Yaji, le premier souverain Musulman de Kanou du Soudan central
Dans le Soudan central, les Hausa constituaient le plus grand groupe
linguiste parmi les Noirs d’Afrique.
Avec le temps, un certain nombre de principautés Hausa s’établirent
dans le Hausaland et l’un d’entre eux Kanou, devint un centre
commercial.
Les premiers souverains de Kanou étaient des païens. Yaji qui
parvint au trône en l’an 750 de l’Hégire (1349), fut le premier
souverain de Kanou à se convertir à l’Islam. L’Islam vint à Kano du
Mali et Yaji fut converti par Mandingo, un ‘Alim (savant) de
ce pays.
L’Islam adopté par Yaji et ses proches avait une teinte de paganisme
et il construisit la première mosquée sous « l’arbre sacré » ce qui
offensa les païens qui souillaient la mosquée chaque nuit. Les
Musulmans prièrent pour la punition du chef des païens qui souillait
la mosquée, leur prière fut entendue et le chef des païens fut
frappé de cécité ce qui entraina un grand nombre à voir que l’Islam
était la vraie foi et beaucoup de païens se convertirent à l’Islam.
Yaji entreprit quelques conquêtes au sud avec l’aide de guerriers
musulmans du Mali. Yaji décéda en l’an 787 de l’Hégire (1385) après
un règne de trente-six ans sous lequel l’Islam s’implanta dans
Kanou.
Yaji fut succédé par son fils Kanajijou, un païen qui inversa les
politiques de son père. Il fit quelques conquêtes avec l’aide des
païens et son règne dura environ vingt-cinq ans jusqu’en l’an 812 de
l’Hégire (1410).
Durant son règne l’Islam
régressa dans le pays.
Ya’qoub
Durant les quarante prochains années, le combat entre l’Islam et le
paganisme se poursuivit sans relâche et la lutte finit avec la
victoire ultime pour l’Islam, quand Ya’qoub monta sur le trône en
l’an 856 de l’Hégire (1452) et en fit la religion d’état. Il décéda
en l’an 867 de l’Hégire (1463) après un règne de onze années.
Muhammad
Himfah
L’Islam devint plus ferme à Kanou sous le règne de Muhammad
Himfah, qui succéda à Ya’qoub et régna de l’an 867 à 904 de
l’Hégire (1463 à 1499), soit une période de trente-six ans durant
laquelle de grandes conversions en masse à l’Islam eurent lieu
tandis que le pouvoir de païens fut brisé.
Muhammad Himfah invita des ‘Ouléma d’autres pays
musulmans et Kanou devint un centre culturel islamique. Il fut le
premier souverain musulman à observer les prières des ‘Id et il
ordonna la célébration de festivals musulmans à l’échelle de l’état.
Il construisit des mosquées, des Madrassas et protégea les
‘Oulama.
Il adopta les insignes royaux, se construisit un palais et employa
des eunuques dans l’administration. Il promut le commerce et Kanou
devint un marché important pour le commerce des esclaves.
Muhammad
Kimouki
Muhammad Himfah fut succédé par Muhammad
Kimouki qui fut un grand souverain de la dynastie. Il régna durant
soixante-six ans de 904 à 972 de l’Hégire (1499 à 1565).
Pendant son règne, un grand nombre de ‘Oulama d’autres pays
musulmans afflua dans Kanou qui stimulèrent l’étude de l’Islam.
Il promut le commerce, l’industrie et durant son règne, Kanou devint
un centre réputé pour la teinture et le travail de cuir.
Les successeurs de Muhammad
Kimouki
Avec la mort de Muhammad Kimouki, la gloire de Kanou se
ternie. Ses successeurs s’impliquèrent dans un grand nombre de
conflits. Certains souverains de Kanou adoptèrent le paganisme et
entrèrent en conflit avec les ‘Oulama tandis que d’autres,
abdiquèrent pour consacrer le reste de leur vie aux dévotions
religieuses.
Un souverain déposé refusa d’accepter le trône quand il lui fut
offert pour la deuxième fois. Un des princes eut tellement peur de
la guerre civile après la mort de son père qu’il pria pour sa propre
mort et sa prière fut exaucée. Certains souverains défièrent les
‘Oulama et leur imposèrent une taxe ce qui engendra des désordres.
