L’apparition des qarmates

 

Cette même année, une nouvelle sédition, encore plus grave que celle des zanj, apparue. Elle fut celle des qarmates (al-qaramitah), les athées, les ennemis d’Allah et de l’Islam. Un grand nombre d’entre nous ignore qui ils étaient hormis le fait qu’il était un groupe déviant shiite de l’Islam. Nous allons donc vous rapporter leur histoire afin que vous puissiez mieux comprendre, les innombrables crimes qu’ils commirent envers les musulmans et l’Islam.

Les qarmates doivent leur origine à Hamdan Ibn Ash’af an-Nabati, de Nabat de Koufa. Hamdan fut surnommé karmita, qui veut dire en nabatéen « celui qui a les yeux rouges ». Puis karmita se transforma en qourmout. Les Nabat étaient un peuple qui habitait le Bahreïn. Qourmout rencontra un paysan du nom de Houssayn al-Ahwazi qui était un des prêcheurs ismaélien qui descendit à Koufa où il pratiqua ouvertement l’ascétisme.

 

Voici l’histoire de leurs origines, telle qu’elle fut rapporté par l’Imam at-Tabari.

 

Les origines des qarmates

 

En l’an 278 de l’Hégire, (891), des nouvelles arrivèrent de Baghdad de l’émergence dans la région de Koufa d’un nouveau groupe déviant du nom des qarmates. Leur mouvement commença par l’arrivée d’un homme de la province du Khûzistân. En s’installant à an-Nahrayn, il mena une vie ascétique et afficha sa piété à tous. Il gagna sa vie en tissant des paniers de fibres de palmes et passait une grande partie de son temps à prier. Il continua sur cette voie durant quelque temps. Si quelqu’un le rejoignait, il lui parlait des affaires religieuses, l’inculquait au mépris de ce monde et lui enseignait qu’il incombait à chacun de prier cinquante fois chaque jour et nuit. Il le fit jusqu’à ce que les nouvelles se soient étendues sur ses activités à cet endroit. Alors, il affirma qu’il était urgent de porter allégeance à un Imam de la maison du Messager (saluts et bénédictions d’Allah sur lui). Il continua ainsi, attirant de cette manière les gens de son côté et dispersa son message qui convainquit leurs cœurs.

Il y avait dans le village, un homme qui exerçait la profession de marchand de fruits et de légumes. À proximité, se trouvait une palmeraie, qui avait été acquise par un groupe de marchands. Ils construisirent alors un abri dans lequel, ils conservaient les fruits qu’ils cueillaient. Ils vinrent chez le marchand de fruits et de légumes et lui demandèrent de leur trouver un homme qui pourrait garder ce qu’ils avaient cueilli. Le marchand de fruits et de légumes leur montra cet homme et leur dit : « Si cet homme consent à garder vos dates, il est juste l’homme que vous cherchez ». Donc les marchands discutèrent l’affaire avec lui et il accepta d’exercer la fonction de garde pour une certaine rémunération. Il devint donc un garde pour eux, et passait la plupart de ces journées aux prières et au jeûne. Pour le petit déjeuner, il prenait un Ratl de date et après les avoir mangées, il ramassait les noyaux. Quand les marchands chargèrent toutes leurs dates, ils allèrent chez le marchand de fruits et de légumes pour régler le salaire de l’homme qu’ils avaient loué, et lui remirent son salaire. Alors, ce dernier estima ce qu’il devait au marchand de fruits et légumes pour les dates qu’il avait consommé et le marchand déduit de son salaire la valeur des noyaux qu’il rendit au dernier.

Quand les propriétaires de la palmeraie entendirent ce qui se passait entre les deux hommes, et l’affaire des noyaux de dates, ils l’attaquèrent, le frappèrent et lui dirent : « Ne t’était-il pas suffisant de manger nos dates, pour que maintenant tu vendes des noyaux ? » Le marchand de fruits et de légumes leur dit alors : « Laissez-le en paix, cet homme ne toucherait même pas vos dates ». Et il leur raconta son histoire. Les négociants regrettèrent de l’avoir frappé, et concernant son ascétisme, les habitants du village l’estimèrent encore plus.

Ensuite, il tomba malade et se retrouva abandonné sur la route. Il y avait, dans ce village, un homme qui conduisait des bœufs et qui avait les yeux extrêmement rouges et ses yeux étaient tellement rouges que les gens du village vinrent à l’appeler karmita, à cause de la rougeur de ses yeux[1]. Le marchand de fruits et de légumes demanda à ce karmita de prendre l’homme malade chez lui et de demander à sa famille de veiller et de s’occuper de lui. Karmita fit ce qu’on lui demanda et l’homme resta avec lui jusqu’à ce qu’il se soit rétabli.

S’il recevait des villageois dans sa maison, il les invitait à le rejoindre dans sa cause et leur décrivaient son credo. Les gens de cette région lui répondirent et il prit un dinar de quiconque rejoignit son groupe religieux tandis que ces derniers pensaient qu’il prenait cet argent pour l’Imam. De cette manière, il continua à prêcher les gens de ces villages et ils lui répondirent favorablement. Alors il choisit douze agents parmi eux et il leur donna l’ordre d’appeler les gens à leur foi. Il dit aux agents : « Vous êtes comme les apôtres de Jésus, le fils de Mariam ».

Les fermiers de cette région négligèrent leur travail à cause des cinquante prières qu’il leur prescrit et déclara obligatoire pour eux. Al-Hayssam qui avait des domaines dans cette région, remarqua que ses fermiers étaient devenus négligents dans le travail de la terre. Il se renseigna sur les causes et il fut informé qu’un homme était apparu et leur avait révélé des pratiques religieuses. Il leur avait enseigné que Dieu leur avait prescrit de prier cinquante fois pendant le jour et la nuit et que cela les avait éloignés de leur travail. Al-Hayssam fit venir alors l’homme qui fut amené devant lui. Al-Hayssam le questionna sur ses activités et l’homme raconta son histoire après quoi, Al-Hayssam jura de le tuer. Sur ses ordres, l’homme fut emprisonné dans une maison, la porte fermée à clé, et la clé fut déposée sous l’oreiller d’al-Hayssam. Un jour qu’il avait bu, une des domestiques qui était dans la maison et qui avait entendu l’histoire de l’homme eu pitié pour lui. Quand al-Hayssam s’endormit, elle prit la clé de dessous son oreiller, ouvrit la porte et emmena l’homme. Alors elle referma la porte et remit la clé à son endroit. Quand al-Hayssam se réveilla, il demanda la clé, ouvrit la porte et constata que l’homme n’était plus là. Quand les nouvelles de cette disparition se propagèrent parmi les gens. Ils furent très excités et dirent : « Il a été élevé au ciel ».

Plus tard, il apparut dans un autre endroit et rencontra certains de ses amis et d’autres. Ils le questionnèrent à propos de son expérience et il répondit : « Personne ne peut me causer du mal et me contrôler ainsi ». Cela l’éleva encore plus haut à leurs yeux. Craignant pour sa sécurité, il partit dans le voisinage de Damas à Salamiyah, un village ismaélite et on n’entendu plus rien de lui. Les gens l’appelèrent par le nom du propriétaire des bœufs dans la maison de qui il était resté ; karmita. Et plus tard ils trouvèrent plus facile de le prononcer comme qarmat.

