La campagne de Kharistan et la bataille de San

 

Assad continua sa route jusqu’à as-Sidrah, un village près de Balkh, ou il s’arrêta. Le commandement de la cavalerie des Ahl al-‘Aliyah[1] qui avait été donné à Rayhan al-‘Amiri al-‘Abdalli des  Banou ‘AbdAllah Ibn Ka’b fut donné à Mansour Ibn Salim. Assad Ibn ‘Abdillah quitta as-Sidrah, pour Kharistan ou il campa avant de repartir et de s’arrêter à huit kilomètres de la capitale al-Jouzjan.

Lorsque le matin arriva, les deux forces de la cavalerie furent en vue l’une de l’autre. Le Khaqan demanda à al-Harith :

- « Qui sont-ils ? »

- « C’est Muhammad Ibn al-Mouthannah et sa bannière ».

 

Il a été rapporté que les éclaireurs du Khaqan qui revirent à lui l’informèrent qu’un nuage de poussière était apparu de la direction de Balkh. Le Khaqan appela al-Harith et lui dit :

- « Ne m’avais-tu pas dit qu’Assad ne sortirait pas pour résister ? » Quel est ce nuage de poussière qui vient de Balkh ? Al-Harith lui dit :

- « C’est le brigand dont je t’ai parlé et qui est un de mes compagnons ». Sur ce le Khaqan envoya des scouts et leur dit :

- « Regardez si vous voyez des gens assit sur des sièges sur les chameaux ». Quand les éclaireurs revinrent ils lui confirmèrent qu’il s’agissait bien d’hommes montés et assis sur des chameaux. Le Khaqan dit :

- « Les Brigands ne voyagent pas sur des sièges élevés et des chaises. C’est Assad qui est en route contre nous ».

 

Assad continua sa route et peu après, Salim Ibn Jounah arriva et lui dit que l’ennemi était au nombre de quatre-mille hommes. Assad Ibn ‘Abdillah établit le camp près des montagnes et son armée s’arma de flèches et d’arcs tandis que le Khaqan campa dans une plaine ouverte ou il passa la nuit.

 ‘Amr Ibn Abi Moussa rapporta qu’Assad parti aussitôt avec avoir exécuté la prière matinale en compagnie des Musulmans. Il traversa al-Jouzjan que le Khaqan avait déjà dévasté et lorsque ses cavaliers atteignirent as-Shoubourqan, les forts d’al-Jouzjan étaient déjà conquis. Al-Miqdam Ibn ‘AbderRahmane Ibn Nou’aym al-Ghamidi, le gouverneur d’al-Jouzjan, rejoignit Assad avec ses guerriers et les forces d’al-Jouzjan et lui offrirent leurs services mais il leur dit :

- « Restez dans votre ville ». Cependant, Assad dit à al-Jouzjan Ibn al-Jouzjan :

- « Viens avec moi ».

Le commandement des opérations fut donné à al-Qassim Ibn Boukhayt al-Mouraghi. Il donna l’aile droite aux Azd, aux Banou Tamim et à al-Jouzjan Ibn al-Jouzjan avec ses hommes et leur alloua les troupes de Palestine (filistine) commandées par Mous’ab Ibn ‘Amr al-Khouza’i et les troupes de Qinnassrine commandées par Maghrah Ibn Ahmar. Al-Qassim donna le flanc gauche aux Banou Rabi’ah commandé par Yahya Ibn Houdayn, aux troupes de Hims sous le commandement de Ja’far Ibn Handalah al-Bahrani et les troupes de Jordanie (al-ourdoun) sous le commandement de Souleyman Ibn ‘Amr al-Mouqri des Bani Himyar.

L’avant-garde était sous le commandement de Mansour Ibn Mouslim al-Bajali joint par les forces de Damas sous le commandement de Hamlah Ibn Nou’aym al-Kalbi ainsi que la garde personnelle, les forces de sécurité et les serviteurs personnels d’Assad Ibn ‘Abdillah al-Qasri.

 

Le Khaqan plaça sur le flanc droit al-Harith Ibn Sourayj et ses partisans, le roi d’as-Soughd, le souverain d’as-Shash, Kharah Boughrah, le père de Khanakhourrah qui était le grand-père de Kawous, le souverain d’al-Khoutal, Jabghouyah et tous les Turcs.

 

Quand les armées furent en présence l’une de l’autre, al-Harith et ceux avec lui des troupes d’as-Soughd, al-Babiyah et d’autres chargèrent le flanc gauche des Musulmans des Banou Rabi’ah et des deux divisions de troupes syriennes et les mis en déroute, et rien ne les arrêta jusqu’à ce qu’il parvint devant la tente d’Assad. Alors, l’aile droite des Musulmans, des Azd, des Banou Tamim et des forces d’al-Jouzjan, vinrent à leur secours et à peine étaient-ils arrivés qu’al-Harith et les Turcs s’enfuirent. Alors les Musulmans d’un seul homme les poursuivirent et enfoncèrent leurs rangs et les turcs s’enfuirent dans toutes les directions. Les Musulmans les poursuivirent sur une distance de douze kilomètres et tuèrent tous ceux qui tombèrent sous leurs mains jusqu’à ce qu’ils arrivent dans leur camps et prirent un immense butin, plus de cent-cinquante-cinq-mille moutons et beaucoup de bêtes de transport.

Le Khaqan s’enfuit par une route secondaire, protégé par al-Harith Ibn Sourayj. A midi, Assad Ibn ‘Abdillah al-Qasri Assad les avaient écrasés.

 

Le camp des Turcs fut trouvé plein de vaisselles d’argent. Assad envoya les filles des esclaves turques au dihqans du Khorasan, secourut les Musulmans qui s’y trouvaient et Assad retourna à Balkh neuf jour après sa sortie ou il ordonna aux Musulmans de jeuner pour rendre grâce à Allah Exalté pour leur avoir accordé la victoire.

