Les Successeurs de Faraj

Après la mort de Nassir ad-Din Faraj, une période d’anarchie prédomina durant dix années.

Après la mort de Faraj en 1412, le calife Abbaside du Caire, al-‘Adil al-Mousta’in devint un souverain bouche-trou. Suivit alors un conflit entre deux émirs (commandants) Mamalik, al-Mouayyad Sayf ad-Din Sheikh et Nawrouz d’où sortit victorieux al-Mouayyad qui monta sur le trône en automne 1412 et conduisit des campagnes au nord.

En 1418, il marcha sur le Tarse et reçu la soumission de Karaman, Dal Khadr et Ramadhab.

En 1419, son fils prit Qayssariyah, Qouniyah et Nijdah et devenu méfiant envers son fils Ibrahim, il le fit assassiner. Son gouvernement fut oppressif et il devint impopulaire. Al-Mouayyad ne put tenir longtemps le pouvoir et mourut en 1421 pour être succédé par son fils mineur Mouzaffar Ahmad.
L’émir Sayf ad-Din Tatar prit le rôle de régent durant pendant sa minorité et après quelques mois, il déposa le garçon et devint lui-même sultan pour régner pour une période très courte. Il fut suivi par son fils as-Salih Nassir ad-Din Muhammad qui fut renversé par autre Mamelouk, l’émir Barsbay.


 


Al-Ashraf Sayf ad-Din Barsbay

Lorsqu’il prit le pouvoir et monta sur le trône, Barsbay prit le titre de Sayf ad-Din Barsbay. L’événement le plus remarquable de son règne fut la soumission de l’île de Chypre d’où de ses ports comme base, les pirates chrétiens attaquaient les côtes égyptienne et syrienne.

En 1422, pour punir les pirates, Barsbay entreprit une campagne navale contre Chypre. L’île fut attaquée et un butin pris.

En 1423, il lanca une attaque directe sur l’île et quelques villes furent capturés mais en 1424, après une campagne de vaste envergure, l’île entière tomba, se soumis et entra sous la suzeraineté de l’Egypte.

Barsbay emporta aussi une victoire contre les Moutons Blancs Turcomans qui régnait en Mésopotamie et grâce à ces victoires, Barsbay établit le prestige des Mamalik cependant sa politique financières ne fut pas un succès et affecta défavorablement l’économie de l’état. Il imposa de lourdes taxes suivies de mesures oppressives dans la collection de ces taxes. Il était cruel et son gouvernement arbitraire et oppressif. Il exécuta deux médecins simplement parce qu’ils purent guérir sa maladie.
À cause de son caractère et sa tyrannie, un grand nombre de personnes d’Egypte et de Syrie émigrèrent ailleurs et selon l’historien Maqrizi, l’Egypte et la Syrie se désertèrent sous son règne. Barsbay mourut en 1638 après un règne de seize années.



Al-‘Aziz Jamal ad-Din Youssouf

Barsbay fut succédé par son fils Youssouf qui prit le titre d’al-‘Aziz Jamal ad-Din Youssouf. Youssouf était un mineur et Jaqmaq qui avait été ministre en chef sous Barsbay devint le Régent et après quelques mois, Jaqmaq déposa Youssouf et devint lui-même sultan.



Az Zahir Sayf ad-Din Jaqmaq

En montant sur le trône en 1438, Jaqmaq prit le titre d’az-Zahir Sayf ad-Din Jaqmaq. À la différence de ses prédécesseurs, Jaqmaq poursuivit des politiques libérales. Son gouvernement fut léger et juste et il devint populaire parmi les gens. Il était très religieux et dévot et observa strictement les injonctions de l’Islam. Il appliqua totalement la Shari’ah Islamique, interdit la consommation de vin, la musique profane et réprima les maux sociaux. Il imposa des restrictions sur les activités des non-musulmans et inversa les politiques financières de Barsbay qui permit de restituer la prospérité économique du pays et ramena dans leurs maisons la plupart des gens qui avaient quitté le pays lors du précédent régime.

J’en profite pour faire une parenthèse pour attirer votre attention et vous faire remarquer que tous les souverains qui appliquèrent les lois islamiques virent aussitôt la prospérité du pays, exactement comme Allah Exalté le stipule dans Son Noble Livre. Ne soyez donc pas inattentif à ce genre de détail important et essayez aussi de vous rendre compte de la miséricorde d’Allah Exalté envers cette communauté malgré son niveau extrême à travers certains évènements qui ont toujours lieu et à chaque fois pour soulager cette Oummah d’un grave danger qui pèse sur elle, même après un certain temps.

