Les souverains durant le huitième siècle de l’Hégire
(quatorzième siècle)
Doulama Dabalimi décéda en l’an 689 de l’Hégire (1290) et fut
succédé par al-Hajj Ibrahim, qui régna vingt et un ans et
décéda en l’an 710 de l’Hégire (1311). Après la mort d’al-Hajj
Ibrahim, l’anarchie régna et l’histoire des trente prochaines années
reste obscure. Il semble que pendant cette période la dynastie
dirigeante perdit le trône et Kanim fut gouverné par certains
usurpateurs.
Al-Hajj Idriss, un fils d’al-Hajj Ibrahim reprit le
trône en l’an 743 de l’Hégire (1343) et le géographe musulman Ibn
Batouta visita Kanim pendant cette période. Selon son récit, il
semble qu’al-Hajj Idriss ne se montra jamais aux gens et
conduisit toutes ses affaires sous un voile selon l’idée que le roi
était le représentant de Dieu sur la terre et comme Dieu était
invisible aux yeux humains de ce monde, le roi devait l’être aussi !
Idriss décéda en l’an 767 de l’Hégire (1366) et fut succédé par son
frère Daud, qui régna dix ans jusqu’en l’an 777 de l’Hégire (1376).
Il fut succédé par son neveu ‘Omar, le fils d’Idriss qui régna
jusqu’en l’an 799 de l’Hégire (1397).
Dans les années finales du huitième siècle de l’Hégire (quatorzième
siècle), la dynastie dirigeante fut expulsée de Kanim et s’établie à
Kaw dans Bomou, environ soixante kilomètres de Nijimi, la capitale
de Kanim.
‘Ali Ibn Dounama
L’histoire de la dynastie régnante durant les trois premiers quarts
du neuvième siècle de l’Hégire (quinzième siècle), est obscure. Il
semble que la dynastie dirigeante soit restée longtemps hors du
pouvoir qu’elle retrouva en l’an 881 de l’Hégire (1476), sous Ghazi
‘Ali Ibn Dounama qui fut un grand souverain qui mit fin aux guerres
fratricides.
En l’an 889 de l’Hégire (1484), il établit sa capitale à
Nagazargamou sur le fleuve Yo et réforma l’administration, subjugua
les états de Hausa à l’ouest et les astreignit à payer un tribut.
C’était un bon musulman et il prit des mesures pour faire respecter
la Shari’ah. Son règne dura vingt-sept ans et il décéda en
l’an 908 de l’Hégire (1503).
Katagarmabe
Katagarmabe succéda à Ghazi ‘Ali et régna de l’an 908 à 932 de
l’Hégire (1503 à 1526). Il reconquit Kanim qui fut gouverné comme
une province de Boumou.
Idriss Alawma
L’histoire pour la période de l’an 932 à 977 de l’Hégire (1526 à
1570) est obscure et les détails des rois qui régnèrent pendant
cette période ne sont pas disponibles.
Le prochain grand souverain fut Idriss Alawma qui prit le trône en
l’an 977 de l’Hégire (1570) et régna jusqu’en l’an 1011 de l’Hégire
(1603). Il fut un contemporain de l’empereur Moughal Akbar.
Idriss Alawma entreprit des campagnes tant à l’est qu’à l’ouest du
lac Tchad et étendit la juridiction territoriale de son état. Peu
après son arrivée au trône, il accomplit le pèlerinage et visita
quelques pays musulmans où il vit la valeur des armes à feu. Il
invita des mousquetaires ottomans pour entraîner son armée dans
l’utilisation des mousquets et prit des mesures pour améliorer la
force de frappe de ses forces. Il établit aussi une unité arabe de
troupes montées à chameaux dans son armée.
Grâce à sa force militaire, il captura beaucoup de villes des tribus
So. Il vainquit aussi les tribus Taurag qu’il pilla.
Idriss Alawma fit de l’Islam la religion d’état et tous les païens
de son état se convertirent à l’Islam. Il remplaça la loi séculaire
par la Shari’ah et sépara l’exécutif du pouvoir judiciaire.
Il établit des cours de Qoudat pour l’administration de la
justice et construisit à la Mecque une auberge pour le logement de
pèlerins de Boumou. Il construisit de nombreuses mosquées dans tous
ses dominions et encouragea le poids, les mesures et le commerce.
Après la mort d’Idriss Alawma, la gloire de Boumou se fada et des
deux prochains siècles furent une période de stagnation qui
entrainèrent un déclin général.
