Anas Ibn Malik Ibn Nadr al-Khazraji al-Ansari

 

Lorsqu’al-Hajjaj devint gouverneur d’Iraq, il nomma al-Hakam Ibn Ayyoub ath-Thaqafi émir de Basra qui aussitôt fit un discours aux gens et leur demanda de rejoindre al-Mouhallab pour combattre les khawarije mais ‘AbdAllah Ibn Jaroud al-‘Abdi des Bani ‘Abdel Qays se rebella contre lui et s’ensuivit une lourde bataille entre les deux partis à Roustoukbad.

‘AbdAllah Ibn Jaroud fut tué ainsi qu’un groupe de ses partisans et al-Hajjaj, avant de retourner à Basra, ordonna que dix-huit de leurs têtes soient ennoyées à al-Mouhallab à Ram Hourmouz. 

 

Lors de la rébellion d’Ibn Jaroud ‘AbdAllah Ibn Anas Ibn Malik fut aussi tué et al-Hajjaj s’en prit à son père le respectable Compagnon Anas Ibn Malik Ibn Nadr al-Khazraji al-Ansari (qu’Allah soit satisfait de lui), le serviteur du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et son Compagnon.

Lorsqu’al-Hajjaj arriva à Basra, il prit les biens d’Anas et quand il vint pour les récupérer al-Hajjaj lui dit :

- « Tu n’es ni désirable et ni bienvenue, o fils de la vile ! Forgeur de trouble une fois avec Abi Tourab[1] (‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui)), une autre fois avec Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait de lui) et une autre fois avec Ibn Jaroud ! » Anas Ibn Malik, lui répondit :

- « Pourquoi toutes ces qualifications à mon encontre ? »

- « Parce que c’est ainsi que je te vois ! »

Anas Ibn Malik (qu’Allah soit satisfait de lui) devant l’extrême agressivité et brutalité d’al-Hajjaj n’eut de recours que d’écrire au calife pour l’informer de ce qui arriva. Et ‘Abdel Malik Ibn Marwan, le cinquième calife omeyyade écrivit aussitôt à al-Hajjaj et lui dit : « Ceci dit : Ô fils de la mère d’al-Hajjaj (il ne dit pas ô fils de Youssouf mais ô fils de la mère ce qui est une insulte directe chez les Arabes) ! Tu es un serviteur (‘abdoun), les évènements te dépassent, tu t‘es conduit de manière excessive et tu as outrepassé tes prérogatives. Nous allons te frapper si violemment que allons te faire regretter le jour où tu es né[2]. Ne te rappelles-tu pas ton père qui transportait des pierres sur son dos et creusait le sol avec ses mains lorsqu’il était à Taif. As-tu oublié l’exemple de ton père et ses qualités ?

Il nous est parvenu que tu as fait du tort à Anas Ibn Malik dont tu n’es en rien comparable et que tu as voulu par cela causer du tort à l’émir des croyants. Sache que nous désavouons ce que tu as fait ! Si tu as fait ce qu’il nous a raconté alors que la malédiction d’Allah soit sur toi ! Et si je n’étais persuadé que l’écrivain a exagéré dans la lettre concernant le Sheikh, j’aurais ordonné que tu sois capturé et découpé de la tête à l’abdomen. Honore Anas Ibn Malik et sa famille, reconnais sa valeur et son service au Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et ne lui manque en rien de respect. Et sache que s’il nous parvenait autre chose de ce dont nous t’avons ordonné à son égard, nous t’enverrons quelqu’un qui te frappera dans le dos et te livrera à tes ennemis. Va chez lui et accueille le comme il se doit afin qu’il nous écrive de sa satisfaction à ton égard, si Dieu le veut. Et paix (wa salam) ». 

Lorsque la lettre de ‘AbdAllah Ibn Marwan parvint à Anas Ibn Malik par Isma’il Ibn ‘Abdillah le serviteur des Bani Makhzoum, et qu’il lui lut son contenu, Isma’il alla chez al-Hajjaj et lui remit la lettre.

Quand il eut finit de lire la lettre, son visage changea de couleur, et il se mit à transpirer abondamment. Puis il dit :

- Qu’Allah pardonne à l’émir des croyants !

Il se rendit aussitôt chez Anas Ibn Malik (qu’Allah soit satisfait de lui) à qui il fit de larges excuses pour son abject comportement et ses propos.

Anas Ibn Malik (qu’Allah soit satisfait de lui) lui dit :

- « Je me suis uniquement plaint lorsque je crus que les nobles, qu’Allah dans Son Livre a appelé les Ansars, étaient devenus des hypocrites et que nous n’étions plus les gens de la foi. Allah jugera entre nous et Il est celui qui soumet les tyrans. Le vrai et les faux ne sont pas semblables chez Lui. Ni même le véridique et le menteur. Par Allah, si les Chrétiens dans leur mécréance avaient vu un homme qui avait servi, ne serait-ce qu’un jour, ‘Issa Ibn Maryam (paix sur lui et sa mère) ils auraient reconnu ses droits. Que connais-tu de mes droits ? J’ai servi le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) durant dix années et après lui si nous avons vu un bien, nous avons louangé et glorifié le Seigneur pour lui et si nous avons vu autre chose, nous avons patienté et Allah est le Secoureur ».

 

Après cette cuisante lettre du calife, al-Hajjaj rendit tous ses biens à Anas Ibn Malik et comme nous l’avons déjà dit, malgré tous les tords qu’ils leur causa, les Compagnons ne lui accordait aucune importance.

 

 

Les khawarije complotent de nouveau

 

Une importante bataille eut lieu entre l’armée d’al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah al-Azdi allié à l’armée de ‘AbderRahmane Ibn Moukhnaf et les khawarije qui réussirent à tuer ce dernier.

Al-Hajjaj envoya ‘Ata' Ibn Warqah pour replacer Ibn Moukhnaf à qui il demanda de se mettre sous les ordres d’al-Mouhallab s’il devait participer à la bataille et ‘Ata' fut déçu par les ordres mais il n’avait d’autres choix que d’obéir à al-Hajjaj. 

 

Le règne de ‘Abdel Malik Ibn Marwan fut caractérisé par les conquêtes en Asie mais aussi par les successives révoltes beaucoup plus dangereuses que celles qu’il réussit à maitriser et qui minaient profondément la sécurité de l’état.

Ces rebellions menées, soit disant au nom de la religion, par une petit groupe de gens aux idées erronés et aux croyances extrêmes accouchaient de groupes successifs spécialisés dans l’anathème des Musulmans.

Ils apparurent sous le règne de ‘Uthman Ibn ‘Affan, puis de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait d’eux) et ils sont les khawarije ou les Harouriyah comme ils étaient appelés à l’époque de la ville Harourah en Iraq d’où ils sortirent.

