La
capture d’al-Badh
Il a été rapporté que
lorsqu’al-Afshin se résolut de marcher vers al-Badh, il partit de
Kalan Roudh et avança peu à peu, contrairement à ses habitudes. Il
avançait quelques kilomètres et établissait son camp dans une poche
sur la route menant au défilé qui descend à Roudh ar-Roudh, sans
creuser de tranchée défensive, mais en prenant les montagnes comme
protection naturelle. Al-Mou’tassim lui écrivit et lui ordonna de
poster des escadrons qui prendraient à tour de rôle la garde pendant
le jour, monté sur leurs chevaux, comme l’armée patrouillait
habituellement le campement la nuit. Un certain nombre de troupes
devait rester dans le camp et les autres devaient rester montés sur
leurs destriers et patrouiller à une certaine distance du camp comme
il le faisait la nuit, sauf que dans les circonstances présentes, il
y avait des patrouilles nuit et jour de peur d’être attaqué par
surprise. De cette manière, si un soudain désastre devait les
assaillir, la cavalerie serait déployée aussitôt en formation de
bataille et l’infanterie serait dans le camp.
Cependant, les troupes se
plaignirent à cause de leur épuisement et dirent : « Combien de
temps allons-nous rester coincés ici dans le défilé quand nous
pourrions être sortis dans la plaine ? Entre nous et l’ennemi, il y
a plus de dix kilomètres et nous nous comportons comme si l’ennemi
nous faisait face ! Nous sommes devenus un objet de honte aux yeux
des gens et des espions qui passent entre nous et l’ennemi dans la
zone intermédiaire de la distance qui nous sépare et nous nous
comportons comme si nous étions presque morts d’effroi. Que le
résultat soit bon ou mauvais, permet-nous d’avancer ! »
Al-Afshin répondit : « Par
Allah, je sais fort bien que ce que vous dites est juste. Mais le
commandant des croyants m’a ordonné de le faire et je n’ai d’autre
choix que de lui obéir ». Peu après cela, une autre lettre
d’al-Mou’tassim arriva qui lui ordonnait de procéder comme il le
faisait déjà. Il continua donc ainsi durant plusieurs jours et
descendit ensuite avec ses deux hommes jusqu’à ce qu’il arrive à
Roudh ar-Roudh. Il procéda en avant jusqu’à ce qu’il se retrouve
exactement dans la région rocheuse ou Babak l’avait attaqué l’année
précédente. Il examina l’endroit et y trouva un escadron des
khourramiyah qui ne l’attaquèrent pas et lui non plus. Certains
indigènes non arabes lui dirent : « Que t’arrive-t-il donc ? Tu
avances et tu t’arrêtes ! N’as-tu pas honte de toi-même ? »
Néanmoins, al-Afshin ordonna de ne pas les attaquer (les
khourramiyah), de ne pas avancer et de ne pas leur livrer bataille.
Il resta ainsi à observer l’ennemi jusqu’au début de l’après-midi
avant de revenir vers son campement. Il y resta deux jours et
ensuite il redescendit de nouveau la pente avec une force plus
grande que la précédente. Il ordonna à Abou Sa’id d’avancer et
d’observer l’ennemi de la même manière que la précédente fois, sans
les provoquer ni même les assaillir.
Al-Afshin resta à Roudh
ar-Roudh ou il ordonna aux gardes montagnards de grimper au sommet
des montagnes qu’ils jugèrent être naturellement imprenables et de
revenir l’informer sur les meilleures places où l’infanterie
pourrait se fortifier. Ils choisirent pour lui trois montagnes qui
avaient déjà servies de fortifications dans le passé et qui étaient
en ruine. Al-Afshin fit venir ensuite Abou Sa’id qui revint de son
observation le même jour. Quand deux jours s’écoulèrent, al-Afshin
descendit de son camp à Roudh ar-Roudh, en prenant avec lui les
kilghariyah, un corps spécial de génie civil chargé de la
main-d’œuvre, qui apportèrent avec eux des outres remplies d’eau
ainsi que des gâteaux secs. Quand ils atteignirent Roudh ar-Roudh,
il envoya en avant Abou Sa’id, et lui ordonna d’observer l’ennemi
encore une fois de la même manière que les fois précédentes. Il
ordonna aux ouvriers de transporter des roches et de fortifier les
routes qui menaient à ces trois montagnes jusqu’à ce qu’elles
ressemblent à des forteresses. Il donna d’autres ordres pour creuser
des tranchées derrière chacune de ces routes jusqu’en haut de la
montagne, laissant ainsi une seule voie d’accès menant à chaque
sommet. Alors il donna l’ordre à Abou Sa’id de revenir ; et
lorsqu’il revint, al-Afshin retourna aussi dans son camp.
Il a été rapporté : Lorsque
le huitième jour du mois arriva, la place forte avait été
parfaitement rétablie et bien fortifiée. Al-Afshin donna des
biscuits et du Sawiq[1] comme
provisions aux fantassins et des provisions et de l’orge pour la
cavalerie. Il désigna des hommes pour garder son campement tandis
que le reste de la troupe descendit. Il ordonna aux fantassins de
monter aux hauts de ces montagnes et d’emporter avec eux toute l’eau
nécessaire qu’ils auraient besoin, ce qu’ils firent. Il établit le
camp dans le voisinage et envoya Abou Sa’id pour observer l’ennemi
comme auparavant, en ordonna en même temps aux troupes de descendre
avec leurs armes prêtes et aux cavaliers de ne pas emporter les
selles de leur monture. Alors il délimita une tranchée et ordonna au
corps de génie civil de se mettre au travail immédiatement qu’il fit
superviser par des responsables qui les encourageaient tandis que
lui-même descendit de sa monture ainsi que les cavaliers. Ils
s’arrêtèrent sous l’ombre des arbres, et laissèrent leur pâturage
dans les monts. Après avoir accompli la prière de l’après-midi, il
ordonna aux ouvriers et aux fantassins de grimper les sommets et de
se réfugier dans les places qu’il avait fait fortifier. Il ordonna
aux fantassins de rester sur leur garde, de ne pas aller s’endormir
sur les sommets, mais plutôt de laisser les ouvriers dormir aux
sommets. À la lueur de l’aube naissante, il ordonna à la cavalerie
de monter leurs destriers, qu’il divisa en escadron qu’il sépara les
uns des autres d’une distance d’un lancer de flèche. Puis il ordonna
à chaque escadron : « Assurez-vous que chacun d’entre vous ne porte
pas d’attention aux autres mais qu’il fasse attention à celui qui
est près de lui. Même si vous entendez des grands bruits, ne
permettez à aucun d’entre vous de porter son attention sur un autre
groupe. Chaque escadron doit être responsable seulement de ce qui
est près de lui, sans porter aucune à n’importe quel bruit ».
