Première Partie

 

Les flottes de guerre du passé, les conquêtes et les guerres navales ont été rassemblées dans les livres d’histoire et ont été résumées afin de fournir des exemples. Cette partie a de nombreux chapitres.

 

 

Chapitre Un

 

Les campagnes navales et les guerres de certains Sultans et commandants jusqu’à l’émergence de Khayr ad-Din Bacha au cours de la première ère des capitaines de l’État Ottoman.

 

Conseils : Ce n’est pas un secret que dans les premières années de cet état, qui atteindra l’éternité, la plupart des combats et des guerres jusqu’à l’époque du Sultan Muhammad Khan II (le Conquérant), qui a atteint la miséricorde et le pardon d’Allah, impliqua la capture et l’incendie des forts des mécréants sur terre et que les campagnes navales et les guerres avec les Européens n’avaient pas encore commencé. Bien qu’ils affirment que certaines rives et îles voisines ont été attaquées à l’époque du Sultan Mourad II, ces récits ne sont pas fiables. Après la conquête d’Istanbul, le côté européen (Roumélie) et le côté asiatique (Anatolie), la Mer Noire et la Méditerranée ont été capturés. Il fallut alors penser à la marine et aux navires pour s’emparer des châteaux et entreprendre ​​sur les côtes roumélienne, anatolienne et dans les îles de la Méditerranée. Tout dabord, assiéger la forteresse d’Istanbul seulement depuis la terre n’était pas très efficace pour la prendre, ainsi, la préparation des navires pour attaquer aussi du côté de la mer sembla importante. Baltaoğlu Souleyman Beg fut nommé pour mener à bien cette tâche importante. Selon une narration, de nouveaux navires furent construits derrière Sütlüce. Selon « Tacüt-tavârîh » ces navires furent construits derrière le Rouméli Hisari (le château de Roumélie à Istanbul) et que le premier capitaine dans l’État Ottoman est ce Souleyman Beg. C’est parce que la situation au chantier naval de Gallipoli et son capitaine ne fut pas écrites avant la conquête d’Istanbul. Aujourd’hui, un port près de la forteresse porte le nom de ce capitaine. Le livre mentionné ci-dessus indique qu’à cette époque des chaînes ont été placées sur la Corne d’Or qui sépare Istanbul et Galata et qu’ainsi le chemin des navires fut bloqué On pensait qu’il était tout à fait impossible de passer les navires de ce côté, alors on ordonna de faire passer les navires du côté de Yenihisar derrière Galata. Dès lors, les experts de la science de la mécanique utilisèrent des mesures étonnantes pour déplacer les navires de la mer à la terre, sur des traîneaux graissés sur la terre ferme après quoi, ils les lancèrent de nouveau dans la mer. Des tranchées furent creusées et quand elles furent pleines d’héros courageux, ils attaquèrent la forteresse avec courage et confondirent les mécréants. Alors cette bonne action permit de conquérir la ville. Les campagnes navales qui eurent lieu après cette conquête de l’Empereur et de leurs commandants sont les suivantes :

 

La campagne militaire d’Inöz

 

Après la conquête d’Istanbul, le juge de Ferecik présenta une pétition indiquant que le peuple d’Ipsala et de Fere étaient importunés par les mauvaises actions des mécréants d’Inöz. Ainsi,  le Sultan eut l’intention d’en finir avec ces maléfiques et Has Younous fut amené aux autorités de l’état. Le Sultan dit : « J’ai vraiment l’intention de conquérir Inöz. Vous devez rassembler les marins disponibles, fournir dix galères et vous diriger vers cette direction. Vous ne devrez dire à personne où vous allez jusqu’à ce que vous atteigniez cette zone. Je me mettrais aussi en marche avec des soldats dont le guide est Victoire. » Younous Beg embarqua dans le navire et mit les voiles conformément à l’ordre, arriva rapidement avec un vent favorable et assiégea le fort. Peu après, les drapeaux du Sultan qui indiquent la victoire apparurent de sorte que les mécréants furent effrayés. Ainsi, ils se rendirent et abandonnèrent le château. Il y avait un autre château appelé Taşöz en face d’Inöz. Sur l’ordre du Sultan, Younous Beg l’attaqua et s’empara également de ce château.

