Le Sultanat de Founj

 

Lors de la conquête de l’Egypte par les Musulmans, le nord du Soudan ou la Nubie, comme il était alors appelé, était un état chrétien.

Sous le califat de ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit satisfait de lui), ‘AbdAllah Ibn Sa’d, le gouverneur de l’Egypte envahit la Nubie et assiégea sa capitale Dongola sans pouvoir toutefois remporter une victoire décisive et se retira après avoir conclu un armistice.

 

En l’an 567 de l’Hégire (1172), Touran Shah, le frère de Salah ad-Din al-Ayyoubi, mena une expédition en Nubie mais n’accomplit aucune conquête durable.

Avec le temps, des tribus arabes s’installèrent dans le nord du Soudan et pendant le septième siècle de l’Hégire (treizième siècle), une petite principauté musulmane s’établit au sud de la Première Cataracte. Les souverains de la principauté vinrent à être connus comme les Banou Qans et durant le huitième siècle de l’Hégire (quatorzième siècle), les Banou Qans étendirent leur influence en amont. La principauté se désintégra pendant le neuvième siècle de l’Hégire (quinzième siècle).

 

Dans la partie ouest du Soudan, il y avait un autre état chrétien Aiwa avec la capitale à Souba. Selon les sources traditionnelles, Souba fut capturé par une horde de tribus arabes, sous le commandement de ‘AbdAllah Joummah, quelque part durant le huitième siècle de l’Hégire (quatorzième siècle). La dynastie qui succéda au pouvoir sur Souba et la région contiguë vint à être connue comme les « ‘AbdAllah ».

 

Pendant le dixième siècle de l’Hégire (seizième siècle), deux états musulmans virent le jour au Soudan, Founj dont la capitale à Sennar sur le Nil Bleu et Kayrah dont la capitale était à Darfour.

 

Le Sultanat Founj fut fondé en l’an 909 de l’Hégire (1504), par le chef Founj Amara Dounqas qui prit pour capitale Sennar, sur le Nil Bleu.

Les premières années du dixième siècle de l’Hégire (seizième siècle) sous les Sultans Founj furent témoins de l’islamisation efficace de Nubie.

 

En l’an 923 de l’Hégire (1517), l’église de Dongola fut convertie par les gens en mosquée ce qui prouve qu’à cette époque, le Christianisme perdit son influence dans le pays et que les gens se convertirent à l’Islam. Le fondateur de la dynastie Founj, Amara Dounqas était un musulman bien que son nom ne l’indique pas néanmoins son successeur ‘Abdel Qadir prit un nom musulman.

 

Les souverains Founj régnèrent à Toulane de l’an 976 à 1011 de l’Hégire (1569 à 1603). Pendant cette période, de sérieux accrochages se produisirent entre le Founj et les ‘AbdAllah ou les Founj eurent la main supérieure et les ‘AbdAllah devinrent des vassaux du Founj.

Les Founj étendirent leur territoire vers l’ouest à travers al-Jazirah, la terre entre les deux Nil Blanc où ils établirent une garnison et une tête de pont à Alays.

Pendant cette période, la gloire des Founj se propagea et des savants des différentes parties du monde musulman furent attirés à Sennar. Toulane prit des mesures pour promouvoir l’Islam et construisit de nombreuses mosquées et Madrassas.

 

 

Badi’ I, Abou Ribat

 

Pendant le onzième siècle de l’Hégire (dix-septième siècle), les Sultans Founj portèrent le nom de Badi’ certainement en raison d’un changement dans la dynastie dirigeante.

La première souverain de cette lignée fut Badi’ I Abou Ribat et il régna de l’an 1020 à 1026 de l’Hégire (1611 à 1617). Pendant cette période, une tribu du nom de Shayqiyah prit de l’importance et gagnèrent la notoriété de guerriers prédateurs et les Sultans Founj menèrent un certain nombre de campagnes contre la tribu.

 

 

Badi’ II, Abou Diqan

 

Le prochain souverain fut Badi II Abou Diqan qui régna durant trente-six ans de l’an 1023 à 1091 de l’Hégire (1614 à 1680). Pendant cette période, les dominions Founj s’étendirent vers l’ouest. Une expédition fut entreprise contre l’état montagnard de Taqali, au sud de la plaine Qardoufan, qui fut pris et devint un état de vassal.

Badi’ II constitua une garde spéciale d’esclave qui provoqua des tensions entre le Sultan et les soldats Founj.

