Abrégé d’une partie des expéditions navales ottomanes
Les chefs d’œuvre des maitres dans les expéditions en mer
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très
Miséricordieux
Il convient pour le titre de l’épopée du conquérant du monde
d’être gracié et louangé au Propriétaire de la terre et du
temps. C’est parce qu’Allah a renforcé les soldats musulmans
avec le verset qui dit : « …et
que Nos soldats auront le dessus » Qur’an 37 :173 et
qu’Il mettra la peur dans le cœur des ennemis de la religion
par la promesse du verset clair : «
Nous allons jeter
l’effroi dans les cœurs des mécréants. » Qur’an 3: 151.
Il, Exalté soit-Il, a de même lié la victoire et le triomphe
à la patience et la persévérance en disant : «
Lorsque vous
rencontrez une troupe (ennemie), soyez fermes. » Qur’an
08 : 45
Il est également approprié que les prières et les
salutations ainsi que les invocations et les louanges qui
apportent la bonne fortune soient envoyées au maître des
gens, Muhammad Mustafa (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) parce qu’il donna la bonne nouvelle à cette Oummah
bénie par ses mots précieux «
des pays seront
ouverts pour vous. » Que l’invocation « qu’Allah soit
satisfait d’eux et que la paix soit sur eux » soient un
présent pour tous les gens de sa famille ainsi que ses
descendants et ses Compagnons jusqu’au Jour de la
Résurrection.
Ceci dit : Il arriva qu’après mille cinquante-cinq années
après l’émigration du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam) de la Mecque à Médine (1645), la conquête de Crète,
qui confirma les paroles miraculeuses du Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam), eu lieu parmi les conquêtes
de l’Islam et en moins de dix ans, tous ses autres forts à
l’exception de celui de Candia, qui était la capitale de
cette île, tous ses coins et domaines passèrent aux mains
des Musulmans. Un grand nombre d’incidents se produisirent
sur la terre et la mer en raison de cette conquête de la
Crète. La négligence et les insuffisances dans l’exécution
de la conquête permirent aux mécréants, puissent-ils être
détruits, de devenir odieux et créèrent une apparence comme
si ils étaient en train de gagner contre les Musulmans. Un
effort religieux devint donc nécessaire pour que les
Musulmans l’emportent sur eux. En tant que maitre des poètes
Mutanabbi dit dans le couplet :
« Si vous n’avez pas de pouvoir ou de propriété à donner
comme cadeau,
Alors les mots s’élèvent même si l’état / situation ne le
fait pas, »
Ce qui signifie que si vous êtes incapable de donner des
cadeaux, vous pouvez dire de la poésie qui pourra atteindre
là où votre état ne vous le permettrait pas.
Hajji
Halife écrivit sur la façon dont les derniers Sultans
affrontèrent les ennemis maudits et comment ils les
vainquirent, les guerres navales des capitaines utiles et
pirates, les pensées et les mesures de certaines personnes
expérimentées et sages, certains sujets importants liés à la
marine et la guerre afin de renforcer l’Empire Ottoman et
d’effrayer et disperser la communauté des ennemis de la
religion et il l’appela
Tuhfetü al-Kibâr
fi-asfâri al-bihâr (les chefs d’œuvres des maîtres dans
les expéditions en mer). Après l’avoir terminé, il le
présenta à Sa Majesté le Sultan Muhammad Khan, puisse Allah
rendre ses propriétés éternelles et qu’Il affermisse son
règne jusqu’à la fin du temps, qui est notre bienfaiteur,
l’homonyme de notre Prophète exalté (sallallahou ‘aleyhi wa
sallam), le Sultan des deux terres et les deux mers, le
serviteur de La Mecque et Médine honorées, un Sultan qui est
le fils d’un Sultan et le fils du Sultan Ibrahim. Nous
espérons qu’il réfléchira sur ce qui est dit dans ce livre
et qu’il sera assez aimable pour l’utiliser.
