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Les patrouilles
musulmanes
1 - Une patrouille de 30 cavaliers sous le commandement
de Hamza Ibn ‘Abd al-Mouttalib. Cette patrouille croisa
une caravane commerciale de Qouraysh escortée de 300
gardes commandés par Abou Jahl Ibn Hisham. La rencontre
eut lieu pendant le mois de Ramadan de l’an 1 de
l’Hégire dans la région d’al-‘Is sur le littoral mais, à
cause de l’interposition de Moujdi Ibn ‘Amrou
al-Jouhani, le combat fut évité.
2 - Une patrouille de 60 cavaliers sous le commandement
de ‘Oubayd Ibn al-Harith sortit vers la vallée de
Rabigh, pendant le mois de Shawwal de l’an 1. Son but
était de menacer le commerce de Qouraysh. Cette
patrouille rencontra 200 combattants Qouraysh sous le
commandement d’Abou Soufyan (radhiyallahou ‘anhou) mais
le combat n’eut pas lieu.
Cette incursion vit le ralliement d’al-Miqdad Ibn ‘Amrou
al-Bahrani et de ‘Outbah Ibn Ghazwan qui étaient déjà
musulmans avant de sortir avec la compagnie mecquoise.
3 - Une patrouille de reconnaissance composée de 8
Mouhajirine commandés par Sa’d Ibn Abi Waqqas se rendit
jusqu’à al-Kharrar dans le but de menacer la route
commerciale de Qouraysh, et ce, pendant le mois Dzoul
Qi’dah de l’an 1. Aucun affrontement n’eut avec
l’ennemi.
4 - L’incursion de Wadan menée par le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) jusqu’à la région du
même nom, durant le mois de Safar de l’an 2 de l’Hégire
(les dates sont celle de l’Hégire pour le reste du
texte). Son unité de combat se composait de 200
combattants. Ils ne livrèrent aucune bataille mais
revinrent à Médine avec un accord de non-agression avec
les tribus des Banou Zoumrah Ibn Bakr Ibn Kinana.
5 - L’incursion de Bouwat
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) sortit avec
100 combattants dans la région de Bouwat, sur la route
menant de la Syrie à La Mecque, durant le mois de Rabi’
Awwal de l’an 2. Le but de la patrouille était de tendre
un piège à une caravane de Qouraysh mais celle-ci
s’échappa.
6 - L’incursion d’al-‘Ashirah
200 combattants dirigés par le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) se rendirent à al-‘Ashirah dans la
région Yanbou’ dans le but de menacer le commerce de
Qouraysh. La compagnie revint sans qu’il ait eu
accrochage car la caravane s’échappa. Cependant, le
Prophète réussit, pendant l’incursion, à signer un pacte
de non-agression avec les Banou Moudlaj alliés de Banou
Zoumrah, et ce, durant le mois de Joumadah Awwal de l’an
2.
7 - La première incursion de Badr.
Au mois de Joumadah Thani de l’an 2, le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) sorti avec une compagnie
de 200 combattants pour pourchasser des unités légères
des polythéistes qui avaient pillé quelques troupeaux,
près de Médine. La poursuite s’acheva dans la vallée
Safwan, près de Badr sans résultat.
8 - La dernière expédition fut celle dirigée par
‘Abdallah Ibn Jahsh dont la mission fut de mener une
opération de reconnaissance sur les Qouraysh. La
patrouille composée de huit Mouhajirine, arriva à
Nakhlah entre La Mecque et Ta’if et pu prendre un piège
à une caravane des Qouraysh chargée de marchandises.
