres musulmanes du Levant qui s’ensuivit avec l’occupation de Jérusalem (al-qouds) en l’an 492 de l’Hégire (1098).

Dans ce colloque se trouvait al-Moutawan Bernard, le responsable de l’église espagnole et la grande partie des prêtres et des moines qui y participèrent voulurent participer à la première croisade mais le pape Urbain refusa et édita l’ordre qu’ils conduisent la croisade espagnole contre les Musulmans d’Andalousie.

Après le succès de la première croisade au Levant, le pape de l’époque, Pascal II chef de l’église catholique, annonça la croisade contre les Musulmans en Andalousie (harb salibiyah dod al mouslimin fil andalous). Ce sont des faits historiques consignés. Nous ne rapporterons que la vérité et n’inventons rien !  Nous ne parlons donc pas seulement des Chrétiens mais des croisés fanatiques[1] (salibiyine mouta’assibine).

De même, en l’an 632 de l’Hégire (1234), le pape (al-baba) Gregory IX édita un arrêté papal destiné aux Chrétiens, qu’il (le pape) leur pardonnerait leurs péchés (al-ghofran) s’ils combattraient les Musulmans en Andalousie au côté du roi du Portugal Sancho II car comme vous le savez, le pape qui ne croit pas en Dieu mais à une symbiose d’individus, a toutefois le pouvoir de pardonner les péchés !  

Il n’y a aucun doute que c’était bien des croisades d’autant plus, que lors de chaque bataille, les croix et les bibles étaient portées en avant des troupes comme nous l’avons aussi vu.

Nous parlerons plus longuement du sujet dans notre prochaine traduction intitulé « Abrégé de l’Histoire des Croisades » et un dernier petit mot sur le sujet, avant d’en revenir aux Mourabitine, sachez que le président espagnol, José María Aznar, dit en 2001 avant d’envoyer ses troupes en Afghanistan : « Sachez que nous sommes toujours en guerre avec l’Islam depuis le 10 siècle ! » Ce qui veut dire que les croisades sont toujours d’actualité et se poursuivent depuis et ce jusqu’à la fin des temps et peu importe le nom qu’on leur donne !

 

La bataille de Borhanshe et la réunification du sud 

Alfonsh comprit le danger immédiat de cette opération. Si Séville tombait aux mains des Mourabitine, ils deviendraient beaucoup plus puissants et lui présenteraient un grave danger. Il est vrai que les Musulmans qui s’entretuaient arrangeaient grandement ses affaires mais les Mourabitine étaient un tout autre type de menace. Et ils devaient être stoppés maintenant avant qu’ils ne prennent Séville : une grande et riche métropole qui ne manquerait pas de rajouter à la force des Mourabitine.

Alors Alfonsh VI, maudit soit-il, envoya Borhanshe à la tête de son armée pour couper la route aux Mourabitine et les empêcher d’attaquer Séville. Les deux armées se rencontrèrent au nord de Séville et eut lieu une violente bataille ou l’armée d’Alfonsh fut, par la Grâce d’Allah le Très Haut, écrasée par l’impétueuse armée des Mourabitine commandée par Syr Ibn Abou Bakr qui sortit victorieux de l’affrontement tandis que Borhanshe fut gravement blessé et la chute de Séville facilitée.

 

Lorsque la nouvelle de la victoire des Mourabitine se répandit, la royauté de Dénia (daniyah) et Algésiras (al-jaziratoul khadrah) se soumirent au commandement des Mourabitine.

Syr Ibn Abou Bakr marcha sur Séville tandis qu’al-Mou’tamid réfléchissait sur sa position : Perdrait-il sa royauté en faveur des Mourabitine ou bien allait-il s’opposer à eux ? Mais le diable lui enjoliva la beauté du pouvoir et ses honneurs et aggrava sa perception de la pauvreté et de l’abandon si bien qu’il choisit de lutter pour garder ses privilèges.

Al-Mou’tamid refusa les offres de soumission et harangua son peuple pour lutter contre les Mourabitine. Mais son peuple refusa de combattre les Mourabitine, marre qu’il en avait de toutes ces épreuves alors n’ayant pas d’autre choix que les suivre, poussé par les circonstances, al-Mou’tamid se soumit aux Mourabitine au mois de Rajab de l’année 484 de l’Hégire (1091).

Et avec la chute de Séville tout le sud fut unifié sous le commandement des Mourabitine.

 

L’expulsion et la fin d’al-Mou’tamid Ibn ‘Abbad 

Syr Ibn Abou Bakr n’oublia pas le comportement d’al-Mou’tamid et sa prise de position, le fit expulser à vie d’Andalousie comme récompense de son ignominieuse conduite. Il fut dessaisit de tous ses biens et enchaîné avec les prisonniers.

Et al-Mou’tamid Ibn ‘Abbad, un des plus grand gouverneur d’Andalousie, compagnon des assemblées de poètes, des lecteurs, des musiciens et des chanteurs, compagnon des honneurs, de l’apparat et des riches fut expulsé vers le Maghreb à Aghmat, humilié et dégradé pour sa traîtrise.

Lorsqu’il arriva au Maghreb, Youssouf Ibn Tashfine ordonna qu’il soit relâché et qu’il vive misérablement de l’aumône demandé aux gens jusqu’en l’an 488 de l’Hégire (1094) ou mourut al-Mou’tamid Ibn ‘Abbad, pauvre, sans possession, inconnu, si bien qu’il fut annoncé à sa mort : « as-salat ‘alal gharib », « prière (funéraire) pour un inconnu » à laquelle n’assista que trois personne et regardez l’exemple qu’Allah nous donne en cet homme qui après avoir été une « star » mourut « bish-shar » ! Qu’Allah nous préserve de la déchéance, Amine !

