Al-Qadir Billah, le vingt
cinquième calife abbasside
Les Daylamites et les Turcs se mutinèrent et
réclamèrent l’argent de la nouvelle succession et empêchèrent que le
nom personnel du calife soit mentionné dans le sermon de vendredi ;
la formule utilisée était : Seigneur fait prospérer Ton servant et
député (le calife al-Qadir Billah), sans mention du nom. Des
négociations eurent lieu entre Baha ad-Dawlah et l’armée et après
avoir satisfait les officiers en chef, il assigné 800 dirhems par
tête. Ils leur furent tous demandés de promettre fidélité et ils
acceptèrent de garder le silence et d’obéir. La Khoutbah fut alors
dite au nom du commandant des croyants, al-Qadir Billah, Abou
al-‘Abbas Ahmad le vendredi 3 mois de Ramadan.
Al-Khatib a rapporté qu’al-Qadir fut distingué pour
sa rectitude et sa noblesse de caractère, et une admirable conduite
conformément aux récits rapportés sur lui. Il étudia la
jurisprudence sous le savant Abou Bishar al-Harawi
ash-Shafi’i et composa un traité sur les principes fondamentaux de
la foi dans laquelle il introduisit les mérites des Compagnons
(qu’Allah soit satisfait d’eux) et accusa d’impiété les mou’tazilite
et ceux qui affirmèrent la création du Qur’an et ce travail avait
l’habitude d’être lu tous les vendredis, dans un assemblée de
Traditionnistes dans la mosquée d’al-Mahdi et en présence des gens.
Ad-Dahhabi a rapporté au mois de Shawwal de l’année
de son acquisition, une audience publique fut tenue durant laquelle
le calife al-Qadir et Baha ad-Dawlah engagèrent leur foi l’un à
l’autre et al-Qadir l’investit de l’autorité partout où le
territoire Abbaside était reconnu à partir du seuil de sa propre
porte.
Cette même année, Abou al-Foutouh al-Hassan
Ibn Ja’far, le gouverneur de La Mecque revendiqua la souveraineté
pour lui, s’attribua le titre d’ar-Rashid Billah et il fut salué par
le titre de calife. Le souverain d’Egypte eut beaucoup
d’appréhension mais peu après, Abou al-Foutouh renonça à ses
prétentions et porta allégeance à al-‘Aziz al-‘oubaydi.
Durant l’année 381 de l’Hégire (991), arrivèrent
les nouvelles de la mort de Sa’d ad-Dawlah Abou al-Ma’ali, le fils
de Sayf ad-Dawlah après qu’il eut exécuté son Mawlah Bakjour.
Sa’d ad-Dawlah avait un Mawlah appelé Bakjour,
qu’il préférait et qu’il fit gouverneur de Raqqah et de Rahbah.
Ce dernier nomma comme son secrétaire Abou al-Hassan Ibn ‘Ali
Ibn Houssayn al-Maghribi. Après avoir conservé son poste de
gouverneur pour une période considérable, Bakjour devint ingrat et
considéra à se révolter. Il séduit certains de ses compagnons qui le
rejoignirent et divulgua son plan à son secrétaire Abou al-Hassan
al-Maghribi, qui lui conseilla d’ouvrir des négociations avec le
souverain d’Egypte al-‘Aziz et de s’attacher à lui. Bakjour accepta
la suggestion et lui écrivit pour demander la permission se
présenter à la cour égyptienne, qui lui fut accordée. Bakjour quitta
par conséquence Raqqah après avoir laissé derrière lui son député
Salamah Rashiqi et prit certains membres de sa famille comme otages
pour sa loyauté. Il fut rencontré par une délégation du souverain
d’Egypte qui lui attribua une robe d’honneur, et le nomma gouverneur
de Damas. Il prit ses quartiers dans cette ville, qui lui fut
abandonnée par son ancien gouverneur, où il trouva que les jeunes de
la ville en avaient pris le contrôle. Il les attaqua et en tua un
certain nombre protégeant ainsi son autorité. Bakjour entreprit une
correspondance avec ‘Issa Ibn Nestorius, le chrétien précédemment
mentionné, dans un style moins exalté que ce dernier s’était attendu
causant ainsi une inimitié entre les deux. Néanmoins, ‘Issa nourrit
sa rancune et diffama Bakjour, qui cessa de correspondre avec lui et
se plaignit de lui au souverain d’Egypte. Le souverain ordonna ‘à
Issa de reprendre des relations amicales avec lui et ‘Issa obéit
ouvertement mais désobéit secrètement. Bakjour, qui craignait sa
traîtrise se rapprocha de certaines tribus arabes et s’allia
matrimonialement avec eux. Ils épousèrent volontiers sa cause et il
revint à Raqqah. Une lettre de remontrance lui fut envoyée par le
souverain d’Égypte à laquelle il répondit avec une excuse courtoise.
Bakjour avait certains amis dans Halab, qui
lui écrivirent et lui suggérèrent de saisir le gouvernement et
l’assurèrent que Sa’d ad-Dawlah était entièrement consacré à ses
plaisirs. Induit en erreur par leurs mots, il écrivit au souverain
d’Égypte et lui offrit de prendre Halab pour son compte et
lui demanda des renforts et des réserves. Toutes ses demandes furent
accordées et le souverain d’Egypte écrivit à Nazzal Ghouri, et lui
demanda de rejoindre Bakjour à chaque fois qu’il lui serait demandé
et sans un mot de plus. Ce Nazzal était un grand capitaine maghrébin
et le préféré favori de ‘Issa Ibn Nestorius.
‘Issa écrivit en privé à Nazzal et lui demanda
d’hâter ouvertement son soutien à Bakjour mais de l’attarder
secrètement, pour que quand Bakjour viendrait au combat décisif
contre son maître Sa’d ad-Dawlah, il soit trop tard pour le sauver.
Bakjour sortit alors de Raqqah et écrivit à Nazzal
et lui demanda de sortir de Tripoli pour qu’ils puissent arriver en
même temps à Halab. Nazzal fit lentement ce qu’on lui
demandait. Il envoya des messagers à Bakjour lui annonçant son
arrivée à chaque étape et l’assurait qu’il l’atteindrait rapidement.