Lors de l’accrochage, un polythéiste nommé ‘Amrou Ibn
al-Hazrami fut tué et toute la caravane fut ramenée à
Médine avec deux prisonniers. Le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) exprima sa désapprobation de
l’opération car l’opération se passa pendant le mois de
Rajab, un des mois sacrés (houroum). Mais Allah Exalté
conforta son Messager et sauva la patrouille. Allah
Exalté fit descendre le verset suivant : « Ils
t’interrogent sur le fait de faire la guerre pendant les
mois sacrés. – Dis : « Y combattre est un péché grave,
mais plus grave encore auprès d’Allah est de faire
obstacle au sentier d’Allah, d’être impie envers
Celui-ci et la Mosquée sacrée, et d’expulser de là ses
habitants. L’association est plus grave que le meurtre.
» (Qur’an 2/217)
Prélude à
la grande bataille de Badr
Avec la révélation de ce Verset, les deux partis
conscients des enjeux, le conflit armé allait prendre de
l’ampleur. Les craintes des mécréants mecquois se
confirmèrent tandis que Médine resta tout le temps en
alerte surveillant tous les mouvements commerciaux des
Qouraysh entre la Mecque et la Syrie.
Au début de l’automne de l’an 2, Médine fut informé par
ses espions qu’Abou Soufyan Ibn Harb était sorti vers la
Syrie. Le Prophète (qu’Allah soit satisfait de lui)
quitta alors Médine, accompagné de 200 combattants pour
intercepter la caravane, et il s’agit de l’incursion
d’al-‘Ashirah, mais la caravane se sauva et regagner la
Syrie, comme nous l’avons déjà mentionné, ce qui
l’obligea à l’attendre. De plus, le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya une patrouille,
composée de Talha Ibn ‘Oubaydallah et Sa’id Ibn Zayd,
guetter le retour de la caravane. Ils arrivèrent à
al-Hawra, une oasis appartenant aux Bani Tay au
nord-ouest de Médine, et attendirent jusqu’à son retour.
Quand Abou Soufyan apparut avec les 1000 chameaux, ils
retournèrent et informèrent le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) qui se mit aussitôt en route avec son
armée pour intercepter cette fois la caravane qourayshi.
Après avoir entendu ses espions, le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) appela les Musulmans à
participer à l’expédition sans toutefois les forcer à
s’enrôler. Il (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) leur
laissa le choix libre tout en soulignant l’aspect
positif : « Voilà les chameaux chargés de marchandises
de Qouraysh. Sortez vers la caravane, » leur avait-il
dit, « peut-être qu’Allah Exalté vous la donnera en
butin. »
Ce fut pour cette raison que de nombreux Musulmans ne
participèrent pas à l’expédition car personne ne pensa
qu’il y aurait bataille mais juste une simple
interception d’une caravane des Qouraysh escortée par 40
cavaliers, qui, à la vue de 300 combattants, prendraient
la fuite.
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ne nia pas
cette vérité et en voici la preuve. Quand les Musulmans
restés à Médine allèrent à la rencontre du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) après la bataille,
‘Oussayd Ibn al-Houzayr dira : « Par Allah, ô Messager
d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), je n’ai pas
participé à la bataille non pas parce que je croyais que
tu allais à la rencontre d’un ennemi mais parce que je
croyais que c’était à cause d’une caravane. Si j’avais
su que c’était l’ennemi, je n’aurais pas reculé. »
- « Tu as dit vrai, » lui répondit le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
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L’itinéraire
Avant le départ de l’armée pour le lieu qui allait être
le premier champ de bataille de l’Islam, le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) laissa à Médine Ibn ‘Oum
Maktoum et désigna comme émir de la ville Abou Lababa,
les libérant ainsi de participer à l’expédition. Puis il
donna le drapeau du commandement à Mous’ab Ibn ‘Oumayr
al-Qourayshi, répartit les troupes en deux compagnies
sur une base tribale; celle des Mouhajirine sous les
ordres de ‘Ali Ibn Abou Talib (radhiyallahou ‘anhou) et
celle des Ansar sous les ordres de Sa’d Ibn Mou’ad,
l’aile droite à az-Zoubayr Ibn al-‘Awam, l’aile gauche à
al-Miqdad Ibn ‘Amrou al-Kindi puis les seuls cavaliers
de l’armée et l’arrière garde sous le commandement de
Qays Ibn Abou Sa’sa’a.