Et ce n’est que lorsqu’il fut introduit dans la fosse que quelqu’un le reconnu et dit : « Cet homme était le gouverneur de Séville, cet homme est al-Mou’tamid Ibn ‘Abbad ! » Et son histoire se propagea afin qu’elle serve de leçon pour ceux qui viendront après lui.

Il fut offert à al-Mou’tamid l’opportunité de se joindre aux Mourabitine et de bénéficier du même statut, des mêmes récompenses et de la même gloire ici-bas et dans l’au-delà, d’être un honneur pour les Musulmans tout en conservant son poste et ses avantages. Mais la vie de ce monde et ses artifices illusoires le trompèrent et l’emportèrent dans le gouffre du déshonneur.

O gens doués de raison, prenez en des leçons avant que ne vienne le jour des lamentations.

 

Le début de la fin des royautés indépendantes 

Avec la mort d’al-Mou’tamid, prit fin un des plus grands états indépendants. Sa mort annonça le glas de la fin des gouverneurs des états indépendants et le début du règne des Mourabitine.

 

Les états indépendants étaient bâtis sur les structures de l’Islam mais professaient la division. Certes les lois d’Allah le Très Haut étaient appliquées mais la priorité des gouverneurs étaient la satisfaction de leurs propres personnes.

Et lorsque les gens recherchent les plaisirs mondains, Allah le Très Haut ne bénit pas leurs efforts et leur temps. C’est uniquement cette division et cette recherche des biens du bas monde qui ont contribué à la chute et à la perte de l’Andalousie. Alors que toute l’Andalousie était entre leurs mains lorsqu’ils étaient unis, voilà maintenant qu’un tiers du pays était tombé aux mains des croisés et pire encore ils avaient réussis à prendre sans combattre la plus grande ville du centre et la plus fortifiée : Tolède.

 

L’historien Ibn al-Qardabous a rapporté sur cette époque : « L’Andalousie fut perdue pendant l’ère des royaumes indépendants lorsque la flamme de l’Islam disparut des âmes. Et ceci confirment la véracité du Hadith du Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d'Allah sur lui), bien que nous soyons nombreux, si nous ne nous attachons pas fermement à l’Islam nous faiblissons. 

Le Messager d'Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Mais vous êtes de l’écume comme l’écume de mer. Et Allah retirera du cœur des mécréants la crainte qu’ils ont de vous et Il placera dans vos cœurs al-Wahn ». « O Messager d'Allah : Qu’est-ce al-Wahn » demandèrent les compagnons ? Il répondit : « L’amour de cette vie et la répugnance de la mort »[2] ».

Certes, il y avait parmi les gouverneurs des gens sincères qui voulaient mettre fin à cette division et à cette faiblesse. Allah le Très Haut dit : « Et craignez une calamité qui n’affligera pas exclusivement les injustes d’entre vous. Et sachez qu’Allah est dur en punition[3] ».

Il y avait aussi parmi eux des ‘Oulémas qui les conseillaient et les avertissaient, qui leur ordonnaient le bien et empêchaient le mal mais personne ne les écouta vraiment. Et ces gouverneurs s’enfoncèrent un peu plus dans leur mal et ils furent la cause de la perte de l’Andalousie ». Fin de citation.

C’est aussi ce que rapportèrent les grands savants qui vécurent à cette époque : l’Imam Ibn Hazm, l’Imam historien Ibn Hayyan et l’Imam Ibn Bassane.

 

En lisant l’Histoire, vous vous rendrez bien compte que lorsque les Musulmans s’attachèrent fortement à l’Islam, à la recherche de la satisfaction divine et à la récompense de l’Au-delà, alors la victoire leur était assurée de manière certaine.

La bénédiction d’Allah le Très Haut descendait alors sur Ses serviteurs et cela leur ouvrait les portes de la réussite. Allah Exalté et Loué soit-Il ne dit-Il pas dans Son Livre : « Si les habitants des cités avaient cru et avaient été pieux, Nous leur aurions certainement accordé des bénédictions du ciel et de la terre. Mais ils ont démenti et Nous les avons donc saisis, pour ce qu’ils avaient acquis[4] ». Et les gouverneurs de ces états indépendants ont gâché cette bénédiction et ont perdu le pays et ses habitants.

Et comme le Messager d'Allah (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) l’a dit: « Il y aura toujours du bien dans ma communauté », il y a toujours du bien dans cette communauté et ainsi lorsque les Mourabitine arrivèrent, ils sont arrivés en tant que combattants implorant la victoire à Allah le Très Haut.

Aussi peu intéressé par les préoccupations du pouvoir, ils quittèrent l’Andalousie aussitôt après la victoire de Zallaqa, laissant le pays à ses propriétaires. Ils vinrent uniquement pour la défense de l’Islam et des Musulmans et c’est pourquoi Allah le Très Haut a béni leurs efforts et qu’ils ont pu récupérer grâce à Lui la plupart de ce que les Musulmans avaient perdu.

Allah Exalté et Loué dit : « Et si vous vous détournez, Il vous remplacera par un peuple autre que vous, et ils ne seront pas comme vous[5] ». Lorsque ces gouverneurs des états indépendants s’avérèrent incapables, Allah le Très Haut les fit remplacer par un peuple, meilleur qu’eux les Mourabitine. Allah le Très Haut dit aussi : « Et Nous avons certes écrit dans le Zabour, après l'avoir mentionné (dans le Livre céleste), que la terre sera héritée par Mes bons serviteurs[6] ». 

