L’émergence de la Principauté de la frontière ottomane
Les marches de la frontière byzantine le long de la rivière
Sakarya à Kastamonu étaient soumises à l’émir de Kastamonu.
Vers 690 (1291), Kastamonu était dirigé par Mouzaffar ad-Din
Yavlak Arsalan, un descendant du célèbre émir Seljouk Houssam
ad-Din Choban. Yavlak Arsalan détenait le titre de capitaine
général des marches. Lorsque les fils de Kaykaous II
revinrent de Crimée en Anatolie, l’un d’eux, Mas’oud, obtint
le trône Seljouk du Mongol, Arghoun Khan. Sur ses ordres,
son frère Roukn ad-Din Kilij Arsalan s’installa dans les
marches, probablement près d’Akshehir. Quand après la mort
d’Arghoun Khan et l’élection de Kaykhatou au Khanat le 23
Rajab 690 (22 juillet 1291), une lutte pour le trône éclata
parmi les Mongols de Perse et un état d’anarchie se
développa en Anatolie. Les Turcomans de la frontière se
rebellèrent.
Kilij Arsalan se rebella contre son frère Mas’oud. Lorsque
Kaykhatou arriva en Anatolie en Dzoul Qi’dah 690 (novembre
1291), Kilij Arsalan se rendit à la marche de Kastamonu et
rassembla les Turcomans autour de lui. Il tua l’émir des
marches, Mouzaffar ad-Din Yavlak Arsalan, qui avait été un
partisan de Mas‘oud. Le Sultan Mas’oud qui avait été envoyé
dans la région par Kaykhatou, fut d’abord vaincu, mais fut
ensuite victorieux grâce aux forces mongoles à sa
disposition en Dzoul-Hijjah 690 (décembre 1291).
Kilij Arsalan s’échappa, mais fut tué plus tard lors d’un
raid par le fils de Yavlak Arsalan, ‘Alî. ‘Alî, qui après
les événements de 690 (1291) renonça à son allégeance aux
Seljouk et à leurs seigneurs mongols, attaqua le territoire
byzantin et conquit les terres s’étendant jusqu’à la rivière
Sakarya. Il attaqua même la rive opposée de la rivière. Plus
tard, cependant, il établit des relations pacifiques avec
les Byzantins. Le territoire de ‘Uthman
Ghazi se trouvait au sud de lui, sur la rive opposée du
tronçon central de la rivière Sakarya autour de Sogut.
D’après les mécréants, lorsque ‘Alî rompit la lutte, ‘Uthman
prit la direction des raids et mena de violent raid sur le
territoire byzantin tandis que les combattants (ghazi)
commencèrent à se rassembler sous sa bannière.
En l’an 700 de l’Hégire (1301), ‘Uthman
avait suffisamment avancé pour se rapprocher de l’ancienne
capitale byzantine de Nicée (Iznik). Les anciennes
traditions ottomanes sur son origine et sur ses activités
antérieures à cette date, montrent qu’il avait subi la
pression de la dynastie germiyani et était donc contraint de
travailler dans la partie la plus avancée des marches. Ce
fut cette circonstance qui fit son succès futur et celui de
la principauté qu’il fonda. Selon les mêmes traditions, les
premières activités de ‘Uthman
ne se résument pas à une lutte générale et incessante contre
les Byzantins.
Au début, il essaya de s’entendre avec le plus puissant des
seigneurs byzantins (tekfurs) de sa région. Il apparut à la
lumière d’un bey d’un groupe semi-nomade de Turcomans en
conflit avec les tekfurs qui contrôlaient leurs pâturages
d’été et d’hiver.
Des sources anciennes, de caractère légendaire, attribuent
la décision de ‘Uthman
de se présenter sous le nom de ghazi à l’influence de Sheikh
Ede Bali. En fait, cependant, les facteurs qui poussèrent ‘Uthman
à devenir un chef ghazi étaient les mêmes facteurs qui
motivèrent toute l’activité dans les marches de l’Anatolie
occidentale, c’est à dire la pression démographique et le
besoin d’expansion résultant du mouvement d’immigration en
provenance d’Anatolie centrale, déclin du système byzantin
de défense des frontières et mécontentement religieux et
social dans les zones frontalières byzantines, ainsi que le
désir des Turcs anatoliens d’échapper à l’oppression mongole
et de commencer une nouvelle vie sur un nouveau territoire.