L’armée de Médine composée de 317 hommes était répartie
: 231 Ansar et 86 Mouhajirine dont 41 de Qouraysh et les
45 restants, des esclaves affranchis et des alliés. Pour
l’acheminement des troupes, 70 chameaux, dont les
cloches retirées pour garder secret les mouvements de
l’armée, furent montés à tour de rôle par les
combattants. Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
envoya aussi un groupe d’hommes pour espionner les
mouvements de la caravane de 1000 chameaux d’Abou
Soufyan.
Pour arriver à Badr, les Musulmans suivirent
l’itinéraire suivant :
Le col de la montagne près de Médine ; la vallée
d’al-‘Aqiq Dzoul al-Halifa, à 6 miles de Médine ; la
vallée d’Oulat et de Jaysh ; la vallée du Tourban-Malal,
un endroit à deux nuits de marche pour une caravane ; la
vallée de Ghamis al-Hamam ; as-Sayala ; le défilé
d’ar-Rawha’. Quittant le puit d’ar-Rawha’, ils
s’écartèrent à gauche de la route menant vers la Mecque
puis bifurquèrent à droite, du côté d’an-Naziya et
suivirent cet itinéraire : la vallée de Wahqan ; la
vallée d’as-Safra’ ; la vallée d’Afran ou le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) fut informé à la sortie
de cette vallée, des mouvements de l’armée de Qouraysh
vers Badr ; les cols d’al-‘Asafir ; ad-Daba, une autre
contrée et enfin al-Hounan, une imposante dune de sable
de la taille d’une montagne derrière laquelle les
Musulmans s’arrêtèrent et se cachèrent, tout près de
Badr.
La caravane
Badr était un point d’eau très connu des Arabes, ainsi
qu’un carrefour important de commerce. Cet endroit fut
nommé ainsi du nom du premier qui y creusa un puits :
Badr Ibn Qouraysh Ibn Moukhalid Ibn an-Nazr Ibn Kinana.
Badr, se situe au sud-ouest de Médine et au nord de La
Mecque. En suivant l’itinéraire des caravanes, il se
trouve à 160 miles de Médine et à 250 miles (450 Kms) de
La Mecque et aujourd’hui, la distance par route est
respectivement de 153 Kms et 35 Kms. Enfin, Badr se
trouve à 30 Kms à l’est de la mer Rouge.
Quant à la caravane, son chef Abou Soufyan prudent et
alerté, responsable des 1000 chameaux, sachant que la
route vers La Mecque était pleine de dangers, envoya
donc ses espions aussitôt que sa caravane pénétra dans
le Hijaz qui ne tardèrent pas à l’informer que Muhammad
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et son armée étaient
sortis à sa rencontre. Il envoya alors immédiatement
Zamzam Ibn ‘Amrou al-Ghifari alerter Qouraysh.
Toutes les tribus de Qouraysh participèrent au
déploiement rapide d’une armée à laquelle se joignirent
tous les notables et chefs à l’exception d’Abou Lahab
qui était malade et qui envoya quelqu’un d’autre à sa
place et Safwan Ibn Oumayyah car son père et son frère
étaient déjà dans l’armée.
Avant d’entamer la marche, Qouraysh dû régler le conflit
armé qui les opposait aux tribus des Banou Bakr de
Kinana dont ils reçurent l’assurance de Souraqah Ibn
Malik Ibn Ja’shim, un noble de Kinana et sortirent
précipitamment.
