Muhammad al-Fatih et la libération de Constantinople
Le Sultan Muhammad ath-Thani (II, le deuxième) fut le
septième Sultan de la famille de ‘Uthman et il fut surnommé
al-Fatih (le libérateur) ou Abou al-Khayrat (le père
du bien). Il régna pendant trente ans, une période de gloire
pour les Musulmans. Il succéda à la tête de l’État Ottoman à
l’âge de 22 ans, après la mort de son père le 16 Mouharram,
855 (18 février 1451). Sa personnalité combinait force et
justice, et il avait une connaissance approfondie de
nombreux domaines scientifiques, qu’il avait appris à
l’Institut Prince. Il apprit également les langues de son
temps, tout en étant enclin à étudier l’histoire. Toutes ces
connaissances l’aidèrent à développer son caractère pour son
administration à la fois de l’état et du champ de bataille,
avant d’être connu sous le nom de Muhammad al-Fatih
(le libérateur), pour sa libération de Constantinople.
Il suivit la même voie adoptée par son père et ses
grands-pères, en réorganisant les différentes
administrations de l’état, en mettant davantage l’accent sur
l’équilibre des ressources financières de tout le pays et
leur gestion, de manière à éviter tous les aspects de
l’opulence et des dépenses excessives. Il fit également un
effort pour améliorer l’armée, en consignant des registres
personnels de ses soldats, en augmentant leurs salaires et
en les armant des dernières armes disponibles à l’époque.
Concernant la gestion des provinces, il les améliora en
rétablissant le poste de certains anciens gouverneurs, tout
en remplaçant ceux qui avaient montré des signes
d’insouciance. Après avoir passé un certain temps à faire
des réformes chez lui, il se tourna vers les fronts
chrétiens en Europe afin de libérer plus de régions et de
diffuser le message de l’Islam.
De nombreux facteurs aidèrent le Sultan à atteindre ses
objectifs, comme la faiblesse de l’Empire Byzantin dû à des
conflits avec d’autres pays européens et aussi à d’autres
internes qui s’étaient répandus dans tout le pays.
Le Sultan al-Fatih travailla dur pour couronner
toutes ses conquêtes avec la libération de Constantinople,
la capitale de l’Empire Byzantin et la principale base des
invasions de la croisade contre le Monde Islamique. Il en
fit la capitale de l’État Ottoman, réussissant ainsi ce que
ses prédécesseurs échouèrent.
La libération de Constantinople
Constantinople était une ville majeure du monde. Elle fut
fondé en -300 de l’Hégire (330) par l’Empereur Byzantin,
Constantin I (le premier). Elle avait une position
stratégique unique au niveau international, et on dit un
jour : « Si le monde avait été un seul royaume, il aurait
été juste que Constantinople en soit la capitale. » Dès sa
fondation, les Byzantins l’adoptèrent comme capitale, car
c’était l’une des villes les plus grandes et les plus
importantes du monde.
Lorsque les Musulmans s’engagèrent dans le Jihad contre
l’État Byzantin, cette ville eut un rôle spécial dans ce
conflit. Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donna à
ses compagnons la bonne nouvelle de sa libération dans de
nombreuses circonstances, comme lors de la Bataille de la
Tranchée. Ce fut pour cette raison que les Califes musulmans
et leurs commandants d’armée concoururent pour la libérer à
travers les âges, dans l’espoir que le Hadith du
Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) serait accompli par
leurs mains.
Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) a dit : «
Constantinople sera
(définitivement) libérée par les mains d’un seul homme. Quel
excellent Amir (est-il), et quelle excellente armée (est
cette armée) ! » Rapporté par l’Imam Ahmed dans
son Mousnad.
Les forces islamiques s’efforcèrent de conquérir la capitale
byzantine, depuis l’époque du Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan
(radhiyallahou ‘anhoum) lors de la première des invasions
islamiques en l’an 33 de l’Hégire en passant par les
invasions du Sultan Amawi, Souleyman Ibn ‘Abd al-Malik, en
98, le Sultan abbasside, Haroun ar-Rashid en 190, et les
dirigeants seljouk aux Xe (10) et XIe (11) siècles de
l’Hégire.
