Yaji, le premier souverain Musulman de Kanou du Soudan central

 

Dans le Soudan central, les Hausa constituaient le plus grand groupe linguiste parmi les Noirs d’Afrique.

Avec le temps, un certain nombre de principautés Hausa s’établirent dans le Hausaland et l’un d’entre eux Kanou, devint un centre commercial.

Les premiers souverains de Kanou étaient des païens. Yaji qui parvint au trône en l’an 750 de l’Hégire (1349), fut le premier souverain de Kanou à se convertir à l’Islam. L’Islam vint à Kano du Mali et Yaji fut converti par Mandingo, un ‘Alim (savant) de ce pays.

L’Islam adopté par Yaji et ses proches avait une teinte de paganisme et il construisit la première mosquée sous « l’arbre sacré » ce qui offensa les païens qui souillaient la mosquée chaque nuit. Les Musulmans prièrent pour la punition du chef des païens qui souillait la mosquée, leur prière fut entendue et le chef des païens fut frappé de cécité ce qui entraina un grand nombre à voir que l’Islam était la vraie foi et beaucoup de païens se convertirent à l’Islam.

Yaji entreprit quelques conquêtes au sud avec l’aide de guerriers musulmans du Mali. Yaji décéda en l’an 787 de l’Hégire (1385) après un règne de trente-six ans sous lequel l’Islam s’implanta dans Kanou.

Yaji fut succédé par son fils Kanajijou, un païen qui inversa les politiques de son père. Il fit quelques conquêtes avec l’aide des païens et son règne dura environ vingt-cinq ans jusqu’en l’an 812 de l’Hégire (1410).

Durant son règne  l’Islam régressa dans le pays.

 

 

Ya’qoub

 

Durant les quarante prochains années, le combat entre l’Islam et le paganisme se poursuivit sans relâche et la lutte finit avec la victoire ultime pour l’Islam, quand Ya’qoub monta sur le trône en l’an 856 de l’Hégire (1452) et en fit la religion d’état. Il décéda en l’an 867 de l’Hégire (1463) après un règne de onze années.

 

 

Muhammad Himfah

 

L’Islam devint plus ferme à Kanou sous le règne de Muhammad Himfah, qui succéda à Ya’qoub et régna de l’an 867 à 904 de l’Hégire (1463 à 1499), soit une période de trente-six ans durant laquelle de grandes conversions en masse à l’Islam eurent lieu tandis que le pouvoir de païens fut brisé.

Muhammad Himfah invita des ‘Ouléma d’autres pays musulmans et Kanou devint un centre culturel islamique. Il fut le premier souverain musulman à observer les prières des ‘Id et il ordonna la célébration de festivals musulmans à l’échelle de l’état. Il construisit des mosquées, des Madrassas et protégea les ‘Oulama.

Il adopta les insignes royaux, se construisit un palais et employa des eunuques dans l’administration. Il promut le commerce et Kanou devint un marché important pour le commerce des esclaves.

 

 

Muhammad Kimouki

 

Muhammad Himfah fut succédé par Muhammad Kimouki qui fut un grand souverain de la dynastie. Il régna durant soixante-six ans de 904 à 972 de l’Hégire (1499 à 1565).

Pendant son règne, un grand nombre de ‘Oulama d’autres pays musulmans afflua dans Kanou qui stimulèrent l’étude de l’Islam.

Il promut le commerce, l’industrie et durant son règne, Kanou devint un centre réputé pour la teinture et le travail de cuir.

 

 

Les successeurs de Muhammad Kimouki

 

Avec la mort de Muhammad Kimouki, la gloire de Kanou se ternie. Ses successeurs s’impliquèrent dans un grand nombre de conflits. Certains souverains de Kanou adoptèrent le paganisme et entrèrent en conflit avec les ‘Oulama tandis que d’autres, abdiquèrent pour consacrer le reste de leur vie aux dévotions religieuses.

Un souverain déposé refusa d’accepter le trône quand il lui fut offert pour la deuxième fois. Un des princes eut tellement peur de la guerre civile après la mort de son père qu’il pria pour sa propre mort et sa prière fut exaucée. Certains souverains défièrent les ‘Oulama et leur imposèrent une taxe ce qui engendra des désordres. Certains autres essayèrent de servir les ‘Oulama et furent incapable d’administrer efficacement.