Selon Ibn Kathir dans son livre al-Bidayah wa
an-Nihayah, Allah Exalté fit descendre ces versets : «
Et ne soyez pas comme ceux qui sortirent de
leurs demeures pour repousser la vérité et avec
ostentation publique, obstruant le chemin d’Allah. Et
Allah cerne ce qu’ils font. Et quand le Diable leur eut
embelli leurs actions et dit : « Nul parmi les humains
ne peut vous dominer aujourd’hui, et je suis votre
soutien. » Mais, lorsque les deux groupes furent en vue
l’un de l’autre, il tourna les talons et dit : « Je vous
désavoue. Je vois ce que vous ne voyez pas ; je crains
Allah, et Allah est dur en punition. » »
(Qur’an 9/47- 48)
Ayant assuré ses arrières, Qouraysh lança ses guerriers
vers le champ de bataille. En route pour Badr, l’armée
qourayshi suivit l’itinéraire suivant : la vallée de
‘Ousfan entre La Mecque et Rabigh ; Qoudayd près de
Touwal ; al-Jouhfa un village au bord de la vallée de
Rabigh à 6 miles de la mer ; al-‘Abwa un village à 23
miles d’al-Jouhfa et enfin Badr.
L’armée de Qouraysh
Ses guerriers étaient environ 1300 avec 60 chevaux et
600 boucliers. Quant aux chameaux, leur nombre n’a pu
être déterminé. Le ravitaillement des troupes fut assuré
par les notables : Abou Jahl, Oumayyah Ibn Khalif,
Souhayl Ibn ‘Amrou, Shaybah Ibn Rabi’ah, ‘Outbah Ibn
Rabfa, Nabih Ibn al-Hajjaj et Mounbih Ibn al-Hajjaj,
al-‘Abbas Ibn ‘Abd al-Mouttalib, Abou al-Boukhtouri Ibn
Hisham. Chacun de ces notables abattit dix chameaux à
chaque fois que les troupes s’arrêtèrent en cours de
route.
Pendant ce temps-là, Abou Soufyan (radhiyallahou ‘anhou)
prit toutes les précautions pour ne pas tomber entre les
mains du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) mais
sans pour autant changer la direction habituelle
empruntée par la caravane. Il fut sauvé quand il
rencontra Moujdi Ibn ‘Amrou qui lui dit qu’il avait vu
deux chameliers sur une hauteur toute proche. Il alla
vérifier à l’endroit où étaient les deux hommes, observa
les déjections des chameaux et fut dès lors convaincu
que les deux hommes appartenaient à l’armée du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), ce qui l’amena à
changer aussitôt la direction de la caravane vers la
côte, à l’ouest.
Assurés que les biens des Qouraysh étaient sauvés, il
envoya leur envoya un messager pour les informer de la
nouvelle situation et leur conseiller de retourner à La
Mecque.
Il en aurait été autrement si Abou Jahl n’aurait pas
refusé le conseil d’Abou Soufyan et qui insista que
l’armée se rende à Badr et y passe trois jours entiers à
festoyer. Par cette manœuvre militaire, Abou Jahl
voulait montrer aux Arabes, et surtout aux tribus des
environs, la force de La Mecque. Seul al-Akhnas Ibn
Shariq Ibn Wahb se retira avec ses 300 guerriers et ce
retrait n’empêcha nullement Abou Jahl de progresser vers
Badr.
Dès lors, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et
ses Compagnons avaient un nouveau problème auquel ils
devaient faire face. Des troupes ennemies à Badr
constituaient un danger pour Médine, et un péril pour
l’Islam. Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
réunit alors son conseil militaire pour connaitre les
avis de ses adjoints car, au début, les Musulmans
n’étaient sortis que pour intercepter la caravane
protégée seulement par 40 guerriers cependant avec ces
nouvelles données, ils risquaient de se trouvaient, dans
une situation critique.