Et vinrent les Mourabitine commandé par l’auguste savant, le grand serviteur et l’intrépide combattant hors pair Youssouf Ibn Tashfine âgé à cette époque de plus de 80 ans, qui montait encore à cheval et combattait dans la voie d’Allah le Très Haut. Ces Mourabitine purent reconquérir et réunifier l’Andalousie. Ils commencèrent par le sud, prirent de force Cordoue, pacifiquement Séville, Dénia, tandis que le reste de l’Andalousie était toujours aux mains des gouverneurs...

 

Quand à ce que nous vivons de nos jours comme division et faiblesse, la leçon est la même et elle est valable pour tous les temps et pour tout le monde et il n’y a pas de changement à la loi divine. 

J’ai trouvé, non pas par hasard puisque le hasard n’existe pas en Islam, mais par Qadar sans la chercher cette intéressante question sur le site « Questions-réponses » qui illustre bien le sujet :

« La situation des Musulmans est en contradiction avec la grandeur de leur religion… qui va opérer la réforme ? »

Question : « Certes l’Islam est la seule religion fondée sur la justice, une justice qui est à même de résoudre les problèmes de l’humanité, particulièrement pendant les événements en cours. Voilà une réalité universelle. Tous les Musulmans ont l’obligation de s’efforcer ensemble à pratiquer cette religion de manière à favoriser la promotion de l’Humanité. Mais, hélas! Les Musulmans sont tombés au plus bas niveau. Ne pensez-vous pas, étant donné cette situation, qu’Allah pourrait choisir d’autres pour qu’ils se chargent de réaliser la réforme requise, vu que les Musulmans se sont engagés dans la voie de l’hypocrisie et ont opté pour le m’as-tu vu? »

Réponse : « Louanges à Allah.

Nul doute que la vérité universelle est ce  que vous avez cité. L’administration de la justice pour les  hommes constitue une donnée religieuse générale, établie aussi bien pour le croyant que pour le mécréant, aussi bien pour l’ami que pour l’adversaire. À ce propos, le Très Haut dit : « Ô les croyants! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Allah et (soyez) des témoins équitables. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injuste. Pratiquez l’équité : cela est plus proche de la piété. Et craignez Allah. Car Allah est certes Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites » (Qur’an, 5 : 8). Il dit encore : « Appelle donc (les gens) à cela; reste droit comme il t’a été commandé; ne suis pas leurs passions; et dis : « Je crois en tout ce qu’Allah a fait descendre comme Livre, et il m’a été commandé d’être équitable entre vous. Allah est notre Seigneur et votre Seigneur. A nous nos œuvres et à vous vos œuvres. Aucun argument [ne peut trancher] entre nous et vous. Allah nous regroupera tous. Et vers Lui est la destination » » (Qur’an, 42 : 15).

Nul doute encore l’humanité ne pourrait nourrir le moindre espoir de sortir de ses problèmes et d’échapper à son égarement, si ce n’est grâce à cette religion. À ce propos, Allah Très Haut dit : « Tel est Allah, votre vrai Seigneur. Au-delà de la vérité qu’y a-t-il donc sinon l’égarement ? Comment alors pouvez-vous, vous détourner » (Qur’an ,10 : 32) et dit : « Si les habitants des cités avaient cru et avaient été pieux, Nous leur aurions certainement accordé des bénédictions du ciel et de la terre. Mais ils ont démenti et Nous les avons donc saisis, pour ce qu’ils avaient acquis » (Qur’an, 7 : 96).

Le fait que le sort de l’humanité dépende positivement ou négativement de son adoption de cette religion ne se justifie pas seulement  par la justice qu’elle garantit à toutes les créatures, mais aussi parce que l’élément de cette religion qui contribue à l’amélioration de la situation de l’humanité réside dans son fondement que constitue la foi sincère en l’unicité absolue du Maître de l’univers. Cette foi exclut toute servitude à l’égard d’un ange, d’un djinn, d’un humain ou d’une pierre.

De même que la créature ne fonctionnerait pas correctement si le Créateur n’était pas un et unique, de même elle ne pourrait pas fonctionner si celui qui lui donne les ordres n’était pas un et unique. Le donneur d’ordre, c’est Allah le Transcendant. « Votre Seigneur, c’est Allah, qui a créé les cieux et la terre en six jours, puis S’est établi « istawa » sur le Trône. Il couvre le jour de la nuit qui poursuit celui-ci sans arrêt. (Il a créé) le soleil, la lune et les étoiles, soumis à Son commandement. La création et le commandement n’appartiennent qu’à lui. Toute gloire à Allah, Seigneur de l’Univers ! » (Qur’an, 7 : 54) et « S’il y avait dans le ciel et la terre des divinités autre qu’Allah, tous deux seraient certes dans le désordre. Gloire, donc à Allah, Seigneur du Trône ; Il est au-dessus de ce qu’ils Lui attribuent » (Qur’an, 21 : 22).

L’éloignement de l’humanité par rapport à ce grand principe est la cause de l’errance qu’elle vit et du malheur dans lequel elle croupit. Le Très Haut dit : « Invoquerons-nous, au lieu d’Allah, ce qui ne peut nous profiter ni nous nuire ? Et reviendrons-nous sur nos talons après qu’Allah nous a guidés, comme quelqu’un que les diables ont séduit et qui erre perplexe sur la terre, bien que des amis l’appellent vers le droit chemins (lui disant) : - « Viens à nous ». Dis : La vraie voie, c’est la voie d’Allah. Et il nous a été commandé de nous soumettre au Seigneur de l’Univers,  » (Qur’an, 6 : 71) et : « Et quiconque se détourne de Mon Rappel, mènera certes, une vie pleine de gêne, et le Jour de la Résurrection Nous l’amènerons aveugle au rassemblement. Il dira : « Ô mon Seigneur, pourquoi m’as-Tu amené aveugle alors qu’auparavant je voyais ? ». [Allah lui] dira : « De même que Nos Signes (enseignements) t’étaient venus et que tu les as oubliés, ainsi aujourd’hui tu es oublié ». Ainsi sanctionnons-nous l’outrancier qui ne croit pas aux révélations de son Seigneur. Et certes, le châtiment de l’au-delà est plus sévère et plus durable » (Qur’an, 20:  124-127).