Les escadrons de cavalerie
restèrent montés jusqu’à l’aube, pendant que les fantassins
assuraient la garde sur les sommets. Al-Afshin ordonna aux
fantassins que s’ils se rendaient compte de quelque chose au cours
de la nuit de ne pas s’en inquiéter mais que chacun d’entre eux
devait rester dans la position qui lui avait été assignée, de garder
sa montagne particulière et sa tranchée ; et que personne ne devait
faire attention à n’importe qui d’autre.
Ils continuèrent ainsi
jusqu’à l’aube. Alors il ordonna à quelqu’un de convenir d’un
arrangement entre les cavaliers et les fantassins pour les diviser
en périodes de garde et de sommeil et qu’il considérerait plus tard
leur situation. Ils passèrent les dix jours suivants à creuser la
tranchée et le dixième jour il y prit position. Alors il l’a divisa
parmi les troupes et ordonna aux commandants de faire venir leurs
bagages et leurs hommes afin qu’ils combattent sans soucis (pour
leur fournir le confort et le soutien).
À ce point, un envoyé de
Babak arriva avec différentes sortes de cucurbitacées, des melons et
des concombres expliquant à al-Afshin qu’il était connu qu’il
subissait les difficultés ces jours-ci et que lui et ses troupes
devaient subsister sur les biscuits et le Sawiq seuls et que Babak
avait voulu lui montrer de la gentillesse au moyen de ces cadeaux.
Al-Afshin répondit à l’envoyé : « Je sais certainement de ce que mon
frère intente avec cela! Il veut seulement jeter un regard sur
l’armée, mais je suis effectivement le plus méritant de recevoir sa
bienveillance et satisfaire son désir, car il a remarqué avec
justesse que j’avais des difficultés ». Puis il continua et dit à
l’envoyé : « Quant à toi, tu dois sans aucun doute monter pour voir
notre campement puisque tu as déjà vu ce qu’il y a sous tes yeux ;
ainsi tu verras aussi ce qui est derrière nous ». Il ordonna de
fournir une monture à l’envoyé et l’emmena en haut de la montagne
jusqu’à ce qu’il puisse voir toutes les tranchées y compris celles
de Kalan Roudh et de Barzand ; qu’il devait les observer
attentivement et que rien de l’activité militaire lui soit
dissimulée afin qu’il puisse bien informer son maître. Lorsque cela
fut fait, et qu’il revint, al-Afshin le libéra et lui dit : « Part
et transmet mes salutations à Babak ! »
Certains des khourramiyah
avaient l’habitude d’interférer avec ceux qui apportaient des
provisions à l’armée d’al-Afshin. Cela fut fait une ou deux fois,
mais après que trois escadrons des khourramiyah vinrent jusqu’aux
pieds des remparts de la tranchée d’al-Afshin, en criant tout le
temps. Al-Afshin ordonna à ses troupes de ne pas leur adresser la
parole et ils firent cela durant deux ou trois nuits. Alors,
derrière les remparts, les troupes musulmanes commencèrent à faire
galoper leurs destriers à plusieurs occasions jusqu’à ce que les
khourramiyah deviennent familiers avec ce bruit. Puis, al-Afshin
prépara contre eux quatre escadrons de cavaliers et de fantassins
dont le dernier était des archers, et les établit en
embuscades contre les khourramiyah dans les vallées, en
plaçant des guets au-dessus d’eux. Quand les khourramiyah
descendirent en criant comme ils en avaient précédemment l’habitude,
al-Afshin lâcha contre eux la cavalerie et les fantassins, qui
avaient été auparavant déployés, coupant la voie de retraite des
khourramiyah. Et durant la nuit, al-Afshin leur envoya deux
escadrons supplémentaires de fantassins. Les khourramiyah se
rendirent compte que le passage de la montagne avait été bloqué et
ils se dispersèrent le long d’un certain nombre de pistes et durent
grimper les montagnes. Ils disparurent et ne revinrent jamais plus
comme ils avaient l’habitude de le faire auparavant. Les troupes
d’al-Afshin revinrent de la poursuite à la tranchée de Roudh
ar-Roudh à l’heure de la prière matinale sans avoir eu besoin de
combattre un seul khourrami.
Une fois par semaine
al-Afshin avait l’habitude de faire battre les tambours à minuit et
sortait avec des bougies et des flambeaux de naphte à la porte de la
tranchée. Pendant ce temps, chacune de ses troupes connaissait son
propre escadron, s’il était dans l’aile droite ou
gauche et s’il avançait, il se mettait en position dans leurs
places respectives. Al-Afshin avait aussi l’habitude de porter de
grandes bannières noires dont douze d’entre elles, était
transportées sur des mulets, plutôt qu’à cheval, de peur que les
bannières ne s’agitent. Il avait aussi cinq cent autres petites
bannières et vingt et un grands tambours. Ses troupes attendaient,
chaque section rangée dans sa position particulière, du premier
quart de la nuit jusqu’à l’apparition de l’aube ou al-Afshin allait
dans sa tente. Le muezzin lançait alors l’appel à la prière en sa
présence et al-Afshin exécutait la prière suivie par les troupes.
Al-Afshin ordonnait de battre les tambours avant d’avancer
lentement. Les signaux de marché et d’arrêt étaient le battement des
tambours à cause du grand nombre de troupes qui voyageaient en
formation militaire dans les montagnes et les sentiers étroits.
Chaque fois qu’il voulait monter une montagne ou qu’il descendait
dans une vallée, il procédait ainsi, à moins qu’il n’arrive devant
une montagne inaccessible, impossible à monter, alors il revenait et
rejoignait les unités militaires, leurs formations et leurs
positions. Le signal de marche en avant était le battement des
tambours, mais si al-Afshin voulait que l’armée s’arrête, il faisait
taire les tambours et les troupes s’arrêtaient dans n’importe quelle
partie de la montagne ou de la vallée où elles pouvaient être.
Al-Afshin avança par courtes étapes, et à chaque fois qu’un garde
montagnard lui amenait une information, il s’arrêtait pour un bref
moment. Il traversa la distance entre Roudh ar-Roudh et al-Badh
entre le début de d’aube et midi. Quand il voulut grimper vers
l’emplacement rocheux où la bataille survint l’année précédente, il
quitta Boukhara-Khoudah au sommet de la pente de la montagne avec
mille cavaliers et six-cents fantassins pour garder la route pour
lui et la tenir contre n’importe lesquels des khourramiyah qui
pourrait surgir.