Certains autres essayèrent de servir les ‘Oulama et furent incapable
d’administrer efficacement.
D’autre part Kanou était en conflit avec l’état de Borflou et dut
parfois aller en guerre contre lui quand il n’était pas son vassal.
Les deux états d’Hausa, Kanou et Katsina furent impliqués dans une
guerre de quatre-vingts longues années de l’an 977 à 1060 de
l’Hégire (1570 à 1650) qui les affaiblit.
Quand ‘Uthman Dan Foudiou parvint au pouvoir au douzième siècle de
l’Hégire (dix-huitième siècle), les Foulbés augmentèrent leur
pression contre les Hausas et Kanou fut occupé par ces derniers en
l’an 1223 de l’Hégire (1808) ce qui mit fin à l’état Hausa de Kanou
qui dura plus de quatre-cent-cinquante ans.
Le royaume de Katsina
L’état de Hausa fut par la suite appelé l’état de Katsina et fut
fondé au sixième siècle (douzième siècle) par Koumayou, le fondateur
de la dynastie Wangara dont le souverain le plus exceptionnel de la
lignée fut Kourau qui régna de l’an 596 à 658 de l’Hégire
(1200-1260). Pendant cette période, l’état devint un important
centre de commerce saharien.
Muhammad
Kourau
L’Islam fut introduit dans l’état pendant le huitième siècle
(quatorzième siècle) sous le règne de Muhammad Kourau qui
gouverna trente-trois années de l’an 720 à 754 de l’Hégire (1320 à
1353). Il construisit des mosquées et invita des prêcheurs musulmans
des autres contrées musulmanes à venir prêcher l’Islam
Ibrahim Soura
Muhammad Kourau fut succédé par Ibrahim Soura qui suivit les
pas de son prédécesseur et prit des mesures pour promouvoir l’Islam.
‘Ali Mourabous
‘Ali Mourabous qui lui succéda élargit la ville de Katsina et
l’embellit avec quelques bâtiments publics dont un palais pour lui.
Il promut le commerce et pendant son règne, Katsina devint un centre
commercial important.
Ibrahim Maji
Avec les mesures adoptées par ‘Ali Mourabous, l’état fut sécularisé
et l’Islam retardé. Il semble qu’après la mort de ‘Ali Mourabous, le
paganisme revint en force et ses successeurs furent des païens ou
des Musulmans insignifiants.
Selon les chroniques, Ibrahim Maji qui succéda au trône en l’an 899
de l’Hégire (1494), se convertit à l’Islam, ou était déjà Musulman
et prit des mesures pour réanimer l’Islam. Ce fut un savant
religieux qui enseigna le Noble Qur’an à Katsina et dirigea
un mouvement pour la revivification de l’Islam.
Sous son règne, Ibrahim Maji fit de l’Islam la religion d’état,
construisit des mosquées, fit respecter les prières obligatoires et
les fauteurs punis. Pendant cette période, beaucoup de ‘Oulama
berbères de Tombouctou s’installèrent à Katsina et furent protégés
par le roi. Ibrahim Maji fit respecter la Shari’ah et nomma
des Qadis pour appliquer les lois islamiques. Ibrahim Maji décéda en
l’an 936 de l’Hégire (1530), après un règne de trente-six ans sans
incidents.
Jan Hazou Bakki
Quand Ibrahim Maji décéda, Katsina était un état puissant et
prospère qui s’était étendu à Maradi au nord, Zamfra à l’ouest et
Bimin Gwari au sud.
Avec l’apparition de l’état rival de Gobir, les territoires de
Katsina diminuèrent et durant la période de l’an 977 à 1060 de
l’Hégire (1570 à 1650), Katsina fut impliqué dans une guerre
prolongée avec l’état rival Hausa qui dura quatre-vingts ans ce qui
l’affaiblit tout comme Kanou.
Katsina eut son dernier sursaut de gloire sous le règne de Jan Hazou
Bakki, qui parvint au trône en l’an 1027 de l’Hégire (1618). Il
invita des savants religieux d’autres pays musulmans et pendant son
règne Katsina acquis la réputation de centre d’étude islamique.
Jan Hazou Bakki décéda en l’an 1058 de l’Hégire (1648) et le déclin
du pays survint après sa mort.
