La
révolte des gens de Syrie
Trois mois après
son arrivée à Harran, qui se trouve à l’extrême frontière de
Syrie, les Syriens se révoltèrent contre lui. Les premiers à le
faire parmi eux furent les gens de Homs bien qu’ils furent les
premiers à lui porter allégeance mais lorsque la porte de la
sédition s’ouvre, sa fermeture est difficile.
Le principal
responsable de cette révolte fut Thabit Ibn Nou’aym al-Joudami qui
envoya des lettres aux chefs des différentes tribus pour les inciter
à la désobéissance et leur demander de le rejoindre. Les Banou Kalb
et les Yéménites vinrent à
Homs
et lorsque Marwan Ibn Muhammad entendit cela, il marcha
contre eux à la tête de son armée et arriva aux faubourgs de la
ville de Homs, le troisième jour du mois de Shawwal de l’année 127
de l’Hégire (744). Puis, il entra dans la ville, une large bataille
eut lieu dans les rues de la ville et son immense armée l’emporta.
Marwan Ibn Muhammad tua tous les chefs rebelles qui étaient
tombés sous sa main tandis que le reste s’enfuit. Il ordonna que
leurs dépouilles, entre cinq-cents et six-cents, soient crucifiées
sur les murs de la ville. Il détruisit au cours de la bataille les
murs de la ville, dans le quartier de Houlwah, sur une
distance d’environ cent-soixante mètres.
Quant aux gens de
Damas, ils se retournèrent contre leur chef Damil Ibn ‘Amr et
nommèrent à sa place Yazid Ibn Khalid Ibn ‘Abdillah al-Qasri avant
d’annoncer leur rébellion. Marwan Ibn Muhammad leur envoya de
Hims (Homs) un groupe d’environ dix-mille combattants sous le
commandement de Madjzahah Ibn al-Kawthar Ibn Zoufar Ibn Harith
al-Kilabi qui les écrasa avant de mettre le feu aux habitations des
Yéménites et de tuer Yazid Ibn Khalid dont il envoya la tête à
Marwan Ibn Muhammad.
La
révolte des Palestiniens
Les Palestiniens
se révoltèrent sous le commandement de Thabit Ibn Nou’aym al-Joudami
qui marcha à la tête de sa force vers Tabariyah qu’il assiégea et
lorsque Marwan Ibn Muhammad fut informé de ces évènements, il
ordonna à Madjzahah Ibn al-Kawthar Ibn Zoufar Ibn Harith
al-Kilabi, surnommé aussi Abi al-Ward, de marcher sur les rebelles.
Lorsque les habitants de Tabariyah furent informés de son arrivée,
ils reprirent courage et sous le commandement de leur chef Amawi,
al-Walid Ibn Mou’awiyah Ibn Marwan Ibn Hakam sortirent
affronter les assiégeants et ravagèrent leur camps avant de les
mettre en fuite.
Thabit Ibn Nou’aym
al-Joudami s’enfuit avec ceux qui étaient avec lui en Palestine ou
Madjzahah Abi al-Ward les affronta et le captura avec trois de ses
enfants. Marwan Ibn Muhammad ordonna de trancher les mains et
les pieds des rebelles et de les crucifier sur les murs de la ville.
Allah Exalté et
Loué dit dans Son Livre : « La
récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager,
et qui s’efforcent de semer la corruption sur la terre, c’est qu’ils
soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur
jambe opposées, ou qu’ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux
l’ignominie ici-bas ; et dans l’au-delà, il y aura pour eux un
énorme châtiment, excepté ceux qui se sont repentis avant de tomber
en votre pouvoir : sachez qu’alors, Allah est Pardonneur et
Miséricordieux ».
Et la punition
n’est rien lorsque l’on compare les milliers de Musulmans qui
meurent suite aux séditions comme nous l’avons déjà vu.
Le
retour des khawarije soufariyah
Et pendant de
temps, l’Iraq était secoué de guerres tribales comme à la pire
période antéislamique. ‘Abdillah Ibn ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz qui
était à Hirra en compagnie des Yéménites, combattait Nadr Ibn
Sa’id Ibn ‘Amr al-Harashi al-‘Amiri qui était à Koufa en
compagnie de la tribu des Moudar.
Les combats
durèrent quatre mois et au même moment sortit d’al-Jazirah un
khariji du nom de Sa’id Ibn Bahdal ash-Shaybani à la tête de
deux-cents combattants et parmi eux ad-Dahhaq Ibn Qays
ash-Shaybani mais Sa’id allait mourir des suites d’une infection.
D’autres, ont dit
qu’il est mort de la peste et il fut remplacé par ad-Dahhaq
Ibn Qays ash-Shaybani qui fut rejoint de tous les endroits par les
khawarije soufariyah qui lui portèrent allégeance, si bien qu’il se
retrouva à la tête de quatre-milles hommes avant de marcher sur
Koufa.
Quand les
Yéménites et les Moudar entendirent parler d’eux, ils laissèrent
leur différent de côté et ‘Abdillah Ibn ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz
trouva un arrangement avec Nadr Ibn Sa’id pour arrêter les combats
entre eux et s’unifier pour combattre ensemble les khawarije mais,
comme leurs habitudes, les Irakiens ne purent faire face à la menace
et lorsqu’ils les rencontrèrent, ils s’enfuirent. Ils furent
poursuivit par les khawarije qui tuèrent un grand nombre d’entre eux
avant de rentrer dans Koufa.
‘Abdillah Ibn
‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz et Nadr Ibn Sa’id Ibn ‘Amr al-Harashi
et ce qui restait de leur troupe allèrent à Wassit ou ils reprirent
la bataille tribale entre eux (les Yéménites et les Moudar), là où
il l’avait laissée.