 

Le Khaqan revint dans son propre pays et commença les préparatifs pour la guerre et le siège de Samarkand. Il transporta al-Harith et ses forces sur cinq-mille chevaux et distribua aussi des chevaux à ses commandants.

 

Assad envoya Sayf Ibn Wassaf al-‘Ijli à as-Shoubourqan où Ibrahim Ibn Hisham était responsable d’une garnison. Puis Sayf partit d’as-Shoubourqan pour l’Iraq chez Khalid Ibn ‘AbdAllah à qui il donna les nouvelles. Quand Allah Exalté lui donna la victoire, Assad envoya al-Qassim chez le calife Hisham Ibn ‘Abdel Malik pour l’informer. Lorsqu’al-Qassim Ibn Boukhayt arriva à la porte, il cria « Allahou Akbar ». Alors il entra en criant, « Allah est le Plus Grand » et Hisham répondit à son cri en criant, « Allahou Akbar » jusqu’à ce qu’al-Qassim fut devant lui et dit :

- « Victoire, ô émir des croyants ! » Puis, il lui raconta les nouvelles. Hisham descendit de son siège et se prosterna pour remercier Allah Exalté de Ses bienfaits pour Ses serviteurs.

 

Assad envoya une délégation à Khalid Ibn ‘AbdAllah concernant la débâcle des Turcs le jour de la Bataille de San. Il envoya avec eux les tentes rondes du Khaqan et les têtes des Turcs tués que Khalid envoya à Hisham.

 

 

Après sa défaite contre les Musulmans, le Khaqan[2] entra en conflit avec Koursoul[3] et une bataille eut lieu entre les deux partis ou Koursoul fut tué.

 

 

En l’an 120 de l’Hégire (737), Souleyman Ibn Hisham Ibn ‘Abdel Malik captura Sindirah tandis qu’Ishaq Ibn Mouslim al-‘Ouqayli, le lieutenant de Marwan Ibn Muhammad en charge de l’Arménie, captura le fort de Toumanshah et dévasta sa terre.

 

Marwan Ibn Muhammad attaqua la terre des Turcs.

 

Cette même année mourut le gouverneur du Khorasan Assad Ibn ‘Abdillah al-Qasri, le héros de la bataille de San. Qasr est de la tribu des Banou Bajilah al-Kahlaniyah al-Qahtaniyah. Lorsque Assad devint malade, il nomma Ja’far Ibn Handalah al-Bahrani à sa succession. La tribu des Bahrah est de la tribu des Qouda’ah.

 

Durant cette année, le calife Hisham Ibn ‘Abdel Malik Ibn Marwan désista Khalid Ibn ‘Abdillah al-Qasri de l’Iraq et du Khorasan parce qu’il devint un oppresseur, qu’il amassa d’immenses sommes d’argent qu’il n’envoya pas au calife et qu’il causa du tort à un homme des Bani al-‘As Ibn al-Oumayyah. Hisham écrivit à son homme de confiance au Yémen Youssouf Ibn ‘Omar ath-Thaqafi et lui dit : « Va en Iraq ou je t’ai nommé gouverneur sans que personne ne le sache et charge toi du fils de la Chrétienne (Khalid Ibn ‘Abdillah al-Qasri) et de ses servants et libère moi d’eux (littéralement guéris moi d’eux) ». 

Khalid Ibn ‘Abdillah al-Qasri resta vingt-cinq années gouverneur d’Iraq et du Khorasan.

 

Puis le calife nomma Nasr Ibn Sayyar al-Leythi al-Kinani gouverneur du Khorasan et, comme l’ont rapporté les historiens, sa gouvernance fut une des meilleures mais sous son règne aussi l’appel pour la gouvernance des Abbassides prit de l’ampleur.

 

 

En l’an 121 de l’Hégire, Maslamah Ibn ‘Abdel Malik attaqua Byzance et conquit Matamir.

Muhammad Ibn Marwan, razzia le pays et captura la forteresse du Seigneur du Lit d’Or (sahib sarir ad-dahab) qui se soumis à Marwan, après avoir consentit à lui payer mille esclaves comme Jizyah et qu’il reste dans le contrôle de son territoire.

 

Nasr Ibn Sayyar mena plusieurs attaques contre les turcs au-delà du fleuve de l’Oxus.

 

Les campagnes de Nasr Ibn Sayyar

 

Nasr Ibn Sayyar razzia la Transoxiane et particulièrement la région de la Porte de Fer avant de retourner à Balkh d’où il repartit attaquer Waraghsar et Samarkand et revint à Merv, la capitale du Khorasan. Puis il razzia as-Shash[4], mais Koursoul, accompagné par quinze-mille hommes, l’empêcha de traverser le fleuve d’as-Shash.

Koursoul payait chaque mois chacun de ses hommes avec un morceau de soie qui valait à cette époque vingt-cinq dirhams. Les deux armées restèrent séparées l’une de l’autre par une distance d’un lancer de javelot. Al-Harith Ibn Sourayj qui était avec les turcs tira une flèche courte sur Nasr qui était assis sur la rive mais la flèche toucha un de ses domestiques.

La nuit venue, une sombre nuit, Koursoul traversa le fleuve à gué avec quarante hommes et fit une razzia, en criant, dans le camp des Musulmans et emporta quelques moutons appartenant aux gens de Boukhara qui était à l’arrière. Nasr était accompagné des hommes de Boukhara, Samarkand, Kish et Oushroussanah au nombre de vingt-mille.

