La louange est à
Allah, nous Le louons, nous L’implorons et nous Lui demandons
pardon. Nous cherchons protection auprès de lui contre les maux de
nos âmes et contre nos viles actions. Celui qu’Allah guide, nul ne
peut l’égarer et celui qu’Il égare, tu ne lui trouveras aucun guide.
J’atteste qu’il n’y aucune divinité excepté Allah sans aucun associé
et j’atteste que Muhammad est Son serviteur et Messager,
saluts et bénédictions d’Allah sur Lui.
La meilleure
parole est la parole d’Allah Exalté et Loué soit-Il et le meilleur
guide est le guide Muhammad, saluts et bénédictions d’Allah
sur Lui. La plus mauvaise chose est celle inventée, chaque chose
inventée est une innovation, chaque innovation est un égarement et
tout égarement est dans le feu.
Ceci dit :
Le califat
islamique abbasside dura cinq cent-vingt-quatre années, de l’année
138 à l’année 652 de l’Hégire (755 à 1254) durant lesquelles se
succédèrent trente-sept califes. Et l’histoire de ce règne est très
riche, quand il s’agit de la mettre par écrit, et il n’aurait fallu
pas moins de vingt volumes pour la rapporter dans son intégralité.
Avec la permission d’Allah Exalté, nous allons résumer cette
histoire ou nous vous rapporterons les évènements, intérieurs et
extérieurs importants, qui menacèrent directement l’état abbasside
et qui se déroulèrent sous leur dynastie. Parmi tous ces évènements,
quatre nous on parut particulièrement importants : Les zanj, les
qarmates, les croisés et les Moghols ou Tatars. Du fait de leur
importance nous avons rapporté l’intégralité des deux premiers dans
ce volume et nous espérons que les deux autres seront traités dans
le prochain.
Pour éviter
d’interrompre le récit de certains événements qui se prolongent
parfois sur plusieurs années, voir des décennies, nous n’hésiterons
pas à nous répéter, s’il le faut, pour garder la cohésion de la
chronologie.
Nous voudrions
mentionner un point important lorsqu’il s’agit de l’Histoire et peut
importe quelle Histoire, qu’il s’agit de la nôtre, les Musulmans, ou
de celle de l’occident, nous rapportons parfois des évènements
extrêmement difficiles comme les massacres, les assassinats, les
tortures, les mutilations, les prises de captifs, etc. qui peuvent
vous paraitre machiavéliques mais qui est un fait commun à toutes
les nations, même celle de nos jours comme l’actualité journalière
le prouve abondement. Mais bien plus que cela, les gens tuent pour
se débarrasser de leurs ennemis et il n’y a pas de guerre sans sang
et sans atrocité, même avec des drones ou des bombes « laser
guidées » !
Comme nous l’avons
mentionné dans le volume précédent, nous avons apporté le plus grand
soin à notre travail mais nul n’est infaillible excepté le Digne de
Gloire et de Louange, Gloire à Lui ! C’est pourquoi, nous voudrions
nous excuser auprès de nos lecteurs sur les fautes que nous
commettons (certainement) en traduisant la langue arabe qui est une
langue extrêmement précise et qui n’emploie absolument pas la même
terminologie que le français par exemple. L’arabe ne se traduit pas
mot à mot ! Il faut souvent lire un paragraphe complet pour pouvoir
le retranscrire correctement. Il y a aussi énormément de
sous-entendu, bref ce n’est pas une tâche facile quand parfois un
seul mot à vingt interprétation différente ! Nous nous excusons
aussi s’il s’avérait que nous avons mal retranscrit un nom propre.
Malgré ces
handicaps, nous avons entreprit la responsabilité de ce travail
essentiel parce qu’il n’a été fait par personne d’autre auparavant,
ou si peu, et parce que les rayons d’Histoire de nos librairies sont
vides ! J’espère que cela motivera d’autres musulmans plus qualifiés
que moi pour poursuivre ce travail quand l’Histoire est en train de
devenir une nécessité majeure au regard des évènements
internationaux actuels. Ce livre n’est donc pas un livre de
référence mais juste une rapide esquisse.
Comme nous l’avons
fait dans le volume précédent, nous continuerons à rapporter quand
cela sera possible les généalogies des noms mentionnés afin de mieux
comprendre l’Histoire.
Avant de commencer
cette grande histoire, je voudrais rapporter une histoire du
deuxième Calife Juste et Bien Guidé, l’Emir des Croyants al-Farouq
‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) un des piliers
fondateurs de cette communauté. Un jour, ‘Omar (qu’Allah soit
satisfait de lui) reçut une lettre du gouverneur de Basra Abou
Moussa al-Ash’ari (qu’Allah soit satisfait de lui), dont le scribe
était Abou Houssayn al-‘Anbari des Banou Tamim, qui
comportait une erreur d’orthographe. Il écrivit donc à Moussa et lui
demanda de fouetter une fois son scribe pour la faute d’orthographe
qu’il avait fait ! Ceci juste pour vous montrer à quel point ces
gens-là étaient préoccupés de l’importance de la langue arabe, la
langue du Qur’an et de sa précision.
J’implore le
Seigneur des Mondes d’accepter notre humble travail, que je n’ai
fait que pour Sa Noble Face et pour que notre communauté francophone
puisse découvrir sa grande histoire au si nombreux héros. Peut-être,
et je l’espère, certains d’entre vous suivront le glorieux passé de
leurs ancêtres et feront partie de leur caravane. J’implore aussi le
Très Miséricordieux de rendre cette œuvre utile et qu’Il me fasse
miséricorde le jour où les cœurs se figeront dans les gorges. Puisse
Allah Exalté faire aussi miséricorde à tous nos frères et sœurs qui
se sont succédés et se succèderont sur cette terre, du premier au
dernier, et particulièrement à ceux qui furent aux avants postes et
dont les corps servirent de bouclier pour la défense du Suprême, de
Sa Religion, de Son Prophète (saluts et bénédictions d’Allah sur
lui), des musulmans et des terres musulmanes.
La dynastie
abbasside apparut vers la fin de la grande dynastie omeyyade en 138
de l’Hégire (755), soit au deuxième siècle de l’Hégire.
Avant de commencer
à parler des Abbassides, pour ceux qui n’auraient pas lu le livre
précédent sur la dynastie des Omeyyades, nous allons faire un bref
résumé de leurs règnes. La principale caractéristique de l’état des
Omeyyades est que sous leur règne, l’empire islamique s’accrut
considérablement.
