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			En 
			l’an 264 de l’Hégire (877) un homme du nom de ‘Omar Ibn Hafsoun 
			fit son apparition à Ronda (randa) au sud de l’Andalousie. Et 
			comme la consonance de son nom l’indique, il faisait partie de la 
			première génération des enfants musulmans né en Andalousie (al-mouwalladin).
			‘Omar 
			Ibn Hafsoun était un bandit assassin. Il réussit à réunir un 
			nombre important de bandits autour de lui et occupa les régions 
			montagneuses au sud-est entre Ronda et Malaga avant de conquérir 
			Barbastro (barbashtar) qu’il établit comme sa base régulière 
			et sa capitale. Cet homme voulait mettre fin au gouvernement arabe 
			de l’Andalousie du fait de sa profonde haine envers les Arabes 
			musulmans. Le gouverneur du sud essaya de s’opposer à lui mais Ibn
			Hafsoun eut le dessus. Muhammad Ibn ‘AbderRahmane 
			al-Awsat envoya un autre commandant qui fut lui aussi vaincu. 
			La 
			révolte d’Ibn Hafsoun au sud dura quarante-sept années et 
			sous le règne de trois émir d’Andalousie. Durant un demi-siècle, lui 
			et ses enfants causèrent des problèmes à l’état omeyyade à cause de 
			leur proximité de la capitale de l’Andalousie. 
			A 
			chaque fois que l’émir d'Andalousie sortait soit pour étouffer les 
			rebellions ou combattre au nord, il craignait qu’Ibn Hafsoun 
			ne l’attaque dans le dos. 
			Muhammad 
			Ibn ‘AbderRahmane al-Awsat envoya armée après armée pour 
			attaquer Ibn Hafsoun mais toutes furent vaincues. Alors il 
			envoya son fils al-Moundir Ibn Muhammad qui se dirigea vers 
			le sud ou se trouvait dans la forteresse de Hama Halif 
			Ibn Hafsoun, le fils d’Ibn Hafsoun qu’il assiégea 
			pendant deux mois avant qu’Ibn Hafsoun n’envoie de l’aide à 
			son fils. 
			
			En 
			l’an 273 de l’Hégire (886) Ibn Hafsoun attaqua al-Moundir 
			mais fut vaincu et Ibn Hafsoun blessé retourna dans sa 
			forteresse. Alors qu’al-Moundir assiégeait la forteresse de Hama 
			lui parvint la nouvelle de la mort de son père. Al-Moundir leva le 
			siège et retourna vers la capitale pour être nommé successeur à son 
			père.
			
			
			Al-Moundir Ibn Muhammad 
			Ibn ‘AbderRahmane al-Awsat
			
			Al-Moundir Ibn Muhammad Ibn ‘AbderRahmane al-Awsat 
			débuta son règne en l’an 273 de l’Hégire (886) et hérita de son père 
			un pays divisé et morcelé. 
			
			Al-Moundir était fort de caractère et de volonté en plus d’un homme 
			de guerre mais il hérita d’une situation difficile d’autant plus 
			qu’il réalisa que le ministre de son père, Hashim Ibn ‘Abdel ‘Aziz, 
			était celui qui contrôlait véritablement l’Andalousie. 
			
			Al-Moundir voulut reprendre le contrôle en main et suite à cela un 
			différend s’éleva entre lui et Hashim. Alors il procéda à un nouveau 
			genre d’action qui allait devenir courant en Andalousie. Il envoya 
			un assassin qui en finit avec Hashim et ainsi il put reprendre en 
			main les affaires de l’Andalousie. 
			
			Al-Moundir voulut réunifier l’Andalousie mais les rebelles restèrent 
			sur leurs positions et refusèrent toutes les tentatives de 
			réconciliations avec les Omeyyades.
			Ibn
			Hafsoun entreprit de contacter le gouverneur d’Afrique 
			al-Aghlabi à Kairouan la capitale et lui demanda de l’aide pour 
			reconquérir l’Andalousie. Mais al-Aghlabi était plus intelligent que 
			cela et refusa de l’aider. 
			Alors 
			Ibn Hafsoun en appela aux Mouwalladin qui répondirent 
			à son appel parce qu’il était l’un d’entre eux. 
			