Lorsqu’ad-Dahhaq
mit la main sur Koufa, il désigna Milhan ash-Shaybani pour
diriger en son absence et avec les khawarije, il marcha sur Wassit.
‘Abdillah Ibn ‘Omar et Nadr Ibn Sa’id, encore une fois cessèrent
leur guerre et se mirent d’accord pour combattre leur ennemi commun.
Mais au cours de la bataille qui s’ensuivit, ‘Abdillah Ibn ‘Omar Ibn
‘Abdel ‘Aziz porta allégeance à ad-Dahhaq Ibn Qays
ash-Shaybani et rejoignit ses rangs par crainte de Marwan Ibn Muhammad.
Le fils de ‘Omar
Ibn ‘Abdel ‘Aziz qui porta allégeance au perfide khariji et
rejoignit leur rang ! Voici encore un exemple de ce que la sédition
peut entrainer.
La rébellion de Souleyman Ibn Hisham Ibn ‘Abdel
Malik
Marwan Ibn Muhammad
se fâcha de toutes ces séditions successives et à la tête de son
armée il quitta Rassafah pour Raqqah afin de passer en revue l’armée
de Yazid Ibn ‘Omar Ibn Houbayrah al-Fazari envoyée combattre les
khawarije.
Souleyman Ibn
Hisham Ibn ‘Abdel Malik lui demanda la permission de rester à
Rassafah afin qu’il se repose un certain temps et Marwan Ibn Muhammad
répondit favorablement à sa demande tout en laissant un détachement
d’à peu près dix-mille combattants des gens de
Syrie qu’il avait envoyé rejoindre Yazid Ibn ‘Omar Ibn
Houbayrah mais qui s’étaient finalement rangés au côté de Souleyman.
Quand Marwan fut
partit, ces soldats demandèrent à Souleyman de déposer Marwan Ibn Muhammad
et il donna son accord en allant aussitôt à Qinnassrine pour le
combattre et un grand nombre de gens de Syrie l’accompagnèrent. Et
bien que les gens de Syrie fussent des gens obéissants lorsque la
sédition gagna leurs rangs, ils ne purent s’empêcher d’y participer.
Marwan Ibn Muhammad
se décida à faire face à cette nouvelle menace et marcha à la
rencontre de Souleyman Ibn Hisham dont l’armée s’était retranchée
dans une forteresse du nom de Kamil près de Qinnassrine. Marwan Ibn
Muhammad leur envoya des messagers pour connaitre la raison
de leur rébellion et pour les mettre en garde contre la sédition. La
garnison lui promit l’obéissance au calife si bien qu’il partit et
les laissa.
Quant à ceux qui
étaient avec Souleyman Ibn Hisham ils furent si nombreux à le
rejoindre qu’il se retrouva à la tête d’une force d’environ
soixante-mille hommes qui campèrent dans le lieu-dit Oussaf près de
Qinnassrine ou ils se préparèrent pour la bataille. Marwan Ibn Muhammad
les écrasa littéralement et tua tous les prisonniers soit environ
trente-mille. Les domestiques qui n’étaient pas tués lors des
combats par les Arabes comme nous l’avons précédemment mentionné
furent capturé et vendus.
Quant à Souleyman
Ibn Hisham, il réussit à s’enfuir avec certains de ses partisans à
Homs ou il procéda à la réparation de l’enceinte qui avait été
détruire par Marwan Ibn Muhammad lors de son assaut précédent
sur la ville.
Marwan Ibn Muhammad
le poursuivit et marcha sur Homs ou pendant ce temps Souleyman Ibn
Hisham incitait les gens à défendre sa cause si bien qu’il se
retrouva à la tête d’environ neuf-mille combattants que Marwan
écrasa aussi et mit en fuite. Puis, il assiégea la ville durant dix
mois. Les historiens ont rapporté qu’il déploya plus de quatre-vingt
catapultes[1] et bombarda la ville de pierres qui
tuèrent, terrifièrent beaucoup de gens et détruisirent une partie de
la ville. Ce devait être un terrible siège pour les gens.
Les assiégés
sortaient chaque jour pour affronter Marwan Ibn Muhammad mais
la dureté du siège vint à bout de leur force. Ils lui proposèrent de
soumettre la ville s’il leur garantissait la sécurité en échange de
Sa’id Ibn Hisham et ses enfants ‘Uthman et Marwan et Marwan Ibn Muhammad
accepta et rentra dans la ville.
Souleyman Ibn
Hisham Ibn ‘Abdel Malik s’enfuit chez Hayth ‘Abdillah Ibn
‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz ou il porta allégeance au khariji ad-Dahhaq
Ibn Qays ash-Shaybani. Lorsque Nadr Ibn Sa’id Ibn ‘Amr al-Harashi
vit cela il décida de se rendre chez Marwan Ibn Muhammad en
Syrie et sur sa route, il s’arrêta à al-Qadissiyah ou Milhan
ash-Shaybani et la petite garnison de khawarije sortirent
l’affronter. Nadr Ibn Sa’id Ibn ‘Amr al-Harashi le battit et
Milhan, qui avait été nommé gouverneur de Koufa, fut tué.
Lorsque ses nouvelles parvinrent à ad-Dahhaq Ibn Qays, il
nomma al-Mouthannah Ibn ‘Imrane ar-Rahili, pour le remplacer
à Koufa.