‘Uthman
était devenu maître d’une région s’étendant d’Eskishehir aux
plaines d’Iznik et de Broussa (Bursa, Brousse), et avait
organisé une principauté assez puissante. Lorsqu’il commença
à menacer Iznik, l’anxiété fut pour la première fois
ressentie dans la capitale byzantine à son égard.
Ce fut alors que l’Empire byzantin commença à le compter
parmi les plus importants beys des marches aux côtés des
maisons de ‘Alishir, Aydin et Menteshe. En 701 (1301),
l’Empereur Byzantin envoya contre ‘Uthman
une force de 2000 hommes sous le commandement de l’
hétaéréarque Muzalon chargé de relever Iznik. Lorsque ‘Uthman
tendit une embuscade à cette armée et la détruisit à
Bapheus, la population locale fut prise de panique et
commença à partir, cherchant refuge dans le fort de
Nicomédie (Izmit). Dans une autre direction, les attaquants
avancés de ‘Uthman
s’avancèrent jusqu’aux abords de Bursa. Dans la tradition
ottomane cette victoire est connue comme la victoire
remportée près Yalakova sur les forces de l’Empereur pendant
le siège d’Iznik. C’est à cette époque que ‘Uthman
aurait été reconnu par le Sultan Seljouk comme un bey, c’est
à dire comme une personne exerçant une autorité politique.
Après 701 (11301), la renommée de ‘Uthman
se serait étendue aux pays musulmans éloignés, et son
territoire se remplit, vagues après vagues, d’immigrants
turcs.
L’importance accordée par l’Empire Byzantin à la ottomane
menace est démontrée par le fait que, pour arrêter ‘Uthman,
l’Empereur tenta de conclure une alliance avec Ghazan Khan,
et, après le décès de ce dernier, avec Olkaïtou Khan et
activer l’armée mongole.
Néanmoins, vers la fin du siècle, les conquêtes en Anatolie
occidentale de la Maison Germiyani et de ses commandants, et
de Sasa, le gendre de Menteshe, semblaient constituer la
plus grande menace. En 677 (1278) et 695 (1296), l’Empire
tenta de reconquérir le territoire perdu ici en envoyant
deux armées, mais les deux tentatives s’avérèrent
infructueuses. L’expédition du mercenaire Alan et des
troupes catalanes furent également infructueuses en 701
(1302) et 703 (1304). Ephèse (Seljouk) tomba immédiatement
après le retrait des Catalans. Muhammad Bey Ibn
Aydın, captura Birgi (Pyrgion) en 708 (1308), en fit sa
capitale et, en étendant son pouvoir jusqu’à Smyrne (Izmir),
devint le prince le plus puissant de l’ouest de l’Anatolie.
Saroukhan Bey captura Manisa (Magnésie) en 713 (1313), en
fit le centre de sa principauté et devint un dirigeant
indépendant. Plus au nord, en Mysie, Karasi Bey s’empara de
Balikesir (Paléocastron) et, l’ayant réinstallé, en fit sa
capitale. Cette principauté s’étendit probablement après 728
(1328), jusqu’aux rives de la Mer de Marmara, des
Dardanelles et du Golfe d’Adramyttion (Edremid). A l’est se
trouvait le territoire de ‘Uthman.
Il fit également de nouvelles conquêtes étendues après 1301,
occupa les environs d’Iznik et de Bursa, et bloqua ces
puissantes forteresses au moyen de tours construites à
proximité et essaya de les affamer.
Lorsque le gouverneur mongol Timourtash Noyon, qui avait
tenté par la force d’exiger l’obéissance des princes des
marches, dut se réfugier auprès des Mamelouks en 728 (1328),
après avoir été proclamé rebelle, l’autorité des Il-Khan en
Anatolie, les marches devinrent plus faibles que jamais. Le
registre des impôts pour l’année 1349 montre encore Karaman,
la principauté de Hamid, Denizli, Aydin, Germiyan, la
principauté ottomane, Gerdebolu, Kastamonu, Eghridir et
Sinop comme se trouvant à l’intérieur des frontières de
l’État Mongol, regroupées sous le nom général de marches
(thoughour), mais ces princes des marches étaient depuis
longtemps devenus des dirigeants indépendants, ne payant
qu’un tribut nominal et frappant des pièces en leur propre
nom.