			
			Al-Moundir en personne à la tête de son armée descendit au sud et 
			reprit plusieurs villes. Il captura aussi ‘Ayssoun le gouverneur 
			d’Arshadona et le tua. Puis il se dirigea vers Barbastro (barbashtar) 
			la capitale d’Ibn Hafsoun qu’il assiégea si durement qu’Ibn
			Hafsoun demanda la réconciliation et agréa d’aller à Cordoue 
			si al-Moundir lui donnait de quoi le nourrir. Al-Moundir pensa que 
			le siège pouvait durer indéfiniment et qu’il pouvait perdre 
			l’opportunité de son avantage alors il accepta. 
			Al-Hafsoun 
			l’accompagna à Cordoue mais avant d’arriver dans la capitale il se 
			sauva et revint dans sa forteresse à Barbastro et annonça une 
			nouvelle rébellion. Al-Moundir fit demi-tour aussi et revint 
			assiéger Barbastro pour plusieurs années. 
			
			
			‘AbdAllah Ibn Muhammad 
			Ibn ‘AbderRahmane al-Awsat
			
			Al-Moundir Ibn Muhammad prit le pouvoir en l’an 273 de 
			l’Hégire (886) et en l’an 274 de l’Hégire (887) eut lieu la révolte 
			d’Ibn Hafsoun alors que l’Europe était profondément divisée 
			en différents états suite à des révoltes qui donnèrent naissance à 
			l’Allemagne (almania), la France (fransa), l’Italie (italia), 
			le Burgandi (bourgandia) et Barbanz.
			
			Au 
			mois de Safar de l’année 275 de l’Hégire (888), al-Moundir décéda 
			devant les murs de la forteresse, qu’il assiégeait à Barbastro, 
			après deux années de règne et sans avoir pu réunifier l’Andalousie 
			ni même être venus à bout des rebelles. 
			Son 
			frère ‘AbdAllah Ibn Muhammad Ibn ‘AbderRahmane 
			al-Awsat lui succéda et reprit le siège d’Ibn Hafsoun qui 
			demanda une nouvelle fois la réconciliation et ‘AbdAllah accepta. 
			En 
			même temps Qourayb Ibn ‘Uthman se révolta à Séville alors que la 
			ville était encore sous le contrôle des Omeyyades. Qourayb demanda 
			de l’assistance à al-Jiliqi qui accepta et avec son aide, il prit le 
			contrôle de Séville et tua son gouverneur Oumayyah Ibn ‘Abdel Ghafir 
			ce qui divisa encore plus l’Andalousie.
			
			En 
			l’an 277 de l’Hégire (890), Khayr Ibn Shakir se révolta à Jaén, une 
			des principales villes. Ibn Hafsoun, voulant améliorer ses 
			relations avec les Omeyyades, trouva le moyen d’assassiner Khayr Ibn 
			Shakir et demanda à ‘AbdAllah Ibn Muhammad la reconduite du 
			pacte de paix et de lui laisser ce qu’il avait en sa possession mais 
			‘AbdAllah refusa et les révoltes persistèrent.   
			
			
			
			‘AbdAllah Ibn Muhammad envoya son fils al-Moutarif Ibn 
			‘AbdAllah à Barbastro pour se débarrasser d’Ibn Hafsoun et 
			s’ensuivit des batailles destructives sans qu’il puisse venir à bout 
			d’Ibn Hafsoun. 
			
			A 
			Séville, les Banou Hajjaj se rebellèrent contre al-Moutarif 
			sitôt qu’il quitta la ville, après qu’il ait réussit à la 
			reconquérir et en ai donné le commandement a Ibrahim Ibn Hajjaj 
			au nom des Omeyyades.   
			