‘Assim Ibn ‘Oumayr, le commandant des soldats de Samarkand, était en dehors du  camp quand l’armée de Koursoul passa. D’après les cris des Turcs, les Musulmans pensaient que tous les Turcs avaient traversé la rivière. Puis d’autres turcs passèrent et ‘Assim attaqua les derniers d’entre eux. Il captura un homme qui était un de leurs rois et qui avait combattu toute sa vie. Il était vêtu de guêtres recouvertes de bagues de métal et d’un couvre-chef de soie ourlé de brocard. Nasr lui demanda qui il était et il lui répondit qu’il était Koursoul. Nasr dit :

- « Louange à Allah Exalté qui nous a permis de te capturer, ô ennemi d’Allah (‘adou Allah) ! » Koursoul dit :

- « Qu’espères-tu en tuant un vieil homme ? Je te donnerai mille chameaux turcs et mille chevaux de trait pour fortifier ton armée, alors laisse-moi partir ». Nasr demanda aux Syriens et aux Khorassani leur opinion et ils dirent qu’il devait le laisser partir. Alors Nasr demanda à Koursoul :

- « Quel âge as-tu ? » Il dit :

- « Je ne sais pas ».

- « Combien d’attaques as-tu conduit ? » Et Koursoul répondit :

- « Soixante-douze ». Nasr demanda :

- « Etais-tu présent le Jour de le Soif (yawm al-‘atash) ? »

- « Oui ». Alors Nasr Ibn Sayyar lui dit :

- « Maintenant que je sais que tu étais présent le jour de cette bataille, même si tu me donnais tout ce que sur quoi le soleil se lève tu ne m’échapperas pas ». Najr dit à ‘Assim Ibn ‘Oumayr as-Soughdi :

- « Lève-toi, désarme-le et attache-le ». Quand Koursoul se rendit compte qu’il allait être tué, il dit :

- « Qui m’a fait prisonnier ? » Nasr lui dit en riant :

- « Yazid Ibn Qourran al-Hanzali et il le lui désigna du doigt ». Koursoul dit :

- « Il ne peut même pas laver correctement son derrière ». D’autres ont rapporté qu’il dit :

- « Il ne peut même pas arrêter son urine. Donc comment a-t-il pu me faire prisonnier ? Dit moi sincèrement qui m’a capturé, car je mérite bien d’être tué sept fois. Alors, ils lui dirent que c’était ‘Assim Ibn ‘Oumayr ». Koursoul dit alors :

- « Je ne sentirai pas la douleur de la mort si la personne qui m’a fait prisonnier est un vrai chevalier bédouin ». Alors Nasr le tua et le crucifia sur la rive.

 

Quand Koursoul fut tué, les Turcs furent en désarroi. Ils brûlèrent leur camp, se coupèrent les  oreilles, s’arrachèrent la peau de leurs visages et pleurèrent sur lui. Lorsque le crépuscule arriva, Nasr envoya un homme vers le corps de Koursoul sur lequel il versa de la naphte avant de mettre le feu à la dépouille pour empêcher les Turcs d’emporter ses os.

Et cette dernière action affligea les turcs plus que sa mort. Et peu après Nasr attaqua Ferghana et prit plus de trente-mille captifs.

 

Youssouf Ibn ‘Omar écrivit à Nasr comme suit : « Va chez l’homme qui s’est fixé à as-Shash, (sous-entendu al-Harith Ibn Souray). Si Allah Exalté vous donne la victoire sur lui et le peuple d’as-Shash, pille leur pays et prend des captifs mais surtout ne conduit pas les Musulmans dans une situation dans laquelle ils auraient du mal à se dépêtrer ». Nasr appela les gens, leur lut la lettre et leur demandé leur opinion. Yahya Ibn Houdayn dit :

- « Fais ce que t’ordonne l’émir des croyants et son lieutenant (sous-entendu Youssouf Ibn ‘Omar) ». Nasr le nomma à l’avant-garde et partit à as-Shash ou al-Harith Ibn Sourayj déploya deux catapultes contre les Banou Tamim. D’autres ont dit les Azd et d’autres les Banou Bakr Ibn Wahil.

 

Al-Akhram accompagné d’un groupe de cavaliers Turcs, les attaqua mais les Musulmans le tuèrent et prirent sept de ses compagnons prisonniers. Nasr Ibn Sayyar ordonna de mettre la tête d’al-Akhram dans la coupe d’une catapulte (manjaniq) et de l’envoyer chez l’ennemi qui à la vue de la tête firent un grand vacarme et ont fui en désordre. Nasr voulut retraverser le fleuve mais il fut empêché de le faire.

 

 

Cette même année, Nasr attaqua Samarkand et al-Harith Ibn Sourayj quand le Boukhar Khoudah, le gouverneur de la ville de Boukhara, s’enfuit et vint demander la protection à Nasr. Les Musulmans avaient déjà capturé la garnison et parmi eux était deux dihqans de Boukhara qui acceptèrent l’Islam de la main de Nasr. Ces hommes avaient décidé secrètement de tuer Wassil Ibn ‘Amr al-Qayssi qui était le gouverneur de Boukhara et le Boukhar Khoudah, dont le nom était Touqhshadah, qu’il accusait d’injustice. Le Boukhar Khoudah dit à Nasr :

- « Puisse Allah bénir l’émir. J’ai entendu dire que les deux sont devenus des Musulmans en ta présence, pourquoi portent-ils donc des poignards ? » Nasr demanda aux dihqans :

- « Pourquoi portez-vous des poignards alors que vous êtes devenus  des Musulmans ? » Ils dirent :

- « Il y a une inimitié entre nous et le Boukhar Khoudah, et nous n’avons pas confiance en ses intentions vers nous ».

