Al-Mouktafi Billah, le dix-septième calife abbasside

  

Au mois de Rabi’ Thani de l’année 289 de l’Hégire  (901), le calife al-Mou’tadid Billah, dont la mère était Sawab, décéda et son fils ‘Ali, qui se surnomma al-Mouktafi Billah, dont la mère était une turc du nom de Jayjack ou selon d’autres narrateurs Kayjack, prit la succession après lui.

 

Au moins de Rajab, Baghdad fut secouée par des tremblements de terre qui durèrent plusieurs jours et nuits.

 

À la fin de l’année 289 de l’Hégire (901), un homme à la tête d’une armée de membres de tribu arabes et d’autres apparut en Syrie. Il alla avec ses hommes à Damas où Toughj Ibn Jouff était responsable de la sécurité nommé à ce poste par Haroun Ibn Khoumarawayh Ibn Ahmad Ibn Touloun. Un grand nombre de personnes furent tuées au cours des nombreuses batailles qui s’en suivirent entre Toughj et lui.

 

Zikrawayh Ibn Mihrawayh était, comme nous l’avons précédemment mentionné le prêcheur des qarmates. Quand al-Mou’tadid envoya constamment des armées contre les qarmates dans la région de Koufa et persévéra dans leur poursuite, leur causant de sévères pertes, Zikrawayh vit que les qarmates ne serait pas capable de se défendre ou d’espérer de l’aide des habitants du Sawad. Il travailla donc dur pour convaincre les Bani Assad, les Bani Tayyi', les Bani Tamim et d’autres tribus arabes qui vivaient près de Koufa. Il essaya de les convertir à ses vues et leur suggéra que s’ils répondaient à son appel, les qarmates dans le Sawad les rejoindrait dans sa cause. Cependant, ils ne répondirent pas à ses efforts. Un certain nombre des Bani Kalb qui protégeaient la route du désert à as-Samawah[1] et dont l’occupation était de conduire les messagers et les marchandises sur leurs chameaux, portèrent allégeance à Zikrawayh après que ce dernier leur ai envoyé ses fils qui leur firent croire qu’ils descendaient de ‘Ali Ibn Abi Talib et Muhammad Ibn Isma’il Ibn Ja’far. Ils prétendirent qu’ils craignaient les autorités centrales et cherchaient refuge chez eux et les Bani Kalb les acceptèrent sur cette base. Les fils de Zikrawayh leur firent alors de la propagande dissimulée pour les vues des qarmates mais aucun des Banou Kalb n’accepta leur doctrine déviante sauf la tribu des Banou al-’Oullays Ibn Damdam Ibn ‘Adi Ibn Janab et particulièrement leur Mawlah.

 

À la fin de l’année 289 de l’Hégire (901), ils portèrent allégeance à un fils de Zikrawayh surnommé Abou al-Qassim Yahya dans la région d’as-Samawah. Ils le surnommèrent alors as-Shaykh, un surnom qu’il s’attribua lui-même à cause de quelque chose qui il essaya de faire parmi eux. Il leur affirma qu’il était Abou ‘AbdAllah Ibn Muhammad Ibn Isma’il Ibn Ja’far Ibn Muhammad. D’autres ont rapporté, qui affirma être Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn Yahya et de nouveau, qu’il était Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn Muhammad Ibn Isma’il Ibn Ja’far Ibn Muhammad Ibn ‘Ali Ibn al-Houssayn Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) bien que Muhammad Ibn Isma’il n’eut aucun fils appelé ‘AbdAllah. Il leur affirma que son père, surnommé Abou Mahmoud, était un de ses prêcheurs et qu’il avait cent-mille disciples dans le Sawad, à l’est et à l’ouest. Il affirma aussi que la chamelle qu’il montait était bénie et que s’ils la suivaient où qu’elle aille, ils seraient victorieux. Il agit comme un devin parmi eux, leur exposa aussi son bras atrophié et affirma que c’était son signe. Un certain nombre des Banou al-Asbagh le rejoignirent, lui montrèrent de la dévotion, s’appelèrent les fatimides et adoptèrent sa doctrine.

Soubouk ad-Daylami, le Mawlah d’al-Mou’tadid Billah, les poursuivis dans la région d’ar-Roussafah dans Diyar Moudar à l’ouest de l’Euphrate, mais ils lancèrent une attaque surprise, le tuèrent et incendièrent la mosquée d’ar-Roussafah. Ils attaquèrent tous les villages qu’ils traversèrent et atteignirent finalement le territoire administratif de Syrie qui avait cédé paisiblement à Haroun Ibn Khoumarawayh qui l’avait confié à Toughj Ibn Jouff. Yahya Ibn Zikrawayh assiégea alors la Syrie et mit en déroute toutes les armées que Toughj lui envoya avant de l’immobiliser finalement dans la ville de Damas Les Egyptiens dépêchèrent alors Badr l’Aîné, le page d’Ibn Touloun, contre Yahya Ibn Zikrawayh. Badr joignit ses forces à celles de Toughj et attaqua Yahya près de Damas. Allah Exalté tua Son ennemi Yahya Ibn Zikrawayh par un Berbère qui le frappa avec une lance courte et ensuite l’arrosa avec un lance-flammes et le brûla au beau milieu de la bataille à son point le plus féroce. Alors, la marée se retourna contre les Egyptiens et ils s’enfuirent.

Les Mawlah des Banou al-’Oullays  rejoignirent les Banou al-’Oullays, les Banou Asbagh et d’autres qui étaient avec eux et acceptèrent de nommer al-Houssayn Ibn Zikrawayh, le frère du surnommé as-Shaykh, comme leur chef. Al-Houssayn leur affirma qu’il était Ahmad Ibn ‘AbdAllah Ibn Muhammad Ibn Isma’il Ibn Ja’far Ibn Muhammad et qu’il avait environ vingt ans. Celui qui avait été surnommé as-Shaykh avait provoqué les Mawlah des Banou al-’Oullays, tué un certain nombre d’entre eux et les avaient humiliés et dès lors, ils portèrent allégeance à al-Houssayn Ibn Zikrawayh, qui fut appelé Ahmad Ibn ‘AbdAllah Ibn Muhammad Ibn Isma’il Ibn Ja’far, après la mort de son frère. Il leur montra un poireau[2] sur son visage et il leur dit que c’était son signe. Il avait été récemment rejoint par le fils de son oncle paternel ‘Issa Ibn Mihrawayh, surnommé ‘AbdAllah. Il affirma qu’il était ‘AbdAllah Ibn Ahmad Ibn Muhammad Ibn Isma’il Ibn Ja’far Ibn Muhammad. Al-Houssayn surnomma ‘AbdAllah al-Mouddaththir, fit un pacte avec lui et  affirma qu’il était celui mentionné dans la Sourate du même nom[3]. Il surnomma un domestique de sa famille al-Moutawwaq et lui confia la charge de tuer tous les Musulmans capturés. Il vainquit les Egyptiens, les troupes de Homs et d’autres villes syriennes et se nomma « commandant des fidèles » sur les chaires. Tous ces événements se passèrent entre les années 289 et 290 de l’Hégire (901-902).

 

 

Le 9 du mois de Dzoul Hijjah de l’année 289 de l’hégire (902), alors que les gens priaient dans les vêtements d’été[4] à Baghdad, le vent du nord commença à souffler au moment de la prière de l’après-midi. Il devint si glacial que les gens durent allumer des feux pour se réchauffer, mettre des vêtements rembourrés et des pardessus. Il devint de plus en plus froid jusqu’à ce que l’eau gela.

 

Le 4 du mois de Joumadah Thani, il fut confié à al-Qassim Ibn Sima la charge de la campagne d’été dans les villes frontalières d’al-Jazirah. Trente-deux-mille dinars lui furent alloués.

