La mort de Moughirah Ibn Mouhallab Ibn Abi Soufrah

 

Al-Moughirah Ibn Mouhallab Ibn Abi Soufrah al-Azdi décéda au mois de Rajab de l’année 82 de l’Hégire (701) et lorsque la nouvelle parvint à son père qui combattait les mécréants, il fut pris d’un immense chagrin. Certes chaque âme connaitra la mort mais l’ampleur de son chagrin était telle que les gens le sermonnèrent à cet égard.

Al-Mouhallab demanda à son fils Yazid de se préparer pour aller à Merv, la capitale du Khorasan, et tandis qu’il le conseillait, les larmes coulaient le long de sa barbe.

Pleurer est normal, mais les gens se sont étonnés qu’il puisse autant pleurer pour la perte de son enfant du fait qu’il était un redoutable guerrier général et qu’il avait plusieurs enfants.

Savez-vous combien d’enfants avait al-Mouhallab ?

Allah le Très Haut le gratifia de trois-cent garçons et nous ne parlons pas des filles. Trois-cent garçons et malgré cela, il pleura comme s’il n’avait aucun autre enfant ! Les historiens ont rapporté qu’al-Moughirah Ibn al-Mouhallab faisait partie des nobles arabes.

Yazid Ibn al-Mouhallab était aussi un homme redoutable et un noble parmi les Arabes qui allait avoir une grande renommée. Il a une histoire extraordinaire lorsqu’il se trouva prit à partie alors qu’il était en compagnie de soixante cavaliers par des bandits turcs au nombre de cinq-cents.

Yazid Ibn al-Mouhallab était en route pour prendre son poste de gouverneur à Merv en remplacement de Moughirah lorsqu’il tomba dans une embuscade préparée par les brigands turcs qui lui demandèrent de se rendre. Mais il refusa et avec ses compagnons les combattit avec un tel acharnement qu’il en tua un grand nombre avant que le reste ne s’enfuit.

 

 

Les recommandations d’al-Mouhallab à ses fils

 

Au mois de Dzoul Hijjah de l’année 83 de l’Hégire (702), al-Mouhallab tomba malade alors qu’il était en route pour Merv. Il réunit ses enfants présents avec lui et parmi eux Habib Ibn Mouhallab puis les conseilla et leur demanda de craindre Allah le Très Haut, de préserver les liens de famille et leur interdit le les couper.

Les historiens ont rapporté : « Lorsqu’al-Mouhallab devint malade, il appela ses fils, prit une poignée de flèches qu’il attacha entre elles et leur dit :

- « Est-ce que vous pensez qu’on eut les briser alors qu’elles sont réunies entre elles ? « 

- « Non » répondirent-ils !

- « Est-ce que vous pensez qu’on peut les briser lorsqu’elles sont séparées ? »

- « Oui ! »

Ainsi est le groupe s’il est attaché il est fort et s’il est défait, il est faible. Voici mes dernières recommandations pour vous : « Craignez Allah et respectez les liens familiaux car ceux-ci rallongent la vie, enrichissent et multiplient la quantité. Et je vous mets en garde contre la rupture des liens familiaux car elle rapproche du feu (de l’enfer), l’avilissement et la diminution des biens. Aimez-vous, assistez-vous et unifiez-vous et ne vous divisez pas. Entraidez-vous les uns et autres et faites-vous le bien mutuel. Je vous recommande l’obéissance et l’unité et que vos actes soient meilleurs que vos paroles. J’aime que l’homme soit plus actif physiquement que verbalement. Craignez les méfaits de la langue lorsque l’on vous questionne car si un homme glisse, il peut se retenir, mais si sa langue dévie, il peut être détruit ! Puis il continua : Reconnaissez à celui qui vous craint son droit et celui qui vient vous trouver, ses recommandations à votre égard suffisent. Soyez généreux et évitez l’avarice. Aimez les Arabes et soyez bon envers eux. A la guerre soyez patients et utilisez le stratagème car il est plus utile que le courage. Lorsque les armées se rencontrent, la prédestination descend. Je vous recommande la lecture du Qur’an, l’apprentissage de la Sounnah et les bonnes manières des pieux. Méfiez-vous de la légèreté et de l’abondance des paroles dans vos réunions ». Puis il dit : « J’ai nommé Yazid sur vous et Habib commandant des armées jusqu’à ce qu’il lui remettre le commandement. Et surtout ne vous opposez pas à Yazid ». Son fils al-Moufaddal lui dit :

-« Si tu ne l’avais pas fait, nous l’aurions choisi de toute manière ! »

C’étaient les recommandations du grand guerrier arabe à ses enfants et qu’en est-il des nôtres à nos enfants ?

C’est pourquoi, il est important de connaitre l’histoire de nos prédécesseurs pieux afin de tirer des leçons et des enseignements que nous devrions appliquer au jour le jour et ces préceptes devraient figurer dans nos livres d’éducations.

Ces recommandations viennent d’un général soit d’un homme important dans la structure de l’état. D’après vous, que recommandent les généraux des pays musulmans, que l’on voit tous les jours sur les petits écrans de nos salons avec leurs ‘Imamas de « pieux musulmans » et leurs sombres têtes glacées brûlées par leur honnêteté, à leurs enfants ? De devenir avant tout un ennemi de la nation et des Musulmans, un ami des ennemis et le reste relativement simple, je vous laisse le deviner…

 

 

La mort d’al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah al-Azdi

 

Lorsqu’al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah al-Azdi décéda le poète des Bani Bakr renommé Nahar Ibn Tawsi’ah fit son eulogie et dit :

« Finis, les guerriers qui nous apportaient des trésors,

Après al-Mouhallab, la générosité et l’apparat sont morts.

Ils étaient à Merv ar-Roud, près de son tombeau, à témoigner,

Et de l’est et de l’ouest, ils se sont totalement absentés.

Si quelqu’un demande : Qui de tous les gens méritent le plus une bénédiction ?

On le nommera sans peur de contradiction.

Il a rendu disponible pour nous des territoires rugueux et plats,

Avec des cavaliers comme des troupeaux de rapides gangas.

Aux coups de lances les exposants,

Comme s’ils les honoraient avec du colorant rouge sang.

Il était entouré par Qahtan, qui, à lui, se sont attachés,

Et par les tribus de Bakr et de Taghlib ses alliés.

Les deux tribus de Ma’ad se refugièrent sous sa bannière,

Offrant pour sa rançon leurs mères et pères ».

 

 

Yazid Ibn al-Mouhallab et Ibn al-Ash’ath

 

Après la mort d’al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah, son fils, Yazid Ibn al-Mouhallab, prit sa succession sur les ordres d’al-Hajjaj qui était émir de l’Iraq et de l’est.

Quant aux soldats d’al-Ash’ath qui avaient réussi à fuir le champ de bataille après avoir été écrasé par l’armée de Syrie, ils se regroupèrent au Sijistan sous le commandement de ‘AbderRahmane Ibn ‘Abbas Ibn Rabi’ah Ibn Harith Ibn ‘Abdel Moutalib qui écrivit une lettre à  Muhammad Ibn ‘AbderRahmane al-Ash’ath pour lui demander de venir les rejoindre.

Lorsque Muhammad Ibn ‘AbderRahmane al-Ash’ath les rejoignit, il se trouva à la tête d’une nouvelle armée de soixante-mille combattants et l’armée de Syrie sous le commandement de ‘Imarah Ibn Tamim al-Lakhmi les poursuivit.