La plus grave révolte khariji est celle de Salah Ibn Moussarih at-Tamimi, des Bani Mrii Ibn Qays Ibn Zayd Ibn Manat Ibn Tamim qui suivit une autre importante révolte menée par Shabib Ibn Yazid Ibn Nou’aym Ibn Shibani.

Salih Ibn Moussarih at-Tamimi, ses partisans et Shalib Ibn Yazid accomplirent le pèlerinage en l’an 75 de l’Hégire (694). C’est dans le Haram ash-Sharif que Shabib Ibn Yazid décida d’assassiner le calife des Musulmans ‘Abdel Malik Ibn Marwan et grâce à Allah le Très Haut, il ne put mener à bien son entreprise.

Essayez d’imaginer ce que serait devenue la situation des Musulmans si le calife omeyyade (amawi) avait été assassiné comme prévu. Nous avons vu toutes les révoltes, les séditions et les guerres qui déchirèrent et affaiblirent notre communauté jusqu’à ce qu’enfin ‘Abdel Malik puisse ramener la paix dans les territoires musulmans.

Comme vous avez du vous en rendre compte, leurs révoltes se succédaient les unes après les autres.

‘Abdel Malik Ibn Marwan réussit à stabiliser la Syrie, à reprendre le contrôle de l’Iraq, du Khorasan, puis le Hijaz quant aux khawarije le problème demeurait.   

 

L’histoire ne s’arrête donc pas là et continue…      

 


La rébellion des khawarije

 

Salih Ibn Moussarih at-Tamimi était un des penseurs des khawarije. C’était un ascète pieux mais avec des idées erronés. Il renia ‘Uthman Ibn ‘Affan et ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait d’eux) et un groupe de gens le suivit à qui il leur enseigna le Qur’an et le Fiqh[3] sur la méthodologie des khawarije. Un jour il dit à ses partisans :

- « Jusqu’à quand vous allez attendre ? »

Il les incita à se rebeller contre l’état si bien qu’ils décidèrent d’agir.

Les historiens ont rapporté beaucoup d’histoires à leurs sujets mais nous allons passer sur la plupart d’entre elles.

 

Les khawarije attendirent le début du mois de Safar de l’année 76 de l’Hégire (695) pour commencer leurs révoltes. Shabib Ibn Yazid rejoignit Salih Ibn Moussarih à Darrah d’où ils se rebellèrent.

Salih Ibn Moussarih sortit en compagnie de cent-vingt personnes qui est certes un petit nombre mais comme ils étaient absolument convaincus de leur croyance erronée, ils combattaient dur comme fer pour elle.

Lorsque Muhammad Ibn Marwan le gouverneur d’al-Jazirah entendit parler de leur sortie, il leur envoya ‘Adiyy Ibn ‘Adiyy Ibn ‘Amir al-Kindi, des Banou Harith Ibn Mou’awiyah Ibn Thawr al-Kindi.

‘Adiyy quitta Harran à la tête de mille cavaliers et regardez ce que Tabari a dit à ce sujet : « ‘Adiyy et ses cavaliers se dirigèrent vers les khawarije comme s’ils allaient à l’encontre de la mort. Les khawarije les battirent parce qu’ils n’avaient rien à perdre et qu’ils étaient prêt à combattre jusqu’à la mort. Ils étaient donc profondément motivés et ‘Adiyy et son armée sachant cela étaient déjà battus avant même d’avoir commencé la bataille car ils étaient terrifiés par leurs ennemis ». 

Les khawarije entrèrent dans leur camp et ‘Adiyy et ceux qui étaient avec lui fuirent sans s’arrêter jusqu’à ce que Muhammad Ibn Marwan ait envoyé une nouvelle armée de mille-cinq-cent cavaliers commandée par Khalid Ibn al-Jaz as-Soulami. Puis il en fit suivre une autre du même nombre sous le commandement de Harith Ibn Ja’wanah, des Bani Rabi’ah Ibn ‘Amir Ibn Sa’sa’ah.

Trois-mille combattants pour seulement cent-vingt khawarije. Les deux armées se rencontrèrent à Amout ou s’ensuivit une terrible bataille qui ne tourna à l’avantage d’aucune des deux armées du fait que les khawarije se retirèrent. Ils traversèrent al-Jazirah, puis Mossoul avant de s’arrêter à Daskarah.

 

Lorsqu’al-Hajjaj Ibn ath-Thaqafi, l’émir de l’Iraq, fut informé de leur arrivée, il leur envoya trois-mille combattants sous le commandement de Harith Ibn Amirah Ibn Malik Ibn Houmrah Ibn Dourmish‘ar al-Hamdani qui était un des nobles de Koufa.

Harith Ibn Amirah rencontra Salih Ibn Moussarih et quatre-vingt-dix khawarije à al-Moudabadj près de Mossoul. Il s’ensuivit une nouvelle bataille ou Salih fut tué. Les khawarije prirent sa dépouille et se fortifièrent dans un fort pas très loin du champ de bataille ou ils nommèrent Shabib ibn Yazid leur nouvel émir.

Puis Shabib sortit du fort avec les soixante-dix khawarije restant et attaquèrent par surprise l’armée de Koufa. Une grande panique s’ensuivit dans le camp et Harith Ibn Amirah fut blessé lors de cet assaut et l’armée de Koufa s’enfuit à Mada'in. Cette bataille eut lieu au mois de Joumadah Awwal de l’année 76 de l’Hégire (695).

 

Shabib Ibn Yazid et ceux qui restait des khawarije allèrent à Mossoul ou ils furent  rejoint par Salamah Ibn Sayyar Ibn Mabdah ash-Shaybani, des Bani Taymi Ibn Shayban Ibn Tha’labah Ibn ‘Ouqabah Ibn Sa’d Ibn ‘Ali Ibn Bakr Ibn Wahil.

Shabib alla voir sa mère, la prit avec lui et dit : « Je vais l’emmener avec moi ou que j’irais et je ne me séparerais plus jamais d’elle jusqu’à ce que je meure ou qu’elle meure ». Puis avec une poignée de gens qui étaient avec lui, ils semèrent la terreur dans toute la région entre Mossoul et l’Azerbaïdjan.

Al-Hajjaj In Youssouf leur envoya Soufyan Ibn Abi al-‘Aliyah Khas’amih à la tête d’une large armée, par rapport à celle des khawarije, et lui ordonna d’aller à Daskarah et de s’y fortifier jusqu’à l’arrivée de l’armée de Harith Ibn Amirah qui fut ordonné de rejoindre Soufyan.