La culture des marches
Les principautés des marches avaient un mode de vie
distinct, que l’on pourrait qualifier de culture
frontalière, ce qui les distinguait nettement de
l’arrière-pays. Cette culture était dominée par la
conception islamique du Jihad ou ghaza Par ordre d’Allah
Exalté, le Jihad doit être mené contre les dominions des
impies, Dar al-Harb (la demeure de la guerre), sans
cesse et sans relâche jusqu’à ce qu’ils se soumettent. Selon
la Shari’ah, la propriété des impies, capturés dans ces
raids, pourrait être légalement tenu comme butin, leur pays
pouvait être détruit et la population prise en captivité ou
tuée. Les actions du ghazi étaient également réglementées
par la Shari’ah à laquelle ils étaient attentifs. Une guerre
incessante conduisit à la formation de groupes commandés par
des chefs ghazi spécialement bénis par les Sheikhs. Les
groupes ghazi portaient souvent le nom de leurs dirigeants.
Les dirigeants efficaces attiraient naturellement le plus
grand nombre de ghazi. Dans les marches Seljouk, dominées
par les nomades turcomans, ces chefs étaient aussi souvent
des chefs de clans tribaux. Mais, comme nous l’avons vu,
beaucoup d’entre eux avaient été commandants sous les
Sultans Seljouk. Habituellement, ces ghazi beys ne payaient
aucun impôt au gouvernement central ou n’envoyaient que des
impôts nominaux en signe de loyauté. La vie dans les marches
était dangereuse et exigeait une grande initiative
personnelle. De l’autre côté de la frontière, il y avait une
organisation de frontière chrétienne similaire, animée par
le même esprit, l’Akritai byzantin.
Ethniquement, la société frontalière était très mixte. Elle
comprenait des nomades très mobiles, des réfugiés de
l’autorité centrale, des éléments hétérodoxes et des
aventuriers. Contrairement à la civilisation conservatrice
très développée de l’arrière-pays, avec sa théologie, sa
littérature de palais et la Shari’ah, les marches avaient
une culture populaire mystique et éclectique, qui n’avait
pas encore pris une forme définitive.
Elles abritaient des sectes hétérodoxes, engendraient
une littérature mystique et épique et obéissaient à la loi
coutumière ou tribale.
Leur philosophie était chevaleresque et romantique. Les
références à la vie de ‘Uthman
Ghazi dans les anciennes traditions ottomanes reflètent
fortement ce mode de vie. Il ne faut cependant pas oublier
qu’il y a des distorsions considérables de la réalité dans
ces légendes.
Selon ‘Orouj dans
Tavarikh-i Al-i ‘Osman, les Ottomans étaient « Les ghazi
et les champions qui luttaient dans la voie de la vérité et
la voie d’Allah, ramassaient les fruits de ghaza et les
dépensaient dans la voie d’Allah, choisissaient la vérité,
luttaient pour la religion, manquaient de fierté dans le
monde, suivaient la voie de la Shari’ah, se vengeaient des
polythéistes, amis des étrangers, frayaient la voie de
l’Islam d’Orient en Occident. »
En 1354, ils dirent à Gregory Palamas que l’expansion
constante vers l’ouest du pouvoir musulman était un
événement prédestiné reflétant la volonté d’Allah Exalté.
Ils se considéraient comme l’épée d’Allah Exalté, et ce
point de vue était répandu non seulement entre eux mais
aussi parmi les Byzantins. Plus tard, Luther devait voir les
Ottomans sous le même jour. Dans les anciennes traditions
ottomanes, les gens décrits comme alplar (héros),
alp-erenlert et akhiler étaient parmi les compagnons les
plus proches de ‘Uthman.
‘Uthman
devint un ghazi, a-t-on dit, à la suite de la prédication de
Sheikh Ede Bali, qui était probablement membre de la
confrérie akhi et qui, conformément à la coutume akhi,
attacha une épée à la taille de ‘Uthman.