 

Les soldats d’al-Ash’ath lui demandèrent :

- « Laisse nous partir au Khorasan ! »

Au début, al-Ash’ath qui craignait la force de Yazid Ibn al-Mouhallab refusa mais il finit par accepter et ils allèrent à Hérat (harat).

A Hérat, ‘Oubaydillah Ibn ‘AbderRahmane Ibn Samourah se sépara d’eux et partit avec deux-mille de ses partisans. Après son départ, al-Ash’ath se rendit compte qu’il ne pouvait pas forcer les gens à rester avec lui et leur dit :

- « Je retourne chez Routbil. Quiconque veut me suivre est le bienvenu ». Puis, il s’en alla avec un groupe de ses compagnons tandis que le reste portèrent allégeance à ‘AbderRahmane Ibn ‘Abbas Ibn Rabi’ah al-Hashimi qui allèrent à Hérat ou ils tuèrent Raqad Ibn ‘Oubayd al- ‘Ataki al-Azdi.

 

Yazid Ibn al-Mouhallab marcha aussitôt sur eux avec son armée et les combattit avant de les battre. Une partie réussit à s’enfuir tandis que les autres furent capturés.

‘AbderRahmane Ibn ‘Abbas Ibn Rabi’ah s’enfuit au Sind[1] et ‘Oubaydillah Ibn ‘AbderRahmane Ibn Samourah al- ‘Abshami s’enfuit à Merv. Lorsque Yazid revint à Merv, il le captura et il pardonna à une partie des prisonniers. Puis, il envoya le reste à al-Hajjaj en Iraq qui ordonna de les tuer.

Parmi eux se trouvait : Muhammad Ibn Sa’d Ibn Abi Waqqas et Bi’shah Hamdan alias ‘AbderRahmane Ibn Harith, de la tribu des Hashim Hamdariyah, le célèbre poète. Al-Hajjaj le fit tuer parce qu’ils incitaient les gens à participer à la révolte.

Et au total, cette révolte entraina une nouvelle fois des dizaines de milliers de morts. Les historiens ont rapportés plusieurs versions de ces évènements que nous ne pouvons pas développer ici. Néanmoins, nous avons fait la synthèse de ces évènements et nous vous avons rapporté ce sur quoi tous les historiens s’accordent et Allah est Plus Savant !  

 

 

En l’an 84 de l’Hégire (703), ‘AbdAllah Ibn ‘Abdel Malik Ibn Marwan mena une campagne contre les Byzantins au cours de laquelle il conquit al-Massissah.

 

Cette même année, al-Hajjaj écrivit à Yazid Ibn al-Mouhallab : « Fait campagne dans le Khwarizm[2] ». Yazid lui répondit : « O émir, ils ont de maigres ressources mais des chiens féroces ». al-Hajjaj lui écrivit à nouveau : « Nomme un adjoint et viens me voir ». Yazid lui répondit : « Je veux faire campagne dans le Khwarizm ». Al-Hajjaj ordonna : « Ne pars pas en campagne car c’est comme tu l’as décrit ». Yazid partit en campagne sans obéir à al-Hajjaj. Les gens de Khwarizm conclurent un accord de paix avec lui ; il ramena des captifs d’après les termes de paix et retourna durant l’hiver avant de stationner à Talastanah[3].

 

La peste affligea les gens de Marw ar-Roudh cette année. Al-Hajjaj lui écrivit et lui ordonna de venir. Lorsqu’il se mit en route, Il ne traversa pas une place sans que les gens ne lui jettent sur son passage des plantes aromatiques.

 

 

En l’an 85 de l’Hégire (704), al-Moufaddal attaqua et conquit Badghis.

Al-Hajjaj désista Yazid et nomma à sa place al-Moufaddal qui gouverna le Khorasan neuf mois. Il partit en campagne contre Badghis qu’il conquit et pilla avant de diviser le butin parmi les soldats. Chaque homme reçu huit-cents dirhams. Alors il attaqua Akharoun et Shouman[4] qu’il conquit aussi, pilla et partagea le butin entre les gens. Al-Moufaddal n’avait pas de trésorerie et il partageait simplement tout ce qui tombait entre ses mains, le butin comprit, entre ses soldats.

 

 

 

La mort de ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn al-Ash’ath

 

En l’an 85 de l‘Hégire (703), la révolte de Muhammad Ibn ‘AbderRahmane al-Ash’ath prit fin. Nous dirons qu’al-Hajjaj écrivit des lettres menaçantes à Routbil pour éviter de fâcheuse conséquence et lui conseilla de lui soumettre pacifiquement al-Ash’ath.

Les historiens ont rapporté différentes causes sur la mort d’al-Ash’ath.

Certains ont dit qu’il est mort de la tuberculose (soul) alors qu’il se trouvait chez Routbil et qu’après sa mort, on trancha et envoya sa tête à al-Hajjaj. Puis Routbil arrêta dix-huit hommes de sa famille qu’il emprisonna. Al-Hajjaj lui écrivit une lettre et lui demanda de les tuer et de lui envoyer leurs têtes.

Une autre version dit qu’al-Hajjaj envoya son commandant ‘Oumarah Ibn Tamim al-Lakhmi au Sijistan et lui demanda d’écrire à Routbil et de lui donner ce qu’il voulait : de lever les impôts durant dix années, ou sept années selon une autre version, et une somme d’argent, en échange d’al-Ash’ath. Lorsque le moment vint pour partir pour effectuer l’échange, al-Ash’ath réussit à grimper sur la terrasse d’une maison d’où il se jeta et trouva la mort. On trancha sa tête et on l’envoya à ‘Oumarah Ibn Tamim al-Lakhmi en compagnie de prisonniers à qui il ordonna de trancher aussi les têtes qu’il envoya par la suite à al-Hajjaj avec la femme d’al-Ash’ath. 

Al-Hajjaj Ibn Youssouf envoya sa tête à ‘Abdel Malik Ibn Marwan à Damas (dimashq) qui lui-même l’envoya à son frère ‘Abdel ‘Aziz Ibn Marwan qui était gouverneur d’Egypte. Ce qui poussa le poète à dire :

« Combien est loin le corps du mort par rapport à sa tête ;

Le cadavre à Rakhaji[5] et en Egypte la tête ».

 

 

Parmi les autres importants évènements survenus en l’an 85 de l’Hégire (703), il est que ‘Abdel Malik Ibn Marwan désista Yazid Ibn al-Mouhallab du Khorasan parce qu’al-Hajjaj Ibn Youssouf lui avait conseillé de le faire du fait qu’il le craignait.

‘Abdel Malik Ibn Marwan nomma à sa place son frère al-Moufaddal Ibn al-Mouhallab qui était un homme généreux. Il resta gouverneur neuf mois avant d’être désisté puis remplacé par le renommé grand général conquérant Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili.

 

Cette même année fut tué Moussa Ibn ‘Abdillah Ibn Khazim as-Soulami, qui était un des Arabes courageux comme son père ‘Abdillah Ibn Khazim décédé en l’an 78 de l’Hégire (697) si vous vous rappelez, et qui vivait depuis la mort de son père avec un groupe de khawarije, rebelles à l’état, entre le Khorasan et l’Oxus.

Les Musulmans de ces régions ne les fréquentaient pas ni même ne s’approchaient d’eux.   

Moussa Ibn ‘Abdillah fut tué alors qu’il se trouvait à Tirmid après qu’al-Moufaddal Ibn al-Mouhallab lui ait envoyé une armée pour le combattre.

Moussa s’enfuit sur la monture de son serviteur mais il tomba et fut aussitôt encerclé par les soldats et Wassil Ibn Tayssalah al- ‘Ambari at-Tamimi le tua.

