La Péninsule Arabique

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit : « Vous attaquerez l’Arabie et Allah vous permettra de la conquérir, puis vous attaquerez la Perse (l’Iran) et Il vous la fera conquérir puis vous attaquerez Rome et Allah vous permettra de la conquérir, alors vous attaquerez le Dajjal et Allah vous permettra de le vaincre. »
(Sahih Mouslim)

Avec que les guerres civiles qui font rage en Syrie, en Iraq et au Yémen, la Péninsule d’Arabie est encerclée par des hommes avec des drapeaux noirs et leur objectif est : conquérir l’Arabie, reprendre Makkah et annoncer un Califat Mondial.
Comment feront-ils et pourquoi un grand nombre de croyants pieux rêvent d’un conflit presque futur qui s’étendra partout dans la Péninsule d’Arabie ? A quoi ce conflit mènera-t-il et comment conduira-t-il à la conquête et à l’arrivée du Mahdi ?
Poursuivons donc notre marche dans le temps



L’Arabie, Bilad al-Haramayn ou la Terre des Deux Mosquées Sacrées

L’Arabie Saoudite, aussi connue sous le nom de Jazirat al-‘Arab (la Péninsule des Arabes ou Péninsule Arabique) ou comme Oussama Ibn Laden l’a appelé : Bilad al-Haramayn (la Terre des Deux Mosquées Sacrées) est la terre la plus sacrée de l’Islam, la terre de la ville du dernier Messager pour l’humanité Muhammad Ibn ‘Abdallah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ainsi que la terre que tous les Messagers d’Allah (‘aleyhim salat wa sallam) depuis l’aube de l’humanité ont visité pour le pèlerinage, parfois avant même que la Ka’bah ne fut édifiée.
C’est de cette terre déserte que les respectables Compagnons (radhiyallahou ‘anhoum) du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) allaient étendre l’Islam au reste du monde.
La revendication par tout individu pour le Khilafah (le Califat), même de la famille du Prophète Muhammad (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à l’obligation de mener le pèlerinage (hajj) dans Makkah ou au moins d’envoyer son représentant.

 



Introduction à l’Histoire de la Péninsule Arabique

Nous avons laissé l’histoire de la Péninsule arabique sous le règne des Mamalik Abbassides et dans notre abrégé de l’Histoire des Ottomans nous reviendrons sur ce sujet de manière plus détaillée. Cependant, il est important de savoir dans le contexte immédiat comment ce pays fut détaché de la nation islamique, qui sont les auteurs et comment le cœur de l’Islam est devenu le patrimoine personnel d’une famille régnante, les S’aoud qui se sont octroyé le titre de rois alors qu’il n’y a jamais eu de roi musulman depuis l’avènement de l’Islam.

Par miséricorde divine, le centre de l’Islam s’est déplacé relativement tôt de la Péninsule arabique (Médine) vers la Syrie (Damas), l’Iraq (Baghdad), l’Egypte (Le Caire) et la Turquie (Islamboul) qui furent le centre des Califes bien Guidés, des dynasties Omeyyades, Abbassides, Mamalik et Ottomanes. Ainsi bien que le pays fut secoué de crises intérieures comme nous l’avons vu dans nos différents Abrégés, il est resté à l’abri des catastrophes majeures qui secouèrent le monde islamique comme les croisades et les Tatars. La Péninsule a toujours été sous le contrôle des différentes dynasties et de même elle fut incorporée à l’empire islamique ottoman, les derniers sultans en date à avoir régné sur le monde islamique.

L’empire ottoman a maintenu une suzeraineté nominale sur le territoire appelé aujourd’hui Royaume d’Arabie Saoudite ou Hijaz après son expansion majeure vers l’est dans le premier quart du seizième siècle lorsque le sultan Salim intégra l’Egypte mamalik à l’empire ottoman en 1517 et hérita naturellement de la tutelle du Hijaz quand le derniers sultan Mamelouk lui donna les clés de la Mecque. Le sultan ottoman confirma Sharif al-Barakah, l’émir de La Mecque, dans sa position et plus tard, les sultans désignèrent des gouverneurs à Jeddah et Madinah qui régnèrent quatre siècles au Hijaz en coopération avec la famille chérifienne.