Les souverains de la dynastie Wangara gouvernèrent pour encore
cent-cinquante ans mais leur règne fut sans éclat. Quand le Foulbé
grandit sous le règne de ‘Uthman Dan Foudiou, Katsina fut exposé à
sa pression et finit par tomber à son profit en l’an 1222 de
l’Hégire (1807) mettant fin à l’état de Hausa qui dura environ
quatre-cent-soixante ans.
‘Uthman Dan Foudiou, fondateur de l’état de Sokoto
L’état de Skoto dans le Soudan central fut fondé par ‘Uthman Dan
Foudiou (‘Uthman, le fils de Foudiou) qui naquit à Gobir, en l’an
1167 de l’Hégire (1754). Il reçut une éducation religieuse et devint
un savant religieux avant de devenir membre de l’ordre soufi
qadriyah. Il débuta sa carrière comme un prêcheur itinérant à Kibbi
ou il réunit autour de lui un certain nombre de partisan autour de
lui.
En l’an 1204 de l’Hégire (1790), il s’installa à Degel, dans Gobir
ou il devint puissant et convertit beaucoup de personnes à l’Islam.
Le roi de Gobir qui était un païen, s’inquiéta du pouvoir
grandissant de ‘Uthman et passa un décret interdisant l’usage des
turbans et le voile des femmes. Il ordonna aussi que tous les
nouveaux convertis à l’Islam devaient répudier l’Islam et revenir à
leur religion ancestrale ce qui fut ressenti comme un affront chez
‘Uthman Dan Foudiou. Lui et ses disciples rejetèrent leur fidélité
au roi païen et déclarèrent le Jihad contre l’état païen de
Gobir.
Dans la confrontation qui suivit le roi de Gobir fut vaincu et dut
quitter sa capitale. ‘Uthman porta son combat contre les souverains
des pays païens voisins qui furent renversés par les Moujahidine.
Au début du dix-neuvième siècle, ‘Uthman Dan Foudiou fonda un état
islamique avec la capitale à Sokoto puis prit le titre d’émir des
croyants et administra le gouvernement sur le modèle des Califes
bien Guidés. Il fit respecter la Shari’ah et promut le mode
de vie islamique.
À la suite de ses efforts missionnaires, les païens furent convertis
à l’Islam en grand nombre. ‘Uthman Dan Foudiou décéda en l’an 1232
de l’Hégire (1817) après un règne d’environ vingt années. Il fut
considéré comme un réformateur (moujaddid).
Muhammad
Bilou
‘Uthman Dan Foudiou fut succédé par son fils Muhammad Bilou,
mais selon la volonté de ‘Uthman, l’autorité de l’état fut partagée
entre Muhammad Bilou et son oncle ‘AbdAllah.
Cet arrangement conduisit à des tensions et les principaux chefs
musulmans qui avaient été les porteurs de l’étendard du Jihad
sous ‘Uthman Dan Foudiou, fondèrent leurs propres principautés tout
en ayant une reconnaissance minimale de l’autorité centrale.
Muhammad Bilou lutta aussi contre les états païens voisins et
mourut en l’an 1253 de l’Hégire (1837) après un règne de vingt ans.
Sa’id et Abou Bakr ‘Atiq
Muhammad Bilou fut succédé par son fils Sa’id qui fut bientôt
renversé par son oncle Abou Bakr ‘Atiq. Pendant le gouvernement
d’Abou Bakr, des campagnes furent menées contre les états païens
voisins, mais le Jihad dégénéra en raid d’esclaves qui
n’apportèrent aucun crédit à l’état mais l’affaiblirent et bientôt à
la place de conquérir les états païens, ce sont ces derniers qui
dévastèrent la plus grande partie de l’état de Sokoto et les vastes
régions se dépeuplèrent.
Abou Bakr mourut en l’an 1258 de l’Hégire (1842) après un court
règne de quatre années seulement. Il fut succédé par son fils ‘Ali
et sous son règne, les chefs locaux devinrent plus ou moins
indépendants.
Le souverain de Sokoto ne devint plus qu’un chef religieux et cela
affaiblit l’état et engendra le processus de désintégration.
‘Ali mourut en l’an 1275 de l’Hégire (1859) après un règne sans
éclat de dix-sept ans.
Les successeurs de ‘Ali
Les successeurs de ‘Ali furent faibles et sous leur règne le
processus de désintégration s’accéléra.