 

 

Badi’ III, al-Ahmar

 

Badi’ III al-Ahmar gouverna de l’année 1103 à 1128 de l’Hégire (1692 à 1716) et sous son règne, les soldats Founj se mutinèrent mais la mutinerie fut réprimée cependant, le successeur de Badi’ III ne put faire face aux soldats Founj et fut déposé.

 

 

Badi’ IV, Abou Shoulouk

 

Par la suite, la succession, fut transmise à une autre branche de la famille royale qui réclama la succession par la lignée femelle.

Badi’ IV Abou Shoulouk régna assez longtemps de l’an 1136 à 1182 de l’Hégire (1724 à 1769). Pendant cette période, un soufi Hamad an-Nablan prétendit être le Mahdi mais son mouvement prit fin n’ayant pu gagner de soutien suffisant et Louanges à Allah.

 

En l’an 1157 de l’Hégire (1744), les Founj envahirent l’Abyssinie et firent quelques conquêtes.

 

En l’an 1160 de l’Hégire (1747), une expédition fut lancée contre Qourdoufan et quelques conquêtes furent réalisées. Dans son inquiétude de voir les notables Founj exercer le pouvoir, Abou Shoulouk supplanta le vieux groupe dirigeant par des esclaves et d’autres personnes créant ainsi des conflits avec les notables Founj qui culminèrent avec la déposition du Sultan, en l’an 1182 de l’Hégire (1769).

 

Badi’ IV fut succédé par son fils Badi V mais le pouvoir fut exercé par Abou Likyalik, le commandant des forces Founj tandis que le Sultan devint un laquais entre ses mains.

Abou Likyalik mourut en l’an 1191 de l’Hégire (1777) et par la suite, les affaires de l’état Founj tombèrent dans la confusion suite aux luttes fratricides pour la succession entre les notables Founj pour remplacer Abou Likyalik.

Suite à ces conflits, les dominions Founj rétrécirent et les états vassaux rejetèrent leur allégeance aux Founj.

 

En l’an 1226 de l’Hégire (1811), Muhammad ‘Ali d’Egypte conquit le Soudan Nord et l’état Founj disparut après environ trois siècle d’existence.

 

 

Le Darfour

 

Pendant le dixième siècle de l’Hégire (seizième siècle), deux états musulmans furent fondés dans le Soudan-Est. Ce Soudan fut aussi appelé le Soudan Nilotic, pour le distinguer du Soudan central et ouest qui étaient arrosés par le Niger et le Sénégal.

Un des états musulmans dans le Soudan-Est était le Sultanat Founj avec sa capitale à Sennar, sur le Nil bleu tandis que l’autre était le sultanat Kayrah avec sa capitale à Darfour, à l’ouest.

 

Le sultanat Kayrah avec sa capitale à Darfour fut fondé vers l’année 1070 de l’Hégire (1660), dans la partie ouest du Sultan Nilotic. La première souverain de la dynastie fut Sultan Souleyman Seiong qui régna environ trente ans et mourut vers la fin du onzième siècle de l’Hégire (dix-septième siècle).

 

Durant les cent prochaines années, il n’existe que peu d’information sur les successeurs de Souleyman Seiong. Il apparaît, que les Sultans du Darfour portèrent la guerre contre l’état de Waday, dans le Soudan central à l’ouest, et contre les autorités de Kordofan à l’est.

 

 

Muhammad Tayrab

 

Dans le dernier quart du dix-huitième siècle, Darfour eut un souverain exceptionnel en la personne de Muhammad Tayrab qui était un guerrier et annexa Kordofan à ses dominions. Grâce à cette conquête l’état du Darfour grandit en importance.

 

 

Muhammad Kourrah

 

Muhammad Tayrab décéda en l’an 1201 de l’Hégire (1787) et ses successeurs ne purent contrôler fermement les affaires de l’état et le pouvoir réel fut conféré à l’eunuque Muhammad Kourrah qui installa et déposa des Sultans fantoches selon sa volonté.

‘AbderRahmane ar-Rashid gouverna à partir de l’an 1201 à 1214 de l’Hégire (1787 à 1800) et fut succédé par Muhammad Fadl qui entra en conflit avec Muhammad Kourrah qui le déposa mais Muhammad Fadl réussit à tuer Kourrah et reprit le trône.

 

 

La suzeraineté égyptienne

 

Avec l’aube du dix-neuvième siècle l’Egypte devint le maître du Soudan-Est.