			
			En 
			l’an 289 de l’Hégire (901), arriva un grave événement. 
			Ibn
			Hafsoun s’allia avec les Banou Hajjaj et ensemble 
			demandèrent de l’aide aux Goths au nord. Alors ‘AbdAllah Ibn Muhammad 
			en personne à la tête de son armée se dirigea vers eux pour leur 
			livrer bataille : et bien que les révoltés soit beaucoup plus 
			nombreux que lui, il sortit vainqueur de la terrible bataille qui 
			s’ensuivit. Il captura Séville tandis que Barbastro resta aux mains 
			d’Ibn Hafsoun.
			Les 
			Goths et les Francs (franja) avancèrent et menacèrent de 
			nouveau ‘AbdAllah Ibn Muhammad qui leur envoya Loubba Ibn 
			Moussa à la tête d’une armée. Loubba stoppa leur avance et mit le 
			siège sur Pampelune (bambalona) ou il fut tué après maintes 
			batailles sans que son armée ne puisse mettre la main sur la ville.
			
			En 
			l’an 295 de l’Hégire (907), ‘AbdAllah Ibn Muhammad envoya une 
			nouvelle armée vers Barbastro sans succès néanmoins tous les 
			environs de la ville furent détruit.  
			
			
			En 
			l’an 297 de l’Hégire (909), une innombrable armée sortit de Cordoue 
			et prit la direction de Barbastro ou eut lieu une mémorable bataille 
			mais Ibn Hafsoun s’en tira sauf. 
			Et 
			pendant ce temps à Léone, Alfonsh III abdiqua le trône et son comté 
			se divisa en deux états. Si bien que maintenant le nord comprenait 
			quatre états Chrétiens indépendants : La Galice dirigée par Antonio, 
			Faruella (farouilla) par Ashtorios, Navarre et les Francs au 
			nord-est.    
			
			En 
			l’an 300 de l’Hégire (912), ‘AbdAllah Ibn Muhammad décéda et 
			‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn Muhammad 
			Ibn ‘AbderRahmane Ibn Hakam Ibn Hisham Ibn ‘AbderRahmane 
			ad-Dakhil communément appelé ‘AbderRahmane an-Nassir lui 
			succéda. 
			
			Et 
			tout ce que l’on entend parler et dire de la fabuleuse culture 
			Andalouse commença sous le règne d’an-Nassir. Sous son règne aussi 
			la face de l’Andalousie changea totalement.
			- La 
			première période andalouse fut marquée par les conquêtes de Moussa 
			Ibn Noussayr et Tariq Ibn Ziyad (qu’Allah le Très Haut leur fasse 
			Miséricorde). 
			- La 
			deuxième période par le règne des Préfets : Vingt-deux émirs pour 
			une période de 42 ans. 
			- 
			Puis vint ‘AbderRahmane ad-Dakhil qui implémenta l’état 
			omeyyade en Andalousie. Puis lui succéda ses fils et ses partisans 
			et l’Andalousie se divisa en états indépendants particulièrement 
			sous les règnes d’al-Moundir, ‘AbdAllah et Muhammad Ibn 
			‘AbderRahmane al-Awsat. 
			La 
			période entre ‘AbderRahmane ad-Dakhil jusqu’à la fin du règne 
			de ‘AbdAllah Ibn Muhammad est appelée l’ère de l’émirat (imarah). 
			Du fait que le gouverneur d’Andalousie était alors appelé émir 
			d’Andalousie alors que le calife était le calife abbasside.
			Peu 
			de temps après son arrivée au pouvoir an-Nassir se fit appelé calife 
			émir des Musulmans. Avec lui commença une nouvelle ère appelée l’ère 
			du califat (khilafah). An-Nassir resta émir d’Andalousie un 
			demi-siècle soit cinquante années. 
			
			Avant 
			de parler de son règne plus en détail, récapitulons l’ère de 
			l’émirat échelonnée entre ‘Abderrahmane ad-Dakhil et ‘AbdAllah Ibn 
			Muhammad.
			Sous 
			cette ère des Omeyyades, l’Islam s’établit fermement en Andalousie 
			excepté pour les régions du nord aux mains des Chrétiens. Enormément 
			de gens adoptèrent la religion islamique. 
			
