Le libérateur spirituel de Constantinople, Sheikh Aq Shams ad-Din

 

Muhammad Ibn Hamza, un Romain de Damas, quitta les terres des Byzantins avec son père, pour étudier divers sujets, pour devenir un grand érudit islamique sous le règne ottoman.

Il enseigna Muhammad al-Fatih, car sa lignée remontait au Calife bien guidé, Abou Bakr as-Siddiq (radhiyallahou ‘anhou). Il naquit à Damas en 791 (1389) et apprit le Qur’an à l’âge de sept ans. Il étudia à Amasya, Halab, Ankara et décéda en 863 (1459).

Il enseigna au Prince Muhammad al-Fatih les principales connaissances de cette époque : la science du Qur’an, la Sounnah du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), la Jurisprudence Islamique (Fiqh) et les langues, notamment l’Arabe, le Farsi et le Turc. Il lui enseigna également d’autres matières, telles que les mathématiques, l’astronomie, l’histoire et la stratégie militaire.

Le Sheikh Aq était l’un des savants qui supervisèrent le Prince Muhammad, lorsqu’il fut nommé émir de Magnésie, dans sa formation à l’administration provinciale et à l’art de la gouvernance. Le Sheikh Aq réussit à convaincre le jeune prince qu’il était le chef mentionné dans le Hadith du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

Lorsque le Prince Muhammad devint le Sultan de l’État Ottoman à un si jeune âge, son Sheikh lui ordonna rapidement de déplacer avec son armée pour essayer d’accomplir la prophétie du Hadith. Les forces ottomanes assiégèrent donc Constantinople par terre et mer, combattant pendant 54 jours.

 

Lorsque les Byzantins remportèrent une victoire temporaire et que la population byzantine ressentit de la joie et du soulagement, aux quatre navires envoyés par le Pape qui avaient réussi à entrer dans la ville, le commandant et les princes ottomans se réunirent avec le Sultan Muhammad II et lui dirent : « Tu as forcé tous ces soldats à maintenir ce siège afin de mettre en œuvre les instructions de l’un des savants, en référence au Sheikh Aq. Tu es responsable de la mort et des blessures de tant de soldats et de la destruction de leur équipement tandis que les Chrétiens ont reçu maintenant plus de soutien de l’extérieur. Il n’y a donc aucun espoir de conquête. »

 

Le Sultan envoya Wali ad-Din Ahmad Basha, son Vizir, au Sheikh Aq, pour lui demander une solution. Le Sheikh répondit : « Il est prédestiné qu’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, nous accorde la victoire. » Le Sultan, cependant, ne fut pas convaincu par cette réponse, alors il envoya son Vizir une deuxième fois, demandant au Sheikh de donner plus de justification (pour sa déclaration).

Le Sheikh écrivit une lettre à son disciple, Muhammad al-Fatih, dans laquelle il dit : « Certes, l’incident des navires a provoqué une angoisse mentale dans nos rangs mais causé de la joie parmi les mécréants, mais rappelez-vous que le fait établi que le travail  de l’homme est soumis à la prédestination, décrétée par Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, et tout jugement revient à Allah. Nous nous sommes tournés vers Allah, Exalté et Loué soit-Il, et avons récité le Qur’an, ce n’est qu’un moment de négligence, qui sera suivi de la Miséricorde d’Allah avec de bonnes nouvelles jamais vues auparavant. »

Ces paroles insufflèrent un sentiment de paix et de sérénité dans l’esprit des commandants et des soldats, de sorte que le conseil de guerre décida immédiatement de poursuivre la lutte pour libérer Constantinople. Le Sultan Muhammad se rendit ensuite à la tente du Sheikh et lui baisa la main, en disant : « Apprends-moi une invocation pour demander à Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, afin que je puisse réussir, » ce que fit aussitôt le Sheikh. Le Sultan quitta la tente pour ordonner l’assaut général.