 

 

En l’an 85 de l’Hégire (703) mourut aussi ‘Abdel ‘Aziz Ibn Marwan le frère du calife alors que le calife avait décidé de le désister mais il mourut avant son remplacement.

‘AbdAllah Ibn ‘Abdel Malik Ibn Marwan, le fils du calife fut nommé gouverneur d’Egypte après lui. Tandis qu’al-Hajjaj avait vainement suggestionné de nommer son fils al-Walid Ibn ‘Abdel Malik Ibn Marwan.

Et lorsque al-Walid Ibn ‘Abdel Malik Ibn Marwan devint calife par la suite, il nomma Qourrah Ibn Sharik al-‘Absi gouverneur d’Egypte et Qourrah était un homme injuste (zaliman), têtu (‘atiyan), pervers (fasiqan), braillard (jahiran), inique (‘assoufan) et un tyran (jabbar) comme l’a rapporté l’Imam ad-Dahhabi.

Il est rapporté du calife omeyyade juste, ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz, qu’il a dit : « Al-Walid en Syrie, al-Hajjaj en Iraq, ‘Uthman (Ibn Hayyan) al-Mourri au Hijaz, Qourrah en Egypte, le monde s’est remplit d’injustice (jawrah) ».

 

 

Sa’id Ibn al-Moussayab

 

‘Abdel Malik Ibn Marwan fit porter allégeance à son fils Walid comme successeur après lui et après Walid à son frère Souleyman Ibn ‘Abdel Malik Ibn Marwan mais Sa’id Ibn Moussayab[6] refusa de lui porter allégeance et dit : « Je n’ai pas porté allégeance à son père et ne le ferait pas tant qu’il sera vivant ». Le gouverneur de Médine Hisham Ibn Isma’il al-Makhzoumi ordonna de le fouetter soixante fois, de l’exhiber dans les rue de la ville et de l’emprisonner.

Lorsque Hisham Ibn Isma’il al-Makhzoumi informa le calife de ce qu’il avait fait, il le blâma et dit :

- « Puisse Allah enlaidir Hisham ! Il aurait dû l’inviter à porter allégeances. S’il refuse qu’il frappe son coup ou qu’il lui pardonne ». 

 

Dans une autre version, il est dit que lorsque lui parvint le refus de Sa’id Ibn Moussayab de porter allégeance et du châtiment que lui infligea Hisham, il lui écrit une lettre et lui dit :

- « Par Allah ! Tu aurais dû être miséricordieux envers lui plutôt que de le frapper ».  

 

Sa’id Ibn Moussayab est le célèbre grand Imam compagnon (tabi’i) des Compagnons (ashab) du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Il est Sa’id Ibn Moussayab Ibn Hazm Ibn Abi Wahn Ibn ‘Amr Ibn ‘Ahil Ibn ‘Imran Ibn Makhzoumi al-Qourayshi et il (qu’Allah lui fasse miséricorde) décéda à Médine l’Illuminée (madina al-mounawwarah) en l’an 94 de l’Hégire (712).

 

Lorsque Jabir al-Aswad Ibn ‘Awf az-Zouhri al-Qourayshi fut nommé gouverneur de Médine et que les gens lui portèrent allégeance pour ‘AbdAllah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait de lui), Sa’id Ibn Moussayab refusa de le faire et lui dit : « Je ne porterais pas allégeance avant que les gens ne soient d’accord ».

Az-Zouhri ordonna de le bâtonner soixante coups et lorsque ces nouvelles parvinrent à ‘Abdallah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait de lui), il écrivit à Zouhri et le blâma pour ce qu’il avait fait.

 

 

La fin de ‘Abdel Malik In Marwan

 

A la mi-Shawwal de l’année 86 de l’Hégire (704) décéda le cinquième calife omeyyade (amawi) ‘Abdel Malik In Marwan Ibn Hakam Ibn Abi al-‘As Ibn Oumayyah Ibn ‘Abd ash-Shams Ibn ‘Abdel Manaf alors qu’il était âgé de 60 ans.

Sa mère était une Qourayshite omeyyade : ‘Ayshah Bint Mou’awiyah Ibn Moughirah Ibn Abi al-‘As Ibn Oumayyah.

Il laissa derrière lui :

- Al-Walid, Souleyman, ‘Ayshah et leur mère était des Bani ‘Abs : Walladah Bint ‘Abbas Ibn Jaz Ibn Harith Ibn Zouhayr Ibn Jadimah al-‘Absi.

- Yazid, Marwan, Oumm Koulthoum et leur mère était une Qourayshite omeyyade : ‘Atikah Bint Yazid Ibn Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux). 

- Hisham et sa mère était une Qourayshite makhzoumiyah : Oumm Hisham Bint Hisham Ibn Isma’il Ibn Hisham Ibn Walid Ibn al-Moughirah.

- Abou Bakr Ibn ‘Abdel Malik. Sa mère était une Qourayshite taymiyah des Bani Taymim Ibn Mourrah : ‘Ayshah Bint Moussa Ibn Talha Ibn ‘Oubaydillah.

Puis des mères d’enfants (oumm al-walad) :

- ‘AbdAllah, Maslamah, al-Moundir, ‘Ambassah, Muhammad, Sa’id al-Khayr et al-Hajjaj.

 

Enfin si vous vous souvenez, lorsque nous avons vu la généalogie des Arabes, à propos des Banou Ghayd Ibn Mourrah, de la tribu Dzoubyan al-Ghatafaniyyah, nous avons mentionné à propos des Bani Ya’bour Ibn Ghayd Ibn Mourrah que ‘Aqil Ibn ‘Oullafah était un Arabe dont son orgueil le rendait parfois idiot. En fait, il était un idiot du profond désert et il est rapporté plusieurs histoires à son sujet.

Néanmoins, ‘Abdel Malik Ibn Marwan alla lui demander la main d’une de ses filles pour la marier à un de ses fils et il accepta. Et al-Walid Ibn ‘Abdel Malik se maria avec la fille de ‘Aqil Ibn ‘Oullafah al-Mourri ad-Dzoubyani al-Ghatafani.

 

L’Imam ad-Dahhabi a surnommé ‘Abdel Malik Ibn Marwan, le calife savant (faqih) et il a rapporté : « C’était un homme habile et al-Hajjaj représentait ses pêchés ». Et il a rapporté dans son livre « A’lam an-Noubalah » d’Ibn Sa’d auteur du livre « at-Tabaqat » qu’avant d’être calife, ‘Abdel Malik Ibn Marwan était un adorateur pieux qui vivait à Médine.

 

Certains ont rapporté sans aucun fondement ni aucune preuve et cela est bien entendu faux que lorsque ‘Abdel Malik fut sur le point d’être nommé calife, il ferma le Moushaf (Qur’an) qu’il avait en main et dit : « Ceci est notre dernière engagement avec toi (sous-entendu le Qur’an) ».

 

Sous ‘Abdel Malik, les pièces de dirhams apparurent et il réussit à venir à bout de toutes les séditions qui secouèrent l’état durant le temps où il resta calife. Il est reconnu comme un des plus puissants califes omeyyades.

Malgré toutes les révoltes qui secouèrent la stabilité de l’état, le combat dans la voie d’Allah (jihad fis-sabilillah) et qui est considéré comme un des piliers de l’état continua par l’envoi régulier de troupe combattre tant les Byzantins, les Turcs que les gens du Maghreb arabique (actuel) communément appelé à l’époque l’Ifriqiyah.