			L’état et l’administration s’organisèrent. Des nouveaux corps 
			représentatifs et enseignants furent créés. De même la force navale 
			musulmane vit le jour et l’organisation militaire s’améliora. 
			Se 
			propagea aussi l’enseignement de la construction des navires, des 
			routes, des ponts, des égouts et du système hydraulique. Des jardins 
			resplendissant contenant toutes sortes de plantes et de fruits 
			furent crées. 
			Les 
			relations diplomatiques avec l’Europe et les ambassades se 
			propagèrent. 
			Il y 
			eut des échanges culturels entre les poètes, les savants, les 
			érudits religieux de l’Andalousie et des autres terres d’Islam, 
			voyageant et transmettant les sciences d’un pays à l’autre tandis 
			que les échanges avec le califat abbasside restaient stricts. 
			
			A 
			cette époque apparut des grands érudits de science islamique tels 
			que Ziyad al-Lakhmi, Yahya al-Leythi et Muhammad Ibn 
			Loubabah puisse Allah le Très Haut leur faire miséricorde. 
			Il y 
			eut aussi de grands enseignants tels que ‘Abbas Ibn Farnas que les 
			gens connaissent du fait qu’il s’intéressa à l’aviation. Il est 
			mort, d’ailleurs, en essayant de voler comme les oiseaux car il 
			voulait être le premier humain à avoir volé. Ibn Farnas avait 
			d’autres qualités : il fut le premier à avoir transformé les pierres 
			en verre et aussi le premier à avoir divisé le temps en heure, 
			minutes et secondes. Il fut aussi le premier à avoir construit une 
			horloge et il créa plusieurs écoles pour les hommes et les femmes 
			financées par l’Etat. 
			
			De 
			même, lors de cette période, se propagea la traduction de livres en 
			Arabe et la langue arabe en Europe. La langue arabe devint la langue 
			d’enseignement des sciences et même les écoles non musulmanes 
			enseignaient en arabe. Et cela eut un grand impact dans le 
			rapprochement des non Musulmans vers la religion islamique.
			A 
			cette époque, la justice était parfaitement implémentée et 
			indépendante. Elle était complètement détachée de l’état afin de 
			pouvoir juger en toute partialité y compris les membres de l’état et 
			aucun membre de l’état ne s’y impliquaient. Ce fut une époque de 
			justice, de paix et d’intérêt envers les pauvres musulmans et 
			non-musulmans de manière générale et dans toute l’Andalousie. 
			
			Ce 
			fut aussi le retour, durant un certain temps, de l’amour du combat 
			dans la voie d’Allah et de la recherche du martyr (fikr jihadi) 
			mais de manière moindre qu’à l’époque de Moussa Ibn Noussayr et de 
			Tariq Ibn Ziyad. Il était important que cet état d’esprit revienne 
			afin que les Musulmans soient respectés tout en étant craint par 
			leurs ennemis. Mais bientôt, se propagea aussi la musique (mizmara 
			shaytan) avec le chanteur bien connu Zaryab qui était l’élève 
			d’Ibrahim al-Moussali (de la ville de Mossoul), le chanteur 
			personnel des califes à Bagdad. Zaryab devint bientôt meilleur que 
			son maître et par jalousie al-Moussali l’expulsa. C’est ainsi que 
			Zaryab arriva en Andalousie ou il propagea son art et créa la 
			musique andalouse. 
			Les 
			émirs d’Andalousie le rapprochèrent de la cour mais son art ne tarda 
			pas à corrompre les gens et à les rendre lascifs. Ils se mirent à 
			aimer la vie de ce monde au dépend de celle de l’au-delà et cela les 
			perdit car ce mal en engendra une multitude d’autres. 
			
			Bientôt les gens oublièrent leurs devoirs et l’Andalousie en proie 
			au tumulte se divisa en états indépendants secoués de révoltes 
			successives. Les gens oublièrent le combat dans la voie d’Allah (jihad) 
			et ce sont leurs ennemis qui vinrent les combattre ! Le Messager 
			d'Allah (Saluts et Bénédictions d'Allah sur lui) a dit : « Nul 
			peuple n’abandonne le Jihad sans qu’Allah le Très Haut ne les 
			humilie ! ». Ce qui est l’exacte vérité témoignée par les 
			siècles passés et le présent.
			
