Le libérateur spirituel de Constantinople, Sheikh Aq Shams ad-Din
Muhammad Ibn Hamza, un Romain de Damas, quitta
les terres des Byzantins avec son père, pour étudier divers
sujets, pour devenir un grand érudit islamique sous le règne
ottoman.
Il enseigna Muhammad al-Fatih, car sa lignée
remontait au Calife bien guidé, Abou Bakr as-Siddiq
(radhiyallahou ‘anhou). Il naquit à Damas en 791 (1389) et
apprit le Qur’an à l’âge de sept ans. Il étudia à Amasya,
Halab, Ankara et décéda en 863 (1459).
Il enseigna au Prince Muhammad al-Fatih les
principales connaissances de cette époque : la science du
Qur’an, la Sounnah du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam), la Jurisprudence Islamique (Fiqh) et les langues,
notamment l’Arabe, le Farsi et le Turc. Il lui enseigna
également d’autres matières, telles que les mathématiques,
l’astronomie, l’histoire et la stratégie militaire.
Le Sheikh Aq était l’un des savants qui supervisèrent le
Prince Muhammad, lorsqu’il fut nommé émir de
Magnésie, dans sa formation à l’administration provinciale
et à l’art de la gouvernance. Le Sheikh Aq réussit à
convaincre le jeune prince qu’il était le chef mentionné
dans le Hadith du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam).
Lorsque le Prince Muhammad devint le Sultan de l’État
Ottoman à un si jeune âge, son Sheikh lui ordonna rapidement
de déplacer avec son armée pour essayer d’accomplir la
prophétie du Hadith. Les forces ottomanes assiégèrent
donc Constantinople par terre et mer, combattant pendant 54
jours.
Lorsque les Byzantins remportèrent une victoire temporaire
et que la population byzantine ressentit de la joie et du
soulagement, aux quatre navires envoyés par le Pape qui
avaient réussi à entrer dans la ville, le commandant et les
princes ottomans se réunirent avec le Sultan Muhammad
II et lui dirent : « Tu as forcé tous ces soldats à
maintenir ce siège afin de mettre en œuvre les instructions
de l’un des savants, en référence au Sheikh Aq. Tu es
responsable de la mort et des blessures de tant de soldats
et de la destruction de leur équipement tandis que les
Chrétiens ont reçu maintenant plus de soutien de
l’extérieur. Il n’y a donc aucun espoir de conquête. »
Le Sultan envoya Wali ad-Din Ahmad Basha, son Vizir,
au Sheikh Aq, pour lui demander une solution. Le Sheikh
répondit : « Il est prédestiné qu’Allah, à Lui les Louanges
et la Gloire, nous accorde la victoire. » Le Sultan,
cependant, ne fut pas convaincu par cette réponse, alors il
envoya son Vizir une deuxième fois, demandant au Sheikh de
donner plus de justification (pour sa déclaration).
Le Sheikh écrivit une lettre à son disciple, Muhammad
al-Fatih, dans laquelle il dit : « Certes, l’incident
des navires a provoqué une angoisse mentale dans nos rangs
mais causé de la joie parmi les mécréants, mais
rappelez-vous que le fait établi que le travail
de l’homme est soumis à la prédestination, décrétée
par Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, et tout jugement
revient à Allah. Nous nous sommes tournés vers Allah, Exalté
et Loué soit-Il, et avons récité le Qur’an, ce n’est qu’un
moment de négligence, qui sera suivi de la Miséricorde
d’Allah avec de bonnes nouvelles jamais vues auparavant. »
Ces paroles insufflèrent un sentiment de paix et de sérénité
dans l’esprit des commandants et des soldats, de sorte que
le conseil de guerre décida immédiatement de poursuivre la
lutte pour libérer Constantinople. Le Sultan Muhammad
se rendit ensuite à la tente du Sheikh et lui baisa la main,
en disant : « Apprends-moi une invocation pour demander à
Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, afin que je puisse
réussir, » ce que fit aussitôt le Sheikh. Le Sultan quitta
la tente pour ordonner l’assaut général.
Le Sultan Muhammad voulait que son Sheikh soit à ses
côtés pendant l’attaque, alors il demanda sa compagnie.
