De l’Andalousie

 

Les historiens Musulmans ont divisé l’histoire de l’Andalousie islamique en cinq parties :

- L’ère des gouverneurs « ‘asr al walat »,

- L’ère  de l’état des Omeyyades « ‘asr ad-dawlah amawiyyah »,

- L’ère des états (ou des royaumes) indépendants[1] « ‘asr ad-dawilat at-tawaf »,

- L’ère de l’état des Mourabitine et des Mouwahhidine « ‘asr ad-dawlah al-mourabitine wal mouwahhidine » et, 

- La principauté de Grenade « mamlakat gharnata ».

 

L’ère des gouverneurs « ‘asr al walat »

‘Abdel ‘Aziz Ibn Moussa Ibn Noussayr 

Cette période débuta avec la nomination de son fils ‘Abdel ‘Aziz, gouverneur de l’Andalousie, quand Moussa Ibn Noussayr fut convoqué par le calife al-Walid Ibn ‘Abdel Malik, en l’an 95 de l’Hégire (713), à Damas. A cette époque, la capitale des Musulmans était à Séville (ashfillia) avant d’être transférée trois ans plus tard à Cordoue (qortoba), sous le règne du gouverneur Ayyoub Ibn Habib al-Lakhmi.

 
L’ère des gouverneurs commença au mois de Dzoul Hijjah de l’année 95 de l’Hégire (713) et se poursuivit durant 42 années jusqu’à l’an 138 de l’Hégire (755). Vingt-deux gouverneurs se succédèrent sur cette courte période et malgré cela l’Islam s’étendit largement.
Comme il n’y avait pas de femmes qui accompagnaient les Musulmans qui conquirent l’Andalousie, les Musulmans épousèrent des Andalouses et se mélangèrent aux gens si bien que les enfants qui naquirent furent appelés « la génération des nouveau-nés » : leurs pères étaient Musulmans et leurs mères goths. Et de cette génération d’enfants allaient naître un grand nombre de savants musulmans renommés.
Lorsque Moussa Ibn Noussayr quitta l’Andalousie, son fils ‘Abdel ‘Aziz Ibn Moussa s’appliqua aussitôt à parachever les conquêtes en Andalousie et dans le sud de la France. Il se voua corps et âme à ce but et les historiens sont unanimes à reconnaître que c’était un homme pieux, combattant et patient. Il épousa la veuve de Rodéric (rodriq) qui se convertit à l’Islam et prit le nom de Oumm ‘Assim (mère de ‘Assim). Il resta gouverneur dix-neuf mois avant de mourir assassiné sur les ordres de Habib Ibn Abi ‘Abdah Ibn ‘Ouqbah Ibn Nafi’. Sa tête fut envoyée à Damas (dimashq) sous le règne du calife Souleyman Ibn Malik.
Certains historiens orientalistes ont rapporté différentes causes à propos de sa mort. Sachant le bas fondé de leur propos et le but de leurs mensonges nous ne citerons donc ni leurs noms ni leurs ragots de ménagères qui font honte à leur profession. Il nous suffit de savoir que l’unanimité des historiens musulmans ont rapporté que c’était un homme pieux et qu’une multitude de gens entrèrent en Islam sous son règne.

 
 Ayyoub Ibn Habib al-Lakhmi al-Qahtani 

‘Abdel ‘Aziz Ibn Moussa Ibn Noussayr décéda au mois de Rajab de l’année 97 de l’Hégire (715) et Ayyoub Ibn Habib al-Lakhmi al-Qahtani lui succéda. Rien d’exceptionnel ne se passa sous son règne excepté le fait qu’il resta gouverneur cinq mois seulement et qu’il déplaça la capitale de l’Andalousie à Cordoue qui devient la capitale principale, comme nous l’avons déjà mentionné.
 
 
Al-Hourr Ibn AbderRahmane ath-Thaqafi
 
Le gouverneur d’Ifriqiyah, Muhammad Ibn Yazid, qui suivait les affaires d’Andalousie envoya un nouveau gouverneur du nom d’al-Hourr Ibn AbderRahmane ath-Thaqafi al-‘Adnani al-Moudari qui arriva au mois de Dzoul Hijjah de l’année 97 de l’Hégire (715) et gouverna trente et un mois ou rien d’important de ne passa.
 
 
As-Samh Ibn Malik al-Khoulani
 
Pendant cette période, plusieurs califes prirent en charge l’empire musulman et parmi eux un calife exceptionnel ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz, que certains ont appelés le cinquième calife Bien Guidé, puisse Allah lui faire Miséricorde. Bien qu’il ne resta calife que deux années et quatre mois, il apporta d’importants changements dans l’empire islamique que nul d’autre allait apporter pour des siècles. Il choisit aussi personnellement un nouveau gouverneur pour l’Andalousie, en la personne d’as-Samh Ibn Malik al-Khoulani, qu’il envoya de Syrie et qui arriva en Andalousie au mois de Ramadan de l’année 100 de l’Hégire (718).
As-Samh Ibn Malik al-Khoulani al-Qahtani mourut au combat dans la voie d’Allah contre les Français.
 

Dès son arrivée en Andalousie as-Samh Ibn Malik procéda immédiatement à l’organisation du pays. C’était un homme puissant tant au niveau de la force physique que du caractère, un ascète pieux et un redoutable combattant.