 

La campagne militaire d’Amasra, Sinop et Trébizonde

 

En 864 (1460), le Sultan Muhammad Khan sortit et envoya la marine pour la conquête du château d’Amasra qui est parmi les châteaux des rives de la Mer Noire. Après sa capture, il voulut conquérir Sinop, qui était entre les mains d’Isfendiyaroğlu Isma’il Beg (fils d’Isfandiyar). Alors, le Grand Vizir Mahmoud Basha fournit une centaine de galères rapides et annonça avec des hérauts qu’il y aurait une campagne militaire dans le quartier de Trébizonde avant de se rendre à Sinop. De terre, les troupes, dont le guide était Victoire, se rendirent à Sinop et l’assiégèrent par terre et mer. Alors Isma’il Beg se rendit, abandonna le château et déclara sa servitude au Sultan parce qu’il était sans espoir. Après la conquête de Kastamonu ils se dirigèrent vers Trébizonde. Lorsque la marine arriva de la mer et que l’armée terrestre apparue également et brandirent les drapeaux qui signifiaient Victoire, les gens demandèrent la clémence et abandonnèrent le château. Dans l’histoire européenne, que nous avons traduite du Latin, il est écrit : « Ismail Beg avait fait construire un navire qui pouvait contenir neuf cents tonneaux. Le Sultan envoya ce navire à Istanbul. A cette époque Alfonso,  qui était le souverain d’Aragonia, avait fait construire un gros navire qui pourrait contenir quatre mille tonneaux. Ensuite, les habitants de Venise firent la paix avec

Gênes. Ils commencèrent à fabriquer des gros navires et Alfonz, mentionné ci-dessus, eut deux autres navires construits et à cette époque de tels grands navires étaient sans précédent. Cependant, ils ne purent les utiliser car ils se percutèrent dans le quai et devinrent inutiles. Par conséquent, le Sultan Muhammad II eut aussi un grand navire construit. La capacité du navire était de trois mille tonneaux. Cependant alors qu’on le lançait du quai, il coula et son architecte s’enfuit. Cette unité de tonneau est un terme technique qui sert à mesurer les navires qui naviguent dans l’océan.

 

La campagne militaire de Lesbos

 

En 870 (1462), le Sultan revint de la campagne militaire de Valachie et arriva du côté de Gallipoli pour s’emparer de l’île de Lesbos. La préparation de la Marine Royale fut ordonnée et les navires qui étaient à Istanbul arrivèrent. Ils mirent voile vers cette île. Il partit en personne avec les janissaires et les soldats d’Anatolie, passa le Détroit de Gallipoli et atteignit Ayazmend. Lorsque les immenses vaisseaux ancrés autour de Lesbos et les soldats, dont le guide est Victoire, commencèrent à se battre, le souverain de l’île se rendit chez le Bacha, remit le château et demanda clémence. Il lui donna ses biens et sa famille et l’envoya à la campagne. L’île fut prise en charge et partagée. Les sujets restèrent où ils étaient, leur nombre, les ménages, etc. furent enregistrés.

La campagne militaire d’Eubée

 