			La 
			chose la plus importante de cette ère fut la totale liberté 
			culturelle et religieuse pour les gens. Nulle personne ne fut forcée 
			d’abandonner ou de changer sa religion et les Musulmans excellèrent 
			en cela durant leur règne et cela est unanimement reconnut dans 
			l’histoire des nations même chez les ennemis de l’Islam. 
			
			
			
			Dressons maintenant une carte de l’empire musulman de cette époque. 
			An-Nassir hérita de l’Andalousie divisée avec : 
			- Ibn
			Hafsoun au sud, 
			- 
			Séville, aux mains des Bani Hajjaj,
			- 
			Mérida à l’ouest, aux mains d’al-Jiliqi, 
			- 
			Tolède au centre, aux mains des Bani Zi Noun, 
			- 
			Saragosse, aux mains de l’Omeyyade Moussa Ibn Moussa.
			
			Au 
			nord les Chrétiens aussi étaient divisés en quatre états comme nous 
			l’avons précédemment mentionné.
			
			Quant 
			au monde islamique il était aussi divisé :
			- Le 
			califat abbasside était en Iraq et ce n’était qu’un nom car même si 
			les différents états reconnaissaient le califat tous étaient 
			révoltés.
			- 
			Farés  (faris) et 
			Ispahan (asbahan), aux mains des Bani Bawi (Bawé),
			- 
			Qarman, aux mains de Muhammad Ibn Ilyas, 
			- 
			Mossoul et ses environs, aux mains des Banou Hamdan,
			- 
			L’Egypte (misr) et la Syrie 
			(sham), aux mains des Irshidiyoune,
			- 
			L’Afrique du nord et le Maghreb, aux mains des ‘oubaydiyine 
			ismaéliens, 
			- Le 
			Khorasan (khourassan), aux mains de Nasr Ibn Ahmadin 
			Samani,
			- L’Ahwaz, 
			le centre de l’Iraq et Basra, aux mains des Biraydiyoun,
			- Le 
			Yamamah et le Bahrayn, étaient à cette époque aux mains des qarmates 
			(qaramita),
			- 
			Quant à l’est, le Tabaristan (tabaristane), le Jorjane et 
			autres contrés de la Transoxiane aux mains des Daylam et,
			- 
			L’Andalousie aux mains des Omeyyades. 
			Le 
			calife à cette époque n’avait plus aucun pouvoir effectif si juste 
			un nom symbolique.
			
			
			L’ère 
			de l’émirat prit donc fin et débuta celui de ‘AbderRahmane 
			an-Nassir. 
			
			‘AbderRahmane an-Nassir succéda au pouvoir d’une manière 
			insolite. ‘AbdAllah Ibn Muhammad Ibn ‘AbderRahmane 
			al-Awsat était émir d’Andalousie et son successeur après lui était 
			son fils Muhammad Ibn ‘Abdallah Ibn ‘AbderRahmane 
			al-Awsat. Mais al-Moutarif Ibn ‘Abdallah convoita le pouvoir et 
			assassina son frère Muhammad alors que leur père était encore 
			vivant qui lorsqu’il découvrit que c’était son fils al-Moutarif qui 
			avait tué Muhammad, ordonna de tuer son deuxième fils et se 
			retrouva ainsi sans successeur. 
			
			Lorsqu’il voulut choisir un successeur, il le chercha dans les 
			enfants de ses enfants. Il trouva que le meilleur, le plus mature et 
			le plus sage d’entre eux, prêt à assumer ses responsabilités était 
			‘AbderRahmane an-Nassir communément surnommé an-Nassir, le 
			fils de (ibn) Muhammad Ibn ‘AbdAllah l’assassiné. Muhammad 
			Ibn Muhammad prit la succession par la volonté de son grand 
			père et devint le nouvel émir d’Andalousie alors qu’il était âgé de 
			vingt-deux ans seulement et resta émir cinquante années avant de 
			décéder en l’an 350 de l’Hégire (961).
			