Pendant ce temps Sa’d ad-Dawlah écrivit à l’empereur byzantin, et
l’informa de la rébellion de Bakjour et lui demanda d’écrire à
Bourji, son gouverneur d’Antioche, pour lui ordonner de marcher et à
chaque fois qu’il lui serait demandé, à l’aide de Sa’d ad-Dawlah.
L’empereur donna les ordres que Sa’d ad-Dawlah sollicita. Lorsque
Bakjour arriva, Sa’d ad-Dawlah écrivit à Bourji, qui par conséquence
se mit en route. Sa’d ad-Dawlah déploya ses armées sur le champ de
bataille pendant que Lou'lou' al-Jarrahi agissait comme son
chambellan. La seule tribu arabe qui était avec lui était les Banou
‘Amr Ibn Kilab, au nombre de cinq-cents cavaliers, mais tous des
hommes courageux tandis que les autres tribus arabes étaient au côté
de Bakjour. Sa’d ad-Dawlah se réjouit de ce qu’il vit des troupes de
son chambellan et de leur équipement. Il descendit alors de sa
monture, pria et se couvrit le visage de terre et supplia Allah
Exalté pour la victoire. Il appela alors son secrétaire et lui
demanda d’écrire à Bakjour, en faisant tout son possible pour le
prendre par les sentiments, lui rappelant le pouvoir divin et lui
offrant en fief le territoire entier de Raqqah à la porte de Homs.
Il l’invita à déposer les armes et se souvenir de ses engagements
quand il était esclave. Le messager apporta la lettre et quand
Bakjour l’a vit, il dit : « La réponse consiste en ce tu vas voir
avec tes yeux ». Le messager rapporta cette réponse à Sa’d ad-Dawlah
et l’informa que Bakjour suivait sa piste. Sa’d ad-Dawlah donna
alors des ordres et les deux armées s’approchèrent l’un de l’autre,
les lignes furent formées et les escarmouches débutèrent.
Quand un des cavaliers de Sa’d d’al-Dawlah revenait
avec une blessure de lance ou d’épée il recevait une robe d’honneur
et un présent. Quand d’autre part un des partisans de Bakjour lui
revenait dans une semblable condition, il était avare envers lui et
ordonnait misérablement que le nom de l’homme soit consigné pour que
son cas puisse être considéré plus tard. Sa’d ad-Dawlah écrivit aux
Arabes qui étaient avec Bakjour, et leur offrit non seulement
l’amnistie, mais les attira avec des promesses. Quand ils reçurent
ses lettres, ils se retournèrent contre les bagages de Bakjour
qu’ils pillèrent avant de l’abandonner pour rejoindre Sa’d
ad-Dawlah.
Bakjour ayant vu qu’il faisait face à différents
problèmes, le retard de Nazzal, la désertion des Arabes, la lenteur
des amis qui lui avait promis de venir le rejoindre sitôt qu’ils le
verraient, convoqua son secrétaire Abou al-Hassan al-Maghribi
et lui dit : « Tu m’as
trompé. Quel est ton plan maintenant ? » Il répondit : « Prince, je
ne t’ai dit que la vérité et ai fait tout mon possible pour te
donner les meilleurs conseils. La meilleure chose à faire dans ces
circonstances, c’est de revenir à Raqqah et d’écrire au souverain
d’Egypte pour l’informer du comportement de Nazzal envers toi et de
demander une aide supplémentaire ». Il y avait dans son armée un
officier de grade analogue à celui d’Abou al-Hassan
al-Maghribi, qui quand il entendit cette conversation, dit à Bakjour
: « Quand ton secrétaire est assis dans sa chaise, il affirme que la
plume triomphera de la flamme ; et quand la réalité se présente, il
nous conseille de nous enfuir. Par Allah, nous ne ferons rien de la
sorte ». Et, il jura sur le divorce et Abou al-Hassan
al-Maghribi entendant ce qu’il dit, fut pris d’effroi. Il avait
proposé à un Bédouin des Banou Kilab de l’emmener à Raqqah, en cas
de défaite, en lui offrant une récompense de mille dinars pour ce
service et après avoir conçu de la frayeur des dire de l’homme, il
alla trouver le Bédouin et ensemble, ils partirent à Raqqah.
En trouvant ses perspectives désespérées, Bakjour
décida d’attaquer en compagnie d’un certain nombre de ses meilleurs
éléments la ligne où Sa’d ad-Dawlah se trouvait et de lui porter un
coup fatal. En choisissant ses meilleures soldats, il leur dit :
« La bataille a atteint un point où il ne nous reste que deux
alternatives : la lumière (la joie) ou la destruction. J’ai conçus
un certain plan. Si vous m’aidez, j’ai l’espoir que vous gagnerez ce
jour ». Ils lui dirent qu’ils étaient prêts à lui obéir et qu’ils
n’avaient aucun désir de sauver leurs vies à ses dépens. Mais l’un
d’entre eux l’abandonna, se rendit à Lou'lou' al-Jarrahi et
lui dévoila leur plan.
Lou'lou' se dépêcha d’aller trouver Sa’d ad-Dawlah,
lui rapporta les faits et lui dit : « Bakjour est désespéré et
réalisera certainement son dessein. Echangeons nos positions, prends
ma place et moi la tienne, pour que je puisse me tenir debout à ton
poste et te protéger ainsi que ta dynastie ».
Sa’d ad-Dawlah accepta son offre et permit à
Lou'lou' de prendre son emplacement sous la bannière. Bakjour
s’élança avec ses quatre-cents hommes complètement armés, et
chargèrent avec une telle violence qu’il rompit la ligne de défense
et renversa tous ceux qui se trouvèrent sur sa voie avant d’arriver
à Lou'lou' qu’il supposa être Sa’d ad-Dawlah. Il donna un puissant
coup à Lou'lou' qui fendit son casque et pénétra sa tête. Loulou’
tomba à terre. Cependant, l’armée chargea Bakjour et Sa’d ad-Dawlah
se dépêcha de revenir à son poste, en se montrant à ses hommes, qui
quand ils le virent retrouvèrent leur courage, maintinrent leurs
positions et luttèrent fermement jusqu’à l’épuisement des ressources
de Bakjour qui s’enfuit alors avec seulement sept survivants.
