Le début de la fin du règne des Mouwahhidine

An-Nassir li-Dinillah, de Séville retourna à Marrakech au mois de Ramadan, le cœur brûlé de douleur pour ce qui arriva aux Musulmans à cause de lui et à cause de sa naïveté d’avoir cru Alfonsh. Il donna la succession à son fils Sayd Abi Youssouf Ya’qoub surnommé al-Moustansir Billah avant de mourir peu de temps après, le 10 du mois de Sha’ban de l’an 610 de l’Hégire (1213).

Certains historiens ont rapporté qu’il mourut de douleur, de tristesse et de chagrin suite à sa terrible et lourde défaite à al-‘Iqab, d’autres ont rapporté qu’il mourut des suites d’une morsure de chien ou encore qu’il but un verre de vin empoisonné comme l’a mentionné Abi Zar’ al-Fassi auteur du livre « annis al-moutrib fi rawd al-qirtas fi akhbar moulouk al-maghrib wa tarikh madinat fas » qui a rapporté : « Lorsque an-Nassir revint au Maghreb, il s’enferma dans son palais, se cacha des gens (ahtajaba ‘anin-nass) et se plongea dans ses délices (wa ghamassa fil laddatihi) en buvant du vin matin et soir » fin de citation.  

 

Après la mort d’an-Nassir li-Dinillah, Abou Youssouf Ya’qoub al-Moustansir Billah prit sa succession alors qu’il était âgé de seize ans et comme son père avant lui, il ne fut pas éduqué pour faire face aux fonctions de Sultan si bien qu’il délégua le pouvoir aux Shouyoukh des Mouwahhidine qui gouvernèrent en son nom avant de mourir au mois de Dzoul Hijjah de l’année 620 de l’Hégire, comme nous l’avons déjà mentionné dans l’histoire des Bani Ghaniyah, soit empoisonné ou encorné par un taureau.

Youssouf al-Moustansir Billah mourut sans laisser de successeur et les troubles (fodah) puis les luttes pour le pouvoir entre les émirs des Mouwahhidine débutèrent.

L’oncle d’al-Moustansir, ‘Abdel Wahid Ibn Youssouf Ibn ‘Abdel Mou'min, fut le premier a réclamé le pouvoir mais le fils de son frère ‘Abdillah Ibn Ya’qoub al-Mansour se rebella contre lui et lui prit le pouvoir.

‘Abdel Wahid fut surnommé suite à ce détrônement ‘Abdel Wahad al-Makhlou’ (l’évincé) et il mourut assassiné dans son palais à Marrakech au mois de Sha’ban de l’année 621 de l’Hégire (1223). Ses épouses furent violées et ses biens confisqués.

‘Abdillah Ibn Ya’qoub al-Mansour le gouverneur Murcie, se surnomma al-‘Adil, quitta l’Andalousie pour Marrakech afin d’exercer son pouvoir à la tête des Mouwahhidine mais en l’an 624 de l’Hégire (1226), son frère Abou al-‘Oula Ibn Ya’qoub al-Mansour, le gouverneur de Séville, se rebella à son tour contre lui et se surnomma al-Ma'moun.

Les Mouwahhidine, sur les ordres d’al-Ma'moun, se rebellèrent à leur tour contre al-‘Adil au mois de Shawwal de cette même année, avant de le tuer dans son palais néanmoins, ils portèrent allégeance à un jeune enfant (fatah) du nom de Yahya Ibn an-Nassir qu’ils surnommèrent al-Mou’tassim tandis qu’al-Ma'moun se trouvait toujours en Andalousie.

Al-Ma'moun Abou al-‘Oula Ibn Ya’qoub al-Mansour, le gouverneur de Séville, débarqua alors au Maghreb à la tête de son armée et se dirigea vers Marrakech pour se venger de cet affront après avoir auparavant signé un traité de paix avec le roi de Castille Fernando III en échange du paiement d’un impôt de 300.000 pièces d’or, de dix forteresses frontalières au choix du roi de Castille et de la construction d’une église pour les Chrétiens à Marrakech et tout ceci rien que pour conserver son pouvoir ! Marrakech, la ville fondée par les Mourabitine et leur capitale Puis Fernando lui demanda de lui remettre tous les Chrétiens qui se convertiraient à l’Islam et de ne laisser aucun Chrétien devenir Musulman et si un Musulman se christianisait alors les Musulmans devraient le laisser aller libre.

