Abou Sa’id
Après l’assassinat de ‘Abd al- Latif, le pouvoir à Samarkand fut
capturé par le prince Timouride ‘Abdallah, le fils d’Ibrahim et
le petit-fils de Shah Roukh mais le prince Abou Sa’id se révolta
contre lui. Abou Sa’id était le fils de Mirza Sultan Muhammad et
le petit-fils de Miran Shah. Après la mort de son père, il vécut
avec Oulough Bak à Samarkand et qans ‘Abd al-Latif se révolta
contre son père Oulough Bak, Abou Sa’id lutta au côté du père.
Quand ‘Abd al-Latif accéda au pouvoir, il emprisonna Abou Sa’id
sur la demande de Jawhar Shad, la veuve de Shah Roukh. Abou
Sa’id réussit à s’échapper de la prison et s’enfuit à Boukhara.
Après l’assassinat de ‘Abd al-Latif, il rassembla une armée et
marcha sur Herat qui était à cette époque contrôlée par Yadqar
Mirza, un petit-fils de Shah Roukh. Abou Sa’id vainquit Yadqar
Mirza et captura Herat.
Par la suite, avec l’assistance de chef Ouzbek Abou al-Khayr, il
marcha sur Samarkand et ‘Abdallah qui avait saisi le pouvoir
dans Samarkand fut vaincu et tué.
Abou Sa’id fut intronisé à Samarkand en 1451 et la gouvernance
passa de la lignée de Shah Roukh à celle de Miran Shah.
Au début, Abou Sa’id montra des signes de promesses qui
laissèrent penser que la gloire de Timour allait être restaurée
mais les espoirs tombèrent courts et il fut impliqué dans des
scandales de Haram (gynécée) à l’incitation des dames autour de
lui qui valut l’assassinat de Jawhar Shad, la veuve de Shah
Roukh et qui engendra l’hostilité des princes Timourides de la
maison de Shah Roukh à son égard.
Il entra de même en conflit avec les Turcomans des Moutons Noirs
et des Moutons Blancs.
Dans le conflit avec les Turcomans des Moutons Noirs, Abou Sa’id
fut victorieux et désigna Jahan Khan comme souverain vassal mais
Ouzoun Hassan, le souverain des Moutons Blancs attaqua Jahan
Shah qui demanda de l’aide à Abou Sa’id. Abou Sa’id marcha à
l’aide de Jahan Shah et dans la confrontation qui eut lieu en
1467à Qara Bagh en Arménie, Abou Sa’id fut vaincu et prit
captif. Ouzoun Hassan livra Abou Sa’id au prince Yadqar Mirza
qu’Abou Sa’id avait précédemment renversé, le souverain d’Herat.
Yadqar Mirza fit exécuter Abou Sa’id en 1469 pour avoir
assassiné sa grande mère Jawhar Shad.
Les successeurs d’Abou
Sa’id
Après la mort d’Abou Sa’id, la complète anarchie prédomina dans
les affaires des Timour qui conservèrent uniquement la
Transoxiane, le Khourassan et l’Afghanistan mais tous leurs
autres territoires leur échappèrent discrètement à cause de
leurs faiblesses et leur vaste empire se morcela en de petites
principautés à cause des disputes de famille et des désunions
entre les princes. Sultan Ahmad, le fils l’aîné d’Abou Sa’id
succéda à son père à Samarkand. Son frère Sultan Mahmoud devint
indépendant à Mazandaran. Un autre frère Oulough Bak s’appropria
l’Afghanistan, ‘Umar Sheikh Farghanah. Le cinquième frère d’Abou
Bakr s’appropria Badakhshan. Un autre prince Timouride Houssayn
Bayqarah devint le souverain d’Herat.
Les Uzbeks sous le règne de Shaybani Khan prirent le pouvoir
dans la Transoxiane et toutes les principautés Timourides de la
Transoxiane disparurent avant la fin du quinzième siècle. La
principauté d’Herat sous le règne de Houssayn Bayqarah fut la
seule à survivre au quinzième siècle.
Houssayn Bayqarah
Dans la confusion qui suivit après la mort d’Abou Sa’id,
Houssayn Bayqarah se rendit maître de Khourqsan et monta sur le
trône à Herat en 1469. Il emporta un certain nombre de victoires
contre les Uzbeks et d’autres princes Timouride et prit le titre
« d’Abou al-Ghazi Bahadour ». Il essaya de réanimer la grandeur
de Timour, mais le processus de désintégration était si profond
que l’effondrement final ne pouvait être évité.