En l’an 1226 de l’Hégire (1811), après avoir renversé le sultanat Founj, les forces égyptiennes entreprirent une expédition contre Darfour qu’ils ne purent cependant capturer. Suite à la faillite de l’attaque égyptienne, le Darfour grandit encore en importance et un traité de paix fut signé avec l’Egypte, où sous le statu quo devait être maintenu. Pendant cette période, le Darfour devint un centre du marketing pour le commerce de l’ivoire et des esclaves et le pays devint économiquement riche.

 

 

Zoubayr Pacha

 

Vers le milieu du dix-neuvième siècle, un prince marchand Zoubayr Pacha Rahman Mansour acquit la notoriété dans le Darfour. Il monopolisa le commerce de l’ivoire et des esclaves et eut une grande influence politique. Le monopole du commerce de l’ivoire et des esclaves chez un seul individu affecta défavorablement les intérêts de l’état.

Le souverain de l’état, Ibrahim Muhammad, prit des mesures pour casser le monopole de Zoubayr Pacha et le conflit entre l’état et le prince marchand prit de l’ampleur jusqu’au point où ils en appelèrent aux armes.

Le prince marchand avait de plus grandes ressources à sa disposition et en l’an 1291 de l’Hégire (1874), az-Zoubayr vaincu et tua le Sultan du Darfour. Az-Zoubayr projeta d’occuper le trône il fut empêché par la force égyptienne et le Darfour fut annexé au Soudan égyptien mettant ainsi fin à l’état du Darfour qui dura cent-cinquante ans.

 

 

Le Soudan égyptien

 

Le Soudan du Nord fut capturé par les Egyptiens en l’an 1226 de l’Hégire (1811) puis lors d’une autre expédition, ils prirent Kordofan et l’ajoutèrent au Soudan. Le Darfour fut annexé au Soudan, en l’an 1291 de l’Hégire (1874). Le Soudan fut administré par les Egyptiens et les Britanniques conjointement et dans toutes les villes principales se trouvaient des garnisons de troupes britanniques.

La nouvelle ville de Khartoum fut fondée au confluent des Niles Blanc et Bleu et devint la capitale du Soudan. L’état acquit le monopole du commerce dans le pays et l’exportation de l’ivoire se développa à très grande échelle.

Sous la pression des pouvoirs européens pour le contrôler eux même, le commerce d’esclave fut réprimé ce qui affecta l’économie de l’état.

Gordon fut nommé gouverneur-général du Soudan en l’an 1294 de l’Hégire (1877). Pour couvrir les dépenses administratives, des taxes supplémentaires furent prélevées sur les populations et créèrent des révoltes. Après la déposition de Khidiv Isma’il, Gordon démissionna du bureau du gouverneur-général et cela pava la voie à la révolte contre les pouvoirs étrangers au Soudan.

 

 

Muhammad Ahmad le Mahdi du Soudan

 

La révolte contre les envahisseurs du Soudan fut menée par un homme pieux, Muhammad Ahmad, de l’ordre soufi des samaniyah.

Après l’achèvement de son éducation religieuse, il s’installa en l’an 1287 de l’Hégire (1870), dans l’île d’Abba sur le Nil Blanc pour se consacrer à la dévotion religieuse. Il promut la réforme religieuse et prêcha le retour à l’Islam original du Prophète Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui, (al-habib al-mahboub as-siddiq al-masdouq)). Il condamna les pratiques innovatrices d’autres idéologies qui avaient été adoptées par les Musulmans ainsi que la présence étrangère dans le pays et bientôt, un grand nombre de partisans se regroupèrent autour de lui.

Il voyagea alors dans le pays et exhorta les gens à se révolter contre le pouvoir étranger injuste et les gens qui étaient aussi mécontents des autorités égyptiennes, le rejoignirent et ce non seulement à cause des lourdes taxes oppressives qui leur étaient imposées mais aussi à cause de la violence exercée pour lever ces taxes.

Comme le gouvernement égyptien avait une hiérarchie de ‘Oulama payé des fonds gouvernementaux (‘oulama as-soulta), ces derniers soutirent donc les mesures gouvernementales qu’elles furent bonnes ou mauvaises. Le soufis quant à eux restèrent éloignés du gouvernement ce qui créa un océan entre eux et les ‘Oulama.

Le gouvernement apostat introduisit aussi des innovations occidentales qui furent grandement critiquées par les cercles conservateurs et Muhammad Ahmad se joignit donc avec les mécontents pour des réformes.