Quand Babak prit conscience
que l’armée musulmane se rapprochait de lui, il envoya un
détachement de troupes composé de fantassins, dans une vallée en bas
de la pente de la montagne sur laquelle le Boukhara-Khoudah se
trouvait à son sommet, et ils attendirent en embuscade quiconque
tenteraient de bloquer la route contre lui (Babak). Al-Afshin avait
posté le Boukhara-Khoudah pour tenir cette piste de montagne vers
laquelle Babak avait envoyé sa force militaire pour la tenir contre
al-Afshin. Le Boukhara-Khoudah devait s’y tenir rapidement et aussi
longtemps qu’al-Afshin se trouverait à al-Badh à travers l’étendue
de terre rocheuse. Al-Afshin avait ordonné au Boukhara-Khoudah de se
poster dans une vallée ressemblant à une tranchée défensive, qui se
trouvait entre lui et al-Badh. Il ordonna aussi à Abou Sa’id Muhammad
Ibn Youssouf de traverser cette vallée avec un escadron de ses
troupes. Il ordonna aussi à Ja’far al-Khayyat, de se poster avec un
escadron de ses troupes et à Ahmad Ibn al-Khalil de prendre
sa position avec un autre escadron. Ainsi dans cette partie de la
vallée il y avait trois escadrons à la périphérie des maisons des
gens de Babak à al-Badh.
Babak avait envoyé une force
militaire commandée par Adin, qui s’était posté sur une colline en
face de ces trois escadrons des troupes d’al-Afshin qui se trouvait
à l’extérieur d’al-Badh, pour empêcher n’importe quelle force
d’al-Afshin d’approcher des portes de la ville. Al-Afshin avait
l’intention de marcher vers les portes d’al-Badh et ordonna à ses
troupes de traverser, mais ils s’arrêtèrent ils n’engagèrent pas les
forces de Babak dans la bataille. Quand Babak se rendit compte que
les troupes d’al-Afshin avaient bougé de la tranchée et se dirigeait
vers lui, il divisa ses hommes et les plaça en embuscade ne retenant
avec lui qu’un petit nombre d’hommes. Al-Afshin en fut informé mais
il ignorait les emplacements des embuscades. Puis d’autres
renseignements informèrent que les khourramiyah était parti en masse
et que seulement une poignée des hommes de Babak étaient restés avec
lui.
Quand al-Afshin monta à cette
position, un tapis de cuir fut étendu pour lui et un siège monté
pour lui. Il s’assit sur une petite colline qui donnait sur la porte
de la forteresse de Babak, avec les troupes placées dans leurs
escadrons de cavalerie. Il ordonna à ceux qui étaient avec lui de ce
côté de la vallée de descendre de leurs destriers et aussi à ceux de
l’autre côté avec Abou Sa’id, Ja’far al-Khayyat et ses hommes. Ahmad
Ibn al-Khalil, ne descendit pas à cause de sa proximité de l’ennemi
et ses troupes restèrent à leur endroit défensif. Al-Afshin divisa
les gardes montagnards pour fouiller les vallées, parce qu’il
voulait trouver les endroits où l’ennemi se cachait en embuscade et
ainsi être conscient d’eux.
Al-Afshin procéda ainsi
chaque jour jusqu’à l’après-midi pour trouver les emplacements des
troupes ennemies tandis que les khourramiyah étaient avec Babak,
buvant du vin, soufflant dans des pipes de roseau et battant des
tambours. Quand al-Afshin avait exécuté la prière de midi, il
partait et descendait ensuite dans sa tranchée à Roudh ar-Roudh.
Abou Sa’id était le premier à descendre, suivi par Ahmad Ibn
al-Khalil, puis par Ja’far Ibn Dinar et enfin al-Afshin. Ces
arrivées et ces départs d’al-Afshin avaient l’habitude d’exaspérer
Babak, et lorsqu’il était sur le point de revenir, les khourramiyah
frappaient leurs cymbales (sounouj) et soufflait dans leurs
trompettes (bouqat) d’une manière ironique. Pendant ce temps,
le Boukhara-Khoudah restait sur le sommet de la pente de la montagne
où il avait été posté jusqu’à ce que toutes les troupes soient
passés et alors seulement il quittait sa position et marchaient à
leur suite.
Un jour les khourramiyah se
fatiguèrent de la position d’impasse dans laquelle ils se trouvaient
et du processus réalisé contre eux. Donc quand al-Afshin revint
selon sa coutume, que les escadrons revinrent l’un après l’autre,
qu’Abou Sa’id traversa la vallée ainsi qu’Ahmad Ibn Al Khalil
et certaines des troupes de Ja’far al-Khayyat, les khourramiyah
ouvrirent la porte de leur tranchée défensive et dix de leurs
cavaliers sortirent attaquer les hommes de Ja’far al-Khayyat qui
étaient restés dans cet endroit. Une clameur éclata parmi l’armée
musulmane et Ja’far, sur sa propre initiative, revint avec un
escadron de ses troupes et chargea ces cavaliers khourrami
jusqu’à ce qu’il les ait repoussés à la porte d’al-Badh. La
clameur se propagea néanmoins dans l’armée au point qu’al-Afshin
revint aussitôt tandis
que Ja’far fut rejoint par ses troupes. Babak partit aussitôt avec
un certain nombre de ses cavaliers tandis que ni lui et ni al-Afshin
ne disposait de leur infanterie. Chaque côté menait tour à tour de
rôle des assauts et des deux côtés les hommes furent blessés.
Al-Afshin revint et le tapis de cuir et le siège furent montés pour
lui et il s’assit comme il en avait l’habitude brûlant de colère
contre Ja’far en répétant : « Il a ruiné mon déploiement des troupes
et mes plans ».
La clameur augmenta. Abou
Doulaf commandait un escadron, un groupe de volontaires d’al-Basra
et d’autres régions. Quand ces volontaires virent que Ja’far était
retenu dans la bataille, ils descendirent sans les ordres
d’al-Afshin et passèrent de ce côté de la vallée jusqu’à ce qu’ils
atteignent le flanc d’al-Badh.
Ils restèrent sur le flanc de
la vallée, traversèrent les pistes, grimpèrent jusqu’en haut ou ils
entrèrent dans la ville. Ja’far envoya un message à al-Afshin lui
disant : « Envoie-moi cinq-cents fantassins et archers en renfort.