Houssayn Bayqarah encouragea l’art et l’apprentissage et son
ministre Mir ‘Ali Shar Naway fut un homme d’état brillant qui
était lui-même un éminent poète sous le nom de Houssayn.
Sous Houssayn Bayqarah, Herat fut embelli et prit une dimension
métropolitaine.
En 1506, Shaybani Khan, le commandant Uzbek envahi Herat et
Houssayn Bayqarah sortit à sa rencontre à la tête de son armée
mais avant l’affrontement, Houssayn Bayqarah mourut. Il régna
trente-sept ans et pendant cette période, le Khourassan acquit
une prospérité considérable.
Badi’ az-Zaman
Houssayn Bayqarah fut succédé par son fils Badi’ az-Zaman qui
immédiatement après son intronisation se rendit dans le champ de
bataille pour faire face aux Uzbeks. Dans la confrontation qui
suivit à Merv, il fut vaincu et Herat occupé par Uzbeks. Badi’
az-Zaman s’enfuit en Irak puis ensuite en Turquie, où il mourut
de la peste en 1514.
La chute d’Herat aux Uzbeks marqua la fin de la dynastie des
Timour qui disparurent de la scène politique, un siècle après la
mort de Timour Lanq. Une branche cadette des Timourides menée
par Zahir ad-Din Babar, un petit-fils d’Abou Sa’id réussit à
construire un grand empire en Inde qui a dura de 1526 à 1858 et
que nous développerons (in shaa Allah) dans notre Abrégé de
l’Histoire de l’Asie Centrale.
Origine
Janjis Khan attribua la partie Ouest de son dominion à son fils
Joshi. Joshi eut trois fils, Batou, Orda et Shayban.
Batou fonda la Horde d’Or qui vint à être connue sous le nom de
la Horde Blanche tandis que les descendants de Shayban vinrent à
être connus comme les Shaybani. Les Shaybani (Shaybanides)
menèrent une vie nomade et ils errèrent dans la région Ouest,
actuellement la Russie.
Au quatorzième siècle, les Shaybani se convertirent à l’Islam et
ils vinrent à s’appeler les Uzbeks après que Khan Uzbek de la
Horde d’Or les convertis à l’Islam et gouverna de 1313 à 1341.
Abou
al-Khayr
Quand durant le quinzième siècle, le Khanat de la Horde d’Or se
sépara en un certain nombre de principautés, Abou al-Khayr, un
prince de la maison Uzbek déclara son indépendance dans la
région Ouest de la Sibérie.
En 1430, Abou al-Khayr réussit à occuper Khwarazm. En 1449, il
marcha vers l’est et prit Farghanah puis en prenant cette ville
pour base, Abou al-Khayr étendit ses conquêtes plus profondément
vers l’Est et se trouva ainsi impliqué dans un conflit avec
l’Est du Turkestan. Dans une confrontation avec Younous Khan, le
souverain du Turkestan, Abou al-Khayr fut vaincu et tué en 1468.
Les Uzbeks les Kazakhs
Après la mort d’Abou al-Khayr, une section d’Uzbeks se sépara de
la horde et virent à s’appeler les Kazakhs (gens libérés). Ils
occupèrent le territoire qui correspond de nos jours au
Kazakhstan en Russie.
Shaybani Khan
Abou al-Khayr fut succédé par son fils Haydar Sultan qui
gouverna vingt ans et mourut en 1488. Il fut succédé par son
neveu Shaybani Khan, le fils de Boudouq Khan, un fils d’Abou
al-Khayr.
Shaybani Khan s’avéra être le plus grand souverain de la
dynastie. Il conquit la Transoxiane en 1500, vainquit Babar et
devint maître de Samarkand.
En 1505, il envahit le Khourassan et vainquit les Timourides à
Merv.
En 1507, il occupa Herat et en 1508 il conquit Jourjan. Par
conséquence, Shaybani Khan devint le souverain d’un empire qui
s’étendit du lac Aral à Balkh et Herat et de Farghanah à
Jourjan. A cette époque, les trois états mongols nés au
treizième siècle, à savoir les Il-Khans de Perse, la Horde d’Or
de la Volga et les Shoughtawi de Transoxiane s’étaient
désintégrés. Le but de Shaybani Khan fut de reconstruire le
pouvoir mongol en Perse après la désintégration de la dynastie
des Il-Khan qui vit l’ascension des Safawi (Safavides) au
pouvoir.