Ce petit travail comporte une introduction, deux parties et
une conclusion.
Introduction
Sur l’indication des lieux liés aux matières que nous avons
l’intention de relater et la démonstration des frontières.
Explication de la Terre
Les parties de la Terre, qui restent au milieu de l’univers
par les forces d’attraction et de répulsion, qui se sont
élevées au-dessus de l’élément de l’eau et se sont
surélevées par endroits, sont celles qui ont été peintes en
rouge et jaune dans ces deux cercles tels qu’ils ont été
élaborés et mis en vigueur par les spécialistes de la
science de la géographie. La couleur jaune indique la terre,
la couleur rouge indique les continents et les îles et la
couleur bleue indique la mer. La ligne tracée au milieu des
deux cercles est l’équateur. Les deux cercles rouges sur ses
deux côtés indiquent la déclinaison et la fin de l’orbite du
Soleil au Sud et au Nord. A part ceux-ci, l’orbite polaire
et les signes du zodiaque ont été tracés entre les
longitudes et les latitudes. Les longitudes et latitudes des
pays sur Terre, et la détermination d’un lieu ou d’un
emplacement dépendent de ce calcul et il est connu par cette
règle. Nous les avons expliqués en détail dans notre livre
Cihânnümâ, qui
est la traduction du Livre d’Atlas. Il suffit ici de dire
que chaque cercle a trois cent soixante degrés et que chaque
degré a une distance de trois menzils. La distance autour du
monde est de mille quatre-vingt menzils. Dans cette période,
celui qui va vers l’ouest revient de l’est, cela a été
prouvé par des témoins. Alors les savants de cette science
divisent la carte du monde en quatre. Ils supposent une
ligne théorique du détroit de la Méditerranée, du détroit de
la Mer Noire, du détroit de la Mer d’Azov et les Dix Eaux
jusqu’à ce que l’océan est atteint et la zone à l’ouest de
cette ligne est appelée Europe. La région à l’est de cette
ligne s’appelle Asie, les terres de l’Abyssinie et de
l’Egypte, que séparent la Méditerranée et la Mer de Kulzum,
s’appellent l’Afrique et le nouveau monde s’appelle
Amérique. Actuellement, l’Empire Ottoman a une part de trois
sections de ceux-ci. Nous avons dessiné une partie de
l’Europe, de la mer Méditerranée et de la Mer Noire sur la
même page afin de montrer ceux qui partagent leurs
frontières. Les noms des pays des mécréants et du côté
bosniaque ont également été écrits. C’est la page qui peut
être utilisée comme guide si nécessaire. (Il y a une carte.)
Explication de la page
La Mer Méditerranée, qui a été dessinée sur cette page, est,
à l’exception de l’océan, la plus grande des six mers qui se
trouvent dans les parties du monde habitées par les hommes.
Elle s’étend du détroit de Gibraltar, qui est à quinze
degrés de longitude et trente degrés de latitude, jusqu’aux
côtes de Shaam sur soixante-dix longitudes (la province de
Shaam était composée de la Syrie, du Liban et de la
Palestine). Ses frontières méridionales sont le Maroc,
Tilimsen, l’Algérie, la Tunisie, Mahdiyyah, Jerba, Tripoli,
Alexandrie d’Egypte et Damiette. Le Maghreb et le côté arabe
finissent à Arish. Ses côtes orientales sont Gaza, Acre,
Beyrouth, Tripoli (Tarablous Shaam) et Payas. Ses rives nord
sont Silifke, Anamur, Alanya, Antalya et le cap de Tekir
ainsi que les côtes d’Anatolie d’Izmir jusqu’au détroit.