J’espère rentrer dans al-Badh, avec la permission d’Allah car je ne
vois lui faisant face que cet escadron de troupes que tu peux
toi-même voir (l’escadron d’Adin) ». Mais al-Afshin lui répondit : «
Tu as déjà ruiné mon projet, dégage-toi petit à petit, sauve tes
troupes et revient ». Une grande clameur s’éleva parmi les
volontaires quand ils entrèrent dans al-Badh. Les troupes khourrami
que Babak avait envoyé pour tenir les embuscades qui croyaient que
la bataille était devenue ferme sortir de leur cachette et se
dépêchèrent en avant pour tomber nez à nez sur les forces de
Boukhara-Khoudah, tandis qu’un autre groupe embusqué sortit de
l’autre côté de l’étendue rocheuse où al-Afshin s’était assis. Les
khourramiyah se précipitèrent tandis que les troupes stationnées
au-dessus d’eux ne firent aucun mouvement, et al-Afshin dit : «
Louanges à Allah Exalté Qui nous a révélé les emplacements de
l’ennemi ! »
Alors Ja’far et ses troupes
ainsi que les volontaires revinrent et Ja’far alla voir al-Afshin et
lui dit : « Mon maître, le commandant des croyants, m’a envoyé
uniquement pour cette campagne militaire que tu vois et ne m’a pas
envoyé pour m’asseoir ici. Tu m’as refusé mon besoin de cinq-cents
fantassins qui auraient été suffisants pour moi pour entrer dans
al-Badh (pénétrer dans la résidence de Babak), car j’ai vu les
forces qui s’interposaient contre moi ». Al-Afshin lui répondit : «
Ne regardent pas ce qui est devant toi mais plutôt ce qui est
derrière toi et comment, ils ont assailli le Boukhara-Khoudah et ses
hommes. ». Al-Fadl Ibn Kawous dit à Ja’far al-Khayyat : « Si la
décision avait été la tienne, tu n’aurais pas pu te tenir à la place
que tu occupes actuellement à cet endroit pour que tu puisses dire,
« J’aurais fait ceci, j’aurais fait cela ». Ja’far lui répondit : «
Tu appelles cela une guerre quand nous sommes ici attendant que
quiconque vienne ! » Al-Fadl lui dit : « Si ce n’était pas le
conseil de l’émir, je t’enseignerais sur place comment me comporter
! » mais al-Afshin les réprimanda et ils cessèrent.
Al-Afshin ordonna à Abou
Doulaf de rappeler les volontaires du mur d’al Badh ; et Abou Doulaf
leur dit : « Revenez ! » Mais un des volontaires revint en portant
une pierre et dit : « Veux-tu que nous revenons maintenant ? J’ai
pris cette pierre du mur municipal! » Mais Abou Doulaf lui dit : «
Revient immédiatement et sur la route tu réaliseras alors qui se
tient sur votre voie de retraite (les khourramiyah qui avaient
attaqué le Boukhara-Khoudah de derrière ses troupes ».
Alors al-Afshin dit à Abou
Sa’id en présence de Ja’far : « Puisse Allah t’accorder une grande
récompense, tant de ta part que de celle du commandant des croyants
! Je ne savais pas que tu étais si bien informé des affaires
concernant ces troupes et leur organisation! Et que chaque personne
assez vieille pour raser sa tête dit que s’arrêter dans un endroit
dont il a besoin est mieux que d’offrir une bataille dans un endroit
dont il n’a pas besoin ? Si les ennemis qui étaient sous toi
s’étaient levés », et il leur montra du doigt l’emplacement de
l’embuscade au-dessous de la montagne, « Quel aurait été l’état de
ces volontaires, qui ont ce qui bat sous leurs chemises (qui sont
loin d’être audacieux) ? Quelle aurait été leurs conditions et qui
les aurait rassemblés de nouveau ? Louanges à Allah, Qui les a
délivrés en toute tranquillité ! Maintenant attendez ici et ne
bougez pas avant que tous l’ait quitté ».
Al-Afshin revint et c’était
sa coutume lorsqu’il se préparait à retourner que les drapeaux des
escadrons, de ses cavaliers et de ses fantassins soient baissés, et
que le dernier escadron attende qu’il y ait entre eux la distance
d’un lancer de flèche. Il n’avancerait pas vers la descente de la
montagne ou du défilé avant d’avoir vu tous les hommes des escadrons
devant lui traverser et que la route était claire alors pour lui. Et
alors seulement, il avançait et descendait avec ses cavaliers et ses
fantassins, ensemble avec le dernier escadron et continuait ainsi.
Il avait instruit auparavant chaque escadron de ne laisser aucun
homme de son escadron les devancer ou de traîner en arrière. Cela
devait être la procédure jusqu’à ce que tous les escadrons aient
traversé et que personne ne soit resté en arrière excepté le
Boukhara-Khoudah. Alors seulement le Boukhara-Khoudah à son tour
devait descendre la montagne. Ce jour-là, le Boukhara-Khoudah
retourna de cette manière ; Abou Sa’id était le dernier à revenir
et, chaque fois que les troupes passèrent près de l’endroit où le
Boukhara-Khoudah était posté, ils virent l’emplacement où les
assaillants s’étaient dissimulés, ils réalisèrent alors ceux qui les
auraient attendus. Et les indigènes qui voulurent capturer l’endroit
où se tenait le Boukhara-Khoudah se dispersèrent et retournèrent à
leurs positions.
Al-Afshin resta dans sa
tranchée à Roudh ar-Roudh plusieurs jours. À ce point, les
volontaires se plaignirent à lui de leurs manques de fourrage, de
provisions et de subsistances. Il leur répondit : « Quiconque
d’entre vous endure patiemment, laissez le endurer patiemment et
quiconque ne peut pas endurer, et bien, la route est grande ouverte,
permettez-lui de retourner en paix. J’ai avec moi le commandant de
l’armée des croyants et ceux qui reçoivent des allocations
régulières qui resteront avec moi dans la chaleur et le froid. Je ne
quitterais pas cet endroit jusqu’aux chutes de neige ».
Les volontaires retournèrent
et s’entretinrent entre eux : « Si seulement al-Afshin nous avait
laissé seul avec Ja’far, nous aurions capturé al-Badh. Cet homme
veut seulement atermoyer ». Cette conversation ainsi que toutes les
autres paroles des volontaires arrivèrent dans les oreilles
d’al-Afshin. Ils propagèrent la rumeur qu’al-Afshin refusait de
marcher contre l’ennemi, et qu’il voulait seulement prolonger
l’affaire autant que possible, jusqu’à ce qu’un d’entre eux déclara
qu’il vit dans un rêve le Messager d’Allah (saluts et bénédictions
d’Allah sur lui) qui lui dit : « Dites à al-Afshin : « Si tu fais la
guerre contre ce type (Babak) et que tu le forces jusqu’à que tu
l’abattes, alors c’est bien ! Dans le cas contraire, j’ordonnerai
aux montagnes de pleuvoir des pierres sur toi ! » Par conséquent,
les troupes en parlèrent ouvertement dans le camp, comme si l’homme
qui avait vu le rêve avait été divinement inspiré.