En 872 (1467/1468), à leur retour de la campagne militaire de Karaman, un général vénitien (« général » est utilisé pour les capitaines de la marine) attaqua Inöz avec plus de soixante galères et la captura. Il prit son Juge, son Imam et beaucoup de Musulmans comme prisonniers et pilla l’île et ses environs. Quand cela fut présenté au Sultan, il remit le sancak de Gallipoli à Mahmoud Bacha pour la préparation de la Marine Royale et plaça tous les navires sur les côtes ottomanes sous son commandement. L’île d’Eubée, qui était l’une des îles grecques, était laissée sous contrôle européen et les Musulmans qui traversèrent cette région furent beaucoup lésés de ce fait. Puisque les résidents de l'île étaient impliqués et soutenaient les mauvaises actions du général, le commandant en chef Mahmoud Bacha dont le guide est Victoire arriva de terre et mer avec ses soldats et atteignit la frontière d’Eubée au début de l’an 873 (juillet-novembre 1468). Mahmoud Bacha, qui était le conquérant des forts, prépara les directions du siège de la mer et encercla l’île avec plus de cent navires. Il plaça des ponts sur les navires et les soldats atteignirent la zone au bord du château et se retranchèrent. Pendant ce temps, le général (vénitien) arriva pour aider le château avec huit galères mais il s’ancra quand il vit le grand nombre de navires musulmans et dut regarder de loin avec nostalgie. Son souhait était que, lorsque les soldats musulmans marcheraient vers le château, il attaquerait de ce côté et retarderait ainsi la prise du château. Il plaça des bateaux dans la mer afin d’obtenir des prisonniers pour découvrir le jour de l’attaque. Il arriva qu’un serviteur renonça à sa religion (apostasia) et se dirigea vers les navires des mécréants. Les mécréants en route pour capturer un prisonnier trouvèrent cet apostat et le présentèrent au général. Il les informa qu’il avait été annoncé que l’attaque serait dans trois jours. Le général attendu donc ce jour et se prépara à résister à l’attaque. Les Musulmans réalisèrent cependant qu’un prisonnier avait été emmené et décidèrent alors d’attaquer le château sans délai. Les hérauts annoncèrent cette nuit que « demain sera le jour du pillage, préparez-vous ! » Et ils avertirent les soldats. Dans la matinée, l’armée, dans laquelle la Victoire se réfugia, marcha vers le château avec la permission du pillage. Ils ne donnèrent aucune chance de récupérer aux mécréants et entrèrent dans le château par les brèches. Ils enchaînèrent les mécréants qu’ils pensaient pouvoir utiliser comme prisonniers (dans divers travaux) et tuèrent le reste. Les combattants musulmans obtinrent d’énormes quantités d’argent et de biens et beaucoup de butin de guerre. A midi, quand les mécréants virent que les drapeaux hissés sur les murs du château resplendissaient, ils s’attristèrent et se retournèrent pour partir. Ainsi ce puissant fort devint sous le contrôle du Sultan. Il y avait un petit château appelé Kizil Hisar (château rouge) qui était un petit château célèbre à la pointe de l’île et où se trouvait le trésor des mécréants qui fut donc aussi conquis tandis que les biens et les marchandises furent également transférés au Trésor Public de l’Empire Ottoman. Puis ils retournèrent à Istanbul avec soulagement et paix.

 

La campagne militaire de Kafa et d’Azov

 

Kafa, qui est sur la côte de la Mer Noire, était entre les mains des Européens depuis longtemps. Comme il est très escarpé, les Turc et les Tatar Khans furent incapables de le conquérir même s’il était à proximité. En 880 (1475), le précieux Sultan Muhammad Khan voulut conquérir cette terre.
Le conquérant de pays, Gedik Ahmed Bacha, fournit trois cents navires comprenant des galères, des navires pour (le transport des) chevaux, des cogues et des galéasses. Il préparé sa nourriture, ses armes et ses outils. Il tint également les janissaires et les marins préparés pour ces navires et entra en présence du Sultan. Le Sultan exalté fit beaucoup de prières pour lui, le félicita puis l’envoya à Kafa.
Conformément à la tradition ottomane, les notables et les hauts fonctionnaires amenèrent Gedik Ahmed Bacha du Haut Conseil (Divan-i Humayun) au quai et le virent appareillé. Le Bacha mit les voiles et atteignit rapidement les côtes de Kafa avec un vent favorable et l’assiégea. Les mécréants étaient fatigués de se battre et abandonnèrent alors le château. Il saisit tout le contenu du trésor de celui-ci et se rendit sur le côté terrestre. Après s’être emparé du château, il voulut également s’emparer de la zone qui l’entourait. Azov, qui était un port du pays de Sakalibe et un passage des provinces du Nord, fut capturé. Alors Menkub fut assiégé et prise de force par l’épée et les bonnes actions.