L’Imam al-Hafiz
Ibn Kathir ad-Dimashqi (qu’Allah lui fasse miséricorde) décédé en
774 de l’Hégire (1372), a dit dans son livre « al-Bidayah wa
al-Niyahah » : « La principale préoccupation des Banou Oumayyah,
durant leur règne, fut la conduite du combat dans le sentier
d’Allah. La parole de l’Islam fut élevée à l’est et à l’ouest, sur
la terre et sur les mers. Ils humilièrent la mécréance et ses gens
et le cœurs des polythéistes s’emplit de la crainte des Musulmans ».
Poursuivant,
l’Imam al-Hafiz Ibn Kathir dit son excellente parole : « Les
Musulmans ne se dirigèrent pas vers une terre sans la conquérir et
il y avait parmi leurs guerriers et leurs armées, des pieux et des
‘Oulama des grands Tabi’in. Dans chacune de leurs armées, ils
étaient en grand nombre et par eux, Allah accordait la victoire à Sa
Religion ».
La dynastie
omeyyade fut établie par le respectable Compagnon Mou’awiyyah Ibn
Abou Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux) Ibn Harb Ibn
Oumayyah Ibn ‘Abd ash-Shams Ibn ‘Abd al-Manaf al-Qourayshi en l’an
41 de l’Hégire (661), l’Année du Rassemblement. Mou’awiyyah Ibn Abou
Soufyan, l’émir des croyants et le scribe de la révélation. Sa mère
était la Compagnonne Hind Bint ‘Outbah Ibn Rabi’ah Ibn ‘Abd
ash-Shams al-Qourayshiyah.
Durant son règne,
le Jihad, le combat dans le sentier d’Allah se poursuivit et
beaucoup de pays furent conquit. Il mourut à l’âge de 70 ou 71 ans,
au mois de Rajab de l’année 60 de l’Hégire (679).
Lui succéda son
fils, Yazid Ibn Mou’awiyyah, dont la mère était Mayssoun Bint Bahdal
al-Kalbiyah al-Qahtaniyah. Yazid resta calife jusqu’au mois de Rabi’
Awwal de l’année 64 de l’Hégire (683) avant de mourir à l’âge de 38
ans. Durant son règne, fut tué le Prince des jeunes du Paradis, al-Houssayn
Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait d’eux), le
petit-fils du Prophète Muhammad, le 10 Mouharram de
l’année 61 de l’Hégire (680).
Sous son règne
aussi, Mouslim Ibn ‘Ouqbah al-Mourri ad-Dzoubiyani al-Ghatafani, le
commandant de l’armée de Syrie, assaillit al-Madinah al-Mounawwarah
(Médine l’Illuminée) lors de la Bataille d’al-Harrah, à la
fin du mois de Dzoul Hijjah de l’année 63 de l’Hégire (682),
et commit de grandes atrocités envers les habitants. Ce Mouslim fut
d’ailleurs surnommé par la suite, par beaucoup d’Historiens,
« Mousrif » Ibn
‘Ouqbah. Lorsque ce criminel quitta Médine, il marcha sur Makkah
al-Moukarramah (La Mecque Bénie) pour combattre le respectable
Compagnon ‘AbdAllah Ibn Zoubayr Ibn al-‘Awwam (qu’Allah soit
satisfait d’eux). Alors que Mousrif Ibn ‘Ouqbah se dirigea vers la
Mecque, il sentit les prémisses de la mort le gagner, il désigna al-Houssayn
Ibn Noumayr at-Toujibi as-Sakouni commandant de l’armée de Syrie. Il
est rapporté que Mousrif Ibn ‘Ouqbah dit avant de mourir : « O Grand
Seigneur, je n’ai pas fait de meilleure œuvre après avoir attesté «
lah ilaha illallah wa Muhammad Rassoul Allah
» qui m’est plus chère excepté le combat des gens de Médine !
» Vous comprendrez ainsi pourquoi, les historiens lui ont attribué
le nom de « Mousrif ». Il fait partie des hommes sanguinaires de
l’Histoire musulmane.
Houssayn
Ibn Noumayr, le nouveau commandant de l’armée de Syrie, poursuivit
sa route vers La Mecque qu’il assiégea et le combat eut lieu entre
lui et les forces d’Ibn Zoubayr. Ces combats commencèrent à la fin
de mois de Mouharram de l’année 64 de l’Hégire (683) et
durèrent jusqu’au mois de Rabi’ Awwal
soit deux mois. Les Syriens bombardèrent la Ka’bah avec des
catapultes et à la fin de cette bataille, la Ka’bah prit feu. Le
vent qui soufflait projeta une étincelle sur sa parure qui
s’embrasa. Le siège durait quand l’armée syrienne fut informée du
décès de Yazid Ibn Mou’awiyyah le 11 Rabi’ Awwal de l’année 64.
Après sa mort, l’armée syrienne leva le siège et retourna d’où elle
venait.
Puisque nous
parlons d’histoire, Yazid Ibn Mou’awiyyah fut le premier commandant
musulman à conduire une armée contre Constantinople en l’an 49 ou 50
de l’Hégire (669 ou 670) sous le règne de son père Mou’awiyyah
(qu’Allah soit satisfait de lui). Il y avait dans son armée, un
certains nombres de Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) dont
: ‘AbdAllah Ibn ‘Omar, ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas, ‘AbdAllah Ibn Zoubayr
et Abou Ayyoub al-Ansari (qu’Allah soit satisfait d’eux). L’Imam
al-Boukhari (qu’Allah lui fasse miséricorde) a rapporté dans son Sahih,
un Hadith d’Oumm Milhan (qu’Allah soit satisfait
d’elle) qu’al-Moustafa (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) a
dit : « Il sera pardonné à la première armée de ma communauté qui
attaquera la ville de César ».
Mou’awiyyah Ibn
Yazid Ibn Mou’awiyyah succéda à son père après sa mort. Sa mère
était également une Qourayshite ‘Abshamiyah des Bani ‘Abd ash-Shams.
Il devint le troisième calife omeyyade alors qu’il était âgé de 20
ans. C’était un jeune homme pieux et malade. Il resta au pouvoir
quarante jours, d’autres ont dit deux mois et d’autres ont rapporté
trois mois.
Après sa mort, il
arriva plusieurs évènements que nous avons mentionnés dans le volume
précédents de manière plus détaillée.
Marwan Ibn Hakam
Ibn Abi al-‘As Ibn Oumayyah Ibn ‘Abd ash-Shams Ibn ‘Abd al-Manaf
al-Qourayshi prit la succession au mois de Dzoul Qi’dah de l’année
64 de l’Hégire (683) alors que l’état était secoué de profonds
troubles. Mais il allait décéder neuf mois après.