 

Le Sultan Muhammad voulait que son Sheikh soit à ses côtés pendant l’attaque, alors il demanda sa compagnie. Cependant, le Sheikh avait donné des instructions à ses gardes de ne laisser personne entrer dans sa tente, et ils refusèrent donc au messager du Sultan l’autorisation de s’approcher du Sheikh. Le Sultan se courrouça et alla lui-même appeler le Sheikh, mais les gardes lui refusèrent l’entrée suivant les instructions du Sheikh. Le Sultan prit son poignard et coupa le côté de la tente seulement pour voir le Sheikh effectuer une longue prosternation devant Allah, Exalté et Loué soit-Il. Il portait un turban et certains de ses cheveux blancs touchaient le sol ; sa barbe blanche brillait. Le Sultan le regarda se relever de sa prostration, les larmes aux joues. Puis il invoqua l’aide d’Allah pour accorder leur victoire au combat.

 

Le Sultan retourna à son centre de commandement et observant les murs de la ville, il vit ses soldats y percer des trous par lesquels de nombreux combattants pénétrèrent dans la ville. Le Sultan Muhammad fut ravi et déclara : « Mon bonheur n’est pas pour la conquête de la ville, mais l’existence d’un tel homme (son Sheikh) à notre époque. »

Le savant ash-Shawkani mentionna dans son al-Badr at-Tali que pendant la bataille, la bénédiction et le mérite du Sheikh Shams ad-Din furent témoignés car il identifia correctement le jour de la libération de Constantinople au Sultan.

Lorsque l’armée ottomane fit irruption dans la ville, en force et avec enthousiasme, le Sheikh s’approcha du Sultan pour lui rappeler les règles de la Shari’ah ainsi que les droits des nations vaincues, selon l’Islam.

 

Après avoir honoré ses soldats avec des cadeaux et des présents, le Sultan organisa une fête de cérémonie qui dura trois jours. Le pieux Sheikh se leva et prononça un petit discours, disant : « Ô soldats de l’Islam, souvenez-vous que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit à votre sujet : « Constantinople sera (définitivement) libérée ; quel excellent émir (son émir), et quelle excellente armée (cette armée) ! » Nous demandons à Allah Exalté de nous faire réussir et de nous pardonner. Ne gaspillez pas l’argent que vous avez gagné. Dépensez-le à faire de bonnes actions pour les habitants de la ville. Écoutez votre Sultan, obéissez-lui et aimez-le. Puis il se tourna vers le Sultan al-Fatih, et dit : « Ô mon Sultan, tu es devenu la joie pour les Ottomans alors, continue à être un moujahid dans la voie d’Allah, » puis il lanca le Takbir.

 

Après la libération de Constantinople, le Sheikh Shams ad-Din se rendit sur la tombe du Compagnon du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), Abou Ayyoub al-Ansari (radhiyallahou ‘anhou), sur un site près du mur de Constantinople. Le Sheikh Shams ad-Din fut le premier à donner un Sermon du Vendredi dans la Mosquée Aya Sofia.

 

Le Sheikh Shams ad-Din aida à empêcher le Sultan d’être submergé par un sentiment de fierté 

 

Le Sultan Muhammad al-Fatih aimait beaucoup son Sheikh et le tenait en haute estime. Il dit à son rassemblement après la conquête : « Vous voyez que je suis très heureux, mais mon bonheur n’est pas seulement dû à la libération de cette forteresse ; c’est pour avoir un Sheikh si éminent bien-aimé à mes côtés dans mon règne; c’est pour mon professeur, Sheikh Aq Shams ad-Din.

Il décrivit son respect pour le Sheikh Shams ad-Din dans une conversation avec son Vizir, Mahmoud Basha, en disant : « Mon respect pour Sheikh Shams ad-Din n’est pas par choix. Quand je suis près de lui, je ressens un sentiment de sérénité et de crainte révérencielle. »

Ce savant a toujours tenu à éduquer correctement le Sultan pour qu’il comprenne les concepts d’Iman, d’Islam et d’Ihsan. Le Sheikh n’était pas seulement un savant religieux ; il avait également des connaissances en botanique, en médecine et pharmacologie. Il fut célèbre pour ses recherches sur les herbes médicinales et son aptitude à guérir de nombreux maux et maladies.