 

 

Le 25 du mois de Mouharram de l’année 290 de l’Hégire (902), une dépêche de ‘Ali Ibn ‘Issa Ibn al-Jarrah arriva d’ar-Raqqah à Baghdad pour informer le calife que le qarmate Ibn Zikrawayh, était arrivé à ar-Raqqah avec un très grand nombre de troupes. Un certain nombre d’hommes du calife commandés par Soubouk, le page d’al-Mouktafi, sortirent à leur rencontre et les attaquèrent. Soubouk fut tué et les hommes du calife mis en déroute.

 

Le 6 du mois de Rabi’ Thani de cette même année, Toughj Ibn Jouff sortit à la tête d’une armée de Damas pour affronter les qarmates. L’armée commandée par un de ces pages appelé Bashir attaqua les qarmates mais ces derniers mirent en déroute l’armée et tuèrent Bashir.

 

Le 16 du mois de Rabi’ Thani, une robe d’honneur fut accordée à Abou al-Agharr et il fut envoyé pour lutter contre les qarmates dans la région syrienne. Il partit pour Alep avec dix-mille hommes.

 

Le 15 du mois de Joumadah Awwal, des lettres de marchands datées du 22 Rabi’ Thani, arrivèrent de Damas à Baghdad avec les renseignements que le qarmate surnommé as-Shaykh avait mis en déroute Toughj plus d’une fois et avait pratiquement tué tous ses hommes. Toughj resta à Damas avec un petit groupe et refusa de sortir. Les habitants avaient décidé de se rassembler et de sortir combattre car ils étaient proches de la ruine. Un certain nombre d’entre eux et des marchands de Baghdad se rassemblèrent le même jour pour aller trouver le Qadi Youssouf Ibn Ya’qoub à qui ils demandèrent de lire leurs lettres et d’aller trouver le vizir pour l’informer de la situation des habitants de Damas. Il leur promis qu’il le ferait.

 

Le 10 du mois de Joumadah Thani, Abou al-’Asha’ir partit pour son poste administratif à Tarse et un certain nombre de volontaires partit avec lui pour conduire des raids. Il partit en emportant avec lui des cadeaux destinés au roi des Byzantins de la part d’al-Mouktafi.

 

Le vendredi 16 Sha’ban, deux dépêches furent lues dans les deux mosquées centrales de Madinat as-Salam (Baghdad). Ils annoncèrent que Yahya Ibn Zikrawayh, surnommé as-Shaykh, avait été tué par les Egyptiens à la porte de Damas après un certain nombre de batailles successives entre lui et les habitants de Damas, leurs soldats et les renforts égyptiens et qu’un très grand nombre de ces derniers avaient été tué dans le processus

Ce Yahya Ibn Zikrawayh avait l’habitude de monter un chameau sellé pour lui, de se vêtir de larges vêtements et de se couvrir la tête avec une couverture de tête de tribu arabe et un voile. Entre le temps où il apparut et le jour où il fut tué, il ne monta jamais sur le dos d’un cheval. Il avait donné des ordres à ses hommes de ne pas engager quelqu’un dans la bataille, même s’ils étaient attaqués, avant que son chameau ne se mette en route par lui-même. Il leur avait dit que s’ils faisaient ainsi, ils ne seraient jamais vaincus. Il leur dit aussi que s’il montrait du doigt la direction de ceux qui luttaient contre lui, alors ces derniers seraient mis en déroute. De cette manière, il trompa les membres des tribus arabes.

Le jour où Yahya Ibn Zikrawayh fut tué, ses hommes se rallièrent autour de son frère al-Houssayn Ibn Zikrawayh qui chercha son frère parmi les tués et lorsqu’il trouva son cadavre, il le dissimula. Il s’auto proclama chef et prétendit s’appeler Abou al-‘Abbas Ahmad Ibn ‘AbdAllah. Les hommes de Badr se rendirent compte plus tard qu’as-Shaykh avait été tué et cherchèrent son cadavre parmi les tués, mais ne purent le trouver.

Al-Houssayn Ibn Zikrawayh fit de la propagande comme son frère l’avait fait et la plupart des membres des tribus et d’autres parmi tous les gens de la région répondirent à son appel. Il se renforça ainsi considérablement, sortit de la clandestinité et marcha sur Damas. Les habitants de Damas conclurent une trêve avec lui en échange d’un certain montant d’argent. Alors il les quitta, marcha sur Homs et saisit le contrôle des régions environnantes. Son nom fut mentionné sur les chaires pendant le service du vendredi et il se surnomma al-Mahdi. Puis, il avança vers la ville de Homs et les habitants qui craignaient pour leurs vies, lui portèrent allégeance et lui ouvrirent les portes de la ville. Il entra dans Homs puis partit sur Hamah, Ma’arrat an-Nou’man et d’autres villes, où il tua tous leurs habitants, les femmes, les enfants et les bébés. De là, il avança vers Balbek où il tua la plupart de ses habitants, excepté une poignée qui réussirent à s’enfuir. De là, il avança vers Salamiyah, mais ses habitants luttèrent et l’empêchèrent d’entrer. Il leur fit alors des promesses, et leur accorda la sécurité.  Par conséquent, ils lui ouvrirent la porte de la ville et il entra dans Salamiyah. D’abord il commença par tuer un certain nombre de Hashimite qui y vivait avant de massacrer tous les habitants.

Il abattit les animaux et ensuite les enfants des écoles avant de partir en ne laissant derrière lui aucune âme vivante. Il marcha alors vers les villages environnants, où il massacra, prit des captifs, brûla les habitations et rendit les routes dangereuses.

 

L’histoire suivante a été rapportée sur l’autorité d’un médecin de Bab al-Mouhawwal, appelé Abou al-Hassan :

Après que le qarmate au poireau et ses hommes furent apportés à Baghdad, une femme vint chez moi, me dit qu’elle avait un problème avec son épaule et qu’elle voulait que je la traite. Quand je lui ai demandé de quoi il s’agissait, elle répondit que c’était une blessure. Je lui dis que j’étais un ophtalmologue mais qu’il y avait une femme ici qui traitait les femmes et aussi les blessées mais qu’elle devait attendre qu’elle vienne. Elle s’assit et je vis qu’elle était triste et en larmes. Je lui demandais quelle était son affaire et qu’est-ce qui avait provoqué sa blessure ? Elle répondit que c’était une longue histoire. Je lui demandai de me la raconter maintenant que les gens qui étaient dans ma maison étaient partis.

Elle dit : J’avais un fils qui resta éloigné pendant longtemps. Il avait des sœurs qu’il m’avait demandé de m’occuper. J’étais dans des circonstances serrées et dans le besoin et j’avais grande besoin de lui. Il était parti dans la région d’ar-Raqqah. Je suis donc parti pour Mossoul, Balad et ar-Raqqah, en le cherchant tout le temps et en demandant après lui, mais je fus incapable de le trouver.

En quittant ar-Raqqah pour sa recherche, je suis tombé sur un camp des qarmates. J’ai tourné autour, en le cherchant jusqu’à ce que je l’aperçoive. Je me suis cramponné à lui et lui dit : « Fils ! », et il dit : « (Tu es) ma mère ? » Je répondis : « Oui », et il dit : « Comment vont mes sœurs ? » Je lui dis : « Elles vont bien ». Je me plaignis à lui des circonstances serrées dans nous nous retrouvâmes après son départ. Il m’emmena à sa résidence, s’assit devant moi et commença à me parler, en me demandant des nouvelles de nous et je lui racontais notre situation. Alors il dit : « Ne me dit plus cela ! Dit-moi quelle est votre religion ? » Je répondis : « Pourquoi me demande-tu ma religion quand tu me connais et que tu sais qu’elle est ma religion ? » Il répondit : « Toutes les convictions que nous avons eu autrefois sont incorrectes et nos nouvelles convictions sont la (vraie) religion ». Je trouvais cela extrêmement étrange, il remarqua ma réaction, sortit et me quitta. Alors il m’envoya du pain, de la viande et des choses bonnes pour lui et me demanda de cuisiner, mais j’ai laissé tout cela intact. Il revint plus tard, fit cuire la nourriture et nettoya sa place.