Il chevauchait un cheval qui avait coûté mille
dinars et arriva à un cours d’eau, d’environ 2 mètres de large, qui
amenait l’eau vers un moulin d’un bord d’une route. Il essaya par
tous les moyens de faire traverser sa monture qui refusa de bouger.
Il fut alors assailli par dix cavaliers arabes qui le firent
descendre ainsi que ses compagnons de leur monture qui les
dépouillèrent de leurs vêtements et de leurs affaires avant de
s’enfuirent. Bakjour et ses disciples se réfugièrent dans le moulin,
où ils se cachèrent pendant un certain temps avant de sortir dans un
champ cultivé, quand certains Arabes passèrent près d’eux, dont l’un
était des Banou Qatan, que Bakjour employait souvent pour les
affaires importantes. Bakjour l’appela et il revint sans toutefois
reconnaître Bakjour, qui après lui avoir demandé une promesse de
protection, fut reconnu. Il lui offrit alors autant d’or que son
chameau pourrait porter s’il le ramenait à Raqqah. L’homme le fit
monter sur sa monture derrière lui puis le ramena dans sa tente où
il lui donna des vêtements. Sa’d ad-Dawlah avait envoyé pendant ce
temps la cavalerie à sa poursuite dans d’autres directions, en
offrant une large récompense à quiconque lui ramènerait Bakjour. Le
Bédouin devint méfiant et sa cupidité fut excitée par les sommes
offertes par Sa’d ad-Dawlah. Il consulta son oncle sur l’affaire,
qui lui dit que Bakjour était un avare qui ne tiendrait probablement
pas sa promesse tandis que s’il allait trouver Sa’d ad-Dawlah, il
recevrait son cadeau. Par conséquent, le Bédouin procéda au camp de
Sa’d ad-Dawlah, l’informa de la condition de Bakjour et demanda en
échange de 200 Faddan[1]
de terre agricole, 200.000 dirhams, cent chameaux chargés de blé et
cinquante pièces de tissus. Sa’d ad-Dawlah se prépara à lui concéder
tout ce qu’il demanda. Il fut décidé que le Bédouin devrait aller
chercher Bakjour. Quand Lou'lou' al-Jarrahi, entendit cela,
bien que blessé, il réussit avec l’aide de ces hommes à prendre
place sur sa monture est parti trouver Sa’d ad-Dawlah.
S’étant présenté, il demanda des informations au
bédouin et lorsqu’il fut informé il lui demanda ou sa tribu campait.
Ce dernier répondit qu’elle était stationnée dans une prairie à
quatre kilomètres de là. Lou'lou', après avoir appelé un certain
nombre de ses hommes, leur ordonna de procéder immédiatement au
campement des bédouins, d’arrêter Bakjour et de le lui ramener. Ils
partirent aussitôt tandis que Lou'lou' empoigna la main du bédouin,
qui réclamait de l’aide. Lou'lou', avançant vers Sa’d ad-Dawlah, et
lui dit : « Ne me réprimande pas pour cette action, qui provient de
mon attention dans ton service ». Sa’d ad-Dawlah lui répondit qu’il
avait fait la bonne chose et lui exprima son admiration. Quelques
heures après, Bakjour fut présenté et Sa’d ad-Dawlah demanda conseil
à Lou'lou' quant à son destin. Il lui conseilla de l’exécuter, par
peur que la sœur de Sa’d al-Dawlah intercède pour lui et qu’il ne
soit obliger de le relâcher. Les ordres furent alors donnés pour
qu’il soit décapité.
Sa’d ad-Dawlah procéda à Raqqah et campa à
l’extérieur de la ville. Il y avait dans la ville Salamah
ar-Rashiqi, Abou al-Hassan al-Maghribi, les enfants de
Bakjour, sa famille et tous ses biens. Sa’d ad-Dawlah écrivit à
Salamah et lui demanda de rendre la ville. Il répondit : « Je suis
ton esclave et l’esclave de ton esclave, seulement je suis sous
serment et sous pacte avec Bakjour, de qui, je ne peux être libéré
seulement d’une ou deux façons : Sois tu assures la vie à ses
enfants et ses femmes et tu te contentes de leur prendre les
munitions de guerre, en faisant le serment de ne pas outrepasser
cela, ou en combattant pour réaliser aux yeux de Dieu les serments
et les contrats par lesquels je suis lié. Sa’d ad-Dawlah répondit
qu’il était d’accord avec ses conditions et fit le serment qu’il
exigea de la manière la plus solennelle. Il inclut dans l’amnistie
Abou al-Hassan al-Maghribi après l’avoir proscrit. Cependant,
la promesse lui fut donnée à condition qu’il reste dans le
territoire de Sa’d ad-Dawlah. Mais, il fuit à Koufa et se réfugia
dans le martyrium de ‘Ali.
Salamah, ayant obtenu des assurances pour lui et
les enfants de Bakjour, abandonna le fort Rafiqah et sortit avec une
quantité de marchandises et d’objets précieux que Sa’d ad-Dawlah
trouva excessive. Il les regardait depuis l’arrière de sa tente et
le Qadi Ibn Abou al-Hassin était devant lui. Il lui remarqua
qu’il ne savait pas que la fortune de Bakjour avait atteint une
telle quantité. Ibn Abou al-Hassin lui répondit : « Bakjour
et ses enfants sont vos esclaves, toute ses propriétés
t’appartienne. Il n’y a
aucun mal de t’approprier quoi que ce soit de ses richesses et cela
n’est pas une parjure que de violer ton serment. Si cela est une
parjure, j’en porterais seul la responsabilité. » Sa’d ad-Dawlah
approuva alors sa suggestion, rompit son serment et saisit toute
leurs propriétés.