 

En l’an 1308 de l’Hégire (le juin de 1891), Muhammad Ahmad se déclara être le Mahdi (encore un) dont la venue était attendue et qui selon la croyance populaire, devait redresser les préjudices portées aux gens et introduire une règne de justice et de droiture.

Sur sa déclaration, les gens lui portèrent allégeance et il acquit force et pouvoir. Ainsi renforcé, il prêcha ouvertement contre le gouvernement égyptien et appela au Jihad. Quand les autorités égyptiennes furent informées des activités de Muhammad Ahmad, le Pacha de Rawf, le gouverneur-général égyptien convoqua Muhammad Ahmad à Abba pour comparaitre dans sa cour de Khartoum et expliquer sa position.

Muhammad Ahmad rejeta l’autorité du gouverneur-général et refusa de se présenter. Sur ce, le gouverneur-général envoya une petite force armée avec des fusils pour arrêter le Mahdi mais sous-estima la force du Mahdi et ses partisans anéantirent l’entière force envoyée par les autorités ce qui était une déclaration de guerre. Le Mahdi causa des troubles supplémentaires aux autorités et se retira de sa retraite d’Abba pour un endroit plus sûr dans le Qardoufan d’où il pourrait continuer sa lutte contre les autorités puis, il établit son quartier général dans la région montagneuse du Jabal Jadir au sud du Qardoufan d’où il appela aux armes et les tribus de la région affluèrent vers lui.

Suite aux ordres du gouverneur-général, le gouverneur de Qardoufan envoya une force contre le Mahdi mais elles furent aussi décimées.

 

En l’an 1300 de l’Hégire (1883), le gouverneur-général envoya une plus grande armée contre le Mahdi et cette armée confiante à cause de sa force numérique négligea de protéger son camp la nuit. Les forces du Mahdi lancèrent une attaque surprise de nuit contre les forces égyptiennes qui furent encore vaincues.

Par la suite, le Mahdi reprit l’offensive et au mois de Dzoul Qi’dah de l’année 1300 de l’Hégire (septembre 1883), les forces du Mahdi apparurent devant la ville de ‘Oubayd dans Qardoufan et après un siège de trois mois, la ville capitula au Mahdi qui en fit son quartier général et demanda aux gens à le rejoindre dans la révolte contre le gouvernement étranger En réponse à son appel et de tout le Soudan, les gens accoururent en très grand nombre et lui portèrent allégeance. Le Mahdi devint alors assez fort pour expulser l’autorité égyptienne et se déclara chef du gouvernement du Soudan libre qui serait un état islamique administré selon la Shari’ah.

 

Le gouvernement d’Egypte, sous contrôle britannique, s’inquiéta du succès du Mahdi et envoya d’Egypte, une force britannique de milliers d’hommes pour châtier le Mahdi. Les forces du Mahdi et britanniques se rencontrèrent, au mois de Mouharram de cette même année (novembre 1883), à Birkout, à soixante kilomètres (trente-sept miles) au Sud-est de ‘Oubayd. Dans la bataille qui s’ensuivit, les forces égyptiennes furent vaincues et détruites en grande partie.

Au mois de Safar (décembre 1883), l’Egypte envoya une force encore plus grande mais elle fut aussi défaite.

 

Suite à ces victoires, tout le Soudan se rangea sous la bannière du Mahdi et toutes les forces britanniques et égyptiennes cantonnées quittèrent précipitamment le pays et décidèrent de totalement renoncer au Soudan.

Le général Gordon fut chargé d’évacuer les Britanniques du Soudan et envoyé à Khartoum et lorsqu’il arriva, il envoya un message au Mahdi lui offrant des termes de paix ainsi que la partition du Soudan, où le Mahdi serait admis comme le maître de Qardoufan tandis que tout le reste du Soudan serait sous l’autorité des Egyptiens et des Britanniques. Ils s’engagèrent à restituer le commerce d’esclave et des relations commerciales avec lui mais le Mahdi rejeta l’offre et leur demanda ainsi qu’aux Egyptiens d’évacuer le Soudan.

 

A la fin de l’année 1302 de l’Hégire (1884), à la tête de ses forces, le Mahdi marcha sur Khartoum.

Au mois de Rabi’ Awwal de l’année 1303 de l’Hégire (janvier 1885), il captura Khartoum tandis que le général Gordon décéda dans l’action. Le Mahdi devint ainsi maître de tout le Soudan et déplaça en conséquence sa capitale de ‘Oubayd à Khartoum Il scella les frontières, coupa toutes les communications avec le monde extérieur et même le pèlerinage à la Mecque ne fut pas été permis.