 

Le Sheikh Shams ad-Din s’intéressa autant aux maladies corporelles qu’aux maladies mentales. Il était particulièrement intéressé par les maladies épidémiques qui se propageaient rapidement à son époque, tuant des dizaines de milliers de personnes. Il écrivit un livre sur ce sujet, en turc, intitulé Les Questions de Vie, dans lequel il déclara : « Il est faux d’imaginer que les maladies apparaissent spontanément chez les personnes. Les maladies se déplacent d’une personne à une autre de manière contagieuse. Cette contagion est si minuscule qu’il n’est pas possible de la voir à l’œil nu, car elle se produit avec des agents vivants. » Ainsi, le Sheikh Shams ad-Din le premier à donner une définition de la bactérie, au XVe siècle alors que le microscope n’avait pas encore été inventé. Ce n’est que quatre siècles plus tard que le chimiste et biologiste français, Louis Pasteur, parvient à la même conclusion.

Le Sheikh Shams ad-Din s’intéressa également au cancer et écrivit aussi à ce sujet. Il écrivit en tout, deux livres sur la médecine, en turc et dans les langues ottomanes. En outre, le Sheikh publia sept livres en Arabe.

 

Son décès

 

Le Sheikh retourna dans son pays natal, Koniuk, après avoir ressenti un vif désir de le revoir, malgré l’insistance du Sultan pour qu’il reste à Istanbul (Constantinople). Il décéda en 863 (1459), que la miséricorde d’Allah soit sur lui car c’est le Décret d’Allah, Exalté et Loué soit-Il, pour Sa création. Ni chef pieux, ni brave libérateur n’émerge, excepté s’il y a un groupe d’érudits pieux autour de lui pour l’enseigner et le guider.

 

Il existe de nombreux exemples de ce type à citer, et nous avons évoqué le rôle de ‘AbdAllah Ibn Yassin avec Yahya Ibn Ibrahim dans l’État des Mourabitine (au Maroc) ; le Qadi al-Fadil avec Salah ad-Din dans l’État Ayyoubi et ici Sheikh Aq Shams ad-Din avec Muhammad al-Fatih dans l’État Ottoman.

Que la miséricorde d’Allah soit sur eux tous et qu’Il ​​accepte leurs efforts et leurs actes sincères.

 

 

L’effet de la libération de Constantinople dans le Monde Européen et Islamique

 

Avant sa conquête, Constantinople était un énorme obstacle à la propagation de l’Islam en Europe. Par conséquent, sa libération conduisit à l’entrée de l’Islam en Europe, apportant plus que jamais tant de force et de paix à ses nouveaux convertis.

La conquête de Constantinople reste encore l’un des grands événements de l’histoire du monde, notamment en ce qui concerne l’histoire européenne et ses relations avec l’Islam.

Le Sultan commença à réorganiser les affaires de la ville, après la conquête, à reconstruire ses fortification. Elle devint la capitale de l’État Ottoman et fut rebaptisée Islam Boul, ce qui signifie la Ville de l’Islam. Cependant, il cela fut ensuite déformé en Istanbul.

 

L’Occident chrétien fut très affecté par la nouvelle de cette conquête. Les Chrétiens furent pris par des sentiments de douleur et de disgrâce, alors qu’ils envisageaient le danger des armées musulmanes venant d’Islam-Boul (Istanbul). Les poètes et les conférenciers s’efforcèrent de réveiller et de raviver les anciens sentiments de haine et de colère dans l’esprit des Chrétiens contre les Musulmans. Les rois et les princes tinrent de longues et fréquentes réunions, essayant de mettre de côté leurs différences. Le Pape Nicolas V (le cinquième), de tous les peuples, fut le plus touché et s’efforça d’unir les provinces italiennes dans la lutte contre les Musulmans. Il dirigea une conférence, tenue à Rome, au cours de laquelle tous les pays participants déclarèrent leur détermination à s’entraider, en dirigeant tous leurs efforts et leur puissance dans la lutte contre un ennemi commun. Cette alliance fut presque formée mais le Pape mourut, d’un grave accident vasculaire cérébral résultant de la nouvelle de la chute de Constantinople aux Ottomans, le 25 mars 1455.