 

D’autre part Kanou était en conflit avec l’état de Borflou et dut parfois aller en guerre contre lui quand il n’était pas son vassal. Les deux états d’Hausa, Kanou et Katsina furent impliqués dans une guerre de quatre-vingts longues années de l’an 977 à 1060 de l’Hégire (1570 à 1650) qui les affaiblit.

 

Quand ‘Uthman Dan Foudiou parvint au pouvoir au douzième siècle de l’Hégire (dix-huitième siècle), les Foulbés augmentèrent leur pression contre les Hausas et Kanou fut occupé par ces derniers en l’an 1223 de l’Hégire (1808) ce qui mit fin à l’état Hausa de Kanou qui dura plus de quatre-cent-cinquante ans.

 

 

Le royaume de Katsina

 

L’état de Hausa fut par la suite appelé l’état de Katsina et fut fondé au sixième siècle (douzième siècle) par Koumayou, le fondateur de la dynastie Wangara dont le souverain le plus exceptionnel de la lignée fut Kourau qui régna de l’an 596 à 658 de l’Hégire (1200-1260). Pendant cette période, l’état devint un important centre de commerce saharien.

 

 

Muhammad Kourau

 

L’Islam fut introduit dans l’état pendant le huitième siècle (quatorzième siècle) sous le règne de Muhammad Kourau qui gouverna trente-trois années de l’an 720 à 754 de l’Hégire (1320 à 1353). Il construisit des mosquées et invita des prêcheurs musulmans des autres contrées musulmanes à venir prêcher l’Islam

 

 

Ibrahim Soura

 

Muhammad Kourau fut succédé par Ibrahim Soura qui suivit les pas de son prédécesseur et prit des mesures pour promouvoir l’Islam.

 

 

‘Ali Mourabous

‘Ali Mourabous qui lui succéda élargit la ville de Katsina et l’embellit avec quelques bâtiments publics dont un palais pour lui. Il promut le commerce et pendant son règne, Katsina devint un centre commercial important.

 

 

Ibrahim Maji

 

Avec les mesures adoptées par ‘Ali Mourabous, l’état fut sécularisé et l’Islam retardé. Il semble qu’après la mort de ‘Ali Mourabous, le paganisme revint en force et ses successeurs furent des païens ou des Musulmans insignifiants.

 

Selon les chroniques, Ibrahim Maji qui succéda au trône en l’an 899 de l’Hégire (1494), se convertit à l’Islam, ou était déjà Musulman et prit des mesures pour réanimer l’Islam. Ce fut un savant religieux qui enseigna le Noble Qur’an à Katsina et dirigea un mouvement pour la revivification de l’Islam.

Sous son règne, Ibrahim Maji fit de l’Islam la religion d’état, construisit des mosquées, fit respecter les prières obligatoires et les fauteurs punis. Pendant cette période, beaucoup de ‘Oulama berbères de Tombouctou s’installèrent à Katsina et furent protégés par le roi. Ibrahim Maji fit respecter la Shari’ah et nomma des Qadis pour appliquer les lois islamiques. Ibrahim Maji décéda en l’an 936 de l’Hégire (1530), après un règne de trente-six ans sans incidents.

 

 

Jan Hazou Bakki

 

Quand Ibrahim Maji décéda, Katsina était un état puissant et prospère qui s’était étendu à Maradi au nord, Zamfra à l’ouest et Bimin Gwari au sud.

Avec l’apparition de l’état rival de Gobir, les territoires de Katsina diminuèrent et durant la période de l’an 977 à 1060 de l’Hégire (1570 à 1650), Katsina fut impliqué dans une guerre prolongée avec l’état rival Hausa qui dura quatre-vingts ans ce qui l’affaiblit tout comme Kanou.

Katsina eut son dernier sursaut de gloire sous le règne de Jan Hazou Bakki, qui parvint au trône en l’an 1027 de l’Hégire (1618). Il invita des savants religieux d’autres pays musulmans et pendant son règne Katsina acquis la réputation de centre d’étude islamique.

Jan Hazou Bakki décéda en l’an 1058 de l’Hégire (1648) et le déclin du pays survint après sa mort.