			Certains historiens ont rapporté qu’il avait vingt-trois ans. 
			
			La 
			glorieuse ère de l’Andalousie débuta avec la venue de ‘AbderRahmane 
			an-Nassir et les gens furent étonnés voir un homme si jeune nommé à 
			la tête de l’état et se dirent : « Emir à vingt-deux ans à la tête 
			d'un pays déchiré que va-t-il bien pouvoir faire ? »
			Un 
			poète très en vue à cette époque, Ibn ‘Abdi Rabby auteur du livre «
			‘aqd al-farid », un livre sur les mœurs et la politesse, très 
			connu à cette époque en Andalousie, fit des vers pour ceux qui 
			avaient critiqué le jeune âge d’an-Nassir ainsi que d’autres en 
			faveur de la jeunesse en disant, que cela n’était ni un mal ni un 
			handicap mais plutôt que la jeunesse de ‘AbderRahmane 
			an-Nassir était une louange, il écrivit : 
			« Un 
			nouveau croissant lunaire a brillé,
			Le 
			retour d’une nouvelle royauté. 
			O 
			bienfait d’Allah croît,
			Si de 
			la profusion, il y a en toi ». 
			
			
			‘AbderRahmane an-Nassir prit le pouvoir doté de grandes 
			qualités : la croyance et la confiance en Allah mais aussi l’amour 
			de la grandeur, de la beauté et de l’apparence qu’il hérita des 
			Omeyyade. 
			Un 
			jour, an-Nassir demanda au juge al-Moundir, un pieu savant, un des 
			meilleurs musulmans de cette époque et qui était aimé de tous, de 
			prier la prière de la demande de pluie (salat istisqa) à 
			cause de la sécheresse. Mais al-Moundir tarda à faire ce que le 
			calife lui demandait. An-Nassir lui envoya un messager pour lui dire 
			de se hâter car les gens se plaignaient de la sécheresse. 
			Les 
			gens se réunirent donc derrière al-Moundir pour la prière à laquelle 
			participa le messager d’an-Nassir. Al-Moundir lui demanda : 
			- 
			« Que fais le calife dans son palais alors que nous nous tenons pour 
			la prière ? » Le Messager lui répondit : 
			- 
			« Nous n’avons vu personne plus tourmenté que lui aujourd’hui, 
			implorant, craintif, vêtu des pires habits. Il a passé la nuit le 
			visage et la barbe recouvert de terre. Il pleurait reconnaissant ses 
			péchés implorant le Seigneur : « Me voilà à Toi, mon âme entre Tes 
			Mains, punis-Tu les pauvres à cause de moi alors que Tu es le Plus 
			Sage des Sages et que Tu connais tout de moi ? » »
			Après 
			avoir entendu cela, le visage d’al-Moundir resplendit et il dit : 
			- « O 
			garçon (ya ghoulam) tu portes la pluie avec toi, Allah a 
			ordonné à la pluie de descendre. (Il était convaincu qu’il allait 
			enfin pleuvoir). Si un tyran de la terre devient craintif (du 
			Seigneur) alors le Maitre des cieux fait miséricorde ». Et après la 
			prière, les gens n’étaient pas encore disséminés que la pluie 
			descendit sur eux.
			
			Al-Moundir était implacable dans ses jugements et d’une justice 
			équitable et rigoureuse qui ne craignait absolument aucun émir ou 
			ministre ou autre et il eut des prises de positions tranchantes 
			comme nous le verrons dans sa biographie.
			
			
			An-Nassir débuta son règne en l’an 300 de l’Hégire et resta calife 
			cinquante ans. Lorsque la situation en Andalousie devint stable, il 
			ordonna la construction complète de la ville az-Zahrah sur un 
			emplacement désert près de Cordoue. 
			Il se 
			fit aussi construire un large palais à côté de celui de son grand 
			père al-Amir Muhammad, le père de son grand père 
			‘AbderRahmane al-Awsat et chaque palais avait un nom 
			particulier. 
			