Au zénith de son pouvoir, le Mahdi décéda au mois de Sha’ban de cette même année (juin 1885), cinq mois à peine après la conquête de Khartoum.

 

 

‘AbdAllah Abou Bakr le lieutenant du Mahdi

 

Le Mahdi fut succédé par son lieutenant ‘AbdAllah, surnommé Abou Bakr, qui avait été son homme de main durant sa vie.

‘AbdAllah transféra sa résidence dans le fort d’Omdurman, sur la rive gauche du Nil et entreprit une expédition contre la garnison égyptienne à Kassalah. La ville fut prise et la garnison égyptienne évacua la forteresse. Puis, il mena ensuite une campagne contre l’Abyssinie et rentra dans Gondar, la capitale de l’époque de l’Abyssinie avant de revenir au Soudan après avoir amassé un butin considérable.

 

En l’an 1306 de l’Hégire (1889), par revanche, les Abyssiniens envahirent le Soudan mais ils furent repoussés tandis que leur roi mourut dans la bataille.

Après avoir consolidé sa position, ‘AbdAllah décida d’entreprendre la conquête de l’Egypte déjà planifiée par le Mahdi durant sa vie.

Au mois de Ramadan 1306 de l’Hégire (mai 1889), l’armée soudanaise menée par ‘AbderRahmane an-Noujami marcha sur l’Egypte et les deux armées s’affrontèrent à Toushki mais les forces du Soudan furent défaites et durent se retirer au Soudan. Peu après une crise de famine éclata au Soudan et la malchance s’aggrava quand le Soudan fut encerclé par les ennemis de tous les côtés et ne put obtenir des réserves de l’extérieur.

 

En l’an 1307 de l’Hégire (1890), les Soudanais assujettirent les Shillouk, une des tribus noires les plus braves du Soudan, à l’ouest.

Pour protéger son propre pouvoir, ‘AbdAllah réduisit le pouvoir et les privilèges des parents du Mahdi et la veuve de ce dernier, ‘Ayshah, critiqua amèrement ‘AbdAllah pour ses politiques arbitraires si bien qu’il bannit la plupart des parents du Mahdi à Fashoudah ce qui créa des troubles avec ses partisans.

A la frontière abyssinienne, les Italiens vinrent à poser une menace au Soudanais et après le retrait des troupes égyptiennes, les Italiens prirent Massana et de là, ils pénétrèrent à l’intérieur du pays.

 

Au mois de Rabi’ Thani de l’année 1310 de l’Hégire (le novembre de 1893), les Italiens entrèrent en contact avec une force soudanaise qu’ils défirent.

 

En l’an 1311 de l’Hégire (1894), les Italiens occupèrent Kassalah et en l’an 1314 de l’Hégire (1896), il y eut une bataille entre les Abyssiniens et les Italiens au cours de laquelle ces derniers furent vaincus mettant fin à la menace qui pesait sur les Soudanais.

 

Les Britanniques en Egypte décidèrent d’éliminer les  partisans du défunt Mahdi et leur état et de reprendre le Soudan. Lord Kitchener fut chargé de mener l’attaque et la campagne débuta en l’an 1314 de l’Hégire (1896), quand la province de Dongola fut reconquise et s’en servant de base, la campagne principale commença en l’an 1315 de l’Hégire (1897).

 

La division s’étant infiltré dans les rangs des Soudanais suite aux mesures de ‘AbdAllah envers les partisans du Mahdi, la cause de dernier fut trahie et au mois de Rabi’ Thani de l’année 1316 de l’Hégire (le septembre de 1898), les forces de Mahdi furent écrasées à Karari, près d’Omdurman. ‘AbdAllah livra une nouvelle bataille contre les Britanniques au mois de Rajab de l’année 1317 de l’Hégire (novembre 1899) au cours de laquelle il trouva la mort et avec sa fin, l’état du Mahdi prit fin.

 

Pour se venger des défaites subies par les Britanniques sous le Mahdi et tant sa haine était profonde, Lord Kitchener ouvrit le tombeau de ce dernier  et brûla ses restes. Le Soudan fut alors de nouveau conjointement occupé les Britanniques et les Egyptiens.

 

 

Zanzibar et l’île de Kilwah

 

L’Arabie ou la Péninsule Arabe est séparée de l’Afrique de l’est par la Mer Rouge. Les régions côtières d’Afrique de l’est et les îles voisines furent visitées par les commerçants musulmans et ce sont ces derniers qui apportèrent l’Islam en Afrique de l’est.