Cette histoire fut rapportée par quelqu’un qui était en présence de Muhammad Ibn Daoud Ibn al-Jarrah qui convoqua des qarmates de la prison et les interrogea sur Zikrawayh, après qu’il eut tué ce dernier, de qarmat et de son histoire. Ces hommes désignèrent un du groupe, un vieil homme et dirent : « Cet homme est le beau-frère de Zikrawayh et il connaît mieux son histoire, demande-lui tout ce que tu veux ». Ibn al-Jarrah le questionna, après quoi, l’homme raconta cette histoire.

Selon Muhammad Ibn Daoud : qarmat était un homme de la région de Koufa, qui avait l’habitude de transporter les récoltes des villages de Koufa avec des bœufs, son nom était Hamdan et ils le surnommèrent qarmat.

Par conséquent, le mot qarmate et leur conviction se répandit et leurs nombres augmenta dans la région de Koufa. Quand at-Ta’i Ahmad Ibn Muhammad, apprit d’eux, il taxa chacun d’entre eux un dinar par an et de cette manière il recueillit une énorme fortune. Les habitants de Koufa allèrent trouver les autorités et leur rapportèrent l’affaire de qarmat, et leur dirent que ce dernier avait inventé une nouvelle religion qui se distinguait de l’Islam et qu’il pensait passer par l’épée tous les gens de la communauté de Muhammad (saluts et bénédictions d’Allah sur lui), exceptés ceux qui reconnaîtraient leur religion. Ils ajoutèrent qu’at-Ta’i dissimulait la cause de qarmat aux autorités. Les autorités ne portèrent aucune attention aux habitants de Koufa, ni ne les écoutèrent. Ces derniers partirent, mais l’un d’entre eux resta à Baghdad pendant longtemps, renouvelant ses inquiétudes concernant ces déviants et affirma qu’il ne pouvait pas revenir dans sa ville de peur d’at-Ta’i.

 

Les qarmates

 

Le fondateur des qarmates est donc Houssayn al-Ahwazi, l’abject et maudit prêcheur ismaélien. Et le fondateur des ismaéliens, d’où sont issus les qarmates, est Abou al-Khatab Ibn Abi Zaynab fondateur de la secte khatabiyah. Abou al-Khatab est Muhammad Ibn Abi Zaynab et le nom d’Abi Zaynab est Miklas al-Ajda’ un Mawlah des Mawali des Bani Assad, une personnalité infâme, mauvaise, abjecte et sale, d’origine juive et mazdéenne. Un homme qui avait une ignoble doctrine, qui croyait en la transmigration des âmes et qui prétendait que la lumière (nour) d’Allah Exalté s’était manifestée dans la personnalité de Moutalib Ibn Hashim, puis dans celle de son fils Abi Talib, puis de Muhammad (saluts et bénédictions d’Allah sur lui), puis dans ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui), puis dans Ja’far as-Saddiq et enfin dans Abi Khatab. Il est vrai que les shiites ont toujours été des champions pour inventer d’obtuses, d’obscures et sinistres aberrations et seuls ce qui sont comme eux peuvent les aimer !

Parmi ses autres aberrations, il prétendit que les âmes après leur mort se transformaient en anges, que le monde était éternel, que deux prophètes, l’un prêcheur et l’autre silencieux, apparaissait chaque siècle. Il prétendait que Muhammad (saluts et bénédictions d’Allah sur lui) était le prophète prêcheur et que ‘Ali était le silencieux. En plus d’insulter certains compagnons, il autorisa l’adultère et l’usure, la consommation du porc, le mariage avec les personnes interdites et les hommes. Vous comprendrez alors aisément pourquoi les mécréants les aime !

Parmi les histoires de ces qarmates et de leurs convictions est la suivante. Ils apportèrent un livre qui contenait ce texte, « Au nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux! » Ainsi dit al-Faraj Ibn ‘Uthman, du village Nasranah qui prêcha la religion du Christ, qui est Jésus, qui est le Logos, qui est le Messie (Mahdi), qui est Ahmad Ibn Muhammad Ibn al-Hanafiyah, qui est Gabriel. Il dit que le Christ apparut avant lui dans la forme humaine et lui dit : «  Tu es le pasteur et tu es la preuve ; tu es la chamelle et tu es l’âne ; tu es l’esprit saint et tu es Yahya Ibn Zakariyyah[2] ».

Il informa aussi al-Faraj que la prière se composait de quatre prostrations, deux avant le lever du soleil et deux après le coucher du soleil. Il ajouta que l’appel à chaque prière est : « Allah est le Plus Grand, Allah est le Plus Grand, Allah est le Plus Grand, Allah est le Plus Grand. J’atteste qu’il n’y a nul Dieu, excepté Allah, deux fois, « J’atteste qu’Adam est le Messager de Dieu ; j’atteste que Noah est le Messager de Dieu ; j’atteste qu’Abraham est le Messager de Dieu ; j’atteste que Moise est le Messager de Dieu ; j’atteste que Jésus est le Messager de Dieu ; j’atteste que Muhammad est le Messager de Dieu ; je témoigne qu’Ahmad Ibn Muhammad Ibn al-Hanafiyah est le Messager de Dieu ». Il lui permit plus loin de savoir que l’Istiftah (al-fatihah) devait être lue à chaque prostration, comme il fut révélé à Ahmad Ibn Muhammad Ibn al-Hanafiyah que l’orientation de la prière (qiblah) est vers Jérusalem tout comme le pèlerinage.

Il ajouta que le lundi est le jour de prières en congrégation, qu’aucun travail ne doit être effectué et de lire cette « sourate » : « Louez dieu pour ses logos. Puisse-t-Il être exalté dans son nom, accordé sur ses saints par ses saints. Dit : « Les nouvelles lunes ont été données aux gens ». Leur sens ésotérique permet aux gens de calculer les années et les mois et les jours, mais le sens ésotérique indique qu’ils sont mes saints, qui ont enseigné mon sentier à mes fidèles. Prenez garde à moi, O gens d’esprit supérieur. Je suis celui que l’on n’appellera pas pour juger ses actes. Je suis la connaissance, je suis le sage et je suis celui qui évaluera mes fidèles et jugera mes créatures. Quiconque supporte patiemment mon épreuve, procès et expérience, je le placerai dans le paradis et je lui accorderai ma grâce éternelle. Mais quiconque abandonne ma cause et parle contre mes messagers sera lancé dans la douleur éternelle et l’humiliation. Je réaliserai mon but et révélerai ma cause par les langues de mes apôtres. Je suis celui qui n’est surpassé par aucun puissant, que je destitue (dépose) ; ni par n’importe quel glorieux, que je rends méprisable. Mais je ne suis pas un d’entre ceux qui persistent dans leur cause et persévèrent dans leur ignorance et disent, « Je continuerai à lui être fidèle et à le croire. Car ceux sont les incroyants ».

Et quand il se prosternerait il devrait dire : « Louange à mon Seigneur, le Seigneur de Gloire, qui est au-dessus des descriptions des iniques » deux fois. Prosterné, il devait dire : « Dieu est le plus haut, Dieu est le plus haut, Dieu est le plus vigoureux, Dieu est le plus vigoureux ».

Parmi ses préceptes étaient : que deux jeunes soient observés pendant l’année, à Mihrajan et Nawroz[3]. Le Nabid était interdit et le vin permis ; l’ablution, dans le sens de nettoyer l’impureté juridique, était sans fondement et seule l’ablution pour la prière fut imposée ; que quiconque s’élevait pour le combattre devait être puni par la mort, mais que ceux qui se s’opposait à lui sans combat se verrait imposer un impôt ; que les animaux avec des défenses et des serres étaient interdits à la consommation.