			An-Nassir fit appeler le sien Dar ar-Rawdah (la maison du 
			jardin). Il choisit son lieu de résidence dans la ville d’az-Zahrah 
			et aussi le siège de son pouvoir. 
			Il y 
			fit construire un zoo, une volière pour les oiseaux et une 
			manufacture d’armement. Les historiens ont rapporté que les murs de 
			son palais étaient bâtit d’or et de marbre tandis que les toits 
			étaient en or et en argent. 
			Au 
			centre du palais se trouvait une immense pierre précieuse offerte 
			par l’empereur de Constantinople et huit portes incrustées de 
			pierres précieuses qui se trouvait dans l’axe des fenêtres pour 
			permettre à la lumière de se réfléchir. Et lorsque les rayons de 
			soleil se reflétaient ils émettaient des flots d’une lumière 
			bariolée insoutenable donnant l’impression d’une pièce pivotante 
			captant les rayons de lumière. 
			Une 
			somme considérable d’or et d’argent fut investie dans la 
			construction de son palais ou rivalisaient fontaines et statues 
			d’or, de pierres précieuses et d’autres merveilles jamais vues 
			auparavant furent construites à grande échelle.
			
			
			Le Juge (al-qadi) al-Moundir Ibn Sa’id
			Un 
			jour alors qu’il était assis dans son palais avec ses proches et ses 
			ministres, il leur posa la question : 
			- 
			« Que pensez-vous de tout cela ? » Chacun y alla avec ses louages. 
			Puis il leur demanda :
			- 
			« Avez-vous entendu un roi avant moi qui ai fait quelque chose 
			semblable ? » 
			- 
			« Non,  émir des croyants » dirent-ils, « tu es unique en ton 
			genre. Nous n’avons vu nul roi te précéder et nulle nouvelle de roi 
			ayant fait la même chose nous est parvenue ! » An-Nassir fut 
			satisfait de ces paroles. 
			
			Soudain, le juge al-Moundir Ibn Sa’id (qu’Allah le Très Haut lui 
			fasse Miséricorde) entra dans la salle où ils se trouvaient. 
			Lorsqu’il prit place an-Nassir lui posa les mêmes questions et le 
			juge (qadi) se mit à pleurer tellement que les larmes lui 
			mouillèrent la barbe. Et il dit : 
			- 
			« Non, émir des croyants ! Jamais je ne me serais douté que le 
			diable (malédiction d’Allah sur lui) te conduirait à ce degré. Et 
			que tu lui permettes autant de liberté après ce qu’Allah t’a accordé 
			de Ses bienfaits et de Ses richesses par rapport aux autres 
			créatures. Es-tu descendu au niveau des mécréants ? » An-Nassir se 
			leva et lui dit : 
			- 
			« Fait attention à ce que tu dis ! Comment peux-tu dire qu’Allah m’a 
			descendu au même niveau que les mécréants ? Comment peux-tu me 
			mettre avec les mécréants ? » Al-Moundir répondit : 
			- 
			« Oui ! Allah le Très Haut ne dit-Il pas dans Son Livre (al-qur’an) 
			: « Si les hommes ne devaient pas constituer une seule communauté 
			(mécréante), Nous aurions certes pourvu les maisons de ceux qui ne 
			croient pas au Tout Miséricordieux, de toits d’argents avec des 
			escaliers pour y monter[1] 
			». Tu as fait ton toit d’argent et c’est exactement ce que dis le 
			Qur’an à propos des mécréants ». 
			Alors 
			an-Nassir se mit à pleurer par humilité pour le Seigneur et dit 
			alors : 
			- 
			« Puisse Allah le Très Haut te récompenser ô juge pour nous, pour 
			toi et pour la religion et pour les Musulmans des meilleures 
			récompenses. Et qu’Il nous donne plus de gens comme toi car ce que 
			tu as dit est la vérité ». Il quitta l’assemblée en demandant pardon 
			au Miséricordieux après avoir ordonné de remplacer le toit par un 
			autre en boue.
			