Quand al-Afshin fut informé,
il envoya un message aux chefs des volontaires et les fit amener
devant lui et leur demanda : « J’aimerais que vous me montriez cet
homme, car les gens voient dans les rêves des remèdes et des
solutions aux problèmes ». Donc ils ramenèrent l’homme avec un
groupe de gens. Al-Afshin l’accueillit, le mit à l’aise, l’approcha
de lui et lui dit : « Raconte-moi ton rêve sans être embarrassés ou
honteux ». L’homme dit : « J’ai vu dans mon rêve ainsi-et-ainsi et
ainsi-et-ainsi ». Al-Afshin répondit : « Allah Exalté connaît chaque
chose avant tout le monde et sait ce qu’Il est demandé de ces gens.
Si Allah Exalté et Bénis soit-Il, veut ordonner aux montagnes de
bombarder quelqu’un avec les pierres se serait certainement le
mécréant (Babak) et nous soulagerait de son problème. Comment
pourrait-Il me bombarder et par la même Le soulager du problème du
mécréant ? Au contraire, s’Il voulait lapider quelqu’un, Il
lapiderait Babak et Il n’aurait pas besoin de moi pour faire la
guerre contre lui ! Je sais que rien n’est dissimulé à Allah, Il est
Puissant et Exalté et Il est Celui qui connaît les secrets de mon
cœur et ce que j’ai l’intention de faire avec vous, O malheureux ! »
Un des volontaires, qui était
réputé pour sa piété dit : « O Amir, ne nous prive pas d’une chance
de martyr, si une occasion se présente à toi ! Nous cherchons
seulement la récompense d’Allah et Ses faveurs. Laissez-nous seuls
jusqu’à ce que nous puissions avancer, après avoir reçu ta
permission et peut être Allah Exalté nous accordera la victoire ».
Al-Afshin répondit : « Effectivement, je perçois que l’objet de
votre intention est proche et maintenant à portée de la main et je
crois qu’Allah Exalté désire vraiment ce cours d’action et que ce
sera un succès, s’Il le veut. Vous et le reste des troupes avez
maintenant un désir intense de mener la bataille. Allah Exalté sait
le mieux que ce n’était pas mon point de vue mais cela l’est devenu
maintenant après avoir entendu tes mots. J’espère qu’Il désire ce
cours d’action et qu’il sera couronné de succès. Allez en avant,
avec la bénédiction d’Allah Exalté, le jour que vous estimez le
mieux, pour que nous puissions nous lever et les assaillir. Il n’y a
aucune force et aucun pouvoir excepté par Allah ! »
Les soldats partirent réjouit
et transmirent les bonnes nouvelles à leurs camarades. Ceux qui
voulurent partir restèrent et ceux qui étaient encore dans le
voisinage, à quelques jours de marche seulement, lorsqu’ils furent
informés de la décision rebroussèrent chemin. Al-Afshin désigna un
jour aux troupes et ordonna aux troupes régulières, la cavalerie,
l’infanterie et tous les autres guerriers de se préparer ; rendant
ainsi son intention claire et sans aucun doute sur son intention de
lutter. Il emmena avec lui de l’argent et des provisions et pas un
seul mulet ou une bête de transport ne resta dans le camp, ne
transportant des provisions ou des litières pour transporter les
blessés. Il emporta avec lui des médecins, des réserves de biscuits,
de Sawiq et de tout ce dont il pourrait peut-être avoir besoin. Les
troupes avancèrent lentement jusqu’à ce qu’elles arrivent à al-Badh.
Le Boukhara-Khoudah prit sa position précédente en haut de la
montagne pour protéger les arrières des musulmans tandis que le
tapis de cuir et le siège furent montés pour Al-Afshin à sa place
habituelle, sur la colline en face des portes de la ville d’al-Badh.
Al-Afshin dit à Abou Doulaf :
« Dit aux volontaires de concentrer leurs efforts et se confiner
dans n’importe quel secteur qui sera le plus facile pour eux ». Il
dit à Ja’far : « Tu as l’armée entière à ta disposition, ainsi que
les archers et les lanceurs de naphte. Si tu as besoin d’hommes
supplémentaires, je te les enverrais. Prends donc tout ce qui est
nécessaire et tout ce dont tu as besoin et va en avant avec la
bénédiction d’Allah ! Procédez à n’importe quel endroit (au front de
la bataille) que tu choisiras ». Ja’far répondit : « J’ai
l’intention de prendre la même position où j’étais auparavant ».
Al-Afshin lui dit : « Alors tu peux y aller ». Il convoqua Abou
Sa’id et lui dit : « Reste ici avec moi, ainsi que toutes tes
troupes et ne laisse aucun d’entre eux prendre congé! » Il convoqua
aussi Ahmad Ibn al-Khalil et lui dit : « Reste ici avec tes
troupes et laisse Ja’far et tous ses hommes traverser. S’il exige
plus de soldats ou de cavaliers nous l’assisteront avec ces
renforts ». Il envoya alors en avant Abou Doulaf et ses troupes de
volontaires. Ils descendirent dans la vallée et montèrent ensuite
aux murs d’al-Badh à l’endroit où ils étaient montés à l’occasion
précédente et prirent position contre le mur, comme il l’avait fait
juste avant.
Ja’far lança une attaque
jusqu’à ce qu’il atteigne la porte d’al-Badh, exactement comme il
l’avait fait la première fois. Il s’arrêta alors et les mécréants le
retinrent un certain moment. Alors al-Afshin envoya un homme avec
une bourse de dinars, et lui dit : « Va trouver les hommes de Ja’far
et demande qui était dans le groupe de front[2] et donne
une poignée de pièces ». Puis, il tendit une deuxième bourse à un
autre de ses hommes, en lui dit : « Vas chez les volontaires, avec
cet argent, ces colliers et ces bracelets et dit à Abou Doulaf de
récompenser chacun de ses combattants qui combattent bien ». Alors
il convoqua le commandant de l’approvisionnement et lui dit : « Vas,
et positionne toi avec les troupes au beau milieu de la bataille
pour que je puisse te voir avec mes propres yeux et prenez avec vous
du Sawiq et de l’eau dans le cas où les troupes deviennent
assoiffées et doivent revenir ». Il fit de même concernant l’eau et
le Sawiq pour les troupes de Ja’far. Alors il convoqua le commandant
du bataillon de génie civil et l’instruisit : « Quiconque parmi les
volontaires que tu verras au beau milieu de la bataille avec une
hache d’arme recevra de ma part cinquante dirhams » et il lui remit
une bourse de dirhams. Il fit de même aussi pour les troupes de
Ja’far. Il envoya aussi à Ja’far un coffre contenant des colliers et
des bracelets et lui dit : « Partage cela à qui tu veux parmi tes
troupes, en addition de ce qu’ils doivent recevoir de moi (leur paie
régulière) et annonce leur une garantie de ma part que leurs
allocations de paie seront augmentées, en plus des attestations (de
l’éloge pour leur bravoure) contenant leurs noms qui seront envoyés
au commandant des croyants ».