Mossoul
ouvre ses portes aux khawarije
Au mois de Dzoul
Qi’dah de l’année 127 de l’Hégire (744), Marwan Ibn Muhammad
paracheva son contrôle sur la Syrie, et nomma pour l’Iraq Yazid Ibn
‘Omar Ibn Houbayrah tandis que pendant ce temps, les gens de Mossoul
écrivirent à ad-Dahhaq Ibn Qays de les rejoindre afin qu’il
le nomme leur chef.
Lorsqu’ad-Dahhaq
Ibn Qays arriva à Mossoul, les gens lui ouvrirent la porte et il
rentra dans la ville. Al-Qatirane Ibn Akmah ash-Shaybani, le
gouverneur de Mossoul nommé par Marwan Ibn Muhammad, tenta de
s’opposer à lui avec quelques hommes mais ad-Dahhaq les tua
tous avant de prendre possession de la ville.
Lorsque Marwan Ibn
Muhammad qui était à Homs (hims) fut informé de
ces nouvelles, il ordonna à ‘Abdillah Ibn Marwan, son lieutenant
d’al-Jazirah, de sortir le combattre. ‘Abdillah Ibn Marwan quitta
al-Jazirah à la tête de plus de sept-mille cavaliers et marcha sur
Mossoul ou ad-Dahhaq était à la tête d’une immense armée soit
environ cent-vingt-mille combattants. Les deux armées se
rencontrèrent dans la ville de Nassabayne ou ‘Abdillah Ibn Marwan et
sa petite armée se réfugièrent.
La
bataille de Kafr Toufah
Marwan al-Himar
ou Marwan Ibn Muhammad Ibn Marwan le quatorzième calife
Amawi, le redoutable guerrier, partit alors en personne combattre
ad-Dahhaq et les khawarije. A Kafr Toufah, il rencontra
l’armée des khawarije et à la tombée de la nuit ad-Dahhaq fut
tué sans que personne ne s’en rendent compte. Mais ‘Abdel Malik Ibn
Bishr at-Ta’libi, un des commandants d’ad-Dahhaq vint trouver
Marwan et l’informa de sa mort. Marwan envoya quelqu’un de ses
hommes pour confirmer sa mort et lorsqu’il le trouvèrent, ils lui
tranchèrent la tête et la ramenèrent à Marwan.
Après la mort
d’ad-Dahhaq Ibn Qays ash-Shaybani, les khawarije portèrent
allégeance à al-Khaybari qui était un de leur grand chef, avec qui
se trouvait Souleyman Ibn Hisham Ibn ‘Abdel Malik, puis les
khawarije de nouveau se préparèrent pour affronter Marwan Ibn Muhammad.
Al-Khaybari se chargea personnellement avec quatre-cent cavaliers de
concentrer leur attaque sur Marwan Ibn Muhammad qui était au
centre de l’armée si bien qu’il fuit après qu’al-Khaybari et un
groupe de khawarije pénétrèrent dans son camp.
L’aile droite de
l’armée de Marwan sous le commandement de ‘Abdallah Ibn Marwan Ibn
Muhammad et l’aile droite sous le commandement d’Ishhaq
Ibn Mouslim al-Baqayli restèrent fermes face aux assauts impétueux
et répétés des khawarije.
Al-Khaybari rentra
dans la tente de Marwan et s’assit sur sa couche. Lorsque les
domestiques du calife virent qu’ils étaient en petit nombre, ils
s’armèrent de gourdins (‘oumoud) et les frappèrent jusqu’à
tous les tuer. Alors, l’un d’entre eux parti à la recherche du
calife qu’il trouva loin du champ de bataille et revint en sa
compagnie.
Lorsque les
khawarije apprirent la mort de leur chef, ils nommèrent Shayban Ibn
‘Abdel ‘Aziz al-Yashkouri à sa place.
Avant la mort
d’ad-Dahhaq, Marwan Ibn Muhammad, avait ordonné à
Yazid Ibn ‘Omar Ibn Houbayrah de combattre les khawarije en Iraq
tandis qu’al-Mouthannah Ibn ‘Imrane, le lieutenant d’ad-Dahhaq
était resté à Koufa sur ses ordres.
Yazid
Ibn ‘Omar Ibn Houbayrah, le fléau des khawarije
Au mois de Ramadan
de l’année 129 de l’Hégire (746), Yazid Ibn ‘Omar Ibn Houbayrah
rencontra à ‘Ayn Tamr al-Mouthannah Ibn ‘Imrane qui était en
compagnie de Mansour Ibn Joumhour al-Kalbi et s’ensuivit une
bataille qui dura des jours jusqu’à ce que Yazid Ibn ‘Omar Ibn
Houbayrah les écrasent. Al-Mouthannah Ibn ‘Imrane fut tué et Mansour
Ibn Joumhour al-Kalbi s’enfuit à Koufa ou il harangua les gens de sa
tribu des Yéménites et des khawarije soufariyah pour le combat avec
qui il partit à Tawhah.
Yazid Ibn ‘Omar
Ibn Houbayrah les poursuivit et les battit une nouvelle fois avant
de rentrer à Koufa d’où il expulsa les khawarije et où il laissa son
lieutenant ‘AbderRahmane Ibn Bashir al-‘Ijli. Puis, Yazid Ibn
‘Omar Ibn Houbayrah marcha sur Wassit, ou il combattit et mit en
fuite l’armée de ‘Abdillah Ibn ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz avant de le
faire prisonnier.
