Les Bani Marine 

En l’an 613 de l’Hégire (1216), les Mouwahhidine traversaient une période de faiblesse et les signes précurseurs de la fin de leur état étaient visibles. Les Banou Marine (ou Mérine) de la tribu berbère des Zenâta réussirent à vaincre une armée de Mouwahhidine lors d’une bataille qui eut lieu à Wadi Naqqour au sud de la ville de Fès. Au cours de cette bataille, ils saisirent tout le camp et les affaires des Mouwahhidine si bien que les fuyards de ses derniers furent contraint de manger les feuilles d’arbres (shajarah mash’alah) pour ne pas mourir de faim. C’est ce qu’ont rapporté un grand nombre d’historiens et c’est pourquoi, cette bataille fut appelée la bataille de Mash’alah.

 

Après son succès, le commandant des Banou Marine, Abou Sa’id ‘Uthman Ibn ‘Abdel Haqq écrasa une nouvelle fois les Mouwahhidine lors d’une bataille près de Wadi Sabbou en l’an 614 de l’Hégire (1217).      

Ensuite, les Banou Marine devinrent une force incontournable. Ils ajoutèrent à leur état la tribu de Maknassah et ses terres puis un grand nombre de tribus rejoignirent leur rang.

 

En l’an 637 de l’Hégire (1239), les Banou Marine, sous le commandement de Muhammad Ibn ‘Abdel Haqq écrasa l’armée de ‘AbdAllah Ibn Wanouddin, le ministre d’ar-Rashid pour le Jihad de la région Ouest, près de la ville de Maknassah (ou Miknassah).

Puis, au mois de Mouharram de l’année 638 de l’Hégire (1240), l’émir ‘Uthman Ibn Abdel Haqq fut assassiné par un jeune enfant de ses servants qu’il avait élevé depuis son jeune âge et son frère Muhammad Ibn ‘Abdel Haqq prit la succession.

 

Au mois de Joumadah Thani de l’année 640 de l’Hégire (1242), ar-Rashid se noya lorsque le bateau (zawraq) dans lequel il se trouvait avec certaine de ses épouses se retourna à Bouhayrah, près de son palais. Son frère Abou al-Hassan ‘Ali Ibn Abi al-‘Oula, plus connu sous le nom d’Idris Ibn Ya’qoun Ibn al-Mansour, lui succéda. Abou al-Hassan ‘Ali, noir de peau (aswad loun) dont la mère était une nubienne, se fit appeler as-Sa’id. 

Près de Fès, as-Sa’id écrasa les Banou Marine et tua leur chef Muhammad Ibn ‘Abdel Haqq en l’an 642 de l’Hégire (1244), et son frère Abou Yahya Ibn ‘Abdel Haqq lui succéda à la tête des Banou Marine.

 

A Tilimsen au Maghreb Central, un groupe des Bani ‘Abdel Ouad de la tribu des Zenâta, sous le commandement de leur chef Yaghmourassan Ibn Ziyyan, prit la ville des Mouwahhidine et chercha à étendre son territoire, si bien qu’il prit Tilimsen pour capitale.   

Nous venons ainsi d’assister à l’ascension des Bani ‘Abdel Ouad et des Bani Marine qui commencèrent à prendre les terres des Mouwahhidine.

 

Au mois de Safar de l’année 646 de l’Hégire (1248), as-Sa’id Abou al-Hassan ‘Ali Ibn Abi al-‘Oula sortit à la tête d’une grande armée pour combattre les Bani ‘Abdel Ouad et les rencontra près d’une forteresse imprenable au sud de la ville actuelle de Oujda au Maroc ou il avait pris refuge. Mais les Bani ‘Abdel Ouad donnèrent l’assaut, le tuèrent et son armée fut anéantie.

 

A Marrakech, les Mouwahhidine portèrent allégeance à Sayd Abi Hafs ‘Omar Ibn Abi Ibrahim Ibn Youssouf Ibn ‘Abdel Mou'min qui se fit appeler al-Mourtadi li-Amrillah.