Cependant, le Sheikh avait donné des instructions à ses
gardes de ne laisser personne entrer dans sa tente, et ils
refusèrent donc au messager du Sultan l’autorisation de
s’approcher du Sheikh. Le Sultan se courrouça et alla
lui-même appeler le Sheikh, mais les gardes lui refusèrent
l’entrée suivant les instructions du Sheikh. Le Sultan prit
son poignard et coupa le côté de la tente seulement pour
voir le Sheikh effectuer une longue prosternation devant
Allah, Exalté et Loué soit-Il. Il portait un turban et
certains de ses cheveux blancs touchaient le sol ; sa barbe
blanche brillait. Le Sultan le regarda se relever de sa
prostration, les larmes aux joues. Puis il invoqua l’aide
d’Allah pour accorder leur victoire au combat.
Le Sultan retourna à son centre de commandement et observant
les murs de la ville, il vit ses soldats y percer des trous
par lesquels de nombreux combattants pénétrèrent dans la
ville. Le Sultan Muhammad fut ravi et déclara : « Mon
bonheur n’est pas pour la conquête de la ville, mais
l’existence d’un tel homme (son Sheikh) à notre époque. »
Le savant ash-Shawkani mentionna dans son
al-Badr at-Tali
que pendant la bataille, la bénédiction et le mérite du
Sheikh Shams ad-Din furent témoignés car il identifia
correctement le jour de la libération de Constantinople au
Sultan.
Lorsque l’armée ottomane fit irruption dans la ville, en
force et avec enthousiasme, le Sheikh s’approcha du Sultan
pour lui rappeler les règles de la Shari’ah ainsi que les
droits des nations vaincues, selon l’Islam.
Après avoir honoré ses soldats avec des cadeaux et des
présents, le Sultan organisa une fête de cérémonie qui dura
trois jours. Le pieux Sheikh se leva et prononça un petit
discours, disant : « Ô soldats de l’Islam, souvenez-vous que
le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit à votre
sujet : « Constantinople
sera (définitivement) libérée ; quel excellent émir (son
émir), et quelle excellente armée (cette armée) ! » Nous
demandons à Allah Exalté de nous faire réussir et de nous
pardonner. Ne gaspillez pas l’argent que vous avez gagné.
Dépensez-le à faire de bonnes actions pour les habitants de
la ville. Écoutez votre Sultan, obéissez-lui et aimez-le.
Puis il se tourna vers le Sultan al-Fatih, et dit :
« Ô mon Sultan, tu es devenu la joie pour les Ottomans
alors, continue à être un moujahid dans la voie d’Allah, »
puis il lanca le Takbir.
Après la libération de Constantinople, le Sheikh Shams
ad-Din se rendit sur la tombe du Compagnon du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), Abou Ayyoub al-Ansari
(radhiyallahou ‘anhou), sur un site près du mur de
Constantinople. Le Sheikh Shams ad-Din fut le premier à
donner un Sermon du Vendredi dans la Mosquée Aya Sofia.
Le Sheikh Shams ad-Din aida à empêcher le Sultan d’être submergé par un sentiment de fierté
Le Sultan Muhammad al-Fatih aimait beaucoup
son Sheikh et le tenait en haute estime. Il dit à son
rassemblement après la conquête : « Vous voyez que je suis
très heureux, mais mon bonheur n’est pas seulement dû à la
libération de cette forteresse ; c’est pour avoir un Sheikh
si éminent bien-aimé à mes côtés dans mon règne; c’est pour
mon professeur, Sheikh Aq Shams ad-Din.
Il décrivit son respect pour le Sheikh Shams ad-Din dans une
conversation avec son Vizir, Mahmoud Basha, en disant
: « Mon respect pour Sheikh Shams ad-Din n’est pas par
choix. Quand je suis près de lui, je ressens un sentiment de
sérénité et de crainte révérencielle. »
Ce savant a toujours tenu à éduquer correctement le Sultan
pour qu’il comprenne les concepts d’Iman, d’Islam et d’Ihsan.
Le Sheikh n’était pas seulement un savant religieux ; il
avait également des connaissances en botanique, en médecine
et pharmacologie. Il fut célèbre pour ses recherches sur les
herbes médicinales et son aptitude à guérir de nombreux maux
et maladies.