‘Abdel Malik Ibn
Marwan devint le cinquième calife omeyyade. Sa mère était aussi une
omeyyade de Qouraysh. ‘Abdel Malik Ibn Marwan fut sans conteste un
des plus puissants califes omeyyade. Il mit fin à toutes les
séditions qui ravageaient le pays et assit les fondations de l’état.
Sous son règne, fut tué le respectable Compagnon ‘AbdAllah Ibn
Zoubayr (qu’Allah soit satisfait de lui) à la Mecque au mois de
Joumadah Awwal de l’année 73 de l’Hégire (692) par al-Hajjaj
Ibn Youssouf ath-Thaqafi qui était le commandant de l’armée de
Syrie.
Sous le règne de
‘Abdel Malik Ibn Marwan, les conquêtes islamiques s’accélérèrent.
‘Abdel Malik Ibn Marwan était le pilier de l’état, al-Hajjaj
Ibn Youssouf ath-Thaqafi était son bras droit et il craignait
énormément le calife.
Al-Walid Ibn ‘Abd
al-Malik prit la succession de son père ‘Abd al-Malik Ibn Marwan qui
décéda au mois de Shawwal de l’année 86 de l’Hégire (704). Sa mère
était une ‘Absiyah Ghatafaniyah Moudariyah, les petits enfants de
Zouhayr Ibn Joudaymah, un des rois d’avant l’islam. Al-Walid Ibn
‘Abd al-Malik fut le sixième calife omeyyade et il décéda au mois de
Joumadah Thani de l’année 96 de l’Hégire (714).
Il est celui qui
fit construire la Mosquée du Dôme (masjid sakhrah) sur
l’esplanade de la Mosquée d’al-Qouds (masjid al-aqsa), la
grande mosquée des Omeyyades à Damas et fit agrandir la mosquée du
Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) à Médine.
Sous son règne, de grandes et nombreuses conquêtes islamiques furent
réalisées : la conquête de l’Andalousie, de Boukhara, de Samarkand,
de Kaboul, de Tous et d’autres régions.
L’Imam ad-Dahhabi
(qu’Allah lui fasse miséricorde) décédé en l’an 748 de l’Hégire
(1347), a dit à propos de Walid Ibn ‘Abdel Malik : « Sous son règne,
le Jihad fut extrêmement actif, et d’immenses conquêtes furent
réalisées comme à l’époque
de ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) ».
Après al-Walid,
Souleyman Ibn ‘Abdel Malik, son frère, prit la succession et il fut
le septième calife omeyyade. Sa mère était aussi une ‘Absiyah et il
est considéré comme le meilleur des califes omeyyade excepté le fait
qu’il donna la succession au fils de son oncle ‘Omar Ibn ‘Abdel
‘Aziz Ibn Marwan Ibn Hakam.
Sous son règne,
les armées islamiques élevèrent la bannière de l’Islam bien haut
dans de nouvelles terres et vinrent frapper aux portes des
forteresses des polythéistes. Souleyman Ibn ‘Abdel Malik resta
calife de l’année 96 (714) de son intronisation jusqu’en sa mort au
mois de Safar de l’année 99 de l’Hégire (717).
Après sa mort,
‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz devint le huitième calife. Sa mère était Oumm
‘Assim Bint ‘Assim Ibn ‘Omar Ibn al-Khattab qui était le petit fils
d’al-Farouq (qu’Allah soit satisfait de lui). Il prit la succession
au mois de Safar de l’année 99 de l’Hégire, après la mort de
Souleyman Ibn ‘Abdel Malik jusqu’à sa mort au mois de Rajab de
l’année 101 de l’Hégire (719) et il restera le meilleur calife des
Banou Oumayyah. Sa biographie est très fournie et nul ne pourra lui
rendre ses droits, du fait de sa longue histoire, excepté en
écrivant un ouvrage consacré uniquement à lui.
Yazid Ibn ‘Abd
al-Malik prit la succession après la mort de ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz.
Sa mère était ‘Atikah Ibn Yazid Ibn Mou’awiyyah et il resta calife
quatre ans jusqu’en 105 de l’Hégire (723). Il lui fut suggestionné
de se débarrasser de ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz et ses conseillers l’ont
écarté ainsi de la route du bien, puisqu’il est rapporté que ‘Omar
Ibn ‘Abdel ‘Aziz mourut empoisonné. Ici nous constatons combien les
gens entourant le représentant de l’état joue un grand rôle dans la
politique et représente un grand danger.
Hisham Ibn ‘Abdel
Malik Ibn Marwan devint le dixième calife après la mort de Yazid Ibn
‘Abd al-Malik. Son règne dura à peu près vingt ans. Sa mère était
une Makhzoumiyah Qourayshiyah. Durant son règne, de nombreuses
conquêtes islamiques furent réalisées et il mourut au mois de Rabi’
Awwal de l’année 125 de l’Hégire (742). Après sa mort, la dynastie
omeyyade entra dans une période de faiblesse et connut de grandes
difficultés à cause de la guerre pour le pourvoir que se menèrent
les Omeyyades entre eux.
Al-Walid Ibn Yazid
Ibn ‘Abdel Malik prit la succession au califat après la mort de son
oncle Hisham. Al-Walid fut surnommé « al-Fassiq » (le dépravé). Sa
mère fut celle d’al-Hajjaj Bint Muhammad Ibn Youssouf
ath-Thaqafi et son oncle est al-Hajjaj Ibn Youssouf. Vers la
fin d’Hisham, beaucoup de mauvais comportements apparurent chez
al-Walid Ibn Yazid et il voulut l’écarter de la succession et il lui
dit un jour : « Je ne
sais pas si tu es sur l’Islam ou pas car tu ne passes pas près d’un
interdit sans le commettre ».
Lorsqu’un homme
tel qu’al-Walid prends le pouvoir, on ne peut certes escompter aucun
bien de leur gouvernance. Néanmoins lorsqu’il prit le pouvoir, il
montra une image différente de celle que les gens attendaient de lui
et le début de sa royauté fut correct. Puis, petit à petit, les
mauvaises habitudes prirent le dessus et il se mit à commettre
ouvertement les péchés. Un tel gouverneur ne pouvant qu’amener le
désastre et les séditions sur sa nation, les gens qui désiraient le
pouvoir complotèrent contre lui. Il sévit alors contre les
prétendants au pouvoir de la famille d’Hisham Ibn ‘Abdel Malik.
Puis, il commit un grave péché en enlevant l’épouse de son oncle
al-Walid Ibn ‘Abdel Malik qui lui demanda de la lui rendre mais il
refusa. Alors al-Walid Ibn ‘Abdel Malik lui dit sa fameuse parole :
« Alors augmente les gardes de ta sécurité personnelle » et tous ces
faits annonçaient la future chute des Omeyyades.