 

Cette même année, l’émir des Banou Marine Abou Yahya Ibn ‘Abdel Haqq rentra dans la ville de Tazah avant de se diriger à la tête de son armée vers la ville de Fès qu’il assiégea avant d’y pénétrer en sécurité (bi amane) au mois de Rabi’ Akhir ou il resta durant un an pour organiser son nouveau royaume (mamlakah jadidah). 

 

En l’an 653 de l’Hégire (1255), eut lieu près de Fès une bataille entre les Mouwahhidine sous le commandement d’al-Mourtadi et les Banou Marine sous le commandement d’Abi Yahya Ibn ‘Abdel Haqq. Les Mouwahhidine furent totalement écrasée et leur armée pulvérisée tandis que les Banou Marine augmentèrent leur pression sur eux dans tout leur territoire et capturèrent ainsi une large partie de leur territoire. 

 

En l’an 656 de l’Hégire (1257), l’émir des Banou Marine Abou Yahya Ibn ‘Abdel Haqq décéda et son frère Abou Youssouf Ya’qoub Ibn ‘Abdel Haqq lui succéda et sous son règne les Banou Marine prirent la ville de Salah et la ville de Ribat al-Fath, qui n’est autre que la ville actuelle de Rabat au Maroc, en l’an 658 de l’Hégire (1259).

 

 

Alfonsh X profitant de l’absence des armées Musulmans et avec la bénédiction du pape Alexandre IV, prépara une importante flotte navale et attaqua la ville de Salah au mois de Shawwal. Son armée commit les pires infamies contre les civils Musulmans avant que l’émir des Banou Marine, Abou Youssouf Ya’qoub Ibn ‘Abdel Haqq, ayant entendu parler de leurs exactions se précipita avec son armée au secours de la ville. Il réussit à chasser les croisés de la ville mais un très grand nombre de prisonniers Musulmans avait déjà été embarqué pour être vendus comme esclave et il ne put rien faire pour eux.

 

Aussi un groupe des Banou Marine se rebellèrent à Salah et dans les montagnes de Ghoumarah contre leur oncle le Sultan Abou Youssouf Ya’qoub Ibn ‘Abdel Haqq mais ce dernier et sans effusion de sang réussit à ramener les rebelles à son obéissance. Puis il donna à leur chef, ‘Amir Ibn Idriss Ibn ‘Abdel Haqq, le commandement de trois-mille rebelles des Banou Marine et les envoya en Andalousie pour combattre dans la voie d’Allah contre les croisés et où ils pourraient trouver le martyrs pour une juste cause plutôt que pour la mauvaise cause de la désobéissance à l’émir. En l’an 660 de l’Hégire (1261), il leur demanda de partir pour Grenade et de porter assistance à Ibn al-Ahmar et ce fut la première armée des Banou Marine qui fut envoyé au secours des Musulmans et qui posa le pied en Andalousie.

 

La chute des Mouwahhidine 

Cette même année, eut lieu la bataille d’Oumm Rajlane au nord de Marrakech entre les Mouwahhidine sous le commandement de Yahya Ibn Wanouddin et les Banou Marine sous le commandement de Youssouf Ibn ‘Abdel Haqq qui finit en une écrasante défaite pour les Mouwahhidine. Suite à celle-ci, al-Mourtadi invectiva certains chefs dont as-Sayd Abou ‘Oula Idriss Ibn ‘Abdillah Ibn Abi Hafs Ibn ‘Abdel Mou'min Ibn ‘Ali, surnommé Abou Dabbouss parce qu’il qui portait toujours sur lui un certain nombre d’armes qui alla trouver Youssouf Ibn ‘Abdel Haqq et lui proposa de prendre Marrakech.

Le chef des Banou Marine saisit l’occasion, lui fournit un certain nombre de soldats et au mois de Mouharram de l’année 665 de l’Hégire (1266), Abou ‘Oula Idriss entra dans Marrakech, captura al-Mourtadi Billah qui s’en était enfui avant de le tuer et le nouvel émir Mouwahhidi prit dès lors le nom d’al-Wathiq Billah mais il fut tué au mois de Safar de cette même année.