Nasr donna des ordres à Haroun Ibn as-Siyawoush, le Mawlah des Banou Soulaym, qui était le commandant de la garnison, qui saisit les deux hommes de force et leur enleva leurs poignards. Le Boukhar Khoudah se leva et parla secrètement à l’oreille de Nasr au sujet des deux hommes. Alors les deux dirent :

- « Nous mourrons noblement ». Puis l’un d’eux attaqua Wassil Ibn ‘Amr et le poignarda dans le ventre avec un couteau. Wassil le frappa sur la tête avec son épée, lui fendit le crâne et le tua.

L’autre alla à la recherche du Boukhar Khoudah. La prière commença et le Boukhar Khoudah resta assit sur une chaise. Nasr se leva, alla dans la tente et l’appela. Il trébucha près de la porte de la tente quand le dihqan le poignarda. Al-Jouzjan Ibn al-Jouzjan attaqua le dihqan, en le frappant avec une tringle du fer qu’il avait entre les mains et le tua. Le Boukhar Khoudah fut relevé et emmené dans la tente de Nasr qui demanda et plaça un coussin dans son dos pour qu’il puisse s’appuyer en arrière. Qar’ah, le médecin, vint et commença à le traiter. Le Boukhar Khoudah fit son testament à Nasr puis mourut peu après. Wassil fut enterré dans la tente et Nasr pria sur lui. Quant à Touqhshadah, ils enlevèrent sa chair et emportèrent ses os à Boukhara.

Puis Nasr partit pour as-Shash et quand il arriva à Oushroussanah, le dihqan Abarakharrah, lui remit de l’argent. Alors Nasr continua sa route vers as-Shash. Il envoya Muhammad Ibn Khalid al-Azdi ainsi que dix personnes pour gouverner Ferghana. Muhammad renvoya de Ferghana le frère de Jaysh et les dihqans de Khouttal et d’autres régions  qui étaient avec lui. Il emporta beaucoup d’idoles et les laissa à Oushroussanah.

 

Certains ont dit que lorsque Nasr vint à as-Shash, le souverain, Qadir, le reçut, lui offrit des engagements de paix et des cadeaux. Nasr lui imposa la condition qu’il devrait expulser al-Harith Ibn Sourayj de sa ville qu’il envoya par conséquent à Farah. Alors Nasr nomma Nizak Ibn Salih, le Mawlah de ‘Amr Ibn al-‘As, gouverneur de la ville. Puis, descendit à Qouba dans la région de Ferghana ou les gens brulèrent les fourrages et emportèrent les vivres au loin lorsqu’ils furent informés de son arrivée.

 

Cette même année, Nasr envoya une armée contre le successeur du souverain de Ferghana qui l’assiégea dans une de ses citadelles qui attaquèrent par surprise et les Musulmans saisirent leurs chevaux et prirent plusieurs captifs. Alors Nasr leur envoya en renfort les Banou Tamim sous le commandement de Muhammad Ibn al-Mouthannah qui était un cavalier. Les Musulmans piégèrent les gens de la citadelle en laissant leurs chevaux tandis qu’eux même se cachèrent. Lorsque les gens de la citadelle sortirent pour récupérer les chevaux, les Musulmans émergèrent, les attaquèrent, les mirent en fuite, tuèrent le dihqan et prirent des captifs. Le fils du dihqan tué, qui était une jeune sans barbe, attaqua Ibn al-Mouthannah. Muhammad Ibn al-Mouthannah l’attrapa et le fit prisonnier avant de l’emmener à Nasr qui le décapita.

Nasr envoya Souleyman Ibn Soul au seigneur de Ferghana avec le traité de paix entre les Musulmans et les gens de Ferghana. Souleyman donna le compte suivant :

« Je suis entré chez le seigneur de Ferghana qui me demanda qui j’étais. Je lui dis :

- « Je suis un domestique embauché, et le scribe de l’adjoint de l’émir ». Il dit à ses domestiques :

- « Emmenez-le dans l’entrepôt, afin qu’il puisse voir quelles préparations nous avons fait et dites-lui de se lever ». Je dis :

- « Je ne peux pas marcher jusqu’à là-bas ».

- « Donnez-lui une monture ». Donc j’allais dans ses entrepôts et je me dis à moi-même :

- « Souleyman et Bishr Ibn ‘Oubaydah doivent se réjouirent de ta malchance ! Tout cela peut simplement vouloir dire qu’il ne veut pas faire la paix et je partirai les mains vides ». Je suis revenu au seigneur de Ferghana et il me dit :

- « Comment avez-vous trouvé la route entre nous et vous ? »

- « Facile, avec de l’eau abondante et des pâturages ». Ma réponse ne lui plut pas et il dit :

- « Comment savez-vous donc ? » Je dis :

- « J’étais présent lors des attaques de Gharshistan, Ghour, al-Khouttal, et du Tabaristan, comment ne saurais-je pas ! »

- « Que penses-tu de nos préparations ? »

- « J’ai vu de bonnes ressources, mais ne sais-tu pas qu’une citadelle n’est pas à l’abri des périls ? »

- « Qui sont-ils ? »

- « Il n’est pas sûr que ses plus proches, ses hommes de confiances ne convoitent sa place et ne l’attaque. Que ce qu’il a ramassé ne lui profitera pas et qu’il sera complètement ruiné. Ou qu’une maladie l’afflige et qu’il en meurt ». Il se renfrogna et n’aima pas ce que je lui dis. Il me dit de retourner et je suis parti ne doutant pas qu’il repousserait la proposition de paix. Deux jours après, il me rappela. Je donnais le traité de paix à mon esclave et lui dit :

- « Si un messager venant de moi te demande le traité, va à la maison, ne montre pas le traité, et dit lui que j’ai laissé le traité dans la maison ». Puis j’allais voir le seigneur de Ferghana qui me questionna au sujet de la lettre :

- « Je l’ai laissé dans la maison », dis-je. Il dit :

- « Envoyez quelqu’un pour la rapporter ». Alors il accepta l’offre de paix et m’a donné une fine récompense. Il a envoyé sa mère avec moi qui était responsable de ses affaires. Quand je suis entré pour voir Nasr, il me regarda et dit :

- « Le dire des anciens t’est très approprié : « Envoie un homme sage et tu n’auras pas besoin de lui donner des ordres » ».