Quel honneur restait-il encore à ce Mouwahhidi après cela ? Quel Tawhid ! Nous n’avons jamais vu auparavant une telle usurpation d’un nom aussi prodigieux que celui des Mouwahhidine dans toute l’histoire des Musulmans !

Cela n’est pas sans nous rappeler l’exacte similitude avec les dirigeants des pays des Musulmans de nos jours qui pour conserver le pouvoir et se fossiliser sur le trône sont prêt à toutes les concessions avec les ennemis des Musulmans qui leur promettent en échange de les reconnaitre comme tel contre la volonté populaire ! 

 

Du pouvoir et de la gouvernance 

Afin de juger de l’importance de l’exercice de cette fonction, voici une très large sélection de Hadith sur le pouvoir (as-soulath wal houkam) rapporté par le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Ces Hadiths sont extrais du livre « Les Exhortations et les Avertissements » « at-targhib wat-tarhib » de l’Imam al-Hafiz al-Moundiri traduit en français par Hamza al-Amin Yahyawi et revu par moi-même quand cela fut nécessaire.

 

D’après ‘Awf Ibn Malik (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Si vous le voulez, je vous apprends ce qu’est l’exercice du pouvoir ».

- « Et qu’est-ce que c’est, ô Messager d’Allah » ? demanda ‘Awf. Il lui répondit :

« Il attire premièrement les reproches, deuxièmement le remord et troisièmement le châtiment au Jour de la Résurrection, sauf si l’on est équitable. Or, qui peut l’être vis-à-vis de ses proches » (Rapporté par al-Bazzar et at-Tabarani).

 

Abou Wa’il, le frère d’Ibn Sama a rapporté que ‘Omar Ibn al- Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) chargea Bishr Ibn ‘Assim (qu’Allah soit satisfait de lui) de collecter l’aumône légale des Hawazin. Ce dernier tarda à venir. Puis, lorsque ‘Omar le trouva, il lui demanda :

- « Qu’est-ce qui t’a retardé ? Ne nous dois-tu pas obéissance? »

- « Si », répondit-il et il continua : « Mais, j’ai entendu le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dire : « Quiconque est chargé de quelque affaire des Musulmans, sera mis, au Jour de la Résurrection, sur le pont de l’enfer. S’il l’a géré convenablement, il sera sauvé. Sinon le pont se rompra et il chutera pendant soixante-dix ans dans l’enfer ».

‘Omar sortit, alors, tout pâle et affligé. Abou Darr le vit et lui dit :

- « Pourquoi es-tu si triste ? »

- « Comment ne pas l’être ayant entendu Bishr Ibn ‘Assim rapporter ce Hadith ». [Il le lui cita]. Abou Darr reprit :

- « Ne l’as-tu donc pas entendu du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) ? »

- « Non », répondit ‘Omar. Abou Darr dit :

« J’atteste que j’ai entendu le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dire : [Il cita le Hadith, en y ajoutant], « En fait, la géhenne est noire et obscure ». Maintenant, lequel des deux Hadith afflige le plus ton cœur ?

- « Ils le sont aussi bien l’un que l’autre. Mais qui voudra, alors, accepter cette charge » demanda ‘Omar ? Abou Darr dit :

- « Quelqu’un à qui ‘Allah a ôté la dignité et qui s’abaisse à toucher le sol du visage. Or nous n’y pensons que du bien [de Bishr]. Seulement, si tu en charges quelqu’un d’injuste, tu ne saurais échapper au péché » (Rapporté par at-Tabarani).

 

Al-Miqdam Ibn Ma‘dikarib (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) lui tapa sur les épaules et lui dit : « Tu auras réussi, ô Qadim (le diminutif de son mon) si tu meurs sans avoir été ni émir, ni vizir, ni préposé » (Rapporté par Abou Daoud).

 

Abou Darr (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté avoir dit :

- « O Messager d’Allah, veux-tu bien me nommer gouverneur de quelque province »?