Quant aux alplar, ils suivirent la tradition héroïque des
Turcs d’Asie centrale.
Dans les marches, les alplar s’enveloppèrent dans la
tradition islamique et devinrent connus sous le nom
d’alp-erenler. Selon une source contemporaine, il y avait
sept conditions pour devenir un alp-eren : avoir du courage,
de la force dans les bras, de la résistance, un bon cheval,
une tenue spéciale, un arc et des flèches, une bonne épée,
une lance et un compagnon approprié. Köprülü estime que les
traditions et les coutumes des Turcs d’Asie centrale
survécurent fortement parmi les Turcomans semi-nomades des
marches anatoliennes.
D’autres historiens mécréants, pensent que ce sont plutôt
les traditions islamiques relatives aux districts
frontaliers byzantins, développées sous le califat, qui
furent dominantes.
Entre 730 et 746 (1330-1345), les exploits les plus
brillants des marches furent réalisés par Umur Bey de la
Maison d’Aydin. Umur Bey étendit le combat aux engagements
navals. Pour contrer ses raids dans la Mer Égée, les états
chrétiens s’entendirent pour une croisade contre lui et
signèrent un accord préliminaire le 14 Dzoul-Hijjah
732 (6 septembre 1332). Ils formèrent une flotte de vingt
galères et en 734 (1334) de nombreux navires turcs furent
coulés dans la Mer Égée, la flotte de Yakhshi Bey, seigneur
de Karasi, fut détruite dans le golfe d’Edremid. Le 19
Joumadah ath-Thani 745 (28 octobre 1344), le château du port
d’Izmir fut attaqué et capturé par les forces chrétiennes.
Umur fut tué en Safar 749 (mai 1348) alors qu’il tentait de
le reprendre. Le nouveau bey d’Aydin, Khidr, voyant le sort
de son frère, abandonna la politique de ghaza, préférant les
avantages découlant du commerce.
Agissant par l’intermédiaire de la papauté, il fit la paix
avec les états chrétiens concernés et leur accorda tous les
privilèges, leur permettant de commercer librement dans ses
domaines le 20 Joumadah al-Oula 749 (17 août 1348). Il
déclara dans ce document qu’il avait mis fin à sa guerre
avec les Chrétiens, qu’il les protégerait à l’avenir, ne
modifierait pas les droits de douane et permettrait aux
consuls des Chevaliers de Rhodes, de Venise et de Chypre de
s’établiraient sur ses terres et permettraient à leurs
navires de se servir de ses ports.
Ecrivant en 730 (1330) dans
Massalik al-absar,
al-‘Oumari décrivit les beys de Karasi, Saroukhan,
Menteshe et Aydin comme des moujahidine maritimes mais
distingua ‘Umur Bey comme celui qui mena un Jihad incessant.
Lorsque ces principautés furent combattues et stoppées par
la Ligue Chrétienne dans la Mer Égée, elles perdirent leur
fonction de bases pour le combat et vinrent à préférer les
avantages du commerce. Une fois ce choix fait, le mode de
vie classique et les institutions de la Société Islamique de
l’arrière-pays commencèrent à prédominer. La direction du
combat (ou expansion) passa alors aux Ottomans, qui
occupèrent la ligne de front des marches et traversèrent les
Balkans, où ils s’établirent.
Les ghazi beys des marches démontrèrent l’esprit original
d’unité des marches par une action commune dans certains de
leurs raids et en s’aidant les uns les autres. Certains
historiens affirment qu’un bey s’embarquant dans une
expédition acceptait volontiers dans sa troupe des
moujahidine venant des principautés voisines. Néanmoins, il
y eut aussi de fréquentes guerres dynastiques dans ces
principautés. Conformément à la vieille tradition turque, un
bey divisait son territoire entre ses fils et régnait
ensuite depuis le centre sur ses fils semi-dépendants. Il y
avait de fréquentes luttes internes entre frères. Dans les
dominions ottomans, confrontés à de plus grands dangers et à
de plus grands efforts pour les détruire, l’unité était
mieux préservée.