Durant son règne la stabilité de l’Andalousie se consolida. Il renforça la sécurité du pays et redressa les finances. Puis il procéda à l’aménagement du territoire et l’urbanisation (al-qour), construisit des ports (mawani) et s’activa à rattacher l’Andalousie à l’empire islamique. Il multiplia les constructions d’écoles, de mosquées, de bâtiments publiques et de la voirie. Sous l’ordre du calife ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz, il entreprit la construction de l’aqueduc (qantara) de Cordoue (qortoba) : un immense pont, le premier du genre, afin de relier les deux parties de la ville entre-elles. Les Musulmans prouvaient ainsi qu’ils n’étaient pas simplement des conquérants mais aussi des bâtisseurs.

Il informa le calife de la destruction de la partie ouest de la ville de Cordoue[2], de l’impossibilité des gens à se déplacer rapidement d’un coté à l’autre de la ville, particulièrement en hiver, du fait de la destruction du pont et lui fit part de son désir d’en bâtir un nouveau : « Si Le calife m’ordonne de construire une enceinte autour de la ville je le ferais. J’ai les moyens qui me le permettent grâce aux revenus qui me parviennent. Si tu veux, je n’enverrais pas l’argent qui me reste au calife mais je l’utiliserais pour bâtir un mur autour de Cordoue. Et si le calife le veut aussi, je construirais leur pont. Les moyens à notre disposition nous permette soit de construire le mur ou bien le pont en pierre ».

Le calife ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz lui ordonna de construire le pont en pierre et le mur en terre sachant que les pierres seraient insuffisantes pour les deux. Il permit par son choix non seulement la protection des citadins mais aussi les communications entre les deux parties de la ville.

 

Ibn Hibban, Ibn Hayyan et d’autres historiens nous ont rapporté des détails sur ce pont mais le savant et géographe al-Idrissi fut plus précis. Il a rapporté : « On voit à Cordoue un pont qui surpasse tous les autres en beauté et en solidité de construction. Il se compose de dix-sept arches. La largeur de chaque pile et celle de chaque arche est de cinquante shoubra, environ quatorze mètres. Ce pont est couvert de tous côtés de parapets qui s’élèvent à hauteur d’homme. La hauteur du pont, à partir du sol sur lequel on marche jusqu’au niveau des plus basses eaux lors des sècheresses, est d’environ treize mètres cinquante. Lors des fortes crues, l’eau atteint à peu près à la hauteur des ouvertures. En aval du pont et au travers de la rivière, il y a une digue construite en pierres de l’espèce de celles dites copte, et portant sur de solides piliers de marbre. Au-dessus de cette digue, se trouve trois édifices contenant chacun quatre moulins. En somme, la beauté et la grandeur des édifices de Cordoue sont au-dessus de tout ce qu’il est possible d'imaginer[3] ».

 

Vers la fin du règne as-Samh Ibn Malik al-Khoulani, d’importants évènements politiques eurent eut lieu en Europe qui était sans cesse divisée et proie à des conflits internes jusqu’à l’arrivée d’un nouveau gouverneur du nom de Charles Martel. Martel est un surnom que lui attribua personnellement le pape et Charles s’appliqua d’abord à unifier la France puis l’Europe.

A l’époque où l’Andalousie et le Portugal étaient sous la gouvernance d’as-Samh Ibn Malik, la France se fortifiait sous Charles et il devait forcément avoir un conflit entre les deux hommes.

As-Samh anticipa ses mouvements et au mois de Dzoul Qi’dah de l’année 102 de l’Hégire (720) marcha vers la France. Il réussit à reprendre les villes prises par Moussa ainsi qu’une enclave au sud ou il laissa une partie de son armée et fit de Narbonne, la capitale de cet nouvel état islamique ou furent appliquées les lois révélées du Qur’an. Puis, ayant en tête la conquête de Paris, il décida de poursuivre ses opérations et se dirigea vers la ville de Toulouse (talosha) gouvernée par le Duc Odis, l’allié de Charles.

As-Samh Ibn Malik réussit à conquérir toutes les régions avoisinantes avant de mettre le siège sur Toulouse. Le Duc Odis se prépara pour la bataille et demanda de l’aide à Charles. Le 8 de Dzoul Hijjah de l’année 102 de l’Hégire (720), le jour de Tarwiyyah annonçant le début du Pèlerinage, al-Hajj, les Goths et les Français fondirent sur lui et sa petite armée et l’encerclèrent. Une violente bataille s’ensuivit ou as-Samh trouva le martyr, ainsi que tous ceux qui étaient avec lui, excepté une poignée d’hommes puisse Allah le Très Haut leur faire Miséricorde !

As-Samh Ibn Malik laissa derrière lui un état musulman stable et moderne.

 

Les Musulmans qui réussirent à s’échapper de la bataille, trouvèrent refuge à Sète ou ils élièrent aussitôt un nouveau commandant aussi exceptionnel que Samh Ibn Malik, un homme qui jouera un grand rôle dans l’histoire de l’Andalousie en la personne de ‘AbderRahmane Ibn ‘Abdillah al-Ghafiqi, qu’Allah lui fasse Miséricorde, qui devint gouverneur temporaire à son tour au mois de Dzoul Hijjah de cette même année pour une durée de deux mois avant que ne soit envoyé un nouveau gouverneur.

 

‘Ambassah Ibn Souhaym al-Kalbi 

Le gouverneur d’Ifriqiyah, Bishr Ibn Safwan al-Kalbi envoya un nouveau gouverneur du nom de ‘Ambassah Ibn Souhaym al-Kalbi qui arriva en Andalousie au mois de Safar de l’année 103 de l’Hégire (721) et régna quatre années et demi, ce qui peut être considéré comme une longue période, comparé à ses prédécesseurs. 