Les Ottomans remplacèrent les Seljouk et renouvelèrent leurs
attaques contre Constantinople particulièrement sous le
règne du Sultan Bayazid « la foudre, » dont les forces
assiégèrent la ville en 796 (1393). Le Sultan négocia avec
l’Empereur Byzantin pour remettre pacifiquement la ville aux
Musulmans, mais il continua à retarder sa décision dans
l’espoir de recevoir un soutien européen pour empêcher
l’attaque des Musulmans sur sa ville. A cette même époque,
les armées tatars (mongoles) de Timour Link pénétrèrent à
l’intérieur des territoires ottomans et commencèrent à
ravager le pays. Le Sultan Bayazid fut contraint de retirer
ses troupes afin de pouvoir affronter lui-même les tatars.
La célèbre bataille d’Ankara fut la dernière de Bayazid, qui
fut capturé et décéda en captivité en 804 (1402).
Muhammad al-Fatih avait l’habitude de
participer à la gestion de l’état de son père, et dès lors,
il fut témoin du conflit avec l’État Byzantin dans
différentes circonstances. Il était parfaitement au courant
des précédentes campagnes ottomanes pour libérer
Constantinople.
Par conséquent, depuis qu’il fut nommé Sultan en 855 (1451),
il fut toujours désireux de conquérir Constantinople et de
la libérer. L’éducation islamique reçue des érudits
contribua à accroître son amour pour l’Islam, le Qur’an, la
Sounnah du Prophète Muhammad (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) et l’adhésion à la Shari’ah Islamique. Il fut décrit
comme un chef pieux, qui aimait les érudits islamiques,
encourageait la propagation du savoir et de l’éducation
islamiques, qu’il avait lui-même reçus de son père et des
savants respectés.
Muhammad al-Fatih fut influencé, dès son plus
jeune âge, par des savants pieux, comme l’éminent Ahmad
Ibn Isma’il al-Qourani, qui était son professeur sous le
règne du Sultan Mourad ath-Thani, le père d’al-Fatih.
Ce fut cette
véritable éducation islamique et ces grands éducateurs, en
particulier al-Qourani, l’érudit pieux, qui affrontait le
Sultan s’il voyait des décisions contre les Lois de l’Islam
qui permirent naturellement de produire un aussi grand
leader que Muhammad al-Fatih, qui était un
vrai croyant et adhérait aux limites de la Shari’ah.
Il y eut aussi le rôle du Sheikh Aq Shams ad-Din dans le
développement de la personnalité de Muhammad al-Fatih,
car il l’encouragea à motiver le mouvement du jihad ottoman,
et lui rappela qu’il pouvait être l’émir prévu mentionné
dans le Hadith du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam). C’était pour cette raison qu’al-Fatih
souhaita que la prophétie s’applique à lui.
La préparation de la libération de Constantinople
Le Sultan Muhammad al-Fatih fit toutes les
planifications nécessaires pour la conquête. Il renforca son
armée avec plus de recrues, jusqu’à atteindre près d’un
million de moujahidines. C’était un nombre énorme par
rapport aux armées d’autres pays à l’époque.
Il supervisa personnellement l’entraînement de son immense
armée avec toutes les différentes stratégies de combat, en
utilisant différentes armes. Il se concentra également sur
leur formation spirituelle, pour qu’ils soient qualifiés
pour leur mission de Jihad, en leur rappelant l’admiration
du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pour l’armée qui
libérerait Constantinople, en espérant qu’ils seraient ceux
dont il était question. Ce rappel leur donna force et
courage. L’existence d’érudits islamiques parmi les soldats
contribua à accroître la détermination des soldats à
accomplir le Jihad conformément aux commandements d’Allah, à
Lui les Louanges et la Gloire.
Le Sultan construisit alors une forteresse appelée Roumélie
Hisar du côté européen du Bosphore, au point le plus
étroit, face à la citadelle construite sous le règne du
Sultan Bayazid du côté asiatique. L’Empereur Byzantin essaya
de convaincre le Sultan de ne pas construire la forteresse,
en échange d’un arrangement financier qu’il avait promis
auparavant mais al-Fatih insista pour la construire
en raison de son importance militaire stratégique. Lors de
sa construction, elle mesurait 83 mètres de haut, face à
l’autre forteresse, avec seulement 660 mètres entre elles.