En Anatolie occidentale, après que les ghazi beys se soient installés dans les riches plaines et aient conquis les ports commerciaux internationaux, leurs domaines se développèrent commercialement et culturellement et prirent le caractère de petits Sultanats qui avaient adopté les formes supérieures de la Civilisation Islamique. Ceci est démontré par les récits d’al-‘Oumari et d’Ibn Battouta en 730 (1330) et 733 (1333).
De l’arrivée de la tribu Oghouz dans le Sultanat de Roum ou l’Anatolie
Le Sheikh Ahmad Da’ij rapporte :
« Effrayés par la menace de la terreur mongole qui ravageait
les terres du Turkestan et les pays Au-delà du Fleuve
(mawara nahar ou la Transoxiane), les tribus turcs
musulmanes d’enfuirent. Les Turques ne sont pas une seule
nation comme ceux de la Turquie actuelle mais une multitude
de nations différentes. L’une d’entre ces tribus musulmanes
appelée Qayyi (Qaï) s’enfuit donc au loin pour échapper à
une fin certaine devant l’avancée des Mongols et s’établit
en Anatolie plus communément appelée la Turquie de nos
jours.
Alors qu’il voyageait avec sa tribu et qu’il se trouvait
proche d’Arzanjan en Anatolie, Souleyman Shah le chef de la
tribu, tomba sur la bataille de Yassi Jaman entre deux
armées, celle du Seljouk Kaykoubad al-Awwal Ibn Khousrou
al-Awwal et du Khwarizmi Jalal ad-Din Minkobarti. Lorsque
Souleyman Shah vit que la bataille tournait en faveur du
Khwarizmi, il entra avec ses hommes pour soutenir l’armée en
difficulté de Kaykoubad bien qu’il n’ait aucun rapport ni ne
connaissait les armées en question.
Avec l’arrivée de Souleyman Shah et de ses hommes, la
bataille tourna en faveur du Seljouk qui finalement remporta
la bataille sur ses ennemis. La reconnaissance de Kaykoubad
envers Souleyman Shah et ses hommes fut à la hauteur de sa
personnalité et pour les récompenser, en plus des robes
d’honneurs qui leur offrit, il leur alloua un territoire
entre son Sultanat et l’Empire Byzantin. Quant à Souleyman
Shah, selon certains historiens, il mourut en 651 et selon
toujours certains historiens la superficie du territoire que
la tribu Ghouzz reçut s’élevait à 2000 km². »
Fin de citation.
La majorité des historiens, mentionne que c’est son fils
Artoughroul qui entra dans la bataille et non pas Souleyman
Shah, un simple berger qui n’entretenait de relation avec
personne, qui en 612 de l’Hégire quitta le Kurdistan près de
l’Iraq avec sa tribu ou il s’était établit vers l’Anatolie
ou il arriva au environ d’Akhlat en 617 de l’Hégire et resta
quelque temps. Selon certains historiens, alors qu’il
voulait revenir sur les terres de ses ancêtres de Jourjan
près de la Mer Caspienne, il tomba de son cheval dans
l’Euphrate et se noya en 628 de l’Hégire.
Lorsqu’il décéda, son fils Artoughroul reprit la marche avec
sa tribu de 1000 individus et de plus de 400 cavaliers et
tandis qu’il se dirigeait vers l’Ouest de Anatolie, il
entendit un grand tumulte près d’Arzanjan et des cris. Il se
rendit sur les lieux pour voir ce qui se passait et tomba
nez à nez dans une féroce bataille entre les Musulmans
Seljouks et les Tatars qui avaient le dessus. Lorsqu’il vit
les Musulmans sur le point d’être massacrés, Artoughroul
décida d’entrer dans la bataille et avec les cavaliers en sa
compagnie et transforma la défaire certaine en victoire.
Selon certain autre auteurs c’est Goundouz Alep, le fils
d’Artoughroul Ibn Souleyman Shah qui à la tête de
l’avant-garde des Oghouz avec ses 444 soldats arriva lors de
la bataille et soutint le Sultan Seljouk, ‘Ala' ad-Din
Kaykoubad I contre l’armée des Mongols qui furent stupéfaits
par la nouvelle attaque et se sauvèrent en laissant un grand
nombre de cadavres sur le champ de bataille. La vérité est
que c’est Artoughroul en personne qui entra dans la bataille
et à qui ‘Ala’ ad-Din accorda par la suite un territoire
près d’Angora (Ankara) pour le récompenser.