A sa mort, l’extension de l’empire musulman s’était largement accrut. Il réussit incontestablement à rapporter la stabilité et la fermeté après la période agitée de Yazid Ibn Mou’awiyah ou l’état des Omeyyades connut une faiblesse extrême et était sur le point d’être perdu.

 

Ainsi les historiens ont divisé le règne des Omeyyades en deux périodes distinctes :

- L’ère de Soufyan Ibn Mou’awiyah (Soufyaniyah) et, 

- L’ère de Marwan (Marwaniyah) qui renforça les structures de l’état.

 

 

Al-Walid Ibn ‘Abdel Malik 

 

‘Abdel Malik fut enterré à Damas après que son fils al-Walid ait conduit la prière funéraire sur lui. Puis il alla à la mosquée, monta sur la chaire et dit : « A Allah nous sommes et à Lui nous retournerons. Qu’Allah nous assiste dans la perte de l’émir des croyants et à Lui la Louange en ce qu’Il nous a octroyé pour le califat. Levez-vous (qoumou) et portez allégeance (wa bahi’ou) ».

 

L’Imam at-Tabari a rapporté dans son « Tarikh ar-Roussoul wal Moulouk » d’al-Waqidi qu’il monta sur le Minbar et dit : « O gens ! Nul ne peut avancer ce qu’Allah a retardé et nul ne peut retarder ce qu’Allah a avancé. La mort fait partie des décrets d’Allah dans la prescience et ce qu’Il a décrété pour ses Prophètes et pour les anges porteurs de Son Trône. Celui qui est chargé des affaires de cette communauté a atteint le degré des honneurs, des pieux de cette communauté, ce qui justifie pour Allah quoi qu’Il leur attribue en bien ou en mal, pour les gens qui ont établi l’Islam et ses jalons comme Allah les a établi en faisant le pèlerinage à sa Maison, la garde aux frontières et le combat contre les ennemis d’Allah. Il ne fut ni nonchalant ni diviseur. O gens ! Vous devez l’obéissance et l’adhésion à la communauté car le diable est avec celui qui s’en écarte ».

 

L’Imam ad-Dahhabi a dit à propos d’al-Walid Ibn ‘Abdel Malik : « Qu’il finissait la lecture du Qur’an tous les trois jours et que pendant le mois de Ramadan, il le lisait dix-sept fois. Sous son règne l’empire[7] musulman s’élargit de l’est à l’ouest grâce aux conquêtes. Il y avait de la tyrannie en lui et il était assidu aux fonctions du califat. Il était préoccupé du sort des pauvres, des orphelins et des malades.

Il est unanimement reconnu qu’al-Walid était attentif aux affaires du califat et il est celui qui fit agrandir la mosquée des Omeyyades à Damas et la Mosquée du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) à Médine.

Al-Walid voulut désister son frère Souleyman de la succession au califat et mettre à sa place son fils ‘Abdel ‘Aziz Ibn Walid mais ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz s’opposa et lui dit :

- « Nous avons donné notre engagement en ce qui le concerne (c’est à dire promit à leur père ‘Abdel Malik Ibn Marwan) ».

Et Souleyman ne devait jamais oublier la prise de position de ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz.

 

 

En l’an 86 de l’Hégire (704), au début du règne d’al-Walid, Maslamah Ibn ‘Abdel Malik Ibn Marwan le frère du calife, attaqua les Byzantins à l’ouest alors que leur empereur était Justinien II pour la deuxième fois. Il fut empereur une première fois entre 66 et 67 de l’Hégire (685-686) et la seconde fois entre l’an 86 et 92  de l’Hégire (704-710), soit jusqu’à sa mort.

 

Cette même année al-Hajjaj Ibn Youssouf ordonna l’arrestation de Yazid Ibn al-Mouhallab et désista son frère Habib Ibn al-Mouhallab de son poste de gouverneur à Kirmân. Et quatre ans après, soit en l’an 90 de l’Hégire (708), Yazid Ibn al-Mouhallab et ses frères réussirent à s’enfuir de prison et se réfugièrent auprès de Souleyman Ibn ‘Abdel Malik, le futur calife.

 

 

Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili arrive au Khorasan

 

Toujours en l’an 86 de l’Hégire (704), le grand général Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili arriva au Khorasan ou il venait d’être nommé gouverneur par al-Hajjaj. Et parmi ceux qui l’accompagnait se trouvait un autre commandant Nasr Ibn Sayyar al-Kinani des Bani Bakr Ibn ‘Abdel Manat al-Kinana, le dernier gouverneur des Omeyyades sur le Khorasan.

 

Qoutaybah Ibn Mouslim arriva alors qu’al-Moufaddal, qui avait projeté de faire campagne dans Akharoun et Shouman, passait en revue son armée. Qoutaybah s’adressa aux gens et leur conseilla vivement de combattre dans la voie d’Allah. Il dit : « Allah Exalté et Loué vous a permis de descendre dans cette place afin qu’Il puisse rendre Sa religion forte et protégez les choses sacrées par vous. Et en fonction du sévère traitement que vous infligez à l’ennemi, Il vous octroie et vous augmente l’abondance de richesse. Par une parole vraie dans un Livre clair, Il a promis à Son Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), et a dit : « C’est Lui qui a envoyé Son messager avec la bonne direction et la religion de la vérité, afin qu’elle triomphe sur toute autre religion, quelque répulsion qu’en aient les associateurs[8] », et Il a promis à ceux qui luttent sur Sa voie la meilleure et la plus haute récompense. Il, Exalté et Loué et à Lui les Louanges et la Gloire a dit « Car ils n’éprouveront ni soif, ni fatigue, ni faim dans la voie d’Allah, ils ne fouleront aucune terre en provoquant la colère des mécréants, et n’obtiendront aucun avantage sur un ennemi, sans qu’il ne leur soit écrit pour cela une bonne action. En vérité Allah ne laisse pas perdre la récompense des bienfaiteurs. Ils ne supporteront aucune dépense, minime ou importante, ne traverseront aucune vallée, sans que (cela) ne soit inscrit à leur actif, en sorte qu’Allah les récompense pour le meilleur de ce qu'ils faisaient.[9] ». Allah Exalté et Loué nous a informé à propos de celui qui est tué sur Son chemin, qu’il est vivant et gratifié. Il a dit : « Ne pense pas que ceux qui ont été tués dans le sentier d'Allah, soient morts. Au contraire, ils sont vivants, auprès de leur Seigneur, bien pourvus et joyeux de la faveur qu’Allah leur a accordée, et ravis que ceux qui sont restés derrière eux et ne les ont pas encore rejoints, ne connaîtront aucune crainte et ne seront point affligés. Ils sont ravis d’un bienfait d’Allah et d'une faveur, et du fait qu’Allah ne laisse pas perdre la récompense des croyants[10] ». Alors accomplissez la promesse de votre Seigneur. Accoutumez-vous aux plus grandes distances et aux plus douloureuses peines et méfiez-vous de la facilité ».

 

Lorsque son armée fut enfin prête, il examina complètement l’armement et les montures puis avant de partir, il nomma Iyas Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Amr responsable des affaires militaires et  ‘Uthman Ibn as-Sa’di responsable des revenus pour Merv. Quand il arriva à at-Talaqan, il fut accueilli par les dihqans de Balkh et quelques dignitaires. Quand Qoutaybah Ibn Mouslim traversa le fleuve, ils lui offrirent des cadeaux et une clef d’or de la part de Tish al-A’war, le roi d’as-Saghaniyan, qui l’invita dans son pays. Puis, il lui fut présenté des cadeaux du roi de Gouftan qui l’invita aussi. Qoutaybah alla à as-Saghaniyan et rendit son pays à Tish. Il se trouve que le roi d’Akharoun et Shouman était un mauvais voisin de Tish et l’opprimait. Qoutaybah marcha alors sur Akharoun et Shouman qui faisait partie du Toukharistan et de Ghoushtasban et le roi vint le trouver et fit la paix avec lui en échange d’un tribut que Qoutaybah accepta.