Le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) tapota sur son épaule et lui dit :

« O Abou Darr! Tu es faible. Or le commandement est un dépôt, (dans ce monde) qui sera un malheur et un remord, au Jour de la Résurrection ; Sauf si on l’a pris sans le convoiter en s’acquittant des droits qu’il implique » (Rapporté par Mouslim).

 

D’après Abou Hourayrah (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Vous allez convoiter le pouvoir et vous en aurez des remords, au Jour de la Résurrection. Heureuse est celle qui donne le sein. Malheureuse est celle qui sèvre. (C'est-à-dire : On est heureux tant qu’on est juge dans ce bas monde, mais dans l’au-delà on sera malheureux) » (Rapporté par al-Boukhari et Mouslim).

 

D’après Abou Hourayrah (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Malheur aux gouverneurs ! Malheur aux préposés ! Malheur aux intendants chargés des objets confiés en dépôt ! Certes, au Jour de la Résurrection, certaines gens souhaiteront être suspendues par leurs toupets aux astres, entre ciel et terre, plutôt que d’avoir accepté de gérer quelque affaire des gens » (Rapporté par Ibn Hibban et al-Hakim).

Dans une autre version d’al-Hakim, Abou Hourayrah (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté avoir entendu le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dire : « Peu s’en faut qu’un homme souhaite chuter du haut de l’astre, plutôt que de gérer la moindre affaire des gens ».

 

D’après Abou Sa‘id al-Khoudri (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Les gens les plus aimables et les plus rapprochés d’Allah, au Jour de la Résurrection, seront les gouverneurs justes. Les plus haïssables et les plus éloignés d’Allah (Exalté soit-Il) seront les gouverneurs injustes » (Rapporté par at-Tirmidi et at-Tabarani dont voici la version).

« De tous les gens, le gouverneur injuste est celui qui subira le supplice le plus dur, au Jour de la Résurrection ».

 

D’après Anas (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Au Jour de la Résurrection, l’on fera venir le gouverneur injuste devant ses sujets qui auront gain de cause, lors du procès qui les opposera à lui. Alors, on lui dira : « Va occuper un coin de l’enfer »» (Rapporté par al-Bazzar).

 

D’après ‘AbdAllah Ibn  Mas‘oud (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Le supplice le plus terrible des réprouvés de l’enfer, est réservé, au Jour de la Résurrection à quiconque tue un Prophète ou est tué par un Prophète ainsi qu’au gouverneur injuste » (Rapporté par at-Tabarani et al-Bazzar).

 

D’après Abou Hourayrah (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Allah hait quatre personnes : le commerçant qui jure à tort et à travers, le jeune homme orgueilleux, le vieillard adultère et le gouverneur injuste » (Rapporté par an-Nassa’i, Ibn Hibban et Mouslim qui rapporte plutôt : «... le roi menteur et le pauvre orgueilleux »).

 

On a rapporté, d’après Ibn ‘Omar (qu’Allah soit satisfait d’eux), que le Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Le gouverneur est l’ombre d’Allah sur terre, à laquelle fait recours quiconque de Ses serviteurs, souffrant d’une injustice. Si le gouverneur est juste, il en sera bien rétribué et les sujets se devront d’être reconnaissants. Si par contre, il est injuste et oppresseur, il sera chargé de péchés. Les sujets auront, alors à observer la patience. Lorsque les gouverneurs deviennent injustes, on est affligé de la sécheresse. Lorsque l’on refuse de verser l’aumône légale (zakat), le bétail périt. Lorsque l’adultère se répand, la misère et la pauvreté se répandent aussi. Et lorsque les pactes sont violés, la victoire est transférée aux infidèles » (Rapporté par Ibn Maja et al-Bazzar).

D’après une version d’al-Bayhaqi, Ibn ‘Omar (qu’Allah soit satisfait d’eux) a rapporté : « Nous étions une fois chez le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) lorsqu’il dit : « Que feriez-vous donc si les cinq malheurs suivants se répandent parmi vous. Je prie ‘Allah de vous en réfugier et qu’ils n’arrivent pas de votre vivant. Lorsque l’adultère se répand publiquement au sein d’une communauté, elle sera inévitablement atteinte de la peste et de maux jusqu’alors ignorés des générations antécédentes.