Soufyan Ibn Abi al-‘Aliyah ne fit pas ce qu’on lui ordonna et se croyant capable de venir à bout des khawarije, il les rejoignit sans attendre l’arrivée des renforts. Il pensait que non seulement le nombre de son armée était suffisant par rapport à celle des khawarije et que l’armée de Harith Ibn Amirah ne pourrait en rien lui être utile du fait de sa crainte extrême des khawarije.

Les armées de Soufyan et de Shabib et ceux qui étaient avec eux se rencontrèrent à Khanaqin et la plupart des gens qui étaient avec Soufyan s’enfuirent au premier choc. Soufyan reste seul avec deux-cent combattants et comme il était un redoutable guerrier, les gens qui étaient avec lui restèrent fermes dans le combat.

Shabib et les khawarije se rendirent rapidement compte de sa valeur et se concentrèrent pour le tuer d’autant plus qu’il était le commandant de l’armée.

Souwayb Ibn Soulaym ash-Shaybani qui était aussi un féroce combattant lui fit face et les deux hommes se combattirent d’abord avec leurs lances, puis avec leurs sabres et enfin avec leurs mains. Shabib voulut lui donner un coup fatal mais un des hommes de Soufyan réussit à l’extraire de la bataille, lui fournit un cheval rapide et Soufyan gravement blessé put quitter la bataille et se réfugia à Mahrouz ou il écrivit al-Hajjaj Ibn Youssouf pour l’informer de ce qui était arrivé.  

Al-Hajjaj lui répondit, le félicita pour sa bravoure et lui conseilla de rejoindre sa famille si son était le lui permettait, ce qu’il fit.

 

Al-Hajjaj Ibn Youssouf ordonna à Thawrah Ibn Abjar Ibn Nafi’ Ibn ‘Irdad ad-Darimi at-Tamimi d’aller combattre Shabib. Il lui demandant de se préparer en conséquence et de ne pas prendre les choses à la légère.  

Tharwah poursuivit et rattrapa à Narhawan, Shabib qui était avec moins de cent combattants. Thawrah et ses trois cent guerriers proposèrent aux khawarije des duels mais Thawrah et ceux qui étaient avec lui furent battus et se sauvèrent jusqu’à ce qu’ils arrivent à Mada'in.

Les khawarije se lancèrent à leurs poursuites, mais Thawrah arriva avant eux lorsqu’ils arrivèrent les gens leur lancèrent une pluie de flèches et de pierres pardessus les murs et Shabib dut partir et il alla à Tikrit.

Quant à Mada'in, des rumeurs courir que les khawarije allaient les attaquer de nuit et tous les habitants effrayés s’enfuirent à Koufa.

 

 

 

Les défaites successives des armées d’Iraq devant les khawarije

 

Après cette nouvelle défaite, al-Hajjaj Ibn Youssouf ath-Thaqafih prépara une troisième armée à la tête de qui il nomma Jazl Ibn Sa’id Ibn Shourahbil Ibn ‘Amr al-Kindi à qui il demanda d’agir sans précipitation.

Jazl Ibn Sa’id avec quatre-mille cavaliers alla à la rencontre de Shabib qui étaient en compagnie de cent-soixante khawarije. L’armée de Koufa stationna à Dayr Yazdajard  et il eut lieu entre les deux groupes différents affronts qui ne donnèrent lieu à aucune victoire pour aucun des deux groupes.

Puis Jazl Ibn Sa’id rattrapa Shabib à Narhawan après qu’al-Hajjaj l’eut réprimandé pour avoir arrêté la lutte et lui ait demandé de poursuivre la confrontation avec Shabib et il envoya Sa’id Ibn Moujarid pour le remplacer à la tête de l’armée.

 

Il était obligatoire de faire face aux khawarije avec toute la volonté et la force possible parce qu’ils créaient trop de problèmes pour la stabilité de l’état et le détruisait de l’intérieur tandis que les gens étaient effrayés à leur simple mention.

Le trésor public devait impérativement faire de large dépense s’il voulait en finir avec eux et les rentrées d’argent pour l’état devenaient faibles car les gens refusaient de travailler, et particulièrement les fermiers, à cause de la crainte qu’ils éprouvaient envers les khawarije qui les terrorisaient. 

Sa’id Ibn Moujarid n’était pas l’homme qu’il fallait pour combattre les khawarije du fait qu’il ne connaissait rien de ses ennemis ni même comment les combattre. Après les avoir encerclés dans une ville du nom de Qatityah, Shabib ordonna aux khawarije de concentrer leur attaque sur Sa’id et de le tuer.

Une partie de l’armée de Koufa s’enfuit, en laissant Sa’id Ibn Moujarid qui résista à leur attaque mais Shabib s’avança et le frappa de son sabre à la tête et le tua. Les khawarije tuèrent un grand nombre d’entre eux tandis que le reste s’enfuit et rejoignit Jazl qui était resté dans le camp comme lui avait ordonné Sa’id.

Jazl Ibn Sa’id monta sur son cheval avec un groupe de ses compagnons et alla combattre les khawarije à son tour. Il combattit farouchement jusqu’à être grièvement blessé. Ses compagnons réussirent à le sortir de la bataille et l’emmenèrent à Mada'in tandis que le reste de l’armée s’enfuit à Koufa.

 

Après avoir battu une nouvelle fois les armées d’al-Hajjaj, Shabib traversa le Tigre et marcha sur Koufa ou se trouvait l’émir de l’Iraq. Al-Hajjaj lui envoya à nouveau mille cavaliers commandés par Souwayd Ibn ‘AbderRahmane Tha’ji at-Tamimi.

At-Tabari a dit à propos de cette armée : « Ils sont sortis à la rencontre de Shabib, la mort dans l’âme ».

Al-Hajjaj arma ‘AbderRahmane Ibn Qatan Ibn ‘Abdillah Ibn Houssayn Ibn Dzil Qoussah qui sortit avec une armée des gens de Koufa terrifiés et établirent leur camp à Sabakhah non loin de Koufa.  

Souwayd Ibn ‘AbderRahmane motiva les gens à l’expulsion de Shabib qui fit souffrir cruellement tous les gens qu’il trouva sur son chemin, y compris les bédouins.

Al-Hajjaj décida de quitter Koufa pour Basra et il nomma ‘Ourwah Ibn Moughirah Ibn Shou’bah émir de Koufa. Mais les gens avertirent ‘Ourwah que Shabib était en route pour Koufa et il envoya un messager à al-Hajjaj qui revînt aussitôt à Koufa pour faire face à la menace des khawarije.

Il arriva à l’entrée de la prière de la mi-journée, puis il rejoint les armées qu’il avait envoyées à Sabakhah ou il arriva à l’heure du crépuscule.