Il interdit tout navire d’atteindre Constantinople depuis
les régions du côté oriental, telles que le royaume de
Trabson et d’autres provinces qui pourraient soutenir
Constantinople.
La production par le Sultan des armes nécessaires
Le Sultan accorda une priorité particulière à la production
du bon type d’armes pour libérer Constantinople, en
particulier les canons. Il fit venir un ingénieur hongrois
nommé Urbain, qui excellait dans la fabrication d’armes
lourdes. Il l’accueillit bien, lui fournit les moyens
financiers et les effectifs nécessaires à la réalisation de
son projet. Cet ingénieur put fabriquer plusieurs gros
canons, dont le célèbre énorme canon du Sultan qui pesait
cent tonnes et avait besoin d’une centaine de taureaux
puissants pour le déplacer.
Parmi les préparatifs faits par le Sultan, il y eut son
attention particulière envers sa flotte. Il les équipa comme
différents navires de guerre pour lancer une attaque bien
préparée sur Constantinople qui était une ville côtière qui
n’aurait jamais pu être conquise sans l’existence d’une
forte puissance navale. Il a été rapporté que la flotte
préparée pour cette mission comptait plus de quatre cents de
navires.
Traités conclusifs
Avant son assaut sur Constantinople, al-Fatih conclut
des traités avec différents ennemis afin de se concentrer
sur un seul d’entre eux. Il conclut un traité avec Galata, à
côté de Constantinople à l’est, qui n’était séparé que par
le détroit de la Corne d’Or. Il conclut également un traité
avec la Hongrie et Venise, deux des pays européens voisins.
Cependant, ces traités ne furent pas respectés (vous
connaissez le refrain) au début de l’assaut de
Constantinople car de nombreuses forces de ces villes
vinrent au secours de leurs compagnons chrétiens pour
défendre Constantinople, sans tenir compte de leur traité
avec les Musulmans.
Alors que le Sultan préparait les dernières étapes pour
commencer son assaut, l’Empereur Byzantin essaya de faire
changer d’avis le Sultan, en lui envoyant de l’argent et des
cadeaux différents et aussi en essayant de corrompre les
consultants du Sultan. Mais le Sultan était catégorique pour
exécuter son plan, et rien ne pouvait le faire changer
d’avis. Constatant la détermination du Sultan, l’Empereur
décida de solliciter l’aide de différentes autorités
européennes, au premier rang desquelles le Pape, chef des
catholiques romains, à une époque où les églises de l’Empire
Byzantin suivaient l’Église orthodoxe. Il y avait de
l’hostilité entre les deux églises aussi l’Empereur fut-il
contraint de flatter le Pape en admettant qu’il était prêt à
travailler pour l’unité de l’Église orthodoxe, sous
l’autorité du Pape, contre la volonté des masses orthodoxes.
Le Pape envoya son représentant à Constantinople pour donner
un sermon dans l’église Sainte-Sophie, où il déclara
l’unification des deux églises. Cette mesure mit en colère
les orthodoxes de la ville qui pensèrent à contrer
l’entreprise impérialiste conjointe. L’un des dirigeants
orthodoxes déclara alors : « Je préfère plutôt voir à
Byzance des turbans turcs plutôt que des coiffes latines. »
L’attaque
Constantinople est entourée par la mer sur trois côtés, le
Bosphore, la Mer de Marmara et l’estuaire de la
Corne d’Or qui était fortement protégé par une
immense chaîne qui contrôlait l’accès des navires. Il y
avait aussi deux murs, qui l’entouraient des rives de la
plage de Marmara à la Corne d’Or, avec un espace de 60 m
entre les murs. La hauteur du mur intérieur était d’environ
12m, avec des tours qui s’élevaient à 18m. Quant au mur
extérieur, sa hauteur était d’environ 8m, avec des tours
détachées pleines de soldats.
Du point de vue militaire, la ville resta l’une des villes
les mieux protégées du monde, en raison de ses hauts murs,
de sa forteresse, de ses tours, ainsi que de ses éléments de
protection naturels. Il était donc été très difficile de
l’envahir. En effet, de nombreuses tentatives militaires
pour la conquérir échouèrent dans le passé dont onze d’entre
elles islamiques ! Le Sultan al-Fatih prépara les
dernières étapes de l’attaque, recueillit plus de
renseignements sur la ville et prépara les cartes
nécessaires à son siège. Il avait l’habitude de visiter
toute la zone autour de la ville pour observer ses murs et
ses défenses naturelles.