Nulles gens ne refusent de verser la Zakat (aumône légale) sans qu’elles ne soient privées de pluie. Et ce n’est que pour empêcher les animaux de périr, qu’ils auront de la pluie. Nulles gens ne fraudent à la pesée sans qu’ils soient affligés de la sécheresse, de la pénurie des vivres et de l’oppression du pouvoir. Jamais leurs chefs ne gouverneront, autrement que selon la loi divine sans qu’Allah ne donne à leur ennemi le pouvoir sur eux. Ils perdront ainsi ce qu’ils possédaient. Et jamais, ils ne délaisseront le livre d’Allah (le Qur’an), et la tradition de Son Prophète, sans qu’Allah ne sème l’adversité entre eux » (Rapporté par al-Hakim).

 

Boukayr Ibn Wahb a rapporté qu’Anas (qu’Allah soit satisfait de lui) lui dit : « Je vais te citer un Hadith que je ne cite pas à n’importe qui : En fait, une fois, le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) se mit debout, à l’entrée de la maison où nous étions et dit : « Les chefs devront être issus de (la tribu) Qouraysh. Ils auront les mêmes droits sur vous que ceux que vous me devez tant qu’ils s’apitoieront lors que l’on sollicitera leur pitié, qu’ils honoreront leurs engagements et gouverneront justement. Que celui d’entre eux qui n’agira pas ainsi, soit frappé à la fois de la malédiction d’Allah, des anges et des hommes » (Rapporté par Ahmad, Abou Ya’la et at-Tabarani).

 

Abou Hourayrah (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté que Bishr Ibn ‘Assim al-Joushami (qu’Allah soit satisfait de lui) entendit le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dire : « Quiconque est investi de quelque pouvoir sur les gens, Allah le mettra debout sur le pont de l’enfer. Allah fera, ensuite, vibrer le pont au point où les os (de cette personne) se désarticuleront. Alors soit il en sera sauvé soit il y périra. S’il périt, il sera précipité dans un puits en enfer aussi sombre que la tombe et dont il n’atteindra le fond qu’après soixante-dix ans de chute ».

‘Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) demanda à Salman et à Abou Darr s’ils avaient entendu ce Hadith de la bouche du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Ils lui répondirent : « Oui » (Rapporté par Ibn Abou ad-Dounya).

 

D’après Abou Hourayrah (qu’Allah soit satisfait de lui), le Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Quiconque a été chef (ne serait-ce que) de dix personnes, sera amené enchaîné, au Jour de la Résurrection. Et rien ne le délivrera sinon son équité » (Rapporté par Ahmad).

 

D’après Abou Hourayrah (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Les trois premiers qui entreront en enfer m’ont été présentés. Ce sont : Le chef tyrannique, le fortuné qui ne s’acquitte pas des droits imposés par Allah sur les biens et le pauvre plein d’orgueil » (Rapporté par Ibn Khouzaymah et Ibn Hibban).

 

‘Awf Ibn Malik (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté avoir entendu le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dire : « Je crains pour ma nation trois choses ».

Ils demandèrent : - « Quelles sont-elles, ô Messager de ‘Allah »? Il répondit :

« L’erreur du savant, le gouvernement d’un tyran et la poursuite des passions » (Rapporté par al-Bazzar et at-Tabarani).

 

‘Ayshah (qu’Allah soit satisfait d’elle) a rapporté avoir entendu le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dire dans sa maison : « Seigneur ! Soit dur avec quiconque exerce quelque autorité sur ma nation avec dureté et soit clément envers celui qui exerce quelque autorité sur ma nation avec bienveillance » (Rapporté par Mouslim et an-Nassa’i).

Abou ‘Ouwana, l’a cité dans son recueil de Hadiths authentiques. On en cite : « Quiconque étant investi d’une autorité sur (les Musulmans), leur fait enduré des peines, sera frappé de la malédiction d’Allah ».