Mais les affaires ne tournèrent pas rond pour al-Wathiq Billah comme il l’espérait. Il aurait voulu pouvoir se débarrasser de celui qui lui avait offert sur un plat d’or cette occasion mais Youssouf Ibn ‘Abdel Haqq impassible, surveillait ses mouvements et l’inévitable et terrible bataille eut lieu près de Wadi Ghafou ou la dernière armée des Mouwahhidine fut anéantie et leur chef Abou Dabbouss tué. Sa tête fut tranchée et envoyée à Fès ou elle fut accrochée sur l’enceinte de la ville et Youssouf Ibn ‘Abdel Haqq se prosterna en reconnaissance à Allah Exalté, à Lui les Louanges et la Gloire, qui lui avait permis de venir à bout du dernier émir des Mouwahhidine, de leur mouvement, de leur royaume et de leur dynastie au mois de Mouharram de l’année 668 de l’Hégire, la date officielle de la fin de l’état des Mouwahhidine.

 

Abou Youssouf Ya’qoub Ibn ‘Abdel Haqq, l’émir des Bani Marine, se dirigea aussitôt et entra alors en vainqueur à Marrakech, à la tête de son immense armée et prit le titre d’émir al-Mouslimin après avoir mis la main sur la presque totalité du royaume des Mouwahhidine.

 

Les différences entre les Mourabitine et les Mouwahhidine 

Il existe des similitudes dans les évènements qui survinrent avant la chute des Mourabitine et ceux des Mouwahhidine comme le laisser aller et l’abandon des émirs et il est incontestable que malgré l’immense nombre des armées des Mouwahhidine, de leurs commandants et de l’immense logistique dont ils disposaient, ils étaient de loin inférieurs à la puissance, la force, le courage et la foi des Mourabitine dont les armées furent nettement inférieures tant en quantité qu’en moyen de celles des Mouwahhidine.

Et n’oublions pas que les grandes conquêtes des Mouwahhidine sur les terres des Mourabitine au Maghreb se fit au dépend de la perte d’autant immense territoire en Andalousie et les Mouwahhidine n’ont fait en fait qu’hérité de l’immense travail accompli par le Sheikh ‘AbdAllah Ibn Yassine et ses Mourabitine qui établirent non seulement un royaume au Maghreb et un état durable en Andalousie à la force de leurs armes contrairement aux Mouwahhidine qui ne profitèrent tout compte fait que des circonstances. Et pendant qu’Ibn Toumart combattait à tort les Musulmans du Maghreb, les croisés avaient les mains libres ce qui leur permit de mettre fin à l’état des Mourabitine en Andalousie et cela grâce aux Mouwahhidine qui furent le pilier de leur succès.

Je ne veux pas dire que les Sultans des Mouwahhidine ne vinrent pas au secours des Musulmans en Andalousie, bien au contraire, il y eut un certain nombre d’expéditions militaires qui aidèrent surtout un retour à la division tribale avec les tribus alliées aux Mouwahhidine, les tribus détruites par les Mourabitine et les tribus de bédouins arabes.

Si nous revenons aux recommandations (wassiyah) de l’émir des Mouwahhidine al-Mansour sur son lit de mort, et elles furent rapportées par un grand nombre d’historiens de l’époque, nous remarquerons qu’il avait une grande préoccupation (ihtimam) de l’Andalousie. Lorsque cet émir sentit les affres de la mort le gagner, il convoqua les Shouyoukh des Mouwahhidine et leur recommanda un très grand nombre de choses puis après cela, il leur dit en pleurant : « Je vous recommande la crainte d’Allah Exalté, les orphelins (aytam) et l’orpheline (al-yatimah) ». L’un des Sheikh lui demanda : « O Sayd, ô émir al-Mou'minin, qui sont les orphelins et l’orpheline ? » Il répondit : « Al-Yatimah est l’Andalousie, al-Aytam, ses habitants les Musulmans. Méfiez-vous que rien ne leur manque de ce qui est utile pour elle, de protéger ses enceintes, de surveiller son voisinage et sachez qu’il n’y a rien de plus important dans nos âmes que sa préoccupation ».