 

Le Pape Pie II (le deuxième) essaya tout pour raviver la haine des croisés dans l’esprit des Chrétiens. Certains pays étaient prêts à entreprendre l’idée du Pape de détruire les Ottomans, mais au moment de la mobilisation, la plupart des pays européens se retirèrent en raison de crises internes. En effet, la guerre de cent ans avait épuisé l’Angleterre et la France. La Grande-Bretagne était occupée par ses préoccupations constitutionnelles et ses guerres civiles ; L’Espagne était occupée à combattre les Musulmans d’Andalousie tandis que les États Italiens se préoccupaient de consolider leurs relations avec l’ État Ottoman, dans un souci de gain financier.

 

Le projet de la campagne des croisés se termina avec la mort de son chef, le Pape. La Hongrie et Venise devinrent vulnérables face à l’État Ottoman. Quant à Venise, elle rédigea un traité d’amitié et devint de bons voisins avec les Ottomans pour son propre bénéfice tandis que la Hongrie perdit sa guerre contre les forces ottomanes, qui réussirent à ajouter à leur état les régions suivantes : la Serbie, Grèce, al-Aflaq, al-Qourm et les principales îles de l’archipel. Ils obtinrent un tel succès en peu de temps lorsque le Sultan Muhammad les attaqua par surprise et détruisit leur puissance militaire.

Quant à l’effet de la conquête de Constantinople en Orient Islamique, nous disons : la joie et le bonheur se répandirent sur tout le territoire islamique, de l’Asie à l’Afrique. La conquête était le rêve des grands-pères et l’espoir de tant de générations qui l’avaient désiré, mais cela eut lieu aux mains de Muhammad al-Fatih, qui envoya des lettres à tous les dirigeants du Monde Islamique, en Égypte, dans la Péninsule Arabique, en Perse, en Inde, etc., pour les informer de la grande victoire islamique. La nouvelle de la victoire fut célébrée sur les chaires et de nombreuses prières de remerciement à Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, furent exécutées, tandis que toutes les maisons et toutes les échoppes furent décorées pour célébrer ce grand jour de l’Islam.

 

La Lettre d’al-Fatih au Sultan d’Égypte

 

Voici quelques extraits de la lettre d’al-Fatih à son frère musulman, le Sultan d’Égypte, rédigée par Sheikh Ahmad al-Qourani :

« ... L’un des meilleurs attributs de nos ancêtres, que la miséricorde d’Allah soit sur eux, est qu’ils étaient des guerriers dans la voie d’Allah, Exalté et Loué soit-Il. Ils ne se sont pas inquiétés des accusations des accusateurs et nous suivons cette tradition en restant fermes sur ce souhait : adhérer au commandement d’Allah « Combattez ceux qui ne croient pas en Allah ... » (Qur’an 9: 29)

Et tenant fermement à la parole du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) : « Quiconque dont les pieds se recouvriront de poussière dans la voie d’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, Allah Exalté lui interdira le feu. » Sahih al-Boukhari, Ahmad, at-Tirmidi et an-Nassa'i

 

Notre principale préoccupation cette année fut remplie de bénédictions d’Allah, Exalté et Loué soit-Il, alors que nous nous accrochons à la Corde d’Allah le Tout-Puissant, pour accomplir l’obligation d’invasion, pour l’Islam, suivant Son Commandement :

« Ô vous qui croyez, combattez ceux qui sont proches de vous parmi les mécréants ... » (Qur’an 9: 123)

 

Nous avons donc équipé l’armée offensive des moujahidines, sur terre et en mer, pour libérer une ville remplie de vice et d’incrédulité, et qui se tenait avec arrogance au milieu des États Islamiques, montrant son polythéisme.