Les successeurs d’Idriss Alawma
Pendant le onzième siècle de l’Hégire (dix-septième siècle), le
souverain ‘Ali Ibn ‘Omar qui régna quarante ans, de l’an 1055 à 1096
de l’Hégire (1645 à 1685), atteignit une certaine renommée. Il
repoussa les attaques des Taurag du nord et de Joukouns du sud.
Au treizième siècle de l’Hégire (première décade du dix-neuvième
siècle), Ahmad Ibn ‘Ali fut le souverain de Bomou qu’il
gouverna de l’an 1205 à 1223 de l’Hégire (1791 à 1808). Il fut
impliqué dans la guerre avec les Foulbés qui sous leur souverain
Gwouni Moukhtar, captura, en 1223 de l’Hégire (1808), Nagazargamou,
la capitale de Boumou et Ahmad Ibn ‘Ali vaincu, s’enfuit de
la capitale. Après avoir recueilli le butin, les soldats de Foulbé
retournèrent dans leur propre pays ne laissant qu’un tout petit
contingent derrière eux.
Ahmad
Ibn ‘Ali demanda de l’aide à Muhammad al-Amine, un aventurier
militaire musulman, mieux connu sous le nom de Sheikh al-Qanami et
avec l’aide d’une force fournie par le Sheikh, Ahmad reprit
sa capitale mais en l’an 1226 de l’Hégire (1811), le Foulbé sous le
commandement d’Ibrahim Zaki, le successeur de Moukhtar Gwouni,
attaqua de nouveau Nagazargamou. Les forces de Bomou furent vaincues
et Dounama Loufiami qui avait succédé à Ahmad, s’enfuit de la
capitale.
Dounama Loufiami comme son prédécesseur chercha encore une fois
l’assistance de Muhammad al-Amin et dans la bataille qui
s’ensuivit, les forces de Foulbés furent expulsées de Bomou et le
trône restitué à Dounama Loufiami qui dû payer un lourd prix pour
une telle restauration. Tout le pouvoir fut alors conférer à al-Amin
et Dounama fut réduit au statut d’un souverain insignifiant.
Al-Amin exigea de Dounama en échange de son aide, la moitié des
revenus des territoires reconquis. Al-Amin installa ses partisans
dans Boumou et établit son cantonnement près de la capitale de
Boumou.
En l’an 1229 de l’Hégire (1814), il construisit la nouvelle ville de
Koukawah, qui devint sa capitale tandis que Dounama resta à
Nagazargamou qui perdit son importance. Dounama essaya de se libérer
de la tutelle d’al-Amin mais échoua dans sa tentative et perdit la
vie en l’an 1232 de l’Hégire (1817).
Dounama fut succédé par Ibrahim qui resta un laquais dans les mains
d’al-Amin qui mourut en l’an 1251 de l’Hégire (1835) et fut succédé
par son fils ‘Omar. Ibrahim chercha l’aide du souverain de Waday
pour se libérer du joug de ‘Omar et dans l’action qui suivit, les
forces de ‘Omar furent vaincues tandis qu’Ibrahim fut tué. Le
souverain de Waday installa ‘Ali le fils d’Ibrahim sur le trône de
Boumou et, par la suite, retira ses forces de Boumou ce qui fournit
l’occasion à ‘Omar de reprendre Boumou. ‘Omar déposa ‘Ali et devint
lui-même le souverain de Boumou.
Les souverains de la dynastie Sayfwa prirent fin en l’an 1262 de
l’Hégire (1846) et par la suite Boumou fut gouverné par ‘Omar et ses
descendants et sa dynastie prit le titre de Shihou.
Shihou ‘Omar régna trente-quatre ans et mourut en l’an 1297
de l’Hégire (1880). Il fut succédé par son fils Abou Bakr, qui
gouverna de l’an 1297 à 1301 de l’Hégire (1880 à 1884). Ibrahim, lui
succéda et gouverna une année. Le dernier souverain de la lignée fut
Hashim qui gouverna de l’an 1302 à 1310 de l’Hégire (1885 à 1893).
En l’an 1310 de l’Hégire (1893), l’état de Bomou fut capturé par
Rabi’ un autre aventurier qui mit fin au règne des Shihous.
Le Mali
Soun Dyata
L’état du Mali débuta comme une petite principauté sur les hauteurs
du plateau de Mandinka sur la rive droite du Niger supérieur, en
amont de l’actuelle Bamako. La première capitale de la principauté
fut Jaraybah située près de la jonction des fleuves du Niger et du
Sankarani.