Tous les actes
d’al-Walid Ibn Yazid entrainèrent l’accélération de la destruction
des émirs des Omeyyades, des structures de l’armée et de la
confiance des gens. Yazid Ibn al-Walid s’éleva contre le calife mais
son frère al-‘Abbas Ibn al-Walid le lui déconseilla et le mit en
garde contre la sédition qui allait s’ensuivre dans la maison des
Omeyyades.
Al-Walid fut
assiégé dans son palais et lorsqu’il sut que sa fin était proche, il
prit un Moushaf
et se mit à le lire et dit : « Un jour comme celui de ‘Uthman
». Il fut ensuite tué et sa tête tranchée. Ces évènements eurent
lieu à la fin du mois de Joumadah Thani de l’année 126 de l’Hégire
(743). Sa tête fut pendue sur un mur de la mosquée de Damas ou il
resta jusqu’à la fin de la dynastie des Omeyyades
en l’an 138 de l’Hégire (755).
Après l’assassinat
d’al-Walid Ibn Yazid, Yazid Ibn al-Walid prit la succession et il
fut surnommé « an-Naqis » car il ramena la solde des soldats et les
allocations des gens à leur statut sous le règne de son oncle
Hisham. Son règne fut juste mais court. Durant son règne le puissant
gouverneur d’Arménie et d’Azerbaïdjan, Marwan Ibn Muhammad
Ibn Marwan, se rebella contre lui et réclama la vengeance pour
l’assassinat du précédent calife tué. Le puissant gouverneur du
Khorasan, Nasr Ibn Sayyar Ibn Rafi’ al-Leythi al-Kinani se rebella
aussi contre le calife. Yazid Ibn al-Walid décéda au mois de Dzoul
Hijjah de l’année 126 de l’Hégire (743). Sa mère était Shah
Firand ou Shahafrid Bint Fayrouz Ibn Yazdajard III, le roi.
Yazid Ibn al-Walid
dit un jour une lourde parole aux chefs des Omeyyades et qui est
très d’actualité de nos jours dans les pays musulmans : « O Banou
Oumayyah, la richesse diminue la durée de vie, elle augmente la
convoitise, elle ouvre la porte au vin, et l’on sait ce qu’engendre
l’ivresse, si vous le faite et vous le ne ferez pas, écartez-vous
alors des femmes car le vin est l’agent de l’adultère ».
Yazid Ibn al-Walid
mourut de la peste et son frère Ibrahim prit la succession pour une
brève période de soixante-dix jours avant que son autre frère par sa
mère, le gouverneur d’Arménie Marwan Ibn Muhammad Ibn Marwan
prenne la succession. Leur mère était Loubabah, une jeune femme
kurde.
Marwan Ibn Muhammad
battit l’armée d’Ibrahim avant que celui-ci ne s’enfuit et ne
revienne par la suite lui porter allégeance. Marwan Ibn Muhammad
devint le quatorzième et le dernier calife des Omeyyades et il est
Marwan Ibn Muhammad Ibn Marwan Ibn al-Hakam Ibn Abi
al-‘As Ibn Oumayyah. Il fut surnommé « al-Himar » à cause de
sa bravoure et de sa fermeté dans la guerre mais aussi « al-Ja’di »
de son professeur al-Ja’di Ibn Dirham, le fondateur de la mauvaise
innovation « du Qur’an créé ».
Avec lui prends la
fin de la dynastie des Omeyyades en Syrie et aussi le résumé de
leurs règnes.
La dynastie
omeyyade en Espagne
Du fait qu’il n’y eut pas d’interaction entre
l’Andalousie et les Abbassides, nous ne ferons pas de résumé sur les
évènements qui eurent lieu durant toutes les années de leurs règne
jusqu’à la chute de l’Andalousie. Etant donné que l’Andalousie
dépendait du gouverneur de l’Ifriqiyah, nous avons consacré un
volume spécial intitulé « Abrégé de l’Histoire du Maghreb et de
l’Andalousie ».
Voici néanmoins un bref résume des gouverneurs
omeyyades, qui se succédèrent en Andalousie.
Le premier de ces monarques fut ‘AbderRahmane
Ibn Mou’awiyyah Ibn Hisham Ibn ‘Abdel Malik Ibn Marwan. L’allégeance
lui fut portée en temps que le califat quand il fuit en Andalousie
durant l’année 138 de l’Hégire (755). C’était un homme de science et
de justice. Il mourut au mois de Rabi’ Thani de l’année 170 de
l’Hégire (786). Son fils Hisham Abou al-Walid lui succéda et mourut
au mois de Safar de l’année 180 de l’Hégire (796). Il fut succédé
par son fils al-Hakam Abou al-Mouzaffar, surnommé
al-Mourtadah qui décéda au mois de Dzoul Hijjah de l’année
206 de l’Hégire (821). Après lui, vint son fils ‘AbderRahmane
et il fut le premier des Omeyyades qui exalta la monarchie et
l’habilla avec la splendeur du califat. Pendant son règne,
l’utilisation de vêtements brodés fut introduite en Andalousie ainsi
que le dirham. Ils avaient l’habitude d’employer les dirhams qui
leur étaient apportés de l’est. Il ressembla à Walid Ibn ‘Abdel
Malik dans sa grandeur et al-Ma'moun l’Abbasside, dans sa recherche
des livres sur la philosophie. Il fut le premier à introduire
l’étude de philosophie en
Andalousie. Il mourut en l’an 239 de l’Hégire (853). Son fils
Muhammad lui succéda et mourut au mois de Safar 273 (886).
Son fils al-Moundir le suivit en mourant au mois de Safar 275 de
l’Hégire (888). Puis arriva son frère ‘AbdAllah, qui fut le plus
éminent des califes d’Andalousie pour sa sagesse et sa vertu. Il
mourut au mois de Rabi’ Awwal de l’année 300 de l’Hégire (912). Il
fut succédé par son petit-fils ‘AbderRahmane Ibn Muhammad,
surnommé an-Nassir qui fut le premier qui assuma le califat en
Andalousie et le titre de prince des fidèles. Cela arriva quand le
pouvoir abbasside sous le règne d’al-Mouqtadir déclina. Avant lui,
ses prédécesseurs portaient le titre de prince (amir)
seulement. Il décéda au mois de Ramadan de l’année 350 de l’Hégire
(961). Il fut succédé par son fils al-Hakam al-Moustansir qui
mourut au mois de Safar 366 (976). Son fils Hisham al-Mouayyad lui
succéda avant d’être déposé et emprisonné en l’an 399 (1008-9).