Le Sheikh Shams ad-Din s’intéressa autant aux maladies
corporelles qu’aux maladies mentales. Il était
particulièrement intéressé par les maladies épidémiques qui
se propageaient rapidement à son époque, tuant des dizaines
de milliers de personnes. Il écrivit un livre sur ce sujet,
en turc, intitulé Les
Questions de Vie, dans lequel il déclara : « Il est faux
d’imaginer que les maladies apparaissent spontanément chez
les personnes. Les maladies se déplacent d’une personne à
une autre de manière contagieuse. Cette contagion est si
minuscule qu’il n’est pas possible de la voir à l’œil nu,
car elle se produit avec des agents vivants. » Ainsi, le
Sheikh Shams ad-Din le premier à donner une définition de la
bactérie, au XVe siècle alors que le microscope n’avait pas
encore été inventé. Ce n’est que quatre siècles plus tard
que le chimiste et biologiste français, Louis Pasteur,
parvient à la même conclusion.
Le Sheikh Shams ad-Din s’intéressa également au cancer et
écrivit aussi à ce sujet. Il écrivit en tout, deux livres
sur la médecine, en turc et dans les langues ottomanes. En
outre, le Sheikh publia sept livres en Arabe.
Son décès
Le Sheikh retourna dans son pays natal, Koniuk, après avoir
ressenti un vif désir de le revoir, malgré l’insistance du
Sultan pour qu’il reste à Istanbul (Constantinople). Il
décéda en 863 (1459), que la miséricorde d’Allah soit sur
lui car c’est le Décret d’Allah, Exalté et Loué soit-Il,
pour Sa création. Ni chef pieux, ni brave libérateur
n’émerge, excepté s’il y a un groupe d’érudits pieux autour
de lui pour l’enseigner et le guider.
Il existe de nombreux exemples de ce type à citer, et nous
avons évoqué le rôle de ‘AbdAllah Ibn Yassin avec Yahya
Ibn Ibrahim dans l’État des Mourabitine (au Maroc) ; le Qadi
al-Fadil avec Salah ad-Din dans l’État Ayyoubi et ici
Sheikh Aq Shams ad-Din avec Muhammad al-Fatih
dans l’État Ottoman.
Que la miséricorde d’Allah soit sur eux tous et qu’Il
accepte leurs efforts et leurs actes sincères.
L’effet de la libération de Constantinople dans le Monde Européen et Islamique
Avant sa conquête, Constantinople était un énorme obstacle à
la propagation de l’Islam en Europe. Par conséquent, sa
libération conduisit à l’entrée de l’Islam en Europe,
apportant plus que jamais tant de force et de paix à ses
nouveaux convertis.
La conquête de Constantinople reste encore l’un des grands
événements de l’histoire du monde, notamment en ce qui
concerne l’histoire européenne et ses relations avec
l’Islam.
Le Sultan commença à réorganiser les affaires de la ville,
après la conquête, à reconstruire ses fortification. Elle
devint la capitale de l’État Ottoman et fut rebaptisée Islam
Boul, ce qui signifie la Ville de l’Islam. Cependant, il
cela fut ensuite déformé en Istanbul.
L’Occident chrétien fut très affecté par la nouvelle de
cette conquête. Les Chrétiens furent pris par des sentiments
de douleur et de disgrâce, alors qu’ils envisageaient le
danger des armées musulmanes venant d’Islam-Boul (Istanbul).
Les poètes et les conférenciers s’efforcèrent de réveiller
et de raviver les anciens sentiments de haine et de colère
dans l’esprit des Chrétiens contre les Musulmans. Les rois
et les princes tinrent de longues et fréquentes réunions,
essayant de mettre de côté leurs différences. Le Pape
Nicolas V (le cinquième), de tous les peuples, fut le plus
touché et s’efforça d’unir les provinces italiennes dans la
lutte contre les Musulmans. Il dirigea une conférence, tenue
à Rome, au cours de laquelle tous les pays participants
déclarèrent leur détermination à s’entraider, en dirigeant
tous leurs efforts et leur puissance dans la lutte contre un
ennemi commun. Cette alliance fut presque formée mais le
Pape mourut, d’un grave accident vasculaire cérébral
résultant de la nouvelle de la chute de Constantinople aux
Ottomans, le 25 mars 1455.