A l’époque du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), certains Musulmans, opprimés par les Qouraysh de la Mecque, cherchèrent refuge en Afrique de l’est dans la cour du roi d’Abyssinie et la côte de l’Afrique de l’est devint un sanctuaire fréquent pour les Musulmans opprimés et parmi eux, les partisans de Zayd, l’arrière-petit-fils de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui).

Au cours de l’histoire des Musulmans du Shiraz, de l’Oman et d’ailleurs émigrèrent en Afrique de l’est et dans les iles voisines. Les réfugiés musulmans d’al-Ahsah fondèrent la ville de Mogadishu.

 

Bien avant le milieu du sixième siècle de l’Hégire (douzième siècle), la plupart des gens de Zanzibar et des îles proches étaient convertis à l’Islam et les Musulmans y établirent un certains nombres de colonies. La plus importantes d’entre elles fut celle de l’île de Kilwah qui, sous les Musulmans, devint un important centre commercial et Ibn Batouta visita Kilwah en l’an 732 de l’Hégire (1331) dont le souverain était à l’époque al-Hassan Ibn Souleyman qui était surnommé Abou al-Mawahib, le donateur de cadeaux, à cause de sa grande générosité.

Al-Hassan accomplit le pèlerinage et resta dans les villes al-Haramayn du Hijaz durant deux années pour étudier l’Islam. A cette époque, une importante principauté de Zanj[1] païens apparurent en Afrique de l’est et les souverains de Kilwah menèrent des campagnes contre eux et conquirent une partie de leurs terres.

Durant les septième et huitième siècle de l’Hégire (treizième et quatorzième siècle), Kilwah atteignit une grande importance et selon les récits qui nous sont parvenus, il semble que pendant les jours de sa prospérité, Kilwah était une grande ville qui comptait trois-cents mosquées.

 

 

Les invasions européennes

 

En l’an 911 de l’Hégire (1505), Kilwah, Zanzibar et les régions voisines furent envahies par les Portugais et leur période d’occupation, fut la période la plus sombre dans l’histoire de la région. Les mécréants portugais massacrèrent les Musulmans en masse et essayèrent de convertir les gens de force au Christianisme mais échouèrent dans leur effort.

 

Le règne des envahisseurs portugais dura environ deux-cents ans et en l’an 1143 de l’Hégire (1730), Zanzibar et les îles avoisinantes devinrent une partie du royaume de l‘Oman.

 

En l’an 1248 de l’Hégire (1832), le roi du ‘Oman de l’époque Sayyid Sa’id déplaça sa capitale à Zanzibar et sous son règne, Zanzibar devint un grand centre commercial et culturel.

Sayyid Sa’id mourut en l’an 1273 de l’Hégire (1856) et son royaume fut divisé entre ses deux fils. Majid reçut Zanzibar et les autres possessions d’Afrique. Il régna durant quatorze ans et fut succédé en l’an 1287 de l’Hégire (1870), par son plus jeune frère Bargash.

A cette époque, son royaume comprenait les îles de Zanzibar, Pemba et Mafia et la région côtière de l’Afrique de l’est du Cap Delgade jusqu’au nord. Durant le gouvernement de Bargash, les pouvoirs impériaux de la Grande-Bretagne, l’Allemagne et l’Italie s’approprièrent des parties du royaume de Zanzibar. L’Italie acquit la partie nord, les Britanniques la partie côtière de l’Afrique de l’est et l’Allemagne la partie sud qui vint à être plus tard connue comme Tanganyika et annexa aussi l’île de Mafia.

 

Bargash mourut en l’an 1306 de l’Hégire (1888) et son successeur Sayyid Khalifah gouverna sur un fragment de l’ancien empire de Zanzibar. Les pouvoirs impériaux ne permirent pas au Sultan de Zanzibar de régner indépendamment malgré le peu de terre qu’ils lui laissèrent.

 

En l’an 1308 de l’Hégire (1890). Zanzibar fut proclamé un protectorat britannique et toute l’autorité exécutive fut exercé et conféré aux résidents britanniques. L’état subit de plus des pertes dans ses possessions territoriales.