 

Un jour, Nasr Ibn Sayyar, fit un sermon au gens de Merv, la capitale du Khorasan, et leur dit :

- « J’ai nommé pour vous Mansour Ibn ‘Omar Ibn Abi al-Fourqah et je lui ai ordonné d’être juste envers vous. Quiconque d’entre les Musulmans paie la Jizyah (alors que la Jizyah n’est payable que par les mécréants) ou est soumis à de lourds revenus et quiconque parmi les polythéistes ne paie peu ou pas de revenus qu’il en réfère à Mansour Ibn ‘Omar qui régularisera le cas de chacun ».

On a rapporté que le vendredi suivant n’était pas encore arrivé que trente-mille Musulmans, habitants ces régions et qui n’étaient pas des Arabes mais qui étaient devenus Musulmans et qui sont nos frères sans aucun doute sur le sujet ni différences, qui payaient la Jizyah se présentèrent chez lui et quatre-vingt-mille polythéistes qui ne payaient rien du tout ! Les Musulmans payaient la Jizyah mais pas les polythéistes ! Alors, il leva la Jizyah sur les Musulmans et l’imposa aux mécréants (koufar).

Ceci nous démontre le seuil de négligence de l’état auquel était parvenu les Omeyyades vers la fin de leur règne, et c’est une des causes qui engendra la chute de leur dynastie et la fin de leur règne.

 

Bien que les califes procédaient à de nombreux désistements et remplacements et forçaient les responsables à redonner l’argent qu’ils avaient pris, la corruption et l’injustice était trop largement présentes au sein de la structure de l’état et le fait de prendre la Jizyah sur les Musulmans tandis que les mécréants en étaient exempts est une preuve flagrante de la défaillance de l’état. Ainsi les Abbassides trouvèrent au Khorasan une opportunité dans la propagation de leurs idées et c’est du Khorasan que leurs armées allaient se mettre en mouvement. Et de la même manière, les khawarije allaient aussi saisir l’opportunité de l’injustice contre les Berbères au Maghreb pour propager leurs idées comme nous allons le voir.

Tandis que les Arabes entre eux s’enorgueillissaient et se moquaient les uns des autres de leur généalogie et de leurs ancêtres alors que devaient-ils penser de leurs esclaves et de leurs serviteurs ?

 

Et pour exemple nous allons vous citer l’histoire du Qadi (juge) Sawar Ibn ‘Abdillah Ibn Sawar Ibn ‘Abdillah Ibn Qoudamah at-Tamimi des Banou ‘Ambar Ibn ‘Amr Ibn Tamim, décédé en l’an 245 de l’Hégire (859) et qui était juge à Baghdad.

Un jour un bédouin (‘arabi) des Banou ‘Ambar ‘Amr Ibn Tamimi vint chercher un conseil juridique pour une affaire de testament et lui dit :

- « Mon père est mort et il nous a laissé moi et mon frère, comment devons-nous partager ses biens ? » Le Juge lui demanda :

- « Il y a-t-il d’autres personnes en dehors de vous ? »

- « Non » répondit l’homme.

- « Alors chacun d’entre vous a droit au tiers ».

- « Je ne pense pas que tu as compris ce que je t’ai dit », dit-il au juge ! « Mon père nous a laissé moi, mon frère et un servant ! Comment peut-il pendre la même part que moi et mon frère ?

Le Qadi Sawad est mort sous le règne d’al-Moutawakkil ‘Alallah, le dixième calife Abbasside tué en l’an 247 de l’Hégire (861) et cette période du règne abbasside, qui débuta en l’an 132 de l’Hégire (749) jusqu’à l’assassinat du dixième calife al-Moutawakkil ‘Alallah en l’an 247 de l’Hégire (861), est considérée par les historiens comme une des meilleures. Dix califes s’y succédèrent dont les mères de sept d’entre eux n’étaient pas Arabes. Ils sont :

- Al-Mansour,

- Al-Hadi,

- Ar-Rashid,

- Al-Ma'moun,

- Al-Mou’tassim,

- Al-Mouwafiq et,

- Al-Moutawakkil.

Donc avant cette date les Mawali (servants, serviteurs, esclaves) étaient très peu considérés et ce n’est qu’au début du troisième siècle de l’Hégire, que l’on commença à leur accorder de l’importance. Si tel était leur point de vue des Mawalis sous le règne des Abbassides, qu’en est-il alors sous le règne des Omeyyades, ou les sentiments préislamiques et tribaux étaient forts et si l’Islam n’était pas venu abolir ces coutumes ou du moins les réfréner sous les Omeyyades, cela aurait certainement conduit à d’autres désastres.

 

 

La mort de Zayd Ibn ‘ Ali Ibn Houssayn Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib

 

En l’an 121 de l’Hégire (738), sous le califat de Hisham Ibn ‘Abdel Malik, fut tué Zayd Ibn ‘ Ali Ibn Houssayn Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait d’eux).

Plusieurs raisons ont été rapportées concernant les causes de sa rébellion contre l’état et nous citerons celle-ci.