 

Avant de repartir pour Merv, il donna le commandement de l’armée à son frère, Salih Ibn Mouslim. Quand Qoutaybah retourna à Merv, Salih conquit Bassara. Salih était en compagnie de Nasr Ibn Sayyar qui montra sa valeur ce jour et à qui il donna un village appelé Tinjanah. Salih rejoignit Qoutaybah qui la nomma gouverneur de Tirmid.

Certains ont rapporté que Qoutaybah arriva au Khorasan durant l’année 85 de l’Hégire (703). Il passa en revue l’armée et comptabilisa un total de trois-cent-cinquante cottes de mailles. Puis Qoutaybah partit en campagne contre Akharoun et Shouman avant de revenir et de s’embarquer sur des navires pour descendre l’Oxus ou il laissa son armée qui prit la route de Balkh pour Merv. Ces nouvelles parvinrent à al-Hajjaj qui lui écrivit et le blâma d’avoir laissé son armée. Il lui dit : « Quand tu es en campagne reste en avant à la tête des gens et si tu reviens soit le dernier parmi l’arrière garde ».

 

Cette même année Maslamah Ibn ‘Abdel Malik fit une campagne dans le territoire byzantin.

 

Nous allons vous rapporter une histoire qui montre combien les Arabes étaient préoccupés par leur généalogie.

Il est rapporté que vers la fin de son combat dans la voie d’Allah, un enfant de Balkh dont la mère était de Barmaq[11], tomba entre les mains de Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili. Sa mère faisait partie de la part du butin de ‘Abdallah Ibn Mouslim al-Bahili, le frère de Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili, qui eut des rapports avec elle.

Lorsque la paix fut conclue entre les habitants de Balkh et les Musulmans, le général musulman Qoutaybah Ibn Mouslim ordonna que l’enfant soit rendu à sa mère. Lorsqu’on ramena l’enfant à sa mère, elle dit à ‘Abdallah Ibn Mouslim :

- « Je porte ton enfant ! »

‘Abdallah Ibn Mouslim avant sa mort et avant que la femme ne soit rendu à Barmaq fit savoir que cette femme portait son enfant et que lorsqu’elle enfanterait, l’enfant devrait lui être remit.

Après la chute de l’état des Omeyyades et sous le règne du troisième calife abbasside al-Mahdi Ibn Mansour en l’an 158 de l’Hégire (774), Khalid Ibn Barmaq (qui n’était pas l’enfant de ‘Abdallah Ibn Mouslim mais son demi-frère), qui était grandement renommée chez les Abbassides, vint à Ray et à cette époque, l’état islamique était si vaste qu’il était devenu un empire.  

Les descendants de ‘Abdallah Ibn Mouslim, voulurent lui annoncer qu’ils étaient apparentés pour profiter de sa position mais Mouslim Ibn Qoutaybah Ibn Mouslim, le fils de leur oncle leur dit :

- « Si sa généalogie rejoint la vôtre et qu’il l’accepte, vous devez obligatoirement le marier avec une de vos filles ».

Alors, ils abandonnèrent leur projet et s’en allèrent (sous-entendu qu’ils ne considéraient pas Khalid Ibn Barmaq comme un Arabe !).

 

 

En l’an 87 de l’Hégire (705), al-Walid Ibn ‘Abdel Malik ordonna la destitution d’Hisham Ibn Isma’il al-Makhzoumi à Médine et nomma à sa place ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz qui était alors âgé de vingt-cinq ans.

 

Cette même année, Nizak vint trouver Qoutaybah, et Qoutaybah fit la paix avec les gens de Badghis sur la base qu’il n’entrerait pas dans leur pays.

 

 

L’accord de paix de Qoutaybah avec les gens de Badghis

 

Nizak Tarkhan avaient des prisonniers musulmans. Quand Qoutaybah fit la paix avec le roi de Shouman, il écrivit à Nizak, le menaça et lui demanda de relâcher les prisonniers musulmans. Nizak eut peur de lui, relâcha les prisonniers qu’il envoya à Qoutaybah. Qoutaybah lui envoya alors Soulaym an-Nassih, le Mawlah[12] de ‘Oubaydallah Ibn Abi Bakra, pour conclure un traité de paix et un sauf-conduit. Qoutaybah lui envoya aussi une lettre dans laquelle il fit le serment que si Nizak n’était pas venu à lui, il lui aurait fait campagne et l’aurait poursuivi ou qu’il soit sans jamais s’arrêter jusqu’à ce qu’il soit tué ou capturé. Soulaym apporta la lettre de Qoutaybah à Nizak qui lui demanda conseil et lui dit : « O Soulaym, je ne pense pas que ton ami à quelque bien en lui. Il m’a écrit une lettre qui ne devrait pas être écrite à quelqu’un comme moi ». Soulaym lui dit : « O Abou al-Hayyaj, cet homme est sévère dans son gouvernement, facile quand il est traité doucement, et difficile quand il est maltraité. Ne laisse pas la dureté de sa lettre t’empêcher d’aller à lui. Tu seras très bien traité tant par lui que par les gens de Moudar ». Nizak alla donc en conséquence avec Soulaym voir Qoutaybah et, les gens de Badghis firent la paix avec lui durant l’année 87 (705) sur la base qu’il n’entrerait pas Badghis.

 

Durant cette année Maslamah Ibn ‘Abdel Malik et Yazid Ibn Joubayr firent campagne dans le territoire byzantin. Ils rencontrèrent une grande force de Byzantins à Sousanah dans la région d’al-Massissah.

Al-Waqidi a dit : « Durant cette année Maslamah rencontra Maymoun al-Jourjoumani avec Maslamah il y avait approximativement mille combattants d’Antioche (antakiyah) à Touwanah. Il tua beaucoup d’ennemi, et par ses mains Allah Exalté conquit des forteresses.

 

D’autres ont rapporté que la personne qui fit campagne contre les Byzantins cette année fut Hisham Ibn ‘Abdel Malik, par qui Allah Exalté conquit la forteresse de Boulaq, la forteresse d’al-Akhram, et les forteresses de Boulous et Qoumqoum. Il tua approximativement mille combattants des tribus arabes chrétiennes alliées aux Byzantins (mousta’ribah) et prit leurs femmes et leurs enfants captifs.

 

Cette même année Qoutaybah fit campagne contre Paykand

 

 

La campagne de Qoutaybah contre Paykand

 

Quand Qoutaybah fit la paix avec Nizak, il resta inactif jusqu’à ce que le temps soit propice pour une nouvelle campagne, et alors en l’an 87 de l’Hégire (706), il partit en campagne contre Paykand.

De Merv, il alla à Merv ar-Roudh, puis à Amoul et Zamm, ou il traversa le fleuve et se dirigea vers Paykand (baykand) qui est la plus proche des villes près du fleuve de Boukhara et qui est appelé la « Ville des Marchands » proche du désert adjacent à Boukhara. Quand il s’arrêta dans la région environnante, les gens de Paykand demandèrent de l’aide au Soughdians et demandèrent des renforts à leurs voisins si bien qu’un très grand nombre de renforcements leur parvint de toutes les routes. Et durant deux mois complet, il resta sans nouvelles car aucun de ses messagers ne put être envoyé, ni même reçut.