L’arrivée de qarmat dans le voisinage de Koufa survint avant que le chef des zanj soit tué. Quelqu’un a rapporté qu’il a entendu le frère de Zikrawayh dire : « Je suis allé trouver le chef des zanj et arrivé devant lui je lui dis : « Je souscris à une certaine pratique religieuse et que j’ai cent-mille épées sous mon commandement. Permet-nous de discuter cette affaire. Si nous sommes d’accord sur la pratique, je te rejoindrai avec tous mes hommes ; sinon, je me retirerai ». Je lui dis alors : « Accorde-moi la sécurité » ce qu’il fit. J’ai tenu une discussion avec lui jusqu’au midi, mais il m’est devenu clair finalement qu’il était contre mes idées. Quand il se leva pour exécuter la prière je suis sorti furtivement, quitta sa ville et suit allé dans la région de Koufa.

 

Abou al-Khatab et ses partisans prêchaient ouvertement leurs aberrations dans une mosquée de Koufa propre aux shiites. Le gouverneur abbasside ‘Issa Ibn Moussa Ibn Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas tua alors l’athée et soixante-dix de ses compagnons mais sa doctrine allait rester, grandir et se propager particulièrement chez un homme du nom de Isma’il Ibn Ja’far as-Siddiq, le grand fils de l’imam Ja’far as-Siddiq. Isma’il Ibn Ja’far as-Siddiq est donc le fondateur des ismaéliens par ce qu’il croyait aux doctrines de la secte des khatabiyah qui ne voyait aucun mal dans la consommation du vin. Un groupe de gens, les ismaéliens, prêchèrent donc pour Isma’il Ibn Ja’far as-Siddiq et prétendirent que c’est lui qui devait être l’imam après son père mais Isma’il allait mourir du vivant de son père et à sa mort, les ismaéliens se divisèrent en plusieurs groupes.

L’un d’entre eux, se nomma al-moubarakiyah, de son fondateur al-Moubarak, le Mawlah d’Isma’il Ibn Ja’far as-Siddiq. Ce groupe prétendait que l’imam après Ja’far as-Siddiq était son protégé Muhammad Ibn Isma’il, qui est le septième imam. C’est de ces sectes particulières qu’est née la secte des qarmates. Isma’il prenait un grand soin à ne pas ébruiter sa doctrine et du fait qu’il craignait grandement la punition des Abbassides et ce mouvement resta secret

Avant la mort d’Isma’il, Maymoun Ibn Dayssan Ibn Sa’id al-Ghadbane, un habitant de l’Ahwaz, s’occupa de la prédication pour les ismaéliens qui confia par la suite cette tâche à son fils ‘AbdAllah Ibn Maymoun. Maymoun Ibn Dayssan était surnommé Maymoun al-Qadah[4]. Il fit donc porter allégeance après lui à ses fils ‘AbdAllah et Muhammad Ibn Maymoun. Maymoun al-Qadah, qui cachait sa doctrine corrompue khatabiyah qu’il partageait avec Isma’il Ibn Ja’far as-Siddiq, était l’un des partisans les plus dévoués de Muhammad Baqi’ puis de son fils Ja’far as-Siddiq. L’imam Ja’far as-Siddiq fut grandement éprouvée par ses compagnons et ses proches. Il est celui qui a dit sa parole sincère connue « Nous somme les gens d’une maison sincère et nous ne laissons pas quelqu’un mentir sur nous auprès des gens, qui par son mensonge veut nous fait perdre notre sincérité ». Parmi ces menteurs, il cita : « Abou Khatab Ibn Abi Zaynab »,  et dit au sujets des menteurs : «  Puisse Allah Exalté tous les maudire et nous débarrasser de tous les menteurs ». Ceci est une parole de première importance et qui nous prouve que l’imam Ja’far as-Siddiq n’avait rien à voir avec toutes ces sectes déviantes et maudites.

Muhammad Ibn Isma’il Ibn Ja’far as-Siddiq était aussi ouvertement un des hommes de son oncle, le septième imam Moussa al-Khadim Ibn Ja’far as-Siddiq, et connaissait tous ses secrets, mais intérieurement, il le détestait profondément parce que la succession lui revenait. C’est pour cela que lorsque vers la fin du règne du calife ar-Rashid, lors de son onzième pèlerinage, Muhammad Ibn Isma’il vint le trouver et lui dit : « Sais-tu qu’il il y a deux califes sur la terre envers qui les impôts sont obligatoires ? » Par cette parole, il cherchait à faire du tort à son oncle en levant le calife contre lui. Et ar-Rashid se mit en colère et lui répondit alors : « Malheur à toi ! Qui est ce deuxième calife ? » Muhammad Ibn Isma’il lui répondit : « Toi et Moussa Ibn Ja’far ! » Puis il informa alors le calife de tous les secrets qu’il connaissait de son oncle et le calife ordonna d’arrêter Moussa al-Khadim, qui fut emprisonné et mourut dans sa prison en l’an 183 de l’Hégire (799).

 

Muhammad Ibn Isma’il décéda en l’an 193 de l’Hégire (808) et les historiens ne sont pas d’accord sur le lieu de sa mort. Certains ont rapporté qu’il est mort à Ferghana au Khorasan et d’autres ont dit qu’il est mort à Tadmir en Syrie. Après sa mort, ses enfants se dispersèrent du Khorasan en Inde où ils s’établirent. Maymoun al-Qadah et son fils ‘AbdAllah saisirent l’occasion de la mort de Muhammad Ibn Isma’il pour continuer la prédication pour les ismaéliens. Comme nous l’avons déjà mentionné, Maymoun al-Qadah était un partisan d’Abou Khatab Ibn Abi Zaynab, et lorsque ce dernier fut capturé à Koufa avec ses partisans, ceux qui purent s’échapper, s’enfuirent dans plusieurs directions différentes.

Certains d’entre eux partirent au Khorasan, d’autres partirent en Inde, d’autres partirent à Jérusalem dont parmi eux Maymoun al-Qadah où il apprit le mensonge, la tromperie et l’astrologie. Il montrait aux gens son ascétisme, sa dévotion, leur parlait des injustices commises envers les gens de la maisonnée « ahl al-bayt » attirant ainsi vers lui, un nombre important de gens ignorants et stupides. Puis, il transmit ses pensées diaboliques à son fils ‘AbdAllah Ibn Maymoun qui lui jura obéissance dans le mal, la ruse et la tromperie.

Après cela, ‘AbdAllah Ibn Maymoun parti à Ispahan, chez un rafidi perse qui avait de larges moyens et qui faisait partie des shou’oubiyoune, des non arabes qui avaient une haine profonde envers les Arabes. Parmi eux se trouvait le poète Bashar Ibn Abi Bourde, Abou Nouwas al-Hassan Ibn Nouhani et ‘AbdAllah Ibn Mouqafa’, et ces gens avaient donc des partisans, pour la plupart d’entre eux des gens pervers et corrompus.