 

Abou ‘Uthman a rapporté : « Nous étions à Azerbaïdjan lorsque Omar (qu’Allah soit satisfait de lui) nous envoya une missive disant :

« Ô ‘Outbah Ibn Farqad ! Ce n’est ni le fruit de ton travail, ni de celui de ton père, ni de celui de ta mère. Alors fais en sorte que les Musulmans se rassasient chez eux de ce que tu te rassasies chez toi. Et gardez-vous de la vie des délices, de vous vêtir comme les idolâtres et de vous vêtir de soie » (Rapporté par Mouslim).

 

D’après Ibn ‘Abbas (qu’Allah soit satisfait d’eux), le Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Quiconque de ma nation, étant investi de quelque autorité sur les gens, n’en prend pas soin comme de sa propre personne, celui-là ne sentira même pas l’odeur du Paradis » (Rapporté par at-Tabarani).

 

Ma‘qil Ibn Yassar (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté avoir entendu le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dire : « Tout homme qu’Allah (à Lui la Puissance et la Gloire) a investi du pouvoir et qui meurt en ayant trompé ses sujets, Allah lui interdira l’accès au Paradis ».

Dans une autre version, il est dit : « ... qui meurt n’ayant pas agi avec sincérité envers ses sujets, ne sentira même pas l’odeur du Paradis » (Rapporté par al-Boukhari et Mouslim).

 

Abou Jouhayfah a rapporté que Mou’awiyyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux) envoya un régiment. Abou ad-Dahdah revint, alors Mou’awiyyah lui dit :

- « N’es-tu pas sorti en mission »?

- « Si, répondit-il, mais j’ai craint de ne plus te revoir. Alors j’ai tenu à te transmettre ce Hadith. En fait, j’ai entendu le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dire : « Ô gens! Tout chef qui empêche les Musulmans qui ont des requêtes, d’accéder à lui, Allah l’empêchera d’accéder au paradis. Et tout chef qui ne se préoccupe que (d’amasser les biens) de ce bas-monde, Allah le privera de mon voisinage (au paradis). Car en fait je suis envoyé pour anéantir l’amour du bas monde non pas pour l’entretenir » (Rapporté par at- Tabarani).

 

D’après Ibn ‘Abbas (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Quiconque désigne comme chef un homme parmi des gens, en sachant que parmi eux se trouve quelqu’un de plus convenable à l’égard d’Allah, aura trahi Allah, Son Messager et les fidèles » (Rapporté par al-Hakim).

 

Yazid Ibn Abou Soufyan a rapporté que lorsque Abou Bakr as-Siddiq (qu’Allah soit satisfait de lui) le nomma gouverneur de Syrie, il lui dit : « Ô Yazid! Il se peut que tu favorises tes proches parents quant à la désignation des chefs. C’est ce que je crains le plus pour toi. Surtout, que le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Tout gouverneur des Musulmans qui désigne pour eux un chef par favoritisme, Allah le maudit, n’acceptera de lui aucun rachat ni œuvres pies et l’enverra en enfer » (Rapporté par al-Hakim).

 

‘Amr Ibn al-‘As (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté avoir entendu le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dire : « Nul peuple ne pratique l’usure sans qu’il ne soit frappé de sécheresse. Nul peuple ne pratique la corruption sans qu’il ne soit frappé de terreur » (Rapporté par Ahmad).

 

D’après Ibn ‘Abbas (qu’Allah soit satisfait d’eux), le Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Quiconque fut chef ne serait-ce que de dix personnes qu’ils soient satisfaits de ses jugements ou non, aura les mains ligotées (au Jour de la Résurrection). S’il s’avérera qu’il était juste, qu’il n’acceptait pas les pots-de-vin et n’était pas partial, Allah le libérera. Si, par contre, il s’avérera qu’il ne jugeait pas selon la révélation d’Allah, qu’il était corrompu et qu’il montrait de la partialité envers certains, sa droite sera fortement liée à sa gauche. Ensuite, il sera jeté en enfer, où il chutera durant cinq-cents ans, sans en atteindre le fond » (Rapporté par al-Hakim).

 

 

‘Iyad Ibn Houmayr (qu’Allah soit satisfait de lui) a rapporté avoir entendu le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) dire : « Sont assistés (par Allah) celui qui exerce un pouvoir avec justice, l’homme bienveillant, au cœur tendre envers ses proches parents Musulmans, et celui qui ayant une famille à sa charge vit dans la continence et refuse de mendier par dignité » (Rapporté par Mouslim).