 

Shabib entra dans Koufa ou il ne trouva personne pour l’arrêter. Il alla au palais du gouverneur et endommagea la porte avec une barre de fer. Puis il alla à la mosquée de Koufa ou lui et ses partisans tuèrent les employés de la mosquée.

Ensuite, ils sortirent de la mosquée et allèrent voir le chef de la police d’al-Hajjaj, un homme des Bani Shayban nommé Hawsham, qui s’enfuit avant leurs arrivées. De là, ils allèrent à la mosquée des Bani Dzoul Shayban ou ils rencontrèrent Dzoul Ibn Harith qui avait fait la prière dans la mosquée de son clan et retournait chez lui.

Lorsqu’ils voulurent le tuer, il leur dit :

- « O Grand seigneur, je me plains auprès de Toi de ces gens-là et de leurs injustices et de leur ignorance. O Grand Seigneur je ne peux rien faire contre eux, sauve-moi d’eux ! » Et ils le tuèrent.

Shabib et les khawarije quittèrent Koufa et se dirigèrent de nuit vers al-Mardamah, une montagne des Bani ‘Amir.

 

Après tous ces évènements al-Hajjaj appela les gens, et le premier d’entre eux à venir fut ‘Uthman Ibn Qatan accompagné de ses servants et d’un groupe de son clan. Al-Hajjaj prépara quatre armées pour combattre Shabib et les khawarije.

Il nomma et envoya Bishr Ibn Ghalib Ibn Malik Ibn Jounadah al-Assadi à la tête de mille soldats, Zayd Ibn Qoudamah ath-Thaqafi avec mille guerriers, Abi Dourays le serviteur des Bani Tamim avec mille guerriers esclaves et A’yan le serviteur de Bishr Ibn Marwan avec mille autres combattants.

Muhammad Ibn Moussa Ibn Talhah Ibn ‘Oubaydillah at-Tamimi al-Qourayshi, ‘Abdel A’la Ibn ‘Abdillah Ibn ‘Amir Ibn Qourayz al-‘Abshami al-Qourayshi et Ziyad Ibn ‘Ataki al-Azdi se joignirent aussi aux armées d’al-Hajjaj.    

Muhammad Ibn Moussa Ibn Talhah était en route pour le Sijistan. ‘Abdel Malik Ibn Marwan venait de le désigner comme gouverneur pour cette région et lui avait demandé de passer par Koufa pour demander à al-Hajjaj de lui fournir deux-mille cavaliers mais vu la délicate situation où il se trouvait, al-Hajjaj demanda à Muhammad Ibn Moussa de les aider à combattre les khawarije avant de se diriger vers le Sijistan.

L’armée conduite par Muhammad Ibn Moussa, ‘Abdel A’la Ibn ‘Abdillah et Ziyad Ibn ‘Ataki était commandée par sept commandants.

Shabib et ses partisans se préparèrent pour le rencontre avec cette grande armée et marchèrent vers al-Qadissiyah. Al-Hajjaj lança à leur poursuite mille-huit-cent cavaliers commandés par Zahr Ibn Qays pour les intercepter et tuer Shabib.

Lorsque les deux groupes se rencontrèrent, comme d’habitude Shabib les battit et l’armée envoyée par al-Hajjaj s’enfuit du champ de bataille car Zahr avait été grièvement blessé et s’était effondré de son cheval si bien que les gens croyaient qu’il avait été tué. Quand la nuit arriva, il retrouva ses esprits et put rejoindre un petit village d’où il put après rejoindre al-Hajjaj et l’informa de ce qui était arrivé.

 

Les khawarije voulurent attaquer l’armée commandée par les quatre commandants qui campait à Rawd al-Bar. Al-Hajjaj leur envoya un messager pour les avertir que Shabib était en route pour les affronter et il nomma Zayd Ibn Qoudamah commandant en chef de cette armée en cas de bataille avec l’ennemi. Ainsi l’armée put se préparer pour l’affrontement.

La bataille commença et Souwayd Ibn Soulaym attaqua l’aile droite de l’armée de Koufa commandée par Ziyad Ibn ‘Ataki al-Azdi qui tint ferme l’assaut. Puis l’aile subit un second assaut et tint encore ferme et au troisième assaut Souwayd rompit l’aile droite.

Ziyad Ibn ‘Ataki combattit farouchement les khawarije. Il reçut plusieurs blessures et put se retirer sauf du champ de bataille. 

Ensuite, les khawarije attaquèrent ‘Abdel A’la Ibn ‘Abdillah Ibn ‘Amir qui rompit à la première attaque. ‘Abdillah Ibn ‘Amir s’enfuit et rejoignit Ziyad.   

Tous ceux qui s’enfuirent et se retirèrent de la bataille vinrent grossir les rangs de Muhammad Ibn Moussa Ibn Talhah qui fut attaqué par Sad Ibn Yazid ash-Shaybani, le frère de Shabib, qui attaqua l’aile gauche de l’armée de Koufa commandée par Bishr Ibn Ghalib al-Assadi.

L’aile fut dispersée tandis que Bishr avec cinquante de ses hommes tint ferme l’assaut et repoussa attaque après attaque jusqu’à qu’ils fussent tués.

Les khawarije continuèrent sur leur lancée et attaquèrent successivement le groupe sous le commandement d’Abi Dourays qui fut aussi vaincu et ils enfoncèrent celui de A’yan, le serviteur de Bishr Ibn Marwan. Puis les khawarije se retrouvèrent face au groupe commandé par le commandant en chef des armées Zayd Ibn Qoudamah ath-Thaqafi.

Zayd Ibn Qoudamah descendit de son cheval avec ses hommes et ils combattirent ainsi jusqu’à la nuit ou il fut tué par Shabib.

Abi Dourays, A’yan se sauvèrent chez al-Hajjaj tandis que Shabib ordonna aux khawarije d’arrêter le combat et il demanda au restant de l’armée de Koufa de lui porter allégeance ce qu’ils firent pour se protéger de leur mal.

 

Lorsque la prière de l’aube fut imminente, Muhammad Ibn Moussa Ibn Talhah, et un groupe de ses hommes qui n’avait pas fui et patienté lors des successifs affrontements, demanda à ce qu’on fasse l’Adhan[4].

Quand Shabib entendit l’appel, il demanda :

- Quel est cet appel, qui a fait cet appel sans l’autorisation du commandant de l’armée ? Les khawarije écoutèrent la source de l’appel et dirent :

- C’est Muhammad Ibn Moussa Ibn Talhah.

Alors Shabib fit à son tour l’appel à la prière et dirigea la prière en commun. Puis les khawarije l’attaquèrent jusqu’à ce que Muhammad Ibn Moussa et ceux qui étaient avec lui furent tués.