La sagesse divine a voulu qu’il y ait au sein des hommes deux groupes: les croyants et les mécréants, les obéissants et les désobéissants. Les deux groupes s’opposent : « Et si Allah ne neutralisait pas une partie des hommes par une autre, la terre serait certainement corrompue. Mais Allah est Détenteur de la Faveur pour les mondes » (Qur’an, 2 : 251) et : « Si Allah ne repoussait pas les gens les uns par les autres, les ermitages seraient démolis, ainsi que les églises, les synagogues et les mosquées où le nom d’Allah est beaucoup invoqué. Allah soutient, certes, ceux qui soutiennent (Sa Religion). Allah est assurément Fort et Puissant » (Qur’an, 22 : 40).

A cet égard, la sagesse divine est parfaite car c’est ainsi que se distingue le véridique du menteur. Ceci permet à Allah de savoir qui Le soutient et soutient Son Messager et qui nourrit de l’inimitié à son égard et le combat. Voilà la vraie épreuve de la vie : « Il en est ainsi, car si Allah voulait, Il se vengerait Lui-même contre eux, mais c’est pour vous éprouver les uns par les autres. Et ceux qui seront tués dans la voie d’Allah, Il ne rendra jamais vaines leurs actions » (Qur’an, 47 : 4).

Ce que vous avez dit à propos de la déviance constatée au sein de la plupart des Musulmans par rapport aux enseignements de cette religion reflète bien la situation de leur majorité. Seul y échappe un groupe victorieux parce qu’attaché à la Vérité. C’est notre plus grande épreuve du moment. C’est la cause  de la faiblesse, du manque de considération et de la domination ennemie dont souffrent les Musulmans. Le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) a dit: « Quand vous vous serez adonnés à la tractation dite ayna, à l’entretien des troupeaux de  bœuf et à l’agriculture de manière à abandonner le Jihad, Allah vous infligera une humiliation qu’Il ne lèvera que quand vous retournerez à votre religion » (Rapporté par Abou Daoud, 3462 et déclaré authentique par al-Albani dans « as-sahihah »,11).

Dans plus d’un verset de Son livre, Allah a mis Ses serviteurs en garde contre les conséquences de leur négligence religieuse et de leurs manquements par rapport à la responsabilité qu’ils ont accepté, en expliquant qu’ils en subiront seuls les contrecoups et que la perte qui en découlera sera la leur. Quant à la religion d’Allah, elle demeure bien protégée par le Transcendant : « Muhammad n’est qu’un messager - des messagers avant lui sont passés - S’il mourait, donc, ou s’il était tué, retourneriez-vous sur vos talons ? Quiconque retourne sur ses talons ne nuira en rien à Allah ; et Allah récompensera bientôt les reconnaissants » (Qur’an, 3 : 144).

Quand la génération des paresseux disparaîtra de la scène, cette génération qui a failli à sa mission, viendra la génération élue pour la tâche, celle qui aura l’honneur d’assumer ses responsabilités religieuses : « Ô les croyants ! Quiconque parmi vous apostasie de sa religion... Allah va faire venir un peuple qu’Il aime et qui L’aime, modeste envers les croyants et fier et puissant envers les mécréants, qui lutte dans la voie d’Allah, ne craignant le blâme d’aucun blâmeur. Telle est la grâce d’Allah. Il la donne à qui Il veut. Allah est Immense et Omniscient » (Qur’an, 5 : 54) et : « Vous voilà appelés à faire des dépenses dans la voie d’Allah. Certains parmi vous se montrent avares. Quiconque cependant est avare, l’est à son détriment. Allah est le Suffisant à Soi-même alors que vous êtes les besogneux. Et si vous vous détournez, Il vous remplacera par un peuple autre que vous, et ils ne seront pas comme vous » (Qur’an, 47 : 38).

Mais nous revenons en arrière pour dire que cette génération à venir sera issue des Musulmans eux-mêmes et non d’ailleurs. Ils ne seront pas des anges venus prendre ce que les humains auraient délaissé. Il ne s’agira pas d’une intervention universelle ou d’un miracle divin accomplit au profit de dormeurs. Ils ne seront pas non plus une génération de mécréants qui viendraient soutenir la religion d’Allah. Les mécréants n’ont jamais été des alliés d’Allah. Seuls les pieux l’ont été. Quand la génération en question apparaîtra, le soutien d’Allah arrivera : « Ô vous qui croyez ! Si vous faites triompher (la cause d’) Allah, Il vous fera triompher et raffermira vos pas » (Qur’an, 47 : 7).

Notre rôle à nous consiste à nous préparer et à préparer  nos enfants et nos familles et à appeler les autres afin que nous formions la génération attendue ou au moins que nous fassions un pas dans cette direction.

Nous demandons à Allah Très Haut de nous assister à faire ce qu’Il aime et agrée et de soutenir Sa religion à travers nous.

Et Allah Très Haut est Plus Savant.

Islam Q&A ». 

 

La chute de Valence 

Nous avons déjà précédemment rapporté cet évènement mais pour la synchronisation de la chronologie de l’histoire avec les Mourabitine, nous le répétons avec de plus amples informations.