‘Ambassah poursuivit les travaux commencé par Samh Ibn Malik et entreprit une ré-modernisation de l’Andalousie. Et comme lui aussi, il retourna en France pour parvenir là où personne ne l’aura jamais fait, avant ou après lui, du moins jusqu’à ce jour, qu’Allah lui fasse Miséricorde.

Les historiens ont rapporté qu’il craignait Son Seigneur (taqiyoun), qu’il était affectif (wali’oun), un administrateur (idariyoun), un militaire (‘askariyoun) et un combattant fiable (moujahidoun amin). Son combat le mena là où aucun autre musulman, de toute l’Histoire Islamique, ne parvint.

‘Ambassah Ibn Souhaym al-Kalbi conquit le sud de la France, et marcha sur Toulouse. Il conquit Carcassonne, Arles, Nîmes et en l’an 105 de l’Hégire (723), il conquit la ville de Sens distante de 100 km de Paris seulement.

Ayant eu vent de ses exploits, Charles prépara son armée et se lança à sa poursuite. A la tête de 400.000 soldats venus de l’Europe, il affronta la petite armée de 10.000 Musulmans et une terrible bataille s’ensuivit et ‘Ambassah Ibn Souhaym al-Kalbi tomba martyr en France, qu’Allah lui fasse Miséricorde.

 

Un nouveau gouverneur du nom de ‘Oudrah Ibn ‘Abdillah Ibn al-Fihri fut aussitôt nommé au mois de Sha’ban de l’année 107 de l’Hégire (725) mais son règne dura deux mois avant qu’un nouveau gouverneur pour l’Andalousie soit nommé par le gouverneur de l’Ifriqiyah en charge des affaires de l’Andalousie.

Yahya Ibn Salamah al-Kalbi prit la succession au mois de Shawwal de la même année. Son règne dura deux années et demie et un nouveau gouverneur du nom de Houdayfah Ibn Ahwas al-Qayssi al Moudari le remplaça et qui régna six mois avant d’être à son tour remplacé par ‘Uthman Ibn Abi Mas’ah al-Khaf’ami al-Qahtani qui gouverna seulement trois mois.

Sans stabilité politique et sécurité, aucune nation ne peut évoluer, c’est pourquoi, les conquêtes après lui cessèrent.

 

Au mois de Mouharram de l’année 111 de l’Hégire (729), vint un nouveau gouverneur du nom d’al-Haytham Ibn ‘Adiyyi al-Kalbi qui mélangea les œuvres pieuses et les mauvaises. Il fut désigné par le gouverneur d’Afrique ‘Oubaydah Ibn ‘AbderRahmane as-Salmi qui était un chauviniste de la tribu arabe des Qays et le gouverneur qu’il nomma venait aussi de sa tribu.

‘Oubaydah avait foi dans la politique d’al-Hajjaj dans sa façon de se comporter avec les gens : la politique de l’application de la force pour l’interdiction des droits et la politique de l’autruche envers les réponses aux demandes. Il utilisa cette politique à Kairouan, Tunis et en Afrique du Nord. Mais cette politique violente envers les gens entraîna le soulèvement des Berbères au Maghreb et aussi en Andalousie car son gouverneur al-Haytham al-Kalbi employait la même politique envers ses sujets.

Néanmoins malgré sa politique intérieure pernicieuse, c’était un combattant qui unifia les Musulmans et traversa les Pyrénées pour conquérir Naqoushah[4]. Du fait de sa politique les gens demandèrent sa démission et un nouveau gouverneur lui succéda seulement deux mois après son arrivée.

 

‘AbderRahmane Ibn ‘Abdillah al-Ghafiqi 

Muhammad Ibn ‘Abdillah ash-Ashja’i, son successeur, était un homme faible qui ne resta que deux mois au pouvoir avant que les Musulmans ne renomment, au mois de Safar de l’année 112 de l’Hégire (730), ‘AbderRahmane Ibn ‘Abdillah al-Ghafiqi le Moujahid, qu’Allah lui fasse Miséricorde. Un nom qui figure au côté des grands conquérants de l’Histoire de l’Andalousie et des Musulmans.

‘AbderRahmane Ibn ‘Abdillah al-Ghafiqi était un Tabi’i qui rapporta des Hadiths de ‘Abdallah Ibn ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait d’eux) et un célèbre général depuis qu’il avait permis à une partie de l’armée sous le commandement d’As-Samh, lors de sa rencontre avec Charles Martel en France, d’échapper au siège.

Sous son règne, ‘AbderRahmane al-Ghafiqi réunifia les tribus Qays, Yéménites et Berbères sous la bannière islamique. Le nationalisme et le tribalisme sont en partie responsables des maux qui touchent aujourd’hui notre communauté, chacun se relevant d’un pays alors que la religion islamique unifie tous les croyants sous une seule et même foi et tous les pays sous la Shari’ah (loi) islamique.

Il réunifia et rapprocha les cœurs et les gens de sciences avant de s’attaquer à l’administration de l’Andalousie qu’il renouvela totalement. Puis, lorsque la stabilité de l’état revint, il leva une armée de 50.000 combattants et jamais de mémoire, l’Andalousie n’avait vu une armée si nombreuse.

En l’an 114 de l’Hégire (732), ‘AbderRahmane al-Ghafiqi se dirigea une nouvelle fois vers la France, l’état des Mérovingiens, ou il conquit Arles, Bordeaux puis Toulouse tandis que le Duc d’Odis (Eudes) s’enfuit pour rejoindre Charles Martel à la tête de son armée d’Allemands.