Suivi ensuite, Muhammad Ibn Hisham Ibn ‘Abdel Jabbar Ibn
an-Nassir ‘Abd ar-Rahman qui fut surnommé al-Mahdi, et régna
seize mois, quand le fils de son frère, Hisham Ibn Souleyman Ibn
an-Nassir ‘AbderRahmane se révolta contre lui et devint le
calife portant le titre d’ar-Rashid. Son oncle, cependant, le
vainquit et le fit périr
mais les gens conspirèrent pour déposer son oncle qui se dissimula
avant d’être capturé et exécuté. Ils portèrent alors allégeance au
fils du frère de Hisham assassiné, Souleyman Ibn al-Hakam
al-Moustansir, qui fut surnommé al-Mousta’in. Par la suite, ils se
levèrent contre lui et il fut emprisonné durant l’année 406 de
l’Hégire (1016). Alors ‘AbderRahmane Ibn ‘Abdel Malik Ibn
an-Nassir pris la succession et fut surnommé al-Mourtadah mais il
fut exécuté à la fin de l’année. À cette époque, le pouvoir omeyyade
tomba en déclin et la ‘famille ‘Alide de Hassan arriva et
an-Nassir ‘Ali Ibn Hamoud prit la souveraineté au mois de Mouharram
de l’année 407 (1016). Il fut tué au mois de Dzoul Qi’dah 408 (1017)
et son frère al-Ma'moun al-Qassim lui succéda avant d’être déposé
durant l’année 411 (1020). Ensuite, lui succéda son neveu, Yahya
Ibn an-Nassir ‘Ali Ibn Hamoud, qui fut surnommé al-Mousta’ali
et exécuté après une année et sept mois.
Suite à cela, la dynastie omeyyade fut restituée et
al-Moustadhir ‘AbderRahmane Ibn Hisham Ibn ‘Abdel Jabbar fut
intronisé à la souveraineté et tué après cinquante jours. Muhammad
Ibn ‘AbderRahmane Ibn ‘Oubaydillah Ibn an-Nassir ‘AbderRahmane
se montra à la hauteur du pouvoir et fut surnommé al-Moustakfi. Il
fut déposé une année et quatre mois après et succédé par Hisham Ibn
Muhammad Ibn ‘Abdel Malik Ibn an-Nassir ‘AbderRahmane,
qui fut surnommé al-Mou’tamid. Il régna un certain temps avant
d’être déposé et emprisonné avant de mourir au mois de Safar de
l’année 428 (1036). Avec sa mort, prit fin la dynastie omeyyade en
Andalousie.
L’appel pour
le califat des Abbassides
La dynastie des Abbassides tient son nom d’al-‘Abbas Ibn
‘Abdel Moutalib Ibn Hashim Ibn ‘Abdel Manaf (qu’Allah soit satisfait
de lui), l’oncle du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah
sur lui), de son fils ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas (qu’Allah soit satisfait
de lui) et du mouvement de Da’wa (d’appel) pour le califat des
Abbassides dont nous allons d’abord parler. Comme nous avons
développé ce sujet dans notre livre précédent « Abrégé de l’Histoire
des Omeyyades », nous allons faire un utile bref résumé de ce
mouvement.
Après la mort de Yazid Ibn Mou’awiyyah au mois de Rabi’ Awwal
de l’année 64 de l’Hégire (683), la situation politique se dégrada
dans la dynastie des Omeyyades. Mou’awiyyah Ibn Yazid lui succéda
mais il était jeune et malade et ne resta pas longtemps calife. Les
affaires du respectable compagnon ‘AbdAllah Ibn Zoubayr Ibn
al-‘Awwam Ibn Khouwaylid al-Qourayshi (qu’Allah soit satisfait de
lui) prirent de l’importance. ‘AbdAllah Ibn Zoubayr était de la
tribu des Bani ‘Abdel ‘Ouzzah al-Qourayshiyine.
‘AbdAllah Ibn Zoubayr était l’adversaire de Yazid Ibn
Mou’awiyyah et beaucoup de gens de l’empire islamique lui portèrent
allégeance dont al-Moukhtar Ibn Abi ‘Oubayd ath-Thaqafi surnommé
« al-Kaddab » (le menteur) qui, au début, était son allié.
Al-Moukhtar déménagea à Koufa ou la situation était instable.
Les shiites sous le commandement de Souleyman Ibn Sourad al-Khouza’i
(qu’Allah soit satisfait de lui) se rebellèrent à cause de
l’assassinat d’al-Houssayn (qu’Allah soit satisfait de lui)
et quand Moukhtar arriva à Koufa, il appela les gens pour Muhammad
Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui), mieux connu
sous le nom de Muhammad al-Hanafiyah. Al-Hanafiyah
était une jeune femme du Sind des Banou Hanifah. Al-Moukhtar
fit croire qu’il était le Mahdi de cette communauté et surnomma Muhammad
al-Hanafiyah « al-Mahdi ».
De ce fait, les
shiites d’Iraq se divisèrent en deux groupes :
- L’un suivit Sourad pour venger la mort d’al-Houssayn
(qu’Allah soit satisfait de lui).
- L’autre suivit al-Moukhtar qui appelait pour le califat de
Muhammad al-Hanafiyah « al-Mahdi ».
Quant à Muhammad Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit
satisfait de lui), il ne fait aucun doute qu’il resta à l’écart de
ses prétentions mensongères, se démarqua de lui et ne suivit jamais
sa doctrine déviante.
A cette époque, l’Iraq était dirigée par le gouverneur injuste
‘Oubaydillah Ibn Ziyad et lorsqu’il fut informé du mouvement
d’al-Moukhtar, il ordonna son arrestation et l’emprisonna à Koufa.
Souleyman Ibn Sourad al-Khouza’i (qu’Allah soit satisfait de
lui), quant à lui quitta la ville avec ses partisans qui se
surnommèrent « Jaysh at-Tawabbin » (l’armée des repentants). Ils
rencontrèrent l’armée de Syrie, qui avait été envoyé pour secourir
Ibn Ziyad, et eut lieu la bataille de ‘Ayn al-Warda, proche de la
ville de Koufa, en l’an 65 de l’Hégire (684) sous le règne du Calife
Marwan Ibn al-Hakam. L’armée des repentants fut écrasée et
Souleyman Ibn Sourad (qu’Allah soit satisfait de lui) tué alors
qu’il était âgé de 93 ans.
Ses partisans se nommèrent « Jaysh at-Tawabbin » (l’armée des
repentants) car ils avaient envoyés des lettres à al-Houssayn
(qu’Allah soit satisfait de lui) pour lui demander de venir à Koufa
afin qu’ils lui portent allégeance. Et lorsqu’il vint, ils
l’abandonnèrent et ne le secoururent point et il mourut (qu’Allah
soit satisfait de lui) à Karbala le 10 du mois de Mouharram
de l’année 61 de l’Hégire (680), puisse Allah Exalté lui faire
miséricorde. Nous avons largement détaillé ces évènements dans notre
« Abrégé de l’Histoire des Omeyyades ».