 

En l’an 485 de l’Hégire (1092), Valence (bolensia) était dirigée par al-Qadir Billah, l’infâme traitre qui avait donné la ville forteresse Tolède à Alfonsh en échange du poste de gouverneur de Valence. Al-Qadir, s’était volontairement soumit aux croisés et leur avait porté allégeance en leur payant l’impôt de guerre tout en obéissant au commandant d’Alfonsh, al-Qambitour.

 

Lorsque la renommée des Mourabitine grandit, le juge Ibn Jahhaf de Valence, un érudit musulman se dit : « Nous sommes dirigé par un traître alors que nous avons près de nous l’état des Mourabitine, un état purement islamique et juste, cela ne peut plus durer ainsi ». Il contacta secrètement les Mourabitine qui saisirent l’occasion et lui firent parvenir secrètement des armes et des combattants. Alors Ibn Jahhaf avec l’aide du peuple se saisirent d’al-Qadir alors que celui-ci, Gloire à Allah, prenait son bain dans son palais près d’un coffre plein d’or et de pierres précieuses et toujours prêt à fuir avec ses richesses même dans son bain !

Ainsi prit fin le règne d’al-Qadir le traître et le juge (qadi) Ibn Jahhaf devint gouverneur de Valence. Lorsque ces nouvelles parvinrent à al-Qambitour (rodriq al-qambitour) il en fut très peiné et marcha sur Valence, assiégea la ville et brûla tout ce qui se trouvait autour. Ce fut un siège extrêmement pénible pour les habitants de Valence.

Les Mourabitine, occupés par les gouverneurs qui ne voulaient pas se soumettre à eux, étaient vraiment trop éloignés de la ville pour envoyer de l’aide et le siège se durcit. Des envoyés furent envoyés pour trouver une solution pour la levée du siège et al-Qambitour posa la condition que les habitants de la ville payent une année d’impôt de guerre et que tous les Mourabitine qui se trouvaient dans l’enceinte de la ville devaient sortir.

L’accord fut scellé et les Musulmans payèrent l’impôt. Trois-cents cavaliers venus du Maghreb quittèrent la forteresse et Qambitour leva alors le siège et partit. Ibn Jahhaf n’avait cherché qu’à gagner du temps pour lui permettre de constituer une force suffisante pour faire face aux menaces et permettre aux Mourabitine de venir le protéger mais sur la route de retour al-Qambitour le maudit, se dit qu’il avait fait une erreur et que bientôt les Mourabitine viendraient capturer la ville. Il revint donc sur ses pas et remit le siège et rajouta la condition qu’Ibn Jahhaf et les dignitaires de Valence sortent de la ville et restent avec lui comme gage de sécurité et qu’ils ouvrent les portes de la ville.

Le savant renommé Ibn Jahhaf, puisse Allah le Très Haut lui faire miséricorde, refusa ces conditions sachant pertinemment qu’al-Qambitour, malédiction d’Allah sur lui, voulait capturer la ville. Il envoya des messagers demander une nouvelle fois de l’aide pressante aux Mourabitine et à al-Mousta’in Billah gouverneur de Saragosse dont la ville était proche de lui.

Mais aucun des deux ne put lui porter assistance et le siège de Valence dura vingt mois. Les historiens ont rapporté que beaucoup de gens périrent de faim. Certains cherchèrent à fuir de la ville mais tous furent fait prisonniers tant le blocus était sévère. Al-Qambitour leur creva les yeux, trancha leurs mains et leurs pieds tandis que les autres furent simplement tués.

Les maladies se propagèrent et la difficulté se fit plus intense chez les habitants de Valence. Le siège de Valence permit à Rodéric al-Qambitour d’asseoir sa renommée si bien qu’il devint connu de tous les Chrétiens du nord qui en firent un de leur saint et un de leur héros.

 

Le 5 Joumadah Awwal de l’année 487 de l’Hégire (1094), Valence à bout de souffle ouvrit ses portes et se soumit au maudit al-Qambitour après qu’il ait promit la sécurité à tous ses habitants, le respect de leurs biens et de leurs mosquées (et mon Dieu sait ce que valent leurs promesses) ! 

Et la finalité, comme vous vous en doutez est qu’il ne tint aucune de ses promesses. Il interdit le port des armes à tous les Musulmans y compris les couteaux et tout ce qui était en fer. Puis il réunit tous les jeunes qui étaient capables de porter les armes et les tua tous. Puis il transforma la mosquée en église et il mit le juge (qadi) Ibn Jahhaf dans un trou qu’il fit creuser et remplir de bois avant d’y mettre le feu devant toute la population. La seule parole répétitive du juge fut « la ilaha illallah » (nulle divinité excepté Allah), « bismillahi ar-Rahmani ar-Rahim » (au nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux), « la ilaha illallah » « bismillahi ar-Rahmani ar-Rahim », « la ilaha illallah », « bismillahi ar-Rahmani ar-Rahim »…

Ainsi mourut Ibn Jahhaf puisse Allah lui faire miséricorde et ainsi tomba Valence, une des plus importantes villes forteresse des Musulmans aux mains des croisés le 5 Joumadah Awwal 487.

Cette chute eut néanmoins pour effet d’accélérer la soumission aux Mourabitine des villes de Badajoz, aux mains des Bani Afdas, et d’Ashfonah.

 

La quatrième intervention de Youssouf Ibn Tashfine en Andalousie 

Lorsque les affaires au Maghreb retrouvèrent leur plénitude, Youssouf Ibn Tashfine, puisse Allah le Très Haut lui faire miséricorde, retourna pour la quatrième fois en Andalousie.    

