L’Islam en Afrique centrale
Takrour ou le Soudan de l’ouest
J’en profite pour vous rappeler que le mot « Soudan » n’est pas
l’actuel Soudan mais le « pays des Noirs » donc de l’Afrique
centrale dont nous allons vous rapporter brièvement
l’histoire jusqu’à la fin du
dix-huitième siècle.
Le Soudan de l’ouest, est la partie de l’Afrique arrosée par les
fleuves du Sénégal et du Niger actuel. C’est des rivages de ces
fleuves que s’élevèrent dans cette partie du monde les premiers
royaumes ou les autorités.
L’apparition de l’Islam
L’Islam arriva en Afrique du Nord durant les deux premiers siècles
de l’Hégire (septième et huitième siècles). Comme le Soudan de
l’ouest était séparé de l’Afrique du Nord par un immense désert,
l’Islam arriva tardivement dans cette partie de l’Afrique centrale
ou il se propagea d’abord à Takrour et au Ghana.
À l’embouchure du fleuve Sénégal, sur la côte atlantique, se
trouvait le port d’Awlilet qui semble avoir été visité par les
commerçants musulmans du Maroc et de l’Andalousie et les habitants
du Soudan de l’ouest furent invités à l’Islam par ces commerçants.
Comme pour l’Indonésie, la propagation de l’Islam dans le Soudan de
l’ouest fut pacifique et ce fut dans la basse vallée sénégalaise que
l’Islam fut introduit et s’étendit à d’autres parties. Cette région
fut visitée par les célèbres voyageurs musulmans Abou ‘AbdAllah Muhammad
Ibn Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn Idriss al-Qourtoubi al-Hassani
plus connu sous le nom d’al-Idrissi[1]
et Abou ‘Oubayd ‘AbdAllah Ibn ‘Abdel ‘Aziz Ibn Muhammad
al-Bakri ou Abou ‘Oubayd al-Bakri[2]
et c’est grâce aux récits de leurs voyages que nous avons appris
comment l’Islam s’est propagé dans cette région.
Au troisième siècle de l’Hégire (dixième siècle) il y eut trois
autorités dans la basse vallée du Sénégal.
Selon le compte-rendu d’al-Bakri, l’embouchure du Sénégal était sous
la direction des Sanghanah puis de Takrour et de Silla. Selon la
tradition, l’autorité de Takrour fut fondée par Dya’ogo vers l’an
235 de l’Hégire (850).
En l’an 421 de l’Hégire ou dans la troisième décade du dixième
siècle, War Jabi le chef de Takrour se convertit à l’Islam et sous
sa direction, tous les gens de Takrour se convertirent aussi. Les
gens de Takrour furent les premiers noirs à accepter l’Islam. Sous
War Jabi, Takrour prit de l’importance, les chefs voisins devinrent
ses vassaux et la ville un important centre commercial.
War Jabi décéda en l’an 440 de l’Hégire (1049) et fut succédé par
son fils Libou. En l’an 448 de l’Hégire (1056), Libou rejoignit les
Mourabitine sous le règne de Yahya Ibn ‘Omar dans le Jihad
contre Gondala, un royaume de païens au nord de Takrour mais les
Musulmans furent défait. Par conséquence, Takrour perdit son
importance ainsi qu’une partie considérable de son territoire.
Au septième siècle de l’Hégire (treizième siècle), les Woulouf se
séparèrent de Takrour et formèrent la principauté indépendante de
Joulouf et perdit bientôt son Islam. Quand le Ghana s’éleva au
pouvoir, Takrour devint son vassal et quand le Mali prit à son tour
le pouvoir, Takrour lui porta allégeance. Quand plus tard, le
Songhay domina le Mali, Takrour devint une partie de l’empire de
Songhay.
Au cours de son histoire islamique, Takrour fut habité par deux
groupes principaux de gens, un groupe de nomades ruraux, clairs de
peaux appelés les Foulani et l’autre, des sédentaires noirs. Takrour
fut remarquable pour la défense et la conservation de l’Islam si
bien que même quand elle devint une partie du Mali ou de Songhay,
les autres états furent référés par les écrivains musulmans sous le
nom de Takrour. Bien que Takrour perdit son importance politique,
elle conserva un charme intellectuel et dans les principales terres
musulmanes d’Egypte ou les villes al-Haramayn de la
Mecque et de Médine, les Musulmans du Soudan de l’ouest furent
surnommés « at-Takrouri », ou Toukoulour, les gens de Takrour.