Lorsqu’al-Moukhtar fut emprisonné à Koufa, ‘AbdAllah Ibn ‘Omar
(qu’Allah soit satisfait d’eux) écrivit au calife pour demander sa
libération. On peut se demander pourquoi Ibn ‘Omar intercéda pour
lui ? Et bien, c’est parce qu’il était marié avec la sœur
d’al-Moukhtar.
Certaines personnes pourraient se poser la question,
concernant le respectable Compagnon ‘AbdAllah Ibn ‘Omar (qu’Allah
soit satisfait d’eux), pourquoi a-t-il intercédé pour cet homme. Le
fait est qu’à cette époque précise, l’affaire
al-Moukhtar al-Kaddab était encore inconnue.
Après sa sortie de prison, « al-Moukhtar al-Kaddab » réunit de
nouveau les shiites partisans de Souleyman In Sourad (qu’Allah soit
satisfait de lui) et c’était en l’an 66 de l’Hégire (685). Il
changea de but et appela pour la vengeance de la mort d’al-Houssayn
(qu’Allah soit satisfait de lui) bien qu’il détestait profondément
‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui). Néanmoins,
al-Moukhtar al-Kaddab pourchassa les assassins d’al-Houssayn
(qu’Allah soit satisfait de lui) et les exécuta dont :
- Shamir Ibn al-Jawsham des Bani ‘Amir Ibn Sa’sa’a des Hawazin
Moudar.
- Khawli Ibn Yazid al-Asbahi qui prit la tête d’al-Houssayn
(qu’Allah lui fasse miséricorde) après sa mort.
- ‘Omar Ibn Sa’d Ibn Abi Waqqas (qu’Allah soit satisfait de
lui), le commandant de l’armée qui tua al-Houssayn (qu’Allah
soit satisfait de lui).
En l’an 67 de l’Hégire (686), al-Moukhtar al-Kaddab réussit
aussi à tuer ‘Oubaydallah Ibn Ziyad qui était le gouverneur d’Iraq
et qui avait ordonné de tuer al-Houssayn (qu’Allah soit
satisfait de lui) contre les ordres du calife. Il tua aussi Houssayn
Ibn Noumayr at-Toujibi qui était le commandant de l’armée de Syrie
qui encercla et bombarda la Ka’bah. Et comme chaque chose à une fin,
les affaires se retournèrent contre al-Moukhtar al-Kaddab et il fut
tué à son tour par Mous’ab Ibn Zoubayr, le gouverneur de l’Iraq, sur
les ordres de son frère ‘AbdAllah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit
satisfait d’eux) au mois de Ramadan de l’année 67 de l’Hégire.
Al-Moukhtar al-Kaddab était sans conteste un menteur. Il
prétendait que la révélation lui venait par l’entremise de Jibril
(paix sur lui). Il fut aussi surnommé « qayssane ». On a
rapporté que « qayssane » veut dire « serviteur » de ‘Ali Ibn
Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui). C’est pour cela que ses
partisans pour le califat du « Mahdi » Muhammad Ibn al-Hanafiyah sont
aussi appelés « al-qayssaniyah ». Lorsque Muhammad Ibn al-Hanafiyah
décéda, en l’an 81 de l’Hégire, les qayssaniyah[1], qui étaient un
groupe déviant des shiites, dirent de lui : « Il n’est pas mort mais
vivant, pourvut de bien, dans la montagne de Radwah[2] »
Muhammad Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib ne rompit jamais son
allégeance au cinquième calife omeyyade ‘Abdel Malik Ibn Marwan. Les
qayssaniyah disent qu’il porta allégeance par contrainte et qu’il
était le calife légitime. Alors que nous avons vu que Muhammad
Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) porta
allégeance de son plein gré et qu’il ne s’éleva jamais envers un
quelconque calife surtout après les évènements survenus à al-Houssayn.
Donc ces moukhtariyah qayssaniyah n’étaient pas à un mensonge
près pour justifier leur doctrine déviante et comme c’est le cas
pour chaque groupe déviant comme nous l’avons vu pour les khawarije,
ils devaient impérativement se scinder en différents autres groupes
chacun inventant sa propre idéologie et ce fut effectivement le cas.
Il y eut les hashimiyah qui prétendaient qu’avant sa mort Muhammad
al-Hanafiyyah recommanda son fils Abou Hashim qui est
‘AbdAllah Ibn Muhammad Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit
satisfait de lui). Ces hashimiyah se divisèrent à leur tour en cinq
groupes déviants dont l’un d’entre eux dit que ‘AbdAllah Ibn Muhammad
Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) avant sa
mort à Houmaymat Balqah en l’an 99 de l’Hégire (717),
recommanda sa succession à son fils ‘Ali Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas
Ibn ‘Abdel Moutalib qui habitait à Houmaymat Balqah sur les
ordres du sixième calife omeyyade al-Walid Ibn ‘Abdel Malik. Et
donc, ils appelèrent au califat de ‘Ali Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas.
Il existe d’autres shiites qui sont les shiites zaydiyah, de
Zayd Ibn ‘Ali Zayn al-‘Abidine Ibn al-Houssayn Ibn ‘Ali Ibn
Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui). Ce Zayd était un
mou’tazili[3]. Il prit l’I’tizal
de son enseignant Wassil Ibn ‘Ata', le Mawlah des Bani Makhzoum.
Wassil Ibn ‘Ata' était le chef des mou’tazilah décédé en 131 de
l’Hégire (738). Zayd Ibn ‘Ali affirmait qu’il ne voyait aucun mal
dans le califat des deux Imams Préférés Abou Bakr et ‘Omar Ibn
al-Khattab (qu’Allah soit satisfait d’eux) sur ‘Ali Ibn Abi Talib
(qu’Allah soit satisfait de lui). Et quand les shiites le
questionnèrent sur Abou Bakr et ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit
satisfait d’eux), il dit : « Qu’Allah Exalté leur fasse
miséricorde et leur pardonne. Je n’ai jamais entendu quiconque de
notre famille dire autre chose que du bien d’eux ». Lorsque les
shiites de Koufa entendirent sa réponse, ils le renièrent et il les
nomma alors « ar-rafidah » (les renieurs, ceux qui refusent) et ils
portent depuis, toujours ce nom. Zayd Ibn ‘Ali fut tué en l’an 122
de l’Hégire (739) sous le règne du dixième calife omeyyade Hisham
Ibn ‘Abdel Malik et sa dépouille resta crucifiée dura quatre ans.