La bataille de Yassi Jaman, située entre Ahlat et Erzurum
(Qazwini, Athar
al-Bilad wa Akhbar al-‘Ibad), eut lieu en fait entre le
Sultan ‘Ala' ad-Din Kaykoubad et les Mongols (Tartares) en
621 de l’Hégire et non pas entre le Sultan Seljouk et Jalal
ad-Din Minkobarti Khwarizm Shah qui n’entra dans les terres
d’Iraq et du Khouzistan qu’en l’an 622 de l’Hégire comme le
rapporte Ibn Athir. La réelle bataille entre ces deux hommes
n’eut lieu que six ans plus tard en 627 (1230), à Arzanjan,
au cours de laquelle al-Malik al-Ashraf al-Ayyoubi (et non
pas Souleyman Shah) vint en aide au sultan Seljouk. (Ibn
Athir, Al-Kamil
fit-Tarikh).
Un certain nombre de savants musulmans rapportent aussi que
la bataille eut lieu entre les Seljouks et les Byzantins
quand la majorité des savants rapportent qu’il s’agissait
plutôt des Mongols.
Après s’être s’établit dans les terres qui lui avait été
allouées par le Sultan Seljouk, Artoughroul entreprit
l’expansion de son territoire au dépend de ses voisins
byzantins et son territoire atteignit 4000 km² durant son
règne avant de décéder en l’an 687 de l’Hégire et d’être
succédé par son fils ‘Uthman qui naquit en l’an 657 (1258),
le même jour de la chute de Baghdad après la traitrise de
‘Alqami, le ministre shiite du calife abbasside
al-Mou’tassim Billah, qui livra la ville à Houlakou en
échange d’un vil prix comme allait exactement le faire son
descendant Sistani, malédictions d’Allah sur eux,
aux Américains lors de la seconde guerre d’Iraq.
Deux ans après la naissance de ‘Uthman eut lieu la fameuse
bataille de ‘Ayn Jalout qui mit fin à l’expansionnisme tatar
et leur réputation d’invincibilité.
Le Dr ‘Abd as-Salam ‘Abd al-‘Aziz al-Fahmi dans
Sultan Muhammad
al-Fatih Fatih al-Constantiniyah wa Qahir
ar-Roum a rapporté :
Le Sultan Muhammad al-Fatih fut le plus grand
des Sultans des Bani ‘Uthman (Ottomans) et il est le noble
et grand prince respectable et le plus grand roi en matière
de Jihad. Les Sultans Ottomans arrivèrent à une époque où
l’Islam subissait un certain nombre de défaites militaires.
Houlakou Khan, le petit fils de Gengis Khan le boucher
mongol, réussit à prendre Baghdad et mettre fin à la
dynastie abbasside qui n’était plus qu’un symbole de
l’ancienne gloire et l’ombre des Premiers Califes.
Au treizième siècle, les Mongols entrèrent dans Baghdad
dévastateurs et destructeurs et transformèrent la
Civilisation Islamique, la ville d’al-Mansour et la capitale
des Abbassides en un tas de ruines. A l’heure où les armées
de l’Islam étaient sur le point de se désintégrer et de
disparaitre dans le Proche et Moyen orient, les armées
musulmanes en Andalousie reculaient pas à pas devant les
forces chrétiennes enragées.
Ainsi les populations musulmanes se retrouvèrent face à deux
menaces majeures à l’Ouest et à l’Est : Des Tatars venues
des confins de l’Asie qui ruinèrent devant eux la glorieuse
Civilisation Islamique et anéantirent plusieurs millions de
musulmans et des Croisés d’Europe qui firent de même. Mais,
heureusement pour l’Islam et les Musulmans, les plus
puissantes entités de l’époque ne purent parvenir à un
accord entre elles car chacune d’entre elles s’était fixé la
destruction de la maison de l’Islam de sa propre manière.