Le Ghana
Le Ghana était à l’origine le nom d’une ancienne ville du Soudan de
l’ouest, qui de nos jours a disparu, qui se trouvait non loin de la
ville actuelle de Walata, dans la région d’Awkar au nord du Niger.
Au troisième siècle de l’Hégire (neuvième siècle), le Ghana
comprenait la plus grande partie de Hawd et Tougent aussi
bien qu’Awkar-Baghana, avec le Niger à l’est et le Sénégal au sud.
Le Ghana était aussi connu pour ses mines d’or et selon Ibn Houqal,
le roi du Ghana était le roi le plus riche du monde.
Le célèbre voyageur al-Bakri visita le pays en l’an 459 de l’Hégire
(1067-68) et selon son récit, le Ghana était le titre du roi tandis
que le nom du pays était Awkar. Le réel nom du roi était Manim qui
était un païen qui privilégia l’Islam et certains de ses sujets
étaient des Musulmans. La capitale était composée de deux villes
dont l’une peuplée par des Musulmans et qui comptait douze mosquées
et à cause de sa localisation entre le Sahara et le Soudan, la
capitale de l’état était un important centre commercial d’or extrait
des mines de Wangara.
Au cinquième siècle de l’Hégire (onzième siècle), le Ghana étendit
son contrôle sur une partie du Sahara en prenant l’importante ville
saharienne d’Awdaghast.
Le Sahara
A cette époque, l’Islam s’était déjà étendu au Sahara, mais les gens
ignoraient beaucoup de ses enseignements.
Un chef saharien Yahya Ibn Ibrahim invita un savant religieux
des Mourabitine ‘AbdAllah Ibn Yassine à s’installer dans le Sahara
et à enseigner l’Islam aux gens. ‘AbdAllah Ibn Yassine établit un
« Ribat » dans le désert qui devint centre de prédication et
d’enseignement de l’Islam qui attira un grand nombre de disciples.
Il fit respecter le mode de vie islamique parmi ses disciples et la
stricte observation des injonctions de l’Islam puis, il bâtit la
nouvelle ville d’Artnanna où aucune maison ne dépassait une autre et
ou les lois islamiques étaient dument appliquées pour le respect de
la Shari’ah islamique. L’adultère, le mensonge et
l’ivrognerie furent réprimées,
les instruments de musique détruits et les dépôts de vin
fermés. Il fit respecter la limite de quatre femmes et décréta que
les dots ne devaient pas excéder de limite particulière.
Le retard et la négligence de la prière ainsi que la levée des voix
dans les mosquées furent aussi réprimées mais ces mesures
rigoureuses de ‘AbdAllah Ibn Yassine engendrèrent le mécontentement.
Les gens se levèrent contre lui et il dut s’enfuir à Wallaj
toutefois, un très grand nombre de Mourabitine sortirent de son
Ribat et c’est à leur tête qu’il revint puis attaqua le Ghana et
captura Awdaghast. Les Mourabitine et le Ghana restèrent en état de
guerre durant environ vingt ans.
Les Mourabitine
Les Mourabitine sous le règne d’Abou Bakr prirent le Ghana en l’an
468 de l’Hégire (1076) qui devint un vassal des Mourabitine et sous
le pouvoir de ces derniers, l’Islam se propagea rapidement dans
toutes les parties du Ghana. La suzeraineté des Mourabitine sur le
Ghana ne dura pas plus d’une décade et après la mort d’Abou Bakr, le
Ghana retrouva son indépendance. L’état, cependant, perdit son unité
et se morcela en un certain nombre de principautés.