 

D’après Ibn ‘Abbas (qu’Allah soit satisfait d’eux), le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Sous le pouvoir d’un gouverneur juste, une journée vaut mieux qu’une adoration de soixante-ans. Appliquer une des peines prescrites par Allah est plus bénéfique qu’une chute de pluie pendant quarante jours » (Rapporté par at-Tabarani).

 

D’après Abou Hourayrah (qu’Allah soit satisfait de lui), le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a dit : « Ô Abou Hourayrah ! Une heure de justice dans l’exercice du pouvoir vaut mieux que soixante-ans de culte, en priant les nuits et en jeûnant les jours durant. Ô Abou Hourayrah ! L’injustice d’une heure dans l’exercice du pouvoir est plus grave et terrible, auprès d’Allah (à Lui la Puissance et la Gloire) que soixante-ans de péchés ».

Dans une autre version : « Une journée de justice vaut mieux que soixante ans d’adoration » (Rapporté par al-Isbahani).

 

Al-Ma'moun Abou al-‘Oula Ibn Ya’qoub al-Mansour 

Parmi les autres clauses de Fernando III imposées à Al-Ma'moun Abou al-‘Oula Ibn Ya’qoub al-Mansour est qu’une force de Castillans devait l’accompagner au Maghreb pour combattre ses frères et au mois de Dzoul Qi’dah de l’année 626 de l’Hégire (1228), la force coalisée débarqua au Maghreb

Au mois de Rabi’ Awwal de l’année 627 de l’Hégire (1229), il réussit à vaincre Yahya Ibn al-Nassir qui s’enfuit et al-Ma'moun rentra à Marrakech et brutalisa (nakkala) les Shouyoukh des Mouwahhidine qu’il tua presque tous (athna mou’damhoum) et al-Ma'moun se retourna (anqalaba) contre les Mouwahhidine et son fondateur Ibn Toumart. Il envoya des lettres dans tout le royaume des Mouwahhidine et demanda que le nom d’Ibn Toumart ne soit plus mentionné dans les prêches ou dans les discours. Il écrivit : « Donner à Ibn Toumart les noms d’al-Mahdi ou d’al-Ma’soum, l’infaillible, est une hypocrisie (nifaq), une innovation (bid’a) nulle et non avenu (amr batil) qui doit être définitivement stoppée et abandonnée (wal qada ‘aleyhi) ».

La boucle sur les Mouwahhidine étant pratiquement bouclée avec le reniement de son propre groupe, il convient maintenant de rapporter qu’al-Mansour, le père d’al-Ma'moun professait lui-même ce genre de pensée mais nul ne s’en rendit compte du fait de la force des Mouwahhidine à cette époque.

La stabilité des Mouwahhidine se fissura et la division s’engouffra dans les rangs de la famille régnante, al-Ma'moun, al-Mou’tassim et Abou Moussa Ibn Ya’qoub al-Mansour, le frère d’al-Ma'moun se joignit à la rébellion du port de Ceuta et prit le nom d’al-Mouayyad Billah.

Al-Ma'moun mourut à la fin du mois de Dzoul Hijjah de l’année 629 de l’Hégire (1231) et au mois de Mouharram de l’année 630 de l’Hégire, il fut porté allégeance à son fils Abi Muhammad ‘Abdel Wahid qui prit le surnom d’ar-Rashid alors qu’il était âgé de quatorze ans.

 

Tous les états ou les dynasties passent par trois étapes successives :

1 - La force et le maintien caractérisés par le sacrifice, la volonté et la sincérité qui sont les causes d’expansion puis de stabilité.

2 - La poursuite du but et sa réalisation qui entraine alors la fin de la motivation, de l’effort, qui ouvre les portes aux avantages terrestres du succès qui engendre le laisser aller et donc inévitablement la troisième étape.

3 - La désagrégation (tafakkouk) qui conduit irrémédiablement à la fin (inhiyar). 

Et vous en avez l’exemple à travers l’Histoire des Mouwahhidine, mais aussi d’un certain nombre de dynasties musulmanes qui se succédèrent dans l’empire islamique. La loi universelle est que tout ce qui atteint son sommet s’effondrera invariablement.