Al-Hajjaj trouva que les réponses étaient trop lentes et il craignit pour l’armée si bien qu’il ordonna aux gens de faire des invocations pour eux dans les mosquées et envoya des ordres à ces fins. Qoutaybah et ses hommes, quant à eux, combattaient tous les jours.

 

Qoutaybah avait un espion non-arabe du nom de Tidhar, à qui les gens de Boukhara donnèrent de l’argent pour qu’ils les débarrassent de Qoutaybah. Tidhar vint à Qoutaybah et lui dit : « Laisse-moi seul avec toi ». Les gens présents se levèrent et sortirent mais Qoutaybah rappela Dirar Ibn Houssayn ad-Dabbi. Tidhar dit : « Il y a un nouveau gouverneur qui arrive pour te remplacer car al-Hajjaj a été renvoyé. Tu dois retourner à Merv ». Qoutaybah appela Siyah, son Mawlah, et lui dit « Tranche-lui la tête » et il le tua. Alors il dit à Dirar : « Personne ne connait ce fait hormis toi et moi. Je fais le serment que si cette histoire sort avant la fin de notre guerre, je te ferai joindre Tidhar. Contrôle ta langue car la transmission de cette information affaiblira les (avant-bras des) gens ».

 

Alors ceux qui avaient été présents revinrent et furent alarmés par la mort de Tidhar. Ils restèrent silencieux, les yeux abattus, et Qoutaybah dit : « Ne soyez pas alarmés par le meurtre d’un esclave qui a été détruit par Allah Exalté ». Ils dirent : « Nous pensions qu’il nous était un sincère conseiller ». Il dit : « Au contraire, il conseillait hypocritement. Allah l’a châtié pour ses œuvres. Allez et combattez vos ennemis et rencontrez-les avec quelque chose d’autre que ce avec lequel vous les avez rencontrés ».

Les gens sortirent, se préparèrent et formèrent leurs lignes pour le combat. Qoutaybah les rejoignit, encouragea les porte-étendards et il y eut quelques combats préliminaires avant que les deux armées ne s’affrontent et que les sabres soient utilisés à bon escient. Allah Exalté raffermit Ses serviteurs et les Musulmans combattirent jusqu’au coucher du soleil avant qu’Allah Exalté ne leur donne l’avantage et leurs adversaires fut mis en déroute. Ils se sauvèrent en se dirigeant vers la ville harcelés par les Musulmans qui les empêchèrent d’entrer. Les ennemis s’éparpillèrent et les Musulmans tombèrent sur eux et un grand nombre d’entre eux furent tués et autant furent capturés.

 

Ceux qui avaient réussi à rentrer dans la ville se fortifièrent à l’intérieur et Qoutaybah ordonna à ses sapeurs de démolir les fortifications. Les gens de la ville demandèrent alors la paix et Qoutaybah Ibn Mouslim accepta et nomma sur eux l’un de ses fils. Alors il partit en projetant de revenir au Khorasan, mais, à peine fut-il à quelques kilomètres que les habitants de la ville renièrent le pacte, tuèrent le gouverneur et ses compagnons et leur coupèrent leurs nez et leur oreilles. Quand Qoutaybah fut informé, il revint aussitôt sur ses pas et assiégea la ville durant un mois. Alors il ordonna de nouveau à ses sapeurs de détruire les enceintes de protections. Ils creusèrent sous les murs et tout en le maintenant avec des poutres de bois. Lorsque le travail fut achevé, Qoutaybah voulut mettre le feu au bois mais le mur s’effondra pendant qu’ils le soutenaient encore, et quarante des ouvriers furent tués. Les gens de la ville cherchèrent de nouveau à faire la paix, mais il refusa, les combattit, pris la ville de force et tua tous les soldats qu’il trouva à l’intérieur. Parmi ceux qui furent capturés, il y avait un homme borgne qui mobilisa les Turcs contre les Musulmans, et il dit à Qoutaybah :

- «  Je me rançonnerai ». Soulaym An-Nassih lui dit :

- «  Que donneras-tu ? » Il dit : 

- « Cinq-mille rouleaux de soie chinoise de valeur d’une valeur d’un million de dirhams ».

- « Qu’en pensez-vous » demanda Qoutaybah à ses hommes ?

- « Nous pensons que sa rançon augmentera le butin des Musulmans. Quelle malice cet homme peut-il bien caché ? » Qoutaybah dit à l’homme :

- « Non, par Allah Exalté, aucune femme musulmane ne sera jamais plus effrayée par toi » et il donna l’ordre de le tuer.

 

Quand Qoutaybah conquit Paykand, il trouva une innombrable quantité de récipients en or et en argent. Il donna la charge du butin et son partage à ‘AbdAllah Ibn al-A’la al-‘Adawi, des Banou al-Malakal que Qoutaybah appelait « le digne de confiance, fils du digne de confiance », et à Iyas Ibn Bayhass al-Bahili. Les récipients et les idoles furent fondus et présenté en lingot à Qoutaybah. Ils lui remirent aussi les rebuts de ce qu’ils avaient fondu, et il le leur donna en plus de quarante-mille dirhams. Puis Qoutaybah changea d’avis et leur ordonna de fondre le rebut. Ils firent ainsi, et ils purent récupérés cent-cinquante-mille mithqals, ou cinquante-mille mithqals[13].

 

Ils acquirent bien plus de Paykand ou le butin fut tellement immense qu’il n’y eut jamais de précédent dans tout ce qu’ils obtinrent au Khorasan. Qoutaybah revint à Merv, et les Musulmans devinrent forts. Ils achetèrent des armes, des chevaux et des montures. Ils rivalisèrent les uns avec les autres dans les vêtements de qualités et l’armement et ils achetèrent des armes à hauts prix. Le prix d’une lance atteignit jusqu’à soixante-dix dirhams. Al-Koumayl Ibn Zayd al-Assadi dit : « Et le jour de la bataille de Paykand, les merveilles ne purent être énumérées, et Boukhara n’est pas en moindre ».

Dans les arsenaux, il y avait beaucoup d’armes et beaucoup de matériel de guerre. Qoutaybah écrivit à al-Hajjaj pour lui demander l’autorisation de distribuer ces armes aux troupes, et il lui donna son accord. Ils sortirent une immense quantité de matériel de guerre et de voyage qu’il divisa entre ses soldats dont ils s’équipèrent. Quand le printemps arriva, il appela les gens et leur dit : « Je vais vous emmener en campagne maintenant, avant que vous ayez besoin de porter des vivres, et je ramènerais avant que vous ayez besoin de vêtements chauds ». Puis, il partit lourdement équipé de montures et d’armes. Il alla à Amoul, traversa à Zamm pour Boukhara puis marcha sur Toumoushkath, dans territoire de Boukhara, et les gens firent la paix avec lui.

 

Ou était la dernière base arrière des Musulmans ?

Bien loin en arrière à des milliers de kilomètres ! Nous sommes allés si loin.

 

Quel était ce pays et qui étaient ces habitants ?

Le fleuve était celui de l’Oxus (jaykhoun) et le pays était celui des Khwarizm, des Sash, Ferghana, Samarkand et Boukhara. Les habitants étaient les Turcs et on peut dire que ces terres, la Transoxiane, allaient représenter une grande partie du territoire musulman qui allait devenir la futur Russie actuelle.