La réunion avait à peine commencé que les Mouhajirine
déclarèrent leur détermination à accrocher l’armée des
polythéistes. Mais le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) voulait aussi connaitre la position des Ansar
car c’étaient eux qui allait recevoir tout le poids de
la bataille à venir, et que le Pacte d’al-‘Aqabah ne les
obligeait pas à combattre loin de leurs foyers. Il
craignait que les Ansar ne s’assurent de sa défense que
s’il était attaqué à Médine cependant, ses craintes
furent vite dissipées et leur réponse fut très claire :
ils étaient déterminés et prêts à croiser le fer avec
leurs ennemis.
Sans attendre une minute de plus, le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donna l’ordre à sa
petite armée de se diriger vers Badr en disant : « En
avant ! Allah le Très-Haut m’a promis [la victoire sur]
l’une des deux troupes... Par Allah Exalté, c’est comme
si je vois ces gens-là terrassés ». En cours de route,
il devança ses troupes pour reconnaitre le terrain et
les mouvements des Qouraysh. Et après son retour à son
poste de commandement, il envoya le soir même, une
patrouille de reconnaissance vers Badr qui revint de sa
mission avec deux esclaves prisonniers qu’elle présenta
au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Celui-ci
les interrogea immédiatement sur le camp des Qouraysh,
le nombre de leur force et quels nobles de Qouraysh se
trouvaient dans leurs rangs.
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Le puit de Badr
Le 16 Ramadan 02 de l’Hégire, l’armée musulmane se
dirigea rapidement vers le puit de Badr pour empêcher
les guerriers ennemis de s’y désaltérer. Suivant les
conseils d’al-Houbab Ibn al-Moundir l’Ansari, les
Musulmans se rendirent aux points d’eau les plus proches
des troupes de Qouraysh qu’ils détruisirent puis se
tinrent prêts pour la bataille près du puit de Badr, le
seul laissé intact.
Quand l’ennemi fut informé du changement de la situation
par l’intermédiaire de ‘Oumayr Ibn Wahb, envoyé en
reconnaissance, il était déjà trop tard et ce dernier
leur conseilla même de décrocher ce qui d’ailleurs
n’empêcha pas une seconde opposition, plus grande que la
première, menée par ‘Outbah Ibn Rabi’ah, le seigneur des
Banou ‘Abd ash-Shams, soutenu par Hakim Ibn Hizam.
L’idée de cette opposition qui avait éclaté un jour, ou
moins d’un jour avant la bataille était d’éviter
l’affrontement avec l’armée de Médine, de la
tranquilliser (par un accord) et de retourner à la
Mecque.
Hakim Ibn Hizam convainquit le grand et respecté
seigneur de Qouraysh ‘Outbah Ibn Rabi’ah (le premier à
être tué à Badr) qui accepta et demanda à Hakim de
convaincre Abou Jahl avant de prendre son chameau rouge
et de raisonner les guerriers de Qouraysh.
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui voyait
de loin l’armée des Qouraysh dit que s’il y aurait une
bonne action, c’était de « celui qui montait son chameau
rouge » (à savoir Outbah Ibn Rabi’ah).
Mais quand Abou Jahl fut informé de la tentative de
‘Outbah, il l’accusa de lâcheté et de mauvaise volonté
pour sauver son fils Abou Hathifa Ibn ‘Outbah qui était
parmi les Musulmans. ‘Outbah se mit alors en colère et
dit : « On va connaitre qui a peur, moi ou lui ! » Et
c’est dans la colère qu’échoua cette opposition.
La bataille
Les deux armées désormais face à face attendirent qui
lancerait l’attaque le premier. Ce fut Abou Jahl qui, de
peur d’une autre opposition, précipita les événements.
Il appela ‘Amir Ibn al-Hazrami et l’incita à se venger
des Musulmans qui avaient tué son frère ‘Amrou Ibn
al-Hazrami lors de la patrouille de reconnaissance
d’Abdallah Ibn Jahsh.
‘Amir fut l’étincelle qui jeta les troupes de Qouraysh
dans la bataille. Il lui avait suffi d’un mot, comme de
tradition, pour les monter contre les Musulmans.