En 1444, il tenta de conquérir l’île de Rhodes mais la tentative échoua. Jaqmaq décéda en 1453 à l’âge de quatre-vingts ans après un règne de quinze années.

 



Al-Mansour Fakhr ad-Din ‘Uthman

Jaqmouq fut succédé par son fils ‘Uthman qui prit le titre d’al-Mansour Fakhr ad-Din ‘Uthman. Son maintien du pouvoir en place fut précaire et il fut déposé dans les deux mois suivant.



Al-Ashraf Sayf ad-Din Inal

Après la déposition de ‘Uthman, le pouvoir fut pris le général Mamelouk Inal qui pris le titre d’Al-Ashraf Sayf ad-Din Inal. Il était un vieil homme facile et flexible sans propre désir, analphabète et pouvait à peine écrire son propre nom. Son règne fut troublé par les combats d’émirs entre eux et la situation se détériora sous son gouvernement. Il mourut en 1461 après un règne de huit ans.



Al-Mouayyad Shihab ad-Din Ahmad

Sayf ad-Din Inal fut succédé par son fils Shihab ad-Din Ahmad qui s’avéra être sans valeur. Il ne put incapable de tenir le pouvoir et fut déposé quelques mois après son acquisition du trône.



Az-Zahir Sayf ad-Din Khoushqadam

Sur la déposition de Shihab ad-Din Ahmad, le pouvoir fut pris par le général Mamelouk Sayf ad-Din Khoushqadam d’origine grecque. Son gouvernement fut corrompu et la cour criblée de graves abus. Il régna six ans et mourut en 1467.



Az-Zahir Sayf ad-Din Bilbay

Khoushqadam fut succédé par son fils Bilbay, un homme de faible intellect et connu sous le nom de Bilbay le dément. Il fut déposé un mois après son intronisation.

 



Az-Zahir Taymour Bougha

Après Bilbay, le pouvoir fut pris par un autre Général Mamelouk, Taymour Bougha d’origine grecque. Il était un homme cultivé, bien versé dans la philologie, l’histoire et la théologie. Il libéra les prisonniers politiques et essaya de concilier tous les partis. Il était bien intentionné mais ses politiques libérales en avance sur le siècle le laissèrent sans amis. Les émirs récalcitrants perdirent patience avec lui et il fut déposé quelques mois après son intronisation. Après sa déposition, il lui fut permis de mener une vie retraitée dans Damiette.



Al-Ashraf Sayf ad-Din Qa’it Bey

Taymour Bougha fut succédé par l’émir Khayr Bek en 1468 qui prit le titre d’al-‘Adil mais fut renversé quelques mois après par autre Mamelouk, Qa’it Bey. Une apparence d’ordre fut restitué avec sa nomination et il prit le titre d’al-Ashraf Sayf ad-Din Qa’it Bey. Il fut le plus couronné de succès des sultans des Mamalik Bourji et régna vingt années. Il était un sabreur redoutable en plus d’un expert au lancer du javelot. Il construisit un certain nombre de mosquées et caravansérails. Il promut les arts, les industries et donné asile au prince turc exilé Jam, un frère du sultan ottoman Bayazid II qui aigrit les rapports entre l’Egypte et la Turquie. En conséquence, Bayazid II envahit le territoire égyptien et captura Tarsus et Adana. La paix entre les deux états fut cependant restituée quand Jam quitta l’Egypte.

En 1491, Qa’it Bey signa un traité de paix avec Bayazid II le sultan des Ottomans et la trêve dura jusqu’en 1512, date de l’avènement de Salim I, le nouveau sultan Ottoman qui succéda à son père. Les Mamalik et Ottomans s’allièrent même un moment contre les Portugais qu’ils réussirent à tenir éloignés de la Mer Rouge puisque comme nous l’avons mentionné dans notre introduction de l’Abrégé de l’Histoire des Ottomans, les Portugais, la première force navale de l’époque avec les Espagnols, visaient à mettre la main sur les Lieux sacrés de l’Islam sur les ordres du pape.

Pendant le règne de Qa’it Bey, une peste virulente ravagea le pays et selon les chroniques, plus de 12000 personnes moururent au cours d’une seule journée au Caire. La peste fut suivie d’une famine qui provoqua une dévastation considérable. Qa’it Bey abdiqua en 1496 à l’âge de quatre-vingts ans.