Zayd était en profond désaccord avec son frère Muhammad
al-Baqir Ibn ‘Ali Zayn al-‘Abidine à cause de l’appartenance de Zayd
au groupe des mou’tazilah. Muhammad al-Baqir est le
« cinquième Imam » des « douze Imams » shiites selon leurs
prétentions déviantes. Son dogme (ses croyances) (‘aqidah)
était correct et il n’a jamais insulté les Compagnons ou la Mère des
Croyants ou même renié les Califes Bien Guidés, qu’Allah, à Lui les
Louanges et la Gloire, soit satisfait d’eux tous et toutes.
Pour revenir à ‘Ali Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas qui était à Houmaymat
Balqah, il était surnommé « as-Sajad » car il accomplissait chaque
jour, entre la nuit et le jour, mille Rak’as[4]. Il a été
rapporté dans un Hadith par ‘AbdAllah Ibn ‘Omar, Abou
Hourayrah et Abou Sa’id al-Khoudri (qu’Allah soit satisfait d’eux)
que son père, ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas (qu’Allah soit satisfait de lui),
est le savant de la communauté (habr al-oummah).
‘Ali Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas décéda en l’an 118 de l’Hégire (735)
et après sa mort, l’appel pour le califat passa à son fils Muhammad
Ibn ‘Ali Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas qui est le père de ‘AbdAllah
as-Safah[5], d’Abi Ja’far
al-Mansour. Muhammad Ibn ‘Ali Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas décéda
en l’an 125 de l’Hégire (742) et son fils Ibrahim Ibn Muhammad,
surnommé « al-Imam » prit sa succession.
L’appel pour les Abbassides débuta donc réellement sous ‘Ali
Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas et il resta secret au début. Le but de ce
mouvement était de ramener le califat à celui que les Musulmans
agréeraient d’un membre de la maisonnée du Prophète (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui). A cette époque, il n’y avait encore
personne en particulier qui avait été choisi et leur mouvement,
d’après ce qu’ont rapporté les historiens, débuta sous le règne du
calife omeyyade juste ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz et de Koufa et du
Khorasan.
Le mouvement commença par l’intermédiaire de Mayssarah, le
Mawlah (l’affranchi) de ‘Ali Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas, de Koufa
parce que beaucoup de gens de Koufa (shi’a) supportaient les gens de
la Maisonnée, « Ahl al-Bayt », et parce que Koufa servait de relais
entre Houmaymat Balqah, le Khorasan qui servait de terrain de
prédication et La Mecque qui servait de lieu de rencontre entre les
différents responsables à l’occasion du pèlerinage.
Le Khorasan fut choisi à cause de son éloignement de Damas, la
Capitale du califat et parce qu’il était propice au développement de
la prédication. Muhammad Ibn Khounays fut le responsable de
la Da’wa au Khorasan avec Abou Ikrimah Siraj en compagnie de douze
lieutenants dont Souleyman Ibn Kathir al-Khouza’i et Malik Ibn
al-Haytham al-Khouza’i qui étaient assistés de sept autres
lieutenants dévoués (moukhlassine).
En l’an 105 de l’Hégire (723), la Da’wa pour les Abbassides
connut du succès sous Bakir Ibn Mahan et lorsque Mayssarah mourut à
Koufa, il prit sa succession sous les ordres de Muhammad Ibn
‘Ali Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas. Et quiconque était le chef de la
Da’wa de Koufa avait donc un pied dans le Khorasan ou la prédication
se propagea aussi grâce au commerce qui leur permettait de se
déplacer d’un endroit à l’autre sans éveiller les soupçons.
Néanmoins, au Khorasan un des puissant gouverneurs des
Omeyyades, Assad Ibn ‘Abdillah al-Qasri des Bajilah qui avait été
désigné par son frère Khalid Ibn ‘Abdillah al-Qasri en l’an 106 de
l’Hégire (724), fut informé de leur mouvement. Nous avons vu dans le
volume précédent que les Omeyyades n’ont jamais tolérés ceux qui
leur disputèrent le pouvoir d’une quelconque manière et que ceux qui
le tentèrent reçurent un dur châtiment.
En l’an 107 de l’Hégire (725), Assad Ibn ‘Abdillah al-Qasri,
leur fit trancher les mains et les pieds avant de les crucifier dont
Abou Ikrimah Siraj et Muhammad Ibn Khounays.
En l’an 109 de l’Hégire (727), Assad Ibn ‘Abdillah al-Qasri
fut désisté du poste de gouverneur du Khorasan avant d’y être
renommé en 117 de l’Hégire (734) ou une nouvelle fois, il châtia le
mouvement pour les Abbassides. Souleyman Ibn Kathir al-Khouza’i et
Malik Ibn al-Haytham al-Khouza’i tombèrent entre ses mains mais
Souleyman Ibn Kathir al-Khouza’i lui dit : « O émir, nous sommes
aussi des Yéméni, des fils de tes oncles[6].
Les Moudar nous haïssaient parce que nous étions les
plus farouches adversaires de Qoutaybah Ibn Mouslim ». Assad Ibn
‘Abdillah ordonna de les relâcher mais ils ne cessèrent de le
craindre que lorsqu’il mourut en 120 de l’Hégire (737).
Les prédicateurs pour les
Abbassides profitèrent des séditions qui s’ensuivirent chez les
Omeyyades entre eux pour la recherche du pouvoir. Ils profitèrent du
coup d’état de Yazid Ibn al-Walid « an-Naqis » sur le fils de son
oncle Walid Ibn Yazid « al-Fassiq », qui ne resta que quelques mois
calife avant d’être remplacé par son fils Ibrahim qui ne resta à son
tour que quelques mois avant d’être remplacé par son frère Marwan
Ibn Muhammad « al-Himar ».
En l’an 125 de l’Hégire
(742), les chefs des prédicateurs pour les Abbassides se mirent
d’accord pour désigner Muhammad Ibn ‘Ali Ibn ‘AbdAllah Ibn
‘Abbas pour être le futur calife. Parmi eux se trouvaient Souleyman
Ibn Kathir, Malik Ibn Haytham et Qahtabah Ibn Shabib
at-Tayyi. Ils donnèrent à Muhammad Ibn ‘Ali de l’argent
qu’ils avaient collectés et l’informèrent qu’un jeune nommé d’Abou
Mouslim al-Khorassani avait rejoint leur mouvement à Koufa. Bakir
Ibn Mahan avait acheté Abou Mouslim al-Khorassani de ‘Issa Ibn
Ma’qil al-‘Ijli pour la somme de quatre-cents dirhams puis il le
libéra parce qu’il était un serviteur.