Bashar fut fouetté jusqu’à ce que mort s’ensuive en 167 de l’Hégire (783) à Basra à cause de sa perversion. Avant lui, Ibn Mouqafa’, avait été tué pour les mêmes raisons en l’an 148 de l’Hégire (765). Ce Shou’oubi chez qui alla ‘AbdAllah Ibn Maymoun à Ispahan, s’appelait Muhammad Ibn Houssayn et était surnommé Dinedane. Cet homme fut enchanté par les croyances de ‘AbdAllah et lui fournit de l’argent sans compter. ‘AbdAllah Ibn Maymoun profita de cette occasion pour prêcher ses pensées déviantes dans les régions d’Ispahan et lorsque Dinedane mourut, ‘AbdAllah Ibn Maymoun quitta Ispahan pour Basra ou il prétendit descendre de ‘Aqil Ibn Abi Talib et appela à l’imamat de Muhammad Ibn Isma’il Ibn Ja’far as-Siddiq. Lorsque les autorités gouvernementales furent informées, elles le convoquèrent et il s’enfuit alors à Salamiyah en Syrie avec son ami Houssayn al-Ahwazi. A Salamiyah, est né son enfant Ahmad qui, lorsqu’il eut grandi, ‘AbdAllah Ibn Maymoun lui légua sa doctrine déviante avant de mourir. Lorsque Ahmad Ibn ‘AbdAllah Ibn Maymoun fut suffisamment grand, il envoya son homme de confiance Houssayn al-Ahwazi au Sawad[5] de Koufa où il rencontra, comme nous l’avons précédemment mentionné, Hamdan Ibn Ash’af an-Nabati, surnommé qourmout. Lorsque leurs affaires furent portées à la connaissance des forces gouvernementales, Houssayn al-Ahwazi s’enfuit de nouveau, dans le village des ismaéliens à Salamiyah.

Qourmout fut touché par la doctrine moubarakiyah ismaélienne khatabiyah de Houssayn al-Ahwazi qui devint la doctrine de base des qarmates athées, une doctrine issue d’un cerveau malade, diabolique et haineux.

La différence entre la doctrine moubarakiyah et la doctrine des qarmates est que ces derniers pensaient que les sept imams et prophètes seront en même temps. Ils prétendaient aussi que la révélation fut interrompue au Prophète Muhammad (saluts et bénédictions d’Allah sur lui) le jour de Ghadir Khom, lorsque le Prophète désigna pour la succession après lui ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) et que la révélation parvint au commandant des croyants, puis à Ja’far as-Siddiq chez qui elle fut interrompue avant de nouveau parvenir chez son fils Isma’il. Puis, la révélation fut transférée au septième imam Muhammad Ibn Isma’il. Les qarmates prétendaient aussi que Muhammad Ibn Isma’il était toujours vivant, qu’il ne mourait pas, qu’il se trouvait dans le pays des Romains, qu’il était le Mahdi vivant et l’un des sept grands prophètes qui sont : Nouh, Ibrahim, ‘Issa, Muhammad, ‘Ali Ibn Abi Talib et Muhammad Ibn Isma’il.

Les qarmates avaient une doctrine propre que ni les bouddhistes, ni les Indous, ni les communistes n’ont inventée. Les chiens (ainsi mentionné dans le texte) qarmates prétendaient que Muhammad Ibn Isma’il était le sceau des prophètes envoyés, que le sang ainsi que les biens des Musulmans et les familles des Musulmans étaient licites. Ils prétendaient que tuer les Musulmans était la meilleure des actions. Ils disaient que cela était similaire au fleuve Hadiyy lors du pèlerinage et, c’est ce qu’ils firent le jour de Tarwiyyah, en l’an 317 de l’Hégire (929), comme nous allons le voir par la suite.

Nous savons maintenant qui étaient les qarmates, quels étaient leurs buts et leurs infâmes doctrines. Nous verrons par la suite, les immenses torts qu’ils causèrent aux Musulmans et le fléau qu’ils furent pour eux.

Quant à l’histoire sanglante des califes ‘oubaydiyine d’Afrique et d’Egypte, qui prétendirent à tort qu’ils descendaient de Fatimah-Zahrah (qu’Allah soit satisfait d’elle), nous avons  parlé d’eux dans notre volume sur l’histoire du Maghreb et de l’Andalousie.

 

Les ismaéliens ‘oubaydi d’Afrique

 

Afin de finir le chapitre sur les ismaéliens, nous voudrions vous donner la généalogie des ismaéliens qui fondèrent la dynastie des ‘oubaydiyah appelés à tort les fatimides, à Tunis dans le Maghreb islamique avant de déplacer leur capitale en Égypte.

Il y eut beaucoup de diversion sur la généalogie des califes ismaéliens. Certains des historiens leur donnent pour descendant Muhammad Ibn Isma’il Ibn Ja’far as-Siddiq et ils disent que leur généalogie n’a rien à voir avec leur doctrine corrompue et que leur sanglante histoire n’a rien à voir non plus avec leur généalogie. Si nous regardons l’histoire, nous trouvons que certains remontent leurs généalogies au commandant des croyants ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) et personne ne peut imaginer ou penser cela possible bien que cela soit pourtant présent dans certains livres.

Un autre groupe d’historiens et qui est le plus important disent que leurs généalogies descendent de Ahmad Ibn ‘AbdAllah Ibn Maymoun al-Qadah Ibn Dayssan et d’autres historiens disent qu’ils descendent des enfants du yahoudi Sa’id al-Yahoudi, le fils d’Armallah al-yahoudiyah qui épousa al-Houssayn Ibn Muhammad Ibn Ahmad Ibn ‘AbdAllah Ibn Maymoun al-Qadah. Sa’id al-Yahoudi fut éduqué par Houssayn Ibn Muhammad Ibn Dayssan qui lui enseigna la prédication ismaélienne et qu’il recommanda à ses partisans et à qui il demanda de lui obéir. Ce pervers juif, se fit surnommer ‘Oubaydillah et il est le premier calife ‘oubaydi menteur qui furent au nombre de quatorze menteurs et qui se fit surnommer al-Mahdi, et le dernier d’entre eux qui fut al-‘Adid qui mourut misérable le jour de ‘Ashoura, de l’année 567 de l’Hégire (1171), sous le règne du roi victorieux Salah ad-Din al-Ayyoubi qui mit fin à l’abjecte dynastie hérétique des ‘oubaydiyah et ramena l’Égypte dans le giron de l’Islam véridique.

Pour résumer, nous dirons que leurs généalogies a été remontée à trois sources différentes dont la première de Muhammad Ibn Isma’il Ibn Ja’far as-Siddiq mentionné par trois historiens dont Ibn al-Athir, Ibn Khaldoun et al-Maqrizi, le grand historien égyptien. Ils ont rapporté que le premier calife ‘Oubaydillah al-mahdi, le premier ‘oubaydi menteur est ‘Oubaydillah Ibn Muhammad Ibn Ja’far Ibn Muhammad Ibn Isma’il Ibn Ja’far as-Siddiq. Cet avis a été rejeté par les ‘Alawiyoune, les petits-fils du Messager d’Allah (saluts et bénédictions d’Allah sur lui), qui ont rejeté, lors d’un grand nombre de circonstances, leurs mensonges. Un avis qui a aussi été rejeté par la majorité des historiens, des Musulmans de confiance, des savants renommés, d’hommes de l’Islam et des juges. Tandis que les ismaéliens menteurs affirmaient cette généalogie qui devint donc forcément suspicieuse.

Nous revenons à ce qu’a déclaré le juge des juges, ainsi appelé par les mou’tazilah, ‘Abdel Jabbar Ibn Ahmad Ibn ‘Abdel Jabbar décédé à Basra en l’an 415 de l’Hégire (1024) et qui était lui-même un mou’tazilah, lors de la grande conférence organisée par le calife al-Qadir Billah auquel assista les nobles ‘Alawiyine et d’autres des Banou Hashim, les grands juges, les savants de l’Islam, les historiens et les généalogistes.