Dieu accorda une bonne chance au peuple de Kafa

Parce que la date de sa conquête est devenue compassion.

 

La campagne militaire de Pulya

 

Précédemment, Gedik Ahmed Bacha avait été renvoyé de son travail pour une raison quelconque et comme il était en prison, le Sultan Muhammad lui donné le sancak d’Avlonia quand il revint de la campagne militaire à Alexandrie (en Albanie).

En 884 (1480), il vint à Istanbul et décida que, puisque la province de Pulya traversait Avlonia et était subordonnée à l’Italie, elle serait facile à saisir. Alors il demanda des soldats et ensuite un édit impérial fut émis pour que la Flotte Royale soit préparée. Le matériel et les approvisionnements nécessaires à la guerre lui furent fournis autant qu’il le demanda, les meilleurs soldats des côtés rouméliens et anatoliens de l’Empire furent choisis et plusieurs milliers de janissaires et de marins furent fournis à cet effet. Le Bacha atteignit les rivages de Pulya et s’empara du château d’Otrante du premier coup après l’avoir attaqué. Puis il saisit un grand nombre de forts, certains par la force et certains par la reddition de leurs habitants. Après cela, il plaça ses hommes dans ces châteaux. Un mécréant nommé Rayka, qui était le gouverneur de la province, se réfugia chez le souverain d’Espagne et reçut des soldats. Le Bacha resta un certain temps à Pulya et quand on apprit que le Sultan Muhammad Khan avait décédé, il prit beaucoup de beaux et précieux objets de ce pays et parti pour Istanbul. Après avoir rempli le devoir de féliciter le (nouveau) Sultan lors de son accession au trône, il prit avec lui beaucoup de soldats et d’armement et quitta Istanbul avec l’intention de s’emparer du reste des châteaux de Pulya. Cependant, il fut incapable de le faire parce que pendant l’absence du Bacha, le mécréant nommé Rayka était arrivé avec quarante navires et soldats en 886 (1481) et attaqué à l’improviste les châteaux. Alors, il martyrisa la plupart des combattants musulmans qui gardaient ces châteaux et prit beaucoup d’entre eux prisonniers. Puis il devint arrogant à cause de son succès, il prémédita de rattraper le Bacha et navigua autour de ces eaux pendant un moment. Cependant le Bacha revint sain et sauf et resta les mains vides.

 

La campagne militaire de Mota

 

Lorsque le Sultan, dont le rang est élevé, retourna à Istanbul de la campagne militaire à Alexandrie en 884 (1480), il envoya le Beg de Kocaeli accompagné de trente galères et de soldats exemplaires, armés jusqu’aux dents, pour conquérir le château de Mota qui était resté entre les mains des mécréants et qui était situé près de la mer d’Azov dans les environs de Kafa. Précédemment, Gedik Ahmed Bacha avait saisi le plus important fort et n’avait pas touché ce fort. Cette fois, quand les soldats (Musulmans), qui avaient remporté la victoire, assiégèrent le château, les mécréants désespérèrent de le défendre, remirent le château et demandèrent grâce. Ce château contrôlait le port des hauts dignitaires de Russie, de Pologne et des pays du Nord.

 

La construction du château de Bozca

 

Il n’y avait pas de forts, de villages ou de villes proches de la rive sur l’île de Ténédos. Par conséquent, c’était le sanctuaire des marins qui naviguaient dans les mers. Sur l’ordre du Sultan, un château fort fut construit sur l’île cette année-là. Puisque ceux qui voulaient s’installer dans l’île étaient exemptés des taxes de l’État Ottoman, beaucoup de gens vinrent et s’y installèrent. La zone autour de l’île de Limnos était vide et elle devint prospère à cette époque.