Elle prend fin en face de l’île de Ténédos. Quand on entre
des Dardanelles, il y a une mer d’environ sept cents milles
jusqu’à atteindre le Bosphore d’Istanbul. Les rivages de
cette mer sont Kapidaği, Mihaliç, Mudanya, la baie de
Gemlik, Izmit, Istanbul, Çekmece et Gallipoli. Elle contient
les îles Marmara, d’Emîr Ali et Kizil. Quand on sort des
Dardanelles, les rivages rouméliens sont Ece Plain, Inöz,
Kavala, Ayanoroz, Lonkoz, Kesendire, la baie de Salonique,
les Baies de Koloz et Izdin, l’île d’Evia, Athènes, Anabolu
et le Cap de Menekfle sur le Péloponnèse. Ce Cap de Menekşe
du côté roumélien est semblable au Cap de Tekir du côté
anatolien en termes de l’abondance de ses coins et passages.
Les deux pointes de l’île de Crète s’étendent vers les
pointes de ces deux caps et la plupart des autres îles de la
Méditerranée se trouvent dans le milieu de cette zone. Par
conséquent, cette zone est appelée (la zone) entre les îles.
Toutes ces îles ont été capturées de Venise et de Gênes mais
seule l’île de Tinos est restée entre les mains des
Vénitiens. Elle fut aussi capturée précédemment mais
échangée pour le Château de Menekşe comme il a été jugé
nécessaire. Les noms et les formes de ces îles ont été
écrits. Une explication de ceux-ci prendrait trop de temps ;
ainsi, cela n’a pas été fait parce que notre objectif est de
parler des rives albanaises et bosniaques. Quand on pivote
du Cap de Menekşe vers les rives du Péloponnèse, on franchit
les Caps de Manya, Moton et Holomuy qui prennent fin à
Badra. C’est une distance de deux cents milles au total.
Les îles vénitiennes sur les rives du Péloponnèse
De l’autre côté des rivages que nous avons mentionnés, les
îles qui sont entre les mains des Vénitiens sont les
suivantes : l’île de Cythère est à quinze milles du cap de
Menekşe et son périmètre est d’environ soixante milles. Elle
a un château fort. L’île de Zaklisa est à quinze milles à
l’ouest du cap de Holomuç avec un périmètre d’environ
quatre-vingts milles. C’est une île montagneuse avec un
château fort. Les rives de la province d’Albanie
Ce pays est écrit comme « Albanie »
dans le Livre d’Atlas. Préveza est à cinquante-six
milles du bord de la Baie de Lépante, puis Delvina est à
quatre-vingts milles de Préveza, Avlonia est à soixante
milles de là, Diray est à cent milles de là, Nova à cent
milles de là. Si l’on contournait le port d’Injir de l’île
d’Ayamavra qui se trouve près de ces rives, on peut voir le
Château de Préveza près du début de la Baie de Narda.
Ensuite, Parga
est un château vénitien qui surplombe le niveau de la mer.
La montagne de Mazarak derrière elle a beaucoup d’endroits
rocailleux, des moulins à eau et des villages du côté nord
de celle-ci. Ensuite, il y a le port de Qanak qui est un
port célèbre à travers l’île de la Baie. Un château a été
construit là-bas et qui était une bonne décision.
Après être passé cela, il y a un lac avec des barrages pour
pêcher et qui est un lagon. Il est dit qu’un château à
l’entrée de celui-ci a été capturé par l’un des guerriers de
cette région qui est de Venise. Puis, il y a les châteaux de
Leş, Alexandrie, Ülgün-bar, Padoue et Nova dans la direction
du Cap de Diray vers le nord. Le château à l’entrée de la
baie de Kotor s’appelle Kastel Nova, ce qui signifie « le
Nouveau Château. » Quand on entre à dix-huit milles à
l’intérieur de cette Baie, il y a le Château de Kotor qui se
trouve à l’intérieur du pays ottoman. C’est au bord d’une
montagne et les rivières coulent des deux côtés de celle-ci,
il n’a pas été possible de la conquérir.