Les souverains de la dynastie Wangara gouvernèrent pour encore cent-cinquante ans mais leur règne fut sans éclat. Quand le Foulbé grandit sous le règne de ‘Uthman Dan Foudiou, Katsina fut exposé à sa pression et finit par tomber à son profit en l’an 1222 de l’Hégire (1807) mettant fin à l’état de Hausa qui dura environ quatre-cent-soixante ans.

 

 

‘Uthman Dan Foudiou, fondateur de l’état de Sokoto

 

L’état de Skoto dans le Soudan central fut fondé par ‘Uthman Dan Foudiou (‘Uthman, le fils de Foudiou) qui naquit à Gobir, en l’an 1167 de l’Hégire (1754). Il reçut une éducation religieuse et devint un savant religieux avant de devenir membre de l’ordre soufi qadriyah. Il débuta sa carrière comme un prêcheur itinérant à Kibbi ou il réunit autour de lui un certain nombre de partisan autour de lui.

 

En l’an 1204 de l’Hégire (1790), il s’installa à Degel, dans Gobir ou il devint puissant et convertit beaucoup de personnes à l’Islam.

Le roi de Gobir qui était un païen, s’inquiéta du pouvoir grandissant de ‘Uthman et passa un décret interdisant l’usage des turbans et le voile des femmes. Il ordonna aussi que tous les nouveaux convertis à l’Islam devaient répudier l’Islam et revenir à leur religion ancestrale ce qui fut ressenti comme un affront chez ‘Uthman Dan Foudiou. Lui et ses disciples rejetèrent leur fidélité au roi païen et déclarèrent le Jihad contre l’état païen de Gobir.

Dans la confrontation qui suivit le roi de Gobir fut vaincu et dut quitter sa capitale. ‘Uthman porta son combat contre les souverains des pays païens voisins qui furent renversés par les Moujahidine.

 

Au début du dix-neuvième siècle, ‘Uthman Dan Foudiou fonda un état islamique avec la capitale à Sokoto puis prit le titre d’émir des croyants et administra le gouvernement sur le modèle des Califes bien Guidés. Il fit respecter la Shari’ah et promut le mode de vie islamique.

À la suite de ses efforts missionnaires, les païens furent convertis à l’Islam en grand nombre. ‘Uthman Dan Foudiou décéda en l’an 1232 de l’Hégire (1817) après un règne d’environ vingt années. Il fut considéré comme un réformateur (moujaddid).

 

 

Muhammad Bilou

 

‘Uthman Dan Foudiou fut succédé par son fils Muhammad Bilou, mais selon la volonté de ‘Uthman, l’autorité de l’état fut partagée entre Muhammad Bilou et son oncle ‘AbdAllah.

Cet arrangement conduisit à des tensions et les principaux chefs musulmans qui avaient été les porteurs de l’étendard du Jihad sous ‘Uthman Dan Foudiou, fondèrent leurs propres principautés tout en ayant une reconnaissance minimale de l’autorité centrale.

Muhammad Bilou lutta aussi contre les états païens voisins et mourut en l’an 1253 de l’Hégire (1837) après un règne de vingt ans.

 

 

Sa’id et Abou Bakr ‘Atiq

 

Muhammad Bilou fut succédé par son fils Sa’id qui fut bientôt renversé par son oncle Abou Bakr ‘Atiq. Pendant le gouvernement d’Abou Bakr, des campagnes furent menées contre les états païens voisins, mais le Jihad dégénéra en raid d’esclaves qui n’apportèrent aucun crédit à l’état mais l’affaiblirent et bientôt à la place de conquérir les états païens, ce sont ces derniers qui dévastèrent la plus grande partie de l’état de Sokoto et les vastes régions se dépeuplèrent.

Abou Bakr mourut en l’an 1258 de l’Hégire (1842) après un court règne de quatre années seulement. Il fut succédé par son fils ‘Ali et sous son règne, les chefs locaux devinrent plus ou moins indépendants.

Le souverain de Sokoto ne devint plus qu’un chef religieux et cela affaiblit l’état et engendra le processus de désintégration.

‘Ali mourut en l’an 1275 de l’Hégire (1859) après un règne sans éclat de dix-sept ans.

 

 

Les successeurs de ‘Ali

 

Les successeurs de ‘Ali furent faibles et sous leur règne le processus de désintégration s’accéléra.