Bien que l’incorporation du Hijaz dans l’Empire ottoman fut une extension de leur domination en Egypte, elle le fut aussi dans l’est de l’Arabie lorsque débuta l’incorporation de la vallée de l’Euphrate en 1534 lorsque Souleyman le Magnifique conquit Baghdad et que Hasa se soumis volontairement aux Ottomans en 1550. Cette première phase d’intégration à l’empire ottoman pris fin avec la rébellion des Banou Khalid en 1670.

Les Ottomans, n’étendirent pas leur contrôle du Najd en envoyant leurs gouverneurs si bien que les villes et oasis Najdi furent gouvernés par leurs propres émirs et les tribus locales conservèrent leur indépendance et autonomie.

Au dix-huitième siècle (1744-1818), le clan Sa’oud du Najd, défia l’autorité de l’empire ottoman dans le Hijaz, l’Iraq et la Syrie qui en 1818, eut pour résultat l’entrée des forces ottomanes de Muhammad ‘Ali en Arabie centrale et jusqu’en 1841 ou les troupes ottomanes égyptiennes se retirèrent du Hijaz, laissant le Najd aux mains de l’autorité locale. Une deuxième tentative infructueuse de pénétrer l’intérieur de l’Arabie fut suivie par la prise ottomane plus définitive de Hasa en 1871 mais le Najd resta encore une fois autonome et les gens locaux allaient jouer un rôle important dans la formation de l’histoire récente du pays.



1744 - 1818. Les origines d’as-Sa’oud

Les émirs locaux Najdi eurent la liberté relative de régner dans les petits règlements de Najd tandis que les Sharifs de Makkah et les dirigeants des Banou Khalid de Hasa essayèrent d’étendre leur contrôle du Najd dans l’espoir d’extraire le maigre surplus des produits de ses communautés agricoles cependant, ni les Sharif Hijazi ni les chefs des Banou Khalid ne furent capables d’intégrer le Najd dans leur sphère d’influence. Le Najd n’était pas vraiment une région attrayante et elle produisait peu de surplus de dates et de bétail tandis que sa propre population se tournait toujours du côté de Hasa et au-delà pour survivre. Ses petits négociants voyagèrent jusqu’à Basra et l’Inde, pour compléter leurs ressources limitées.

Au dix-huitième siècle, Dir’iyyah était un petite colonie du Najd avec une population mélangée de fermiers, de négociants, d’artisans, de ‘Oulama et esclaves et selon une source, la colonie ne comptait pas plus de soixante-dix maisons et depuis 1727, un membre du clan d’as-Sa’oud, Muhammad Ibn Sa’oud, avait été le souverain local.
Les mécréants font remonter l’origine d’as-Sa’oud à Masalikh, une section tribale des Banou Wa’il rattachée à la tribu de ‘Ounayzah, chameliers du nord de l’Arabie cependant, l’association des as-Sa’oud avec le clan des ‘Ounayzah ne doit pas être considérée comme une source authentique mais hautement douteuse puisque aucune source historique musulmane suggère que cette section tribale joua un rôle dans leur dernière expansion en Arabie.