De l’autre côté, les Musulmans étaient sur le pied de
guerre. Dès qu’ils prirent position à l’endroit choisi
par al-Houbab Ibn al-Moundir, un poste de commandement
pour le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avec sa
garde composée de jeunes Ansar fut établit sur la
proposition de Sa’d Ibn Mou’ad.
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avait déjà
organisé les premières lignes et dit aux Musulmans : «
Par Celui qui détient la vie de Muhammad, ne les combat
aujourd’hui que l’homme patient, estimable, qui avance
et ne recule pas jusqu’à l’instant où Allah Exalté
l’accueille dans Son Paradis. »
Ses paroles furent d’une telle force que ‘Oumayr Ibn
al-Hamam, qui tenait dans sa main quelques dattes, les
jeta et dit avec détermination : « Quel honneur, il n’y
a que cela entre moi et le Paradis ! »
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) recommanda
aussi à ses Compagnons de ne pas commencer les premiers
la bataille, d’attendre ses ordres et de tirer sur
l’ennemi des flèches s’ils seraient encerclés avant de
revenir à son poste en compagnie d’Abou Bakr as-Siddiq
(radhiyallahou ‘anhou).
Lorsque les deux armées furent en vue l’une de l’autre,
le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se tourna
vers Allah Exalté et persista dans ses prières, disant :
« O Allah ! Si Tu fais périr ce groupe (les Musulmans),
Tu ne seras plus adoré sur terre. »
Et l’affrontement se produisit. Le premier à tomber sur
le champ de bataille fut un kamikaze des Qouraysh,
al-Aswad Ibn ‘Abd al-Aswad al-Makhzoumi, qui avait juré
auparavant de boire puis de détruire ou de périr devant
le puit aménagé et gardé par les Musulmans. Ce fut Hamza
Ibn ‘Abd al-Mouttalib (radhiyallahou ‘anhou) qui
l’empêcha de boire en le tuant au bord du bassin.
La mort du Makhzoumi suffit pour déclencher la bataille
et trois cavaliers polythéistes sortirent des rangs et
vinrent lancer un duel : Shaybah Ibn Rabi’ah, ‘Outbah
Ibn Rabi’ah et son fils al-Walid, tous les trois
descendants de ‘Abd al-al-Manaf, l’aïeul du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Trois jeunes Ansar,
‘Awf et Mi’wath Ibn Afra’ et ‘Abdallah Ibn Rawahah leurs
répondirent et s’avancèrent mais les trois Qourayshi
refusèrent de se mesurer à eux car ils voulaient d’un
duel interne entre Qourayshi. Alors, le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) désigna Hamza Ibn Abd
al-Mouttalib, ‘Oubaydah Ibn al-Harith et ‘Ali Ibn Abou
Talib (radhiyallahou ‘anhoum), tous les trois de la même
famille (de ‘Abd al-Manaf) qui se chargèrent des
Qouraysh : ‘Ali/al-Walid, ‘Oubaydah/Shaybah,
Hamza/‘Outbah.
L’issue du duel fut en faveur des Musulmans, ‘Ali et
Hamza sortirent victorieux mais ‘Oubaydah, après avoir
tué Shaybah Ibn Rabi’ah, mourut entre les mains du
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), suite à une
grave blessure grave qu’il reçut durant le duel.
Furieux, les guerriers polythéistes fondirent sur les
combattants musulmans qui résistèrent aux assauts
répétés en attendant le signal du Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam). Cette tactique de défense entama la
patience et aussi la détermination des Qouraysh.
Ce fut le moment idéal pour la contre-attaque qui se
déclencha subitement et avec force. Les rangs musulmans
martelèrent les forces éparses de Qouraysh tandis que
durant tout ce temps, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi
wa sallam) suivit attentivement tous les mouvements et
remarquait le courage de ses combattants.
Al-Boukhari a rapporté : « Qu’au fil et à mesure de
l’intensification de la bataille, le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) disait : « O Allah !