Lorsque les
nouvelles de ces évènements parvinrent à ad-Dahhaq (qui
n’avait pas encore été tué à ce moment), il ordonna à ‘Oubaydah Ibn
Sawwar at-Ta’libi de partir pour l’Iraq pour porter assistance aux
khawarije qui se trouvaient dans la ville et de combattre Yazid Ibn
‘Omar. ‘Oubaydah Ibn Sawwar at-Ta’libi arriva à Sallat ou le
rejoignit Mansour Ibn Joumhour al-Kalbi avant que n’arrive Yazid Ibn
‘Omar Ibn Houbayrah qui les écrasa une nouvelles fois lors d’une
sanglante bataille. ‘Oubaydah Ibn Sawwar at-Ta’libi fut tué et ainsi
Yazid Ibn ‘Omar Ibn Houbayrah mit la main sur l’Iraq et se
débarrassa de ce qui restait des khawarije. Mansour Ibn Joumhour
al-Kalbi réussit à s’enfuir avec un certains nombres de ses
partisans vers Mahin.
Peut-être
avez-vous remarqué que ces groupes déviants et d’innovations (ahl
ahwa wal bida’) apparaissent particulièrement lors des
séditions. Ils profitent de ces moments pour répandre leurs viles
pensées et causer encore plus de destructions et de morts en plus de
ce que les séditions entrainent par elles même.
Lorsque les
khawarije portèrent allégeance à Shayban al-Yashkouri, ils
retournèrent à Mossoul
et creusèrent une tranchée autour d’eux, ce qui était une nouvelle
tactique de leur part, suggestionnée par Souleyman Ibn Hisham Ibn
‘Abdel Malik, pour éviter que leur chef ne se fasse tuer. Ainsi
lorsque Marwan Ibn Muhammad arriva, le combat dura entre eux
dura neuf-mois soit, jusqu’en l’an 129 de l’Hégire (746), du fait de
leur retranchement.
Lorsque Marwan Ibn
Muhammad réduisit la tranchée entre lui et eux, Souleyman Ibn
Hisham leur proposa de quitter Mossoul et ils partirent à Farès mais
l’armée de Marwan Ibn Muhammad commandée par ‘Amir Ibn
Doubarah al-Mourri les poursuivit en tuant sur son chemin tous ceux
d’entre les khawarije qui s’étaient attardés en route jusqu’à ce
qu’ils se divisent. Shayban al-Yashkouri et ses partisans allèrent à
Farès, puis à l’île d’Ibn Kawan, puis de là, il s’embarqua pour
l’Oman ou le tua Joullandah Ibn Mas’oud Ibn Jayfar Ibn Joullandah
al-Azdi le gouverneur.
Quant à Souleyman
Ibn Hisham, il s’embarqua sur un navire avec les gens de sa maison
et partirent au Sind tandis que Marwan Ibn Muhammad revint à
Harran avant de repartir pour Zidan.
Les
nouvelles révoltes d’al-Harith Ibn Sourayj et d’al-Kirmani
En l’an 128 de
l’Hégire (745), al-Harith Ibn Sourayj at-Tamimi qui était au
Khorasan se rebella contre Marwan Ibn Muhammad sous le
prétexte que la garantie de la sécurité lui avait été accordée par
Yazid Ibn Walid et que Marwan Ibn Muhammad ne serait
peut-être pas d’accord. Ses partisans lui conseillèrent de ne pas le
faire pour éviter que les Musulmans pâtissent des conséquences
fâcheuses que cela pourrait entrainer mais, il ne les écouta pas.
Nasr Ibn Sayyar lui proposa de le nommer gouverneur pour les régions
au-delà du fleuve de l’Oxus ainsi que la somme trois-cent-mille
dirhems mais il refusa aussi. Nasr lui dit :
- « Viens à bout
d’al-Kirmani et si tu le fait je me mettrais sous ton commandement
ou alors laisse-moi en venir à bout et si je réussis fait ce que bon
te semble ». Mais al-Harith voulait que Nasr abandonne tout
simplement son poste.
Al-Harith Ibn
Sourayj at-Tamimi était en compagnie du vil (khabith) Jahm
Ibn Safwan, le Mawlah des Bani Rassib, le fondateur du groupe
déviant des jahmiyah[2] qu’il emprunta à Ja’d Ibn Dirham[3] que tua Khalid Ibn ‘Abdillah
al-Qasri à cause de ses déviances, le jour d’al-‘Id al-Adhah
de l’année 124 de l’Hégire.
Lors de cette
sédition, Jahm Ibn Safwan tomba prisonnier entre les mains de Salm
Ibn Ahwaz al-Mazini qui ordonna de le tuer. ‘Ali Ibn Joudaym
al-Kirmani participa à cette sédition dans les rangs d’al-Harith Ibn
Sourayj ou il combattit
à ses côtés.
Après ces
évènements, Nasr Ibn Sayyar qui était un stratège de guerre et un
fin politicien, quitta Merv, la capitale du Khorasan, espérant que
la division entre al-Kirmani et al-Harith Ibn Sourayj s’accentuerai.
Al-Kirmani qui était en compagnie d’al-Harith Ibn Sourayj, prit
possession de la ville sitôt son départ et il arriva exactement ce
que Nasr Ibn Sayyar avait prévu et les deux hommes allaient bientôt
s’entretuer et Ibn Sourayj mourir lors de la bataille qui s’ensuivit
entre eux au mois de Rajab de l’année 128 de l’Hégire (745). Puis,
al-Kirmani ordonna de crucifier sa dépouille avant de mettre la main
sur la totalité de la ville de Merv.