Les îles qui sont proches de ces rivages
Il y a d’abord les îles Kafallinia à travers l’entrée de la
Baie de Lépante et ce sont deux îles. L’un d’eux s’appelle
Grande Kafallinia et
son périmètre est de cent cinquante milles. Son château fut
pris précédemment mais il fut repris par les Vénitiens après
la conquête de Moton. Cette île est à vingt milles au nord
de Zaklisa. La Petite Kafallinia n’a pas de fort et est du
côté nord. Incir, le
Port d’Ayamavra est à six miles de Kafallinia. Puis
Bahşilar, qui est à travers Parga et a un périmètre de
trente miles, est une île qui a un beau temps et qui est à
environ dix-huit milles de la côte. Ensuite, l’île de Corfou
est sur le chemin de la Delvine Sancak à travers les rives
de Mazarak. Elle a quarante milles de Parga et à six milles
du bas du château du port de Qanak. C’est une île prospère
et célèbre avec une circonférence de cent quatre-vingt-dix
milles. Son château robuste et fortifié a été construit dans
la mer à travers la rive et est relié à la terre d’un côté.
Jadis, il appartenait aux souverains chrétiens qui régnaient
sur l’Albanie et passa à une femme par héritage. Alors les
Vénitiens pénétrèrent dans l’île après 803 (1400/1401) et
lui prirent son île. Ils fortifièrent son château et
transformèrent cette île en place stratégique pour la Mer de
Corfou et qui servirait de dépôt pour les équipements
militaires. En fait cette île était un « lieu
d’observation » qui était proche de la Mer de Corfou et donc
le capitaine Kemal demanda à plusieurs reprises de la
conquérir auprès du Sultan Souleyman Khan en disant « c’est
comme la prunelle de Venise. » Plus tard, le Sultan, qui
avait atteint le pardon de Dieu, l’assiégea par terre et mer
en 943 (1537 après J.-C.) et les détails seront rapportés
plus loin.
Le Fort de Corfou
Le château de Corfou est un fort robuste avec une
circonférence d’environ trois miles, comme cela est écrit
dans Bahriyye. Il
y a environ dix-huit mille maisons à l’extérieur. Les
Vénitiens construisirent deux châteaux sur deux collines à
l’intérieur des murs de ce château et creusèrent dessous des
tunnels avec des routes souterraines et des abris pour
s’échapper et les utiliser si nécessaire. Les murs du
château sont entourés par la mer. Il a un port construit en
face du château. Les galiotes entrent et les galions restent
à l’extérieur. Entre l’île de Corfou et la côte se trouve un
détroit d’environ un mille et demi. Les soldats traversent
ce détroit lorsque cela est nécessaire. Les îles mentionnées
ici sont les célèbres îles de Venise à l’extérieur. En
dehors de celles-ci, il y a beaucoup d’îles à l’intérieur de
la Mer de Corfou. Cependant, la Mer de Corfou s’étend de
Karaburun, près d’Avlonia, à soixante milles au sud de cette
île, jusqu’au cap de Santa Maria, sur la côte de Pulya, et
d’un détroit de soixante milles jusqu’à la mer, appelé la
Baie de Venise jusqu’à la ville de Venise, qui est à cent
cinquante milles de latitude et à sept cents milles au nord.
Les côtes orientales de cette mer sont celles d’Albanie, de
la Bosnie-Herzégovine et de la Croatie ; à l’ouest se
trouvent Lombardie et Ankona dans le pays italien et Pulya
Piyana en Europe. Les rives de la Bosnie-Herzegovine : Dubrovnik
Le château est un lieu dix-huit miles au nord de la Baie de
Kotor, qui a été mentionné ci-dessus, après avoir passé le
château de Nova et c’est la place d’un peuple qui paye le
tribut. Ses cantons sont adjacents à Gabele et Mostar du
sancak
d’Herzégovine et Şibenik est à deux cents milles de ce
château. Gabele est un appontement sur le ruisseau de
Mostar. Il a un capitaine. Il y a, à travers, deux longues
îles de Venise qui s’appellent Birac et Lesina. Ispilit,
7 qui est au sud de Gabele, est un port célèbre
entre les mains de Venise et c’est un appontement de la
Bosnie. Kilis est un château robuste qui est proche de lui
et sur une terre élevée. Venise l’a capturé récemment et il
est nécessaire d’essayer de le recapturé. Au sud de ceci, se
trouve Şibenik, qui est un château fortifié et un port avec
une grande étendue en face de lui. Une grande rivière coule
de la direction nord-nord-ouest et rejoint la mer à ce port.