- La première fois, pour la grande bataille de Zallaqa ou il écrasa Adafonsht VI.

- La deuxième fois, lorsque les croisés menacèrent l’est de l’Andalousie et qu’il força leur garnison à quitter la forteresse de Liyayte.

- La troisième fois, lorsque les savants de Syrie, al-Ghazali et Ibn Tartoush lui ordonnèrent juridiquement de retirer par la force le pouvoir des gouverneurs des royaumes indépendants d’Andalousie

 

En l’an 490 de l’Hégire, (1096), Lorsque Youssouf Ibn Tashfine revint en Andalousie, sa première préoccupation fut d’éliminer la menace de Tolède, la capitale d’Alfonsh. Après avoir organisé les affaires du sud, il se prépara pour mener à bien cette mission et constitua une grande armée capable de combattre sur deux fronts en même temps, d’assiéger la ville tout en supportant une attaque externe.

Lorsque l’armée fut enfin prête, il donna son commandement à Muhammad Ibn Hadj et l’envoya sur Tolède (toleytela) mais Alfonsh informé envoya à sa rencontre une armée pour l’empêcher de parvenir à destination.

 

L'armée croisée de Castille (qishtallah) et l’armée musulmane des Mourabitine (mourabiti) se rencontrèrent dans la région de Qansharah. Il s’ensuivit une terrible bataille, non loin de Tolède, et Muhammad Ibn Hadj écrasa la grande armée du maudit Adafonsht alias Alfonsh VI, dont les soldats fuirent le champ de bataille, se réfugièrent et se fortifièrent dans Tolède que ni nul siège ni assaut ne pouvait faire tomber.

Youssouf Ibn Tashfine changea ses plans et décida de ne plus faire de la chute de Tolède une priorité à cause des fortifications de la ville. Il savait que les croisés n’en sortiraient pas c’est pourquoi, il se consacra à la reconquête de l’Andalousie.

 

La reconquête de Valence par les Mourabitine 

En l’an 491 de l’Hégire (1097), pour libérer les Musulmans de cette ville Ibn Tashfine dépêcha ses armées vers Valence dirigée au nom d’Alfonsh par al-Qambitour, qui malgré sa promesse avait tué un grand nombre de ses habitants. Une bataille s’ensuivit hors des murs de Valence et les Musulmans réussirent à battre l’armée d’al-Qambitour qui s’enfuit et se fortifia dans la ville et pour cause, il est beaucoup plus facile de s’attaquer à des gens désarmés qu’aux Mourabitine. Et un long siège qui dura plusieurs années sur la ville commença.

 

 

En l’an 493 de l’Hégire (1099), al-Qambitour alias Rodrigo alias le Cid, malédiction d’Allah sur lui, mourut et sa femme Shaymanah prit sa succession.

Le commandant des Mourabitine, Abi Muhammad al-Mazdali le fils de l’oncle de Youssouf Ibn Tashfine, stationné à Valence, resserra l’étau sur la ville et conduisit batailles après batailles jusqu’en l’an 495 de l’Hégire (1101) ou Alfonsh répondit à l’appel urgent de Shaymanah et envoya une armée à son aide.

Mais l’émir al-Mazdali, au mois de Rajab de l’année 495 de l’Hégire (1102), réussit à prendre d’assaut la ville après avoir brisé sa résistance. Les croisés qui restèrent huit années dans la ville la brûlèrent avant de fuir et la ville revint en possession des Musulmans.

Maintenant regardez la force des gens qui menèrent le siège, années après années, batailles après batailles, jamais il ne fut question pour eux d’abandonner, de se soumettre, de courber l’échine devant l’ennemi ou même lever le siège. Fermes et inébranlables jusqu’à la fin, jusqu’à la chute de Valence (bolensia) qui retourna dans le giron de l'Islam. La patience paye toujours.

 

‘Ali Ibn Youssouf Ibn Tashfine 

En l’an 496 de l’Hégire (1103), Youssouf Ibn Tashfine alors âgé de 95 ans, après avoir rattaché l’Andalousie à son royaume et réunifié celle-ci, excepté la ville de Tolède, ressentit de la faiblesse et dut retourner au Maghreb pour affaires d’état. Après avoir mûrement réfléchi, il désigna pour sa succession, son fils Abou al-Hassan ‘Ali, bien qu’il ne soit pas le plus âgé de ses fils.

Abou al-Hassan ‘Ali était le plus méritant et le meilleur de ses fils du fait de ces critères : il était le plus pieux, le plus craintif d’Allah le Très Haut, meilleur guerrier et plus farouche combattant que ses frères.

Les Historiens ont rapporté qu’Aboul al-Hassan ‘Ali Ibn Youssouf Ibn Tashfine était sur la même voie que son père et ce dans tous les domaines, psychique, religieux, physique et militaire.

Youssouf Ibn Tashfine le nomma après lui émir des Mourabitine et lui fit porter allégeance aussi pour sa clairvoyance, son intelligence, son fin jugement et ses capacités faisant de lui un redoutable stratège. 

De même, il conditionna sa nomination et son allégeance en lui ordonnant de former une seule et unique armée à la tête de laquelle il devrait s’occuper des affaires des Musulmans en Andalousie mais aussi de la crainte d’Allah le Très Haut, de l’application strictes de Ses Lois et de la meilleure politique.

 

La mort de Youssouf Ibn Tashfine 

Le 1 du mois de Mouharram de l’année 500 de l’Hégire (1106), dans son palais à Marrakech, décéda Youssouf Ibn Tashfine, l’émir des Mourabitine, le combattant (moujahid) infatigable, à l’âge de cent ans, puisse Allah le Très Haut lui faire Miséricorde et le couvrir d’honneur dans l’Au-delà.   