Quelqu’un frappa à la porte. Il sortit et il y avait un homme qui lui demanda si cette femme qui était venue chez lui savait comment s’occuper de certaines affaires se rapportant aux femmes. Mon fils me questionna sur le sujet et je lui dis que j’étais capable. L’homme me demanda alors de venir avec lui. Je suis allé avec lui et il m’a apporté dans une maison où il y avait une femme sur le point de donner le jour. Je me suis placé devant elle et ai commencé à lui parler, mais elle n’a pas répondu. L’homme me dit alors : « Tu ne dois pas lui parler mais prendre uniquement soins de ses affaires ! » Je suis resté jusqu’à ce qu’elle ait donné le jour à un garçon dont je me suis occupé. Je commençais à lui parler gentiment et dit : « Femme ! Ne sois pas pudique avec moi ! Tu m’es obligée maintenant. Laisse-moi entendre ton histoire et me dire qui est le père de cet enfant ! » Elle dit : « Me demande-tu qui es son père, pour que tu puisses aller chez lui et lui demander un cadeau ? » Je répondis : « Non! Je veux juste connaître ton histoire ».

Elle me dit : « Je suis une des femmes Hashimite ». Elle leva sa tête et j’ai vu le plus beau visage qu’il m’est donné de voir et dit : « Ces gens sont venus chez nous et ont abattu mon père, ma mère, mes frères et ma famille entière. Leur chef m’a alors saisi et je suis resté avec lui cinq jours. Il m’a emmené alors et m’a livré à ses hommes, en leur disant « Nettoyez-la! » Voulant dire par là de me tuer et j’ai crié. Un des officiers présent dit : « Donne-la moi ! », il répondit : « Prend la ! » Donc il m’a prise. Mais trois de ses hommes qui étaient présents, tirèrent leurs épées et dirent : « Nous ne te la donnerons pas ou nous te tuerons ». Ils provoquèrent une agitation et le chef qarmate les appela et leur demanda quelle était leur affaire. Après lui avoir répondu, il dit : « Elle doit appartenir à tous les quatre d’entre vous ». Ils m’ont pris et je suis resté avec les quatre d’entre eux. Par Dieu, je ne sais pas lequel d’eux est le père de ce garçon ».

La femme de Baghdad continua : Après la prière du soir, un homme est venu et elle m’a dit de le féliciter. Je l’ai félicité de l’enfant nouveau-né et il m’a donné un lingot en argent. Un autre homme et encore un autre est venu. J’ai félicité chacun et chacun m’a donné un lingot en argent. À l’aube, un groupe de gens est venu avec un homme. Un flambeau était porté devant lui. Il était vêtu de vêtements de soie et parfumé de musc. Elle me dit de le féliciter. Je suis monté et suis allé chez lui et dit : « Puisse Dieu réjouir votre visage ! Loué soit Dieu qui vous a donné ce fils ! » Je l’ai bénis et il m’a donné un lingot pesant mille dirhams. L’homme a passé la nuit dans une pièce et j’ai passé la nuit avec la femme dans un autre.

Le matin, je lui dis : « Femme ! Tu m’es obligée. Pour l’amour d’Allah, libère-moi ! » Quand elle m’a demandé de quoi elle devrait me libérer, je lui répondis de mon fils, et lui dit : « Je suis venu parce que je l’ai voulu. Il m’a dit tel et telles choses. Je ne peux faire rien avec lui. J’ai des petites filles, incapables de s’occuper d’elles même, que j’ai laissées dans les pires conditions possibles. Libère-moi donc, pour que je puisse partir d’ici et rejoindre mes filles ! » Elle me dit : « Tu dois demander à l’homme qui était le dernier à venir. Demande-lui et il te libérera ». Je suis resté tout le jour jusqu’au soir. Quand il est revenu, je me suis approché de lui, ai embrassé sa main et pied et lui dit : « Mon seigneur, vous m’êtes contraints. Dieu m’a enrichi par vous et votre cadeau. J’ai de pauvres filles incapables de s’occuper d’elles même. Si tu me permets de partir, j’apporterai mes filles devant toi et elles te serviront. » Il demanda : « Le feras-tu ? » Quand je répondis affirmativement, il appela certains de ses pages et leur dit de m’escorter à tel et un tel endroit et ensuite de me quitter et revenir. Ils me firent monter un cheval et m’escortèrent à l’endroit convenu.

Elle continua : « Pendant que nous voyagions, mon fils arriva subitement. Nous avions déjà voyagé soixante kilomètres, d’après ce que mes accompagnateurs me dirent. Il me dit : « O prostituée ! Tu projettes d’aller et d’apporter tes filles ? » Il tira son épée pour me frapper. Les gens qui étaient avec moi le retinrent mais le tranchant de son épée me toucha et entra dans mon épaule. Les gens tirèrent leurs épées, en ayant l’intention de le tuer mais il se retira. Mes accompagnateurs me laissèrent à l’endroit désigné par leur maître, et s’en allèrent. Quand je suis arrivé ici, j’ai fait le tour de tous les médecins de Baghdad pour soigner ma blessure. Cet endroit me fut désigné et donc je suis venu ici ».

Elle continua : « Quand le commandant des fidèles arriva avec le qarmate capturé et ses hommes, je suis allé les regarder. Parmi eux j’ai vu mon fils en pleurs portant un capuchon sur un chameau ; il était un jeune homme. Je lui dis : « Puisse Allah Exalté de t’accorder ni soulagement et ni fuite ! »

Le médecin dit : « Quand le docteur femme est venu, je la lui confiai et la laissais à ses soins. Elle traita sa blessure et lui donna un baume. Lorsqu’elle fut partie, je questionnais la docteur femme à son sujet ». Elle me dit : « J’ai placé ma main sur la blessure et lui ai dit d’expirer. Elle le fit et le souffle sortit partie par la blessure au-dessous de ma main. Je ne crois pas qu’elle se rétablira ». Elle partit et ne revint jamais.

 

 

Le 2 du mois de Ramadan de l’année 290 de l’Hégire (902), al-Mouktafi ordonna de payer l’armée et qu’elle se tienne prête pour aller combattre les qarmates en Syrie. Cent-mille dinars furent immédiatement versés à l’armée car les Egyptiens avaient écrit à al-Mouktafi et se plaignaient de leur souffrance que le fils de Zikrawayh, surnommé l’homme au poireau, leur imposait. Il dévastait le pays et tuait en masse les gens qui avaient déjà précédemment souffert sous son frère.