Le Pape Pie II (le deuxième) essaya tout pour raviver la
haine des croisés dans l’esprit des Chrétiens. Certains pays
étaient prêts à entreprendre l’idée du Pape de détruire les
Ottomans, mais au moment de la mobilisation, la plupart des
pays européens se retirèrent en raison de crises internes.
En effet, la guerre de cent ans avait épuisé l’Angleterre et
la France. La Grande-Bretagne était occupée par ses
préoccupations constitutionnelles et ses guerres civiles ;
L’Espagne était occupée à combattre les Musulmans
d’Andalousie tandis que les États Italiens se préoccupaient
de consolider leurs relations avec l’
État Ottoman, dans un souci de gain financier.
Le projet de la campagne des croisés se termina avec la mort
de son chef, le Pape. La Hongrie et Venise devinrent
vulnérables face à l’État Ottoman. Quant à Venise, elle
rédigea un traité d’amitié et devint de bons voisins avec
les Ottomans pour son propre bénéfice tandis que la Hongrie
perdit sa guerre contre les forces ottomanes, qui réussirent
à ajouter à leur état les régions suivantes : la Serbie,
Grèce, al-Aflaq, al-Qourm et les principales îles de
l’archipel. Ils obtinrent un tel succès en peu de temps
lorsque le Sultan Muhammad les attaqua par surprise
et détruisit leur puissance militaire.
Quant à l’effet de la conquête de Constantinople en Orient
Islamique, nous disons : la joie et le bonheur se
répandirent sur tout le territoire islamique, de l’Asie à
l’Afrique. La conquête était le rêve des grands-pères et
l’espoir de tant de générations qui l’avaient désiré, mais
cela eut lieu aux mains de Muhammad al-Fatih,
qui envoya des lettres à tous les dirigeants du Monde
Islamique, en Égypte, dans la Péninsule Arabique, en Perse,
en Inde, etc., pour les informer de la grande victoire
islamique. La nouvelle de la victoire fut célébrée sur les
chaires et de nombreuses prières de remerciement à Allah, à
Lui les Louanges et la Gloire, furent exécutées, tandis que
toutes les maisons et toutes les échoppes furent décorées
pour célébrer ce grand jour de l’Islam.
La Lettre d’al-Fatih au Sultan d’Égypte
Voici quelques extraits de la lettre d’al-Fatih à son
frère musulman, le Sultan d’Égypte, rédigée par Sheikh Ahmad
al-Qourani :
« ... L’un des meilleurs attributs de nos ancêtres, que la
miséricorde d’Allah soit sur eux, est qu’ils étaient des
guerriers dans la voie d’Allah, Exalté et Loué soit-Il. Ils
ne se sont pas inquiétés des accusations des accusateurs et
nous suivons cette tradition en restant fermes sur ce
souhait : adhérer au commandement d’Allah « Combattez
ceux qui ne croient pas en Allah ... » (Qur’an 9: 29)
Et tenant fermement à la parole du Prophète (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) : «
Quiconque dont les
pieds se recouvriront de poussière dans la voie d’Allah, à
Lui les Louanges et la Gloire, Allah Exalté lui interdira le
feu. » Sahih
al-Boukhari, Ahmad, at-Tirmidi et
an-Nassa'i
Notre principale préoccupation cette année fut remplie de
bénédictions d’Allah, Exalté et Loué soit-Il, alors que nous
nous accrochons à la Corde d’Allah le Tout-Puissant, pour
accomplir l’obligation d’invasion, pour l’Islam, suivant Son
Commandement :
« Ô vous qui croyez,
combattez ceux qui sont proches de vous parmi les mécréants
... » (Qur’an 9: 123)
Nous avons donc équipé l’armée offensive des moujahidines,
sur terre et en mer, pour libérer une ville remplie de vice
et d’incrédulité, et qui se tenait avec arrogance au milieu
des États Islamiques, montrant son polythéisme.