Cette ville était en partie située au bord de la mer et en partie sur terre. Nous nous y étions bien préparés, comme Allah nous l’a ordonné :

« Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée… » (Qur’an 8: 60)

Nous avons préparé toutes les armes et toutes les puissances possibles, nous avons utilisé des canons, des pierres, des navires, tous les types d’armes disponibles. Nous nous sommes appuyés sur Allah, Exalté et Loué soit-Il, pour les détruire avec Ses agents, tels que le tonnerre, le vent et la foudre. Nous avons attaqué la ville le 26 de Rabi’ al-Awwal 758.

Chaque fois qu’ils furent appelés à la vérité, ils refusèrent par orgueil. Nous avons assiégé leur ville, nous les avons combattus et ils nous ont combattus dans une bataille qui dura cinquante-quatre jours et nuits.

 

A l’aube du mardi 20 Joumadah al-Oula, nous avons lancé une attaque générale avec toutes nos forces, et Allah nous accorda la victoire avant le lever du soleil.

« Leur rassemblement sera bientôt mis en déroute, et ils fuiront. L’Heure, plutôt, sera leur rendez-vous, et l’Heure sera plus terrible et plus amère. » (Qur’an : 45-46)

 

Ils furent détruits comme les habitants d’Ad et de Thamoud. Certains d’entre eux furent tués et d’autres faits prisonniers. Leur richesse leur fut enlevée et leurs croix brisées. Nous avons transformé leurs lieux de culte en mosquées, pour le peuple de l’Islam, et toute louange est due à Allah.

 

Le Sultan Muhammad al-Fatih envoya également une lettre au chérif de Makkah, pour célébrer la libération de Constantinople, et lui demanda de faire des Dou’a pour eux. Il expédia quelques cadeaux du butin gagné après la bataille.

 

Les raisons de la libération de Constantinople

 

La libération de Constantinople ne s’est pas produite de façon inattendue mais fut plutôt le résultat d’un effort cumulatif effectué par les Musulmans depuis le premier âge de l’Islam. Un désir de ces générations d’accomplir la bonne nouvelle du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). L’apparition de l’État Ottoman accrut l’intérêt pour la conquête de Constantinople, et nous remarquons que les Sultans Ottomans étaient des gens ayant une connaissance approfondie du travail selon les ordonnances établies par Allah, à Lui les Louanges et la Gloire. Fatih adopta cette Sounnah, telle qu’elle apparaît dans sa biographie du Jihad, car il fut toujours désireux de mettre en œuvre les Paroles d’Allah, Exalté et Loué soit-Il :

« Et préparez [pour lutter] contre eux tout ce que vous pouvez comme force et comme cavalerie équipée, afin d’effrayer l’ennemi d’Allah et le vôtre, et d’autres encore que vous ne connaissez pas en dehors de ceux-ci mais qu’Allah connaît. Et tout ce que vous dépensez dans le sentier d’Allah vous sera remboursé pleinement et vous ne serez point lésés... » (Qur’an 8: 60)

 

Muhammad al-Fatih comprit de ce verset que la question de la victoire pour cette religion nécessite le déploiement de différents types de pouvoir. Il interpréta ce verset pratiquement dans son jihad béni, en rassemblant une grande armée pour assiéger Constantinople. Il n’hésita pas à mettre à disposition tous les types d’armes à son époque.

 

L’armée qui encercla Constantinople, sous la direction de Muhammad al-Fatih, était moralement préparée. Il incarna le vrai sens de la foi et de la piété et assuma le fardeau de la confiance pour transmettre le message divin. Il fut développé sur la vraie signification de la foi, sous la supervision d’érudits pieux, qui adoptèrent le Livre d’Allah, Exalté et Loué soit-Il, et la Sounnah du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) comme moyen d’éduquer ses membres.

 

Leur éducation était basée sur le fait que :

1- Allah, Exalté et Loué soit-Il, est Un, sans associé en dehors de Lui. Il n’a pris ni partenaire, ni fils. Il est libre de tous défauts, et décrit avec des Attributs Parfaits qui ne finissent jamais.