Vers la fin du dix-neuvième siècle, les Britanniques, les Français
et les Allemands firent leur intervention et l’état de Sokoto cessa
d’exister dans les premières années du vingtième siècle, quand il
fut occupé par les Britanniques.
Le
royaume de Noupe
L’état de Noupe fut fondé, au quinzième siècle, dans la cuvette
inférieure entre le Niger et les fleuves Kadouna, dans le Soudan
central.
Jibril, le douzième roi de la dynastie, qui régna en l’an 1142 de
l’Hégire (1730), fut le premier d’entre eux à devenir Musulman. Sa
conversion à l’Islam offensa ses gens qui le déposèrent en l’an 1153
de l’Hégire (1740) et ses successeurs retournèrent au paganisme.
Noupe exporta des eunuques et du kola et importa des chevaux.
L’Islam pénétra avec le commerce et par l’influence des immigrants
Foulani.
Au début du dix-neuvième siècle, Dendou un savant Foulani amena le
drapeau de ‘Uthman Dan Foudiou à Noupe, et par conséquence, le
Jihad fut lancé et un grand nombre de personnes se convertirent
à l’Islam. Dendou ne devint pas un souverain mais permis aux princes
de la dynastie dirigeante de continuer leur fonction.
Cependant, après la mort de Dendou, son fils ‘Uthman Zaki, devint le
souverain et régna de l’an 1247 à 1275 de l’Hégire (1832 à 1859).
Puisque Dendou était un porteur de drapeau de ‘Uthman Dan Foudiou,
Noupe resta un vassal de Sokoto. Quand Sokoto se sépara en deux
parties, Sokoto et Gwandou, Noupe tomba sous la juridiction de
Gwandou.
Après la mort de ‘Uthman Zaki, Gwandou augmenta sa pression et Noupe
devint pratiquement une partie de Gwandou.
Le royaume de Yourouba
Yourouba se trouvaient au sud de Noupe et était à l’origine une
partie de l’état d’Oya.
Vers l’année 1232 de l’Hégire (1817), Afronja le gouverneur Oya de
Horin, se révolta contre Oya. Il fut soutenu dans sa révolte par
‘Alimi un chef musulman Yourouba et un savant Foulani.
Afronja devint le souverain du nouvel état d’Yourouba bien que ce
fut ‘Alimi qui exerçait le pouvoir derrière le trône. ‘Alimi décéda
en l’an 1248 de l’Hégire (1833) et fut succédé par son fils ‘Abd
as-Salam qui fut plus ambitieux que son père et aspira au pouvoir
politique et entra en conflit avec Afronja le souverain d’Yoruba.
Lors d’une bataille entre les deux partis, Afronja fut vaincu et tué
et ‘Abd as-Salam devint le souverain d’Yorouba.
Sous le règne de ‘Abd as-Salam, Yourouba devint le bastion du
sud-ouest des Foulani tandis qu’Adamawa était le bastion du sud-est.
‘Abd as-Salam essaya de promouvoir l’Islam qui atteignit la côte
atlantique. A cette époque, Yourouba devint un marché d’esclaves
ainsi qu’Ibadan comme son rival.
‘Abd as-Salam mourut en l’an 1258 de l’Hégire (1842) et après lui,
l’anarchie régna dans les affaires de Yourouba. La guerre fratricide
entre les Foulani décima Yourouba et profitant de ces conflits parmi
le Foulani, Ibadan augmenta sa pression contre Yourouba et en l’an
1278 de l’Hégire (1862), Ibadan triompha et mit fin à l’état
d’Yourouba.
Le royaume de Waday
Au dixième siècle de l’Hégire (seizième siècle), la région de Waday
dans le Soudan central fut occupé par les gens de la tribu Tounjour
qui fondèrent un état avec la capitale à Kadamah. L’Islam fut
d’abord prêché dans Waday par Salih un savant religieux, à la
fin du dixième siècle de l’Hégire (seizième siècle). Après sa mort,
son fils ‘Abd al-Karim reprit la mission de son père Salih
et réunit autour de lui les jeunes hommes de la tribu qui s’étaient
convertis à l’Islam.