 

La campagne militaire de Rhodes

 

Puisque les mécréants qui vivaient sur l’île de Rhodes, qui était proche des côtes de Menteşe, harcelaient au maximum les Musulmans, il était important de capturer cette île. Par conséquent, le Vizir Massih Bacha fut nommé commandant en chef en 885 (1480) et fut envoyé avec trois mille janissaires, quatre mille marins et plusieurs escadrons de gardes janissaires, avec la Flotte Royale. En dehors des bateaux d’Istanbul, soixante barques pleines de canons et de fusils partirent de Gallipoli et atteignirent Rhodes. Ils assiégèrent le château par terre et mer et firent d’abord un effort pour conquérir le fort, qui était connu comme « le château arabe, » du côté de la mer. Il fut exécuté par les soldats qui avaient vu la victoire et qui étaient venus à l’époque de Mou’awiyyah. Il n’avait pas été possible de le conquérir et il était donc resté entre les mains des mécréants. Massih Bacha avait un pont fait de la mer jusqu’à ce château et encerclait aussi le château du côté de la mer. Les combattants musulmans marchèrent de ce pont à la porte du château et concoururent les uns les autres en faisant cela, si bien que le pont s’effondra du fait de la foule. Plus de mille hommes se noyèrent dans la mer. Alors ils firent un nouvel effort et marchèrent vers le Château de Rhodes. Sept drapeaux des drapeaux de l’Islam furent hissés sur le château et les quartiers extérieurs du château furent remplis de guerriers. Les soldats qui répandaient le sang étaient avides de butin de guerre et ils commencèrent à piller. Massih Bacha ordonna à quelques hérauts d’annoncer que le trésor de Rhodes appartenait à Hassa-i Sultaniye (C’étaient des terres, des mines, etc. dont le revenu était réservé au Sultan seulement. (Remarque du Traducteur Turc) Non pas personnellement au Sultan mais plutôt au Trésor Public de l’état, comme le veut la Loi islamique (ndt)) et que personne ne devait essayer de piller pour que les marchandises recueillies dans une ville portuaire comme Rhodes ne soient pas saisies par l’armée. Lorsque cette annonce importune parvint aux oreilles des guerriers, les guerriers qui se trouvaient à l’extérieur du château cessèrent de se battre pour la campagne. Les soldats qui se trouvaient à l’intérieur du château manquèrent de soutien pour cette raison. Les mécréants attaquèrent d’un point et vainquirent la plupart des soldats à l’intérieur. Souleyman Bacha, qui était le Beg de Kastamonu, devint martyr. L’avarice de Massih Bacha et la cupidité des soldats les obligèrent à rester les mains vides et plus tard, ils se retirèrent du château. Alors, ils informèrent les autorités de l’état de ce qui s’était passé, ils reçurent leur permission et se rendirent dans le château de Bodrum, qu’ils ne purent saisir non plus. Puis les soldats furent autorisés à partir et ils atteignirent Beşiktaş à Istanbul. Le titre de commandant en chef de l’armée lui fut ôté on lui donna le sancak de Gallipoli ou il se rendit avec quelques navires.

 

La campagne militaire d’Avlonia après la conquête de Kili et d’Akkerman à l’époque du Sultan Bayazid

 

Le Sultan Bayazid envoya la flotte à la Mer Noire et arriva lui-même par voie terrestre en 889 (1484). Il conquit les forts de Kili et d’Akkerman. Quand Khadim ‘Ali Bacha, qui était l’Imam de Semendere, dit au Sultan que le roi de Hongrie était mort et que le gouverneur de Belgrade avait promis d’accepter la domination de l’État Ottoman en 897 (1492), le Sultan se dirigea dans cette direction. Cependant, Güyegü (son beau-fils) Sinan Bacha reçut l’ordre d’arriver à Avlonia avec 300 navires pour que les soldats puissent aller au large et piller les côtes albanaises, pour atteindre ces rivages au cas où la promesse faite de Belgrade serait un mensonge et pour éviter de revenir les mains vides. Après que les préparatifs de la campagne militaire furent terminés et qu’il se dirigea vers Sofia, le nouveau roi envoya un envoyé à ce moment-là et demanda à être épargné. Alors il se tourna vers le côté albanais. Ils atteignirent Tepedelen par la route de Manastir. Daoud Bacha fut envoyé pour saisir ces régions. Ils revinrent après avoir pillé et détruit beaucoup d’endroits et causé beaucoup de dommages à ceux qui se rebellèrent.