Durant toute sa vie, Youssouf Ibn Tashfine se consacra au combat dans la voie d’Allah (jihad fis-sabilillah) comme nous l’avons vu et il fut le fondateur original de la dynastie et de l’état des Mourabitine qui s’étendit du Maghreb à l’Afrique noire (soudan), grâce à son incessant effort d’unification des terres musulmanes.

Plus que cela, il repoussa l’avance des mécréants en Andalousie, commença sa réunification et assit le pouvoir des Mourabitine. Et avec lui, prit fin l’ère des royaumes indépendants en Andalousie. Ces états indépendants qui déchirèrent le pays et contribuèrent à perte au profit des mécréants. Ces même états qui leur payèrent l’impôt de guerre, al-Jizyah et leur donnèrent gratuitement ce que leurs ancêtres avaient conquis par la force.

 

Youssouf Ibn Tashfine, fut sans conteste une des étoiles de l’Islam et il y a dans son histoire, un fabuleux exemple à suivre. Youssouf Ibn Tashfine, un nom oublié de l’histoire grandiose des Musulmans. Youssouf Ibn Tashfine, un nom à trôner aux côtés des grands commandants et généraux Musulmans des premières heures et de tous les temps.

Youssouf Ibn Tashfine, un nom que les cœurs doivent retenir et qui doit être écrit avec de l’encre d’or dans les livres d’histoire, un nom inoubliable dès lors que l’on a entendu son histoire ou parler de lui.

Youssouf Ibn Tashfine ne fut jamais attiré par les choses de ce monde ni ses attraits et resta un rude bédouin (badawi qih) jusqu’à dans ses vêtements de cotons épais et sa nourriture constitué de pain noir, de viande et de lait de chameaux. Il n’était pas très grand, léger de corps, brun et il avait une voix douce qui ne l’empêchèrent pas d’être un lion de l’Islam.

Youssouf Ibn Tashfine fut combattant (moujahidoun), un savant (‘alimoun), un serviteur (‘abidoun), un guerrier sur le seuil permanent de guerre (mourabitoun), un dévot (wari’oun) et un pieu (taqiyoun). Et sincèrement, j’aurais bien voulu être comme lui ou ne serait-ce que servir dans son armée en tant que simple soldat !

Plus de quatre années d’efforts passé au service d’Allah le Très Haut, aux avants postes de l’action quel bel exemple à suivre pour les futurs dirigeants des pays Musulmans car ceux d’aujourd’hui sont déjà qualifiés d’apostats et de traîtres dans les médias et maudits par les masses populaires, excepté le seul à qui Allah le Très Haut a fait miséricorde.

 

Son fils, ‘Ali Ibn Youssouf Ibn Tashfine lui succéda et lorsque tous les gens lui portèrent allégeance au Maghreb et qu’il prit le commandement des Mourabitine, il retourna immédiatement en Andalousie cette même année. Il procéda aussitôt à l’organisation des affaires de l’état et nomma son grand frère Tamim surnommé Abou Tahir commandant en chef de toutes les armées des Mourabitine en Andalousie à qui il demanda de poursuivre le combat contre les croisés. Et avant de retourner au Maghreb pour gérer son état, ‘Ali conduisit en personnes quelques batailles.

 

La bataille d’Aqlish ou des sept généraux 

En l’an 501 de l’Hégire (1107), l’armée des Mourabitine sous le commandement de Tamim Ibn Youssouf Ibn Tashfine se dirigea vers les régions de l’est pour poursuivre les conquêtes. Il entra dans le royaume de Castille et se dirigea vers la citadelle d’Ouqlish (ou d’Aqlish) ou les forces d’Alfonsh VI étaient stationnées. La garnison sortit à sa rencontre pour l’empêcher d’approcher mais Tamim l’écrasa et les soldats s’enfuirent et se fortifièrent dans la forteresse.

Alfonsh qui ne se remit jamais de la défaire de Zallaqa, eut peur de la chute de la forteresse et avec elle des régions de Nord. Il prépara rapidement une armée lourdement armée, sous le commandement de son fils unique Sancho (shanja) âgé de dix ans, dont la mère était Zahidah alias Isabelle, l’ex-épouse d’al-Ma'moun al-Fath Ibn ‘Abbad, qui apostasia comme nous l’avons déjà mentionné.

Alfonsh envoya avec son unique fils, son fameux général Oliver Hand ainsi que six autres généraux, preuve de l’importance capitale de cette bataille, pour libérer les Chrétiens assiégés d’Aqlish.

 

Lorsque Tamim Ibn Youssouf Ibn Tashfine fut informé de l’approche de l’armée de soutien des croisés, il décida de lever le camp par crainte de celle-ci. Comme vous le savez, Youssouf Ibn Tashfine nomma à sa succession, en l’an 495 de l’Hégire, son plus jeune fils ‘Ali qui était alors âgé de dix ans pour les raisons que nous avons déjà mentionné et non pas le plus âgé de ses fils Tamim qui comme vous venez de le voir, craignit les croisés et cela nous prouve le choix judicieux de son père.

Néanmoins, les braves commandants de son armée dont Muhammad Ibn ‘Ayshah refusèrent de lever le camp et de fuir devant les mécréants. Muhammad Ibn ‘Ayshah était aussi le fils de Youssouf Ibn Tashfine et il se surnommait ainsi en honneur à sa mère qui avait donné naissance à ces lions voilés du désert de Shanguit. Parmi les autres commandants de Lamtounah qui refusèrent de bouger, il y avait aussi un autre fils de Youssouf Ibn Tashfine surnommé Muhammad Ibn Fatimah, qui portait aussi le nom de sa mère.     