Les Mongols quant à eux recherchaient le pouvoir et le
contrôle des peuples de la terre, quelle que soit leur
culture, patrimoine et religion tandis que les croisés
d’Europe cherchaient simplement à anéantir l’Islam et la
croyance islamique pour s’en débarrasser.
A l’époque de cette période historique sombre de l’Histoire
de l’Islam apparut une jeune force d’une lucidité
exceptionnelle qui s’appliqua à ramener de nouveau la gloire
de l’Islam et accueillir les savants et les écrivains
chassés ainsi que les soldats en fuite et les tribus
errantes.
Cette nouvelle force fut celle des Turcs Seljouks, des
Mamalik d’Egypte et du Maghrib al-Aqsa. Ces forces étaient
les plus puissantes mais celle qui défendit le mieux la
Maison de l’Islam et qui était la plus jeune est celle des
Seljouks d’Anatolie, ces nouveaux jeunes turcs musulmans,
pour la prodigieuse quantité de ressources humaines (de
force) qu’ils fournirent après qu’ils eurent remportés une
magnifique victoire et qu’ils entrèrent en guerre contre
l’état byzantin dont ils rongèrent petit à petit le
territoire jusqu’à ce qu’ils deviennent maitre de l’Asie
Mineure et l’habitent, proche de Constantinople.
La branche (ou les descendants des) Seljouk qui contrôla
l’Asie Mineure durant trois siècles avec son courage et sa
compétence politique réussit à défaire l’Empereur Byzantin
jusqu’à ce qu’arrive dans le pays (l’Anatolie ou l’Asie
Mineure) une autre tribu turque, fuyant devant les forces
mongoles, dont une partie se détacha et allait fonder, très
peu de temps après, la dynastie ottomane.
Les Ottomans sont les fils de la tribu Qayyi Khan, de la
tribu Khazar des Ghouzz qui commencèrent à se déplacer vers
l’Ouest quand les Tatars sous le commandement de Jinkiz Khan
dévastèrent l’Iran au début du septième siècle de l’Hégire
et chaque fois qu’ils avancèrent vers l’occident, les Turcs
s’éloignèrent un peu plus d’eux et se rapprochèrent de la
Maison de l’Islam. Parmi ces tribus se trouvait celle de
Qayyi Khan commandée par Souleyman Shah qui se rendit à
Kirman et se joignit au Sultan Jalal ad-Din al-Minkobarti
Khawarizm Shah dans sa guerre contre les Mongols.
Lorsque les évènements se retournèrent contre Khawarizm
Shah, Souleyman Shah se tourna vers le Kurdistan avant de se
rendre à Arzanjan ou il s’établit avec sa tribu dans une
plaine verdoyante loin des champs de bataille durant un
certain nombre d’année jusqu’à ce que lui parviennent les
nouvelles de la mort de Jinkiz Khan. Pensant que la menace
et le fléau mongol avait disparu, Souleyman Shah eut la
nostalgie et voulut retourner sur ses terres ancestrales
avec sa tribu d’environ 5000 individus.
Ainsi Souleyman Shah voulut retourner en Asie Centrale après
la tempête mongole et leur retour dans leur capitale de Kara
Karoun pour porter allégeance au successeur de Jinkiz Khan
cependant avant d’avoir pu atteindre sa destination, alors
qu’il se trouvait près de la forteresse de Ja’bar à Halab,
il se noya en voulant traverser l’Euphrate en l’an 629 de
l’Hégire (1231). Sa tombe se trouve toujours à l’endroit
appelé Mazari Turk (un commando spécial de l’armée turque a
récemment rapatrié sa dépouille en Turquie).
Il semble que les enfants de Souleyman Shah n’étaient pas
tous du même avis que leur père de retourner au Khorasan,
puis de là au Turkestan en Asie centrale. Ils ne tardèrent
pas à se diviser peu de temps après sa mort et les deux
enfants ainés décidèrent de poursuivre la volonté de leur
père suivit par la majorité de leur tribu tandis que les
plus jeune enfants, Artoughroul et son jeune frère Dindar,
ainsi qu’environ 400 membres de la tribu qui restèrent avec
eux revinrent sur leur pas et retournèrent de nouveau en
Asie Mineure. Alors qu’ils approchaient de la frontière de
l’État Seljouk Roum, ils virent deux armées inégales se
livrer bataille. Artoughroul et ses hommes rejoignirent
l’armée sur le point d’être vaincue et leur permit de
remporter la victoire sur une armée tatare commandée par
Ouktaï Ibn (fils de) Jinkiz (Gengis) Khan à qui avait été
confié la conquête de l’Asie Mineure.