Nasr Ibn Sayyar se
retira de la ville pour éviter de combattre les deux hommes dans la
ville afin que les Musulmans n’aient pas à en souffrir. Il était
courant à l’époque que lorsqu’un ennemi se présentait, le gouverneur
sortait pour le combattre et s’il ne réussissait pas à le vaincre,
il écrivait alors au calife pour demander de l’aide, comme nous
l’avons vu maintes fois, qui lui envoyait alors des renforts. Par
exemple si le gouverneur du Khorasan avait du mal à venir à bout
d’un ennemi, il demandait des renforts au gouverneur d’Iraq qui
demandait lui-même des renforts au calife, si cela était nécessaire
ou le calife ordonnait au gouverneur d’Iraq d’envoyer des renforts
au Khorasan si la lettre lui était parvenue directement à lui. Mais
les évènements se succédèrent trop rapidement les uns aux autres
durant la fin du règne des Omeyyades, parce que le calife en
personne, était occupé à combattre plusieurs séditions sur plusieurs
fronts, Nasr Ibn Sayyar dut quitter la ville de Merv pour la laisser
à al-Kirmani.
Ibn
Mouslim al-Khorassani le propagandiste des Abbassides et leurs
histoires
En l’an 129 de
l’Hégire (746), Ibrahim Ibn Muhammad Ibn ‘Ali Ibn ‘Abdillah
Ibn al-‘Abbas Ibn ‘Abdel Moutalib Ibn Hashim Ibn ‘Abdel Manaf
ordonna à Ibn Mouslim al-Khorassani de propager l’appel pour le
califat des Abbassides en s’habillant distinctement de noir et de
lever des étendards noirs, le signe des Abbassides, tandis
qu’Ibrahim Ibn Muhammad était connut sous le nom de l’Imam.
Nous n’avons pas encore mentionné ce mouvement car nous avons voulu
le laisser pour cet endroit précis et bien que nous reviendrons plus
amplement sur le sujet dans un volume qui leur sera spécialement
consacré et qui est le quatrième de la série.
Le mouvement pour
les Abbassides apparut en premier sous le règne du neuvième calife
Omeyyade ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz, en l’an 100 de l’Hégire (718). Muhammad
Ibn ‘Ali Ibn ‘Abdillah Ibn al-‘Abbas se trouvait alors à al-Houmaymah,
dans la région du Sharat[4] dans le Balkah en Syrie.
Cette année, Muhammad
Ibn ‘Ali Ibn ‘Abdillah Ibn al-‘Abbas envoya un de ses partisans
nommé Mayssarah en Iraq, en compagnie de Muhammad Ibn
Khounays, Abou Ikrimah as-Siraj et Hayyan ‘Atar qui est
l’oncle d’Ibrahim Ibn Salamah et Abou Ikrimah as-Siraj est celui qui
est connu sous le nom d’Abi Muhammad as-Siddiq, et au
Khorasan, dont le gouverneur était al-Jarrah Ibn ‘Abdillah al-Hakami,
en leur demandant d’appeler les gens pour lui et les gens de sa
maison et ces hommes firent ce qu’on leur avaient demandés.
Certaines
personnes les suivirent et ceux qui les suivirent écrivirent à Muhammad
Ibn ‘Ali en confiant les lettres à Mayssarah en Iraq qui les lui
envoya. Abou Ikrimah as-Siraj ou Abi Muhammad as-Siddiq
choisit pour cet appel à Muhammad Ibn ‘Ali, douze hommes
connut sous le nom de Nouqabah.
Les historiens ont
rapporté que ces hommes étaient :
- Souleyman Ibn Kathir al-Khouza’i,
- Malik Ibn Haytham al-Khouzari,
- Talhah Ibn Zourayq al-Khouzari,
- Abou Hamzah ‘Amr Ibn A’yan, le Mawlah des Khouzarah,
- ‘Issa Ibn A’yan, le Mawlah des Khouzarah,
- Lahiz Ibn Qourayz at-Tamimi,
- Moussa Ibn Ka’b at-Tamimi,
- Al-Qassim Ibn Moujashi’ at-Tamimi,
- Abou Daoud Khalid Ibn Ibrahim des Banou ‘Amr Ibn Shayban Ibn
Douhl,
- Abou ‘Ali Shibl Ibn Dahman al-Harawi, le Mawlah des
Banou Hanifah,
- Abou Najm ‘Imran Ibn Isma’il, le domestique des Ahl Abi Mou’ayd,
- Qahtabah
Ibn Shabib Ibn Khalid Ibn Ma’dan at-Ta'i, qui joua un grand rôle
comme nous allons le voir.
Puis, il choisit
soixante-dix autres hommes à qui Muhammad Ibn ‘Ali écrivit
pour leur enseigner sa théologie afin qu’ils la suivent et
l’enseignent.
En l’an 102 de
l’Hégire (720), Mayssarah dépêcha son envoyé d’Iraq au Khorasan ou
le mouvement commença à pendre de l’ampleur et ‘Amr Ibn Bahir
Ibn Warqah as-Sa’di at-Tamimi alla chez Sa’id Ibn ‘Abdel ‘Aziz Ibn
Harith Ibn Hakam Ibn Abi al-‘As, le gouverneur du
Khorasan, pour l’informer de leurs activités. Sa’id Ibn ‘Abdel ‘Aziz
envoya les chercher et lorsqu’il les questionna sur leur mouvement,
ils lui répondirent :
- « Nous sommes
des commerçants ! »
- « Qu’en est-il
alors des propos qui circulent sur vous ? »
- « Nous n’en
n’avons aucune connaissance ! »
- « Est-ce que
vous êtes des prêcheurs, leur demanda-t-il ? »
- « Non »
dirent-ils, « nous ne sommes préoccupés que de nous-même et de ce
que notre commerce nous demande ».