Lors de cette conférence, il fut traité de la généalogie et des califes ‘oubaydiyine et les gens qui assistèrent à cette conférence furent d’accord à l’unanimité, que ces califes ne pouvaient être remontés ni aux ‘Alawiyine et ni aux Banou Hashim. Le Qadi ‘Abdel Jabbar a dit que Nahmad Ibn ‘AbdAllah Ibn Maymoun eut pour enfant Muhammad qui eut pour enfant Houssayn qui se trouvait à Salamiyah où il épousa une juive Hasnah, une orpheline qui était confiée à Haddad al-Yahoudi dont elle eut un enfant du nom de Sa’id. Lorsque Houssayn Ibn Muhammad l’épousa, il enseigna à Sa’id, le fils de son épouse, toutes les bassesses de son caractère, le mensonge, la tromperie, la vilenie, la corruption, le vice et sa doctrine hérétique ismaélienne. Et lorsque Sa’id al-Yahoudi parti pour le Maghreb, il se fit appeler ‘Oubaydillah et surnommer al-Mahdi et prétendit descendre de Muhammad Ibn Isma’il Ibn Ja’far as-Siddiq.

La présentation des qarmates étant fini, nous revenons aux événements qui survinrent sous le règne du calife faible al-Mou’tamid ‘Allallah, le quinzième calife abbasside.

 

 

Nous vous avons rapporté que le successeur du calife al-Mouwaffaq Talhah décéda au mois de Safar de l’année 278 de l’Hégire (891), et les généraux turcs décidèrent de porter allégeance à son fils Abou al-‘Abbas Ahmad qui fut surnommé al-Mou’tadid Billah.

 

Cette même année, où l’année suivante selon d’autres rapporteurs, le calife al-Mou’tadid Billah écarta de la succession son fils al-Moufawwad et désigna à sa place le fils de son frère.

 

Le 24 du mois de Joumadah Thani de l’année 278 de l’Hégire (891), Ahmad al-’Oujayfi arriva dans la ville de Tarse, et avec Yazaman mena l’expédition d’été contre les Byzantins, et atteignit Salandou. Durant ce raid, Yazaman décéda à cause d’un fragment d’une pierre lancée par une baliste qui le toucha dans les côtes alors qu’il assiégeait la forteresse de Salandou. L’armée se retira, bien qu’elle était sur le point de la capturer. Yazaman expira sur la route, le jour suivant, le mardi 14 du mois de Rajab. Il fut ramené à Tarse sur les épaules des troupes et fut enterré là.

 



Al-Mou’tadid Billah, le seizième calife abbasside

  

Al-Mou’tamid Billah, décéda en l’an 279 de l’Hégire (892) et fut remplacé par al-Mou’tadid Billah, le seizième calife abbasside.

 

 

En l’an 280 de l’Hégire (893), al-Mou’tadid captura ‘AbdAllah Ibn al-Mouhtadi et Muhammad Ibn al-Hassan Ibn Sahl, surnommé Shaylamah. Shaylamah était resté avec le maître des zanj jusqu’à ses derniers jours. Il rejoignit alors al-Mouwaffaq après avoir été garanti de la sécurité et reçut par la suite sa protection. Al-Mou’tadid saisit les deux hommes parce que Shaylamah lui fut dénoncé par l’un d’entre ceux qui avaient obtenu la sécurité. Le dénonciateur rapporta au calife que Shaylamah faisait de la propagande pour une personne au nom inconnu et qu’il avait déjà cherché à corrompre un certain nombre de militaires et d’autres. Un pharmacien et un neveu de Shaylamah d’al-Madinah furent saisis avec lui. Al-Mou’tadid essaya de faire avouer Shaylamah, mais il n’admit rien. Lorsqu’il fut questionné par al-Mou’tadid sur l’identité de l’homme pour qui il faisait de la propagande, il n’admit de nouveau rien mais dit : « S’il était au-dessous de mes pieds, je ne les soulèverais pas et si vous deviez faire de la viande hachée de moi, je ne te dirais rien de lui ». Alors, al-Mou’tadid ordonna de faire un feu. Shaylamah fut attaché sur un pieu de bois et tourné sur un feu jusqu’à ce que sa peau se soit pelée. Il fut ensuite décapité et son cadavre accroché au pont inférieur sur la rive ouest. Ibn al-Mouhtadi fut retenu jusqu’à ce que son innocence fût vérifiée, après quoi il fut libéré. La pendaison de Shaylamah survint au mois de Mouharram de l’année 280 de l’Hégire (893).

 

Cette même année, Youssouf Ibn Abi as-Saj envoya trente-deux kharijites de la route de Mosul à Baghdad. Vingt-cinq d’entre eux furent décapités et leurs cadavres pendus. Sept furent emprisonnés dans la nouvelle Prison.

 

Le 5 du mois de Rajab de cette même année, Muhammad Ibn Abba arriva à Tarse pour mener la campagne d’été de la part de Khoumarawayh. Il fut rattrapé par Badr al-Hammami et avec al-’Oujayfi, le gouverneur de Tarse, ils menèrent leurs raids aussi loin qu’al-Balaqsoun.

 

Toujours cette même année, des nouvelles parvinrent à Baghdad qu’Isma’il Ibn Ahmad avait attaqué les terres des Turcs et conquit leur capitale. Il captura leur roi et sa femme Khatoun ainsi qu’environ dix-mille personnes, dont beaucoup furent tuées. Le butin inclus un nombre inconnu de chevaux. Après division du butin, chaque cavalier musulman reçu mille dirhams.

 

Au mois de Dzoul Hijjah, une lettre en provenance de Dabil arriva à Baghdad,  disant qu’une éclipse lunaire s’était produite le 14 du mois de Shawwal. À la fin de la nuit, la lune reparut, mais quand le peuple se réveilla le matin, il faisait encore nuit et l’obscurité continua. L’après-midi un lourd vent noir se mit à souffler et dura jusqu’au premier tiers de la nuit. Lorsque le premier tiers de la nuit fut écoulé, il y eut un tremblement de terre et lorsque le matin arriva, la ville avait disparu. Seules, une centaine de maisons furent épargnées. Quand la lettre fut écrite, les gens de Dabil avaient déjà enterré trente-mille morts retrouvés sous les ruines. Suite à cette destruction, il y eut cinq tremblements de terre supplémentaires. Comme il a été rapporté par l’un des survivants, les morts retrouvés sous les ruines s’élevèrent à cent-cinquante-mille.

 

 

Le jeudi 15 du mois de Joumadah Thani de l’année 281 de l’Hégire (894), Toughj Ibn Jouff arriva à Tarse pour mener la campagne d’été de la part de Khoumarawayh. Lors de cette campagne, il atteignit Tarayoun et conquit Malouriyyah.

 

Cette même année, les sources et les ruisseaux dans ar-Rayy et le Tabaristan se tarirent. Ensuite, les gens furent affligés par une terrible famine, les gens se mangèrent entre eux et quelqu’un mangea même sa propre fille.

 

Au mois de Shawwal, les Musulmans attaquèrent les Byzantins et le combat entre eux dura douze jours. Les Musulmans furent victorieux et obtinrent un large butin avant de revenir.

 

Toujours cette année, des nouvelles en provenance de la Route de La Mecque informèrent les gens que les pèlerins endurèrent des pluies torrentielles, la grêle et un froid sévère. Plus de cinq-cents personnes furent affectées.