Les successeurs de Qa’it Bey

Après Qa’it Bey, l’anarchie régna et quatre souverains se succédèrent sur le trône sur une période de quatre ans en commençant par an-Nassir Muhammad, un fils de Qa’it Bey qui était cruel et incapable.
Il fut déposé 1498 et suivit par az-Zahir Qansouh. Durant son règne Vasco de Gama découvrit la route du Cap du Bon Espoir en 1498 qui allait détourner le commerce de l’Egypte et affecté ainsi la prospérité économique du pays. Zahir Qansouh fut renversé en 1500 par al-Ashraf Janbalat qui ne put tenir le pouvoir plus d’un an et fut renversé en 1501 par un Mamelouk l’émir al-‘Adil Sayf ad-Din Touman Bey.



Al-Ashraf Qansouh al-Ghawri

Al-‘Adil Sayf ad-Din Touman Bey ne put comme son prédécesseur tenir le pouvoir plus que quelques mois et fut renversée par autre émir al-Ashraf Qansouh al-Ghawri qui restitua une apparence d’ordre et à cette époque, la gloire des Mamalik se fana malgré tous les efforts d’al-Ghawri et le gouvernement des Mamalik ne put être ressuscité. Les Mamalik avaient dû leurs triomphes militaires grâce à leur excellente cavalerie qui était sans égale dans l’utilisation des sabres, lances et arcs vit la discipline de l’armée se détériorée.
Avant les années finales du quinzième siècle, l’artillerie devint le fer de lance de la guerre dans le monde mais les Mamalik considérèrent l’utilisation des armes à feu comme déshonorante puisqu’elle permettait de tuer un ennemi à distance et non plus au corps à corps donc à la valeur de l’individu par conséquence, les Mamalik perdirent leur supériorité et devinrent une force secondaire de combat tandis qu’entre temps, les Turcs Ottomans devinrent le nouveau pouvoir et équipés d’artillerie et des armes les plus modernes pour l’époque, les Ottomans étendirent leur dominion dans toutes les directions et se tournèrent vers l’Egypte où les Mamalik montraient clairement les signes de désintégration.

En 1512, Salim I, surnommé le Sinistre, devint sultan et marcha contre la Perse ou il vainquit en 1514, les rafidah commandés par Shah Isma‘il avant de se tourner, le dos libre, vers les Mamalik qui tentèrent de s’allier aux rafidah contre lui. Les deux armées se rencontrèrent en 1516 à Marj Dabiq au nord d’Alep ou les Ottomans démontrèrent leur supériorité technologique en apportant sur le champ de bataille une prodigieuse artillerie face à la cavalerie Mamelouk vêtue de somptueux uniformes mais armés seulement de sabres, de lances et d’arcs qui fut réduite en morceaux et ou le vieux sultan al-Ashraf Qansouh al-Ghawri fut tué dans l’action.



Al-Ashraf Touman Bey

Après la mort de Qanoush al-Ghawri, al-Ashraf Touman Bey devint le souverain d’Egypte. Le sultan Ottoman Salim I offrit de le reconnaitre vice-roi s’il portait allégeance aux Ottomans mais il refusa l’offre et les Turcs marchèrent sur le Caire et en janvier 1517, les Egyptiens furent défaits d’abord à Gaza puis à al-Raydaniyyah et les Ottomans prirent possession de l’Egypte. Touman Bey fut pris captif et pendu à la porte de Zawilah. L’Egypte fut annexée à l’empire ottoman et marqua la fin du règne des Mamalik Bourji.
La Syrie se soumit sans résistance aux Ottomans et le sultan Salim laissa à Damas l’émir Mamelouk Janbirdi al-Ghazali.
Le dernier calife abbasside al-Moutawakkil fut emmené à Constantinople par les Ottomans où il transféra ses droits du Califat aux sultans Ottomans et à qui il confia les reliques du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pour montrer le changement de main du Califat Islamique.
À la suite de cette victoire, l’Egypte et ses dépendances incluant le Hijaz et les villes sacrées de l’Islam, Makkah et Madina passèrent entre les mains des Ottomans et l’Egypte devint une province de la Turquie.
Le sultan Salim devint le nouveau calife en 1518 et ainsi les Ottomans prirent le leadership du monde musulman.

Khayr Bey devint le gouverneur de l’Egypte mais il fut renversé par Ahmad Bey en 1523 qui déclara son indépendance. Le sultan ottoman envoya son Grand Vizir Ibrahim avec une force en Egypte et ce dernier réprima la révolte et restitua l’ordre public.