Après ses successives conquêtes, ‘Abderrahmane se dirigea vers Paris (baris) et s’arrêta à Tours, ou l’armée musulmane assiégea la ville et la conquit. Seule la ville de Poitiers se dressait entre eux et la capitale Paris.

Charles, le dernier chef mérovingien, dans un état d’extrême faiblesse sentit le grand danger imminent menaçant la France et fit envoyer des messages aux différents dirigeants européens et au Pape à Rome leur disant : « Aidez-moi, sinon le danger finiras par se présenter à vos portes ! » Le Pape annonça une nouvelle croisade et bientôt des armées venues de tous les coins d’Europe se joignirent à l’armée de Charles Martel et 400.000 croisés marchèrent à la rencontre de l’armée des 50.000 hommes d’al-Ghafiqi.

 

Lorsqu’al-Ghafiqi vit la prodigieuse armée qui venait à sa rencontre, il décida de choisir lui-même le lieu de la bataille. De Poitiers, il se dirigea vers Châtellerault, à 20 kilomètres plus au nord et 1.000 kilomètres le séparait de la capitale des Musulmans en Andalousie. Al-Ghafiqi ne reçut aucun renfort, contrairement à Charles dont les renforts d’Europe et du Pape lui parvenaient à un rythme régulier.

‘AbderRahmane al-Ghafiqi choisit un endroit qu’il surnomma al-Ballat près des ruines d’un vieux château, pour établir le camp de l’armée. Puis al-Ghafiqi attendit l‘arrivée de l’armée ennemie.

A la fin du mois de Sha’ban 114 de l’année de l’Hégire (732), arriva l’armée de Charles Martel et commença la terrible bataille appelée chez les occidentaux la bataille de Poitiers et chez les Musulmans Ballat ash-Shouhadah (le carré des Martyrs).

La bataille dura trois jours ou les Musulmans battirent les croisés et ramassèrent un énorme butin avant de lever le camp et de partir. Le duc d’Aquitaine Odis réunit une force avec laquelle, il attaqua l’arrière garde (as-saqah) de l’armée musulmane en retrait et dans laquelle se trouvait le butin. Un partie de l’armée revint donc en arrière pour sauver le butin et c’est lors de cet accrochage dans l’arrière garde de son armée qu’al-Ghafiqi trouva la mort, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde, après avoir été touché par une flèche tandis que les Musulmans se retirèrent sous le couvert de la nuit.

Au matin, lorsque les croisés virent le champ de bataille vide, ils n’osèrent pas par crainte de poursuivre les Musulmans.

 

Un historien anglais a rapporté : « Si les Musulmans n’avaient pas été arrêté lors de la bataille de Ballat ash-Shouhadah, le Qur’an serait enseigné dans l’université d’Oxford ».

Gibbons quant à lui a rapporté « Poitiers a sauvé nos ancêtres anglais et nos voisins Français de la tyrannie coranique[5]. N’était cette victorieuse bataille, l’Angleterre, la France, l’Italie papale et Constantinople serait tombées aux mains des Musulmans ».

Nulle autre armée que celle de Charles n’aurait pu se mettre en travers de la route des Musulmans et la totalité de l’Europe aurait été conquise mais la Destinée d’Allah en avait décidé autrement et Il fait ce qu’Il veut : Gloire a Lui !

Comme vous le savez, les mécréants sont une nécessité pour les Musulmans de même que les

Musulmans sont une nécessité pour les mécréants. Les Musulmans devant accomplir les actions des gens du Paradis et les mécréants les actions des gens de l’enfer, ce qu’ils font parfaitement comme nous le voyons tous les jours dans l’actualité internationale. Allah Exalté n’est injuste envers personne ! 

 

‘Ouqbah Ibn Hajjaj as-Salouli 

Apres le martyr de ‘AbderRahmane Ibn ‘Abdillah al-Ghafiqi, qu’Allah lui fasse miséricorde, les habitants de l’Andalousie choisirent au mois de Shawwal de l’année 114 de l’Hégire (732), un nouveau gouverneur, pressé par sa tribu, du nom de ‘Abdel Malik Ibn Qatan al-Fihri. C’était un homme âgé, sans compétence religieuse ni militaire et c’est par pur chauvinisme qu’il fut nommé. Son règne dura deux années et la situation se détériora sous l’influence néfaste de l’esprit tribal du nouveau gouverneur qui faisait valoir sa tribu sur les autres.

Les tribus berbères envoyèrent des messages au gouverneur d’Egypte ‘Oubaydillah Ibn Habhab qui était même temps gouverneur d’Ifriqiyah et de l’Andalousie du fait de la confiance que lui portait le calife. ‘Oubaydillah Ibn Habhab leur envoya un nouveau gouverneur du nom de ‘Ouqbah Ibn Hajjaj as-Salouli qui arriva au mois de Shawwal de l’année 116 de l’Hégire (734) et gouverna durant six années et trois mois.

‘Oubaydillah le choisit car il avait confiance en lui et lui dit :

- « O ‘Ouqbah choisit. Sois tu gouvernes l’Afrique de l’Ouest ou l’Andalousie ! » Il répondit :

- « Je choisis l’Andalousie car c’est un pays qui fait face à l’ennemi de la religion et il y a donc des combats en perspective et moi j’aime le combat (jihad) ! »

Un gouverneur éprit du combat dans la voie d’Allah, de la religion et de la crainte d’Allah qui commença par mettre fin au différent tribal que son prédécesseur avait exacerbé et réactiva les conquêtes militaires au-delà des Pyrénées qui s’étaient arrêtées avec la mort d’al-Ghafiqi. Et bien qu’il fût gouverneur cela ne l’empêchait pas d’aller voir les prisonniers, de s’entretenir avec eux et de les appeler à l’Islam.