 

 

En l’an 283 de l’Hégire (896), une dépêche du Tarse arriva à Baghdad , déclarant qu’un grand nombre de Slaves avait attaqué les Byzantins. Ils tuèrent certains d’entre eux et, brulèrent un grand nombre de villages, avant d’atteindre finalement Constantinople, où les Byzantins avaient cherchés refuge et fermé les portes de leur capitale. Le tyran byzantin envoya alors un message au roi des Slaves lui disant : « Ma religion et la tienne est une et la même, pourquoi nous combattons nous les uns les autres ? » Le roi des Slaves répondit : « C’est le royaume de mes ancêtres. Je ne partirai pas jusqu’à ce que l’un d’entre nous l’emporte sur l’autre ». Quand le roi des Byzantins constata qu’il était incapable de se débarrasser du roi des Slaves, il réunit les Musulmans qui étaient dans les environs, leur donna des armes et leur demanda de l’aider contre les Slaves. Ils sortirent donc pour combattre et mirent en déroute les Slaves. Constatant la victoire des Musulmans, le roi des Byzantins craignit pour sa propre sécurité et envoya un contingent armé contre eux. Il les repoussa et reprit leurs armes. Puis, il les dispersa dans tout le pays, pour éviter qu’ils ne se lèvent contre lui.

 

Au mois de Sha’ban, il y eut des négociations de rançon pour libérer les prisonniers organisées par Ahmad Ibn Toughan entre les Musulmans et les Byzantins. La dépêche qui arriva à Baghdad en provenance du Tarse stipulait :

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

Je vous informe par ceci qu’Ahmad Ibn Toughan a annoncé publiquement sa présence aux négociations de rançon le jeudi 4 Sha’ban 283 (896). Le vendredi 5 Sha’ban, il alla à Lamis, le campement musulman, et ordonna aux gens de partir avec lui ce jour. Il guida la prière du vendredi et partit de la mosquée principale en compagnie de Raghib et ses Mawlah. Les notables de la ville, les Mawlah, les officiers et les volontaires, tous habillés des meilleures manières partirent avec lui pour Lamis par vagues successives jusqu’au lundi 8 Sha’ban 283 (896). Les négociations de rançon survinrent le mardi 9 Sha’ban. Les négociations de rançon entre les deux partis durèrent douze jours. Un total de 2.504 hommes, femmes et enfants musulmans furent rançonnés. Mardi 22 Sha’ban 283 (896), les Musulmans libérèrent Samyoun, l’émissaire du roi byzantin, pendant que les Byzantins libérèrent simultanément Yahya Ibn ‘Abd al-Baqi, l’émissaire musulman qui avait été dépêché pour les négociations. L’émir Ahmad Ibn Toughan revint avec eux.

 

 

Le jeudi 26 du mois de Rabi’ Thani de l’année 284 de l’Hégire (897), l’obscurité tomba sur l’Egypte et le ciel devint si rouge que lorsque quelqu’un regardait le visage d’une autre personne, son visage lui semblait tout rouge. Toutes les choses prirent la teinte rouge mêmes les murs. Cela dura de la prière de l’après-midi à la deuxième prière du soir. En quittant leurs résidences, les gens prièrent Allah Exalté et l’implorèrent.

 

Le mercredi 3 du mois de Joumadah Awwal de cette même année, il fut annoncé, comme l’année précédente, dans les quartiers et les bazars de Baghdad qu’il était interdit d’allumer des feux de joie, le jour du nouvel an ainsi que d’arroser les passants avec de l’eau. L’annonce fut répétée le jeudi 4, mais vendredi soir, on annonça au bureau de Sa’id Ibn Yaksin, le préfet de police de la rive est de Madinat as-Salam[6], que le commandant des croyants avait donné la permission aux gens d’allumer des feux de joie et de verser de l’eau. À cela, le peuple excéda les limites de correction et arrosa même les agents de police du poste de police du pont. Ce fut l’un des plus grands problèmes de l’Islam de tous les temps, évocateur de l’Antéchrist et de ses compagnons. De plus, ce fut un spectacle ouvert d’ignoble déloyauté (je vous rappelle que je ne fais que traduire).

 

Toujours cette année, un vendredi durant le mois de Rajab, Qourrah, qui est dans le territoire byzantin, fut conquise par Raghib, le Mawlah d’al-Mouwaffaq et Ibn Kalloub.

 

Pendant la nuit de mardi 12 Sha’ban, ou, selon d’autres sources, le mercredi soir, un spectre ayant une forme humaine avec une épée dans la main apparut dans le palais Thourayah d’al-Mou’tadid. Un des servants suivit le spectre pour voir qui il était. Le spectre le frappa d’un coup d’épée, coupa sa ceinture et mit sa peau à nu. Le servant se détourna du spectre, fuit et entra dans un jardin où il se cacha. Le spectre fut cherché toute la nuit et le matin suivant, mais aucune trace de lui ne fut retrouvée.

Al-Mou’tadid s’en inquiéta. Les gens hasardèrent beaucoup de suppositions sur le sujet du spectre et dirent même que c’était un djinn. Le spectre continua à apparaître plus tard en de nombreuses occasions. Al-Mou’tadid fut tellement inquiété, qu’il fit même surveiller tous les murs du palais. Il fit renforcer les murs et leurs sommets et le fit recouvrir d’une grille protectrice afin que les grappins ne puissent pas s’y accrocher. Des cambrioleurs furent apportés de la prison et l’affaire discutée avec eux. On leur demanda si quelqu’un serait capable d’entrer par un trou ou en escaladant le mur.

 

Le samedi 22 Sha’ban, Karamah Ibn Mourr envoya des qarmates enchaînés d’al-Koufa. Ils avouèrent qu’Abou Hashim Ibn Sadaqah al-Katib était en correspondance avec eux et qu’il était un de leurs chefs. Abou Hashim fut arrêté, enchaînés et incarcéré dans un cachot.

 

Le samedi 7 du mois de Ramadan, les déments et les exorcistes furent rassemblé et ramenés au palais Thourayah d’al-Mou’tadid, à cause du spectre qui lui apparaissait. Quand ils furent introduits, al-Mou’tadid monta dans une chambre à l’étage supérieur et les observa. Pendant qu’il les regardait, une femme dérangée eut une crise épileptique, s’inquiéta et se dévoila. Al-Mou’tadid se détourna d’eux dégoûtés. Il fit alors remettre cinq dirhams à chacun d’entre eux, et les renvoya chez eux. Avant de les observer, il envoya quelqu’un pour demander aux exorcistes s’il leur était possible de trouver le spectre qui lui était apparu. L’un d’entre eux dit qu’il pourrait jeter un charme sur un des dérangés et lorsque ce dernier tomberait, il pourrait demander au djinn qui était le spectre. Cependant, quand al-Mou’tadid vit la crise d’épilepsie toucher la femme, il ordonna de les renvoyer tous chez eux.

 

Cette même année, les astrologues menacèrent les gens en prédisant que la plupart des terres seraient inondées et que seulement une petite section des terres de Babylone serait sûre. Cela serait dut à de lourde chute de pluie, aux crues des sources, des rivières et des fleuves. Ce fut cependant, une année sèche. Les gens virent peu de pluie tandis que l’eau des fleuves, des sources et des rivières diminuèrent à un tel degré que les gens durent prier pour la pluie. Ils prièrent pour la pluie plusieurs fois à Baghdad. Allah Exalté prouva l’histoire des astrologues fausse ainsi que leurs ruses et leurs tromperies aux gens qui les avaient crus.