Shabib ne voulut pas le tuer et lui demanda de quitter le champ de bataille mais Muhammad Ibn Moussa Ibn Talhah refusa et préféra le combat. Batil, puis Qa’nan et Souwayd des khawarije lui proposèrent un duel mais il refusa et proposa à Shabib un duel qui accepta. Il se présenta avec une lourde barre de fer et frappa violemment Muhammad Ibn Moussa sur la tête et lui fendit le crâne. Puis il le couvrit d’un linceul et l’enterra.

Ensuite Shabib racheta aux khawarije que qu’ils avaient pris en butin du camp de Muhammad Ibn Moussa Ibn Talhah Ibn ‘Oubaydillah et l’envoya à la famille de Muhammad Ibn Moussa. Il dit aux khawarije : Il était mon voisin à Koufa et il est licite de donner aux apostats du butin.

Shabib a donné cette fatwa du fait qu’il voyait Muhammad Ibn Moussa comme son voisin non musulman et un apostat, Gloire à Allah !

Les gens de l’armée de Koufa qui avait porté allégeance à Shabib, profitèrent que les khawarije étaient occupés à combattre Muhammad Ibn Moussa pour tous s’enfuir.  

 

De nouveau après toutes ces successives défaites, al-Hajjaj prépara une nouvelle grande armée bien équipée avec le reste des soldats qu’il avait déjà auparavant envoyé. Mais ni le nombre et ni la force peut donner la victoire à une armée tant que l’armée n’a pas la volonté et la conviction de gagner la bataille.

Al-Hajjaj nomma ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at Ibn Qays al-Kindi à la tête de cette nouvelle armée qui comprenait six-mille combattants et lui ordonna d’aller combattre Shabib et de l’expulser. Il lui ordonna que s’il décidait de camper de creuser une tranchée autour du camp et de mettre des gardiens pour éviter d’être pris par surprise par les khawarije.

Puis, al-Hajjaj changea d’avis et nomma ‘Uthman Ibn Qatan commandant de cette armée en remplacement de ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at.

 

Savez-vous combien étaient les khawarije ?

Bien que cela peut sembler incroyable, ils étaient au nombre de cent-quatre-vint-et-un seulement ! Et l’armée d’en face six-mille !

Mais vous pouvez considérer ces six-mille ensemble (jami’an) mais leurs cœurs divisés (qouloubouhoum shattah) !

 

Shabib traversa le fleuve Houlayah et voilà ce que dirent les historiens : « Les armées pourtant si inégalement partagées se rencontrèrent et l’armée d’Iraq combattit férocement, tint ferme et résista mais Allah avait décidé d’un ordre prescrit ».

Les chefs de l’armée d’Iraq furent tués. ‘Uthman Ibn Qatan descendit de son cheval et combattit jusqu’à la mort. Quant à ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at, il réussit à s’enfuir avec une poignée de ses gens et fit parvenir aux autres qu’il se dirigeait vers Dayr Maryam.

Puis Shabib ordonna l’arrêt des combats. Il demanda au reste de l’armée d’Iraq de lui porter allégeance et il fut obéi. Une partie de l’armée s’était auparavant enfuit vers Koufa et lorsque ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at revint à Koufa, il se cacha de crainte de rencontrer al-Hajjaj. Ce n’est que lorsqu’il obtint la sécurité pour sa vie qu’il sortit de sa cachette. Mais qu’aurait pu lui faire al-Hajjaj du fait que toutes les armées qu’il avait envoyé furent battues.

 

 

L’armée des volontaires

 

Les gens d’Iraq furent grandement peinés par tous ces évènements auxquels ils décidèrent de faire face une nouvelle fois et cinquante-mille volontaires sortirent pour combattre les khawarije.

Al-Hajjaj nomma ‘Attab Ibn Warqah at-Tamimi à la tête de cette armée et envoya avec eux le respectable Compagnon Zour’ah Ibn Hawiyah at-Tamimi (qu’Allah soit satisfait de lui) des Bani Joushan Ibn Harith Ibn Ka’b Ibn Sa’d.      

Zour’ah Ibn Hawiyah (qu’Allah soit satisfait de lui) est celui qui tua Jalinous, le célèbre général perse lors de la bataille d’al-Qadissiyah qui eut lieu au mois de Sha’ban de l’année 15 de l’Hégire (636). Zour’ah était dans l’avant-garde de l’armée musulmane commandée par le respectable Compagnon Sa’d Ibn Abi Waqqas (qu’Allah soit satisfait de lui).

Al-Hajjaj envoya Zour’ah Ibn Hawiyah (qu’Allah soit satisfait de lui), qui était un très vieil homme, avec eux afin que les gens suivent ses conseils. Malgré son âge avancé, il était toujours prêt à combattre et al-Hajjaj envoya aussi avec eux Qabissah Ibn Waliq at-Taghlibi.

Puis il écrivit au cinquième calife omeyyade ‘Abdel Malik Ibn Marwan pour lui demander des renforts de l’armée de Syrie parce que d’après lui, il n’y avait aucun bien dans les soldats de Koufa.   

AbdelMalik Ibn Marwan lui envoya quatre-mille combattants commandés par Soufyan Ibn Abraj al-Kalbi et Habib Ibn ‘AbderRahmane al-Madhaji à la tête de deux autres milles guerriers.

 

 

En l’an 77 de l’Hégire (696), au lieu-dit Souk Hakamah, l’armée de Koufa rencontra les khawarije au nombre de six-cent commandés par Shabib. Au premier choc l’armée de Koufa s’enfuit et parmi eux ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at al-Kindi et Muhammad Ibn ‘AbderRahmane Ibn Sa’id Ibn Qaws al-Handani.

Au cours de cette bataille furent tués :

- ‘Attab Ibn Warqah at-Tamimi, le commandant général de l’armée,

- Zour’ah Ibn Hawiyah (qu’Allah soit satisfait de lui), le respectable Compagnon d’âge avancé à qui les khawarije ne firent pas miséricorde, pour ses services et son ancienneté dans l’Islam. Les khawarije l’écrasèrent et le piétinèrent avec leurs chevaux mais ils ne purent venir à bout de lui car il se défendait toujours avec son sabre malgré ses blessures. Al-Fadl Ibn ‘Amir ash-Shaybani descendit alors de son cheval et le tua.