2- Il, Exalté et Loué soit-Il, est le Créateur de tout, le Propriétaire de tout et le Gestionnaire de tout :

« Votre Seigneur, c’est Allah, qui a créé les cieux et la terre en six jours, puis S’est établi « istawā » sur le Trône. Il couvre le jour de la nuit qui poursuit celui-ci sans arrêt. (Il a créé) le soleil, la lune et les étoiles, soumis à Son commandement. La création et le commandement n’appartiennent qu’à Lui. Toute gloire à Allah, Seigneur de l’Univers ! » (Qur’an : 54)

 

Il, Exalté et Loué soit-Il, est la source de toutes les bénédictions existantes, qu’elles soient petites ou grandes, visibles ou invisibles :

« Et tout ce que vous avez comme bienfait provient d’Allah. Puis quand le malheur vous touche, c’est Lui que vous implorez à haute voix. » (Qur’an 16: 53)

 

3- Sa Connaissance englobe tout. Rien ne Lui est caché, que ce soit sur terre ou dans les cieux. Il, Exalté et Loué soit-Il, sais ce que l’homme cache et ce qu’il révèle :

« Allah qui a créé sept cieux et autant de terres. Entre eux [Son] commandement descend, afin que vous sachiez qu’Allah est en vérité Omnipotent et qu’Allah a embrassé toute chose de [Son] savoir. » (Qur’an 16: 53)

 

4- Il, Exalté et Loué soit-Il, demande à Ses anges d’enregistrer toutes les actions de l’homme, petites ou grandes, et les lui révélera au moment voulu :

« Il ne prononce pas une parole sans avoir auprès de lui un observateur prêt à l’inscrire. » (Qur’an 50: 18)

 

5- Il, Exalté et Loué soit-Il, teste les gens avec des choses différentes contre leur gré, afin qu’ils se connaissent bien : qui parmi eux accepte le Décret divin d’Allah, Exalté et Loué soit-Il, et qui parmi eux maudit son sort, et ne mérite donc rien de Lui :

« Celui qui a créé la mort et la vie afin de vous éprouver (et de savoir) qui de vous est le meilleur en œuvre, et c’est Lui le Puissant, le Pardonneur. » (Qur’an 67: 2)

 

6- Il, Exalté et Loué soit-Il, assure le succès et le soutien à quiconque se tourne vers Lui :

« Certes mon Maître, c’est Allah qui a fait descendre le Livre (le Qur’an). C’est Lui qui se charge (de la protection) des vertueux. » (Qur’an 7: 96)

 

7- Son droit sur Ses serviteurs est qu’ils l’adorent, Seul sans aucun associé avec Lui :

« Tout au contraire, adore Allah seul et sois du nombre des reconnaissants. » (Qur’an 39: 66)

 

8- Il, Exalté et Loué soit-Il, a défini le concept de Son Unicité dans le Qur’an :

« Dis: «Il est Allah, Unique. Allah, Le Seul à être imploré pour ce que nous désirons. Il n’a jamais engendré, n’a pas été engendré non plus. Et nul n’est égal à Lui. ».» (Qur’an 112)

 

Les savants de l’État Ottoman adoptèrent la Sounnah du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) en éduquant les soldats de son armée à la vérité du destin et à la voie du salut. Ils se concentrèrent sur les points suivants :

1- Que cette vie, même si elle dure un certain temps, est vouée à la fin, et que ses qualités, si grandes qu’elles soient, sont bon marché et indignes :

« La vie présente est comparable à une eau que Nous faisons descendre du ciel et qui se mélange à la végétation de la terre dont se nourrissent les hommes et les bêtes. Puis, lorsque la terre prend sa parure et s’embellit, et que ses habitants pensent qu’elle est à leur entière disposition, Notre Ordre lui vient, de nuit ou de jour, c’est alors que Nous la rendrons toute moissonnée, comme si elle n’avait pas été florissante la veille. Ainsi exposons-Nous les preuves pour des gens qui réfléchissent. » (Qur’an 10: 24)

 

« Dis: «La jouissance d’ici-bas est éphémère. » (Qur’an 4 : 77)

 

2- Que toute l’humanité retournera à Allah, Exalté et Loué soit-Il. Ils seront comptabilisés pour leurs actes et ils finiront au Paradis ou en Enfer :