J’en appelle à Ton engagement et à Ta promesse. O Grand
Seigneur ! Si Tu veux ne jamais être adoré après ce
jour. » Abou Bakr lui serra la main et lui dit : « Cela
suffit, ô Messager d’Allah. Tu insistes trop sur Ton
Seigneur. » »
Ibn Ishaq a rapporté : « Le Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) s’assoupi puis se réveillé et dit à
Abou Bakr : « Bonne nouvelle, ô Abou Bakr. La victoire
d’Allah arrive ! » »
Les anges participèrent à la bataille pour renforcer le
moral des Musulmans comme cela est mentionné dans le
Noble Qur’an : « (Et rappelez-vous) le moment où vous
imploriez le secours de votre Seigneur et qu’Il vous
exauça aussitôt : « Je vais vous aider d’un
millier d’Anges déferlant les uns à la suite des autres.
Allah ne fit cela que pour (vous) apporter une bonne
nouvelle et pour qu’avec cela vos cœurs se
tranquillisent. Il n’y a de victoire que de la part
d’Allah. Allah est Puissant est Sage. » (Qur’an
9/9-10)
Après quoi, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)
se jeta dans le feu de la bataille en disant : «
Leur rassemblement sera bientôt mis en déroute, et ils
fuiront. L’Heure, plutôt, sera leur rendez-vous, et
l’Heure sera plus terrible et plus amère. »
(Qur’an 54/45-46)
Et effectivement, la bataille ne dura pas plus
longtemps.
Abou Jahl essayait vainement d’organiser ses troupes
mais la défaite était déjà sur eux. Du point de vue
purement militaire, Abou Jahl était un homme courageux
qui ne craignait pas la mort mais il était têtu et
obstiné. Sa mort vint des mains de Mou’ad Ibn ‘Amrou Ibn
al-Jamouh l’Ansari qui le blessa gravement en lui
coupant la jambe au niveau du mollet. Son fils ‘‘Ikrimah
intervint tardivement et trancha la main de Mou’ad.
Quant à la troupe des polythéistes, elle s’enfuit.
Quand la bataille se termina, le Messager d’Allah
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) voulut connaitre le sort
réservé à Abou Jahl. On entama alors les recherches et
ce fut ‘AbdAllah Ibn Mas’oud qui le trouva en train de
mourir et qui répondit à sa question (A qui la victoire
aujourd’hui ?) : « A Allah Exalté, à Son Messager et aux
Croyants. »
Abou Jahl, lors de sa rencontre avec al-Akhnas Ibn
Shourayq, à Rabigh, répondit secrètement à la curiosité
de ce dernier : « Comment ment-il (le Prophète) sur
Allah Exalté, alors qu’on l’appelle l’Honnête ? Car il
n’a jamais menti. Mais qu’est-ce qui nous restera si se
réunissent chez les ‘Abd al-Manaf, as-Siqaya, ar-Rifada,
al-Hijaba et al-Mashoura et en plus an-Noubouwa
(prophétie) ? »
Les Musulmans firent de nombreux prisonniers qu’ils
ramenèrent à Médine et parmi eux, se trouvait l’oncle du
Prophète al-‘Abbas Ibn Abd al-Mouttalib. Les Banou
Hashim furent épargnés lors de l’affrontement, sur la
demande du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam), car il savait qu’ils furent contraints de
participer à la bataille.
Ainsi la bataille de Badr finit par la victoire des
Musulmans qui ne s’étaient pas du tout préparés pour la
circonstance sur les mécréants de Qouraysh qui perdirent
sur le champ de bataille 70 des leurs dont plus de 20
chefs et seigneurs. Les Musulmans réussirent à faire
prisonniers 70 Qourayshi.
Les Musulmans, quant à eux, enregistrèrent la perte de
14 combattants ; six Mouhajirine et huit Ansari.