Ce fut une infâme suggestion, une tentation du
diable, que le Qadi, recommanda à Sa’d ad-Dawlah, en lui disant
qu’il pouvait violer son serment, sans plus d’explication et pour
obscurcir sa compréhension, s’engagea à porter le péché! N’a-t-il
donc pas lu ou entendu les mots d’Allah Tout-Puissant adressés aux
hommes : « Et ceux qui ne
croient pas disent à ceux qui croient ; « Suivez notre sentier, et
que nous supportions vos fautes ». Mais ils ne supporteront rien de
leurs fautes. En vérité ce sont des menteurs! »[2].
Peu après, les fils de Bakjour écrivirent à
al-‘Aziz le compte de ce qui était arrivé à leur père et lui
demandèrent d’écrire à Sa’d ad-Dawlah, d’épargner leurs vies. Le
souverain d’Egypte lui écrivit une lettre menaçante où il lui
ordonna d’épargner leurs vies et les envoyer honorablement en
Egypte, et finit ainsi sa lettre : Si tu désobéis, je deviendrais
ton ennemi et j’enverrai des armées contre toi.
Il envoya cette lettre par Fa’iq, un de ses
domestiques préférés, à qui il offrit un chameau vigoureux et
rapide. Fa’iq atteignit Sa’d ad-Dawlah, quand ce dernier après avoir
quitté Raqqah était arrivé à Halab, et lui livra la lettre.
Quand Sa’d ad-Dawlah la lu, il convoqua ses commandants, leur lu la
lettre à haute voix et leur demanda leur conseil. Ils répondirent
qu’ils étaient ses esclaves et qu’ils étaient prêts à obéir à tous
ses ordres. Sa’d ad-Dawlah ordonna alors de ramener Fa’iq et après
lui avoir parlé avec mépris, lui dit : Retourne chez ton maître et
dit-lui : « Je ne suis pas la personne qui craint tes menaces et tu
n’as nul besoin de m’envoyer tes armées, puisque j’arrive. Mes
nouvelles t’atteindront de Ramlah ». Il expédia un détachement de
son armée en avant à Homs et Fa’iq retourna avec son message
qui perturba beaucoup son maître. Sa’d ad-Dawlah resta quelques
jours à l’extérieur de Halab, pour prendre ses dispositions
avant de suivre de détachement de l’armée qu’il avait envoyé en
avant. Mais, il eut une attaque de colique qui s’avéra grave et il
dut revenir dans la ville pour être traité jusqu’à son
rétablissement. Il eut alors l’intention de revenir au camp et la
veille de son départ, une de ses concubines partagea son lit et il
eut une attaque paralytique. Sa sœur informée arriva et le trouva
entrain d’expirer. Un médecin fut convoqué et lui prescrivit une
fumigation avec du Nadd et de l’ambre gris qui lui apportèrent un
petit soulagement. Le médecin lui demanda : « Donne-moi ta main que
je puisse sentir ton pouls. Il donna sa main gauche au médecin qui
demanda à nouveau la droite. Sa’d ad-Dawlah lui répondit :
« Docteur, mon droit (c’est-à-dire, mon serment) ne m’a laissé aucun
droit ». Il se souvint apparemment du parjure qu’il avait commis et
se repentit de sa perpétration. Il mourut trois nuits après, après
avoir nommé son fils Abou al-Fada’il successeur qu’il confia avec le
reste de ses enfants aux soins de Lou'lou' al-Jarrahi.
Lou'lou' fit tout son possible pour établir Abou
al-Fada’il dans le gouvernement et lui obtint l’allégeance de
l’armée. Les troupes, dont Wafa, Bisharah Ikhshidi, Rabah et
d’autres se retirèrent à Halab ou ils désertèrent pour le
compte du souverain d’Egypte, Il les reçut avec honneur et accorda
un ministère à chacun d’entre eux.
Abou al-Hassan al-Maghribi après s’être
réfugié dans le martyrium à Koufa entra en correspondance avec le
souverain d’Egypte et partit ensuite pour sa cour ou il lui parla de
l’importance de Halab, de l’ampleur de sa richesse, que la
ville serait une conquête facile et lui demanda d’y envoyer un
commandant turque. Le souverain d’Egypte adopta sa suggestion et
promut un commandant appelée Manjoutakin, à qui il accorda des
biens, les honneurs et des distinctions, et ordonna aux officiers
militaires et d’autres hommes éminents de descendre de leur monture
devant lui. Il le nomma gouverneur de Syrie et nomma Ahmad
Ibn Muhammad Qoushouri son secrétaire. Il l’expédia alors à
Halab accompagné par Abou al-Hassan al-Maghribi que le
souverain nomma administrateur.
Quand il atteignit Damas, il fut rencontré par les
officiers de la ville, les habitants et toutes les armées syriennes.
Après une brève conservation, il leva des forces, fit des
préparations en conséquences et, à la tête d’une armée de 30.000
hommes, marcha vers Halab ou il établit son camp en face de
la ville. Abou al-Fada’il et Lou'lou' se retranchèrent dans la
ville. Quand Lou'lou' apprit l’arrivée de l’armée d’Egypte, il
écrivit à l’empereur byzantin, lui rappela les traités et les
accords entre lui et Sa’d ad-Dawlah et lui offrit de les renouveler
au nom d’Abou al-Fada’il. En même temps, il lui envoya de nombreux
cadeaux. Quelques temps après, il lui demanda de l’aide et lui
envoya le syrien Malkouthah comme envoyé. Quand cet envoyé parvint à
l’empereur, il trouva ce dernier face au roi des Bulgares dans la
bataille. L’empereur accepta ses demandes et écrivit à Bourji, son
gouverneur d’Antioche. Il lui ordonna de rassembler ses forces, de
procéder à Halab et d’expulser les Maghrébins. Bourji partit
à la tête de cinq-mille hommes et s’arrêta au Pont de Fer entre
Antioche et Halab. Lorsque Manjoutakin et Abou al-Hassan
al-Maghribi, furent informés de son approche, ils rassemblèrent
leurs commandants et tinrent un conseil de guerre.