Les khawarije tuèrent aussi Qabissah Ibn Waliq at-Taghlibi, qui était un brave vieil homme et lorsqu’ils le tuèrent, les Banou Taghlib furent très fâchés de son assassinat du fait qu’il était un de leurs nobles. Et Shabib dit aux khawarije :

- « O Musulmans, vous avez tué Qabissah Ibn Waliq et il leur lit : « Et raconte-leur l’histoire de celui à qui Nous avions donné Nos signes et qui s’en écarta. Le Diable, donc, l’entraîna dans sa suite et il devint ainsi du nombre des égarés[5] », ceci est l’exemple du fils de votre oncle Qabissah Ibn Waliq. Il est venu voir le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) puis est devenu musulman et maintenant, il est venu vous combattre avec les mécréants.

Puis, il se tourna vers la dépouille de Qabissah et lui dit :

- « Sois tu perdu ! Pourquoi n’es-tu pas resté ferme dans ton premier Islam ! »

Ceci est le discours de la doctrine déviante des khawarije. S’ils agissaient ainsi envers les Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et les héros de l’Islam, qu’attendez-vous donc qu’ils fassent au commun des Musulmans ?

 

Lorsque l’armée de Syrie arriva à Koufa, al-Hajjaj Ibn Youssouf ath-Thaqafi monta sur la chair de la mosquée et harangua les gens : « Ceci dit : O gens de Koufa, pas de puissance pour vous si Allah ne l’a pas voulu pour vous et pas de victoire pour vous si Allah ne l’a pas voulu pour vous. Partez et ne sortez pas combattre avec nous nos ennemis. Allez chez les Juifs et les Chrétiens ! »

 

Pourquoi ces khawarije sont-ils victorieux alors qu’ils sont dans l’erreur ? Ceci est la question ! Et pourquoi les gens de Koufa sont-ils toujours battus quand leur nombre est bien supérieur ?

Je vais vous raconter cette histoire peut-être comprendrez-vous la différence entre eux et les gens d’Iraq. Il est dit que Shabib descendit dans une région du nom de Sourah et dit à ses partisans :

- « Qui d’entre vous me ramèneras la tête de l’émir de Sourah (qui pour eux était un mécréant) ? »

Cinq de ses partisans sortirent pour s’occuper de cette affaire. Ils allèrent chez le gouverneur, le tuèrent, tranchèrent sa tête et la ramenèrent à Shabib. Ils prirent aussi tout ce qu’ils trouvèrent d’argent et de bien chez lui qu’ils chargèrent dans des sacs sur un mulet.

Lorsqu’ils revinrent Shabib, leur demanda :

- « Que vous nous avez donc rapporté ? » Ils répondirent :

- « Nous t’avons rapporté la tête du pervers et ses biens ».

- « Vous avez rapporté la sédition pour les Musulmans » leur dit Shabib tout en transperçant les sacs contenant les biens. Puis il frappa le mulet qui partit semant l’argent par les trous fait dans les sacs.

Ceci nous montre que bien dans leur égarement évident, ces gens étaient des ascètes alors que les gens d’Iraq courraient pour les biens de ce monde et ces douceurs.

Les khawarije lorsqu’ils combattaient le faisaient pour atteindre le martyr ou la victoire tandis que l’armée d’Iraq, qui se vautraient dans leurs biens et leurs conforts, et qui contrairement aux Syriens étaient désobéissants à celui qui détenait le pouvoir.

Les gens d’Iraq lorsqu’ils combattaient, ils se sauvaient au premier choc et c’est pour cela que lorsque les gens de Syrie arrivèrent, qui étaient renommés pour leur obéissance aveugle au calife, réussirent là ou toutes les armées d’Iraq avaient failli, en battant les khawarije et à les expulser.

 

 

Les khawarije rentrent de nouveau dans Koufa

 

Shabib marcha sur Koufa avec sa troupe pour écraser l’armée d’Iraq une huitième fois. Il s’arrêta à Hamam A’yam en souvenir d’A’yam, le serviteur de Bishr Ibn Marwan tandis qu’al-Hajjaj se trouvait à Koufa.

Al-Hajjaj lui envoya une troupe de mille cavaliers commandée par Harith Ibn Mou’awiyah Abi Zour’ah ath-Thaqafi. Shabib Ibn Yazid le tua au premier affrontement et l’armée d’Iraq s’enfuit et retourna à Koufa.  

Puis Shabib traversa le pont et descendit à Sabakhah ou il établit son campement menaçant directement une nouvelle fois Koufa ce qui poussa les gens de la ville à s’organiser pour se défendre et à défendre leurs biens.

Al-Hajjaj envoya aussi ses partisans défendre la ville tandis qu’il envoya un de ses serviteurs Abou al-Ward avec une troupe combattre Shabib mais Shabib le tua et la troupe fut défaite.

Al-Hajjaj lui envoya une nouvelle troupe commandée par Touhman mais le résultat fut le même et Touhman fut tué et son armée mit en déroute. Shabib rentra une nouvelle fois à Koufa pour faire permettre à sa femme Ghazalah de tenir un pacte qu’elle avait jurée d’accomplir. Elle avait juré de prier deux unités de prières dans la mosquée de Koufa et de réciter la totalité de la Sourate al-Baqarah dans la première Rak’a et la Famille d’Imran dans la seconde. Puis lorsqu’elle eut finit les khawarije quittèrent la ville et c’est tout ce qui arriva.

Shabib prouvait par cela qu’il était un redoutable chef et combattant.

 

 

L’armée de Syrie et la défaite des khawarije

 

Quant al-Hajjaj vit ce qui était arrivée à toutes les troupes qu’il avait envoyé et avant de rentrer dans la décisive bataille qui allait s’ensuivre entre eux et les khawarije, il convoqua toutes les personnes importantes et tint un conseil de guerre. Il leur demanda d’exprimer leurs idées mais tous restèrent silencieux du fait de la crainte qu’ils éprouvaient à son égard.

Enfin un homme se leva et dit :

- « Si l’émir m’autorise, je parlerais ! »

- « Parles » lui répondit al-Hajjaj.

- « L’émir n’a été utile en rien ni pour le calife et ni pour nous ». Puis il s’assit.

- « Qui est celui qui a parlé ? » L’homme se leva et c’était Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili. Il dit alors :

- « Comment peux-tu envoyer des paysans combattre aux côtés d’un noble ? Il est alors normal que le noble a honte de combattre jusqu’à la mort seul tandis que ceux qui l’accompagnaient s’enfuient du champ de bataille ! »

- « Quel est ton avis alors ? »

- « Mon avis est que tu sortes en personne combattre avec eux ! »

Et al-Hajjaj semblait déjà persuadé que c’était la seule solution qui lui restait. Il dit :

- « Vas, trouve moi un endroit adéquat ou je puisse établir un camp de guerre et reviens me voir ». 

Qoutaybah Ibn Mouslim fit ce qu’on lui demandait et il revint le lendemain voir al-Hajjaj et les armées se réunirent à cet endroit.   