Yazid Ibn Khalid Ibn ‘Abdillah al-Qasri affirma, lorsque Youssouf Ibn ‘Omar ath-Thaqafi le tortura, qu’il avait donné beaucoup d’argent à certaines personnes dont Zayd Ibn ‘Ali Ibn Houssayn, Muhammad Ibn ‘Omar Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib, Daoud Ibn ‘Ali Ibn ‘Abdillah Ibn al-‘Abbas, Ibrahim Ibn Sa’d Ibn ‘AbderRahmane Ibn ‘Awf az-Zouhri et Ayyoub Ibn Salamah Ibn ‘Abdillah Ibn Walid Ibn al-Moughirah al-Makhzoumi.

Zayd Ibn ‘Ali était en compagnie de Muhammad Ibn ‘Omar Ibn ‘Ali à Rassaf[5] en Syrie suite à un différend avec le fils de son oncle Hassan Ibn Hassan Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait d’eux) sur une affaire de succession. Rassaf était la ville ou se trouvaient les palais du calife Hisham Ibn ‘Abdel Malik, et qui dépendait de Qinnassrine.

 

Youssouf Ibn ‘Omar écrivit au calife Hisham Ibn ‘Abdel Malik, pour l’informer de ce que lui avait dit Yazid Ibn Khalid et le calife convoqua les gens qu’il avait nommé et leur demanda si c’était la vérité mais les gens nièrent avoir reçu de l’argent de Yazid et le calife les envoya en Iraq à Youssouf Ibn ‘Omar afin de les confronter avec leur accusateur excepté pour Ayyoub Ibn Salamah al-Makhzoumi qui était un des oncles du calife, lui-même un Makhzoumi.

Après leur confrontation, il apparut que Yazid Ibn Khalid avait menti et ils retournèrent en Syrie, excepté Zayd Ibn ‘Ali qui resta cinq mois à Koufa. Youssouf demanda au calife de leur faire simplement prêter serment qu’ils avaient dit la vérité et de les laisser libre de retourner à Médine, ce qu’il fit sauf pour Zayd qui était absent. Youssouf Ibn ‘Omar lui écrivit et lui demande de quitter Koufa mais il refusa. Zayd resta à Koufa parce qu’il y avait un nombre important de shiites qui se regroupèrent près de lui et lui enjolivèrent la rébellion (je pense que maintenant vous êtes maintenant capable de deviner ce qu’il va s’ensuivre, n’est-ce pas ?). Lorsque Daoud Ibn ‘Ali Ibn ‘Abdillah Ibn al-‘Abbas entendit ce que les shiites dirent à Zayd Ibn ‘Ali, il lui dit :

- « O fils de mon oncle, fait attention que ces gens ne te trompent pas car ils ont déjà un lourd passé sur l’humiliation de ta maison, tire-en donc des leçons ». 

- « O Daoud, le cœur des Banou Oumayyah s’est endurci et ils sont devenus des oppresseurs », lui répondit Zayd.

 

Youssouf Ibn ‘Omar accentua sa pression sur lui et Zayd quitta Koufa et se dirigea vers al-Qadissiyah ou il fut accueilli par les shiites qui lui dirent :

- « Nous sommes quarante-mille (et certainement bientôt zéro) et si tu retournes à Koufa, personne ne sera en désaccord pour te porter allégeance », puis ils lui firent des promesses, lui donnèrent des engagements et lui prêtèrent serment qu’ils ne l’abandonneraient jamais (ô les menteurs !). Zayd leur dit :

- « J’ai peur que vous me trahissez et que vous me livrez comme vous avez fait pour mon père et mon grand-père ! » Mais ils restèrent fermes et s’engagèrent auprès de lui.

 

L’histoire est si importante hélas nul n’en tire jamais de leçon à l’égard des pactes sans cesse trahit par les mécréants envers les Musulmans bien qu’Allah Exalté nous a avertis au sujet d’eux dans Son Livre ! Pourquoi est-ce que les Musulmans ne comprennent pas ! L’histoire se répète mainte fois mais Iblis l’ennemi des hommes, leur fait croire qu’il en sera différemment cette fois, hélas !

 

Daoud Ibn ‘Ali Ibn ‘Abdillah Ibn al-‘Abbas lui dit :

- « O fils de mon oncle, ces gens vont te perdre et ils ont déjà trompé celui qui étaient bien plus puissant que toi, ton arrière-grand-père ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) jusqu’à ce qu’il fut tué. Après lui, ils ont porté allégeance à al-Hassan (qu’Allah soit satisfait de lui) puis ont renié leur allégeance, sont rentrés sous sa tente et l’ont blessé. Enfin Ils ont juré à ton grand père al-Houssayn (qu’Allah soit satisfait de lui) avant de le trahir et l’abandonner et ils ne furent satisfaits que lorsqu’ils le tuèrent. Comment peux-tu encore aller avec ces gens ! Ne fais surtout pas ce à quoi ils t’invitent et ne retourne pas chez eux ».

 

Après l’avoir conseillé, Daoud Ibn ‘Ali rentra à Médine, tandis que Zayd retourna à Koufa où il fut rejoint par les shiites.

Salamah Ibn Kouhayl vint le voir et lui dit, alors que les shiites écoutaient :

- « Par Allah, combien d’entre eux t’ont-ils porté allégeance ? »

- « Quarante-mille », lui répondit Zayd.

- « Combien furent-ils à porter allégeance à ton grand père ? »

- « Quatre-vingt mille ».

- « Combien sont resté avec lui ? »

- « Trois cent ».  

- « Je t’implore au nom d’Allah, qui est le meilleur, toi ou ton grand père ? »

- « Mon grand-père ! »

- « Ton siècle est-il meilleur que celui ou sortit ton grand père ? »

- « Celui de mon grand-père ! »

- « Est ce que tu espères que ceux-ci resteront avec toi alors que leurs prédécesseurs ont abandonné ton grand père ? »

- « Ils m’ont porté allégeance et je me sens obligé de réponde à leur demande ».