Le plus astucieux parmi eux conseillèrent de se
retirer à Halab et d’attaquer les Byzantins en premier pour
éviter que les hommes de Manjoutakin se retrouvent entre deux
ennemis. Ils s’accordèrent sur ce plan et avancèrent jusqu’à ce
qu’ils soient séparés des Byzantins par le fleuve Maqloub. Quand les
deux armées furent l’une en face de l’autre et n’ayant trouvé aucun
moyen de traverser le ruisseau, se tirèrent des flèches les unes sur
les autres. Un chef Daylamite de l’armée de Manjoutakin s’avança en
tenant dans sa main un bouclier et trois lances et se lanca dans
l’eau, sous le regard des Musulmans et une cible pour les flèches et
les pierres des Byzantins. Il avança dans l’eau toujours son
bouclier dans une main et l’eau lui arriva jusqu’à la poitrine.
Quand les Musulmans virent son exploit, ils se lancèrent après lui,
pendant que les Arabes avancèrent avec leurs chevaux dans le
ruisseau et les troupes réussirent à traverser le gué. Ainsi ils
entrèrent dans le territoire Byzantin malgré l’interdiction de
Manjoutakin et mirent en déroute leur armée qui s’enfuit. Certains
d’entre eux furent abattus, d’autres capturés tandis que Bourji
s’enfuit avec un petit nombre de ses soldats. Un large butin fut
récupéré et les têtes de quelques milliers de leurs morts furent
recueillies et envoyées en Egypte. Manjoutakin procéda alors vers
Antioche, où il pilla et brûla les banlieues. Comme c’était le temps
des récoltes, Lou'lou' envoya des commandos brûler toutes celles qui
étaient près de Halab, dans le but de priver de nourriture et
d’harceler l’armée égyptienne ce qui poussa Manjoutakin à retourner
à Halab.
Quand Lou'lou' fut informé de la défaite des
Byzantins et de la force de l’armée d’Égypte devant laquelle il
était incapable de faire face, il écrivit à Abou al-Hassan
al-Maghribi et à Qoushouri, et leur fit des promesses de leur offrir
de larges sommes d’argent, suffisante pour les concilier. Il leur
demanda de conseiller à Manjoutakin de se retirer à Halab
pour cette année et de retourner l’année suivante en prétextant le
manque de provisions et de fourrage. Ils acceptèrent ses
propositions et parlèrent à Manjoutakin, qu’ils trouvèrent las de
ses voyages et de ses campagnes et impatient d’aller à Damas pour
ses luxes. Les trois écrivirent alors au souverain d’Egypte pour lui
demander la permission de se retirer et commencèrent à le faire
avant même que la lettre ne soit arrivée et la réponse envoyée. Le
souverain d’Egypte apprenant cela se mit dans une grande colère et
les ennemis d’Abou al-Hassan al-Maghribi profitèrent de
l’occasion pour le calomnier. Il fut alors désisté et remplacé par
Salih Ibn ‘Ali ar-Roudbari.
Il fit le serment qu’il réapprovisionnerait l’armée
avec des produits d’Egypte et envoya 100.000 Tillis[3]
en bateau à Tripoli d’où ils furent chargés sur des bêtes de
transport jusqu’au fort d’Apamée (qal’at
al-moudiq).
L’année suivante Manjoutakin revint à Halab,
qu’il assiégea tandis que Salih Ibn ‘Ali ar-Roudbari était
son lieutenant. Abou al-Fada’il, Lou'lou' et leurs hommes furent
assiégés dans la ville et les provisions ne pouvaient être
procurées. Lou'lou' acheta du blé pour trois dinars le Qafiz et le
vendit à un dinar pour soulager les souffrances des gens. Pendant le
jour, il ouvrait les portes afin que ceux qui voulaient quitter la
ville à cause de la peste et de la famine puissent le faire. On
conseilla à Manjoutakin de poursuivre et de tuer les fugitifs pour
que d’autre ne suivent pas leur exemple et restent dans la ville
pour épuiser plus rapidement les réserves mais, il rejeta ce
conseil. Tandis que le siège se poursuivait, Lou'lou' envoya une
nouvelle fois Malkouthah à l’empereur byzantin qui entre-temps,
avait pénétré au cœur du pays bulgare, pour solliciter de l’aide.
Malkouthah le rejoignit dans ces quartiers, lui remit la lettre et
lui dit : «Si Halab tombe une nouvelle fois, Antioche tombera
ensuite et tu auras du mal à réparer le désastre. Si tu viens en
personne, tu sauveras les deux villes et le reste des provinces ».
Quand l’empereur byzantin entendit les mots de
Malkouthah, il se dirigea aussitôt vers Halab qui était à
1.200 kilomètres et couvrit cette distance en vingt-six jours. Ses
cavaliers conduisaient des montures fraîches et ses fantassins
furent transportés sur des mulets. C’était le printemps et
Manjoutakin et son lieutenant avaient envoyé leurs bêtes paître dans
les prairies et l’attaque de l’empereur byzantin arriva d’une
direction inattendue.
Lou'lou' à l’égard de ses devoirs de Musulman, mit
en garde Manjoutakin de l’offensive byzantine. Il lui envoya le
message suivant : « La majesté d’Islam dont nous sommes, toi et moi
des adhérents, me contraint à t’avertir que l’empereur byzantin est
en approche contre toi. Prends donc garde! » Les éclaireurs de
Manjoutakin lui apportèrent des renseignements semblables. Alors, il
brûla aussitôt ses magasins, ses bazars et les autres bâtiments
qu’il avait érigés et s’enfuit sans retard. L’empereur arriva et
s’arrêta devant la porte de Halab ou il fut rencontré par
Abou al-Fada’il et Lou'lou'. Deux jours après, l’empereur partit
pour Homs qu’il prit d’assaut et après l’avoir pillée et
capturée, il assiégea Tripoli mais la ville résista. Il maintint le
siège durant plus de quarante jours et ensuite désespéra du succès
et repartit au pays byzantin.
Lorsque les nouvelles atteignirent le souverain
d’Égypte, il fut énormément vexé et procéda à un appel général aux
armes. Le souverain d’Égypte al-‘Aziz commença depuis l’Egypte à
attaquer les Byzantins, mais il mourut peu après et fils al-Hakim
lui succéda.