 

Sous la pression internationale, Helgoland fut cédé à l’Allemagne et tous les droits de Madagascar furent abandonnés à la France. Sayyid Khalifah décéda en l’an 1310 de l’Hégire (1892) et fut succédé par Sayyid Hamid qui mourut en 1314 de l’Hégire (1896) et son cousin Sayyid Khalid se proclama Sultan. Les Britanniques bombardèrent son palais et Sayyid Khalid se réfugia dans le consulat allemand, où lui fut enlevé son royaume de l’Afrique de l’est au profit des allemands.

Par la suite, les Britanniques installèrent leur laquais Sayyid Hamid II comme sultan, à l’exemple des Zarl et des Zardani, des Kharzaï et des Moukharaf, un sultan insignifiant qui n’avait seulement que le titre tandis que toute la politique et l’autorité était exercée par les Britanniques qui agissaient aussi comme le Premier ministre.

 

 

La Mauritanie

 

Concernant l’histoire de la Mauritanie (actuelle), elle fut tout d’abord partie intégrante du Maghreb al-Aqsa et fut le territoire de tribus Berbères dont celle des Lamtounah, les hommes voilés, ou les Mourabitine. Puis elle fut tour à tour partie intégrante, comme nous allons le voir dans l’histoire de ces trois empires, de l’empire du Ghanah conquis par les Mourabitine de 750 à 1068, de l’empire du Mali de 1235 à 1546 puis de l’empire du Songhaï du 15 au 16 siècle.

 

 

Brève chronologie (Wikipedia)

 

Trois siècle avant l’Islam, Les Berbères Sanhadja arrivèrent en Mauritanie. Au cours des siècles suivants, les Berbères devinrent les leaders du commerce en Mauritanie en contrôlant les routes commerciales entre Koumbi Salah, Aoudaghoust et Tombouctou, le Mali actuel. Les marchandises les plus importantes étaient les esclaves, l’or, l’ivoire, le cuivre et le sel.

Avant le deuxième siècle de l’Hégire (huitième siècle), le royaume du Ghana était établit dans le Sénégal actuel, le Mali dans le sud-est de la Mauritanie. La capitale était à Koumbi Salah dans la Mauritanie actuelle.

 

En l’an 380 de l’Hégire (990), le Ghana attaqua et prit le contrôle d’Aoudaghoust.

 

En l’an 439 de l’Hégire (1039), ‘AbdAllah Ibn Yassine, le fondateur des Mourabitine, déclara la guerre contre les Berbères Sanhadja païens.

 

En l’an 468 de l’Hégire (1076), les Mourabitine et les Berbères Sanhadja rasèrent Koumbi Salah et le Ghana survit 150 années supplémentaires.

 

Au milieu du septième siècle de l’Hégire (treizième siècle), les Banou Hassan, des nomades d’origine Arabe, arrivèrent en Mauritanie.

 

En l’an 849 de l’Hégire (1445) les commerçants portugais établirent un comptoir commercial sur l’île d’Arguin dans la Mauritanie du Nord.

 

Au neuvième siècle de l’Hégire (quinzième siècle), la Mauritanie du Nord fut conquise par les Banou Hassan.

 

Au onzième siècle de l’Hégire (dix-septième siècle) les Français, les Anglais et Hollandais s’installèrent en Mauritanie ou ils luttèrent pour le contrôle du commerce de la gomme alors que les Portugais perdaient leur influence. Le commerce d’esclave devint alors très important pour la France.

En l’an 1139 de l’Hégire (1727), les Hollandais quittèrent la Mauritanie.

 

Au douzième siècle de l’Hégire (dix-huitième siècle), suite au travail de sape des colonisateurs, diviser pour mieux régner, la Mauritanie se trouva divisée en plusieurs émirats, Trarza, Brakna, Adrar et Tagant.

 

Au treizième siècle de l’Hégire (dix-neuvième siècle), la guerre civile, poussée, soutenue et entretenue par la France, explosa entre les émirats.

 

En l’an 1229 de l’Hégire (1814), avec le Traité de Paris, la France, en accord avec d’autres états européens, reçut des droits territoriaux sur la Mauritanie sans bien sur demander l’avis des Mauritaniens.

 

En l’an 1235 de l’Hégire (1820) prit « officiellement » fin l’esclavage commercial.

 

En l’an 1273 de l’Hégire (1857), suite à un accord entre la France et la Grande-Bretagne, les colons britanniques se retirèrent et s’installèrent en Gambie ce qui laissa la main libre aux Français en Mauritanie.

 

En l’an 1306 de l’Hégire (1899), la pacification de la Mauritanie débuta sous l’administration de Xavier Coppolani. Il s’allia alors avec les Berbères pour diviser les chefs arabes.