A la fin du sixième siècle de l’Hégire (douzième siècle), seul deux
grands états du territoire du Ghana persistèrent, Awkar et
Sassikonno. Après le morcellement du Ghana, Sousa localisé entre le
Ghana et Manding devint l’une des plus importantes principautés et
en l’an 599 de l’Hégire (1203), le chef Samoungourkanth de Sousa
conquit le Ghana et l’incorpora dans son dominion.
En l’an 601 de l’Hégire (1205), une partie des Musulmans du Ghana
mené par le Sheikh Isma’il quitta la ville du Ghana et émigra vers
l’ouest où il fonda la ville de Walata.
En l’an 637 de l’Hégire (1240), le chef Malinke Soundayta prit Sousa
puis Ghana qu’il rasa au sol. Quand le Mali devint puissant au
septième siècle de l’Hégire (treizième siècle), il incorpora Ghana
et quand le Mali fut capturé plus tard par les Songhay, le Ghana
devint une partie de l’empire de Songhay.
Malik Si, le fondateur du royaume de Foutah Bondou
L’état de Foutah Bondou dans le Soudan de l’ouest, fut fondé par
Malik Si, un ecclésiastique Toukoulour, autour de l’année 1060 de
l’Hégire (1650). Après Malik Si, la dynastie dirigeante fut connue
sous le nom de Sisibi. La famille s’installa dans une région
inhabitée, le territoire Mande. Malik Si réunit un certain nombre de
partisans et monta une forme de gouvernement avant de décéder en
l’an 1081 de l’Hégire (1680).
Amadi Gayah
Avec le temps, la population de développa et l’état grandit en
importance.
Le premier souverain de la dynastie qui se convertit à l’Islam fut
Amadi Gayah, qui succéda au trône en l’an 1177 de l’Hégire (1764) et
prit le titre d’al-Mami. À cette époque, l’état de Foutah Bondou
était un état tampon entre Bambara et Karta. Amadi Gayah décéda en
l’an 1199 de l’Hégire (1785).
Amadi Isata
Amadi Gayah fut succédé par Amadi Isata qui fut un grand souverain
de la dynastie. Comme Foutah Tourou et Foutah Jaloun, Foutah Bondou
lanca aussi le Jihad et convertit les païens à l’Islam.
Foutah Bondou entra en guerre avec Foutah Tourou et lors de la
confrontation entre les forces des deux états, ‘Abdel Qadir, le
souverain de Foutah Tourou, fut vaincu et tué ce qui augmenta le
prestige de Foutah Bondou.
Le souverain de Qarat prit la cause de ‘Abdel Qadir et voulut
qu’Amadi Isata paye le prix du sang à Foutah Tourou pour
l’assassinat de ‘Abdel Qadir mais Foutah Bondou refusa ce qui
conduisit à de sanglants conflits entre les états de Qarta, Foutah
Bondou et Foutah Tourou qui se poursuivirent durant plusieurs années
à l’inconvénient des trois états.
Le voyageur Mungo Park visita Bondou en l’an 1209 de l’Hégire (1795)
et selon son récit, la majorité des gens était Musulmans et les lois
de la Shari’ah appliquées par l’état. Amadi Isata mourut en
1234 de l’Hégire (1819) après un règne de vingt-cinq ans, de l’an
1208 à 1234 de l’Hégire (1794 à 1819).
Abou Bakr Sa’ada
Vers le milieu du treizième siècle de l’Hégire (dix-neuvième
siècle), la France devenue une puissance coloniale dans la région,
l’al-Mami de Bondou de l’époque, Abou Bakr Sa’d, trouva la sécurité
en lui demandant protection après avoir refusé de joindre le
Jihad de ‘Ala Hajj ‘Omar et par représailles l’armée
d’al-Hajj ‘Omar pilla Bondou en l’an 1272 de l’Hégire (1856).
‘Omar Ponda
Abou Bakr décéda en l’an 1302 de l’Hégire (1885) et fut succédé par
‘Omar Pounda tandis que la politique officielle de l’état était de
chercher la protection de la France cependant, un parti fit campagne
contre la servilité à la France.
Le mouvement de résistance contre les Français fut mené par Muhammad
al-Amin, plus connu sous le nom de Mamoudou Lamine, un défenseur de
Soninke. Il étudia chez différents savants religieux et fit sa
première apparition parmi les compagnons d’al-Hajj ‘Omar et
Amadou Sékou.