Néanmoins lorsque nous comparons les armées et les commandants des Mouwahhidine et des Mourabitine, nous ne pouvons que voir qu’une grande différence entre eux. Et si nous prenons pour seul exemple la bataille d’az-Zallaqa, nous remarquerons que l’émir des Mourabitine combattait alors qu’il était âgé de 92 ans et que la première chose qu’il fit lorsqu’il posa les pieds en Andalousie fut de se prosterner devant le Miséricordieux pour le remercier ! Il est incontestable que les Mourabitine remportèrent un nombre décisifs de batailles et qu’ils détruisirent réellement les croisés. Rappelez-vous que les historiens furent unanimes à rapporter que la victoire d’az-Zallaqa arrêta l’expansion des croisés pour quelques siècles. Mais lorsque nous regardons le très grand nombre des combattants des armées des Mouwahhidine, par exemple lors du siège de Santarem, l’hésitation de leur émir à combattre et finalement leur catastrophique retrait du champ de bataille ou l’émir fut blessé et devait succomber à ces blessures. Mais les plus terribles exemples resteront certainement celui du siège de Tolède, lorsque les donzelles d’Alfonsh III, sortirent avec leur mandoline pour apitoyer le « bourreau » au cœur de satin, et les terribles conséquences pour les Musulmans de la perte de la bataille d’al-‘Iqab avec l’irresponsable comportement du ministre Ibn Jami’ !  

Si nous comparons le nombre d’irréparables erreurs qu’ils commirent sous leur règne au profit des croisés comparés à leur implacable résolution meurtrière pour venir à bout des Musulmans et des Mourabitine et leur indulgente et bénéfique résolution au profit des ennemis des Musulmans en Andalousie on ne peut qu’être étonné du contraste.

Certes, ils remportèrent la décisive bataille d’al-Arak et nul ne peut le contester mais annulée par la perte d’al-‘Iqab ou était cette bataille comparée à celle de Zallaqa qui brisa l’élan des croisés et Alfonsh III qui ne se remit jamais de la défaite ?

D’un autre côté, les Mourabitine ne commirent aucune erreur au profit des ennemis d’Allah contre les Musulmans et les Mouwahhidine n’eurent jamais quelqu’un pour égaler Youssouf Ibn Tashfine, le guerrier-savant voilé du désert de Shanguit, puisse Allah Exalté, à Lui les Louanges et la Gloire, lui faire miséricorde.

 

Moralités 

L’Histoire passée n’est que leçons, preuves et morales. Cependant on peut vraiment s’étonner que les Musulmans n’en n’ont pas tiré et n’en tire toujours pas profit et qu’ils continuent à faire exactement les mêmes erreurs que leurs ancêtres. Après avoir traduit plus de deux-mille-cents pages sur l’Histoire de l’Islam et des Musulmans, ce qui m’aura le plus marqué est cette confiance naïve qu’ils ont toujours eut envers leur ennemis et particulièrement de croire à leurs paroles et à leurs engagements quand Allah Exalté, à Lui la Louange et la Gloire, nous a mis en garde, sur ces caractéristiques inhérentes aux mécréants et Il, à Lui les Louanges et la Gloire, a dit : « Comment donc! Quand ils triomphent de vous, ils ne respectent à votre égard, ni parenté ni pacte conclu. Ils vous satisfont de leurs bouches, tandis que leurs cœurs se refusent; et la plupart d’entre eux sont des pervers. Ils troquent à vil prix les versets d’Allah (le Qur’an) et obstruent Sa voie. Ce qu’ils font est très mauvais! Ils ne respectent, à l’égard d'un croyant, ni parenté ni pacte conclu. Et ceux-là sont les transgresseurs. Mais s’ils se repentent, accomplissent la Salat et acquittent la Zakat, ils deviendront vos frères en religion. Nous exposons intelligiblement les versets pour des gens qui savent. Et si, après le pacte, ils violent leurs serments et attaquent votre religion, combattez alors les chefs de la mécréance - car, ils ne tiennent aucun serment - peut- être cesseront-ils? Ne combattrez-vous pas des gens qui ont violé leurs serments, qui ont voulu bannir le Messager et alors que ce sont eux qui vous ont attaqués les premiers? Les redoutiez-vous? C’est Allah qui est plus digne de votre crainte si vous êtes croyants! Combattez-les. Allah, par vos mains, les châtiera, les couvrira d’ignominie, vous donnera la victoire sur eux et guérira les poitrines d’un peuple croyant. Et il fera partir la colère de leurs cœurs. Allah accueille le repentir de qui Il veut. Allah est Omniscient et Sage[1] ». 