En l’an 1020 de l’Hégire (1611), il lanca le Jihad contre
Tounjour qui n’avait toujours pas répondu à l’appel de l’Islam et
après l’avoir conquis, il devint le maître de Waday et fut le
premier souverain musulman de Waday. Il prit le titre de Koulak et
fit de Wara, au nord-ouest d’Abeshi, sa capitale. Au départ, il ne
fut pas très puissant et dut payer tribut au Darfour à l’est et à
Boumou à l’ouest, qui menacèrent de restituer les Tounjour
souverains de Waday.
Ya’qoub Aris
Après la mort de ‘Abd al-Karim, ses successeurs furent des hommes
ordinaires qui, bien qu’ils essayèrent d’ôter le joug des états
voisins, échouèrent dans leurs efforts.
Pendant le règne de Ya’qoub Aris, de l’an 1092 à 1119 de l’Hégire
(1681 à 1707), des efforts particuliers furent déployés pour
promouvoir l’Islam et il invita des ‘Oulama d’autres pays musulmans
à s’installer dans Waday qui suite à leurs efforts, accélérèrent le
processus de conversion à l’Islam. Pendant cette période un grand
nombre de Madrassas furent établies dans les différentes
parties de l’état.
Muhammad
Jawdah
Le plus grand souverain de la dynastie fut Muhammad Jawda qui
régna cinquante ans, de l’an 1158 à 1209 de l’Hégire (1745 à 1795).
Il libéra le pays des jougs de Darfour et de Boumou et déclara
l’indépendance de Waday. Il entreprit par la suite des expéditions
contre les païens et les convertis à l’Islam. Il promut
l’agriculture et le commerce et sous son règne l’état s’enrichit.
Muhammad Jawdah fut succédé par son fils Muhammad Salih
qui fit quelques conquêtes dont Fitri et annexa des territoires
jusqu’aux frontières de Kanim.
‘Abd al-Karim
Dans les premières années du dix-neuvième siècle, ‘Abd al-Karim
surnommé Saboun détrôna son père Muhammad Salih et devint le
nouveau souverain, un bon souverain. Il fit de Baigirimi un état
vassal, ouvrit de nouvelles routes commerciales vers l’Egypte et
porta une attention particulière à la promotion du commerce. Il
accueillit les négociants étrangers et sous son règne, la capitale
de son état devint un important centre de marketing.
Son règne dura de l’an 1218 à 1228 de l’Hégire (1803 à 1813).
‘Abd al-Karim fut succédé par son fils Youssouf Kharifayn qui était
énergique mais débauché. Il fut impliqué dans un scandale de femmes
et perdit la vie en l’an 1244 de l’Hégire (1829).
Youssouf Kharifayn fut succédé par ‘Abd al-’Aziz qui gouverna
jusqu’en l’an 1249 de l’Hégire (1834). Pendant cette période, une
épidémie de choléra fit rage dans le pays et le décima, suivit par
la famine qui ajouta à la misère des gens.
Tirant profit de la misère des gens dans Waday, les forces de
Darfour envahirent le pays en l’an 1249 de l’Hégire (1834), et quand
‘Abd al-’Aziz fut évincé du pouvoir, Muhammad ash-Sharif le
remplaça. Il transféra sa capitale de Warah à Abeshi et régna
vingt-trois ans, de l’an 1250 à 1274 de l’Hégire (1835 à 1858)
durant lesquels il ne fut qu’un laquais du Darfour.
‘Ali ash-Sharif
Muhammad ash-Sharif fut succédé par son fils ‘Ali ash-Sharif
qui fut un souverain exceptionnel, juste, sans prétention et doux.
En l’an 1287 de l’Hégire (1870), il attaqua Masina, la capitale de
Baigirimi, et prit un grand butin et un grand nombre d’esclaves.
‘Ali mourut en 1295 de l’Hégire (1878) et fut succédé par son frère
Youssouf ash-Sharif qui régna de l’an 1295 à 1315 de l’Hégire (1878
à 1898). Durant cette période, Baigirimi se libéra du joug de Waday.
Youssouf ash-Sharif maintint des relations amicales avec le Mahdi du
Soudan.
L’occupation française
Un état d’anarchie, marquée par des conflits fratricides entre les
princes de Waday succéda à la mort de Youssouf ash-Sharif. La France
profita de ces conflits et occupa le Waday dans la première décade
du vingtième siècle.