Après avoir accompli le Hajj, il déclara être un Khalifah
d’al-Hajj ‘Omar et voulut établir un état à Dyakhanke. Son
ambition fut réduite à néant par l’arrivée des Français, la misère
de l’Afrique, dans la région. Il leur déclara la guerre et assiégea
Bakel en l’an 1303 de l’Hégire (1886) mais fut repoussé et se
retrancha à Bondou d’où il mena le mouvement de résistance contre
les Français. Sous la pression de ces derniers, il fut éconduit de
Bondou et se réfugia d’un endroit à l’autre jusqu’à ce qu’il fut tué
à Toubakouta au mois de Rabi’ Awwal de l’année 1304 de l’Hégire
(décembre 1887).
Suite à la campagne et l’occupation française et comme dans de
nombreux pays, Foutah Bondou fut dévastée et toute vie anéantie dans
l’état et comme pour l’Afrique du Nord, l’Afrique noire fut sujette
à d’effroyable massacres et génocides par les colonisateurs au début
du quatorzième siècle de l’Hégire (fin du dix-huitième).
Ibrahim Souri, le fondateur de Foutah Jaloun
Foutah Jaloun, dans le cœur de la zone tropicale du Soudan de
l’ouest, était une région montagneuse de plateaux, brisés ci et là
par des collines isolées et découpées par de profondes vallées.
Vers le début des années 1100 de l’Hégire (fin du dix-septième
siècle), les Foulbés émigrèrent de Masina et de Hawd et
s’installèrent dans la vallée du Bafing et de Tene.
Les Foulbés étaient Musulmans bien que leur Islam soit insignifiant
et progressivement, ils gagnèrent en force et aspirèrent à la
suprématie politique. Ils adoptèrent l’Islam comme cri de guerre et
sous leur chef Souri, les Foulbés fondèrent l’état de Foutah Jaloun,
avec la capitale à Fougoumbah.
Souri était appelé le Sheikh, mais lorsqu’il devint politiquement
puissant, il reprit le titre d’al-Mami, l’Imam Principal. Il déclara
l’état islamique et la Shari’ah, la loi suprême de la terre
et constitua un conseil de ‘Oulama, qui l’aidèrent dans
l’administration des affaires de l’état. Il protégea les ‘Oulama et
prit des mesures pour promouvoir le mode de vie islamique.
Les ‘Ouléma d’autres pays musulmans furent attirés à Fougoumbah, qui
devint un grand centre culturel islamique et les savants religieux
exercèrent une grande influence dans la ville. Souri débuta comme un
enseignant religieux, mais quand il acquit le pouvoir politique il
devint plus un chef de guerre et un souverain qu’un enseignant
religieux. Il établit une armée et étendit ses conquêtes.
Avec l’acquisition du pouvoir, des différences grandirent entre
Ibrahim Souri et les ‘Oulama qui l’accusèrent d’être un dictateur
tandis qu’Ibrahim Souri accusa les ‘Oulama d’être trop étroit
d’esprit. Les différences s’élargirent entre eux et pour échapper à
l’influence des ‘Oulama, Ibrahim Souri déplaça la capitale politique
de Fougoumbah à Timbou.
À ce stade, deux partis vinrent à exercer le pouvoir, le parti des
guerriers basé à Timbou qui avait le soutien d’Ibrahim Souri et le
parti des ‘Oulama basé à Fougoumbah qui avait le soutien des
‘Oulama.
Le désaccord entre les deux groupes s’approfondit et à Timbou,
Ibrahim Souri fonda un conseil avec les ‘Oulama qui l’avait soutenu.
À Fougoumbah, les ‘Oulama élurent l’un d’entre eux qui renia
l’autorité d’Ibrahim Souri mais ce dernier ne vécut pas longtemps et
mourut en l’an 1198 de l’Hégire (1784).
Les successeurs d’Ibrahim Souri
Ibrahim Souri fut succédé par son fils Sa’d qui ne fut pas aussi
brillant que son père et qui n’entreprit aucune conquête
supplémentaire ce qui approfondit les différences entre les deux
partis.