Sa’id Ibn ‘Abdel
‘Aziz dit aux gens derrière eux :
- « Qui connait
ses gens ? »
- Un groupe des
Rabi’ah Ibn Nizar Ibn Qahtan qui étaient assis dirent :
- « Nous les
connaissons et nous nous portons garant que ces gens n’ont rien de
répréhensibles ». Comme ils témoignèrent, Sa’id Ibn ‘Abdel ‘Aziz,
les relâcha.
En l’an 105 de
l’Hégire (723), Boukayr Ibn Mahan arriva du Sind ou il servait de
traducteur pour al-Jounayd Ibn ‘AbderRahmane, le gouverneur
de l’Inde (hind). Lorsque celui-ci fut désisté, Boukayr Ibn
Mahan arriva à Koufa avec une quantité d’or et d’argent et rencontra
Abou Ikrimah Ibn Siraj, Mayssarah, Muhammad Ibn Khounays,
Salim A’yan, Abou Yahya qui l’informèrent de l’appel aux Bani
Hashim et auquel, il répondit favorablement avant de leur donner
l’or et l’argent qui était en sa possession et qui les aida à
poursuivre leur mission. Puis, il alla chez Muhammad Ibn ‘Ali
tandis qu’au même moment Mayssarah mourut. Muhammad Ibn ‘Ali
envoya Boukayr Ibn Mahan en Iraq pour remplacer Mayssarah.
En l’an 107 de
l’Hégire (725), Boukayr Ibn Mahan envoya Abou Ikrimah Ibn Siraj, Muhammad
Ibn Khounays, ‘Amar al-‘Ibadi et un groupe de leur partisans dont
Ziyad Ibn Khalid le fils d’al-Azraq, au Khorasan pour poursuivre
leur prédication. Un Kindi fut informé de leur action et alla voir
Assad Ibn ‘Abdillah al-Qasri pour l’informer de leurs intrigues.
Abou Ikrimah Ibn Siraj et Muhammad Ibn Khounays furent
capturés et amener devant lui tandis qu’Abou Ikrimah Ibn Siraj
réussit à s’enfuir. Assad Ibn ‘Abdillah ordonna de leur trancher les
mains et les pieds et de les crucifier, le châtiment de ceux qui
sèment la corruption sur la terre.
‘Amar Al ‘Ibadi
alla chez Boukayr Ibn Mahan et l’informa de ce qui était arrivé qui
écrivit aussitôt à Muhammad Ibn ‘Ali pour l’informer.
En l’an 108 de
l’Hégire (726), Boukayr Ibn Mahan envoya un groupe de ses prêcheurs
au Khorasan dont ‘Amar al-‘Ibadi. De nouveau un homme découvrit leur
activité et alla en informer le gouverneur Assad Ibn ‘Abdillah.
‘Amar al-‘Ibadi fut capturé et subit le même châtiment que ses
prédécesseurs tandis que ses partisans réussirent à s’enfuir chez
Boukayr Ibn Mahan qui en informa aussitôt Muhammad Ibn ‘Ali
qui leur envoya une lettre disant : « Louange à Allah qui rendit
votre mission véridique, et qui donne la victoire à mes partisans ».
En l’an 110 de
l’Hégire (728), Assad Ibn ‘Abdillah al-Qasri captura un groupe des
partisans des Banou ‘Abbas dont Souleyman Ibn Kathir al-Khouza’i,
Malik Ibn Haytham al-Khouza’i, Moussa Ibn Ka’b at-Tamimi,
Lahiz Ibn Qouraybah at-Tamimi, Khalid Ibn Ibrahim ad-Douhri, Talha
Ibn Rouzayk al-Khouza’i et voulut les tuer mais Souleyman Ibn Kathir
al-Khouza’i le trompa et lui dit :
- « Nous sommes
des gens de ton peuple », en effet les Khouza’a sont des
Yéménites, « et les Moudar nous haïssait parce que nous étions les
plus farouches adversaires de Qoutaybah Ibn Mouslim. Assad Ibn
‘Abdillah ordonna de les emprisonner avant de les relâcher ». Et
ceci est la prédestination d’Allah Exalté et Loué soit-Il, car si
Assad Ibn ‘Abdillah avaient tués ces prédicateurs, le mouvement pour
les Abbassides aurait été anéantit. Et nul ne peut changer ce
qu’Allah Exalté a décidé !
En l’an 118 de
l’Hégire (735), Boukayr Ibn Mahan envoya ‘Amar Ibn Yazid pour être
le chef des Banou ‘Abbas au Khorasan. Il descendit à Merv, prit le
nom de Khidash et appela les gens à Muhammad Ibn ‘Ali et les
gens répondirent à son appel. Alors il appela les gens à une
nouvelle innovation « al-khouramiyah[5] » prétextant que Muhammad
Ibn ‘Ali Ibn ‘Abdillah Ibn ‘Abbas l’avait chargé de la promulguer
mais il tomba entre les mains de Assad Ibn ‘Abdillah al-Qasri qui
ordonna de couper sa langue, de crever ses yeux et de trancher ses
mains.
En l’an 120 de
l’Hégire (737), les partisans (shi’a) des Banou ‘Abbas au
Khorasan envoyèrent Souleyman Ibn Kathir al-Khouza’i à Muhammad
Ibn ‘Ali pour l’informer de leur situation et de leur position car
ce dernier les avaient réprimandés pour avoir suivi aveuglément les
mensonges de Khidash à son égard.