Vers l’année 621 de l’Hégire (1224), Samagoro le chef de Sousa
conquit Manding et exécuta onze des douze fils du souverain du Mali.
Soun Dyata, le douzième fils échappa au massacre puisqu’il était
infirme et malgré son infirmité, Soun Dyata montra une énergie
remarquable. Il rassembla une force suffisante, vaincu l’usurpateur
et reprit le trône du Mali. Par la suite, il conquit Sousa et
l’annexé à son territoire.
En l’an 637 de l’Hégire (1240), il poussa ses conquêtes au loin et
captura Bamboko. Sous le règne de Soun Dyata, le Mali devint un état
puissant et les pays voisins ses vassaux. Soun Dyata décéda en l’an
653 de l’Hégire (1255) après un règne d’environ trente années.
Mansa Wali
Soun Dyata fut succédé par son fils Mansa Wali qui fut le premier
souverain du Mali à se convertir à l’Islam. Il était fut l’un des
contemporain de Rouqn ad-Din Baybars, le Sultan Mamelouk d’Egypte.
Mansa Wali effectua le Hajj et invita des ‘Oulama d’autres
pays musulmans à venir prêcher l’Islam. Il prit des mesures pour
promouvoir l’Islam et sous son règne, les conversions à l’Islam se
répandirent à grande échelle. Il construisit un grand nombre de
mosquées et de madrassas.
Mansa Wali décéda en 668 de l’Hégire (1270) après un règne de quinze
années et fut succédé par son frère qui était aussi Musulman. Il
suivit les pas de son prédécesseur et tenta de promouvoir l’Islam au
Mali mais il ne vécut pas longtemps et décéda en l’an 672 de
l’Hégire (1274) après un court règne de quatre années seulement.
Mansa Khalifa
Mansa Wali fut succédé par son frère Mansa Khalifah qui était un
faible d’esprit et pratiquait l’archerie sur ses sujets. Les gens
s’élevèrent contre lui et le tuèrent après un règne d’à peine une
année.
Abou Bakr
Après Mansa Khalifah, il n’y avait plus aucun prince de la dynastie
royale pour accéder au trône ainsi la succession se transmit par la
lignée femelle et Abou Bakr, un fils de la fille de Soun Dyata,
monta sur le trône. Mais ce dernier ne fut pas assez fort pour
maintenir le pouvoir en place et en l’an 684 de l’Hégire (1285),
Abou Bakr fut renversé et le trône fut capturé par Sabakourah, un
esclave libre de la dynastie royale.
Sabakourah
Sabakourah s’avéra être un puissant dirigeant. Il acquit de nouveaux
territoires, fit des raids autant sur Takrour à l’ouest que Songhay
à l’est et prit le contrôle des mines de cuivre à Takkida. Il était
un bon musulman et prit des mesures pour promouvoir l’Islam. Il
protégea les ‘Oulama et comme ses prédécesseurs, Sabakourah alla au
pèlerinage en l’an 699 de l’Hégire (1300) et décéda sur la route du
retour.
Son règne dura depuis quinze années.
Les successeurs de Sabakourah
Après Sabakourah, la succession revint à la légitime lignée et le
quatrième fils de Soun Dyata devint le nouveau souverain. Il décéda
en l’an 704 de l’Hégire (1305) et fut succédé par son fils Muhammad
qui régna cinq ans et décéda en l’an 709 de l’Hégire (1310). La
succession de nouveau retourna à la lignée femelle et le prochain
souverain fut Abou Bakr II, un fils de la sœur de Soun Dyata qui
régna depuis douze ans et décéda en l’an 722 de l’Hégire (1322).
Mansa Moussa
Abou Bakr II fut succédé par son fils Mansa Moussa qui fut le plus
grand souverain de la dynastie.
En l’an 725 de l’Hégire (1324-25), il accomplit le Hajj où il
montra sa fantastique richesse en donnant à la Mecque d’immense
biens en charité si bien que par sa munificence, le Mali fut bientôt
connu comme un riche pays dans tout le monde musulman. Mansa Moussa
invita des prêcheurs d’autres états musulmans et les récompensa
largement.
Sous Mansa Moussa, Kaw la capitale du Mali devint un grand centre
culturel islamique. Il fut aussi un bon commandant et entreprit des
campagnes de conquête. Il étendit son territoire par des conquêtes à
l’est et à l’ouest. Il annexa Songhay, captura Tombouctou qu’il
transforma aussi en grand centre culturel islamique.