  

Al-Hajjaj organisa l’armée puis il sortit en compagnie de l’armée de Syrie à la rencontre des khawarije à Sabakhah ou ils avaient établis leur camp.

Avant la bataille al-Hajjaj harangua l’armée de Syrie et dit :

- « O gens de Syrie, ô gens qui écoutent et obéissent, ô gens de patience et de certitude, aucune fourberie ne peut venir à bout de vous, baissez vos regards et maintenez-vous fermement sur vos montures ».

 

L’armée de Syrie suite aux paroles d’al-Hajjaj resserrèrent leurs rangs et pointèrent leurs lances leur l’ennemi, voulant ainsi dire qu’ils étaient prêts pour la bataille.

Alors Shabib et ses cavaliers donnèrent l’assaut mais l’armée de Syrie reste ferme. Puis assaut après assaut des khawarije, l’armée de Syrie ne fut pas ébranlée bien au contraire, elle commença à gagner sur terrain sur l’ennemi.

Shabib et les khawarije tentèrent plusieurs astuces mais aucune ne put venir à bout de la fermeté de l’armée de Syrie. Et pour la première fois, ils eurent à faire face à un adversaire beaucoup plus redoutables à ce quoi ils avaient été habitués.

L’armée de Syrie doucement et surement fit reculer les khawarije, et lorsque Shabib Ibn Yazid vit la fermeté des gens qui leur faisaient face, il appela ses hommes à se regrouper autour de lui et ils combattirent comme des damnés.

Mais rien n’y fit et par la grâce d’Allah, l’armée de Syrie resta stoïque. A ce moment précis Khalid Ibn ‘Attab Ibn Warqah at-Tamimi demanda la permission à al-Hajjaj de l’autoriser à attaquer le campement de Shabib Ibn Yazid pour venger la mort de son père ‘Attab Ibn Warqah.

Al-Hajjaj lui donna la permission et Khalid attaqua leur camp. Moussa Ibn Yazid, le frère de Shabib et aussi un des chefs des khawarije fut tué lors de cet assaut contre leur camp de même que l’épouse de Shabib, Ghazalah à qui ils tranchèrent la tête. Puis Khalid brûla leur camp.     

Lorsque les khawarije virent le feu et la fumée se dégager de leur camp, ils abandonnèrent la bataille et s’enfuirent poursuivit par les Musulmans. 

S’il est vrai que les khawarije sont braves et de redoutables combattants, il est aussi vrai qu’ils peuvent être battu par des gens braves, courageux et motivés et patients !

 

 

 

La bataille de Djis Dzoujahil

 

Al-Hajjaj envoya trois-mille soldats de Syrie sous le commandement de Habib Ibn ‘AbderRahmane al-Hakami al-Madhaji à la poursuite des khawarije en lui demandant d’observer la plus stricte prudence pour ne pas tomber dans un piège préparé par Shabib et ceux qui étaient avec lui.

Habib Ibn ‘AbderRahmane descendit à Anbar ou il fit annoncer aux khawarije que ceux d’entre eux qui se rendraient se verrait accorder la sécurité. Cette proposition divisa les khawarije entre eux et un grand nombre d’entre eux abandonnèrent Shabib et ne resta avec lui que les chiens des gens de l’enfer.

Shabib essaya de piéger l’armée de Syrie, mais ces derniers s’attendaient à toutes traitrises de leur part et une nouvelle bataille eut lieu ou trente d’entre eux trouvèrent la mort.

Shabib fut incapable de provoquer la moindre fissure dans l’armée de Syrie et les khawarije durement éprouvés durent s’enfuir une nouvelle fois à Kirmân pour n’avoir jamais connu auparavant des gens combattant si farouchement. 

 

Al-Hajjaj Ibn Youssouf honora à juste titre et grandement tous les chefs et les soldats qui avaient participés à la bataille contre les khawarije pour leurs volontés et leurs courages. Puis il prépara une nouvelle armée pour rattraper Shabib et le combattre à la tête de qui il nomma Soufyan Ibn al-Abraz al-Kalbi.

Ensuite, il écrivit à son émir à Basra, Hakam Ibn Ayyoub Ibn abi ‘Aqil ath-Thaqafi, et lui demanda d’envoyer un renfort de quatre-mille hommes de Basra à Soufyan Ibn al-Abraz al-Kalbi. Hakam Ibn Ayyoub lui envoya une armée commandée par Ziyad Ibn ‘Amr al- ‘Ataki al-Azdi. 

L’armée de Syrie commandée par Soufyan rencontra l’armée de Shabib à Djis Dzoujahil qui traversa le pont avec ceux qui étaient avec lui. Soufyan et ses hommes descendirent de leur cheval pour l’affrontement et Shabib donna l’assaut successivement plus de trente fois mais l’armée de Syrie resta inébranlable. 

Puis Soufyan et ses soldats repoussèrent les khawarije vers le pont. Le combat dura jusqu’à la nuit et dès la tombée de l’obscurité les khawarije en profitèrent pour se sauver sous le couvert du manteau de la nuit. Quant à Shabib, il glissa sur le pont, tomba dans l’eau et mourut noyé.

 

Il est aussi rapporté qu’un groupe des khawarije coupa le pont et Shabib tomba dans l’eau ou il se noya. Ils firent cela parce qu’il avait tué beaucoup de gens de leurs peuple et pour les venger. Lorsqu’il tomba dans l’eau, il était vêtu d’une lourde armure de combat et il ne put pas nager pour retourner sur la rive et il se noya.

Au matin les gens de l’armée de Syrie récupérèrent le corps de Shabib Ibn Yazid, l’infâme khariji qui mourut alors qu’il était âgé de 52 ans. Sa mère qui était une captive romaine devint musulmane après sa mort.  

Ainsi prit fin l’histoire de la révolte des khawarije menée par Shabib Ibn Yazid Ash-Shaybani.

 

 

En l’an 77 de l’Hégire (696), al-Hajjaj nomma Moutarif Ibn Moughirah Ibn Shou’bah émir de Mada'in mais il se rebella contre ‘Abdel Malik Ibn Marwan et al-Hajjaj Ibn Youssouf parce qu’ils étaient deux tyrans qui tuaient par colère et levaient des impôts de force.

Moutarif Ibn Moughirah Ibn Shou’bah n’était pas un khariji qui suivait la doctrine des khawarije mais tout simplement un rebelle contre l’état, qui a quitté le groupe de la communauté.

Al-Hajjaj envoya ‘Ali Ibn Wattad à la tête de six-mille hommes pour le combattre alors que Mouqaris et ses partisans descendirent au environ de Qom, de Qashan et d’Ispahan. Il eut lieu une grande bataille et Moutarif Ibn Moughirah Ibn Shou’bah fut tué par ‘Omar Ibn Houbayrah al-Fazari. 