Cette ville était en partie située au bord de la mer et en
partie sur terre. Nous nous y étions bien préparés, comme
Allah nous l’a ordonné :
« Et préparez [pour
lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et
comme cavalerie équipée… » (Qur’an 8: 60)
Nous avons préparé toutes les armes et toutes les puissances
possibles, nous avons utilisé des canons, des pierres, des
navires, tous les types d’armes disponibles. Nous nous
sommes appuyés sur Allah, Exalté et Loué soit-Il, pour les
détruire avec Ses agents, tels que le tonnerre, le vent et
la foudre. Nous avons attaqué la ville le 26 de Rabi’
al-Awwal 758.
Chaque fois qu’ils furent appelés à la vérité, ils
refusèrent par orgueil. Nous avons assiégé leur ville, nous
les avons combattus et ils nous ont combattus dans une
bataille qui dura cinquante-quatre jours et nuits.
A l’aube du mardi 20 Joumadah al-Oula, nous avons lancé une
attaque générale avec toutes nos forces, et Allah nous
accorda la victoire avant le lever du soleil.
« Leur rassemblement
sera bientôt mis en déroute, et ils fuiront.
L’Heure, plutôt, sera leur rendez-vous, et l’Heure sera
plus terrible et plus amère. » (Qur’an : 45-46)
Ils furent détruits comme les habitants d’Ad et de Thamoud.
Certains d’entre eux furent tués et d’autres faits
prisonniers. Leur richesse leur fut enlevée et leurs croix
brisées. Nous avons transformé leurs lieux de culte en
mosquées, pour le peuple de l’Islam, et toute louange est
due à Allah.
Le Sultan Muhammad al-Fatih envoya également
une lettre au chérif de Makkah, pour célébrer la libération
de Constantinople, et lui demanda de faire des Dou’a pour
eux. Il expédia quelques cadeaux du butin gagné après la
bataille.
Les raisons de la libération de Constantinople
La libération de Constantinople ne s’est pas produite de
façon inattendue mais fut plutôt le résultat d’un effort
cumulatif effectué par les Musulmans depuis le premier âge
de l’Islam. Un désir de ces générations d’accomplir la bonne
nouvelle du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).
L’apparition de l’État Ottoman accrut l’intérêt pour la
conquête de Constantinople, et nous remarquons que les
Sultans Ottomans étaient des gens ayant une connaissance
approfondie du travail selon les ordonnances établies par
Allah, à Lui les Louanges et la Gloire. Fatih adopta
cette Sounnah, telle qu’elle apparaît dans sa biographie du
Jihad, car il fut toujours désireux de mettre en œuvre les
Paroles d’Allah, Exalté et Loué soit-Il :
« Et préparez [pour
lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et
comme cavalerie équipée, afin d’effrayer l’ennemi d’Allah et
le vôtre, et d’autres encore que vous ne connaissez pas en
dehors de ceux-ci mais qu’Allah connaît. Et tout ce que vous
dépensez dans le sentier d’Allah vous sera remboursé
pleinement et vous ne serez point lésés... » (Qur’an 8:
60)
Muhammad al-Fatih comprit de ce verset que la
question de la victoire pour cette religion nécessite le
déploiement de différents types de pouvoir. Il interpréta ce
verset pratiquement dans son jihad béni, en rassemblant une
grande armée pour assiéger Constantinople. Il n’hésita pas à
mettre à disposition tous les types d’armes à son époque.
L’armée qui encercla Constantinople, sous la direction de Muhammad
al-Fatih, était moralement préparée. Il incarna le
vrai sens de la foi et de la piété et assuma le fardeau de
la confiance pour transmettre le message divin. Il fut
développé sur la vraie signification de la foi, sous la
supervision d’érudits pieux, qui adoptèrent le Livre
d’Allah, Exalté et Loué soit-Il, et la Sounnah du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) comme moyen d’éduquer ses
membres.
Leur éducation était basée sur le fait que :
1- Allah, Exalté et Loué soit-Il, est Un, sans associé en
dehors de Lui. Il n’a pris ni partenaire, ni fils. Il est
libre de tous défauts, et décrit avec des Attributs Parfaits
qui ne finissent jamais.
2- Il, Exalté et Loué soit-Il, est le Créateur de tout, le
Propriétaire de tout et le Gestionnaire de tout :
« Votre Seigneur,
c’est Allah, qui a créé les cieux et la terre en six jours,
puis S’est établi « istawā » sur le Trône. Il couvre le jour
de la nuit qui poursuit celui-ci sans arrêt. (Il a créé) le
soleil, la lune et les étoiles, soumis à Son commandement.