 

La bataille qui fut appelée la bataille des Sept Généraux ou la bataille d’Aqlish, eut lieu le vendredi 16 du mois de Shawwal de l’année 501 de l’Hégire (1107) et débuta juste avant le lever du soleil, à l’heure d’al-Fajr, entre Tamim Ibn Youssouf Ibn Tashfine et l’armée d’Alfonsh. Ce fut une mortelle et violente bataille que celle pour le contrôle de nord de l’Andalousie.

De grands savants Musulmans participèrent à cette bataille décisive dont l’Imam Jazouli ainsi que beaucoup de représentants des grandes familles d’Andalousie et par la Grâce d’Allah le Très Haut, les Musulmans emportèrent la bataille. L’armée des croisés fut détruite et Sancho, le successeur d’Alfonsh, fut tué. Alfonsh fut extrêmement affligé par la perte de son fils mais aussi par la perte de son bastion et il n’eut d’autre choix que de laisser la succession à sa fille Arakah (ou Orakah).

Les Musulmans se sacrifièrent énormément lors de cette bataille ou beaucoup trouvèrent la mort dont l’Imam Jazouli et un nombre important d’Andalous. Mais il vaut mieux choisir sa mort et mourir honorifiquement sur le champ de bataille, cherchant la satisfaction du Miséricordieux, que de finir esclave, prisonnier, grabataire ou mourir dans son lit.

Vingt-trois-mille croisés trouvèrent la mort au cours de la bataille dont les têtes firent assemblées en piles sur lesquelles l’appel à la prière fut lancé et qui furent par la suite envoyées dans les différentes villes musulmanes.

Alfonsh finit par mourir de chagrin, quelques années plus tard, suite à cette retentissante bataille qui stoppa pour quelques siècles la menace des croisés et brisa Alfonsh de manière définitive si bien qu’il perdit la vie. Puisse Allah Exalté faire miséricorde aux armées des Mourabitine et à leurs chefs.

Après la mort d’Alfonsh, son royaume se divisa en deux. L’est, le nord et le centre aux mains de son successeur et l’ouest et le nord-ouest, notamment le Portugal, Léon et Galice aux mains d’Alfonsh VII (alfonsh sabi’) et les affaires restèrent ainsi.

 

Comme vous le voyez la roue du temps tourne pour toutes les nations, un jour vainqueur un jour vaincu et vice et versa, c’est une loi universelle à laquelle nul n’échappe ! Et après l’ascension, la chute et ainsi de suite. Seule la Gloire et l’Elévation permanente appartiennent à Allah Exalté.

 

‘Ali Ibn Youssouf Ibn Tashfine revient en Andalousie 

Au mois de Mouharram de l’année 503 de l’Hégire (1109), ‘Ali Ibn Youssouf Ibn Tashfine, l’émir des Mourabitine, surnommé émir des Musulmans (amiroul mouslimin) traversa le détroit de Tariq (madiq tariq) et débarqua en Andalousie avec une importante armée pour combattre dans la voie d’Allah le Très Haut décidé à mettre le siège sur Tolède. Alfonsh, le gouverneur de Tolède, du centre et du nord de l’Andalousie se prépara en conséquence pour se protéger de ce nouveau danger.

 

Sitôt les préparatifs finit, ‘Ali marcha sur Tolède. L’armée des croisés tenta une première interception dans la région de Madrid (majrid) mais ils furent battus. Puis l’armée en fuite rejoignit une autre armée beaucoup plus importante dans la région de Talavera (talbira).

L’armée des Musulmans fut appelée l’armée des juges tant il y avait un grand nombre de juges (qouda). A chaque fois que l’armée de ‘Ali passait près d’une ville ou d’un village musulman, les juges intégraient son armée pour participer à la bataille : bataille qui fut appelée la bataille des Juges (ghazwat al-qoudat). Et ‘Ali Ibn Youssouf Ibn Tashfine écrasa aussi cette fraîche et puissante armée.

Puis il continua ses conquêtes victorieuses au centre, à l’est puis enfin lorsqu’il eut finit, il marcha sur le nord. ‘Ali cherchait en fait à faire tomber Tolède en coupant toutes les aides que la ville pourrait recevoir de l’extérieur et en mettant les terres des croisés sous pression. Ils captura le sud, une partie de l’ouest, l’est et avança sur Saragosse, la dernière des villes états indépendants, la capitale du nord.



[1] Les termes « fanatique », « extrémiste », « guerres sainte » etc., sont des termes croisés qui étaient employés pour les Chrétiens et de nos jours employés à tord contre les Musulmans sounnites qui ne sont ni des fanatiques, ni des extrémistes mais tout simplement des Musulmans.

[2] Thawbane (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Les nations se rassembleront sur vous comme ont se rassemble autour d’un plat ». Nous demandâmes : « O Messager d’Allah ! Serait-ce due au fait que nous serons peu nombreux ? » Il (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) répondit : « En ces jours, vous serez nombreux, mais comme l’écume de mer et Allah enlèvera la crainte du cœurs de vos ennemis et placera dans vos cœurs al-Wahn ». « Nous demandâmes : « Et qu’est donc al-Wahn ? » Il (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dit alors : « L’amour du bas monde et l’aversion de la mort ». Et dans une autre version : « Votre aversion du combat (qital) ». Abou Daoud et Ahmad.

 

[3] Qur’an, Sourate 8, verset 25.

[4] Qur’an, Sourate 7, verset 96.

[5] Qur’an, Sourate 47, verset 38

[6] Qur’an, Sourate 21, verset 107.