En l’an 124 de
l’Hégire (741), Souleyman Ibn Kathir al-Khouza’i, Malik Ibn Haytham
al-Khouza’i, Lahiz Ibn Qourayz at-Tamimi et Qahtabah Ibn
Shabib at-Ta'i quittèrent le Khorasan pour Koufa avec l’intention de
partir pour La Mecque. Ils visitèrent ‘Assim Ibn Younous al-‘Ijli
qui était emprisonné car il était soupçonné d’appeler les gens aux
Bani ‘Abbas. Il était emprisonné en compagnie de ‘Issa et Idriss Ibn
Ma’qil qui étaient des employés de Khalid Ibn ‘Abdillah al-Qasri et
qui avaient été emprisonnés par Youssouf Ibn ‘Omar avec Abou Mouslim
al-Khorassani qui s’occupait d’eux.
En prison, ‘As Ibn
Younous invitèrent ‘Issa et Idriss au mouvement des Banou ‘Abbas et
ils acceptèrent ainsi qu’Abou Mouslim al-Khorassani. Il a aussi été
rapporté que Boukhayr Ibn Mahan fut emprisonné à Koufa et qu’il
avait été en compagnie d’Abou ‘Assim Younous al-‘Ijli et ‘Issa Ibn
Ma’qil al-‘Ijli dont s’occupait Abou Mouslim al-Khorassani. Il les
invita aux Bani ‘Abbas et ils répondirent et lorsque Boukhayr Ibn
Mahan questionna ‘Issa Ibn Ma’qil sur Abou Mouslim al-Khorassani, il
lui répondit :
- « C’est un
Mawlah ! »
- « Est-ce que tu
veux me le vendre ? »
- « Il est à
toi ! »
- « Non, je
préfère t’en donner son prix ! »
- « Il est à toi
pour ce que tu veux ! » Alors Boukhayr Ibn Mahan lui donna
quatre-cent dirhems et lorsqu’ils furent libérés Boukhayr envoya
Abou Mouslim al-Khorassani à Ibrahim Ibn Muhammad l’Imam qui
l’envoya à Abi Moussa Saraj qui lui enseigna leur doctrine.
En l’an 125 de
l’Hégire (742), Souleyman Ibn Kathir al-Khouza’i, Malik Ibn Haytham
al-Khouza’i, Lahiz Ibn Qourayz at-Tamimi et Qahtabah Ibn
Shabib at-Ta'i allèrent à La Mecque ou ils rencontrèrent Muhammad
Ibn ‘Ali Ibn ‘Abdillah Ibn al-‘Abbas Ibn ‘Abdel Moutalib et
l’informèrent à propos d’Abou Mouslim. Il leur demanda :
- « Est-il un
homme libre ou un esclave ? »
- « ‘Issa Ibn
Ma’qil al-‘Ijli pense que c’est un esclave et Abou Mouslim prétend
qu’il est un homme libre ! » Muhammad Ibn ‘Ali leur dit :
- « Achetez-le et
libérez-le ! »
Ils donnèrent
ensuite à Muhammad Ibn ‘Ali une somme de cent-mille dirhems,
des vêtements d’une valeur de trois-mille dirhems et il leur dit :
-« Je ne
pense pas que l’on se reverra après cette année. S’il m’arrivait
quoi que ce soit, voyez alors mon fils Ibrahim Ibn Muhammad
qui a ma confiance et dont je vous recommande la bonté envers lui
comme je l’ai recommandé sur vous.
Au mois de Dzoul
Qi’dah de l’année 125 de l’Hégire (742), Muhammad Ibn ‘Ali
décéda. Son père était ‘Ali Ibn ‘Abdillah Ibn al-‘Abbas qui mourut à
Houmaymah en l’an 118 de l’Hégire (735) et son grand père
était le respectable Compagnon ‘AbdAllah Ibn al-‘Abbas Ibn ‘Abdel
Moutalib, le savant de la Oummah et l’interprétateur du Qur’an qui
décéda en 68 de l’Hégire (687) et fut enterré à
Baqi’ al-Gharqad à Médine (qu’Allah Exalté soit satisfait de
lui et de son père).
En l’an 126 de
l’Hégire (743), Ibrahim Ibn Muhammad Ibn ‘Ali Ibn ‘Abdillah
Ibn al-‘Abbas, connut sous le nom d’Ibrahim al-Imam, envoya Abi
Hashim Boukayr Ibn Mahan au Khorasan avec des consignes. Boukayr Ibn
Mahan alla à Merv ou il rejoignit les prédicateurs et les informa du
décès de Muhammad Ibn ‘Ali et de la succession de son fils
Ibrahim surnommé « al-Imam ». Il leur lit sa lettre et ils lui
remirent une somme d’argent, qu’ils avaient collecté parmi leurs
partisans, et que Boukayr ramena à Ibrahim.
En l’an 127 de
l’Hégire (744), Souleyman Ibn Kathir al-Khouzay’i, Lahiz Ibn
Qouraybah at-Tamimi, Qahtabah Ibn Shabib at-Ta'i et Abou
Mouslim al-Khorassani allèrent à La Mecque pour rencontrer Ibrahim
al-Imam, et ils l’informèrent qu’ils avaient en leur possession,
onze-mille dinars, cent-mille dirhems ainsi que quelques autres
valeurs qu’il leur ordonna de remettre à Ibn ‘Ourwah, le domestique
de son père. Souleyman Ibn Kathir lui dit aussi qu’Abou Mouslim
al-Khorassani était son serviteur.