Le 5 du mois de Ramadan, les tentes d’al-Mouktafi furent montées à Bab al-Shammassiyah. À l’aube du septième jour de Ramadan, al-Mouktafi partit s’installer dans sa tente accompagné par ses officiers, ses pages et ses troupes. Le 12 du mois de Ramadan, il quitta sa tente à l’aube et prit la route de Mossoul. Le 15 de Ramadan, Abou al-Agharr partit à Alep. Il établit son camp à Wadi Boutnan près d’Alep avec tous ses hommes. Un certain nombre de ses hommes enlevèrent le dessus de leurs vêtements et entrèrent dans le fleuve pour se rafraîchir dans l’eau, car il faisait très chaud. Alors qu’ils étaient ainsi, l’armée des qarmates tomba sur eux, précédé par al-Moutawwaq. Il les surprit dans cette condition, tua un grand nombre d’entre eux et pilla leur camp. Abou al-Agharr s’enfuit avec environ mille de ses hommes et entra dans Alep alors que son armée initiale comptait environ dix-mille cavaliers et fantassins, ainsi qu’un certain nombre d’officiers et d’hommes du contingent de Ferghana de la cour du calife qui lui avait été attachés. Seulement quelques-uns d’entre eux parvinrent à s’enfuir. Les qarmates arrivèrent à la porte d’Alep où Abou al-Agharr et le reste de ses hommes luttèrent contre eux avec les habitants de la ville. Après la bataille, les qarmates quittèrent Abou al-Agharr, en prirent avec eux les chevaux, les armes, l’argent et les marchandises qu’ils avaient trouvés dans le camp. Al-Mouktafi repartit avec les troupes qui étaient avec lui et atteignit finalement ar-Raqqah où il établit son camp avant d’envoyer armée après armée contre les qarmates.

 

Au mois de Shawwal de cette même année, une dépêche d’al-Qassim Ibn ‘Oubaydallah de Damas arriva à Madinat as-Salam (Baghdad) dans laquelle il informait que Badr al-Hammami, l’associé proche d’Ibn Touloun, disait qu’il avait attaqué l’homme au poireau, qu’il l’avait mis en déroute et avait passé ses hommes par l’épée. Ceux qui réussirent à s’enfuir étaient partis en direction du désert. Il informait aussi que le commandant des croyants avait envoyé al-Houssayn Ibn Hamdan et des officiers à leurs poursuites.

Puis, une autre nouvelle arriva du gouverneur du Bahrayn, Ibn Banou, qui informait qu’il avait conduit une attaque surprise sur une forteresse des qarmates et avait triomphé de ses occupants.

 

Le 13 du mois de Dzoul Qi’dah, une autre dépêche arriva d’Ibn Banou du Bahrayn dans laquelle il rapportait qu’il avait attaqué des parents d’Abou Sa’id al-Jannabi ainsi que le chef que ce dernier avait nommé pour mener ses partisans après sa mort et l’avait mis en déroute. Cette personne se trouvait à al-Qatif. Après que ses hommes furent mis en déroute, il fut trouvé mort parmi les tués. Ibn Banou avait alors tranché sa tête. La dépêche indiquait qu’il avait conquis et était entré dans al-Qatif.

 

Copie d’une lettre de l’homme au poireau à un de ses fonctionnaires :

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Du servant de Dieu Ahmad Ibn ‘AbdAllah, le Mahdi, celui soutenu par Dieu, le partisan de la religion de Dieu, l’exécuteur testamentaire du commandement de Dieu, l’administrateur selon le jugement de Dieu, le missionnaire pour le Livre de Dieu, le défenseur du territoire sacré de Dieu, le choisi des enfants du Messager de Dieu, le commandant des fidèles et l’imam des musulmans, les plus humbles des hypocrites, le lieutenant de Dieu responsable des mondes, le faucheur des malfaiteurs, le fléau des transgresseurs, le vainqueur des hérétiques, le tueur des scélérats, le destructeur des méchants, la lampe de ceux qui peuvent voir et la lumière de ceux qui veulent voir la lumière, le pulvérisateur des adversaires, l’administrateur de la tradition des envoyés comme messagers, le descendant du meilleur des légataires, Puisse Dieu le bénir  ainsi que les personnes de sa maison et les faire prospérer !

À Ja’far Ibn Houmayd al-Kurdi :

Salutations à toi ! Je loue pour toi Dieu, en dehors de qui il n’y a nul autre Dieu et je lui demande de prier pour mon ancêtre Muhammad, le Messager de Dieu et de sa famille.

Des renseignements nous ont parvenu des récents événements provoqués dans vos parties par les ennemis non croyants de Dieu, les choses qu’ils ont faites à votre région, les méfaits, harcèlements et corruptions sur la terre qu’ils ont manifestée. Nous l’avons trouvée scandaleux et estimons qu’il est approprié de dépêcher nos troupes là. Par eux, Dieu prendra vengeance sur Ses ennemis qui provoquent avec passion la corruption. Nous avons dépêché notre prêcheur ‘Outayr, un certain nombre de fidèles à la ville de Homs et les avons renforcés avec nos troupes tandis que nous-mêmes suivons derrière eux. Nous leur avons suggéré de marcher vers votre région et de trouver les ennemis de Dieu où qu’ils soient. Nous espérons vraiment que Dieu nous permettra de procéder contre eux avec respect et de la meilleure manière dont nous sommes habitués en ce qui concerne les semblables comme eux. Il est nécessaire pour vous de fortifier votre cœur et les cœurs de vos associés et de vous fier à Dieu et à Son soutien, qu’Il nous nous a toujours et habituellement donné avec respect pour tous ceux qui se sont détournés de son obéissance et qui se sont égaré de la foi.

Avec la volonté de Dieu, permet-nous d’avoir rapidement des nouvelles de votre région et ne nous dissimule rien! « Là, leur invocation sera « Gloire à Toi, Ô Allah », et leur salutation : « Salam », [Paix!] et la fin de leur invocation : « Louange à Allah, Seigneur de l’Univers »[5] » Puisse Dieu bénir mon ancêtre Muhammad, le Messager de Dieu et les gens de sa maison et les faire prospérer.

 

Cette même année, al-Qassim Ibn ‘Oubaydallah envoya des troupes contre l’homme au poireau, en nommant Muhammad Ibn Souleyman al-Katib, qui était à la tête du Diwan (département) de l’armée, responsable de la campagne. Al-Qassim lui rattacha tous ses officiers et leur ordonna de lui obéir fidèlement. Muhammad procéda d’ar-Raqqah avec une armée substantielle et écrivit aux officiers de l’avant-garde qu’ils devaient lui obéir fidèlement.

 

Toujours cette année, deux émissaires de l’empereur byzantin arrivèrent à Baghdad. Ils vinrent pour négocier des rançons sur les prisonniers musulmans que le souverain byzantin détenait. Ils apportèrent des présents du souverain byzantin ainsi que plusieurs captifs musulmans qu’il envoyait au calife. Leur demande fut acceptée et des robes d’honneur leur furent octroyées.

 

 

En l’an 291 de l’Hégire (903), il y eu une bataille entre les forces gouvernementales, l’homme au poireau et ses hommes.

Abou Ja’far at-Tabari a dit : Comme cela a été déjà mentionné, al-Mouktafi quitta Madinat as-Salam pour conduire la guerre contre l’homme au poireau. Il atteignit ar-Raqqah et déploya ses troupes entre Alep et Homs. Il nomma Muhammad Ibn Souleyman al-Katib responsable de la campagne contre l’homme au poireau et lui donna le commandement de ses troupes et ses officiers. Au début de cette année, le Vizir d’al-Mouktafi al-Qassim Ibn ‘Oubaydallah écrivit à Muhammad Ibn Souleyman et les officiers gouvernementaux et leur ordonna de se lever contre l’homme au poireau et ses hommes. Ils marchèrent contre lui et atteignirent finalement un endroit qui était à vingt-quatre kilomètres de Hamah. Là, le mardi 6 du mois de Mouharram, ils rencontrèrent les qarmates que l’homme au poireau avait envoyés en avant tandis que lui-même resta en arrière avec un certain nombre d’autres, en compagnie de l’argent qu’il avait accumulé et sa caravane fut placée à l’arrière. Une féroce bataille éclata entre les forces gouvernementales et celles des qarmates. Les qarmates furent mis en déroute et beaucoup d’entre furent tués ou capturés. Le reste se dispersa dans le désert, poursuivit par les forces gouvernementales le mercredi soir 7 du mois de Mouharram.