Il est plus probable que les as-Sa’oud furent un groupe sédentaire qui fonda la colonie de Dir’iyyah qui reconnut l’autorité de l’émir Sa’oud suite à une combinaison de facteurs : sa résidence dans l’oasis et sa propriété de terre cultivée et de puits autour de la colonie. Il semble qu’as-Sa’oud étaient d’origine de la classe marchande de propriétaire foncière du Najd mais encore une fois aucune preuve ne vient le confirmer.
Muhammad Ibn Sa’oud, décédé en 1765, fut un propriétaire foncier et un courtier qui finançait les longs voyages de négociants. Les qualités politiques de médiation et la capacité de défendre la colonie contre les raids d’autres émirs d’oasis et de confédérations tribales furent des atouts complémentaires importants. En retour, les membres de la colonie le reconnurent pour chef puisqu’il était leur défenseur tandis qu’eux même exerçaient les fonctions de sa force militaire, améliorée par ses propres esclaves et tous ces facteurs, renforcèrent son leadership et le distinguèrent ainsi que son lignage des autres résidents de la colonie.
Le leadership de Sa’oud dans Dir’iyyah ne fut donc qu’une simple forme traditionnelle de domination commune répandue dans la majeure partie des colonies en Arabie jusqu’à cette époque.

Durant les années 1740, l’émir de Dir’iyyah avait donc une autorité limitée à sa propre colonie et hormis la reconnaissance des siens, l’autorité exécutive d’un chef d’oasis était assez faible.
Il semble que le leadership de Sa’oud faisait défaut pour deux raisons :
Premièrement, il n’était pas d’une origine de tribu identifiable qui aurait garanti une forte association avec une confédération de tribus semblable, par exemple, à leurs contemporains les Banou Khalid de Hasa.
Deuxièmement, le leadership de Sa’oud ne disposait pas d’un grand surplus de richesse et si les al-Sa’oud pouvait recevoir le tribut de la colonie et participer dans le commerce, cela n’était par une caractéristique particulière de distinction. Leurs intérêts commerciaux n’étaient pas assez développés à ce moment-là pour garantir un revenu suffisamment substantiel pour leur permettre de développer leur autorité sur d’autres colonies ou contrôler un grand réseau de caravanes marchandes.
Par ces restrictions, son autorité resta confinée à la petite colonie de Dir’iyyah et la fortune d’as-Sa’oud commença à changer avec leur adoption du réformateur Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab (1703-92).

Ainsi, il apparait que les as-Sa’oud n’était à proprement parler d’aucun noble lignage ni de noble descendance pour prétendre à une royauté que même le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et personne après lui n’osa prétendre bien qu’ils aient été bien plus dignes.



Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab

Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab était des Banou Tamim Najdi, la tribu sédentaire dont les membres étaient les habitants de plusieurs oasis du Najd. Sa famille produisit plusieurs savants religieux, mais n’était pas caractérisée par la richesse. Selon une source, Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab vécut dans la pauvreté avec ses trois femmes. Il possédait un Boustan, une palmeraie jardin ainsi que dix ou vingt vaches. Suivant la voie de ses ancêtres, Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab voyagea à Madina, Basra et Hasa à fin d’éducation religieuse et revint à ‘Ouyaynah, où son père était un Qadi (juge), pour prêcher un nouveau message qui n’était pas vraiment nouveau puisqu’il s’agissait simplement du retour à la source de l’Islam originel.

Le réformateur se distingua en insistant sur l’importance du monothéisme, la condamnation de toutes les formes de médiation entre Allah Exalté et les croyants, l’obligation de payer la Zakat (la taxe islamique au chef de la communauté musulmane) et l’obligation de répondre à sa demande de Jihad contre ceux qui ne suivrait pas ces principes. Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab était préoccupé par la purification de l’Islam contre les innovations blâmables et l’application de la Shari’ah, qui nécessitait toutes les deux le soutien d’une autorité politique. Il considéra le culte des saints, la visite des tombeaux et le sacrifice rituel pour les hommes pieux répandus non seulement parmi les habitants des oasis et les nomades d’Arabie mais aussi parmi les Musulmans rencontrés pendant ses voyages dans le Hijaz, l’Iraq et la Syrie comme des innovations blamables. Il formula des arrêtés religieux (fatawa) sur plusieurs questions pratiques et parmi elles, il encouragea les gens à établir leurs prières en commun et s’abstenir de fumer le tabac importé dans le monde musulman par les Hollandais. Plus important, Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab exigea le paiement de Zakat et décréta qu’elle devrait être payée sur la richesse apparente (comme les produits agricoles) et les richesses dissimulée et conservée comme l’or et l’argent. Le réformateur déclara que la vénération de saints, d’arbres et d’autres objets était du Koufr (mécréance), un blasphème et du polythéisme et que la doctrine de l’Unicité d’Allah Exalté devrait être sévèrement respectée.