Il y a une montagne sur le côté terrestre de ce château qui
est plus élevée que le château. Tekeli Bacha l’avait
bombardé à partir de là. Zadra est un château fort situé à
vingt milles au sud de Şibenik pratiquement cerclé par la
mer et il n’y a qu’un seul chemin vers la terre. Il y a le
château d’Iskradin au milieu de ces deux châteaux où la
rivière Kirka atteint la mer. Cette rivière sépare les
sancaks de Kilis
et de Kirka. Venise a saisi les châteaux de ces
sancaks. Cela
complète les rivages de la Bosnie, c’est sa carte. (Il y a
une carte.)
Explication des lieux à la frontière des mécréants
Il y a les châteaux de Novigrad et Seyn sur la côte au sud
de Zadra et ceux-ci sont entre les mains de l’Autriche. La
zone derrière ceux-ci remonte à Obrovac, Bihac, Todornovi
Banaluka et Kostanice qui sont à la frontière croate. La
ville de Venise est à cent cinquante milles de Zadra. Le
pays d’Istirya,
qui a la forme d’un carré, est entouré par la mer sur trois
côté et d’un côté par la terre. Il y a beaucoup de châteaux
et de villes à l’intérieur et sur les bords de celui-ci.
Certains d’entre eux sont dirigés par Venise et certains
sont entre les mains de l’Autriche. Plus au sud, se trouve
le pays de Firyoli qui s’appelle le pays du Forum et ils
l’appellent Forum Culi. Culius est une grande province et
cela signifie le Bazar du Kaiser. Une partie est derrière la
ville de Venise. La source des rivières de Sava et Drava est
dans ce pays. Il y a aussi beaucoup de villes et de
châteaux. La plupart d’entre eux sont entre les mains de
Venise. Si une campagne militaire à Venise devient
nécessaire, alors l’un devrait aller dans ces pays. De toute
manière, l’Empereur a un intérêt pour chacun d’eux. Les
châteaux et les villes de ceux-ci sont tous écrits dans
l’Atlas Mineur que nous avons traduit en turc.
La ville de Venise
Comme expliqué dans l’Atlas, la ville de Venise est appelée
« Vénésiya » qui
signifie « en grand nombre. » Ils l’appellent aussi
Vineciya. C’est une grande ville qui compte une soixantaine
de petites îles. Il a été construit sur un sous-district qui
se trouve à la fin de la Baie de la Mer qui est comme un
lac. Ses eaux montent et descendent toutes les six heures.
Dans les directions est et sud, certaines des îles sont
devenues comme une barrière afin d’empêcher les inondations
par la mer lorsque l’eau monte. Il a des routes vers la mer
dans quatorze points. Cette ville est entourée de remparts
et d’un château, et sa position dans la mer est sûre, c’est
donc un endroit sûr qui ne risque pas d’être endommagé. Il y
a des routes et des canaux parmi les maisons, et il est
possible de se promener à pied ou d’y voyager en bateau et
d’aller de maison en maison en bateau. Il y a quatre cent
cinquante ponts faits de pierre et de bois au-dessus de ces
eaux. La plus grande de ces routes s’appelle « Canal » et
elle divise la ville en deux. Il y a un pont au milieu de ce
qui est une merveille. Huit mille bateaux sont
continuellement en mouvement dans la ville. Certains ont des
nuances et sont luxueux. Ce sont les gondoles. Le périmètre
de la ville est d’environ huit miles et il a soixante-quatre
parotiyas (paroisses). Ses bâtiments officiels et privés
sont très hauts, luxueux et richement ornés. Surtout
l’église Saint-Marc, qui est le lieu des quatre apôtres de
la Bible, est un bâtiment étrange et singulier. Il a été
construit avec des pierres précieuses d’une manière
artistique et luxueuse. Une dorure d’or fut appliquée à de
nombreuses parties de celui-ci et d’innombrables choses
inestimables ont été mises dans son trésor parce que c’est
le donateur de la trésorerie. La ville de Venise, ses autres
châteaux et navires ont bloqué les sots en disant : « C’est
sa fondation pieuse» et ils se sont attaché les adultes et
les jeunes parmi les Chrétiens avec de tels mensonges et
tromperies. La ville a trois bazars adjacents. Il y a
l’église que nous avons mentionnée sur la place du bazar
principal. Deux grandes colonnes ont été érigées sur les
côtés des barrières. Sur l’une d’elles est le signe de
Saint-Marc et sur l’autre est la statue de Saint-Théodore.