Le Sultan avait donné l’ordre de réparer la route d’Edirne à
Constantinople pour faciliter le transport des énormes
canons jusqu’à Constantinople ; un voyage qui dura deux
mois, protégés par une partie de l’armée, jusqu’à l’arrivée
d’al-Fatih à la périphérie de Constantinople le Jeudi
26 Rabi’ al-Awwal 875 (6 avril 1453).
Il rassembla son armée, qui comprenait près de 250000
soldats, et leur donna un discours inspirant, dans lequel il
les exhorta à faire le Jihad, en cherchant la victoire ou le
martyre. Il leur rappela de faire un grand sacrifice et
d’être sincère tout en combattant. Il récita quelques
versets du Qur’an, louant ces qualités, et il leur rappela
également le Hadith du Messager d’Allah (sallallahou
‘aleyhi wa sallam) sur la libération de la ville de
Constantinople et les mérites de l’armée de libération et de
son chef. Toute l’armée commença à lancer des Takbir, Tahlil
et faire des Dou’a. Il y avait des savants dans l’armée, qui
s’engagèrent comme soldats et prédicateurs, ce qui contribua
à élever le moral des soldats avant l’engagement de la
bataille, remplissant ainsi leur devoir.
Le lendemain, le Sultan donna ses ordres de positionner son
armée de terre devant les murs extérieurs de la ville,
créant trois sections principales, pour achever le siège de
tous les côtés. Il posta également des réserves de l’armée
derrière les principaux soldats et plaça les canons devant
les murs, en particulier le canon du Sultan, qui était placé
devant l’entrée Tob-Kabi. Il assigna des groupes pour
surveiller de partout toutes les positions hautes et proches
de la ville. Dans le même temps, les navires ottomans se
positionnèrent partout dans les eaux proches, mais ne purent
s’approcher de l’estuaire de la Corne d’Or, en raison de
l’énorme chaîne tendue en travers pour empêcher l’accès de
tout navire, bien que la flotte ottomane ait réussi à
prendre le contrôle des îles Princes dans la Mer de Marmara.
Les Byzantins firent de leur mieux pour défendre
Constantinople. Ils placèrent leurs soldats autour des murs
mais l’armée ottomane avait déjà achevé son siège de la
ville, mais pas sans quelques escarmouches, entre les deux
armées, pendant les premiers jours du siège. De nombreux
soldats ottomans atteignirent le martyre, en particulier
ceux placés plus près des portes de la ville fortifiée.
Les canons ottomans tirèrent leurs missiles à partir de
différentes positions autour de la ville. Leurs tirs, ainsi
que le son assourdissant, eurent un grand rôle dans
l’instauration de la peur et de la terreur dans le cœur des
résidents. Les canons détruisirent une partie des murs de la
ville, mais les assiégés reconstruisirent rapidement les
murs, ou du moins les réparèrent.
Le soutien des Chrétiens ne cessa pas de venir d’Europe et
Gênes envoya cinq navires commandés par le commandant
génois, Lucas Giustiniani (Justinien), accompagné de sept
frégates volontaires de différents pays européens. Leurs
navires purent atteindre la vieille ville byzantine après
une confrontation navale avec les navires ottomans.
L’arrivée du soutien européen eut un grand effet et remonta
le moral des Byzantins qui nommèrent Justinien commandant de
toutes les forces défendant la ville.
Le cardinal et tous les prêtres avaient l’habitude de
visiter les lieux de défense autour de la ville, exhortant
les Chrétiens à être fermes et patients et encourageant les
gens à se rendre aux église pour demander au « Christ et à
la Vierge Marie » (paix sur eux) de sauver la ville si bien
que l’Empereur en personne se rendit fréquemment à l’église
Sainte Sophia pour cette raison.