Vers la fin du dix-neuvième siècle, les Britanniques, les Français et les Allemands firent leur intervention et l’état de Sokoto cessa d’exister dans les premières années du vingtième siècle, quand il fut occupé par les Britanniques.

 

 

Le royaume de Noupe 

 

L’état de Noupe fut fondé, au quinzième siècle, dans la cuvette inférieure entre le Niger et les fleuves Kadouna, dans le Soudan central.

Jibril, le douzième roi de la dynastie, qui régna en l’an 1142 de l’Hégire (1730), fut le premier d’entre eux à devenir Musulman. Sa conversion à l’Islam offensa ses gens qui le déposèrent en l’an 1153 de l’Hégire (1740) et ses successeurs retournèrent au paganisme. Noupe exporta des eunuques et du kola et importa des chevaux.

L’Islam pénétra avec le commerce et par l’influence des immigrants Foulani.

 

Au début du dix-neuvième siècle, Dendou un savant Foulani amena le drapeau de ‘Uthman Dan Foudiou à Noupe, et par conséquence, le Jihad fut lancé et un grand nombre de personnes se convertirent à l’Islam. Dendou ne devint pas un souverain mais permis aux princes de la dynastie dirigeante de continuer leur fonction.

Cependant, après la mort de Dendou, son fils ‘Uthman Zaki, devint le souverain et régna de l’an 1247 à 1275 de l’Hégire (1832 à 1859).

Puisque Dendou était un porteur de drapeau de ‘Uthman Dan Foudiou, Noupe resta un vassal de Sokoto. Quand Sokoto se sépara en deux parties, Sokoto et Gwandou, Noupe tomba sous la juridiction de Gwandou.

Après la mort de ‘Uthman Zaki, Gwandou augmenta sa pression et Noupe devint pratiquement une partie de Gwandou.

 

 

Le royaume de Yourouba

 

Yourouba se trouvaient au sud de Noupe et était à l’origine une partie de l’état d’Oya.

Vers l’année 1232 de l’Hégire (1817), Afronja le gouverneur Oya de Horin, se révolta contre Oya. Il fut soutenu dans sa révolte par ‘Alimi un chef musulman Yourouba et un savant Foulani.

Afronja devint le souverain du nouvel état d’Yourouba bien que ce fut ‘Alimi qui exerçait le pouvoir derrière le trône. ‘Alimi décéda en l’an 1248 de l’Hégire (1833) et fut succédé par son fils ‘Abd as-Salam qui fut plus ambitieux que son père et aspira au pouvoir politique et entra en conflit avec Afronja le souverain d’Yoruba. Lors d’une bataille entre les deux partis, Afronja fut vaincu et tué et ‘Abd as-Salam devint le souverain d’Yorouba.

Sous le règne de ‘Abd as-Salam, Yourouba devint le bastion du sud-ouest des Foulani tandis qu’Adamawa était le bastion du sud-est. ‘Abd as-Salam essaya de promouvoir l’Islam qui atteignit la côte atlantique. A cette époque, Yourouba devint un marché d’esclaves ainsi qu’Ibadan comme son rival.

‘Abd as-Salam mourut en l’an 1258 de l’Hégire (1842) et après lui, l’anarchie régna dans les affaires de Yourouba. La guerre fratricide entre les Foulani décima Yourouba et profitant de ces conflits parmi le Foulani, Ibadan augmenta sa pression contre Yourouba et en l’an 1278 de l’Hégire (1862), Ibadan triompha et mit fin à l’état d’Yourouba.

 

 

Le royaume de Waday

 

Au dixième siècle de l’Hégire (seizième siècle), la région de Waday dans le Soudan central fut occupé par les gens de la tribu Tounjour qui fondèrent un état avec la capitale à Kadamah. L’Islam fut d’abord prêché dans Waday par Salih un savant religieux, à la fin du dixième siècle de l’Hégire (seizième siècle). Après sa mort,  son fils ‘Abd al-Karim reprit la mission de son père Salih et réunit autour de lui les jeunes hommes de la tribu qui s’étaient convertis à l’Islam.