Les historiens ont rapporté qu’environ un millier de personne se convertirent sous sa main et le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Et si Allah guide par ta main ne serait-ce qu’une seule personne cela est mieux pour toi que sur quoi se lève le soleil (la totalité de ce que contient la terre en richesse) ».

 

Apres être passé les Pyrénées, ‘Ouqbah Ibn Hajjaj as-Salouli affronta les armées de Charles et prit Narbonne, Albi tandis que pendant ce temps, les Goths (qot) qui s’étaient réfugiés dans les régions montagneuse difficile d’accès à Mesa Del Rey (sakhrat bilay) en Galice, commencèrent à croître en nombre et à faire des incursions en terre musulmane.

‘Ouqbah aussitôt après avoir été informé de leurs activités repassa les Pyrénées et  réussit à les chasser une nouvelle fois. De retour en France, il apprit que Charles avait mis le siège sur la ville de Narbonne. Il envoya un détachement qui ne réussit pas à faire lever le siège. Alors il affronta en personne l’armée de Charles à Carcassonne (qarqashona) et ‘Ouqbah Ibn Hajjaj as-Salouli trouva le martyr, puisse Allah lui faire Miséricorde, lors de la bataille de Carcassonne.

 

Pilayo, le commandant des troupes goths qui avait trouvé refuge à Mesa Del Rey mourut et son fils lui succéda mais il mourut à son tour deux années après la succession pour être remplacé par son frère. Puis, un homme du nom d’Alfonsh I (Alfonso ou Alfonse) prit leur commandement et se maria avec la fille de Pilayo et cet homme, Alfonsh I, allait jouer un grand rôle dans l’histoire de l’Andalousie.

 

‘Abdel Malik Ibn Qatan al-Fihri 

Après le martyr de ‘Ouqbah Ibn Hajjaj as-Salouli, puisse Allah lui faire Miséricorde, ‘Abdel Malik Ibn Qatan al-Fihri, l’intransigeant et l’injuste poussé une nouvelle fois par sa tribu, redevint gouverneur au mois de Mouharram de l’année 123 de l’Hégire (740). Et encore une fois le fanatisme tribal allait causer des dégâts.

 

Durant ce même temps, d’importants évènements avaient lieu en Afrique du Nord avec l’apparition des khawarije et Mayssarah al-Matari réussit à entraîner les Berbères dans ce mouvement du fait que lui-même adopta leurs idées à cause de ce que les Berbères endurèrent d’injustice sous le règne de ‘Abdel Malik Ibn Qatan al-Fihri.

Le calife en Syrie réalisa le grand danger de déstabilisation que posait ces khawarije tant en Andalousie qu’en Afrique, et il envoya alors une troupe de 30.000 hommes sous le commandement de Koulthoum pour arrêter leur avance. Koulthoum alors âgé de 80 ans était accompagné du fils de son frère, Balj Ibn Bishr, qui était en fait le réel comandant de l’armée.

Les deux armées se rencontrèrent près de Kairouan à Maqdourah et l’armée des khawarije l’emporta. Koulthoum et Habib, le commandant des forces navales trouvèrent la mort tandis que Balj Ibn Bishr avec le reste de l’armée, environ 7.000 hommes, d’autres historiens comme nous l’avons déjà vu ont rapporté 10.000, s’échappa vers Ceuta (sabta) ou il fut assiégé par les khawarije commandés par ‘Abdel Wahid al-Hawari.

Hisham Ibn ‘Abdel Malik le calife, préoccupé par ces graves nouvelles envoya aussitôt une nouvelle armée commandée par Handalah al-Kalbi qui anéanti les khawarije et libéra l’Afrique de leur présence excepté au Maghreb ou ces derniers assiégeaient l’enclave de Ceuta toujours aux mains de Bishr.

Les armées du calife assiégeaient les khawarije qui eux même assiégeait Balj Ibn Bishr, qui réduit à l’extrême, envoya un messager à ‘Abdel Malik Ibn Qatan en Andalousie lui demandant des renforts et de l’aide pour lui permettre de traverser.

‘Abdel Malik Ibn Qatan al-Fihri réfléchit et se mit en tête que s’il aidait cet homme, venu de Syrie, de la terre du Califat, celui-ci débarquerait en Andalousie ou il ne tarderait pas à lui prendre le pouvoir et malgré que les Musulmans assiégés mouraient de faim, il décida de les ignorer.

Un commerçant musulman, touché par ces nouvelles, chargea deux navires de vivres qu’il envoya à Balj Ibn Bishr ce qui lui permit de résister plus longtemps. Lorsque ‘Abdel Malik Ibn Qatan en fut informé, il ordonna la mise à mort de ce musulman.

 

En Andalousie, les Berbères se levèrent de nouveau contre ‘Abdel Malik Ibn Qatan et sa politique injuste. Bientôt il réalisa que la seule armée capable de lui venir en aide était celle de Balj Ibn Bishr, cette même armée à qui il avait refusé son soutien. Il lui envoya donc un messager l’informant qu’il était dorénavant en mesure de l’aider s’il venait en Andalousie et qu’il serait traité courtoisement sous les conditions suivantes :

- Que Balj Ibn Bishr mette son armée à sa disposition pour mettre fin à la révolte Berbère et qu’ensuite Bishr devrait retourner en Afrique et quitter l’Andalousie.