Cette même année,
lorsque Boukayr Ibn Mahan sentit sa fin venir, il écrivit à Ibrahim
al-Imam pour l’informer de sa fin imminente et qu’il avait nommé
Hafs Ibn Souleyman Ibn Moughirah, le domestique des Banou Assad,
pour lui succéder du fait de ses compétences. Ibrahim al-Imam
écrivit à Hafs Ibn Souleyman, connut sous le nom d’Abi
Salamah al-Khalal, et lui ordonna de poursuivre la prédication pour
les Banou ‘Abbas. Il écrivit aussi à ses partisans, au Khorasan,
pour les informer de la nomination de leur nouveau chef Abi Salamah
al-Khalal et lorsque ce dernier alla au Khorasan, ils lui obéirent
et lui remirent ce qu’ils avaient collecté comme argent.
En l’an 128 de
l’Hégire (745), Ibrahim al-Imam envoya Abou Mouslim al-Khorassani au
Khorasan avec une lettre ordonna aux partisans des Banou ‘Abbas de
l’écouter et de lui obéir mais lorsqu’il arriva personne ne lui
répondit.
En l’an 129 de
l’Hégire (746), ils allèrent à La Mecque pour rencontrer Ibrahim
al-Imam et lorsqu’ils furent en sa présence, Abou Mouslim lui dit
que les gens avaient refusés de l’écouter et de lui obéir. Ibrahim
leur dit :
- « J’ai désigné
Souleyman Ibn Kathir et Ibrahim Abou Salamah pour organiser la
prédication mais ils ont refusé tous les deux alors j’ai désigné
Abou Mouslim pour mener à bien cette entreprise vous devez donc
l’écouter et lui obéir ». Ce qui était maintenant un ordre pour
eux !
Le nom d’Abou
Mouslim est AbderRahmane et Ibrahim lui dit :
- « O AbderRahmane,
tu es l’un d’entre nous des gens de la maison (ahl al-bayt),
retiens bien mes recommandations. Honore les gens du Yémen, descends
chez eux car Allah Exalté ne parachèvera cette affaire que par eux.
Ait un œil sur les gens de Rabi’ah et préoccupe toi de leur affaire.
Ait un œil sur les gens de Moudar, car l’ennemi est proche de la
maison (dar) (sous-entendu se sont les ennemis les plus
proches de toi). Tue ceux d’entre eux en qui tu as des doutes, ceux
dont tu es incertain et ceux dont ton âme à de l’aversion. Si tu
dois ne pas laisser de langue arabe dans le Khorasan alors fait-le[6]. Tout enfant ayant atteint la
hauteur d’un mètre en qui tu as des doutes, tue le ! Ne vas pas à
l’encontre des conseils de Souleyman al-Khouza’i et ne lui désobéit
pas et si une affaire te pose des difficultés, suit alors son avis
plutôt que le mien ». Et Abou Mouslim allait toujours se rappeler de
ses recommandations et les appliquer à la lettre.
Mais la
prédication pour les Abbassides allait connaitre des moments
difficiles particulièrement après la sédition de l’assassinat du
calife al-Walid al-Fassiq Ibn Yazid. Alors que tous les regards
étaient portés vers le calife et à son obéissance, personne
n’appelait à se lever contre lui et si quelqu’un le faisait tous les
Musulmans se tournaient alors vers ces rebelles pour les arrêter
avant que les nouvelles ne parviennent au calife.
Or, maintenant les
Omeyyades s’entretuaient entre eux pour la recherche du pouvoir dans
leur fief comment pourraient-ils savoir ou faire face à ce qui se
passait à plusieurs milliers de kilomètres de chez eux ?
[1]
Le premier à avoir fabriqué une catapulte est un Kurde du
nom de Hazn (« al-Bidayah wal Nihayah » de
l’Imam Ibn Kathir).
[2]
Jahm fut le premier grand propagateur de l’idée de la
création du Qur’an, que le discours d’Allah Exalté est créé,
puisque tous les Attributs qui Lui sont attribués et qui
sont partagées par la création sont créés aussi. Il rejeta
chaque Attribut mentionné dans la Révélation de peur
d’anthropomorphisme. Les seuls Attributs qu’il accepta sont
ceux de la création et la puissance. Il estima que la
création et la puissance sont les seuls Attributs qui
appartiennent en propre à Allah Exalté et que la puissance
relative aux humains l’est métaphoriquement et non pas
littéralement. Cette dernière croyance le conduira à la
doctrine du fatalisme (al-jabr (contrainte)) dont les
partisans seront nommés al-moujbirah. Il fonda sa théologie
sur une pensée philosophique qu’il emprunta à des
philosophes grecs. L’Imam Ahmad Ibn Hanbal,
puisse Allah Exalté lui faire miséricorde, réfuta de manière
éclatante cette philosophie corrompue.
Je vous rappelle que
le Qur’an est la Parole incréée d’Allah Exalté et qu’Il nous
préserve de l’égarement et de ces makhloufettes inventées et
qui sont sincèrement n’importe-quoi.
[3]
Le premier à avoir affirmé la création du Qur’an, à avoir
refusé qu’Allah Exalté ait prit pour ami (khalil)
Ibrahim et le fait qu’Il, Exalté soit-Il, ait parlé à
Moussa. Jahm Ibn Safwan hérita de ses
doctrines sectaires
et allait devenir
le fondateur de
la jahmiyah.
[4]
En Jordanie actuelle.
[5] Il
rendit licite pour ses partisans les femmes des uns et des
autres.
[6]
Nous avons traduit mot à mot cette phrase sans extrapoler le
sous-entendu qui serait « peut-être » : « Si tu dois tuer
tous les arabes pour mener à bien ta mission fait-le ». Si
cela était le sens correct, alors, il serait en
contradiction avec sa recommandation précédente concernant
les Yéméni, qui sont non seulement des Arabes
mais aussi la racine des Arabes. (NdT)