Regardez le nombre de mises en gardes dans ces versets successifs et pourtant c’est comme si nul n’en tenait compte.

Néanmoins les moralités de l’Histoire ne sont pas destinées rien qu’aux Musulmans et si l’Histoire se répète pour eux, elle le fait de même pour les mécréants qui eux aussi n’en tire pas les leçons et tant la cruche va à l’eau qu’elle finit pas se briser, est-ce alors donc une fatalité inhérente à tous les êtres humains ?

 

Derniers mots sur les Mouwahhidine 

Lorsque Youssouf Ibn ‘Abdel Haqq entra à Marrakech, au mois de Mouharram de l’année 668 de l’Hégire et qu’al-Mourtadi Abou Dabbouss fut tué, ses enfants de la maison régnante, « as-Sadah al-Mouwahhidine », furent emprisonnés et lorsqu’ils furent libérés, ils partirent pour l’Andalousie et allèrent directement chez le roi de Castille Alfonsh X à Séville ou ils restèrent un certain temps avant de se rendre chez les Banou al-Ahmar à Grenade.

Puis l’un d’entre eux du nom de Sayd Abou Zayd al-Mourtadi retourna au Maghreb en l’an 684 de l’Hégire (1285) ou il parcourut  le pays (yatajawal) monté sur un âne si bien que le commun des gens le surnomma Yadi Himara et l’émir, fils d’un émir, fils d’un émir…, finit ses jours comme un mendiant.

Quel contraste avec les premiers jours sanglants de cette dynastie. Mais regardez aussi ce qui arriva au dernier membre de la dynastie Ayyoubi, Tourane Shah Ibn Salah Ayyoub qui fut assassiné d’une horrible manière par les Mamalik au début de l’année 648 de l’Hégire (1250) après sa victoire sur les croisés, et qui fut découpé en morceaux par la suite. Et aussi ce qui arriva au dernier calife abbasside al-Mou’tassim Billah quand les Moghols Tatars l’enfermèrent dans un sac et qu’ils piétinèrent avec leur chevaux jusqu’à ce que mort s’ensuive en l’an 656 de l’Hégire. Et quelques siècles auparavant, au mois de Dzoul Hijjah 132 de l’Hégire, quand la dynastie des Omeyyade prit fin et que Marwan al-Ja’di al-Himar Ibn Muhammad, qui avait été un redoutable guerrier, s’enfuit poursuivit par l’armée des Abbassides et se réfugia dans un puits des Chrétiens pour leur échapper. Mais il fut rattrapé par Salih Ibn ‘Ali al-‘Abbassi et piétiné par les chevaux de son armée jusqu’à ce qu’il meurt.

Et le cas du dernier calife Ottoman ‘Abdel Majid II lorsqu’il fut expulsé, dans la nuit du 04 mars de l’année de l’année 1924, de son propre pays avec sa famille.

 

L’Histoire est capitale et chacun se doit de connaitre son histoire et elle l’est encore plus pour les Musulmans, puisqu’elle n’est enseignée nulle part, qui connaisse mieux l’histoire des mécréants que la leur bien qu’elle rivalise en gloire et en beauté avec n’importe quelle histoire. Nous devons savoir comment naissent, grandissent et meurent les dynasties, les états, les royaumes et les empires. Nous devons connaitre les causes de leurs chutes, qui sont les gens sincères et les ennemis et le but de notre ennemi n’a pas changé d’un iota depuis qu’Allah Exalté, à Lui la louange et la Gloire, a révélé Sa religion l’Islam à notre aimé, bien-aimé (al-habib al mahboub) Prophète Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).

Le Très Haut, al-A’la fil ‘Oulah, a dit: « Ni les Juifs, ni les Chrétiens ne seront jamais satisfaits de toi, jusqu’à ce que tu suives leur religion. – Dis : Certes, c’est la direction d’Allah qui est la vraie direction. Mais si tu suis leurs passions après ce que tu as reçu de science, tu n’auras contre Allah ni protecteur ni secoureur ».