Sous la pression du siège, ce dernier accepta et ‘Abdel Malik lui envoya des navires et Balj Ibn Bishr à la tête de son armée syrienne débarqua en Andalousie.

Les deux armées se réunirent et commencèrent leurs préparatifs. Au début de l’année 124 de l’Hégire (741), ils affrontèrent trois armées Berbères : une qu’ils battirent à Sidonie (shadonia), une deuxième près de Cordoue (qortoba) puis une troisième armée qui assiégeait Tolède (toleytela) depuis plusieurs mois. Les deux armées unifiées mirent fin à la révolte Berbère tandis que les rescapés s’enfuirent au Maghreb ou ils rejoignirent leurs compagnons.

Et nous avons déjà mentionné ces évènements.

 

Lorsque tout revint en ordre, ‘Abdel Malik Ibn Qatan chercha à se débarrasser de Bishr. Les Syriens demandèrent un délai mais ‘Abdel Malik Ibn Qatan insista tellement pour qu’ils quittent l’Andalousie, qu’ils perdirent leur patience et  assiégèrent le Palais du Gouverneur à Cordoue et l’emprisonnèrent. Et Balj Ibn Bishr devint à son tour chargé des affaires de l’Andalousie, seul à la tête de ses 7.000 hommes. Il n’avait personne pour le protéger et l’assister et ignorait tout des affaires de l’Andalousie.

Oumayyah Ibn ‘Abdel Malik Ibn Qatan, le fils de ‘Abdel Malik Ibn Qatan, s’échappa et se réfugia dans la capitale du nord, Saragosse (sarqasta) tandis que Qatan Ibn ‘Abdel Malik II (thani), un autre fils, s’enfuit aussi et se réfugia à Mérida, la capitale de l’ouest. Les deux fils échangèrent entre eux des messagers et ils trouvèrent de l’aide auprès du gouverneur de Narbonne : ‘AbderRahmane Ibn ‘Alqama al-Lakhmi et ‘AbderRahmane Ibn Habib al-Fihri.

 

Un groupe de l’armée de Balj Ibn Bishr, qui était resté otage dans l’Ile verte pour garantir le retour de Bishr au Maghreb fut torturé par leurs gardiens car Bishr refusait de quitter l’Andalousie, si bien que l’un d'entre eux trouva la mort. Lorsque les Syriens entendirent cela, ils mirent à mort ‘Abdel Malik Ibn Qatan qu’ils jugèrent responsable de sa mort.

Apprenant cela les enfants de Qatan, ainsi que ceux qui leur avaient accordés de l’aide, à la tête d’une armée de 40.000 hommes marchèrent sur Cordoue. Balj Ibn Bishr réussit à réunir 3.000 hommes supplémentaire et à la tête d’une armée de 10.000, les affronta au mois de Shawwal de l’année 124 de l’Hégire (741).

Balj Ibn Bishr réussit à tenir ferme mais ‘AbderRahmane Ibn Habib al-Fihri parvint jusqu’à lui et le blessa. Il fut aussitôt encerclé par les cavaliers syriens et sous une intense pression, il  réussit à s’enfuir et le voyant fuir, l’armée des coalisés s’enfuit à son tour dans la débandade laissant derrière elle des milliers de mort. Ayant perdus seulement 1.000 combattants, Balj Ibn Bishr emporta la bataille mais il allait succomber de la suite de ses blessures et, au mois de Dzoul Qi’dah 124 (741), les Syriens nommèrent à leur tête Tha’labah al-‘Amiri qui fut le dix-huitième gouverneur d’Andalousie.

Le reste de l’armée de ‘AbderRahmane Ibn Habib al-Fihri se regroupèrent une nouvelle fois au nord et battirent l’armée de Tha’labah près de Mérida tandis que les fuyards trouvèrent refuge à Mérida.

Dès lors le gouverneur d’Andalousie et son armée se retrouvèrent assiégés dans Mérida la capitale du nord. Tha’labah demanda de l’aide au reste de son armée stationnée à Cordoue mais ils échouèrent à lui venir en aide néanmoins, il resta ferme avec le reste de son armée et le jour de ‘Id al-Adhah de l’année 124 de l’Hégire (741), les portes de la forteresse s’ouvrirent et l’armée de Tha’labah par surprise, s’abattit telle une vague sur les assiégeants et écrasèrent les Andalous pour la deuxième fois consécutive.

 

Abou al-Khattar Houssam Ibn Zawari al-Kalbi 

Un groupe de savants et de sages musulmans voyant les choses empirer décidèrent d’aller à Kairouan plaider leur affaire auprès du gouverneur Handalah Ibn Safwan et lui dire : « Nous ne pouvons pas vaincre les Syriens et eux sont incapables de diriger le pays ». Handalah choisit Abou al-Khattar Houssam Ibn Zawari al-Kalbi et le nomma gouverneur d’Andalousie.

 

Aboul Khattar obéit aussitôt aux ordres et se rendit à Cordoue (qortoba) ou il trouva les Musulmans très agités. Il se fit annoncer comme envoyé du gouverneur d’Afrique et aussitôt les gens se soumirent à lui et il prit le contrôle de l’Andalousie au mois de Rajab de l’année 125 de l’Hégire (742).