Il invita le célèbre architecte
Abou Ishaq Ibrahim as-Sahili qui construisit un
palais, quelques mosquées et des madrassas.
Ibn Batouta le célèbre voyageur musulman visita le Mali pendant le
règne de Mansa Moussa et selon son récit, la mosquée principale de
la capitale était débordée le vendredi et même un roturier qui avait
une chemise courte, la lavait pour la prière du vendredi. Ibn
Batouta a rapporté que de grands efforts étaient déployés sur les
jeunes gens qui mémorisaient le Qur’an que la plupart des
jeunes connaissaient par cœur. Les ‘Oulama étaient très estimés et
vivaient dans un quartier indépendant de la ville, qui était
administré par les ‘Oulama eux-mêmes et où le pouvoir du roi était
exclus.
Mansa Moussa développa des relations amicales avec d’autres pays
musulmans et échangea des ambassades avec eux.
Maghan I
Mansa Moussa décéda en l’an 737 de l’Hégire (1337) et fut succédé
par son fils Maghan I. Son règne dura seulement quatre ans et en
l’an 741 de l’Hégire (1341), il fut renversé par Souleyman, un frère
de Mansa Moussa.
Souleyman
Souleyman fut aussi un bon souverain et comme l’extravagance de
Mansa Moussa affecta défavorablement les finances de l’état,
Souleyman réforma l’administration financière et introduisit des
mesures économiques. Il promut l’Islam et construisit de nombreuses
mosquées et madrassas. Il introduisit le Fiqh Maliki et invita des
juristes d’autres pays musulmans à aider l’état dans l’exécution de
la Shari’ah islamique.
Souleyman maintint des relations cordiales avec les Banou Marine du
Maroc et décéda en l’an 764 de l’Hégire (1363). Son règne dura
dix-neuf années durant lesquelles le Mali connut la paix et la
prospérité.
Qasa et Mari Djata
A la mort de Souleyman, son fils Qasa fut proclamé souverain mais
Mari Djata, un fils de Maghan I, contesta sa succession et Qasa fut
tué quelques mois seulement après son intronisation tandis que Mari
Djata devint roi.
Il fut un mauvais souverain, dissipa le trésor dans les dépenses
inutiles et opprima les gens avec de lourdes taxes. Il fut atteint
par la maladie du sommeil et décéda en l’an 774 de l’Hégire (1373)
après un règne d’environ douze ans.
Les successeurs de Mari Djata
Mari Djata fut succédé par son fils Moussa II qui fut un faible
souverain et tout le pouvoir se retrouva entre les mains de son
ministre en chef Mari Dyata.
Moussa resta sur le trône quatorze ans qu’il passa pratiquement
confiner au palais. Il fut succédé par son frère Maghan II qui lors
d’une rébellion de palais, fut tué en l’an 790 de l’Hégire (1388),
l’année de sa nomination.
Par la suite le trône fut occupé par le ministre en chef Mari Dyata
qui fut à son tour tué en l’an 792 de l’Hégire (1390). Le trône fut
repris par Majid, un prince de la dynastie royale, qui assura le
trône au nom de Mansa Maghan III. Il fut renversé en l’an 802 de
l’Hégire (1400) quand le Songhay annexa le Mali.
Le royaume de Masina
Au huitième siècle de l’Hégire (quatorzième siècle), les pasteurs
foulani gagnèrent le contrôle de la région de Masina, dans l’ouest
du Soudan alors qu’ils étaient vassaux du Mali. Quand Songhay
captura le Mali, les Foulani de Masina transférèrent leur allégeance
à Songhay et quand le Maroc occupa le Songhay du Nord, les Foulani
devinrent les vassaux du Maroc. Quand le pouvoir du Maroc déclina et
que celui des Bambara se leva, la principauté de Masina transféra
son allégeance à Bambara.
Shihou
Ahmadou
Pendant le dix-neuvième siècle, Masina devint le centre d’une
révolte islamique menée par Shihou Ahmadou.
Shihou Ahmadou naquit à Masina en l’an 1189 de
l’Hégire (1775). Il appartenait à une famille de savants religieux
et après avoir accompli son éducation religieuse, il débuta sa
carrière comme enseignant et pasteur.
Vers les années 1220 de l’Hégire (1805), il participa au Jihad
de ‘Uthman Dan Fodio dans l’Hausaland et s’installa par la suite
dans un hameau près de Jenne d’où il fut mis à la porte par les
autorités puisque ses activités étaient considérées répréhensibles.