 

En l’an 1320 de l’Hégire (1902), Coppolani prit le contrôle de grandes parties de la Mauritanie du sud qui l’année suivante furent transformées en protectorat Français.

 

En l’an 1323 de l’Hégire (1905), Coppolani est tué et le colonel Gouraud continuera son travail à prendre le reste du territoire au nord et à l’est.

 

En 1908, Adrar est occupé par la France puis en 1911, Hodh au sud-est.

 

En l’an 1338 de l’Hégire (1920), la Mauritanie devint l’Afrique de l’ouest française et tout le pays tomba sous le contrôle français. Certains chefs nomades se levèrent alors contre l’envahisseur et leur guérilla contre les Français dura jusqu’en l’an 1374 de l’Hégire (1955).

 

En l’an 1345 de l’Hégire (1946), la Mauritanie devint un territoire d’outre-mer de l’union française. Hourma Ould Babana, d’origine berbère, devint le député mauritanien à l’assemblée nationale française et pour le devenir, il faut complètement renier sa race, sa religion, ses racines et ses coutumes.

 

En l’an 1370 de l’Hégire (1951), eut lieu des élections pour une l’assemblée et les groupes et les individus coopérant avec les puissances coloniales françaises devinrent les vainqueurs à 99,9%. Sidi al-Moukhtar devient le député de la Mauritanie, après avoir vaincu Babana qui était devenu impopulaire pour ses idées socialistes. Ceci est la version officielle de sa défaite la véritable raison est que tous ces votes n’étaient qu’un simulacre démoncratique, les collaborateurs n’étaient que des laquais de la France qui orchestra toute cette mise en scène.

 

En l’an 1374 de l’Hégire (1955), les chefs de tribu de la région Rigaibat se rendent aux autorités Françaises.

 

En l’an 1376 de l’Hégire (1957), Moukhtar Ould Daddah est élu vice-président du conseil d’administration.

 

En l’an 1377 de l’Hégire (1958 le 28 novembre), la république islamique de Mauritanie est proclamée et devient une partie autonome de la communauté française.

 

En l’an 1380 de l’Hégire (28 novembre 1960), la Mauritanie devient une nation indépendante officiellement mais toujours assujettie à la France et Ould Daddah le président laquais.

 

En l’an 1388 de l’Hégire (1968), l’arabe Hassaniyyah et le Français deviennent les langues officielles de la Mauritanie.

 

En 1398 de l’Hégire (1978 le 9 juillet), un coup militaire évince Moukhtar Ould Daddah du pouvoir.

 

En l’an 1400 de l’Hégire (1980), nouveau coup d’état du Lieutenant-Col Muhammad Khouna Haidallah qui devint président.

 

En 1404 de l’Hégire (1984 le 12 décembre), nouveau coup d’état, cette fois c’est le premier ministre Ould Taya qui dépose le président Haidallah.

 

En 1413 de l’Hégire (1992), Ould Taya devint le nouveau président malgré les accusations de fraude mais comme la politique n’est pas faite dans le pays mais depuis l’étranger, il faut faire avec.

 

En l’an 1422 de l’Hégire (2001), découverte du pétrole.

 

En l’an 1426 de l’Hégire (2005), nouveau coup d’état militaire Ely Ould Muhammad VI s’autoproclame président provisoire.

 

En l’an 1428 de l’Hégire (mars 2007), Sidi Ould Sheikh ‘AbdAllahi devint le nouveau président.

 

En l’an 1429 de l’Hégire (31 janvier2008), coup d’état militaire, le président ‘AbdAllahi, le premier ministre et le ministre des affaires intérieures sont arrêtés. Le pouvoir est transféré à une junte militaire, menée par général Ould ‘Abdel ‘Aziz.

 

Le problème de ces républiques comme les Comores, l’ile Maurice, la Réunion, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Ethiopie, les pauvres pays d’Afrique, etc., c’est qu’elles ne sont pas maitresses de leurs destinées mais suzeraine de pays qui décident pour elles. Ces coups d’état ne sont ni le fruit du hasard ou d’accidents mais bien des volontés. Ces républiques que l’on appelle à tort des républiques bananières ne sont prisonnières que des mangeurs de bananes et le jour, ou ils disparaitront, l’Afrique et le reste du monde redeviendra libre.   



[1] Nous avons rapporté l’intégralité de leur immonde histoire dans notre « Abrégé de l’histoire des Abbassides ».