Sa’d ne vécut pas longtemps et décéda en l’an 1205 de l’Hégire
(1791). Suite à sa mort, l’anarchie prédomina dans les affaires de
l’état et lors de chaque succession au trône, il y avait des
affronts entre les deux partis qui menaient souvent au carnage.
En l’an 1253 de l’Hégire (1837), un arrangement fut conclu et
un candidat désigné de chaque parti devait occuper la place
d’al-Mami pour une période de deux ans. Cet arrangement s’avéra non
pratique, puisqu’à l’expiration de son terme, l’al-Mami ne voulait
pas quitter ses fonctions et la force devait être utilisée.
Ces dissensions affaiblirent l’État qui fut colonisé par la France
en l’an 1313 de l’Hégire (1896) et l’état islamique de courte durée
de Foutah Jaloun prit fin.
Samouri Toura
Samouri Toura ou Imam Samoud étaient un Moujahid de l’Islam
du dix-neuvième siècle. C’était un chef guerrier qui mena le
Jihad dans l’Afrique de l’ouest. Il naquit vers l’année 1245 de
l’Hégire (1830), dans un village au sud de Kankan, dans le plateau
de Mandingo. Son père était un gardien de troupeau prospère. Samori
devint commerçant et ainsi, il entra en contact avec les Musulmans
et se convertit à l’Islam.
Vers l’année 1267 de l’Hégire (1851), lors d’un conflit local, la
mère de Samouri fut asservie par un chef guerrier local musulman.
Samouri le servit alors pour payer la rançon de sa mère et après
quelques années de service, il libéra sa mère. Samouri exécuta des
raids avec succès contre les païens et il fut bientôt réputé pour
ses prouesses et réunit un grand nombre de partisans qui étaient
convaincus qu’il recevait l’aide de Djinns.
Samouri devint un enseignant religieux et un prêcheur. Il lança un
mouvement pour la purification de l’Islam et pour la conversion des
païens à l’Islam.
Le mouvement lancé par Samouri Toura porta ses fruits et il réussit
à convertir un grand nombre de gens à l’Islam. Il prit des
dispositions pour l’entraînement militaire de ses partisans et avec
cette force considérable à sa disposition, il entreprit une campagne
de conquêtes. Il conquit ainsi un nombre important de petites
principautés et conçut l’idée d’en faire un empire Mandingo. Il
établit sa capitale à Sesandougou, sur la frontière du Liberia et
établit un état islamique dans lequel il appliqua la Shari’ah.
Pour chaque village, il nomma un Imam. L’Imam conduisait les prières
dans la mosquée du village et était aussi responsable de
l’administration des affaires du village. Samouri Toura prit le
titre d’al-Mami et il fut comme un père pour ses gens tandis que son
règne fut bienveillant et juste.
Au début du dix-huitième siècle, Samouri Toura entra en conflit avec
les Français qui établissaient un empire colonial dans l’Afrique de
l’ouest.
Le conflit culmina par un traité ou les sphères d’influence des deux
pouvoirs furent délimitées mais comme à leur habitude, les mécréants
transgressèrent le traité et occupèrent la capitale de Samouri Toura
en l’an 1308 de l’Hégire (1891). Samouri Toura créa alors un nouvel
état dans la Côte d’Ivoire supérieure d’où il fit des raids
fréquents sur le territoire occupé par les Français.
Samori Toura lanca l’appel au Jihad et mena la guerre contre
les Français au nom de l’Islam. Au début de ses campagnes, il gagna
quelques succès et ses raids audacieux décontenancèrent les
envahisseurs. L’Imam Samoud devint un symbole de résistance aux
pouvoirs impériaux et il acquit la gloire internationale de grand
chef militaire. Cependant, il ne put pas poursuivre longtemps le
Jihad contre les Français à cause de ses ressources limitées et
de plus, un rival apostat le trahit et lors d’une confrontation avec
les envahisseurs à Cavalia, Imam Samoud fut vaincu et prit captif
mettant fin à son état tandis que son territoire fut annexé par les
Français. Imam Samoud fut exilé au Gabon où il mourut en l’an 1318
de l’Hégire (1900).