 

 

En l’an 285 de l’Hégire (898), les pèlerins furent cambriolés à al-Ajfour. Ils furent attaqués par Salih Ibn Moudrik at-Ta’i et un groupe de Tayyi’ le mercredi 18 du mois d’al-Mouharram. Le commandant en charge de la caravane, al-Jinni l’Aîné, lutta contre Salih, mais les membres de la tribu arabe vainquirent la caravane, et saisirent toute les propriétés, les marchandises aussi bien qu’un certain nombre de femmes libres et d’esclaves. Le butin qu’ils saisirent fut estimé à deux-millions de dinars.

 

Toujours cette année, le receveur des postes écrivit de Koufa, pour signaler que durant la nuit du dimanche 20 du mois de Rabi’ Awwal, un vent jaunâtre s’éleva dans la région de Koufa. Il continua à souffler jusqu’à la prière du soir avant de devenir tout noir. Durant tout ce temps, les gens implorèrent humblement Allah Exalté. Immédiatement après, il plut lourdement avec des foudres effrayantes et des éclairs continus. Alors, au bout d’un moment, des pierres noires et blanches et de différentes couleurs compressées en leur milieu et semblables aux pilons en pierre utilisés par les parfumeurs, tombèrent dans un village du nom d’Ahmadabad et dans les environs. Le receveur des postes envoya l’une des pierres avec la nouvelle aux bureaux gouvernementaux pour les gens puissent la regarder.

 

Cette même année, des nouvelles de Basra arrivèrent à Baghdad après la prière du vendredi 25 du mois de Rabi’ Awwal, qu’un vent jaunâtre s’était élevé là avant de devenir vert et ensuite noir. Suite à cela, la pluie tomba continuellement comme il n’a jamais été vu auparavant. Alors, de gros grêlons tombèrent dont l’un fut pesé et atteignit cent cinquante dirhams[7]. Le vent déracina plus de cinq-cents palmiers de Nahr al-Houssayn et cent de Nahr Ma’qil.

 

Le 3 du mois de Sha’ban, Raghib, le Mawlah d’al-Mouwaffaq mena un raid marin contre les Byzantins. Allah Exalté lui accorda la victoire sur beaucoup de navires avec tous leurs équipages. Trois-mille Byzantins qui se trouvaient dans les navires furent tués et les navires furent incendiés. Il conquit un nombre important de forteresses byzantines avant de revenir en toute sécurité.

 

Au mois de Dzoul Hijjah de cette année, Ibn al-Ikhshad mena les gens de Tarse et des environs en campagne contre les Byzantins. Il alla aussi loin que Salandou qu’il conquit avant de revenir à Tarse au cours de l’année 286 (899).

 

 

En l’an 286 de l’Hégire (899), un qarmate surnommé Abou Sa’id al-Jannabi apparut au Bahrayn. Un groupe de membres de tribu arabes et de qarmates se rassemblèrent autour de lui et il émergea comme un rebelle au début de l’année. Au mois de Joumadah Thani, le nombre de ses partisans augmenta et il se retrouva renforcé. Il tua un certain nombre de villageois dans le voisinage et alla ensuite à al-Qatif, localisée à une distance de plusieurs jours de voyage de Basra où il tua les habitants avant de marcher sur Basra. Ahmad Ibn Muhammad Ibn Yahya al-Wathiqi, qui était responsable de la sécurité dans Basra et les régions du Tigre informa le calife par écrit de ce qu’il avait entendu des plans concernant les qarmates. Le calife répondit et lui ordonna ainsi qu’à Muhammad Ibn Hisham, le responsable de collecte des impôts, de construire un mur protecteur autour de Basra dont les frais furent estimés à quatorze-mille dinars. Les dépenses futures autorisées et le mur construit.

 

 

Au mois de Rabi’ I de l’année 287 de l’Hégire (899), le problème des qarmates du Bahrayn s’aggrava. Ils attaquèrent la région de Hajar, qui devint alors leur capitale après cela. Ils tuèrent l’ensemble de la population et ceux qu’ils prirent vivant furent jetés dans un feu et seules vingt personnes purent s’échapper dans l’île d’Houwalb. Depuis qu’ils apparurent, les qarmates ne firent que terroriser l’Islam et les Musulmans. Et petit à petit, les qarmates se rapprochèrent de Basra. Ahmad Ibn Muhammad Ibn Yahya al-Wathiqi écrivit pour demander des renforts et, à la fin du mois, huit péniches portant trois cents hommes lui furent envoyées. Al-Mou’tadid, ordonna aussi le rassemblement d’une armée pour l’envoyer à Basra.

 

Le jeudi 23 du mois de Rabi’ Awwal de cette même année, l’ennemi arriva à la Porte Qalamiyah de Tarse. Après la mort d’Ibn al-Ikhshad, Abou Thabit devint le gouverneur de Tarse. Ibn al-Ikhshad laissa derrière lui Abou Thabit pour le remplacer à son absence avant de partir mener un raid contre les Byzantins où il trouva la mort. Abou Thabit marcha à la poursuite de l’ennemi aussi loin que Nahr ar-Rayhan. Il fut capturé et les gens avec lui subirent de sévères pertes.

 

Durant ce temps, Ibn Kalloub menait un raid dans Darb as-Salamah. Quand il revint, il réunit les aînés des villes frontalières pour les mettre d’accord sur un nouveau gouverneur pour assumer la charge de leurs affaires. Ils choisirent ‘Ali Ibn al-A’rabi et lui confièrent la charge après une opposition du fils d’Abou Thabit qui affirma que son père l’avait nommé pour le remplacer. Il réunit un certain nombre de personnes pour lutter contre la population locale, jusqu’au retour d’Ibn Kalloub. Le fils d’Abou Thabit se déclara alors satisfait et ceci eu lieu au mois de Rabi’ Thani. À cette époque an-Noughayl menait un raid dans le territoire byzantin avant de revenir à Tarse. Il fut rapporté qu’Abou Thabit et un certain nombre de Musulmans avaient été pris de la forteresse de Qouniyah et emmené à Constantinople.

 

Au mois de Rabi’ Thani de cette même année, al-Mou’tadid nomma ‘Abbas Ibn ‘Amr al-Ghanawi responsable d’al-Yamamah et du Bahrayn. Il lui confia aussi la charge de la campagne contre Abou Sa’id al-Jannabi et les qarmates avec lui. Le calife fit accompagner ‘Abbas par environ deux-mille hommes. Ce dernier établit son camp dans al-Firk durant plusieurs jours, afin d’être rejoint par tous les éléments de son armée. Alors il marcha sur Basra avant de se diriger vers le Bahrayn puis à al-Yamamah.

 

Toujours cette année, al-‘Abbas Ibn ‘Amr al-Ghanawi et ses troupes quittèrent Basra avec un certain nombre de volontaires des habitants de Basra, qui étaient prêts à lutter avec lui, pour marcher contre Abou Sa’id al-Jannabi et les qarmates qui avait fait cause commune avec lui. Quand l’avant-garde d’Abou Sa’id les rencontra, al-‘Abbas laissa la caravane derrière lui et avança à leur rencontre alors que la soirée approchait. Ils se livrèrent alors bataille jusqu’à la tombée de la nuit avant de rompre le contact entre eux et les deux partis revinrent dans leurs camps respectifs.