Pour ses efforts déployés dans la bataille, ‘Ala' ad-Din
as-Saljouqi, le Sultan de Konya, donna une vaste terre à
Artoughroul pour le récompenser et lui avoir permis de
vaincre son ennemi et fit de lui un émir sur la province
d’Asky Shahr et lui donna le titre de Sultan Ouny ou le
Sultan de l’Avant-Garde. Le nouveau émir prit le symbole du
Croissant pour les étendards de son maître Seljouk, un
symbole toujours présent sur le drapeau Turk et ceux de
certains pays musulmans.
En l’an 656 de l’Hégire (1258), ‘Uthman le fils
d’Artoughroul succéda à son père et ‘Uthman est le père de
la dynastie des Ottomans. Lorsque ‘Uthman prit la forteresse
de Qouraja Hissar et ce qu’il y avait derrière du
territoire byzantin, ‘Ala' ad-Din Thalith (III) as-Saljouqi
le sultan de Konya le récompensa et le promut au rang de
prince, lui envoya un étendard blanc et des instruments
martiaux (tambours et autre fanfare pour l’armée).
Alors que ‘Uthman Shah étendait ses conquêtes dans le nord
de l’Asie Mineure et partageait le territoire conquit sur
les Byzantins entre ses descendants et son peuple, les
Mongols sous le commandement de Ghazan Khan entrèrent de
nouveau en Asie Mineure en l’an 699 de l’Hégire (1300). Le
dernier sultan Seljouk s’enfuit devant eux et se réfugia
chez l’empereur byzantin Andronic II Paléologue qui le
trahit et le tua. ‘Uthman Ibn Artoughroul saisit l’occasion
pour prendre son palais tandis que ses enfants joignirent
leurs royaumes aux autres émirats turcs qui virent le jour
après l’invasion mongole.
‘Uthman prit pour capitale Askishahar près de Konya et
l’ensemble des habitants du Royaume furent appelés les
Osmanli (Ottomans), la monnaie fut frappée au nom de
‘Uthman, la Khoutbah fut lue en son nom. Il reçut alors du
Sheikh Adbali, Sheikh de l’ordre soufi, les régions du Jihad
du fait qu’il était un Ghazi ou combattant dans la voie
d’Allah. Puis il prit Yani Shahr ou la Ville Nouvelle pour
capitale et ‘Uthman se nomma Badshah al-i ‘Uthman ou Sultan
des Ottomans.
Et cela devint une habitude et une tradition pour les
Sultans Ottomans après la conquête de Constantinople de
recevoir le Sabre d’allégeance et l’allégeance devant la
tombe de l’Imam Abou Ayyoub al-Ansari (radhiyallahou
‘anhou), martyr lors de la première tentative de conquête de
la ville sous la royauté de Mou’awiyyah Ibn Soufyan
(radhiyallahou ‘anhoum. Voir notre
Abrégé de l’Histoire
des Omeyyades).
‘Uthman (Osman) entreprit de mettre en ordre son territoire
et de l’élargir jusqu’à ce que ses conquêtes atteignent la
Mer Noire et la Mer de Marmara. Puis il commença à réduire
le territoire byzantin jusqu’à ce qu’il ne reste plus que
devant lui la ville de Broussa (Bursa) que son fils Orkhan
conquit avant son décès et un très long siège. La ville
devint alors la métropole de l’état et dans celle-ci fut
enterré ‘Uthman dans un large tombeau après son décès,
puisse Allah Exalté lui faire miséricorde. »
Fin de citation
C’est ce qui a été rapporté sur l’entrée de la tribu Ghouzz
(Oghouz) en Anatolie d’après les sources que nous avons
consulté et ce que nous en avons déduit mais Seul Allah
Exalté sait l’exacte vérité. Place maintenant aux acteurs.
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