Le royaume de Baigirimi
L’état de Baigirimi était situé au sud-est du lac Tchad dans la
vallée inférieure du fleuve Shari dans le Soudan central et fut
fondé dans les premières années du dixième siècle de l’Hégire
(seizième siècle) et avait sa capitale à Masina.
Les trois premiers souverains de l’état furent des païens. Le
troisième souverain, Malou, fut renversé par son frère en l’an 975
de l’Hégire (1568), qui devint Musulman et se renomma ‘AbdAllah. Il
fut un grand souverain et régna durant quarante ans, de l’an 975 à
1017 de l’Hégire (1568 à 1608). Il prit le titre de Mbang,
réorganisa l’administration, bâtit une forte armée et étendit son
influence dans les états voisins de Kouka et de Madougou qui
devinrent ses vassaux. Il établit certaines institutions islamiques,
mais la majorité des gens restèrent païens.
‘AbdAllah fut un contemporain d’Idriss Alawma qui gouverna Lomou de
l’an 1163 à 1011 de l’Hégire (1570 à 1603). Quand Idriss Alawma
entreprit ses campagnes d’expansion, ‘AbdAllah trouva la sécurité en
portant allégeance à Boumou. Après la mort d’Idriss Alawma en l’an
1011 de l’Hégire (1603), ‘AbdAllah se libéra du joug de Boumou et
déclara l’indépendance de Baigirimi.
Après ‘AbdAllah, le prochain roi célèbre de Baigirimi fut
Bourgoumandah. Il était un militant actif et mena des expéditions
contre différentes tribus habitant la région du Tchad et aussi
contre l’état de Waday. Sa règne dura six ans seulement de l’an 1044
à 1051 de l’Hégire (1635 à 1641).
Muhammad
al-Amin
Baigirimi atteignit sa grandeur sous le gouvernement de Muhammad
al-Amin, qui gouverna de l’an 1164 à 1199 de l’Hégire (1751 à 1785).
Il accomplit un pèlerinage à la Mecque et invita des ‘Oulama du
monde islamique qui, grâce à leurs efforts missionnaires,
convertirent un grand nombre de gens à l’Islam. Il construisit des
Madrassas et des mosquées dans toutes les parties de l’état.
Avec la mort de Muhammad al-Amin, la gloire de Baigirimi prit
fin. Il fut succédé par ‘AbderRahmane Gwarang qui s’éprit de
sa sœur et se maria avec elle ce qui engendra de vives réactions
parmi les gens et les ‘Oulama donnèrent un arrêté juridique, une
Fatwa, pour son éviction.
Tirant profit de ces troubles publics dans Baigirimi, le souverain
de Waday envahit le pays et dans la bataille qui s’ensuivit ‘AbderRahmane
fut tué et Masina, la capitale de Baigirimi, fut pillée et environ
vingt mille citoyens de Baigirimi furent pris comme esclaves et
envoyés à Waday. Baigirimi perdit son indépendance et devint un
vassal de Waday.
‘AbderRahmane fut succédé par Nagarmabhah, un candidat désigné de
Waday sous le règne de qui le pays fut victime d’une vaste
dévastation à cause du conflit entre Waday et Boumou quand chaque
état s’efforça d’obtenir le contrôle de Baigirimi. Un état d’impasse
dura plusieurs années et n’apporta que le désastre à Baigirimi.
Les derniers rois
Après Nagarmabhah, il y eut une succession de faibles souverains qui
furent à tour de rôles des laquais entre les mains de Waday ou de
Boumou.
Muhammad Abou Bakr succéda au trône de Baigirimi, en l’an
1273 de l’Hégire (1857), essaya de libérer Baigirimi du contrôle de
Waday. La tentative échoua et par revanche Waday, en 1287 de
l’Hégire (1870), pilla Masina une nouvelle fois et prit un grand
nombre des citoyens de Baigirimi à Waday comme esclaves. En
conséquence de ce désastre, beaucoup de villages devinrent
abandonnés ainsi que les terres cultivées.
Profitant de cette situation, Rabih Ibn Fadlallah, un
aventurier militaire, prit Baigirimi en l’an 1308 de l’Hégire (1891)
quand les Français, pour rajouter à la misère, apparurent sur la
scène et attaquèrent Baigirimi en l’an 1314 de l’Hégire (1897). Rabih
fut vaincu et tué tandis que Baigirimi fut occupé par les Français.