Et qui est plus Véridique sinon Celui qui a créé les êtres humains !

 

  

Les Baní Marine au Maghreb 

Après leur chute, le royaume des Mouwahhidine fut partagé en trois, entre les Bani Marine, les Bani Hafs et les Baní ‘Abdel Ouad et aucune d’entre eux n’eurent jamais la force ni n’atteindrons le prestige des Mourabitine et à moindre échelle, celui des Mouwahhidine.

Nous reviendrons largement en détail sur ces dynasties dans notre deuxième volume lorsque nous traiterons de l’histoire des pays du Maghreb séparément.

 

Avant de revenir sur la chronologie finale du royaume de Grenade, que nous avons laissé à l’aube de l’année 660 de l’Hégire (1261) et la chute de l’Andalousie, poursuivons l’histoire du Maghreb.

 

Comme nous l’avons mentionné, le Sultan Youssouf Ibn ‘Abdel Haqq entra à Marrakech en l’an 668 de l’Hégire (1269). Youssouf Ibn ‘Abdel Haqq avait pour ancêtre Marine Ibn Wartajane Ibn Makhoukh az-Zinati qui avait pour bastion la région du Zab qui s’appelait le royaume des Baní Marine ou l’état des Wattassiyah de Wattass Ibn Fajjous Ibn Jarmate Ibn Marine.

 

Cette même année, Abou Youssouf al-Marini traversa pour l’Andalousie ou il combattit durant six années (sitta a’wam), puis il y revint de nouveau en l’an 676 (1277) puis en l’an 681 (1282) de l’Hégire et enfin pour la dernière fois en l’an 684 de l’Hégire (1285), ou il devint malade pour finalement décédé dans son palais d’Algésiras au mois de Mouharram de l’année 685 de l’Hégire (1286). Son fils Abou Ya’qoub Youssouf lui succéda avant de mourir assassiné, en l’an 686 de l’Hégire, par un groupe de pécheur de son palais avec qui il avait eu un différent. Son fils Abou Thabit ‘Amir lui succéda avant de mourir à son tour en l’an 708 de l’Hégire (1301) et son frère Abou Rabi’ Souleyman prit la succession.

 

Durant le Sultanat d’Abou Sa’id ‘Uthman Ibn Ya’qoub, les Banou Marine prirent le contrôle du Maghreb Central, puis Tilimsen, en l’an 714 de l’Hégire (1314), qu’ils prirent à Moussa Ibn ‘Uthman Ibn Yaghmourassan Ibn Zayyan des Bani ‘Abdel Ouad.       

Abou Sa’id ‘Uthman Ibn Ya’qoub décéda en l’an 731 de l’Hégire (1330) et son fils Abou ‘Inan Ibn al-Hassan lui succéda et prit Bejaïa et Constantine dans l’actuelle Algérie. Après lui, le Sultanat des Bani Marine s’affaiblit et ils perdirent le Maghreb central et extrême tandis que les Portugais attaquèrent la ville de Ceuta en l’an 818 de l’Hégire (1415), le début de la fin des Banou Marine. Ceuta fut prise par les Portugais quelques temps plus tard ainsi que de large portion de territoire du Maroc.

 

En l’an 956 de l’Hégire (1548), la ville de Marrakech tomba aux mains des Nobles (ashraf) Sa’diyine et avec eux, la dynastie des Banou Marine prit fin au début du dixième siècle de l’Hégire.

 

Les Baní ‘Abdel Ouad 

En l’an 624 de l’Hégire (1226), le Sultan des Mouwahhidine al-Ma'moun nomma Yaghmourassan Ibn Zayyan gouverneur de Tilimsen et ce dernier est considéré comme le fondateur de la dynastie ou l’état des Bani ‘Abdel Ouad (ouad), originaire de la tribu des Bani Rokhal, les habitants du désert du Maghreb central (Algérie). De leur base de Tilimsen, ils mirent la main sur le Maghreb central avant d’entrer en conflit avec les Banou Marine, les Bani Hafs, les tribus Berbères et Arabes et en l’an 910 de l’Hégire (1504) de l’Hégire, les croisés espagnols occupèrent Bejaia, puis Oran en l’an 914 (1508).