Oumme, le premier souverain musulman de Kanim-Bornou
La région entre le lac Dhad et le fleuve Niger était généralement
appelée le Soudan central. Le premier état, qui gagna de
l’importance dans cette région fut celui de Kanim. Cet état, qui est
maintenant le Tchad, fut fondé par les nomades Sahariens, Zaghawa.
Les neuf premiers souverains de Kanim furent des païens et le
dixième de la lignée Oumme, qui régna de l’an 478 à 490 de l’Hégire
(1085 à 1097), fut le premier souverain de la dynastie à se
convertir à l’Islam.
La dynastie qui prétendit descendre de Sayf Ibn Yazan du Yémen fut
donc connue comme la dynastie de Sayfwa.
Dounama
Oumme décéda en l’an 490 de l’Hégire (1097) et fut succédé par son
fils, Dounama qui régna durant cinquante-trois ans, de l’an 489 à
545 de l’Hégire (1096 à 1150). Kanim était, jusqu’à présent un état
de nomades sans capitale mais Dounama en établit une à Nijmi.
Dounama était attaché à l’Islam et accomplit deux fois le
pèlerinage. Il invita des ‘Oulama d’autres terres musulmanes pour
l’aider à promouvoir les études islamiques.
En l’an 545 de l’Hégire (1150), il accomplit le Hajj pour la
troisième fois mais se noya dans la mer à son retour.
Salma
Dounama fut succédé par son fils Salma qui régna pendant soixante et
onze ans et ce fut le plus long gouvernement d’un monarque dans
toute l’histoire de l’humanité. Kanim obtint le contrôle des routes
commerciales vers Afrique du Nord et avec l’aide des Banou Hafs
de Tunisie et conquit la plus grande partie du Sahara.
Dounama Dabalimi
Salma décéda en l’an 618 de l’Hégire (1221) et fut succédé par son
fils Dounama Dabalimi qui régna de l’an 618 à 657 de l’Hégire (1221
à 1259). Il maintint des relations amicales avec les Banou Hafs
et en l’an 655 de l’Hégire (1257), il envoya un riche présent au
Sultan des Banou Hafs dont une girafe qui fut une curiosité
pour les habitants de Tunisie.
Le règne de Dounama fut secoué de guerres et il dut lutter contre
une section de la tribu dirigeante des Boulala qui étaient encore
des païens et appela au Jihad.
L’expansion de l’État n’étant pas possible vers le sud à cause des
marais et des rivières ses campagnes furent donc dirigées de l’autre
côté du lac Tchad sur les rives de l’Youn, dans la région connue
sous le nom de Boumou.
[1]
Géographe et botaniste, né à Ceuta vers 1100. Il grandit à
Cordoue sous les Mourabitine et serait mort en 1165 en
Sicile. Il doit sa renommée à la rédaction d’un ouvrage de
géographie descriptive intitulé « kitab nouzhat al
moushtaq ».
[2]
Géographe et historien andalou né en 1014 à Huelva. Fils du
l’émir de la Taïfa de Huelva et Saltes, al-Bakri passa la
majeure partie de sa vie à Cordoue où il décéda en 1094.
Il est l’auteur d’un dictionnaire géographique, le
Dictionnaire des mots indécis, dont les noms sont classés
par ordre alphabétique et concernent surtout l’Arabie. Il a
également écrit une Description géographique du monde connu,
sorte de compilation dont il reste des fragments, notamment
les parties qui décrivent l’Afrique du Nord et le Soudan.
Son œuvre majeure reste « Kitab al-Masalik wa-al-Mamalik »
(Livre des routes et des royaumes), rédigé en 1068 dans la
tradition de Ibn Khourradadhbih, basé sur les récits
de voyage des marchands et marins antérieurs ou
contemporains, parmi lesquels Youssouf al-Warraq et Ibrahim
ibn Ya’qoub. Son travail décrit chaque pays, son peuple, ses
coutumes, son climat et ses principales villes, avec plein
d’anecdotes. Toutefois, une grande partie de ses écrits ne
nous est pas parvenue (Wikipedia).