Quand l’homme au poireau vit comment ses hommes furent vaincus et mis en déroute, il confia à son frère Abou al-Fadl le convoi de l’argent et lui ordonna de partir pour le désert et d’y rester jusqu’à ce qu’il apparaisse à un certain endroit et alors de le rejoindre. Le qarmate au poireau, son cousin al-Mouddaththir, et son proche associé al-Moutawwaq avec un page byzantin accompagnés d’un guide, partirent directement à travers le désert en direction de Koufa. Quand ils atteignirent finalement un endroit connu comme ad-Daliyyah dans la région administrative de la route de l’Euphrate, leurs provisions et leurs fourrages s’étaient épuisés. Il envoya un des hommes qui étaient avec lui pour obtenir tout ce qui leur était nécessaire. L’homme entra dans ad-Daliyyah, surnommé Daliyyat Ibn Tawq, pour acheter ce dont ils avaient besoin. Les gens ne reconnurent pas les vêtements qu’il portait et, quand ils le questionnèrent, il hésita. L’homme responsable de l’armurerie régionale, de la sécurité d’ar-Rahbah et de la route de l’Euphrate, Abou Khoubzah, le lieutenant d’Ahmad Ibn Muhammad Ibn Koushmard, le fonctionnaire du commandant des croyants al-Mouktafi, arriva alors avec un certain nombre de personnes et questionna l’homme qui les informa que l’homme au poireau était derrière une colline toute proche avec trois personnes. Abou Khoubzah partit aussitôt, les saisit et les rapporta à son maître, Ibn Koushmard, qui, avec Abou Khoubzah, les ramena à al-Mouktafi dans ar-Raqqah. Les troupes parties poursuivre l’ennemi revirent après avoir tué ou avoir capturé tous les alliés et les partisans du qarmate qu’ils purent.

Muhammad Ibn Souleyman envoya les nouvelles suivante de la victoire au vizir :

 

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

J’espère, si Allah le veut, que les précédentes dépêches que j’ai envoyées au vizir, puisse Allah Exalté lui donner la force, concernant les qarmates maudits et ses partisans sont arrivés.

Le mardi 6 du mois de Mouharram 291 (903), je quittais al-Qarwanah pour al-’Alyanah avec l’armée entière des alliés. Nous avançâmes en ordre de bataille, le centre, l’aile droite, la gauche et cetera. Je n’étais pas parti loin quand un rapport m’atteignit que l’hérétique qarmate avait dépêché an-Nou’man, le fils du frère d’Isma’il Ibn an-Nou’man, un de ses prêcheurs, avec trois-mille cavaliers et un grand nombre de fantassins. Il avait établi son camp à Tamn[6] à vingt-quatre kilomètres de Hamah où tous les cavaliers et les fantassins de Ma’arrat an-Nou’man, de la région du Foussays et d’autres régions le rejoignirent. J’ai dissimulé ces renseignements aux officiers et à tous les autres. J’ai demandé au guide, qui était avec moi, quelle distance il y avait entre nous et cet endroit et il me répondit douze kilomètres.

En faisant confiance à Allah Tout-Puissant, j’ai ordonné au guide de marcher contre an-Nou’man. Nous avons marché jusqu’à ce que j’atteigne les hérétiques. Je les trouvais déployés en ordre de bataille et nous vîmes leur avant-garde. Quand ils remarquèrent notre approche, ils avancèrent vers nous et nous avançâmes vers eux. Ils étaient divisés en escadrons. Selon les renseignements qui me furent fournies par un de leurs chefs que j’avais capturés, ils avaient confié la charge de leur aile gauche à Masrour al-’Oulaymi, Abou al-Himl, un page de Haroun al-’Oullayssi, Abou al-‘Adab, Raja', Safi et Abou Ya’la al-‘Alawi avec mille-cinq-cents cavaliers. Derrière leur aile gauche et en face de notre droite, ils avaient monté une embuscade avec quatre-cents cavaliers. Dans le centre, ils avaient placé an-Nou’man al-’Oullays, surnommé Abou al-Houty[7] et al-Hama’ry[8] et un certain nombre de commandants comme eux avec mille-quatre-cents cavaliers et trois-mille fantassins. Sur leur droite, ils avaient placé Koulayb al-’Oullayssi, surnommé ash-Shadid al-’Oullayssi, al-Houssayn al-’Oullayssi, Abou al-Jarrah al-’Oullayssi, Hamdoun al-’Oullayssi et un certain nombre de commandants comme eux. Ils avaient mille-quatre-cents cavaliers avec eux et ils avaient monté une embuscade avec deux-cents cavaliers. Ils avancèrent progressivement vers nous, pendant que nous marchions vers eux en formation serrée, en faisant confiance à Allah Tout-Puissant. J’avais encouragé les alliés, les pages et tous les autres hommes avec des promesses.

Quand nous fûmes en vue l’un de l’autre, l’escadron sur leur aile gauche attaqua et mena précipitamment leurs chevaux vers al-Houssayn Ibn Hamdan, qui était sur le flanc de l’aile droite. Al-Houssayn, puisse Allah le bénir et lui donner une bonne récompense, les confronta personnellement avec tous les hommes qui étaient avec lui. Utilisant leurs lances qu’ils brisèrent dans les poitrines des qarmates, après quoi les qarmates se retirèrent. Quand les qarmates reprirent leur attaque contre eux, ils prirent leurs épées, et frappèrent l’ennemi dans leurs visages. Lors de la première attaque, six-cents cavaliers des vils mécréants tombèrent. Les hommes d’Al-Houssayn saisirent cinq-cents chevaux et quatre-cents colliers en argent. Les qarmates tournèrent leur dos et s’enfuirent poursuivis par al-Houssayn. Ils contre-attaquèrent sans arrêt, attaque après attaque. Au cours de ces engagements, leurs groupes tombèrent les uns après les autres, jusqu’à ce qu’Allah Tout-Puissant les ait annihilés. Moins de deux-cents de leurs hommes s’enfuirent.

L’escadron sur leur droite attaqua al-Qassim Ibn Sima, Youmn al-Khadim, les Banou Shayban et les Banou Tamim qui étaient avec eux. Ces derniers les accueillirent avec leurs lances, sur lesquelles se brisa l’élan de l’ennemi et un grand nombre de vils furent tués. Au moment de leur attaque, ils furent attaqués par Khalifah Ibn al-Moubarak et Lou'lou'  dont trois-cents cavaliers que j’avais déployé sur les flancs de Khalifah et de ses hommes. Ils combattaient aux côtés des Banou Shayban et des Banou Tamim. Un grand nombre de mécréants furent tués et les forces gouvernementales les poursuivirent. Les Banou Shayban capturèrent trois-cents chevaux et cent colliers et les hommes de Khalifah prirent un nombre égal.

An-Nou’man et ses hommes du centre avancèrent vers nous. Placé entre le centre et la droite, j’attaquais avec ceux qui étaient avec moi. Khaqan, Nasr al-Qoushouri, Muhammad Ibn Koumoushjour et ceux avec lui sur la droite attaquèrent aussi, ainsi que Wasif Moushjir, Muhammad Ibn Ishaq Ibn Koundajiq, les deux fils de Kayghalagh et ceux avec eux, al-Moubarak al-Qoummi Rabi’ah Ibn Muhammad, Mouhajir Ibn Toulayq, al-Mouzaffar Ibn Hajj, ‘Abdallah Ibn Hamdan, al-Jinn l’Aîné, Wasif al-Bouktamiri, Bishr al-Bouktamiri et Muhammad Ibn Qaratoughan. Sur le flanc de l’aile droite se trouvaient tous ceux qui avaient attaqué les hommes dans le centre aussi bien que ceux qui s’étaient dégagés des attaquants contre al-Houssayn Ibn Hamdan. Ils continuèrent à tuer les hérétiques, leurs cavaliers ainsi que leurs fantassins, jusqu’à ce qu’ils furent tués, sur une distance de plus de dix kilomètres.