En l’an 1020 de l’Hégire (1611), il lanca le Jihad contre Tounjour qui n’avait toujours pas répondu à l’appel de l’Islam et après l’avoir conquis, il devint le maître de Waday et fut le premier souverain musulman de Waday. Il prit le titre de Koulak et fit de Wara, au nord-ouest d’Abeshi, sa capitale. Au départ, il ne fut pas très puissant et dut payer tribut au Darfour à l’est et à Boumou à l’ouest, qui menacèrent de restituer les Tounjour souverains de Waday.

 

 

Ya’qoub Aris

 

Après la mort de ‘Abd al-Karim, ses successeurs furent des hommes ordinaires qui, bien qu’ils essayèrent d’ôter le joug des états voisins, échouèrent dans leurs efforts.

Pendant le règne de Ya’qoub Aris, de l’an 1092 à 1119 de l’Hégire (1681 à 1707), des efforts particuliers furent déployés pour promouvoir l’Islam et il invita des ‘Oulama d’autres pays musulmans à s’installer dans Waday qui suite à leurs efforts, accélérèrent le processus de conversion à l’Islam. Pendant cette période un grand nombre de Madrassas furent établies dans les différentes parties de l’état.

 

 

Muhammad Jawdah

 

Le plus grand souverain de la dynastie fut Muhammad Jawda qui régna cinquante ans, de l’an 1158 à 1209 de l’Hégire (1745 à 1795).

Il libéra le pays des jougs de Darfour et de Boumou et déclara l’indépendance de Waday. Il entreprit par la suite des expéditions contre les païens et les convertis à l’Islam. Il promut l’agriculture et le commerce et sous son règne l’état s’enrichit.

Muhammad Jawdah fut succédé par son fils Muhammad Salih qui fit quelques conquêtes dont Fitri et annexa des territoires jusqu’aux frontières de Kanim.

 

 

‘Abd al-Karim

 

Dans les premières années du dix-neuvième siècle, ‘Abd al-Karim surnommé Saboun détrôna son père Muhammad Salih et devint le nouveau souverain, un bon souverain. Il fit de Baigirimi un état vassal, ouvrit de nouvelles routes commerciales vers l’Egypte et porta une attention particulière à la promotion du commerce. Il accueillit les négociants étrangers et sous son règne, la capitale de son état devint un important centre de marketing.

Son règne dura de l’an 1218 à 1228 de l’Hégire (1803 à 1813).

 

‘Abd al-Karim fut succédé par son fils Youssouf Kharifayn qui était énergique mais débauché. Il fut impliqué dans un scandale de femmes et perdit la vie en l’an 1244 de l’Hégire (1829).

 

Youssouf Kharifayn fut succédé par ‘Abd al-’Aziz qui gouverna jusqu’en l’an 1249 de l’Hégire (1834). Pendant cette période, une épidémie de choléra fit rage dans le pays et le décima, suivit par la famine qui ajouta à la misère des gens.

 

Tirant profit de la misère des gens dans Waday, les forces de Darfour envahirent le pays en l’an 1249 de l’Hégire (1834), et quand ‘Abd al-’Aziz fut évincé du pouvoir, Muhammad ash-Sharif le remplaça. Il transféra sa capitale de Warah à Abeshi et régna vingt-trois ans, de l’an 1250 à 1274 de l’Hégire (1835 à 1858) durant lesquels il ne fut qu’un laquais du Darfour.

 

 

‘Ali ash-Sharif

 

Muhammad ash-Sharif fut succédé par son fils ‘Ali ash-Sharif qui fut un souverain exceptionnel, juste, sans prétention et doux.

 

En l’an 1287 de l’Hégire (1870), il attaqua Masina, la capitale de Baigirimi, et prit un grand butin et un grand nombre d’esclaves.

‘Ali mourut en 1295 de l’Hégire (1878) et fut succédé par son frère Youssouf ash-Sharif qui régna de l’an 1295 à 1315 de l’Hégire (1878 à 1898). Durant cette période, Baigirimi se libéra du joug de Waday.

Youssouf ash-Sharif maintint des relations amicales avec le Mahdi du Soudan.

 

 

L’occupation française

 

Un état d’anarchie, marquée par des conflits fratricides entre les princes de Waday succéda à la mort de Youssouf ash-Sharif. La France profita de ces conflits et occupa le Waday dans la première décade du vingtième siècle.