Il libéra aussitôt tous les prisonniers précédemment fait lors des différentes batailles pour différentes causes. Les gens retrouvèrent la paix. Puis il ordonna aux Syriens soit de retourner dans leur pays ou bien de vivre séparément et de ne jamais se réunir en un lieu quelconque, ce qu’ils firent. Il ordonna à ‘AbderRahmane Ibn Habib al-Fihri et Tha’labah Ibn Salamah de se rendre en Afrique et aux enfants d’Ibn Malik, Oumayyah et Qatan, de se mettre à son service ce qu’ils acceptèrent.

 

Aboul Khattar réussit à pacifier l’Andalousie après des années de troubles et d’épreuves. Mais cette politique ne lui réussit pas. Un de ses proche ami, Sa’id Ibn Jawas, qu’il aimait beaucoup fut tué. Il pensa que les Syriens et les Bani Qays, étaient derrière cet assassinat et il durcit ses relations avec eux. De même d’autres troubles naquirent quand un yéménite et un syrien lui demandèrent de juger entre eux et qu’il fut injuste envers ce dernier.

Et de nouveau le fanatisme tribal causa de profonde division entre les gens. Le Qayssi se rendit auprès du patriarche (sheikh) de la tribu Moudar du nom de Soumayl Ibn Hatim, un important nom dans l’histoire de l'Andalousie, à qui il conta son affaire.

Soumayl Ibn Hatim Ibn Shamr Ibn al-Jawsham n’était autre que le descendant de l’infâme assassin d’al-Houssayn Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait d’eux) le jour de Karbala.

 

Soumayl se rendit auprès d’Aboul Khattar pour régler le différend alors que ce dernier était entouré des gens de sa tribu qui se moquèrent de lui. Il fut même rapporté que l’un d’entre eux lui arracha son turban ce qui était une offense pour les Arabes et un des gardes présent lui dit : « O Aboul Jawsham, remets ton turban » et ce dernier lui répondit : « Si j’ai des gens, ils vont le remettre ». Soumayl était très respecté par son clan et très conservateur. Il contacta les Moudar et réunit tous ceux qui avait de mauvaises relations avec Aboul Khattar et demanda à un chef Yéménite du nom de Touwwabah Ibn Soulamah al-Joudami de s’entraider dans la lutte contre Aboul Khattar.

 

Touwwabah accepta à la condition que si Aboul Khattar était évincé, il prendrait sa place. Leur accord scellé, il mit aussitôt sur pied une armée et les conspirateurs se réunirent à Cordoue, en l’an 127 de l’Hégire (744) ou l’armée d’Aboul Khattar fut vaincue tandis que ce dernier fut capturé et emprisonné et Touwwabah Ibn Soulamah devint le nouveau gouverneur d’Andalousie et le vingtième.

Néanmoins, un homme du nom de ‘AbderRahmane al-Kilabi à l’aide de cent fantassins et trente cavaliers réussit à prendre d’assaut la prison de Cordoue et libéra Aboul Khattar qui aussitôt réunit une armée et une nouvelle fois, les Andalous furent prit dans la tourmente et cela conduisit à deux faits majeur : une nouvelle défaite des Musulmans devant les Goths (qot) et la prise en main de l’Andalousie par ‘AbderRahmane ad-Dakhil.

 

Touwwabah Ibn Soulama al-Joudami prit le pouvoir au mois de Rajab de l’année 128 de l’Hégire (745) et mourut six mois après. Soumayl nomma à sa place ‘AbderRahmane Ibn Kathir al-Lakhmi au mois de Mouharram de l’année 129 de l’Hégire (746).

Son règne fut secoué de troubles et d’épreuves. Le fils de Touwwabah, ‘Amr Ibn Touwwabah réclama le pouvoir de même que Yahya Ibn Harif al-Joudami. ‘AbderRahmane Ibn Kathir fut incapable de faire face aux problèmes et c’est en fait Soumayl qui gouvernait dans l’ombre.

 

Youssouf Ibn ‘AbderRahmane Ibn Habib al-Fihri 

Voyant que ‘AbderRahmane était incapable de diriger, il choisit un homme âgé de la soixantaine du nom de Youssouf Ibn ‘AbderRahmane Ibn Habib Ibn Abi ‘Abdah Ibn ‘Ouqbah Ibn Nafi’ al-Fihri, un descendant du renommé conquérant de l’Afrique du nord. Il choisit cet homme en fonction de ses racines afin que les gens soient satisfaits de lui et l’acceptent.

Youssouf ramena rapidement la paix et il rapprocha de lui ceux qui recherchaient le pouvoir. Il proposa à Ibn Harif de gouverner une région d’Andalousie près de Cordoue et fit taire les autres.

Mais bientôt, il écarta de nouveau Ibn Harif qui vexé rentra en contact avec l’ancien gouverneur Aboul Khattar. Ensemble ils rameutèrent les tribus du sud et à la tête d’une grande armée, ils affrontèrent Youssouf lors d’une terrible bataille près de Shaqandah près de Cordoue (qortoba) en l’an 130 de l’Hégire (747). Les deux armées furent sur le point de s’anéantir mutuellement et ils combattirent tellement longtemps et si farouchement que lorsque leurs armes se brisèrent, ils s’affrontèrent à mains nues.

Soumayl, cet homme perspicace quitta en secret le champ de bataille, rentra à Cordoue pour réunir les travailleurs et les nettoyeurs public à qui il donna ce qu’il put de cuirasses et d’armes et leur demanda de rentrer dans la bataille alors que les deux armées étaient affaiblis. Ces 400 hommes, ni fantassins, ni cavaliers entrèrent dans la bataille et c’est sans combattre qu’ils mirent fin à la bataille au profit de Soumayl.