Quand je suis allé à un kilomètre au-delà des lignes de la bataille, je craignis que les mécréants aient planifié une ruse contre les fantassins et la caravane. Je me suis donc arrêté jusqu’à ce qu’ils m’aient rejoint. Je les réunis tous autour de moi, devant qui se trouvait la lance bénie, la lance du commandant des fidèles[9].

J’avais directement attaqué au début ainsi que les troupes, tandis que durant tout ce temps ‘Issa an-Noushari protégeait la caravane, posté derrière les lignes de bataille avec les cavaliers et les fantassins selon un plan que j’avais établi pour lui. Il ne quitta pas sa position, jusqu’à ce que toutes les troupes de chaque endroit m’ait rejoint. Je montais mes tentes à l’endroit où je m’étais arrêté, jusqu’à ce que tout le monde ait établi son camp et restait là jusqu’après la prière du soir, quand tous les hommes furent logés en sécurité. J’envoyais des avant-gardes avant de descendre de ma monture et louais Allah Exalté abondamment pour la victoire qu’Il nous avait permis d’apprécier. Chaque officier, chaque page du commandant des croyants aussi bien que les non-Arabes et d’autres, accomplirent leur mission d’aider cette dynastie bénie et de lui offrir le bon conseil. Puisse Allah les bénir tous!

Quand les gens partirent se reposer, moi et tous les officiers allèrent se poster à l’extérieur du camp jusqu’au matin. Nous fîmes cela pour éviter qu’une ruse puisse être utilisée contre nous. Je demande à Allah Exalté de nous accorder Ses faveurs et de donner la puissance à notre seigneur le vizir. Je suis en route pour Hamah d’où, avec l’aide d’Allah Exalté, je marcherai à Salamiyah, où viennent d’arriver depuis trois jours le reste des incroyants ainsi que l’hérétique en personne.

Je crois qu’il est nécessaire pour le vizir d’écrire une lettre à tous les officiers et à toutes les tribus arabes des Banou Shayban, des Taghlib et des Banou Tamim, de les louer et de les gratifier pour ce qui est arrivé dans cette bataille car aucun d’entre eux, jeune ou vieux, n’est partit sans avoir atteint son but.

Puisse Allah Exalté être Loué pour les faveurs accordées! C’est à Lui que je demande Ses pleines grâces.

Lorsque je voulus procéder pour collecter les têtes, celle d’Abou al-Himl, Abou al-‘Adab et Abou al-Baghl furent trouvées et il fut trouvé qu’an-Nou’man avait été tué. Je suis, avec la volonté d’Allah Exalté, sur le point de rechercher son cadavre, de prendre sa tête et de la ramener avec toutes les autres en présence du commandant des croyants.

 

 

Le lundi 26 du mois de Mouharram de l’année 291 de l’Hégire (903), l’homme au poireau fut amené à ar-Raqqah, en avant des gens sur un chameau de Bactriane, coiffé d’un capuchon en soie et couvert d’une cape de brocart. Al-Mouddaththir et al-Moutawwaq le précédait sur deux chameaux. Al-Mouktafi laissa ses troupes en arrière avec Muhammad Ibn Souleyman et, accompagné par al-Qassim Ibn ‘Oubaydallah, il quitta ar-Raqqah avec ses proches, ses pages et ses servants pour Baghdad. Il emporta l’homme au poireau, al-Mouddaththir, al-Moutawwaq et un certain nombre de qarmates capturés dans la bataille le 1 du mois de Safar de l’année 291 de l’hégire (903).

Quand le calife arriva à Baghdad, il pensa faire entrer les qarmates dans Madinat as-Salam suspendu sur des pieux maintenus sur le dos d’un éléphant. Il ordonna la démolition des arcades des portes qui étaient trop basses pour laisser passer les pieux sur le dos de l’éléphant. Il fit de même pour les portes de Bab at-Taq, Bab ar-Roussafah et d’autres portes. Mais al-Mouktafi trouva ce plan répréhensible. Damyanah, le page de Yazman, fit donc faire une chaise pour l’homme au poireau qui fut monté sur le dos de l’éléphant.

Le lundi matin 2 du mois de Rabi’ Awwal, al-Mouktafi entra dans Madinat as-Salam Baghdad. Il fut précédé par les captifs enchaînés montés sur des chameaux couverts de capes de brocart et de capuchons en soie. Al-Moutawwaq, dont la barbe n’avait pas encore grandi, était au milieu. Il avait un morceau de bois placé dans sa bouche, qui était attaché au dos de sa tête, comme si c’était une bride. Cela fut fait parce que, quand il fut apporté dans ar-Raqqah, il calomnia les gens quand ils le maudirent et cracha sur eux. Il fut traité de cette manière pour éviter qu’ils ne causent encore du tort à cette occasion. Al-Mouktafi ordonna alors la construction d’une large plate-forme sur le vieil oratoire sur la rive est avec des escaliers pour y permettre l’accès.

Quand al-Mouktafi revint à Madinat as-Salam, il laissa ses troupes dans ar-Raqqah avec Muhammad Ibn Souleyman. Ce dernier rassembla alors les officiers, les Qadis et les chefs de la police des qarmates dans cette région et les enchaîna avant de partir à Madinat as-Salam sur la route de l’Euphrate. Le jeudi soir 12 du mois de Rabi’ Awwal, il atteignit Bab al-Anbar avec un certain nombre d’officiers, parmi eux Khaqan al-Mouflihi, Muhammad Ibn Ishaq Ibn Koundajiq et d’autres. Il fut ordonné aux officiers qui étaient à Baghdad d’aller à sa rencontre et d’escorter Muhammad Ibn Souleyman dans la ville. Il entra avec environ soixante-dix captifs le précédant et alla à at-Thourayyah où une robe d’honneur, un collier et deux bracelets en or lui furent attribués ainsi qu’à tous les officiers qui l’accompagnait. On leur donna congé pour qu’ils puissent revenir à leurs résidences tandis que les captifs furent emprisonnés.

L’homme au poireau qui était dans la prison d’al-Mouktafi, prit un bol de la table qui lui avait été introduite, la fracassant et avec le tranchant d’un morceau, coupa une de ses veines. Il perdit beaucoup de sang avant d’arrêter l’écoulement. Quand la personne responsable de service le remarqua, il lui demanda pourquoi il avait fait cela et il répondit : « Mon sang était trop agité, je l’ai fait sortir et l’ai laissé en paix, jusqu’à ce qu’il soit bien de nouveau et que sa force revienne.

 

Le lundi 23 du mois de Rabi’ Awwal, al-Mouktafi ordonna aux officiers et aux pages d’être présents à la plate-forme qu’il avait ordonnée de construire ou se trouvait présent une immense foule. Ahmad Ibn Muhammad al-Wathiqi, qui était le préfet de police dans Madinat as-Salam et Muhammad Ibn Souleyman, le secrétaire de l’armée, montèrent sur la plate-forme et s’assirent sur leurs sièges. Les captifs qu’al-Mouktafi avait apportés d’ar-Raqqah ainsi que ce de Muhammad Ibn Souleyman furent ramenés sur des chameaux à la plate-forme. Les qarmates capturés à Koufa et emprisonnés, les gens de Baghdad qui professait la doctrine des qarmates ainsi que d’autres qui n’étaient pas des qarmates, au nombre d’environ trois-cent-vingt ou trois-cent-soixante, restèrent sur les chameaux, avec deux gardes armées responsables de chacun d’entre eux. Le qarmate al-Houssayn Ibn Zikrawayh, surnommé l’homme au poireau, avec son cousin al-Mouddaththir, furent apporté sur un mulet sous une litière couverte accompagnés par un certain nombre de cavaliers et de fantassins. Ils furent apportés jusqu’à la plate-forme où ils prirent place. Trente-quatre captifs furent alors présentés, leurs mains et leurs pieds furent coupés et ils furent décapités les uns après les autres. Chaque homme fut saisit et mis face contre terre. Sa main droite fut coupée et descendue de la plate-forme et jetée en bas afin que les gens puissent la voir. Alors son pied gauche fut coupé, puis sa main gauche, et son pied droit qui furent jetés en bas. Alors il fut assis, son cou fut tendue, sa tête tranchée et lancée en bas. Un petit nombre de captifs jurèrent qu’ils n’étaient pas des qarmates.