Pendant la nuit, trois-cent membres d’une tribu arabes des Banou Dabbah qui étaient avec al-‘Abbas retournèrent à Basra suivit par les volontaires. Tôt le matin, al-‘Abbas engagea les qarmates dans la bataille et le combat fut féroce. Le commandant de l’aile gauche d’al-‘Abbas, Najah, le page d’Ahmad Ibn ‘Issa Ibn Shaykh, en compagnie d’une centaine d’hommes, attaqua l’aile droite d’Abou Sa’id. Ils pénétrèrent les rangs de l’ennemi mais Najah et tous ceux qui étaient avec lui furent tués. Al-Jannabi et ses hommes attaquèrent les hommes d’al-‘Abbas qui furent mis en déroute. Al-‘Abbas se rendit et environ sept-cents de ses hommes furent capturés et al-Jannabi emménagea dans le camp d’al-‘Abbas.

Le lendemain, al-Jannabi fit amener les hommes d’al-‘Abbas qui avaient été capturés et les tua tous avant d’empiler les cadavres sur du bois qu’il avait fait ramener et auquel il mit le feu. Cette bataille eut lieu à la fin du mois de Rajab. Les nouvelles de la défaite arrivèrent à Baghdad le 4 du mois de Sha’ban de l’année 287 de l’Hégire (899).

 

Cette année, al-Jannabi entra à Hajar et accorda la sécurité à ses habitants après son retour de la bataille avec al-‘Abbas. Il mit en déroute le reste des hommes d’al-‘Abbas Ibn ‘Amr qui étaient sur leur route vers Basra. Seul un petit nombre d’entre eux réussit à s’enfuir sans provisions et vêtements. Au mois de Ramadan, un groupe d’environ quatre-cents bêtes de somme portant de la nourriture, des vêtements et de l’eau quitta Basra pour les rejoindre. Les Banou Assad sortirent contre eux, saisirent les bêtes de somme et leurs charges et tuèrent un certain nombre d’hommes qui étaient avec ces animaux, aussi bien que les hommes d’al-‘Abbas qui s’étaient enfuis. Basra fut beaucoup dérangé par cet événement et les habitants pensèrent à quitter la ville de peur d’être assailli par des qarmates. Mais Ahmad Ibn Muhammad al-Wathiqi, qui était responsable de la sécurité, leur interdit de partir.

 

Le 8 du mois de Ramadan de cette même année, une sacoche postale en provenance d’al-Ouboullah atteignit les autorités centrales avec les renseignements qu’Abou Sa’id al-Jannabi avait libéré al-‘Abbas Ibn ‘Amr et un de ses servant et qu’al-‘Abbas arrivait sur un vaisseau maritime.

Le 11 du mois de Ramadan, al-‘Abbas Ibn ‘Amr arriva à Madinat al-Salam[8] et alla au palais Thourayah d’al-Mou’tadid. Il rapporta qu’il était resté avec al-Jannabi plusieurs jours après la bataille. Qu’al-Jannabi l’avait fait amener devant lui et lui avait demandé s’il voudrait être libéré. Quand al-‘Abbas répondit : « Oui », al-Jannabi dit : « Part et raconte à celui qui t’a envoyé contre moi ce que tu as vu ! » Il lui donna des montures et le fit accompagner par certains de ses hommes. Il les fit équiper avec les provisions nécessaires, de l’eau et ordonna à ses hommes d’accompagner al-‘Abbas dans un endroit où il serait sûr. Ils voyagèrent avec lui jusqu’à ce qu’ils atteignent un endroit le long de la côte. Là, il embarqua sur un bateau qui l’emmena à al-Ouboullah. Al-Mou’tadid lui accorda une robe d’honneur et lui donna l’autorisation de retourner dans sa résidence.

 

Le vendredi 12 du mois de Shawwal, les nouvelles atteignirent les autorités centrales que les qarmates parmi les habitants de Jounboula dans le Sawad avait attaqué leur gouverneur Badr, le page d’at-Ta’i et tué un certain nombre de Musulmans, dont des femmes et des enfants et avait brûlé les résidences.

 

Le samedi 12 du mois de Dzoul Qi’dah, Badr, le page d’at-Ta’i, fit une attaque surprise sur les qarmates dans la région de Roudmastan et ailleurs. Il tua un grand nombre d’entre eux, mais se retira, parce qu’il craignit que le Sawad où se trouvaient les paysans et des ouvriers soit ruiné. Badr chercha les chefs des qarmates dans différents endroits et tua tous ceux sur qui il tomba. Le calife avait précédemment renforcé Badr avec un certain nombre de soldats et de pages à cause des qarmates et des événements provoqués par eux.

 

 

Durant l’année 288 de l’Hégire (900), il y eut une épidémie de peste en Azerbaïdjan[9] et un grand nombre de gens mourut si bien qu’il n’y eut pas assez de linceuls pour enterrer les morts. Ils furent enterrés dans des vêtements et des couvertures. Les conditions devinrent si mauvaises, qu’il ne fut trouvé plus personne pour enterrer les morts et ils furent abandonnés dans les rues. Muhammad Ibn Abi as-Saj mourut pendant cette peste.

 

Cette même année Nizar Ibn Muhammad, l’agent d’al-Hassan Ibn ‘Ali Kourah, poursuivit sa campagne d’été et conquit beaucoup de forteresses byzantines. Il ramena dans Tarse quelque cent-soixante non-musulmans, des abbés, des diacres ainsi que beaucoup de leurs croix et bannières. Kourah les envoya à Baghdad.

 

Le 12 du mois de Dzoul Hijjah, des lettres des marchands d’ar-Raqqah arrivèrent à Baghdad déclarant que les Byzantins étaient arrivés dans beaucoup de vaisseaux. D’autres Byzantins arrivèrent aussi à cheval de l’arrière-pays de Kayssoum. Ils capturèrent plus de quinze-mille Musulmans, hommes, femmes et enfants avant de repartir avec eux ainsi qu’un certain nombre de non-musulmans protégés.

 

Toujours cette année, les hommes d’Abou Sa’id al-Jannabi se rapprochèrent de Basra. Les habitants furent si effrayés qu’ils pensèrent s’enfuir et quitter la ville mais leur gouverneur leur interdit de le faire.

 

 

En l’an 289 de l’Hégire (901), le mouvement des qarmates se propagea dans les environs de Koufa. Shibl, un page d’Ahmad Ibn Muhammad at-Ta’i, fut envoyé contre eux et il lui fut ordonné de les chercher, de capturer tous ceux qu’il pourrait et de les apporter à la cour du calife. Il tomba sur un de leurs chefs du nom d’Abi al-Qaws qu’il envoya avec les autres à Baghdad. Le 22 du mois de Mouharram, al-Mou’tadid le fit comparaître devant lui, l’interrogea et ordonna alors de lui casser les dents. Par la suite, l’un de ses bras fut démembré et il fut laissé dans cet état jusqu’au lendemain ou ses mains et pieds furent tranchés avant qu’il soit décapité. Son cadavre fut pendu durant plusieurs jours sur la rive est avant d’être ramené à al-Yassiriyah, où il fut pendu avec les autres qarmates qui y étaient déjà.



[1] Karmita en araméen signifie les « yeux rouges ».

[2] Jean Baptiste.

[3] Festivals persans marquant la fin de l’année et le nouvel an.

[4] Al-Qadah signifie ophtalmologue.

[5] La campagne de Koufa.

[6] Baghdad.

[7] Les grêlons sur un plateau et les dirhams sur l’autre.

[8] Baghdad.

[9] Comme pour le Bahrayn, l’Azerbaïdjan de l’époque ne correspond pas à celui de nos jours.