Au mois de Ramadan de l’année 386 de l’Hégire
(995), il sortit de son palais accompagné par ses troupes, ses
munitions, ses réserves et après avoir marché 40 kilomètres s’arrêta
à Bilbays, où il établit son camp. Attaqué par différentes maladies,
il désespéra de la vie et ordonna à son servant Arjouwan, que la
succession revienne à son fils (du souverain d’Égypte) et que le
titre d’al-Hakim lui soit attribué avant d’expirer. Arjouwan
porta aussitôt allégeance à al-Hakim, puis, prit le serment
d’obéissance des troupes, à qui il donna leur salaire.
Le nouveau souverain al-Hakim, alors âgé de 15 ans,
prit possession du palais de son père.
Abou Muhammad al-Hassan Ibn ‘Ammar,
le chef de Koutamah, qui avait le titre Amin ad-Dawlah, fut la
première personne à qui on donna un tel titre dans l’empire de
l’ouest, ordonna que l’argent dans les trésoreries soit distribué en
salaire et en allocations si bien que même les esclaves-filles du
palais, reçurent des cadeaux et furent affranchis. Ses partisans
prirent le contrôle des affaires et n’eurent aucun scrupule. Ils lui
conseillèrent d’exécuter al-Hakim, mais il considérait al-Hakim
totalement inoffensif et sans pouvoir à cause de son jeune âge.
Pendant ce temps, Arjouwan gardait al-Hakim,
et ne lui permit jamais de se soustraire à sa vue ni même de sortir
ou de quitter le palais. Shoukr ‘Adoudi le rejoignit et les deux
agirent de concert jusqu’à ce qu’ils aient accompli leur but.
Cette même année, les gens de Tyr se révoltèrent et
nommèrent leur gouverneur, un marin appelé al-‘Allaqah. Moufarraj
Ibn Daghfal Ibn al-Jarrah assiégeait Ramlah et harcelait le
pays. À ces deux problèmes furent ajouté l’arrivée du général
byzantin, le gouverneur d’Antioche, au Fort Apamée avec une grande
force pour l’assiéger. Arjouwan accorda ses faveurs[4]
à Jaysh Ibn Muhammad Ibn al-Samsamah et le nomma à la tête
d’une grande armée qu’il envoya à Damas après l’avoir enrichit et
lui avoir donné pleine autorité sur les provinces.
Jaysh Ibn Samsamah quitta l’Egypte et s’arrêta à
Ramlah, où Wahid Hilali était le gouverneur. Ce dernier vint
pacifiquement rencontrer Jaysh qui, trouva Abou Tamim dans la ville
et le fit arrêter sans violence. Il chargea alors Abou ‘AbdAllah al-Houssayn
Ibn Nassir ad-Dawlah de procéder à Tyr avec une armée après avoir
envoyé par mer un certain nombre de vaisseaux remplis des troupes en
renfort. Ainsi Tyr fut assiégée par mer et terre. Les habitants de
Tyr furent incapables de résister. Al-‘Allaqah fut capturé, écorché
et empalé. Al-Houssayn resta à Tyr comme gouverneur. Jaysh
procéda pour attaquer Moufarraj Ibn Daghfal Ibn al-Jarrah, qui
s’enfuit devant lui mais Jaysh le poursuivit et fut sur le point de
la capturer. Le monde devenu trop étroit pour Moufarraj, il dut
recourir au pardon et envoya à Jaysh, la plus vieille de ses femmes
pour demander pour la sécurité qui lui fut accordée sous certaines
conditions. Jaysh partit alors pour s’occuper de l’armée byzantine
qui assiégeait le Fort Apamée. Quand il arriva à Damas, il fut
accueilli par les gens dont les nobles et les chefs des jeunes, qui
offrirent leur soumission et désirèrent l’accompagner.
Il fit des avances aux chefs des jeunes, leur
offrit des termes généreux et déclara dans la ville qu’il ne devrait
plus y avoir aucune contribution forcée et que n’importe quelle
malice de Maghribi serait illégale. Le peuple se réunit pour le
remercier et lui demanda d’entrer dans la ville et d’y demeurer
parmi eux. Mais, il déclina et resta seulement trois jours, après
lesquels il accorda d’abord des robes d’honneur aux chefs des jeunes
et leur donna des présents. Puis, il partit pour Homs ou il
s’arrêta et où les armées syriennes se rassemblèrent avant de
procéder vers le Fort d’Apamée.
Il trouva les habitants dans une détresse
douloureuse suite au siège et s’arrêta en face de l’armée byzantine
dont il était séparé par le fleuve Maqloub. Un engagement s’ensuivit
entre les deux armées. L’armée musulmane était composée de 10.000
hommes de divers éléments dont mille cavaliers des Banou Kilab. Le
Byzantins chargèrent les Musulmans et brisèrent leur ligne de front.
L’aile droite et gauche des Musulmans s’enfuirent et les Byzantins
prirent possession de leurs bagages. Les Banou
Kilab revinrent et Bisharah Ikhshidi maintint fermement sa
position avec cinq-cents cavaliers si bien qu’ils réussirent à
récupérer la plupart des bagages. Quand les Musulmans dans le fort
virent ce qui était arrivé à leurs frères, ils désespérèrent et
implorèrent Dieu Tout-Puissant pour Sa clémence et Il leur répondit.
Le général byzantin se tenait sur une éminence,
avec son fils devant lui et dix soldats. Il témoignait de la
victoire de ses hommes et leur obtention du butin. A ce moment, un
Kurde appelé Ahmad Ibn ad-Dahhak as-Salil s’approcha de lui,
un javelot dans sa main droite. Le général byzantin supposa qu’il
était un déserteur ou un suppliant et ne lui porta aucune attention.