Les négociations entre al-Fatih et Constantine
Les soldats ottomans, menés par al-Fatih, firent
preuve de bravoure dans leur puissant assaut contre la
ville, et les Byzantins, dirigés par Constantin XI,
résistèrent héroïquement à l’attaque. L’Empereur tenta tout
ce qu’il put pour défendre sa ville et son peuple avant de
présenter au Sultan diverses offres pour le tenter de se
retirer, en échange d’argent ou même d’allégeance. Mais le
Sultan répondit en demandant la remise de la ville, avec la
garantie qu’aucune personne ou église ne serait lésée ; sa
réponse fut la suivante : « L’Empereur doit me remettre la
ville et je jure que mon armée épargnera la vie et les biens
de chacun. Quiconque veut rester dans la ville restera en
paix et en sécurité, et quiconque veut partir peut le faire
aussi en paix et sécurité. »
Le siège était encore incomplet en raison du contrôle naval
byzantin de l’estuaire de la Corne d’Or barré par la chaine
transversale cependant, l’attaque des Ottomans était
implacable et les janissaires montrèrent la plus grande et
rare bravoure. Le 18 avril, les canons ottomans réussirent à
percer les murs byzantins, du côté de la Rivière Lukas, du
côté ouest des murs. Les soldats ottomans se précipitèrent
donc courageusement en avant pour assaillir les murs avec
leurs échelles, mais l’espace n’était pas assez grand pour
qu’ils puissent attaquer rapidement en plus du fait qu’ils
durent faire face à une forte résistance avec des flèches et
différents types de missiles. Alors que la nuit approchait,
le Sultan donna l’ordre de se retirer des murs pour attendre
une autre chance d’attaquer.
Le même jour, la flotte ottomane tenta de prendre d’assaut
l’estuaire de la Corne d’Or en détruisant le bloc de
chaînes, mais les navires européens et byzantins ainsi que
les forces de défense positionnées derrière les énormes
chaînes bloquèrent la flotte islamique et en détruisirent
une partie dans le processus. Le reste des navires ottomans
fut forcés de se retirer après avoir échoué à atteindre leur
objectif.
Le limogeage du commandant de la flotte ottomane et la bravoure de Muhammad al-Fatih
Deux jours après la bataille de la Corne d’Or, une autre
bataille eut lieu entre la marine ottomane et certains
navires européens qui tentaient d’atteindre le golfe.
Al-Fatih en personne mena la bataille sur la rive,
après avoir envoyé un message au commandant de la flotte,
lui disant : « Soit tu captures ces navires ou les coule,
mais si tu échoues ne revient pas vivant. » Cependant, les
navires européens réussirent à atteindre leur destination et
les navires ottomans ne purent les arrêter malgré tous les
efforts de la flotte. Le Sultan al-Fatih fut très
déçu par le commandant de la flotte et le renvoya, lorsqu’il
se rendit au centre de commandement central. Il le fit
appeler et l’accusa d’être un lâche. Le commandant, Balta
Oglu, fut profondément offensé et répondit : « Je fais face
à la mort avec un cœur ferme, mais il me peine de mourir
alors que je suis accusé d’une telle accusation. Mes soldats
et moi avons combattu à notre meilleur niveau. Il souleva
ensuite son turban pour dévoiler son œil blessé.
Al-Fatih fut alors persuadé que son commandant avait
fait tout ce qu’il avait pu. Il le laissa partir après son
renvoi et nomma Hamza Basha à sa place.
Les archives historiques mentionnent que Muhammad
al-Fatih avait l’habitude de surveiller les batailles
navales sur son cheval et d’entrer dans la mer jusqu’à ce
que l’eau atteigne son poitrail. Les navires de combat
n’étaient qu’à un jet de pierre de lui, alors il criait à
Balta Oglu, en agitait ses mains vers lui.
Les défaites navales eurent un impact profond sur la pensée
de certains conseillers, dirigés par le Vizir, Khalil Basha,
qui essaya de convaincre le Sultan à renoncer à la tentative
de conquête de Constantinople et de lever le siège. Mais le
Sultan insista pour libérer la ville et poursuivit le
bombardement de tous côtés des positions défensives de la
ville. En même temps, il envisagea sérieusement de faire
naviguer sa flotte dans l’estuaire de la Corne d’Or, surtout
après avoir observé les murs qui s’effondraient de ce côté.
Une ingéniosité militaire brillante
Le Sultan eut alors la brillante idée de transporter les
navires de leurs ports de Besiktas dans l’estuaire de la
Corne d’Or en les transportant sur la route reliant les deux
ports, évitant ainsi d’être attaqué autour de Galata. La
distance entre les ports n’était que d’environ 4km, ce qui
n’était pas une simple route à parcourir.