Par la suite, il s’installa à Sono dans Sebera où il ouvrit une
école coranique mais il s’impliqua dans une dispute avec les
autorités et pour s’échapper à leur vengeance, il partit au Soja.
Dans le Soja, des mandats d’arrestations furent délivré contre lui
et il déclara le Jihad et se révolta contre les autorités. Il
critiqua le souverain aussi bien que les gens pour leurs pratiques
non-islamiques. Lors d’une confrontation avec les autorités, il
remporta une victoire près du Soja. Puis, il se retira à Moukamah,
qui devint le centre de ses activités mais il fut attaqué par les
forces collectives de Masina et de Bambara qu’il réussit à vaincre.
Sur ce, Shihou Ahmadou renversa le souverain de Masina
et le remplaça. Assit au pouvoir, il entreprit une carrière de
conquêtes et occupa le territoire jusqu’à Jenne et Kounari ou il
construisit une nouvelle capitale dans Kounari qu’il appela Ahmadallahi
et son état Dina, pour montrer son caractère religieux. Il fonda une
assemblée de consultation, Majlis Shourah, composée de plus
de quarante ‘Oulama pour le conseiller sur les affaires de l’état.
Il établit des madrassas et fit respecter l’éducation islamique
obligatoire. Il entreprit des conversions à l’Islam sur une grande
échelle et promut le mode de vie islamique. Il nomma un émir et un
Qadi pour chaque province, un système de taxation, un
trésor public ou Bayt al-Mal et une forme de service
militaire.
Selon des récits contemporains, l’état fondé par Shihou Ahmadou
était un état islamique modèle et Shihou Ahmadou
mourut en l’an 1260 de l’Hégire (1844). Au moment de sa mort, son
empire s’étendait sur toute la région de l’est du confluent du Volta
Noir et du Souri, au sud, à Isa Ber et au nord jusqu’à Tombouctou.
Ahmadou
II
Shihou Ahmadou fut succédé par son fils, qui prit le
titre d’Ahmadou II. A la mort d’Ahmadou, Tombouctou
rejeta l’autorité de Masina mais Ahmadou II réussit à
réaffirmer son autorité sur Tombouctou.
Ahmadou
décéda en l’an 1268 de l’Hégire (1852) après un règne de huit années
seulement.
Ahmadou
III
Ahmadou
II fut succédé par son fils qui prit le titre d’Ahmadou III.
Il entra en conflit avec le grand conquérant al-Hajj ‘Omar et
s’allia avec les Bambara de Ségou. Malgré cette alliance, Ahmadou
III fut vaincu et tué en l’an 1278 de l’Hégire (1862), tandis que sa
capitale Ahmadallahi fut prise par ‘Omar.
Les derniers souverains de Masina
Après la bataille et le meurtre d’Ahmadou III, Masina fut
occupé par al-Hajj ‘Omar qui ne put apprécier longtemps son
triomphe.
En l’an 1280 de l’Hégire (1864), un oncle d’Ahmadou III se
révolta au cours de laquelle ‘Omar perdit la vie et après sa mort,
l’anarchie régna. Après quelques années de lutte, at-Tajani le neveu
de ‘Omar réoccupa Masina et déplaça sa capitale à Banjigara.
At-Tajani appliqua les lois islamiques sévèrement quand le bureau du
Mouhtassib se transforma en inquisition.
At-Tajani fut succédé par son fils at-Tafsir qui gouverna jusqu’en
l’an 1305 de l’Hégire (1888). At-Tafsir fut succédé par son fils
Mounir qui fut tué par les Français en l’an 1309 de l’Hégire (1892).
Xanta Koutal fondateur du royaume de Kibbi
Au début du dixième siècle de l’Hégire (seizième siècle), Koutal un
chef local de Lika réunit une armée et réussit à capturer certaines
des petites principautés et les rendre tributaires.
Dans la deuxième décade du seizième siècle, il s’allia avec le
souverain Askiya de Songhay et ensemble firent quelques conquêtes
collectives. Plus tard, les alliés se séparèrent suite à une dispute
sur le partage du butin.
Par la suite, Koutal fonda l’état de Kibbi et établit sa capitale à
Souraymah tout en prenant le titre de Kanta. Il construisit un fort
à Souraymah ou il plaça une large garnison. Il fit de nombreuses
conquêtes et étendit considérablement ses territoires avec
l’ambition d’introduire Kibbi dans son grand empire.