 

 

Au mois de Joumadah Thani de l’année 88 de l’Hégire (706), Allah à Lui les Louanges et la Gloire, permit pour les Musulmans dont une partie de Médine, sous le commandement de Maslamah Ibn ‘Abdel Malik et al-‘Abbas Ibn al-Walid Ibn ‘Abdel Malik, la conquête d’une des forteresses des Byzantins, appelé Touwanah, ou ils passèrent l’hiver. Les Musulmans infligèrent une défaite initiale à l’ennemi ce jour-là. Puis les Byzantins allèrent à leur église puis revinrent et les Musulmans souffrirent une lourde défaite dont ils pensaient ne jamais se remettre. Al-‘Abbas resta avec un groupe d’hommes dont Ibn Mouhayriz al-Joumahi. Al-‘Abbas lui demanda :

- «  Où sont les gens du Qur’an qui désire le Paradis? » Ibn Mouhayriz lui dit :

- « Si tu les appelle, ils viendront à toi ». Al-‘Abbas appela alors : 

- « O gens du Qur’an ! » et ils sont tous venus en avant. Alors Allah Exalté battit l’ennemi jusqu’à dans leur forteresse à Touwanah.

 

Cette année Maslamah conquit trois autres forteresses : la forteresse de Constantin (qoustantin), la forteresse de Ghazalah, et la forteresse d’al-Akhram. Il tua un nombre important d’Arabes chrétiens alliés aux Byzantins, prit leurs enfants captifs et leurs richesses.

 

Cette même année Qoutaybah fit campagne contre Toumoushkath et Ramithanah.

 

Nous voyons que les enfants du calife à la tête des armées avaient un crucial impact sur la bravoure des soldats en donnant eux même l’exemple.

 

 

La campagne de Qoutaybah contre Toumoushkath et Ramithanah

 

Qoutaybah fit campagne contre Toumoushkath en l’an 88 de l’Hégire (706), après avoir laissé son lieutenant Bashar Ibn Mouslim à Merv. Les gens vinrent le voir et il fit la paix avec eux. Alors il alla à Ramithanah et ses gens firent aussi la paix avec lui, et il les quitta.

À ce point, les Turcs, accompagnés par les Soughdians et les gens de Ferghana, marchèrent sur lui et tentèrent d’intercepter les Musulmans qui étaient sur leur chemin de retour. Ils rattrapèrent ‘AbderRahmane Ibn Mouslim al-Bahili, qui était en charge de l’arrière garde, séparé d’une distance d’un mile arabe[14] de Qoutaybah et du corps général de l’armée. Quand ils approchèrent, ‘AbderRahmane envoya un messager à Qoutaybah. Les Turcs affrontèrent l’arrière garde quand Qoutaybah arriva avec des renforts. Les Turcs furent sur le point de les écraser mais quand les Musulmans virent Qoutaybah Ibn Mouslim arriver, ils reprirent courage et combattirent les Turcs jusqu’à midi. Nizak qui était avec Qoutaybah montra sa valeur ce jour, et les Turcs furent dispersés par la volonté d’Allah Exalté. Puis Qoutaybah et les Musulmans traversèrent le fleuve at-Tirmid puis de Balkh et atteignirent Merv.

 

On a rapporté que Kourbaghanoun at-Tourki, le fils de la sœur du roi de Chine commandait deux-cents-mille Turcs lorsqu’ils engagèrent les Musulmans à qui Allah Exalté donna la victoire.

 

Cette même année le gouverneur de Médine, ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz ordonna l’agrandissement de la Mosquée du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et des architectes lui furent envoyés de Syrie pour mener à bien cette mission.

 

 

En l’an 89 de l’Hégire (707), les Musulmans sous le commandement de Maslamah Ibn ‘Abdel Malik conquirent la forteresse de Souriyah.

Al-Waqidi a dit que Maslamah était accompagné d’al-‘Abbas Ibn al-Walid lors de sa campagne dans le territoire byzantin, mais qu’ils se sont séparés et que Maslamah conquit la forteresse de Souriyah tandis qu’al-‘Abbas conquit celle d’Adrouliyah après avoir rencontré un corps de soldats byzantins qu’il battit.

D’autres ont rapportés que Maslamah marcha sur ‘Ammouriyah où il rencontra un grand corps de Byzantins qu’il battit, par la grâce d’Allah Exalté, avant de conquérir Hiraqlah et Qamoudiyah. Al-‘Abbas marcha sur al-Boudandoun lors de sa campagne d’été.

 

Cette même année Qoutaybah fit campagne à Boukhara et conquit Ramithanah et tandis qu’il revenait à Balkh et qu’il était près d’al-Faryab, il reçut une lettre d’al-Hajjaj lettre lui ordonnant d’aller à Wardan Khoudhah. Qoutaybah revint par conséquence durant l’année 89 de l’Hégire (707). Il alla à Zamm, traversa le fleuve et rencontra sur une route désertique les Soughdians, les gens de Kish et de Nassaf. Ils le combattirent mais il les battit avant d’aller à Boukhara ou il s’arrêta à Kharqanah sur la rive droite de Wardan.  Un très grand nombre de Turcs l’engagea et Qoutaybah Ibn Mouslim les combattit durant deux jours et deux nuits, puis Allah Exalté leur accorda la victoire sur eux.

Qoutaybah fit campagne contre Wardan Khoudhah, le roi de Boukhara, sans pour autant marquer de décisives victoires ni même pouvoir conquérir une quelconque partie de leur territoire. Il revint à Merv et écrivit à al-Hajjaj pour l’informer de ses campagnes. Al-Hajjaj lui demanda : «  Décris-moi le terrain », et Qoutaybah lui envoya une représentation. Al-Hajjaj lui écrivit : « Retournes-y et repentez-vous à Allah Exalté pour ce que vous avez fait et fait ton approche de telle-et-telle place ». Il a aussi été dit qu’al-Hajjaj lui écrivit : « Leurre Kish, écrase Nassaf, et arrive à Wardan. Méfies toi des endroits sauvages et des raccourcis ».

 

Cette même année Maslamah Ibn ‘Abdel Malik fit campagne contre les Turcs jusqu’à ce qu’il parvint à al-Bab dans la région d’Azerbaïdjan (adarbayjan) ou il conquit des forteresses et des villes.

 

 

En l’an 90 de l’Hégire (708) Maslamah fit campagne dans le territoire byzantin dans la région de Souriyah et conquit cinq forteresses.

 

Cette même année, al-‘Abbas Ibn al-Walid fit campagne aussi loin qu’al-Arzan d’après quelques-uns, et aussi loin que Souriyah d’après d’autres. Muhammad Ibn ‘Umar a dit : « C’est plus sain de dire qu’il alla aussi loin que Souriyah ».

 

Cette année aussi, Muhammad Ibn al-Qassim ath-Thaqafi, à la tête d’une armée pour le compte d’al-Hajjaj, tua Dahir le fils de Shash (dahir ibn sassah), le roi du Sind.

 

Cette année les Byzantins capturèrent Khalid Ibn Kayssan, le commandant des expéditions navales et l’emmenèrent à leur roi qui le remit à al-Walid Ibn ‘Abdel Malik.

 

Durant cette année Qoutaybah conquit Boukhara et écrasa les armées de l’ennemi.

 

 

La conquête de Boukhara par Qoutaybah

 

Lorsque Qoutaybah Ibn Mouslim reçut la lettre d’al-Hajjaj lui demandant de se repentir d’avoir quitté Wardan Khoudhah, le roi de Boukhara, avant de l’avoir battu et lui ordonnant de retourner contre Wardan, Qoutaybah partit en campagne contre Boukhara durant l’année 90 de l’Hégire (708).