Shaybani Khan se considérait comme l’héritier des Il-Khans et
visa à arracher le pouvoir des Safawi si bien que les hostilités
entre les entre Uzbeks et les Safawi durèrent plusieurs années
et qui culmina avec la bataille de Marghab en 1510 au cours de
laquelle, Shaybani Khan fut vaincu et tué mettant fin au rêve
des Uzbeks de rétablir la règne mongol en Perse. Les Safawi
restèrent au pouvoir en Perse et la plupart des historiens
shiite ont considéré Shaybani Khan comme une brute non
civilisée.
Venant des barbares shiites, c’est la misère qui se moque de la
charité d’autant plus qu’une telle évaluation est infondée car
Shaybani Khan fut un grand souverain, beaucoup plus civilisé et
cultivé qu’eux-mêmes en plus d’être un Musulman dévoué de foi
orthodoxe Sounni. Le souverain safawi Shah Isma’il considéra
Shaybani Khan comme l’ennemi numéro un des shiites et il y eut
beaucoup de jubilation dans le camp des Safawi à la mort de
Shaybani Khan.
Bahram Khawajah
Les Qara-Qoyunlu ou les Moutons Noirs Turcomans furent une
confédération des tribus de Turcoman qui s’installèrent dans la
vallée de la Volga actuellement la Russie. On a appelé ces
Turcomans « Moutons Noirs », car un mouton noir était l’emblème
de leurs drapeaux. Ces tribus professaient l’hérésie shiite.
Au quatorzième siècle, ils quittèrent la vallée de la Volga pour
l’Azerbaïdjan et l’Arménie et devinrent les vassaux des Jalayar
qui régnèrent sur Baghdad et leur chef Bahram Khawajah occupa
une poste sous le règne du Sultan Jalayar Ouways. Après la mort
d’Ouways, Bahram Khawajah déclara son indépendance en 1378 et
établit sa capitale à Van en en Arménie. Bahram Khawajah était
un guerrier et il étendit son dominion par la conquête de
Mossoul, Diyarbakir et une partie de l’Anatolie de l’est.
Qara
Muhammad
Bahram Khawajah fut succédé par son fils Qara Muhammad qui
malgré l’indépendance de son état, resta attaché aux Jalayar et
occupa un poste militaire sous le sultan Jalayar. Quand les
Jalayar envahirent la Syrie en 1389, Qara Muhammad mourut en
luttant à leurs côtés.
Qara
Youssouf
Qara Muhammad fut succédé par son fils Qara Youssouf qui fut le
plus grand souverain de la dynastie. Il étendit ses conquêtes en
Azerbaïdjan et déplaca sa capitale de Van à Tabriz. Il entra en
conflit avec Timour Lanq qui le priva d’une grande partie de son
dominion en 1394.
Dans les années suivantes, Timour Lanq lanca ses campagnes en
Asie Centrale et l’Inde et Qara Youssouf en profita pour
reconquérir ses territoires.
En 1400, Qara Youssouf dut faire face à une nouvelle et lourde
invasion de Timour. Dans les confrontations à l’extérieur de
Tabriz, l’armée des Moutons Noirs fut vaincue et Qara Youssouf
s’enfuit de Tabriz et chercha refuge chez le sultan ottoman
Bayazid. Avec l’aide militaire de la Turquie, Qara Youssouf
réussit à prendre Baghdad aux Jalayar pour être de nouveau
attaqué par Timour Lanq en 1402 qui le reconduisit de Baghdad.
Qara Youssouf s’enfuit alors en Egypte mais de peur de s’attirer
le courroux de Timour Lanq, le sultan mamelouk d’Egypte le pris
captif et l’emprisonna. Quand Timour Lanq mourut en 1405, le
sultan libéra Qara Youssouf et lui fournit une assistance
militaire pour reconquérir son dominion perdu. Avec l’aide des
Mamalik, Qara Youssouf reprit Diyarbakir et Tabriz en 1406.
Après avoir consolidé sa position, il entreprit par la suite une
campagne de conquêtes et reconquit tous ses territoires
d’origine.