Initialement, l’émir de ‘Ouyaynah, ‘Uthman Ibn Mou’ammar, endossa les réformes proposées par Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab mais le mis plus tard à la porte de l’oasis sous la pression des chefs des Banou Khalid de Hasa. La punition sévère contre ceux qui étaient peu disposés à exécuter leurs prières en commun, sa participation personnelle pour faire respecter la Shari’ah et sa lapidation publique d’une femme locale accusée de fornication contraria les habitants de ‘Ouyaynah et leur chef.
Il semble que les chefs des Banou Khalid de Hasa et les suzerains du Najd lui en voulurent particulièrement et craignirent la propagation de son message si bien qu’ils ordonnèrent à ‘Uthman Ibn Mou’ammar de tuer Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab mais il décida de l’expulser plutôt que de risquer la Fitnah (désaccord) parmi les gens sous son autorité. On demanda à Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab et sa famille de quitter ‘Ouyaynah et le réformateur se rendit à Dir’iyyah à une cinquantaine de kilomètres de ‘Ouyaynah, avec l’espoir de persuader son émir d’adopter son message.

La réputation de Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab l’avait déjà précédé dans cette petite oasis et Muhammad Ibn Sa’oud le reçut et lui accorda sa protection. Les descriptions de la rencontre entre le souverain de Dir’iyyah et Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab indiquent qu’en 1744, un pacte fut signé entre les deux hommes.

Selon Abou Hakimah dans son livre lam’ ash-shihab fi sirat al-shaykh muhammad Ibn ‘abd al-wahhab :
« Muhammad Ibn Sa’oud accueillit Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab et lui dit : « Cette oasis est tienne, ne craint pas tes ennemis. Par Allah, si tout le Najd se réunissait pour t’expulser, je n’accepterais jamais de le faire. » Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab répondit : « Tu es le sage (hakim) et le chef de la colonie et je veux que tu me fasses le serment que tu conduiras le Jihad contre les mécréants et en échange tu seras l’Imam et le chef de la communauté musulmane tandis que je le chef des affaires religieuses. »

Selon ce récit, le souverain accepta de soutenir la demande du réformateur pour le Jihad, la guerre contre les mécréants et ces « Musulmans » dont l’Islam ne se conformait pas aux enseignements du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et devint ainsi en échange l’émir politique de la communauté musulmane.

Le contrôle de l’interprétation religieuse fut garantie à Muhammad Ibn ‘Abd al-Wahhab et le réformateur commença à enseigner son message religieux dans une mosquée spécialement construite pour lui et exiger la présence d’hommes quant à ceux qui n’assistaient pas à ses leçons (dars, les séances enseignantes), ils étaient tenus de payer une amende ou de raser leurs barbes, une douloureuse humiliation à l’époque puisque la fierté de l’homme résidait dans sa barbe.

Il est difficile d’évaluer pourquoi le réformateur obtint le succès dans Dir’iyyah bien que le mouvement de réforme ait certainement fourni une source alternative de légitimité pour as-Sa’oud. Muhammad Ibn Sa’oud adopta le message religieux promettant une opportunité de compenser les restrictions de son gouvernement et plus spécifiquement dans la forme de Zakat et l’expansion de conseils religieux. Il est probable aussi que la rivalité entre les émirs de ‘Ouyaynah et Dir’iyyah contribuèrent au succès d’un petit village sans signification politique ou économique particulière. ‘Ouyaynah était beaucoup plus importante et prestigieuse que Dir’iyyah en ce moment-là.