			
			An-Nassir continua à faire construire de très large bâtiments et 
			al-Moundir Ibn Sa’id fut peiné de voir que ses paroles n’avaient 
			aucun effet sur le calife. Il est en train de me faire perdre mon 
			temps s’il ne m'écoute pas se dit-il. Et alors qu’il poursuivait la 
			construction de la ville d’al-Zahrah, le calife très occupé 
			s’absenta trois prières du vendredi (salatoul joumou’a) 
			successives. 
			Un 
			vendredi alors qu’il était présent al-Moundir fit un prêche le 
			concernant et voulut le rappeler à ses devoirs. Commençant son 
			prêche, il récita ces versets du Qur’an : « Bâtissez-vous 
			par frivolité sur chaque colline un monument ? Et édifiez-vous des 
			châteaux comme si vous deviez demeurer éternellement ? Et quand vous 
			sévissez contre quelqu'un, vous le faites impitoyablement. Craignez 
			Allah donc et obéissez-moi. Craignez Celui qui vous pourvus de 
			[toutes les bonnes choses] que vous connaissez, qui vous a pourvu de 
			bestiaux et d’enfants, de jardins et de sources. Je crains pour vous 
			le châtiment d’un jour terrible. Ils dirent : Que tu nous exhortes 
			ou pas, cela nous est parfaitement égal[2] 
			». 
			Il 
			rappela que la vie en ce mode est d’une durée courte et limitée et 
			que la vrai vie est celle de l’au-delà : soit la maison de la 
			récompense ou du châtiment en fonction de ce que l’on accomplit en 
			celle-ci. Et il rappela aussi tous les Hadiths 
			concernant la voie de la perdition, la perte de temps et d’argent 
			dans les constructions inutiles jusqu’à finir par cet autre verset 
			du Qur’an : « Lequel est le plus méritant ? Est-ce celui 
			qui a fondé son édifice sur la piété et l’agreement d'Allah, ou bien 
			celui qui a placé les assises de sa construction sur le bord d’une 
			falaise croulante et qui croula avec elle dans le feu de l'enfer ? 
			Et Allah ne guide pas les gens injustes[3] 
			».  
			Puis 
			il continua son prêche sur la mort et les efforts et sacrifices à 
			faire dans ce monde, sur le regret quand il sera trop tard et la 
			préparation pour l’au-delà, la perdition dans la recherche exclusive 
			de la jouissance, et d’empêcher la poursuite des désirs, jusqu’à ce 
			que toute l’assistance se mit à pleurer et demanda pardon au 
			Seigneur et celui qui pleura le plus parmi eux fut le calife.
			
			
			
			‘AbderRahmane an-Nassir construisit la société la plus 
			avancée et la plus florissante de toute l’histoire sachant qu’il 
			prit le pouvoir alors que l’Andalousie était divisée en différents 
			états :
			- Le 
			nord était aux mains des Chrétiens qui avaient trois états :
			
			  
			
			- Au 
			nord-est les Français, 
			
			  
			
			- Au 
			nord-ouest la Galice et sa capitale Léon, 
			
			  
			
			- Et 
			entre ces eux états au centre-nord, le Comté de Navarre.
			Quant 
			à la partie musulmane divisée elle aussi:
			- A 
			l’extrême sud est ‘Omar Ibn Hafsoun,
			- La 
			capitale du sud, une des plus grandes villes d’Andalousie, aux mains 
			d’Ibn Hajjaj,
			- 
			Mérida, la capitale de l’ouest, aux mains de ‘AbderRahmane 
			al-Jiliqi allié aux Chrétiens du nord,
			- 
			Tolède, la capitale du centre, aux mains des Banou Dzi Noun, 
			- 
			Saragosse, la capitale du nord-est, aux mains d’Ibn Qoussay.
			Quant 
			aux Omeyyades, il ne leur restait que Cordoue et quelques petites 
			villes. Un tiers de l’Andalousie était aux mains des Chrétiens et le 
			reste divisé entre les Musulmans. 
			
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