« L’homme pense-t-il qu’on le laissera sans obligation à observer ? » (Qur’an 75 : 36)

 

3- Que les Bénédictions du Paradis les aident à oublier toute la douceur de cette vie :

« …et qu’ensuite leur arrive ce dont on les menaçait, les jouissances qu’on leur a permis ne leur serviraient à rien. » (Qur’an 26 : 206-207)

 

4- Qu’après la fin de ce monde, les gens traverseront des moments difficiles, car leur sort est décidé soit au Paradis, soit en Enfer :

« Ô hommes ! Craignez votre Seigneur. Le séisme [qui précédera] l’Heure est une chose terrible. Le jour où vous le verrez, toute nourrice oubliera ce qu’elle allaitait, et toute femelle enceinte avortera de ce qu’elle portait. Et tu verras les gens ivres, alors qu’ils ne le sont pas. Mais le châtiment d’Allah est dur. » (Qur’an 75 : 1-2)

 

« Comment vous préserverez-vous, si vous mécroyez, d’un jour qui rendra les enfants comme des vieillards aux cheveux blancs ? [Et] durant lequel le ciel se fendra. Sa promesse s’accomplira sans doute. » (Qur’an 75 : 17-18) 

 

5- Que le seul moyen de se protéger d’une telle épreuve et de tels tourments est d’avoir foi en Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, et de faire de bonnes actions, en recherchant Son Plaisir :

« Ceux qui croient et accomplissent les bonnes œuvres auront des Jardins sous lesquels coulent les ruisseaux. Cela est le grand succès. » (Qur’an 85: 11)

 

C’est grâce à ces enseignements que les érudits ottomans réussirent à sensibiliser tous les membres de l’État Ottoman, les commandants, les soldats et masses à leur droit à la religion d’Allah, Exalté et Loué soit-Il, et à leur rôle dans la diffusion du message de l’Islam.

 

Cette éducation suscita une détermination et un enthousiasme particuliers dans l’esprit de tous les membres de la société ottomane. Leur chef, Muhammad al-Fatih, fut très fier de ces faits comme en témoigne ses paroles :

« Mon enthousiasme est de m’efforcer de servir ma religion, la religion d’Allah, Exalté et Loué soit-Il. Ma détermination est de soumettre tous les gens incrédules avec mes soldats, les soldats d’Allah, Exalté et Loué soit-Il. Ma réflexion se concentre sur la « libération » et la victoire, par la miséricorde d’Allah. Mon Jihad est conduit avec la vie et l’argent ; quoi de mieux que cela, dans ce monde, après avoir observé les commandements d’Allah ? Mon désir est de mener des centaines de milliers d’ouvertures pour Allah, Exalté et Loué soit-Il ! Ma demande est de défendre la Sainteté d’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, et d’élever l’État Islamique au-dessus des ennemis d’Allah. »

 

Lorsque le Sultan al-Fatih voulut conquérir la ville de Trabzon, dont le chef était chrétien, il voulut l’attaquer par surprise. Il s’y prépara donc en emmenant avec lui un grand nombre d’ouvriers spécialisés dans l’abattage d’arbres et la construction de routes. Alors ils tombèrent sur de hautes montagnes en chemin. Le Sultan descendit de son cheval et descendit la montagne, en utilisant ses mains et ses pieds, comme le reste des soldats. Ils étaient accompagnés de la mère de Hassan Ouzoun, le chef des Turkmènes, venue réconcilier le Sultan et son fils. Elle demanda au Sultan : « Pourquoi te donnes-tu tous ces ennuis ? Trabzon en vaut-il la peine ? Il répondit : « Ô mère, Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, a mis cette épée dans ma main pour que je mène le Jihad avec lui pour Lui. Donc, si je ne supporte pas ce fardeau et ne remplis pas mon devoir, avec cette épée, je ne mériterais pas d’avoir un titre comme ghazi, et comment pourrais-je affronter Allah Exalté le Jour du Jugement, après cela ? »

Telle était la mentalité de la plupart des soldats et de leurs commandants, en raison de leur profonde éducation religieuse et de leur foi.