Il commanda une expédition contre Boumou qu’il vainquit mais en
revenant triomphalement du champ de bataille, il tomba dans une
embuscade et trouva la mort en l’an 952 de l’Hégire (1545).
Le dixième siècle de l’Hégire (seizième siècle) produisit de
nombreux grands souverains dans le monde musulman et Kanta Koutal
fut l’un d’entre eux.
La région de Kibbi se trouve à l’est de Dendi entre le Zarma et les
habitants d’Hausa. Selon la tradition, les gens de Kibbi étaient les
fils d’une mère Katsina et d’un père Songhay. Le centre de pouvoir
Kibbi était à l’extrémité Ouest de la terre d’Hausa.
Les successeurs de Kanta Koutal
Kanta Koutal fut succédé par son fils Muhammad qui s’impliqua
dans la guerre avec Songhay qui finit en traité de paix, quand les
deux états décidèrent de vivre dans la paix l’un avec l’autre.
Muhammad décéda en l’an 968 de l’Hégire (1561) et ses
successeurs régnèrent encore environ cent ans avant de décliner et
les principautés qui étaient tributaires de Kibbi se séparèrent et
formèrent leurs propres états indépendants.
Les chefs de Gobir, Ahir et Zamfara se rebellèrent contre Kibbi,
déclarèrent leur indépendance et prirent les villes voisines.
En l’an 1127 de l’Hégire (1715), Kibbi sous le règne de Toumou Kanta
subit une défaite désastreuse aux mains de Zamfra et suite à la
défaite, Kibbi perdit sa capitale Souraym.
Par la suite, Kibbi construisit une nouvelle capitale à Bimin Kibbi
et malgré ce morcellement, le royaume de Kibbi se maintint dans un
état réduit.
Durant le douzième siècle (dix-huitième siècle), Bimin Kibbi se
développa en un centre d’études islamiques et beaucoup de ‘Oulama du
monde musulman s’y installèrent. Pendant cette période, Kebbi
prospéra matériellement à cause des travaux de ses cultivateurs.
Pendant le treizième siècle de l’Hégire (dix-neuvième siècle), le
royaume de Kibbi se trouva exposé à l’attaque du Foulbé et les
habitants de Kibbi luttèrent courageusement contre le Foulbé mais
Kibbi perdit son territoire continuellement et fut réduit au statut
d’un très petit état d’Argoungo. Ce très petit état fut occupé par
les Britanniques dans les années finales du treizième siècle de
l’Hégire (dix-neuvième siècle).
Le royaume d’Adamawa des Foulbés Kitiji
Les Foulbés étaient établis dans Boumou au milieu du dixième siècle
de l’Hégire (seizième siècle).
Un siècle plus tard, ils s’établirent dans Baigirimi. Pendant le
douzième siècle de l’Hégire (dix-huitième siècle), ils
s’installèrent parmi les tribus païennes du plateau au nord du
Cameroun qui les traitèrent en vassaux et ils furent appelés les
Foulbés Kitiji.
Progressivement, les Foulbés gagnèrent en force et influence et
leurs chefs menèrent des raids dans le pays. Adama, l’un de leurs
chefs, reçut une éducation religieuse dans Boumou et accomplit le
pèlerinage à la Mecque.
Ayant entendu l’appel au Jihad lancé par ‘Uthman Dan Fodio,
il partit à Sokoto en l’an 1221 de l’Hégire (1806) et porta
allégeance à ‘Uthman, qui le nomma calife pour son pays natal, lui
confia un étendard et lui demanda de retourner dans son pays et d’y
conduire le Jihad. Il débuta son Jihad en l’an 1224 de
l’Hégire (1809) et soumit les païens du nord. Il soumit aussi les
Mandaras qui étaient déjà Musulmans.
En l’an 1240 de l’Hégire (1825), il conquit le pays de plateau au
sud, fonda en l’an 1257 de l’Hégire (1841), la ville de Yola sur le
Benue et y établit sa capitale. L’état qu’il établit fut connut sous
le nom d’Adamawa après lui.
Adama déclara l’Islam comme religion d’état. Il construisit des
mosquées et rendit la présence aux prières du vendredi obligatoire.
Bien que les gens fussent des Musulmans, certaines pratiques
païennes continuaient d’être pratiquées et selon les chroniques, les
amulettes et les charmes populaires des païens s’attirèrent aussi
les bonnes grâces des Musulmans.
Adama mourut à Yola en l’an 1264 de l’Hégire (1848).