Quand il s’approcha, il chargea le général qui leva sa main pour se
défendre mais le Kurde lança avec force son javelot qui trouva un
endroit faible dans sa cuirasse, s’enfonça entre ses côtes et le
général tomba à terre mort. Les Musulmans crièrent alors :
« L’ennemi d’Allah a été tué ». La victoire descendit sur eux et les
Byzantins s’enfuirent à leur tour, pendant que les Musulmans se
ralliaient. Ceux qui étaient dans la forteresse descendirent et il y
eut un grand massacre de Byzantins. Les Musulmans passèrent la nuit
à se féliciter mutuellement de l’aide d’Allah et pour Ses faveurs.
Après la victoire, Jaysh Ibn Samsamah procéda vers
la porte d’Antioche où il prit des prisonniers et incendia avant de
revenir alors à Damas, où il fit une grande impression sur les
hommes et sécurisa finalement sa position en calmant les jeune de
Damas et réussit à les contrôler.
En l’an 382 de l’Hégire (992), parvinrent des
nouvelles de la descente de l’empereur byzantin sur Khilat et
Arjish, qu’il captura. Cet événement provoqua une grande inquiétude.
Puis, on annonça qu’une trêve de dix ans avait été conclue entre lui
et Abou ‘Ali al-Hassan Ibn Marwan et qu’il avait évacué les
provinces.
Durant l’année 383 de l’Hégire (993), les
Daylamites se mutinèrent à cause de la nouvelle monnaie mise en
circulation, des hauts prix et du retard de leur salaire. Ils
pillèrent le palais du vizir Sabour, qui s’enfuit pour protéger sa
vie. Ils envoyèrent un message à Baha ad-Dawlah pour lui demander de
capituler ainsi que Muhammad Ibn ‘Ali le trésorier et
l’inspecteur de la trésorerie. Des négociations eurent lieu entre
eux jusqu’à ce qu’il leur fut promis le paiement de leurs salaires
et l’amélioration de la monnaie. La mutinerie cessa alors et Sabour
resta caché. Alors qu’il se dissimulait, il reçut un message lui
demandant de livrer Abou al-Qassim ‘Ali Ibn Ahmad, qui lui
avait été confié pour son emprisonnement et sa garde. Il obéit à
l’ordre et cette personne fut transférée à la Trésorerie du Palais.
En l’an 384 de l’Hégire (994), les pèlerins d’Iraq,
de Syrie et du Yémen revinrent sans avoir pu accomplir le pèlerinage
car Oussayfar le chef bédouin leur défendit de traverser son
territoire sans un laissez-passer. Seuls les gens d’Égypte purent
accomplir le pèlerinage.
J’ai été informé qu’un certain saint rencontra un
de ses amis et lui dit : « Je t’aime en Dieu ». L’autre lui répondit
: « Si tu pouvais voir mes fautes, tu me détesterais en Dieu ». Le
saint lui dit alors : « Mes propres fautes ne me laissent aucun
répit pour considérer celle des autres. Demandons à Dieu une aide
qui gardera nos membres et nos cœurs droits et qu’Il dissimulera nos
fautes et nos vices ».
Durant l’année 385 de l’Hégire (995), Samsam
ad-Dawlah ordonna l’exécution de tous les Turcs dans Fars. Certains
d’entre eux furent exécutés à Shiraz ; d’autres s’enfuirent et
semèrent la dévastation dans le pays de Fars. Samsam ad-Dawlah
envoya des hommes pour les expulser de là et les Turcs se retirèrent
à Kirmân, où se trouvait Abou Ja’far Oustad Hourmouz, qui les
expulsa aussi. Ils furent contraints de partir pour le Sind et
solliciter la permission de son gouverneur pour entrer dans le pays.
Le gouverneur conçut alors un stratagème qui lui permit d’exécuter
les Turcs. Il prétendit être prêt à les recevoir et marcha à leur
rencontre avec ses hommes qui étaient à pied sur deux files. Il les
instruisit de terrasser les Turcs quand ces derniers se trouveraient
entre les deux files. Cela fut fait et seuls réussirent à
s’échapper, sous l’ombre de nuit, ceux qui s’étaient laissés tomber
parmi les cadavres.
En l’an 387 de l’Hégire (996), le sultan Fakhr
ad-Dawlah mourut. Son fils Roustam lui succéda à la tête du
gouvernement de Rayy et de ses dépendances alors qu’il était âgé de
quarante ans et al-Qadir lui donna le titre de Majd ad-Dawlah (La
gloire de l’État).
Ad-Dahhabi remarqua parmi les événements étranges,
la mort de neuf souverains en série pendant les années 387 et 388 de
l’Hégire dont parmi eux, Mansour Ibn Nouh le souverain de
Transoxiane, Fakhr ad-Dawlah le prince de Rayy et des régions
montagneuses et al-‘Aziz le souverain hérétique ‘oubaydi d’Egypte.
Ad-Dahhabi a rapporté qu’al-‘Aziz le souverain d’Egypte mourut en
386 (995) et qu’il conquit Emèse, Hama et Alep et que la
Khoutbah fut dite en son nom dans Mossoul et au Yémen. Son nom fut
gravé sur la monnaie et les des étendards et qu’il fut succédé dans
le gouvernement par son fils al-Mansour qui fut surnommé al-Hakim
bi-Amrillah.
Durant l’année 389 de l’Hégire (998), il y eut un
froid sévère accompagné de lourds nuages et d’un vent d’ouest
constant. Par conséquent, des milliers de palmiers dans le Sawad de
Baghdad périrent et ceux qui échappèrent restèrent flétris. Les
palmiers ne récupérèrent leur luxuriance et leur nombre que
plusieurs années après.
En l’an 390 de l’Hégire (999), une mine d’or fut
découverte dans le Sijistan et de l’or rouge fut extrait du sol.
Au mois de Joumadah Thani de l’année 392 de
l’Hégire (1001), l’Euphrate inonda le barrage Qoubin,
les champs d’Anbar et de Badourayah. L’eau qui atteignit
Mouhawwal déplaça les murs des palmeraies et décolora le Sarat.
Le dimanche 6 du mois de Joumadah Thani, Abou Harb,
l’imam de Bakran, fut empalé à la porte d’un bain dans le Souq Yahya
à Baghdad, où il avait été trouvé avec Maziyah, une esclave-fille de
Bakran, dans des circonstances douteuses.