Muhammad al-Fatih rassembla ses commandants
d’armée, leur présenta son plan et leur dévoila leur
prochaine position sur le champ de bataille. Il reçut leur
soutien et leur admiration pour son plan.
Lorsque le plan fut mis en œuvre et qu’al-Fatih donna
son ordre de renforcer la route, les soldats apportèrent du
bois imbibé d’huile et de graisse pour faciliter le
transport des navires. La partie la plus difficile de ce
plan fut de contrôler les navires lors de leur descente vers
le bas, cependant, les navires ottomans étaient généralement
petits et légers. Cette nuit-là, les Ottomans réussirent à
déplacer plus de soixante-dix navires dans la Corne d’Or. Ce
fut sans conteste un grand exploit à cette époque ; un
miracle, montrant la rapidité de la réflexion et de
l’exécution dans la mentalité ottomane. Les Byzantins furent
stupéfaits quand ils apprirent l’événement et qu’ils virent
les navires ottomans dans la baie. Ils ne purent y croire
mais la réalité de la situation les força rapidement à
accepter ce plan inattendu et audacieux.
Le mérite de ce miracle revient certainement à Allah, Exalté
et Loué soit-Il, qui donna au Sultan une grande sensibilité
et une intelligence incroyable. Cela montre également les
brillants architectes et les ouvriers qui étaient prêts à
exécuter n’importe quel projet avec beaucoup d’enthousiasme.
Cela eut lieu de nuit et lorsque les habitants de la ville
se réveillèrent le lendemain matin ce fut pour entendre les
Takbir (Allahou-Akbar) des Ottomans et leurs bruyants chants
islamiques, alors qu’ils montaient à bord de leurs navires
dans la Corne d’Or. Le barrage avait été contourné et plus
aucun obstacle ne se dressait entre eux et les soldats
ottomans.
Un historien byzantin exprima son admiration de l’événement
en déclarant : « Nous n’avons jamais vu ni entendu parler
d’un événement aussi inhabituel que celui-ci. Muhammad
al-Fatih transforma la terre en mer et ses navires
traversèrent le sommet des collines au lieu des vagues de
l’océan. Al-Fatih a dépassé Alexandre le Grand par cet acte.
» (L’Histoire de Muhammad
al-Fatih p135 par Yelmaz Azantu)
Les habitants de Constantinople se sentirent alors
désespérés et de nombreux présages et rumeurs se répandirent
dans toute la ville, disant que Constantinople tomberait
quand on verrait des navires naviguer sur la terre !
La présence des navires ottomans dans la Corne d’Or eut un
grand effet en affaiblissant l’esprit combatif de la force
défendant la ville car une grande partie de cette force dû
être déplacée pour défendre les murs par la Corne d’Or, qui
était auparavant protégée par la mer. L’Empereur Byzantin
organisa de nombreuses opérations pour tenter de détruire la
flotte ottomane dans la Corne d’Or, mais ses efforts
incessants échouèrent devant la résistance ottomane.
Les Ottomans déployèrent également des canons spéciaux sur
les collines pour détruire tous les navires byzantins de la
Corne d’Or et du Bosphore, ce qui empêcha le mouvement des
navires ennemis.
La rencontre du roi Constantin Paléologue XI et de ses aides
L’empereur Constantin XI organisa une réunion avec ses
aides, ses conseillers et les chefs religieux de la ville,
qui lui conseillèrent de quitter la ville, pour rechercher
le soutien des pays européens chrétiens. Ils avaient espéré
que les armées chrétiennes viendraient à leur aide pour
forcer le Sultan al-Fatih à se retirer et à lever le
siège de la ville. Mais l’Empereur rejeta cette opinion,
insista sur le combat jusqu’au bout et refusa de quitter son
peuple, décidé à affronter le même sort qu’eux. Il considéra
également sa décision comme une obligation sacrée et suggéra
de ne pas lui conseiller de partir. Il consentit toutefois à
envoyer des délégations dans les pays européens pour
demander de l’aide et un soutien mais ils revinrent
totalement déçus.
Les services secrets ottomans avaient déjà infiltré
Constantinople et étaient donc conscients de toutes les
préoccupations politiques et militaires de la ville. |