Ce signe est un lion avec des ailes. Le Saint-Marc mentionné
ci-dessus était une personne forte à la langue acérée, ainsi
ils ont fait cette statue, qui démontre son état, une marque
et un signe. La zone située entre ces deux colonnes est
réservée aux personnes qui doivent être exécutées par
pendaison. À l’intérieur de la ville il y a un arsenal,
qu’ils appellent « Arsenalé, » avec un château fort qui a un
périmètre d’environ deux miles. Là, l’armement et tous les
approvisionnements nécessaires pour les campagnes navales
sont produits et remplacés tous les jours et des canons sont
fabriqués. Ils montrent aux visiteurs dans cet arsenal, les
cordes et les outils qu’ils ont pris des flottes vaincues et
des pirates navals ainsi que des navires et des drapeaux.
La situation du peuple
Il y a environ trois cent mille personnes dans la ville de
Venise. Ceux-ci sont de trois rangs. Le premier rang est
appelé « Patrisi » signifie les Cheikhs. Ceux-ci sont
responsables du pays et des affaires gouvernementales. Leurs
chefs d’entre eux sont appelés « doché » qui signifie duc.
Ces personnes travaillent dans la gestion et la résolution
des problèmes. Cependant, il ne peut rien faire sans le vote
du peuple. Ceux du second rang sont appelés « stadino ». Ce
sont les personnes qui écrivent, lisent et maintiennent
l’ordre. Le troisième rang est ceux qui sont engagés dans
l’artisanat et le commerce. L’état de ces derniers avait
l’habitude d’être un « gouvernement de conseil ». Dans les
cinq cent cinquante-cinquième années après la naissance du
Christ, paix sur lui, il est devenu « tribinos » signifie la
tête d’une tribu. Cela a duré deux cent cinquante-deux ans
et il s’est transformé en un « duché » en 707 après J.C.
Aujourd’hui, la date à laquelle ce livre est écrit est au
début de 1067 après l’Hégire (octobre 1656 / février 1657).
Le temps qui s’est écoulé entre le début du Duché Vénitien
et aujourd’hui est de 950 ans. Mercator, qui est l’auteur du
livre de l’Atlas,
a beaucoup fait l’éloge de cette ville : il a dit que c’est
une ville célèbre du monde et un port commun du monde, de
nombreuses personnes du monde entier y viennent pour y faire
du commerce, ses habitants, ses biens et ses propriétés sont
innombrables, c’est pourquoi les Chrétiens l’appellent « le
paradis du monde.» Il a ajouté que même si elle traversa de
nombreux incidents au cours du dernier millénaire et qu’elle
subit de nombreuses calamités, elle n’est jamais tombé aux
mains des étrangers et n’est pas devenu prisonnière. Un
autre livre, « Le
Livre des Châteaux » publié en Europe, dit en parlant de
la ville de Venise : « Selon certains historiens,
l’établissement de la ville de Venise était dans la quatre
cent vingt et unième année après la naissance du Christ.