‘Omar Ibn Houbayrah al-Fazari allait jouer un rôle important dans le règne des Omeyyades comme nous allons le voir par la suite.

 

 

 

La division des khawarije

 

Cette même année, les Musulmans combattirent les khawarije al-azariqah, les partisans de Qatari Ibn Fouja’a al-Madini at-Tamimi qui contrôlaient Kirmân et qui étaient assiégés et harcelés par al-Mouhallab qui les empêchaient de s’étendre.

Il eut lieu entre les deux groupe une écrasante bataille mais qui ne fut pas décisive. Al-Mouhallab les combattit aussi à Jiraft, la capitale de Kirmân pendant plus d’une année.

Al-Hajjaj lui envoya par la suite par Bara Ibn Qabissah pour le sermonner de n’avoir pas combattu comme il l’aurait voulu les khawarije et pour le presser d’en finir avec eux. Mais quand il assista lui-même au combat entre al-Mouhallab et les khawarije, il retourna chez al-Hajjaj et l’informa qu’il faisait de son mieux pour venir à bout d’eux.

 

Il arriva qu’un homme des Bani Dabbah du nom d’al-Mouqarta’ tua l’un des azariqah. Ils allèrent voir al-Qatari Ibn Fouja’a et lui demandèrent de leur remettre l’assassin mais il refusa et leur répondit qu’il avait juste fait une erreur. 

Les khawarije sont bien connus pour leur avis juridiques instantanés. Al-Qatari ne pouvait pas nier que l’assassin était parmi eux donc, il devait trouver une rapide solution pour éviter au khariji d’être tué.

Et à cause de cela les khawarije se divisèrent en deux groupes. Le deuxième groupe porta allégeance à un homme du nom de ‘Abdou Rabbih al-Kabir, des Banou Tamim Ibn ‘Awf Ibn Ka’b Ibn Sa’d. Et il ne resta avec al-Qatari qu’un quart des hommes.

Puis les deux groupes de khawarije s’entretuèrent entre eux durant pratiquement un mois et al-Qatari Ibn Fouja’a dut partir avec ses partisans au Tabaristan.    

Al-Mouhallab profita de cette opportunité pour attaquer et tuer ‘Abdou Rabbih al-Kabir et quatre-mille de ses partisans. Al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah ordonna que leurs femmes soient violées pour venger les femmes musulmanes qui avaient été violées par les khawarije.

Ceci est un des résultats de la sédition des khawarije qui jetaient l’anathème sur les Musulmans rendaient leur sang, leurs biens et leurs familles licites pour eux ! Il n’y a de force et de puissance qu’en Allah !

 

Après cela, al-Hajjaj envoya une autre armée sous le commandement de Soufyan Ibn Abrad al-Kalbi, un grand général, à la poursuite d’al-Qatari Ibn Fouja’a au Tabaristan. Il envoya avec lui Ishaq Ibn Muhammad Ibn Ash’at qui devint commandant général de l’armée lorsqu’ils arrivèrent au Tabaristan ou ils pourchassèrent al-Qatari Ibn Fouja’a et ceux qui étaient avec lui.

Une bataille s’ensuivit entre les khawarije et l’armée d’al-Hajjaj. Une partie des khawarije abandonnèrent leur chef et s’enfuirent. Il est dit qu’al-Qatari tomba de sa monture et qu’il fut rattrapé et tué. Il y a plusieurs versions sur sa mort mais nous nous contenterons de celle-ci.

Ils tranchèrent sa tête et l’envoyèrent à al-Hajjaj qui l’envoya à ‘Abdel Malik Ibn Marwan.

Soufyan Ibn Abrad continua sa route et rattrapa ‘Oubaydah Ibn Hilal qui s’était fortifié dans un fort de la ville de Homs. Puis il assiégea le fort tant et si bien qu’ils n’eurent d’autres solutions que de tenter une sortie. Soufyan les massacra et envoya leurs têtes à al-Hajjaj.

 

Après ces pénibles événements, qu’il fut aussi difficile de vous rapporter et que vous avez peut-être trouvé extrêmement dérageant comme moi, il est clair que les séditions des khawarije furent un fléau tant pour les Musulmans en général que pour l’état qui dû employer de grands moyens tant en hommes qu’en logistique pour en venir à bout.

Certes, on pourrait se poser certaines questions sur le pourquoi et le comment de certains hommes mais l’histoire est passée et s’il nous est facile d’être critique qu’en aurait-il été de nos réactions et de nos engagements si nous avions vécu à cette époque ?

Que chacun garde au fond de soi ce qu’il pense, bien que parfois, il fut difficile de rester impassible au regard de certains évènements. Quant aux khawarije, il ne fait aucun doute que l’on ne peut que les détester.

Ils causèrent de grands tords tant en vie qu’en bien mais aussi en sécurité et en mal au jeune état islamique. D’ailleurs leur mal allait s’étendre même en Afrique ou ils allaient fuir par la suite. 

 

Après être venu à bout de ces séditions la paix revint chez les Musulmans et tant que l’état omeyyade resta fort, les khawarije allaient rester silencieux. Hélas l’histoire des khawarije n’allait pas s’arrêter ici.

 

Et à la fin, le cinquième calife des Musulmans ‘Abdel Malik Ibn Marwan réussit à ramener la paix et la sécurité dans tout l’empire musulman.

                 



[1] ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) fut surnommé ainsi par le Messager d’Allah (saluts et bénédictions d’Allah sur lui) car suite à une dispute conjugale avec Fatimah (qu’Allah soit satisfait d’elle), la fille du Messager d’Allah (saluts et bénédictions d’Allah sur lui), il alla à la mosquée ou il s’endormit. Et lorsque le Messager d’Allah (saluts et bénédictions d’Allah sur lui) le trouva dans la mosquée, il lui essuya la terre qui était collée sur son visage et lui dit : Assis-toi ô Abou Tourab (père de la terre) !

[2] Bien souvent dans le texte, il y a des tournures de phrases qui sont intraduisibles en langue française. Il faudrait être un Arabe pour comprendre l’exact sens. Il y a dans la lettre du calife, de graves insultes qui pourraient être incompréhensibles par des européens si elles étaient traduites. Nous essayons à chaque fois d’être le plus proche du sens mais dans le cas présent, nous ne pouvons pas reproduire totalement les insultes et les menaces sous-entendu dans cette lettre. Par exemple, il est sous-entendu : Nous « allons te frapper si violemment que tu vas retourner dans l’orifice duquel tu es sorti. 

[3] Jurisprudence.

[4] Appel pour la prière.

[5] Sourate al-A’raf (7), verset 175.