 

 

Le royaume de Baigirimi

 

L’état de Baigirimi était situé au sud-est du lac Tchad dans la vallée inférieure du fleuve Shari dans le Soudan central et fut fondé dans les premières années du dixième siècle de l’Hégire (seizième siècle) et avait sa capitale à Masina.

Les trois premiers souverains de l’état furent des païens. Le troisième souverain, Malou, fut renversé par son frère en l’an 975 de l’Hégire (1568), qui devint Musulman et se renomma ‘AbdAllah. Il fut un grand souverain et régna durant quarante ans, de l’an 975 à 1017 de l’Hégire (1568 à 1608). Il prit le titre de Mbang, réorganisa l’administration, bâtit une forte armée et étendit son influence dans les états voisins de Kouka et de Madougou qui devinrent ses vassaux. Il établit certaines institutions islamiques, mais la majorité des gens restèrent païens.

‘AbdAllah fut un contemporain d’Idriss Alawma qui gouverna Lomou de l’an 1163 à 1011 de l’Hégire (1570 à 1603). Quand Idriss Alawma entreprit ses campagnes d’expansion, ‘AbdAllah trouva la sécurité en portant allégeance à Boumou. Après la mort d’Idriss Alawma en l’an 1011 de l’Hégire (1603), ‘AbdAllah se libéra du joug de Boumou et déclara l’indépendance de Baigirimi.

 

Après ‘AbdAllah, le prochain roi célèbre de Baigirimi fut Bourgoumandah. Il était un militant actif et mena des expéditions contre différentes tribus habitant la région du Tchad et aussi contre l’état de Waday. Sa règne dura six ans seulement de l’an 1044 à 1051 de l’Hégire (1635 à 1641).

 

 

Muhammad al-Amin

 

Baigirimi atteignit sa grandeur sous le gouvernement de Muhammad al-Amin, qui gouverna de l’an 1164 à 1199 de l’Hégire (1751 à 1785). Il accomplit un pèlerinage à la Mecque et invita des ‘Oulama du monde islamique qui, grâce à leurs efforts missionnaires, convertirent un grand nombre de gens à l’Islam. Il construisit des Madrassas et des mosquées dans toutes les parties de l’état.

Avec la mort de Muhammad al-Amin, la gloire de Baigirimi prit fin. Il fut succédé par ‘AbderRahmane Gwarang qui s’éprit de sa sœur et se maria avec elle ce qui engendra de vives réactions parmi les gens et les ‘Oulama donnèrent un arrêté juridique, une Fatwa, pour son éviction.

Tirant profit de ces troubles publics dans Baigirimi, le souverain de Waday envahit le pays et dans la bataille qui s’ensuivit ‘AbderRahmane fut tué et Masina, la capitale de Baigirimi, fut pillée et environ vingt mille citoyens de Baigirimi furent pris comme esclaves et envoyés à Waday. Baigirimi perdit son indépendance et devint un vassal de Waday.

 

‘AbderRahmane fut succédé par Nagarmabhah, un candidat désigné de Waday sous le règne de qui le pays fut victime d’une vaste dévastation à cause du conflit entre Waday et Boumou quand chaque état s’efforça d’obtenir le contrôle de Baigirimi. Un état d’impasse dura plusieurs années et n’apporta que le désastre à Baigirimi.

 

 

Les derniers rois

 

Après Nagarmabhah, il y eut une succession de faibles souverains qui furent à tour de rôles des laquais entre les mains de Waday ou de Boumou.

Muhammad Abou Bakr succéda au trône de Baigirimi, en l’an 1273 de l’Hégire (1857), essaya de libérer Baigirimi du contrôle de Waday. La tentative échoua et par revanche Waday, en 1287 de l’Hégire (1870), pilla Masina une nouvelle fois et prit un grand nombre des citoyens de Baigirimi à Waday comme esclaves. En conséquence de ce désastre, beaucoup de villages devinrent abandonnés ainsi que les terres cultivées.

Profitant de cette situation, Rabih Ibn Fadlallah, un aventurier militaire, prit Baigirimi en l’an 1308 de l’Hégire (1891) quand les Français, pour rajouter à la misère, apparurent sur la scène et attaquèrent Baigirimi en l’an 1314 de l’Hégire (1897). Rabih fut vaincu et tué tandis que Baigirimi fut occupé par les Français.