Quand l’exécution de ces trente-quatre individus qui incluaient des hommes proéminents et importants des qarmates fut terminée, al-Mouddaththir fut présenté. Ses mains et ses pieds furent coupés avant d’être décapité. Puis, le qarmate fut présenté et reçu deux-cents coups de fouet. Alors ses mains et pieds furent coupés et cautérisés, après quoi il perdit conscience. Du bois à brûler fut placé sur ses flancs et son ventre et enflammé. Il ouvrit ses yeux, mais les referma de nouveau. Quand on craignit qu’il puisse mourir, il fut décapité, sa tête fut levée sur un piquet de bois. Tous ceux qui étaient sur la plate-forme et tous les gens présents crièrent alors : « Allah est le Plus Grand ».

Après que le qarmate fut tué, les officiers et ceux qui étaient présents partirent pour voir ce qui serait fait avec lui, pendant qu’al-Wathiqi avec un certain nombre de ses hommes restèrent jusqu’à la deuxième prière du soir jusqu’à ce que tous les autres captifs qui avaient été apportés à la plate-forme furent décapités. Et ce n’est qu’alors qu’il partit. Le matin suivant, les têtes des tués furent amenées au pont. Le cadavre du qarmate fut pendu au pied du Pont Supérieur à Baghdad. Le mercredi, les cadavres des tués furent jetés dans un puits creusé à côté de la plate-forme, qui fut aussitôt rebouché. Plusieurs jours après, il fut ordonné de démolir la plate-forme et cela fut fait.

Ces châtiments furent accomplis conformément à la révélation en ce qui concerne ceux sèment  la corruption sur la terre. Allah Exalté et Loué dit dans Son Livre : « La récompense de ceux qui font la guerre contre Allah et Son messager, et qui s’efforcent de semer la corruption sur la terre, c’est qu’ils soient tués, ou crucifiés, ou que soient coupées leur main et leur jambe opposées, ou qu’ils soient expulsés du pays. Ce sera pour eux l’ignominie ici-bas ; et dans l’au-delà, il y aura pour eux un énorme châtiment, excepté ceux qui se sont repentis avant de tomber en votre pouvoir : sachez qu’alors, Allah est Pardonneur et Miséricordieux ».[10]

 

 

Le 14 du mois de Rabi’ Thani de l’année 291 de l’Hégire (903), al-Qassim Ibn Sima arriva à Baghdad via la Route de l’Euphrate de la région sous sa juridiction. Il était accompagné par un des Banou al-’Oullays, un qarmate, qui était venus lui demander la sécurité. Son patronyme était Abou Muhammad et il était un des prêcheurs des qarmates. Les autorités centrales avaient précédemment correspondu avec lui et lui avaient promis de bien le traiter s’il demandait la sécurité parce qu’il était le seul chef qarmate qui restait dans la région syrienne. Il était un Mawlah des Banou al-’Oullays et s’appelait Isma’il Ibn an-Nou’man. Au moment de la bataille, il s’était réfugié avec un certain nombre des Banou al-’Oullays dans une région obscure d’où il s’enfuit. Il voulut alors demander la sécurité et déclarer sa loyauté, parce qu’il craignait pour sa vie. On l’a lui accorda donc ainsi qu’à environ soixante hommes lorsqu’ils arrivèrent à Madinat as-Salam. Ils furent bien traités et des présents d’argent leur furent distribués avant d’être envoyés à Rahbah Malik Ibn Tawq et al-Qassim Ibn Sima qui leur attribua un salaire militaire. Lorsqu’al-Qassim Ibn Sima arriva avec eux dans la région sous sa juridiction, ils restèrent avec lui pendant quelque temps. Alors ils conspirèrent pour le trahir et se rendant compte de leur plan, il ne perdit aucun temps en se débarrassa aussitôt d’eux en passant certains d’entre eux par l’épée tandis que les autres furent emprisonnés. Le reste des Banou al-’Oullays et leur Mawlah furent découragés et humiliés. Après être resté pendant quelque temps dans les environs d’as-Samawah, l’hérétique Zikrawayh correspondit avec eux et les informa qu’il lui avait été révélé que l’homme surnommé ash-Shaykh et son frère serait tué et que son imam, qui lui serait révélé, apparaîtrait après leur mort et serait victorieux.

 

 

Le jeudi 9 du mois de Joumadah Awwal de cette même année, al-Mouktafi maria son fils Abou Ahmad Muhammad à la fille d’Abou al-Houssayn al-Qassim Ibn ‘Oubaydallah. La dot fut de cent-mille dinars.

À la fin du mois de Joumadah Awwal, une lettre de la région de Joubba arriva à Baghdad, informant qu’une crue soudaine dans un fleuve sec submergea Joubba et inonda environ 180 kilomètres. Un grand nombre des gens aussi bien que de bétail furent noyés, les récoltes inondées, les résidences et les villages furent aussi ruinés. Les corps de mille-deux-cents personnes noyées furent récupérés en plus de ceux qui furent portés disparus.

 

Le premier dimanche du mois de Rajab, al-Mouktafi accorda des robes d’honneur à Muhammad Ibn Souleyman, le secrétaire de l’armée et un certain nombre d’officiers distingués, parmi eux Muhammad Ibn Ishaq Ibn Koundajiq, Khalifah Ibn al-Moubarak, surnommé Abou al-Agharr, les deux fils de Kayghalagh, Boundouqah Ibn Koumoushjour ainsi qu’à d’autres. Il ordonna aux officiers d’obéir fidèlement à Muhammad Ibn Souleyman. Toujours vêtu de ses robes d’honneur, Muhammad Ibn Souleyman partit et s’établit dans sa tente dans son camp à Bab ash-Shammassiyah. Un certain nombre d’officiers qui avaient été mobilisés, s’établirent dans son camp. Ils devaient partir pour Damas et l’Egypte pour capturer les provinces de Haroun Ibn Khoumarawayh, pour les autorités centrales qui s’étaient rendues compte que Haroun et ceux qui étaient avec lui étaient faibles, après avoir subi de grandes pertes d’hommes tués par les qarmates.

Le 6 du mois de Rajab, Muhammad Ibn Souleyman et ses hommes au nombre d’environ dix-mille quittèrent Bab ash-Shammassiyah après que Souleyman leur est ordonné de faire tous leurs efforts possibles pour avancer vite.

 

Le 27 du mois de Rajab, une dépêche arriva d’Isma’il Ibn Ahmad du Khorasan qui fut lue dans les deux mosquées publiques de Madinat as-Salam. Isma’il disait que les Turcs avaient marché contre les Musulmans avec une immense armée et beaucoup de personnes. Il y avait sept-cents tentes turques dans le camp qui étaient exclusivement réservées pour leurs chefs ! Isma’il avait donné le commandement d’une armée à un officier et l’avait envoyé contre eux. Il fut publiquement annoncé que les gens devaient s’offrir volontaire et beaucoup le firent. Le commandant de l’armée marcha avec les Musulmans qui étaient avec lui contre les Turcs. Les Musulmans tombèrent sur eux à l’improviste tôt le matin et tuèrent un grand nombre d’entre eux tandis que le reste s’enfuit. La permission fut donnée pour piller leur camp et les Musulmans revinrent chez eux avec le butin.