 

La campagne militaire de Lépante

 

Le Sultan Bayezid II, qui était le Sultan avec une bonne fortune, commença la préparation d’une campagne militaire pour s’emparer des provinces du Péloponnèse et de Lépante et il publia un édit impérial auquel on ne pouvait s’opposer pour la construction de puissants navires comme les crocodiles. Pendant ce temps, il nomma Daoud Bacha (le second), qui était capitaine à l’époque, commandant en chef. Il eut deux cogues / göke construit. La longueur de chacun d’eux était de soixante-dix coudées (32m) et leur largeur de trente coudées (13.7m). Leurs vergues furent faites par la collecte et la couverture de nombreux arbres et le diamètre de leurs cercles était de quatre coudées (1.8m). Il était facile pour quarante guerriers armés de s’asseoir autour des cogues / gökes et de se battre. Les ouvriers et les artisans étaient parmi les hommes du Sultan et les outils et l’équipement utilisés pour eux étaient du pays ottoman, pourtant chacun des navires coûta vingt mille florins. Certains savants ont dit que l’architecte de ces cogues / gökes était un maître nommé Yani. Il avait vu à Venise comment ces navires étaient construits et avait appris la technique. Ces navires avaient deux kayaliks (les parties dans lesquelles les lests sont déposés). L’un était le galion kayalik et l’autre était la galéasse kayalik. Chacun d’eux avait deux trous dont chacun avait de gros canons. Un filet fut placé sur le pont supérieur et en dessous, vingt-cinq rames ont été placées des deux côtés. Neuf hommes ramaient pour chacun d’eux.

Ces avirons devaient soulever l’étrave du navire au-dessus de l’eau quand il n’y avait pas de vent, pour ne pas déplacer le bateau en aviron. À la poupe chacun avait deux navires. Ils furent construits comme la poupe des galions et deux mille guerriers et rameurs furent déployés dans chacun d’eux. Le capitanat de l’un d’eux fut accordé au capitaine Kemal et l’autre au capitaine Bourak. Trois cents navires supplémentaires, composés de marchands, de galions, de galères et de bateaux, furent également préparés et envoyés dans la région près de Lépante avec des héros guerriers. Le Sultan exalté quitta également Istanbul et atteignit Edirne en Shawwal 904 (9 juin 1499). Il envoya Mustafa Bacha, qui était le gouverneur général de Roumélie pour le siège de Lépante. Quand Mustafa Bacha atteignit la région, les mécréants, qui en étaient les protecteurs, annoncèrent que « le souverain de Venise nous a dit de ne pas abandonner le château tant que les navires musulmans ne pourraient pas l’assiéger par leurs navires. ». Mustafa Bacha assiégea le côté terrestre et attendit l’arrivée des navires musulmans. Cependant, puisque des vents défavorables soufflaient, la flotte royale resta en mer durant trois mois. Enfin, les navires de la flotte arrivèrent près du Péloponnèse et ensuite un autre vent défavorable souffla. Après beaucoup de peines et de difficultés, ils entrèrent dans le port de l’île à travers Moton et y attendirent vingt jours de plus. Chaque fois que les marins se lassaient de la pénurie d’eau et de nourriture et débarquaient sur le rivage, ils faisaient face aux attaques des mécréants et retournaient à leurs navires sans pouvoir avancer plus loin. Ils étaient dans un mauvais état en raison du manque d’eau et en même temps ils avaient des accrochages avec les navires européens. Khalil Bacha, qui était le Beg du Péloponnèse, présenta l’état de la flotte au Sultan avec quelques messagers. Lorsque les messagers arrivèrent alors que l’armée se trouvait dans la plaine de Qatalca, près de Lépante, le Sultan ordonna à Hersekoğlu Ahmed Bacha d’aller au Péloponnèse avec des soldats anatoliens sélectionnés et d’aider les navires musulmans. Ahmed Bacha s’y rendit rapidement et atteignit Moton alors, les navires purent quitter ce port avec un vent favorable et ils allèrent à Avarin où ils voulaient aller. Puis Ahmed Bacha prit les navires avec lui et il fit entrer les navires à Holomuç.