Quand le peuple hongrois a attaqué, ils ont quitté la ville
de Padoue sur la terre où ils vivaient et
ont établi la ville de Venise sur ces îles. Plusieurs
rivières viennent du pays de Lombardie et se jettent dans la
mer. La nourriture de la ville passe principalement par ces
rivières sur des bateaux. » La narration des livres
européens a été accomplie à ce point. Mais le capitaine Piri
dit ce qui suit dans Bahriyye. « Les navires qui veulent
atteindre la ville de Venise depuis la mer arrivent d’abord
à la ville de Peresne. La ville de Venise est à une centaine
de kilomètres de là. On ne peut pas se passer de guide car
il y a beaucoup d’endroits peu profonds. Ils prennent un
guide de cette ville pour trouver le chemin et ils naviguent
avec un fathomètre jusqu’à ce que le clocher de Saint-Marc
apparaisse. Le clocher est une haute tour, donc qui apparaît
en premier. Ensuite, ils s’ancrent où la ville apparaît. Un
autre guide vient de la ville sur un bateau et navigue
devant le navire et montre le chemin jusqu’à la ville. Il
est interdit à ceux qui viennent de l’extérieur de servir de
guide, et la zone autour des barrières s’ouvre et se ferme
avec le flux et le reflux de la mer. Cette ville a également
« des bateaux qui vendent de l’eau. » Ils remplissent leurs
bateaux avec de l’eau comme un bateau, et ils le vendent en
le mesurant avec un conteneur. Beaucoup de poissons sont
pêchés dans cette ville. Ils ont des types spéciaux de
bateaux de pêche comme les skimmers. Ils font le tour de la
ville en les pêchant avec de l’eau et les vendent dans les
rues. Il y a une île à l’est de la ville appelée Moran et
des verreries y sont fabriquées.
Les côtes d’Italie, de France et d’Espagne
Après avoir passé la ville de Venise, on croise Ancona,
Peschici, Manfredonia, Brindisi, le Cap d’Otrante et le Cap
de Santa Maria où se termine la Baie de Venise. Quand on
tourne vers l’ouest, on arrive à Taranta et la Baie de
Rosanno, le Cap de Crotone, Spartivento et le Cap de Reggio
sur lequel se trouve Messine de l’île de Sicile. Il y a un
courant entre eux comme dans le Bosphore à Istanbul.
Ensuite, il y a la Nauplie et le Cap de Gazi et la Rivière
Roman, mais la ville est un peu à l’intérieur de la terre.
Les châteaux de Pantan et de Livourne sont originaires du
pays de Florence qui est un Duché indépendant adjacent au
pays pontifical. Plus au sud, Gênes est un autre
gouvernement et partage une frontière avec Milan. Il y a
ensuite les côtes de Savona, Nice, Akvalaort et Marseille
qui appartiennent au pays français. Perpignan, Danya,
Barcelone, Tortose, le Cap de Carthagène, Malaga et Ceuta à
travers Gibraltar, sont des côtes espagnoles. Ceux-ci sont
écrits comme les côtes de Catalogne, d’Aragon, de Valence et
d’Andalousie dans l’Atlas.
Comme il a été calculé dans quelques petits livres, toutes
les côtes européennes s’étendent sur huit mille
quarante-sept miles ; les rives d’Anatolie, d’Arabie et du
Maghreb sur cinq mille dix milles et ainsi le total est une
distance d’environ treize mille cinquante-sept milles. Au
milieu, les îles de la Sardaigne, la Corse, Minorque,
Majorque, Ibiza, Malte, la Crète, Chypre et Rhodes sont des
îles célèbres. Dans le passé, toutes sauf Rhodes ont été
conquises. Aujourd’hui, elles sont tous entre les mains des
mécréants, à l’exception de Chypre et de Rhodes. La conquête
de la Crète ne put non plus être achevée. Puisse le Dieu
Exalté permettre bientôt de l’achever. L’introduction a été
complétée ici. Nous passons maintenant à la narration du
premier chapitre.
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