La création et le commandement n’appartiennent qu’à Lui.
Toute gloire à Allah, Seigneur de l’Univers ! »
(Qur’an : 54)
Il, Exalté et Loué soit-Il, est la source de toutes les
bénédictions existantes, qu’elles soient petites ou grandes,
visibles ou invisibles :
« Et tout ce que
vous avez comme bienfait provient d’Allah. Puis quand le
malheur vous touche, c’est Lui que vous implorez à haute
voix. » (Qur’an 16: 53)
3- Sa Connaissance englobe tout. Rien ne Lui est caché, que
ce soit sur terre ou dans les cieux. Il, Exalté et Loué
soit-Il, sais ce que l’homme cache et ce qu’il révèle :
« Allah qui a créé
sept cieux et autant de terres. Entre eux [Son] commandement
descend, afin que vous sachiez qu’Allah est en vérité
Omnipotent et qu’Allah a embrassé toute chose de [Son]
savoir. » (Qur’an 16: 53)
4- Il, Exalté et Loué soit-Il, demande à Ses anges
d’enregistrer toutes les actions de l’homme, petites ou
grandes, et les lui révélera au moment voulu :
« Il ne prononce pas
une parole sans avoir auprès de lui un observateur prêt à
l’inscrire. » (Qur’an 50: 18)
5- Il, Exalté et Loué soit-Il, teste les gens avec des
choses différentes contre leur gré, afin qu’ils se
connaissent bien : qui parmi eux accepte le Décret divin
d’Allah, Exalté et Loué soit-Il, et qui parmi eux maudit son
sort, et ne mérite donc rien de Lui :
« Celui qui a créé
la mort et la vie afin de vous éprouver (et de savoir) qui
de vous est le meilleur en œuvre, et c’est Lui le Puissant,
le Pardonneur. » (Qur’an 67: 2)
6- Il, Exalté et Loué soit-Il, assure le succès et le
soutien à quiconque se tourne vers Lui :
« Certes mon Maître,
c’est Allah qui a fait descendre le Livre (le Qur’an). C’est
Lui qui se charge (de la protection) des vertueux. »
(Qur’an 7: 96)
7- Son droit sur Ses serviteurs est qu’ils l’adorent, Seul
sans aucun associé avec Lui :
« Tout au contraire,
adore Allah seul et sois du nombre des reconnaissants. »
(Qur’an 39: 66)
8- Il, Exalté et Loué soit-Il, a défini le concept de Son
Unicité dans le Qur’an :
« Dis: «Il est
Allah, Unique. Allah, Le Seul à être
imploré pour ce que nous désirons. Il
n’a jamais engendré, n’a pas été engendré non plus.
Et nul n’est égal à Lui. ».» (Qur’an
112)
Les savants de l’État Ottoman adoptèrent la Sounnah du
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en éduquant les
soldats de son armée à la vérité du destin et à la voie du
salut. Ils se concentrèrent sur les points suivants :
1- Que cette vie, même si elle dure un certain temps, est
vouée à la fin, et que ses qualités, si grandes qu’elles
soient, sont bon marché et indignes :
« La
vie présente est comparable à une eau que Nous faisons
descendre du ciel et qui se mélange à la végétation de la
terre dont se nourrissent les hommes et les bêtes. Puis,
lorsque la terre prend sa parure et s’embellit, et que ses
habitants pensent qu’elle est à leur entière disposition,
Notre Ordre lui vient, de nuit ou de jour, c’est alors que
Nous la rendrons toute moissonnée, comme si elle n’avait pas
été florissante la veille. Ainsi exposons-Nous les preuves
pour des gens qui réfléchissent. »
(Qur’an 10: 24)
« Dis: «La
jouissance d’ici-bas est éphémère. » (Qur’an 4 : 77)
2- Que toute l’humanité retournera à Allah, Exalté et Loué
soit-Il. Ils seront comptabilisés pour leurs actes et ils
finiront au Paradis ou en Enfer :
« L’homme pense-t-il
qu’on le laissera sans obligation à observer ? » (Qur’an
75 : 36)
3- Que les Bénédictions du Paradis les aident à oublier
toute la douceur de cette vie :
« …et qu’ensuite
leur arrive ce dont on les menaçait,
les jouissances qu’on leur a permis ne leur serviraient à
rien. » (Qur’an 26 : 206-207)
4- Qu’après la fin de ce monde, les gens traverseront des
moments difficiles, car leur sort est décidé soit au
Paradis, soit en Enfer :
« Ô hommes !