 

La bataille du capitaine Bourak

 

Lorsque la flotte royale passa devant Moton, Avarin et arriva à l’île de Bourak, la flotte des mécréants rencontra de nouveau les navires des combattants musulmans. Les mécréants avaient été précédemment en grande partie blessés par le capitaine Kemal et ils avaient une rancune extrême contre lui. Kemal Beg, qui était le Beg de Yenişehir, était dans le bateau du capitaine Bourak. Ils pensèrent que c’était le navire sous le commandement du capitaine Kemal et l’attaquèrent. Beaucoup de gens des deux côtés sont tombés dans la mer et se sont noyés. Les mécréants avaient deux cogues / gökes avec un millier de mécréants dans chacun, une galéasse et une barge avec cinq cents mécréants dans chacun. Ils abordèrent de deux côtés le navire du capitaine Bourak. D’abord, la galéasse et la barge ne purent supporter le bombardement des canons et elles coulèrent. La plupart des maudits qui s’y trouvaient se noyèrent et ils hissèrent, ceux qui essayaient d’échapper à la noyade, en utilisant des crochets et les prirent prisonniers. Quand ces deux cogues ne laissèrent pas partir celui du capitaine Bourak et que l’affront se prolongea, le capitaine Bourak mit le feu à ses navires en utilisant du kérosène. Bien qu’il ait essayé d’éloigner son propre navire du feu, ce ne fut pas possible et à la fin son navire brûla également avec les autres navires. Kemal Beg, le capitaine Bourak et Kara Hassan devinrent des martyrs avec cinq cents héros dans cette situation dangereuse. Les guerriers qui tombèrent de ce navire dans la mer furent recueillis avec des chaloupes et ainsi sept cents personnes furent sauvées. Les deux cogues des mécréants brûlèrent et les mécréants qui s’y trouvaient se noyèrent et brûlèrent, et sept cents d’entre eux qui luttaient à la surface de la mer furent tués. Un galion qui vint pour aider ces deux cogues fut capturé et les mécréants qu’il contenait furent ligotés. Le nom de l’île où cette bataille eu lieu fut changé en l’île de Bourak. Cent cinquante navires des Européens prirent position à l’entrée de la Baie de Lépante, déployèrent des canons dans le détroit et se préparèrent à barrer la route aux guerriers. Lorsque les navires musulmans arrivèrent et se préparèrent à traverser la baie, ils les bombardèrent avec ces canons. Beaucoup de gens célèbres furent aussi martyrisés ici aussi. En bref, Allah Exalté les guida vers le succès contre les mécréants quand ils quittèrent le port près des îles de Moton et Bourak et (aussi) quand ils entrèrent dans la Baie de Lépante dans laquelle ils livrèrent de grandes batailles. Allah Exalté était le compagnon des soldats musulmans et les navires des mécréants furent vaincus. Puis la Flotte Royale passa les navires ennemis, alla dans la zone en face de Lépante et les navires musulmans assiégèrent également le château du côté de la mer. Quand plusieurs hommes courageux sortirent et hissèrent les drapeaux sur sa tour, les gens assiégés envoyèrent les clés à Mustafa Bacha conformément à leur ancienne promesse. En 905 (1500), ils partirent. Les autorités de l’état furent informées de la conquête du château. Ahmed Bacha reçut l’ordre de quitter le navire et la Flotte Royale de passer l’hiver dans le port d’Umur Beg près de Germe. L’armée royale retourna à la caserne d’Edirne.