Pendant longtemps la bataille
près de la porte fut imbriquée. Alors les khourramiyah ouvrirent la
porte et sortirent pour attaquer les hommes de Ja’far et les
repoussèrent de la porte. Ils assaillirent aussi les volontaires et
capturèrent deux de leurs étendards et les rejetèrent en arrière des
murs et leur infligèrent beaucoup de blessures avec des roches au
point qu’ils marquèrent les Musulmans, afin que ces derniers soient
incapables de soutenir le combat et s’arrêtent. Ja’far cria après
ses hommes et environ cent d’entre eux se précipitèrent en avant et
s’agenouillèrent derrière leurs boucliers dont-ils étaient équipés,
retenant ainsi l’ennemi, et empêchant les deux côtés de combattre.
Ils restèrent ainsi jusqu’à ce que les Musulmans aient accompli la
prière de midi.
Al-Afshin qui avait amené ses
balistes en déploya une près de Ja’far près de la porte et une autre
sur le flanc de la vallée près des volontaires. Ja’far lutta pour
défendre la baliste qui était près de lui car elle resta dans
l’espace entre les deux côtés adverses pour une assez longue période
et les troupes de Ja’far, après des efforts ardus, la prirent de
force et la ramenèrent dans leur propre camp. Les troupes des deux
côtés reprirent leur position l’un contre l’autre, en se retenant de
combattre main à main mais se couvrant respectivement de pluie de
flèches et de pierres volantes. Les troupes de Babak étaient sur les
murs et à la porte tandis que les guerriers de Ja’far se mettaient à
l’abri sous leurs boucliers. Alors plus tard les deux côtés se
combattirent à nouveau.
Après ce qu’il vit, Al-Afshin
craignit que l’ennemi ne s’enhardisse contre ses troupes. Donc il
envoya en avant les fantassins qu’il avait retenus et ils prirent
place au même endroit que les volontaires. Il envoya à Ja’far un
escadron de fantassins, mais Ja’far dit : « Je n’ai pas été
défavorablement affecté par le manque d’hommes ; j’ai assez de
troupes avec moi. Le problème est que je ne voie pas d’endroit où
ils pourraient avancer et lutter. Et il y a juste la place qui
permet à un ou deux hommes de manœuvrer. Ils sont réduits à l’arrêt
dans cette place et le combat a cessé ». Lorsqu’il entendit cela,
Al-Afshin lui envoya un message lui disant : « Reviens avec la
bénédiction d’Allah » et Ja’far revint.
Al-Afshin envoya les mulets
qu’il avait apportés avec lui, avec les litières sur leur dos pour
transporter les blessés, les estropiés par les jets de pierres et
les incapables de se déplacer qui furent placés sur leur dos. Il
ordonna aux troupes de se retirer et ils revinrent dans leur
tranchée à Roudh ar-Roudh. Les troupes désespérèrent de la victoire
cette année et la plus grande partie des volontaires partirent.
Deux semaines plus tard, les
forces d’al-Afshin furent de nouveau prêtes. Au milieu de la nuit,
il réveilla les fantassins archers soit près de mille hommes et
donna à chacun d’entre eux une outre d’eau et des biscuits. Il donna
à certains autres des bannières noires et d’autres choses. Il les
dépêcha au coucher du soleil, en envoya des guides avec eux. Ils
voyagèrent toute la nuit par des montagnes inconnues et difficiles,
en évitant les routes connues, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent la
colline sur laquelle Adin était posté, au fait d’une haute montagne.
Al-Afshin leur ordonna de ne pas laisser paraître leur présence
jusqu’à ce qu’ils aient vu les bannières d’al-Afshin, exécutés la
prière matinale et vu la bataille faire rage. Alors, ils devaient
monter ces bannières sur leurs lances, battre des tambours,
descendre la montagne et couvrir de flèches et de roches les
khourramiyah. Si, cependant, ils ne voyaient pas les bannières
d’al-Afshin, ils ne devaient pas bouger jusqu’à ce que des
renseignements leur parviennent.
Ils atteignirent la crête de
la montagne à l’aube après avoir rempli leurs outres de l’eau du
Wadi. Quand une certaine heure arriva, al-Afshin envoya un message à
ses commandants qu’ils devaient se préparer avec leurs armes, car il
avait lui-même l’intention de marcher à l’aube. À un moment donné de
la nuit, il envoya Bashir at-Turki et plusieurs commandants des
troupes de Ferghana qui étaient avec lui et leur ordonna de se
mettre en mouvement jusqu’à ce qu’ils aient atteint le point
au-dessous de la colline dans la partie la plus basse du Wadi ou ils
firent le plein d’eau. Ce point était au-dessous de la montagne où
se trouvait Adin. Al-Afshin avait pris conscience auparavant que les
mécréants s’étaient positionnés en embuscade au-dessous de cette
montagne chaque fois que les troupes s’en étaient approchées. Bashir
et les troupes de Ferghana marchèrent vers cet endroit, où ils
savaient que les khourramiyah avaient une force embusquée. Bashir et
ses troupes voyagèrent une partie de la nuit, tandis que la plus
grande partie des troupes dans le camp ignoraient leur mouvement.
Alors Bashir avertit ses commandants qu’ils devaient se préparer à
monter avec leurs armes prêtes parce que l’émir allait pousser en
avant à l’aube.
En conséquence, quand l’aube
arriva, al-Afshin quitta le camp avec les troupes, les lanceurs de
naphte et leur matériel et les flambeaux comme il l’avait fait
auparavant. Il exécuta la prière de l’aube, fit battre les tambours
et grimpa jusqu’à ce qu’il atteigne l’endroit où il avait l’habitude
de s’arrêter à chaque fois. Son tapis de cuir fut étendu et son
siège disposé pour lui, comme d’habitude.
Le Boukhara-Khoudah attendait
pendant ce temps sur les pentes de montagne où il avait l’habitude
de se positionner chaque jour. Mais ce jour particulier al-Afshin a
envoyé le Boukhara-Khoudah en avant dans l’avant-garde avec Abou
Sa’id, Ja’far al-Khayyat et Ahmad Ibn al-Khalil. Les troupes
étaient peu familières avec cette nouvelle formation de bataille et
al-Afshin leur ordonna de s’approcher de la colline où se trouvait
Adin pour l’encercler, bien qu’avant ce jour particulier, il leur
avait interdit de faire ainsi. Les troupes allèrent en avant, menées
par ces quatre commandants jusqu’à ce qu’ils encerclent la colline.