En 1410, il vainquit le sultan Jalayar Ahmad et occupa Baghdad.
Par la suite, il annexa Qazwin et Sultaniyah.
Dans la deuxième décade du quinzième siècle, le règne des
Moutons Noirs s’étendait sur la plus grande partie de l’Ouest de
la Perse, l’Irak du Nord et l’Anatolie de l’est. Qara Youssouf
mourut en 1420, après un règne de trente et un ans incluant la
période où il se réfugia en Turquie et en l’Egypte.
Qara
Iskandar
Qara Youssouf fut succédé par son fils Qara Iskandar qui entra
en conflit avec Shah Roukh, le sultan timouride. Shah Roukh
conduisit une armée à Tabriz et renversa Iskandar. Dans une
contre-attaque, Qara Iskandar reprit Tabriz et en 1426, Qara
Iskandar fut capable d’étendre ses conquêtes et annexa Shirwan.
Par la suite, Qara Iskandar perdit progressivement son maintien
sur le pouvoir et l’administration se relâcha. Jahan Shah, un
frère de Qara Iskandar se révolta contre l’autorité de son frère
avec l’aide du sultan Shah Roukh. Shah Roukh envahit
l’Azerbaïdjan en 1434 et Qara Iskandar fut défait. Shah Roukh
installa Shah Jahan sur le trône des Moutons Noirs et Qara
Iskandar qui s’enfuit du champ de bataille devint un vagabond et
fut finalement tué par son propre fils Qabad en 1435 alors qu’il
se préparait à un autre affrontement contre les Timourides.
Jahan
Shah
Jahan Shah accéda au pouvoir à l’aide des Timourides à qui il
porta allégeance. Jahan Shah fut un bon souverain qui consolida
sa position et renforca son armée. Après la mort de Shah Roukh,
Jahan Shah renonça à son allégeance aux Timourides et entrepris
une campagne de conquêtes. Il captura Isfahan en 1452 et l’année
suivante, Fars et Kirman. Avec ces conquêtes, Jahan Shah devint
le maître de toute la Perse excepté le Khourassan. Avec la
désintégration finale du gouvernement des Timourides, Jahan Shah
planifia la conquête du Khourassan et captura Herat puis
s’auto-nomma roi de Perse et du Khourassan.
Abou Sa’id, le sultan timouride, n’était pas assez puissant pour
faire face à Jahan Shah dans une bataille mais il avait un fils
de Jahan Shah, Qara Hassan sous sa garde. Il le libéra et
l’incita à se rebeller contre son père. Alors que Jahan Shah
était à Herat, Qara Hassan marcha à la tête d’une armée de
Timourides sur l’Azerbaïdjan et captura Tabriz. Sur ce, Jahan
Shah quitta Herat pour l’Azerbaïdjan et dans la bataille qui
s’ensuivit hors des murs de Qara Hassan fut vaincu et tué et
Tabriz réoccupé par Jahan Shah.
Par la suite un autre fils de Jahan Shah qui était le gouverneur
de Baghdad se révolta à son tour et Jahan Shah marcha sur
Baghdad et dans l’action qui suivit, le prince rebelle Qara
Boudaq fut vaincu et tué. Après la suppression de ces révoltes,
Jahan Shah perdit ses deux fils mais avec la satisfaction de ne
plus avoir aucun rival.
Au zénith de son pouvoir, Jahan Shah maître incontesté de toute
la Perse encouragé par l’ambition d’étendre ses territoires,
envahit les territoires des Turcomans des Moutons Blancs en
1467. Dans la bataille de Diyarbakir, Jahan Shah fut vaincu et
tué.
Ne laissant derrière lui aucun fils pour lui succéder et
récupérer la défaite de la bataille de Diyarbakir, la dynastie
des Moutons Noirs disparut aussitôt et tous leurs territoires
furent annexés par les Moutons Blancs. Ce fut la fin du règne
des Moutons Noirs alors que leur règne semblait au summum de
leur pouvoir. Le règne des Turcomans des Moutons Noirs dura
moins d’un siècle, de 1378 à 1467. Ils prirent le pouvoir bien
qu’ils n’avaient pas atteint un haut degré de civilisation et
c’est pourquoi, ils ne contribuèrent pas au développement
culturel de la Perse. La période de leur règle est une sombre
période de l’histoire de la Perse.