Craignez votre Seigneur. Le séisme [qui précédera] l’Heure
est une chose terrible. Le jour où vous
le verrez, toute nourrice oubliera ce qu’elle allaitait, et
toute femelle enceinte avortera de ce qu’elle portait. Et tu
verras les gens ivres, alors qu’ils ne le sont pas. Mais le
châtiment d’Allah est dur. » (Qur’an 75 : 1-2)
« Comment vous
préserverez-vous, si vous mécroyez, d’un jour qui rendra les
enfants comme des vieillards aux cheveux blancs ?
[Et] durant lequel le ciel se fendra. Sa
promesse s’accomplira sans doute. » (Qur’an 75 : 17-18)
5- Que le seul moyen de se protéger d’une telle épreuve et
de tels tourments est d’avoir foi en Allah, à Lui les
Louanges et la Gloire, et de faire de bonnes actions, en
recherchant Son Plaisir :
« Ceux qui croient
et accomplissent les bonnes œuvres auront des Jardins sous
lesquels coulent les ruisseaux. Cela est le grand succès. »
(Qur’an 85: 11)
C’est grâce à ces enseignements que les érudits ottomans
réussirent à sensibiliser tous les membres de l’État
Ottoman, les commandants, les soldats et masses à leur droit
à la religion d’Allah, Exalté et Loué soit-Il, et à leur
rôle dans la diffusion du message de l’Islam.
Cette éducation suscita une détermination et un enthousiasme
particuliers dans l’esprit de tous les membres de la société
ottomane. Leur chef, Muhammad al-Fatih, fut
très fier de ces faits comme en témoigne ses paroles :
« Mon enthousiasme est de m’efforcer de servir ma religion,
la religion d’Allah, Exalté et Loué soit-Il. Ma
détermination est de soumettre tous les gens incrédules avec
mes soldats, les soldats d’Allah, Exalté et Loué soit-Il. Ma
réflexion se concentre sur la « libération » et la victoire,
par la miséricorde d’Allah. Mon Jihad est conduit avec la
vie et l’argent ; quoi de mieux que cela, dans ce monde,
après avoir observé les commandements d’Allah ? Mon désir
est de mener des centaines de milliers d’ouvertures pour
Allah, Exalté et Loué soit-Il ! Ma demande est de défendre
la Sainteté d’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, et
d’élever l’État Islamique au-dessus des ennemis d’Allah. »
Lorsque le Sultan al-Fatih voulut conquérir la ville
de Trabzon, dont le chef était chrétien, il voulut
l’attaquer par surprise. Il s’y prépara donc en emmenant
avec lui un grand nombre d’ouvriers spécialisés dans
l’abattage d’arbres et la construction de routes. Alors ils
tombèrent sur de hautes montagnes en chemin. Le Sultan
descendit de son cheval et descendit la montagne, en
utilisant ses mains et ses pieds, comme le reste des
soldats. Ils étaient accompagnés de la mère de Hassan
Ouzoun, le chef des Turkmènes, venue réconcilier le Sultan
et son fils. Elle demanda au Sultan : « Pourquoi te
donnes-tu tous ces ennuis ? Trabzon en vaut-il la peine ? Il
répondit : « Ô mère, Allah, à Lui les Louanges et la Gloire,
a mis cette épée dans ma main pour que je mène le Jihad avec
lui pour Lui. Donc, si je ne supporte pas ce fardeau et ne
remplis pas mon devoir, avec cette épée, je ne mériterais
pas d’avoir un titre comme ghazi, et comment pourrais-je
affronter Allah Exalté le Jour du Jugement, après cela ? »
Telle était la mentalité de la plupart des soldats et de
leurs commandants, en raison de leur profonde éducation
religieuse et de leur foi. |