Ja’far al-Khayyat était près du passage d’al-Badh, Abou Sa’id était
à ses côté, le Boukhara-Khoudah était près d’Abou Sa’id et d’Ahmad
Ibn al-Khalil Ibn Hisham était à côté du Boukhara-Khoudah. Ils se
réunirent en formation d’encerclement autour de la colline et une
grande confusion et un grand tumulte s’élevèrent de la partie
inférieure de la vallée. Les troupes cachées en embuscade au-dessous
de la colline où Adin était posté bondirent subitement sur Bashir
at-Turki et les troupes de Ferghana. Ils luttèrent contre eux durant
un certain temps et le conflit devint confus. Les troupes dans le
camp musulman entendirent le tumulte et s’excitèrent pour l’action.
Al-Afshin ordonna donc à ses hérauts de proclamer : « O troupes, ce
sont Bashir at-Turki et les hommes de Ferghana que j’ai envoyé en
éclaireur et ils ont provoqué par conséquent une embuscade ennemie
en exposant leur position, ne devenez pas surexcités ainsi ! »
Quand les archers fantassins
qui s’étaient positionnés sur la crête de la montagne entendirent
les cris, ils levèrent les bannières comme al-Afshin leur avait
ordonné. Les troupes virent alors des bannières venir en haut d’une
montagne, des bannières noires qui se trouvaient quelque kilomètre
entre l’armée et la montagne. Ils descendaient eux-mêmes la montagne
d’Adin au-dessus de ses forces. Comme les bannières avaient été
levées, ils descendirent pour Adin mais des soldats de l’armée
d’Adin les espionnèrent et Adin envoya certains khourrami qui
étaient avec lui contre eux. Quand les troupes musulmanes les
virent, ils s’effrayèrent mais al-Afshin envoya un message aux
troupes musulmanes, leur disant : « Ceux qui descendent la montagne
sont nos propres troupes, qui nous renforceront dans la lutte contre
Adin ».
Alors, Ja’far al-Khayyat et
ses hommes attaquèrent Adin et avancèrent directement vers eux
cependant les forces d’Adin lancèrent une puissante contre-attaque
contre les Musulmans et repoussèrent Ja’far et ses hommes dans la
vallée. Un guerrier qui combattait à proximité d’Abou Sa’id, du nom
de Mou’ad Ibn Muhammad ou Muhammad Ibn Mou’ad, avec un
petit détachement mena un nouvel assaut sur les khourramiyah, mais
des fosses avaient été creusées (par les khourramiyah) et les
chevaux tombèrent les uns après les autres. À ce point, al-Afshin
envoya un groupe de soldats du génie civil en leur ordonnant de
remplir avec des pierres des fosses qui avaient été faites.
Lorsqu’ils eurent fini, les troupes musulmanes lancèrent une attaque
concertée sur les khourramiyah. Adin avait préparé sur les sommets
des montagnes des chariots chargé de rocs et quand les troupes
musulmanes attaquèrent, il poussa les chariots sur eux et ils
dévalèrent la pente, alors il lança son attaque.
Quand Babak vit que ses
hommes étaient encerclés, il quitta al-Badh en compagnie d’un groupe
de ses hommes par la porte la plus proche d’al-Afshin, qui était à
deux kilomètres de la colline où se tenait al-Afshin. Ils se
renseignèrent sur la position d’al-Afshin et les hommes d’Abou
Doulaf demandèrent : « Qui êtes-vous ? » Ils répondirent : « C’est
Babak qui recherche al-Afshin ». Abou Doulaf envoya un messager à
al-Afshin pour l’informer et lui demander d’envoyer un homme qui
connaissait Babak. Cet homme regarda Babak, puis revint à al-Afshin
et lui dit : « Oui, c’est effectivement Babak! » » Alors al-Afshin
chercha un endroit où il pourrait discuter avec Babak et ses
compagnons ; tandis que pendant ce temps, la bataille était devenue
confuse dans les rangs d’Adin.
Babak demanda à al-Afshin : «
Je demande un sauf-conduit du commandant des croyants ». Al-Afshin
lui répondit : « Je te l’ai déjà offert et il est disponible quand
tu le veux ». Babak dit : « Je le veux maintenant, à condition que
tu m’alloue une période pendant laquelle je pourrais réunir des
montures pour ma famille ainsi que de me préparer pour le voyage ».
Al Afshin lui dit : « Par Allah, je te l’ai déjà conseillé plus
qu’une fois, mais tu n’as pas suivi mon conseil ; je peux te le
redonner donc : il vaut mieux accepter le sauf-conduit aujourd’hui
que demain ». Il répondit : « O émir, je l’accepte immédiatement et
le suivrai ». Al-Afshin lui dit alors : « Envoie-moi maintenant les
otages que je t’ai déjà demandé auparavant ». Il répondit : « Oui,
mais un tel et un tel sont sur cette colline (où Adin luttait),
ordonne donc à tes troupes de se retirer ».
Il a été rapporté :
« L’envoyé d’al-Afshin parti pour ramener les troupes et il a été
rapporté que les bannières des troupes de Ferghana était déjà entrée
dans al-Badh et que les troupes avaient déjà escaladé les
forteresses. Il cria aux troupes de le suivre. Alors il entra et les
troupes montèrent avec leurs bannières sur les forteresses de Babak.
Cependant, Babak avait mis en embuscade dans ses quatre forteresses,
six-cent hommes que les troupes musulmanes attaquèrent avant de
grimper en haut des forteresses avec les bannières tandis que les
rues d’al-Badh furent envahies par les gens. Les hommes de Babak
embusqués ouvrir les portes de la forteresse et les fantassins se
déversèrent et combattirent les troupes musulmanes. Pendant ce
temps, Babak partit et voyagea jusqu’à ce qu’il arrive dans une
vallée près de Hashtadsar.
Al-Afshin et tous ses
commandants furent complètement occupés avec le combat aux portes
des forteresses et les khourramiyah luttèrent vigoureusement.
Al-Afshin amena les lanceurs de naphte, qui après leurs
préparations, tirèrent sur les khourramiyah, pendant que les troupes
abattaient les forteresses jusqu’à ce que tous les soldats khourrami
furent tués jusqu’au dernier homme. Al-Afshin prit les membres de la
famille de Babak captifs ainsi que tous les membres de leur famille
qui étaient avec eux dans al-Badh. Finalement, lorsque le soir
arriva, al-Afshin ordonna le retour des troupes qui rentrèrent dans
leur camp tandis que tous les survivants khourrami étaient encore
dans leurs maisons. Al-Afshin lui-même revint dans son camp à Roudh
ar-Roudh ».