 

Au mois de Sha’ban, le souverain byzantin envoya dix croix avec cent-mille hommes contre les villes frontalières et un certain nombre d’entre eux marcha sur al-Hadath qu’ils attaquèrent et brûlèrent avant de capturer tous les Musulmans qui purent.

 

Au mois de Ramadan, une dépêche d’al-Qassim Ibn Sima arriva aux autorités centrales d’ar-Rahbah dans laquelle il était fait mention que des membres des tribus arabes des Banou ‘Oullays et leurs Mawlah, qui avaient été avec les qarmates et qui avait demandé la sécurité avaient rompu leurs engagements et trahit leur confiance. Ils avaient projeté d’attaquer ar-Rahbah, le 1 du mois de Shawwal, le jour de la rupture du jeune alors que les gens étaient retenus dans la prière et de tuer tous ceux qu’ils pourraient atteindre avant de brûler et de piller la ville. « J’ai utilisé une ruse contre eux et tué finalement et capturé cent-cinquante d’entre eux, sans compter ceux qui se sont noyés dans l’Euphrate. Je ramène les captifs incluant un certain nombre de leurs chefs et les têtes des tués ».

À la fin du mois de Ramadan, une dépêche d’ar-Raqqah arriva à Baghdad d’Abou Ma’ad concernant des nouvelles du Tarse. La dépêche mentionnait qu’Allah Exalté avait donné la victoire à un homme surnommé Ghoulam Zourafah qui avait commandé un raid contre une ville byzantine appelée Antaliyah localisé sur la côte, de la taille de Constantinople. Ghoulam Zourafah la conquis de force par l’épée. Il tua environ cinq-mille hommes, captura un nombre semblable, et sauva quatre-mille captifs musulmans. Il saisit soixante navires byzantins et les chargea du butin qu’il avait fait ramasser. Il estima que la part de chaque participant à ce raid revenait à mille dinars. J’ai envoyé rapidement cette dépêche, pour que le vizir soit au courant de l’événement. Écrit le jeudi 10 du mois de Ramadan 291 (903). La dépêche arriva à Baghdad et fut lue dans les deux mosquées principales.

 

Cette même année, al-Qassim Ibn Sima arriva à Baghdad avec quarante captifs et environ soixante têtes des Banou ‘Oullays tués. Parmi les têtes, se trouvait celle d’Abou Muhammad Isma’il Ibn an-Nou’man al-’Oullayssi.

 

 

Le mercredi 6 du mois de Dzoul Qi’dah de l’année 291 de l’Hégire (904), al-Qassim Ibn ‘Oubaydallah mourut. Le lendemain après sa mort, al-Mouktafi nomma al-‘Abbas Ibn al-Hassan vizir . Al-‘Abbas assista à plusieurs réunions ce jour. Il devint extrêmement nerveux après être monté sur son cheval pour revenir chez lui et sur la voie de retour, il demanda quatre fois de l’eau.

 

 

Au mois de Mouharram de l’année 292 de l’Hégire (904), le Byzantin Andronikos attaqua Mar’ash et ses environs. Les habitants d’al-Massissah et de Tarse sortirent pour combattre et Abou ar-Rijal Ibn Abi Bakkar et un certain nombre de Musulmans furent mortellement blessés.

 

Le 3 du mois de Rabi’ Awwal, le mur d’une maison ayant appartenu à ‘Oubaydallah Ibn ‘Abdallah Ibn Tahir, s’écroula sur le cadavre du qarmate al-Houssayn Ibn Zikrawayh qui était pendu à proximité et l’écrasa et nulle trace de lui fut trouvé lorsque les ruines furent déblayées.

 

Cette année, les Musulmans et les Byzantins entreprirent des négociations de rançon. Le premier jour des négociations débuta le 2 du mois de Dzoul Qi’dah. Le nombre total de Musulmans rançonnés fut environ mille-deux-cents. Mais les Byzantins se rétractèrent, les négociations furent arrêtées et les Musulmans retournèrent avec leurs captifs byzantins restants. Les négociations de rançon et d’armistice furent arrangées par Abou al-’Asha’ir et le Qadi Ibn Moukram. Quand ce raid d’Andronikos contre les habitants de Mar’ash survint et qu’Abou ar-Rijal et d’autres furent tués, Abou al-’Asha’ir fut désisté de son poste de gouverneur et remplacé par Roustoum à qui fut aussi confié les négociations de rançons. La personne en charge des négociations pour les Byzantins, était un homme du nom d’Astanah.

 

Cette année, le niveau des inondations à Baghdad fut extrêmement haut et les habitants de la ville craignirent la noyade. Les maisons sur les deux rives du Tigre furent détruites et les eaux jaillirent dans les magasins des marchands de sacs à Baghdad.

Le niveau du Tigre remonta alors une deuxième fois encore plus haut que le précédent parce qu’al-Mouktafi avait fait construire un bâtiment à l’endroit connu comme al-Hassani et avait étendu sa fondation de trente mètres dans le Tigre. Quand les eaux atteignirent le bâtiment au moment de l’inondation, elles n’ont pas trouvé de sortie et sont retournées en arrière, augmentant ainsi le niveau à Baghdad et dans les environs. Beaucoup de personnes crurent que l’inondation venait de la nappe phréatique montante.

 

Toujours cette année, une lettre de Bassam al-Kurdi qui était posté dans une forteresse entre le territoire des Byzantins et des Musulmans pour conclure une trêve de paix entre eux arriva à Baghdad. Il informait que le roi byzantin lui avait écrit, en lui avait ordonné de reconstruire les ponts sur le Jayhan et d’améliorer la route pour lui, car il projetait de marcher sur Tarse. L’agent dans Tarse envoya le message sur les autorités centrales.

 

Cette même année, l’émissaire du roi byzantin arriva à Tarse pour des négociations de rançon.

 

 

Au mois de Rabi’ Awwal de l’an 293 de l’Hégire (905), des nouvelles arrivèrent à Baghdad qu’un frère de Zikrawayh, surnommé l’homme au poireau, était apparu dans ad-Daliyyah avec certains hommes venant de la route de l’Euphrate accompagné par un certain nombre de membres de tribu arabes et de brigands qui l’avait rejoint. Il marcha sur Damas en leur compagnie en prenant la route de désert. Il provoqua des problèmes dans la région et lutta contre ses habitants. Al-Houssayn Ibn Hamdan fut mobilisé pour sortir contre lui et il partit avec un grand nombre de troupes. L’entrée des qarmates à Damas eut lieu au mois de Joumadah Awwal. Puis de nouvelles informations signalèrent que les qarmates s’étaient dirigés vers Tabariyah ou les habitants leur refusèrent d’entrer dans la ville. Mais il lutta contre eux pour finalement entrer dans la ville où il tua la plupart des hommes et des femmes avant de piller la ville et de retourner vers le désert.



[1] Entre Koufa et Damas sur la route de Palmyre.

[2] Excroissance qui vient sur la peau de la forme d’un bouton parfois avec des poils.

[3] Qur’an. 74:1.

[4] Voir l’introduction de « la mode » chez les Musulmans dans notre livre sur l’Histoire de l’Andalousie.

[5] Qur’an. 10:10.

[6] Nom incertain.

[7] Nom incertain.

[8] Nom incertain.

[9] Une lance qui aurait appartenue au Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).

[10] Qur’an : 5 ; 33,34.