 

‘AbdAllah Ibn Hassan Ibn Hassan Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait d’eux) écrivit à Zayd Ibn ‘Ali pour le mettre en garde et lui dit : « O fils de mon oncle (ibna ‘ami)[6] ! Extérieurement, les gens de Koufa paraissent pompeux (gonflés d’air) mais la vérité est qu’ils sont faibles (intérieurement vides). Ils sont bruyants dans la facilité et impatients quand tu les rencontre. Leurs langues se précipitent mais leurs cœurs refusent de les suivre. Ils ne passent pas leurs nuits à préparer des malheurs ni même à espérer un changement de gouvernement. Ils m’ont envoyé une succession de lettres pour m’inviter, mais je suis resté sourd à leur sommation et j’ai couvert mon cœur d’un voile pour ne pas me souvenir d’eux. Il n’y a aucune manière de les décrire excepté par les mots de ‘Ali Ibn Abi Talib : « Si tu es laissé à toi-même, tu tombes dans l’imprudence et si tu attaques tu t’écroule. Quand les gens se regroupent autour d’un Imam, ils les rejoigne et quand vous avez répondu à leur appel pour une rébellion, alors, ils battent en retraite » ».

 

Hisham Ibn ‘Abdel Malik écrivit à Youssouf Ibn ‘Omar et lui demanda d’expulser Zayd de Koufa et de l’envoyer au Hijaz pour que shiites ne profitent pas de l’occasion pour se rebeller à nouveau : « Je préfère prendre des mesures répressives contre Zayd qui lui feront du mal mais qui protègeront la communauté et préviendront l’effusion de sang, plutôt que la division entre eux, l’épanchement de leur sang et leur progéniture décimée. L’unité communautaire est un commandement d’Allah Exalté, Sa vrai obéissance et le moyen le plus sûr d’obtenir Son support ».

Afin de connaitre tous les éléments de ces évènements, les historiens ont rapporté que Youssouf Ibn ‘Omar, le gouverneur d’Iraq, était informé de tous les mouvements de Zayd et de ses partisans et que lorsque les shiites s’aperçurent qu’ils étaient surveillés, ils revinrent sur leur engagement et voulurent s’en aller.

Un groupe d’entre eux vint trouver Zayd Ibn ‘Ali Ibn Houssayn et lui dirent :

- « Puisse Allah Exalté te faire miséricorde, que dis-tu d’Abou Bakr et de ‘Omar ? »

- « Puisse Allah le Très Haut leur faire miséricorde et leur pardonner répondit-il. Je n’ai jamais entendu quelqu’un des gens de notre maison les désavouer ».

- « Alors pourquoi demandes-tu la vengeance pour les gens de cette maison si ce n’est par leur faute pour vous avoir retiré votre droit à la succession (les shiites dévoilent leur haine contre les Califes Justes) ».

- « Mon plus fort argument à propos de ce que vous dites que nous avons plus le droit à la succession du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) que tous les gens réunis, leur dit Zayd, est qu’il ne nous ai jamais parvenu de ces gens, une mécréance. Ils dirigèrent les gens avec équité et appliquèrent le Qur’an et la Sounnah ».

- « Alors si ces gens ne t’ont pas fait de tort, pourquoi cherches-tu à les combattre ? »

- « Ces gens-là ne sont pas comme ceux de l’époque. Ils sont injustes envers eux même, les gens, vous et moi. Nous vous appelons seulement au Livre d’Allah et à la Sounnah de Son Messager (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), pour revivifier la Sounnah (sounnani tahyah) et mettre fin à l’innovation (bid’a toutfah), si vous nous répondez positivement vous nous aurez aidés et si vous ne le faites pas, je ne suis pas responsable de vous ».

 

Lorsqu’ils entendirent ses réponses, ils renièrent leur allégeance, refusèrent de le suivre et finalement l’abandonnèrent (ce que vous saviez déjà, n’est-ce-pas ?). Alors il les appela « ar-rafidah », ceux qui refusent et depuis ils portent toujours ce nom même de nos jours.

 

Néanmoins Zayd Ibn ‘Ali se mit d’accord avec le reste d’entre eux pour sortir de leur clandestinité le mercredi premier Safar 122 de l’Hégire (739) (et cela sera sans aucun doute un jour funeste !).

Ce jour-là, l’armée de Youssouf Ibn ‘Omar qui était déjà en état d’alerte, demanda aux gens de rester chez eux et boucla totalement la ville de Koufa et seulement deux-cent-vingt-huit personnes purent rejoindre Zayd. Une féroce bataille qui dura deux jours s’ensuivit entre les deux groupes. Chaque fois que Zayd donna l’assaut sur un groupe, il le dispersa et il combattit bravement jusqu’à ce qu’il fut reçut une flèche dans le flanc. On amena un docteur qui lui retira la flèche mais Zayd Ibn ‘Ali Ibn Houssayn décéda juste après, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde et ils l’enterrèrent secrètement près du fleuve Ya’qoub. Cependant et plus tard, un esclave dévoila l’emplacement et il fut ressortit de sa tombe, sa tête tranchée puis Youssouf Ibn ‘Omar ordonna de le crucifier. Sa tête fut envoyée à Hisham Ibn ‘Abdel Malik qui ordonna de la pendre au-dessus de la porte à Damas avant de l’envoyer à Médine.

Le corps de Zayd resta crucifié durant le reste du règne d’Hisham ‘Abdel Malik et à sa mort Walid Ibn Yazid Ibn ‘Abdel Malik ordonna que son corps soit descendu et brûlé comme nous le verrons par la suite.