Dans la nuit du lundi 3 du mois de Dzoul Qi’dah de
cette même année, une étoile dans la constellation du Bélier, après
laquelle celle du Taureau monte, brilla comme la pleine lune.
Lorsque l’éclat s’éteignit, le corps navigua dans une distance
(espace) d’environ un mètre avant d’exploser.
En l’an 393 de l’Hégire (1002), le gouverneur
al-Aswad des Banou Hakim ordonna qu’un certain mauritanien
soit exhibé dans les rues et qu’il soit crié : « Ceci est le
châtiment pour celui qui a aimé Abou Bakr et Omar[5] ».
Alors sa tête fut tranchée, puisse Allah Exalté lui faire
miséricorde mais pas à son meurtrier et à son maître al-Hakim.
Cette même année, ‘Amid al-Jouyoush, le gouverneur
d’Iraq, interdit aux habitants de Karkh et de Bab at-Taq de porter
le deuil dans le Martyrium le 10 du mois de Mouharram et
d’accrocher des bandes colorées dans les rues. Il interdit aussi aux
habitants de Bab al-Basra et de Bab ash-Sha’ir de semblables
performances à la mémoire de Mous’ab Ibn Zoubayr.
Durant l’année 394 de l’Hégire (1003), Baha
ad-Dawlah investit Sharif Abou Ahmad al-Houssayn Ibn
Moussa al-Moussawi du poste de chef Qadi, de la surintendance du
pèlerinage, de la cour pour le redressement des abus et de la
juridiction principale sur les descendants d’Abou Talib. Il lui
écrivit de Shiraz une lettre à cet effet, mais il refusa le poste de
chef Qadi.
En l’an 395 de l’Hégire (1004), al-Hakim
exécuta un certain nombre des principaux hommes du Caire en les
emprisonnant jusqu’à leur mort et ordonna que des écrits injuriant
les Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) soient placés sur les
portes des mosquées, sur les routes publiques et il ordonna à ses
préfets de les injurier.
Il ordonna aussi de tuer tous les chiens, défendit
l’utilisation de bière de Maloukhya, interdit la vente de poisson
non pesé et exécuta un certain nombre de personnes qui continuèrent
à le vendre sans pesée.
En l’an 396 de l’Hégire (1005), il ordonna aux gens
du Caire et des Villes Sacrées de se lever et de s’incliner dans les
rues et les endroits d’assemblage public quand le nom d’al-Hakim
était mentionné.
Durant l’année 398 de l’Hégire (1007), un conflit
se produisit entre les shi’a et les Sounnis à Baghdad au cours
duquel le Shaykh Abou Ahmad al-Asfarayni fut pratiquement tué
et les hérétiques shiites à Baghdad appelèrent : « O pour al-Hakim,
O pour al-Mansour ». Al-Qadir fut enragé par ces nouvelles et envoya
des gardes montés à sa porte pour assister les Sounnis et disperser
les hérétiques.
Cette même année, al-Hakim le souverain
hérétique ‘oubaydi d’Égypte fit démolir l’église de la Résurrection
à Jérusalem et ordonna la destruction de toutes les églises en
Egypte. Il ordonna aussi aux Chrétiens de porter à leur coup des
croix de 45 centimètres et que les Juifs portent des rondins en bois
d’un poids égal à celui des croix des Chrétiens soit de cinq Ratls
égyptiens. Il leur ordonna aussi de porter des turbans noirs, si
bien qu’un certain nombre d’entre eux embrassa les doctrines
déviantes ‘oubaydi. Mais peu après, il permit la restauration des
églises et des temples et ces derniers revinrent à leur foi
précédente.
En l’an 399 de l’Hégire (1008), Abou ‘Amar le Qadi
de Basra fut relevé et Abou al-Hassan Ibn Abi ash-Shawarib
lui succéda.
Cette même année, la suprématie de la Maison des
Omeyyades d’Andalousie sombra dans la faiblesse et leur autorité
déclina.
Durant l’année 400 de l’Hégire (1009), le niveau du
Tigre descendit à un niveau record jamais enregistré précédemment et
le fond apparut à certain endroit ce qui n’était jamais arrivé
auparavant.
En l’an 402 de l’Hégire (1011), al-Hakim
interdit la vente de dates et les fit brûlées ainsi que la vente de
raisins et détruisit beaucoup de vignobles.
En l’an 403
de l’Hégire (1012), mourut Baha ad-Dawlah et lui succéda en Iraq son
fils Sultan ad-Dawlah.
Durant l’année 404 de l’Hégire (1013), il interdit
aux femmes d’aller jour et nuit sur les routes et cela dura jusqu’à
sa mort.
Le 27 du mois de Shawwal de l’année 411 de l’Hégire
(1020), al-Hakim, puisse Dieu le maudire, fut tué à Houlwan,
un village d’Egypte. Son fils ‘Ali lui succéda et il fut surnommé
Zahir li-’Izazi Dinillah, (l’assistant dans l’’exaltation de la
religion de Dieu). Durant son règne, la suprématie des hérétiques
‘oubaydi déclina et ils perdirent une grande partie de la Syrie dont
Alep.
Cette même année, Moushrif ad-Dawlah réussit à
chasser son frère Sultan ad-Dawlah d’Iraq et ce dernier, se rendit à
Fars qu’il réussit à contrôler mais il devait décéder quelques
années plus tard en l’an 415 de l’Hégire (1024) à Shiraz. Quant à
Moushrif ad-Dawlah, il allait mourir juste après lui, en l’an 416 de
l’Hégire (1025) en Iraq et son frère Jalal ad-Dawlah Ibn Baha
ad-Dawlah avait prendre la succession après lui.
[1]
Acres ?
[2]
Qur’an : 29 ; 12.
[3]
Une mesure égale à deux Qafiz. Je n’ai pas trouvé
l’équivalent de ces deux mesures.
[4]
Accorder ses faveurs, veut dire une reconnaissance
officielle de l’état qui consiste à ennoblir un individu en
lui accordant des robes d’honneurs, un titre ainsi que des
richesses.