Leurs navires étaient équipés de puissant canons dont ils se servirent pour bombarder un certain nombre de ville d’Algérie depuis la mer et les Musulmans firent appel au célèbre cavalier ‘Aboud Pacha et son frère l’amiral ottoman Khayr ad-Din Barberousse qui fut, durant un certain temps, le maitre incontesté de la Mer Méditerranée, qui vint en Algérie et permit aux Ottoman de s’introduire au Maghreb pour apporter leur soutien aux Musulmans. Cette histoire sera plus détaillée dans notre deuxième volume et dans l’Abrégé de l’Histoire des Ottomans

 

Les Bani Hafs 

En l’an 675 de l’Hégire (1276), l’émir Abou Zakariyyah Yahya al-Hafsi prit l’émirat de Tunis après avoir écarté du pouvoir son frère Aba Muhammad ‘Abdillah Ibn Abi Muhammad Ibn Abi Hafs et Abou Zakariyyah Yahya al-Hafsi est considéré comme le fondateur de la dynastie des Bani Hafs dont l’ancêtre était le Sheikh Abou Hafs Yahya Ibn ‘Omar al-Intati, de la tribu Intatah, la plus grande des tribus de Masmoudah. Abou Hafs joua un grand rôle dans l’état des Mouwahhidine comme nous l’avons déjà mentionné et l’état des Bani Hafs dura trois siècle et demi.

Lorsque les habitants du sud-est de l’Andalousie dont ceux de Séville et de Mourriyah constatèrent le début de la faiblesse de l’état des Mouwahhidine, ils portèrent allégeance à Abou Zakariyyah Yahya al-Hafsi et lorsque ce dernier décéda son frère Abou ‘Abdillah al-Moustansir Billah qui fut le plus puissant des Sultan des Bani Hafs, lui succéda. A la fin de son règne, les troubles et les séditions se répandirent dans l’état et lorsqu’il mourut, l’émir Abou ‘Assidah prit sa succession et après lui son frère Abou Hafs qui fut lui-même succédé par le fils de son oncle Abou Yahya Ibn al-Lahyani avant que le pouvoir ne revienne à l’un des enfants d’un fils d’Abou Zakariyyah, Abou Ishaq Ibrahim.

Lorsque la ville de Bejaia sortit du contrôle des Bani Hafs, les Bani Marine saisirent l’occasion de leurs difficultés et prirent Tunis sous le règne du Sultan Abou ‘Inan al-Marini.

Sous le règne du Sultan Abou al-‘Abbas al-Hafsi, l’état des Banou Hafs retrouva de la rigueur et le Sultan fit face aux croisés qui attaquèrent la ville d’al-Mahdiyah en l’an 793 de l’Hégire (1390). Après lui, son fils Abou Faris prit l’ile de Malte, Djerba et Tilimsen. Puis Tripoli an l’an 801 de l’Hégire (1398), Tawzarah et Qafassah en l’an 803 de l’Hégire (1400).   

 

En l’an 813 de l’Hégire (1410), Abou al-‘Abbas al-Hafsi prit l’Algérie avant de décédé en l’an 837 de l’Hégire (1433) et, son petit-fils al-Moustansir lui succéda mais il était malade et succomba quatorze mois après. Son frère Abou ‘Amr ‘Uthman lui succéda et ses oncles se rebellèrent contre lui mais il vainquit son oncle Abou al-Hassan en l’an 850 de l’Hégire (1446). Cependant, les tribus berbères se rebellèrent à leur tour contre l’état des Baní Hafs et les croisés espagnols attaquèrent Tunis pour se venger des défaites navales que leur infligèrent les Ottomans mais aussi à cause du commerce en méditerranée monopolisé par ces derniers. Tunis servait alors de base arrière pour les Ottomans qui leur permettait de conduire des batailles en profondeur, loin de chez eux.  

 


[1] Qur’an, Sourate 09, versets 8 à 15.