Il a été rapporté : « Quand
Babak et les hommes qui s’étaient enfuis avec lui dans la vallée
apprirent qu’al-Afshin était revenu dans son camp, ils revinrent à
al-Badh et emportèrent toutes les provisions de voyage qu’ils purent
transporter et leurs biens personnels avant de revenir dans la
vallée près d’Hashtadsar. Le matin suivant, al-Afshin se mit
en route jusqu’à ce qu’il entra dans al-Badh. Il s’arrêta dans la
ville, ordonna de détruire les forteresses et envoya les fantassins
patrouiller les zones extérieures de la ville, mais ils ne
trouvèrent pas un seul indigène. Il envoya le corps de génie civil
qui passa trois jours à niveler les forteresses après y avoir mis le
feu. Aucune maison ne fut laissée debout et la ville fut totalement
rasée. Puis, al-Afshin revint dans son camp et apprit que Babak
s’était enfuit avec un groupe de ses hommes. Alors il écrivit aux
gouverneurs de l’Arménie et à ses princes locaux et leur dit : «
Babak et un certain nombre de ses hommes se sont enfuis vers une
certaine vallée en direction de l’Arménie et passera certainement
par vous ». Il ordonna à chacun d’entre eux de garder sa propre
province avec prudence et de ne permettre à personne de voyager sans
l’arrêter et de vérifier son identité.
Des espions vinrent trouver
al-Afshin et l’informèrent de l’emplacement de la cache de Babak
dans la vallée. C’était une vallée remplie de végétation épaisse et
d’arbres, avec l’Arménie d’un côté et l’Azerbaïdjan de l’autre. La
cavalerie ne pourrait pas y pénétrer, ni personne se cacher à cause
de la densité des arbres et des cours d’eau. C’était effectivement
une grande forêt surnommée la « jungle ». Al-Afshin pour s’assurer
qu’aucune route n’en sortait et que Babak ne pourrait pas en sortir
envoya des patrouilles tout autour de cette zone. Sur chaque route
et dans chaque localité de cette région, il posta un détachement de
troupes d’environ quatre-cent à cinq-cents guerriers et il envoya
avec eux des gardes montagnards pour leur fournir des renseignements
sur la route et pour garder les routes la nuit, de peur que
quelqu’un ne passe par elles. En même temps, il envoya à chacun de
ces quinze détachements des provisions de son propre camp.
Ils restèrent ainsi jusqu’à
ce qu’arrive une lettre du commandant des croyants al-Mou’tassim
cacheté d’or et contenant un laissez-passer pour Babak. Sur ce,
al-Afshin convoqua les anciens partisans de Babak qui avaient
demandé la sécurité pour lui, et parmi eux le fils aîné de Babak.
Al-Afshin lui dit ainsi qu’aux autres captifs :
- « Je ne m’étais pas attendu
à une réponse favorable du commandant des croyants. Maintenant
lequel d’entre vous prendras ce sauf-conduit et le transmettras à
Babak ? » Mais aucun d’eux n’osa l’entreprendre et l’un d’entre eux
protesta :
- « O émir, aucun de nous
n’oserait le confronter avec cela ».
- « Malheur à toi », lui
répondit al-Afshin « Il s’en réjouira certainement ! » L’homme
répondit :
- « Puisse Dieu guider l’émir
vers la droiture ! Nous connaissons mieux que toi cette affaire ».
Al-Afshin dit :
- « Même ainsi, vous devez
tous vous soumettre inéluctablement et complètement à moi et vous
devez lui livrer cette lettre ».
À cela, deux hommes parmi eux
se sont levés et lui dirent :
- « Donnez-nous une garantie
que vous prendrez soin de nos familles (si n’importe quoi de
désagréable devait nous arriver) » et al-Afshin leur donna la
garantie exigée.
Les deux hommes prirent la
lettre, partirent et ne cessèrent de tourner autour de la forêt
jusqu’à ce qu’ils tombent sur Babak. Le fils de Babak envoya aussi
une lettre avec les deux envoyés, l’informant de la nouvelle
situation et lui demandant de revenir et de choisir l’offre qui lui
était faite, qui lui garantissait la sécurité.
Les deux hommes livrèrent les
lettres à Babak et lorsqu’il lut celle de son fils, il dit :
- « Qu’avez-vous fait ? » Ils
répondirent :
- « Nos familles et nos
enfants furent capturés cette nuit et nous ne savions pas où tu
étais afin que nous puissions te rejoindre. Nous étions dans un
endroit où nous avons craint qu’ils nous capturent, donc nous
demander une garantie de protection ». Babak
dit à l’homme qui lui avait apporté la lettre :
- « Je ne connais rien de
cela, mais toi, O fils d’une trainée, comment as-tu osé le faire et
venir me trouver de la part de ce fils d’une trainée ? » Alors, il
saisit l’homme, lui trancha la tête et l’attacha à la lettre du
calife encore cachetée puis, dit à l’autre homme :
- « Part et dit au fils de la
traînée (son propre fils) comment peux-tu m’écrire ainsi ? » Et il
lui répondit ainsi : « Si tu devais me rejoindre, suis-moi alors
dans la voie du mouvement auquel j’appartiens (c’est-à-dire, le
mouvement des khourramiyah) jusqu’à ce qu’un jour tu accèdes au
pouvoir, et tu sauras alors effectivement mon fils. Mais à ce point,
je suis sûr de la corruption de ta mère, la traînée. O fils de la
traînée, peut être vivrai-je une longue période après cela, mais ce
sera sous le nom d’une personne de pouvoir, et quoi que je suis ou
que l’on dise de moi, ce sera comme un roi. Tandis que toi, tu viens
d’un stock dépourvu de bonnes caractéristiques et je témoigne que tu
n’es pas mon fils, car il vaut mieux vivre une seule journée comme
un roi que vivre quarante ans comme un esclave abject ». Après cela,
il quitta sa cachette et envoya trois hommes avec l’envoyé
d’al-Afshin pour l’escorter jusqu’à une certaine distance et alors
ils rejoignirent Babak.
[1]
Sortes de mélange de céréales.
[2]
La partie la plus avant d’un groupe de personnes
combattantes, et en particulier une division militaire de
front d’une armée en mouvement (saf awwal). Ceux qui
combattent dans le pur sentier d’Allah Exalté dans le groupe
de front seront parmi les personnes les plus récompensées le
jour du Qiyamah.