Wardan Khoudhah appela à l’aide ses voisins les Soughdians et les Turcs et ceux qui étaient proches de lui qui vinrent aussitôt. Cependant, Qoutaybah arriva le premier à Boukhara et l’assiégea, et, quand les renforcements arrivèrent, les Musulmans sortirent les combattre. Les Azd dirent : « Laissez-nous nous débrouiller seuls et laissez-nous les combattre ». Qoutaybah dit : « Allez en avant », et ils allèrent en avant, en les combattirent tandis que Qoutaybah vêtu d’une cotte de maille jaune (rida), brisant les épées s’assit. Ils montrèrent tous du courage durant un long moment puis les Musulmans furent désorientés et les polythéistes vinrent à eux, les brisèrent et traversèrent le camp de Qoutaybah jusqu’à ce que les femmes frappent les têtes des chevaux des polythéistes et pleurent. Alors les Musulmans revinrent à la charge, et les deux ailes des Musulmans se rapprochèrent des Turcs et les combattirent jusqu’à ce qu’ils les repoussent à leurs places initiale.

Les Turcs prirent position sur une place élevée et Qoutaybah Ibn Mouslim voulut allumer la passion (hamas) dans le cœur des Musulmans et il dit aux tribus[15] :

- « Qui d’entre vous les délogeras de leur position pour nous ? »

Mais personne ne s’avança pour le faire.

Alors Qoutaybah se dirigea vers les rangs des Bani Tamim et les harangua :

- « O Banou Tamim ! Un jour comme un de mes jours, puisse mon père être votre rançon (sous-entendu : j’ai besoin d’une bataille comme les glorieuse batailles de vos ancêtres) ! »

Le chef des Banou Tamim était ce jour Waki’ Ibn Hassan Ibn Abi Soud, des Bani Ghoudanah Ibn Yarbou’ Ibn Handalah Ibn Malik Ibn Zayd Ibn ‘Abdel Manat Ibn Tamim. Les Bani Yarbou’ étaient connus pour être les cavaliers des Bani Tamim.

Et le chef des cavaliers des Bani Tamim était  Houraym Ibn Abi Tahmah Ibn Haritha Ibn Sharid Ibn Yashim, des Bani Moujashi’ Ibn Dari Ibn Malik Ibn Handalah Ibn Zayd Ibn ‘Abdel Manat. 

 Lorsque Waki’ Ibn Hassan entendit l’appel de Qoutaybah, il prit l’étendard des Bani Tamim entre ses mains et dit :

- « Allez-vous m’abandonnez ? »

- « Non, ô Abou Moutarif » répondirent-ils, « nous ne t’abandonnerons point ».

- « Avance ô Houraym ».

Lorsque Houraym avança, il lui donna l’étendard et Houraym avança vers l’ennemi. Il s’arrêta au pied du mont ou se trouvait un large fleuve et Waki’ lui dit :

- « Avance ».

- « Comment ferais-je pour traverser cette eau ? »

 

La situation était extrêmement difficile pour les Musulmans. C’est pourquoi personne ne répondit au premier appel de Qoutaybah. La traversée de ce fleuve semblait périlleuse les turcs juchés sur les hauteurs, en position avantageuse, défendaient avec acharnement leur ville. Ils pouvaient à tout moment déferler sur les Musulmans alors que ceux-ci traversaient le fleuve et n’étaient pas en mesure de combattre. Personne donc ne pouvait blâmer celui qui avait décidé de traverser.

Waki’ et les chevaux des Bani Tamim traversèrent et Waki’ ordonna de fabriquer un petit pont pour que Houraym puisse traverser et seulement huit-cent personne traversèrent avec lui.

Lorsque la traversée prit fin, les Banou Tamim divisèrent leur force en deux ailes : l’aile droite et l’aile gauche puis ils donnèrent aussitôt l’assaut sur l’innombrable ennemi.

Il s’ensuivit une terrible bataille et Allah le Très Haut affermit ses serviteurs et les Musulmans réussirent à les déloger.

Alors, Qoutaybah Ibn Mouslim ordonna aux Musulmans de traverser le fleuve et de charger mais encore une fois personne ne bougeât. Ils attendirent que les turcs fuient pour traverser et pour les chasser. Lors de cette bataille Khaqan, le roi des turcs, et son fils furent blessés.

 

Après cette brillante victoire Qoutaybah retourna dans sa garnison à Merv ou il écrivit à al-Hajjaj Ibn Youssouf pour l’informer qu’il avait envoyé son frère ‘AbderRahmane Ibn Mouslim à la tête d’une armée combattre les turcs et qu’il avait été vainqueur.

Al-Hajjaj fut en colère après Qoutaybah parce qu’il avait attribué la victoire à son frère et non pas aux Banou Tamim.

Qoutaybah pour mettre fin à la brouille lui envoya un groupe des Bani Tamim qui attestèrent de la véracité de ses propos. Mais après cela, Qoutaybah sut qu’al-Hajjaj avait été informé par une autre personne de ce qui était arrivé lors de la bataille.

 

Cette même année Qoutaybah renouvela la paix avec le roi d’as-Soughd.

 

 

Le renouvellement de la paix entre Qoutaybah et les Soughdians

 

Quand Qoutaybah fondit sur les gens de Boukhara et les brisa, les gens de Soughd le craignirent. Tarkhoun, le roi de Soughd, accompagné par deux cavaliers parti à la rencontre de Qoutaybah jusqu’à ce qu’il arrive près de son camp séparé par le fleuve de Boukhara. Il demanda à Qoutaybah de lui envoyer un messager à qui il puisse parler et Qoutaybah lui envoya quelqu’un.

Certains ont dit que Tarkhoun appela Hayyan an-Nabati qui alla le trouver. Tarkhoun demanda la paix en échange d’un tribut et Qoutaybah agréa sa demande, fit la paix avec lui, prit des otages qui devaient rester avec lui jusqu’au paiement du tribut. Tarkhoun repartit dans son pays, et Qoutaybah revint à Merv accompagné par Nizak.

 

Cette année Nizak rompit le traité de paix avec les Musulmans. Il se réfugia dans sa forteresse et se prépara pour la guerre. Qoutaybah fit alors campagne contre lui.



[1] Sind : Le Pakistan de nos jours.

[2] Le Khwarezm (Xorazm en ouzbek er Khawarizn en arabe), également appelé Chorasmie antique, Khârezm, Khorezm, ou encore Khwarizm, est une région située au sud de la mer d’Aral, entre les actuels Ouzbékistan, Turkménistan et Iran.

[3] Avant Dandanaqan sur la route de Sarakhs à Merv.

[4] Au sud-est de Samarkand.

[5] Au Khorasan.

[7] Le mot empire lorsqu’il est utilisé pour les Musulmans n’est utilisé que dans son seul sens géographique.

[8] Qur’an  Sourate 9, verset 33et Sourate 61, verset 9.

[9] Qur’an Sourate 9, versets 120, 121.

[10] Qur’an Sourate 3, versets 169, 170.

[11] L’ancêtre des Barmak (baramika), les célèbres gouverneurs de l’ère des Abbassides, voir notre volume quatre.

[12] L’affranchi.

[13] Un mithqal est approximativement 4.4 g.

[14] Le mile arabe est une unité de longueur historique. Sa longueur précise est incertaine et située entre 1.9 et 2.0 km. Il fut utilisé par géographes arabe médiévaux. Il y a 4.000 coudées dans un mile arabe.

[15] Il est connu que les Musulmans combattaient par clans et groupe tribal qui rivalisaient entre eux pour obtenir la gloire et les honneurs tant de cette vie que de l’au-delà. Cela leur permettait aussi de reconnaitre les leurs lors des mêlées.