Quant à Yahya Ibn Zayd, il se réfugia chez ‘Abdel Malik Ibn Bishr Ibn Marwan Ibn al-Hakam et lorsque les nouvelles parvinrent à Youssouf Ibn ‘Omar, il le fit amener puis le relâcha par la suite. Lorsque les choses se calmèrent, Yahya et les Zaydites, les partisans de son père, allèrent au Khorasan.

 

 

Durant cette année Koulthoum Ibn ‘Iyad al-Qoushayri fut tué. Il était l’homme que Hisham Ibn ‘Abdel Malik envoya avec la cavalerie syrienne en Ifriqiyah quand le conflit éclata parmi les Berbères.

 

‘Abdallah al-Battal fut tué avec un groupe de Musulmans en territoire byzantin.

 

 

En l’an 123 de l’Hégire (740), Nasr Ibn Sayyar conclut un traité de paix avec les gens d’as-Soughd.

Quand le Khaqan fut tué pendant la gouvernance d’Assad, les Turcs se dispersèrent en désordre et s’attaquèrent les uns les autres. Les gens d’as-Soughd voulurent rentrer chez eux tandis qu’un groupe d’entre eux se retira à as-Shash.

Quand Nasr Ibn Sayyar devint gouverneur, il envoya des messages aux gens d’as-Soughd pour les inviter à rentrer chez eux et il se conforma à toutes leurs demandes. Leurs conditions, que les gouverneurs antérieur du Khorasan avaient repoussé, étaient que ceux qui avaient été Musulmans puis avaient apostasiés ne devraient pas être punis, qu’aucune demande excessive pour le remboursement des dettes ne devrait leur être infligé, qu’ils ne devraient pas être tenus de payer les arriérés des impôts qu’ils devaient à la trésorerie; qu’ils devaient rendre les prisonniers Musulmans seulement sur un décret d’un qadi (juge) ou sur le témoignage de témoins dignes de confiance. Les gens reprochèrent à Nasr d’avoir accepté leurs demandes. Il leur dit :

- « Par Allah, si vous aviez vu avec vos propres yeux leurs prouesses militaires contre les Musulmans et les ravages qu’ils leur ont causé, vous n’auriez pas désapprouvé cet accord ».

Alors Nasr envoya un messager pour informer le calife Hisham Ibn ‘Abdel Malik au sujet de cette affaire à laquelle, il refusa de donner crédit. Quand le messager arriva, le calife refusa de supporter Nasr. Alors al-Abrash al-Kalbi dit :

- « O Commandant des Fidèles, gagne les gens avec gentillesse et indulgence sachant les ravages qu’ils ont causés parmi les Musulmans ».

Sur ce Hisham endossa les accords de Nasr.

 

Comme nous l’avons précédemment mentionné, sous le règne du dixième calife Hisham Ibn ‘Abdel Malik, le combat dans le sentier d’Allah, particulièrement en terre de Byzance, ne cessa point.

 

 

En l’an 124 de l’Hégire (741), alors que l’empereur Léo approchait de sa fin, Souleyman Ibn Hisham Ibn ‘Abdel Malik razzia les terres de Byzance.

 

 

 

La mort de Hisham Ibn ‘Abdel Malik et la succession de Walid Ibn Yazid

 

En l’an 125 de l’Hégire (742), la dernière année du règne du dixième calife omeyyade, Hisham Ibn ‘Abdel Malik Ibn Marwan Ibn al-Hakam, l’empire musulman atteignit des proportions que nul calife après lui avant ou après lui ne réussit à atteindre tant en superficie qu’en force. Le fils de son frère, le commandant omeyyade an-Nou’man Ibn Yazid Ibn ‘Abdel Malik razzia les terres de Byzance alors que Constantin V était l’empereur.

 

Cette même année, le calife Hisham Ibn ‘Abdel Malik décéda et son fils Maslamah Ibn Hisham pria sur lui. Hisham Ibn ‘Abdel Malik était sans conteste un puissant homme d’état, réfléchit (‘aqil), affectueux (haliman), vertueux (‘afifan), respectable (moutawadi’an) qui ne dépensait pas inutilement et protégeait l’argent de l’état si bien qu’il fut qualifié de radin. Et il vaut mieux être qualifié de radin si l’on protège les finances de l’état que d’être traité de dépensier (tabdir al-amwal) et les caisses de l’état vide !

Sous son règne la structure de l’état et les ministères furent parfaitement organisé et les registres dûment mis à jour. Le deuxième calife abbasside al-Mansour employa beaucoup de gens qui avaient travaillé pour Hisham Ibn ‘Abdel Malik, tant il était réputé pour sa rigueur dans les affaires de l’état, et il avait beaucoup de respect pour lui.

 

De même, sous le règne d’Hisham Ibn ‘Abdel Malik, le combat dans la voie d’Allah (jihad fis-sabilillah) s’étendit de l’est à l’ouest de la terre.



[1] Groupe de tribus des Banou Moudar de Basra et du Khorasan originaire de la Péninsule Arabique.

[2] Le Khaqan est un titre de noblesse, signifiant roi ou prince et non pas le nom d’un individu. Ainsi si un Khaqan meurt, il est remplacé par un autre Khaqan. De la même manière les Arabes attribue indéfiniment le mot César (qayssar) à tous les rois romains, alors que nous savons que Jules César était un individu particulier.

[3] Koursoul est aussi un titre de noblesse inférieur au Khaqan qui veut aussi dire, prince ou roi.

[4] Tachkent de nos jours.

[5] Non pas Rassaf en Iraq qui fut bâtie par la suite avec Baghdad ou Rassaf de la ville de Wassit.

[6] Fils de mon oncle ou cousin. Nous préférons employer le premier terme parce qu’il accentue le respect.