Afin de mettre fin à la dissension Soumayl ordonna la mise à mort immédiate d’Ibn Harif et d’Aboul Khattar. Soumayl se mit à tuer les prisonniers et lorsqu’il en tua 70, son ancien protégé s’éleva contre lui et lui dit : Vas-tu tuer tous les gens ?

Youssouf Ibn ‘AbderRahmane fut extrêmement peiné des actes de Soumayl. Youssouf lui proposa d’être relevé de son poste et d’être envoyé comme gouverneur dans la province de Saragosse (sarqasta).

Soumayl pensant que s’il refusait cela pourrait se retourner contre lui alors, il donna son accord et quitta la ville avec tous ces partisans. Saragosse était une ville riche mais à cette époque elle était touchée par la sécheresse et la faim. Soumayl, grâce à ses richesses nourrit les gens et tandis qu’il montait en estime chez les gens, Youssouf lui diminuait et cette famine poussa énormément de gens à quitter l’Andalousie pour le Maghreb.

 

Mais pendant ce temps des faits d’une importance capitale avaient lieu au nord de l’Andalousie. Alfonsh proclama le premier état chrétien depuis la chute de l’Andalousie aux mains des Musulmans : la Royauté de Léon (laone).

Alfonsh profita grandement de la guerre fratricide que se menait des Musulmans. Il fut gouverneur de cette province jusqu’en l’an 140 de l’Hégire (757) et son fils Faruella (farouilla) prit sa succession. Faruella profita aussi de cette situation pour agrandir son territoire au dépens des Musulmans.

 

Al-Fihri fut incapable de mettre fin à ces révoltes successives et ‘Amir Ibn ‘Amr le commandant des armées se révolta aussi. Youssouf l’expulsa mais il réunit ses partisans dans une forteresse portant son nom dans l’ouest de l’Andalousie et fit croître la rumeur qu’il avait été nommé par le calife abbasside.

Et alors que le règne de Youssouf al-Fihri prenait fin, le règne des Omeyyades à l’est prit fin et fut remplacé par celui des Abbassides

 

‘Amir se fit passer pour le nouveau gouverneur Abbasside et les gens se rangèrent à ses côtés de même que l’armée de Séville. Il fit aussi un pacte avec Habhab Ibn Rouwahah, le chef des Qays, près de Saragosse et ensemble ils attaquèrent les forces de Soumayl et mirent le blocus sur Saragosse en l’an 136 de l’Hégire (753).

La chute de l’état Omeyyade ayant eu lieu en l’an 132 de l’Hégire (749), les gens crurent aux propos de Habhab et les Yéménites, les Berbères se rangèrent à ses côtés. Soumayl assiégé envoya un messager à Youssouf al-Fihri lui demandant de l’aide. Youssouf conscient du danger qu’il représentait, refusa sous le prétexte de la famine et de la pauvreté. Puis Soumayl demanda de l’aide aux Qays qui se regroupèrent sous le commandement de ‘Oubaydillah Ibn ‘Ali al-Kilabi.

Soumayl ayant entendu ses ennemis en appeler aux Abbassides, en appela aux Omeyyades qui ne tardèrent pas à se ranger à ses côtés. Et les mêmes troubles qui avaient lieu à l’est entre les Omeyyades et les Abbassides se répercutèrent en Andalousie ou ils durèrent sept mois avant que Soumayl ne sorte vainqueur de cette épreuve.

 

Au même moment, Charles Martel périt et son fils Pépin le Petit (le Bref - as-saghir) prit sa succession et profitant de la division des Musulmans, attaqua le sud de la France et chassa les Musulmans.

Toutes ces révoltes entraînèrent la perte du nord de l’Andalousie et du sud de la France tandis que des faits exceptionnels avaient lieu en Afrique avec l’arrivée de ‘AbderRahmane Ibn Mou’awiyyah Ibn Hisham Ibn ‘Abdel Malik surnommé ‘AbderRahmane ad-Dakhil en l’an 138 de l’Hégire (755)

En fait, tous ces événements successifs préparaient l’arrivée de cet homme glorieux en Andalousie et l’histoire de l’Andalousie ne peut être mentionnée sans faire référence à ‘AbderRahmane ad-Dakhil.

 

L’ère des gouverneurs dura 42 années et 22 gouverneurs (wali) se succédèrent. Cette instabilité affaiblit l’Andalousie bien que les premiers d’entre eux étaient en général des gens de bien et de Jihad. Ils élargirent leur conquête et propagèrent l’Islam, la science et la culture.

Quant à ceux qui vinrent après eux, leur principale préoccupation était la recherche du pouvoir et de la richesse qui engendrèrent les conflits régionaux et le fanatisme tribal et de ces faits, l’Andalousie fut perdue.



[1] J’ai pris la liberté de traduire « at-tawaf » qui veut dire les groupes ou les partis par « indépendant », car toutes ces petits états centrés autour des principales villes se détachèrent du pouvoir central et réclamèrent leur indépendance, d’où le choix du titre : l’ère des états indépendants.

[2] La ville de Cordoue était traversée jadis par un fleuve et les deux parties étaient reliées par un vieux pont brisé qui avait été construit par les Romains

[3] Al-Idrisi: « kitab nouzhat al-moushtaq fil khtiraq al-iafaq » (voir appendice).

[4] Je n’ai pas trouvé l’équivalent français de cette ville  (NdT).

[5] Il veut dire par « tyrannie coranique », l’interdiction de boire les boissons alcooliques et de forniquer avec les femmes des autres (l’adultère).