En fait, Abou Mouslim
al-Khorassani resta un homme mystérieux. D’aucun dire que son nom
était ‘AbderRahmane Ibn
Mouslim, d’autres ont dit que son nom était ‘AbderRahmane
Ibn ‘Uthman, d’autres ont dit qu’il était ‘AbderRahmane
Ibn Shirawne Ibn Sindiyar (un habitant) de Merv du Khorasan, qui à
cette époque était la capitale du Khorasan et une ville très connue.
A la fin de leur visite à
Houmaymat al-Balqah, Muhammad Ibn ‘Ali Ibn ‘AbdAllah Ibn
‘Abbas leur recommanda après lui son fils Ibrahim Ibn Muhammad
qu’il surnomma « al-Imam » et qui est connu sous le nom d’Ibrahim
al-Imam.
En l’an 127 de l’Hégire
(744), un groupe de prédicateur rendirent visite à Ibrahim al-Imam à
Houmaymat al-Balqah dont Abou Mouslim al-Khorassani qui était alors
âgé à cette époque de vingt-sept ans. Les prédicateurs retournèrent
d’où ils étaient venus tandis qu’Abou Mouslim al-Khorassani resta
avec l’Imam jusqu’en 128 ou l’Imam l’envoya au Khorasan avec une
lettre pour les prédicateurs dans laquelle il leur ordonnait
d’écouter et d’obéir à Abou Mouslim. Mais, ils refusèrent de
l’écouter, peut-être à cause de son jeune âge ou parce qu’il était
un domestique des Perses ou par crainte de son autoritarisme comme
nous allons le voir par la suite.
Lorsque la saison du
pèlerinage approcha Abou Mouslim retourna chez l’Imam et l’informa
du comportement des prédicateurs envers lui. Il lui ordonna alors de
retourner au Khorasan, de descendre chez les Qahtaniyine et
lui donna des conseils terrifiants. Il lui dit : « Descends
chez les Qahtaniyine et ne fait pas confiance aux autres
tribus. Si tu dois ne pas laisser de langue arabe dans le Khorasan
alors fait-le. Quiconque de leurs enfants sur qui tu as des doutes
et qui a atteint la taille d’un mètre, tue-le ! » Il lui demanda
aussi de profiter de l’expérience de Souleyman Ibn Kathir
al-Khouza’i.
Au mois de Ramadan de l’année
129 de l’Hégire (746), et sur les ordres d’Ibrahim al-Imam, Abou
Mouslim al-Khorassani, appela pour le califat d’Ibrahim al-Imam et
ordonna à ses partisans de se vêtir de noir, et éleva l’étendard
« az-Zil » qui lui avait été confié par Ibrahim al-Imam ainsi que le
drapeau « as-Sahab ».
Le mouvement pour les
Abbassides prit de l’ampleur et ils se rebellèrent contre le
puissant gouverneur du Khorasan Nasr Ibn Sayyar al-Leythi al-Kinani
des Moudar qui était occupés à faire face à différentes séditions
qui secouèrent le Khorasan à cette époque. Nasr Ibn Sayyar envoya
une lettre à Marwan Ibn Muhammad le calife pour l’informer
que les Khorassani appelaient pour le calife d’Ibrahim al-Imam, pour
le mettre en garde mais aussi pour demander des renforts. Il écrivit
aussi au gouverneur d’Iraq, Yazid Ibn ‘Omar Ibn Houbayrah al-Fazari
al-Ghatafani, pour le mettre en garde des évènements douloureux qui
s’annonçaient. Ibn Houbayrah envoya cette lettre au calife Marwan
Ibn Muhammad entre les mains de qui tomba la lettre d’Ibrahim
al-Imam qui étaient destinée à Abou Mouslim.
Marwan Ibn Muhammad
qui était à cette époque dans sa résidence de Harran en Syrie
ordonna l’arrestation d’Ibrahim al-Imam à Houmaymat al-Balqah
qui fut emprisonné de l’année 129 de l’Hégire
(746) jusqu’à sa mort en l’an
132 (749).
Nasr Ibn Sayyar continua à
lutter contre les partisans d’Abou Mouslim al-Khorassani jusqu’à sa
mort au mois de Rabi’ Awwal de l’année 131 de l’Hégire (748) alors
qu’il était âgé de 85 ans. Après la mort de ce puissant gouverneur
des Omeyyades, le chemin pour le contrôle du Khorasan et de l’Iraq
se libéra enfin pour Abou Mouslim al-Khorassani. Il conquit ville
après ville, Merv, Basra, Koufa ou il perpétra d’horribles crimes à
faire blanchir les cheveux sur la tête.
Avant que l’ordre de son
arrestation ne soit émis par le calife Marwan Ibn Muhammad,
Ibrahim al-Imam recommanda après lui son frère ‘Abdillah Ibn Muhammad
Ibn ‘Ali Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas, connut dans l’histoire sous le
nom d’Abou al-‘Abbas as-Safah, et il ordonna à sa famille et
ses partisans de partir pour Koufa. Lorsqu’ils arrivèrent à Koufa,
ils descendirent chez Abou Salamah al-Khalal qui avait été nommé
responsable de la Da’wa à Koufa après la mort de Bakir Ibn Mahan. Le
nom d’Abou Salamah al-Khalal est Hafs Ibn Souleyman et il
était le Mawlah des Banou Harith Ibn Ka’b al-Madhajiyine
et Madhaj est la tribu des Qahtan énormément présente
de nos jours dans la Péninsule Arabique.
Ibrahim al-Imam resta
prisonnier à Harran jusqu’à sa mort au mois de Safar de l’an
132 de l’Hégire (749) dont les nouvelles parvinrent à sa famille et
ses partisans à Koufa. Hafs Ibn Souleyman tenta alors de
faire suivre la succession à la famille du Messager d’Allah (saluts
et bénédictions d’Allah sur lui) ou de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah
soit satisfait de lui) que de celle d’Ibn ‘Abbas (qu’Allah soit
satisfait de lui) mais les chefs de la Da’wa pour les Abbassides
refusèrent avec force et portèrent allégeance à Abou ‘AbdAllah
as-Safah pour le califat au mois de Rabi’ Thani de l’année
132 de l’Hégire à Koufa. Et depuis Abou ‘AbdAllah as-Safah
monta ses partisans contre Hafs Ibn Souleyman et l’écarta de
lui parce qu’il voulut retirer le califat des Banou ‘Abbas en faveur
des Banou Hashim. Le pouvoir n’est pas une mince affaire !
Cette Da’wa ou le mouvement
pour le califat des Abbassides fonda et donna le jour à la dynastie
des Abbassides.
Après l’allégeance à Abou
‘AbdAllah as-Safah, eut lieu la bataille de Zab entre les soldats de
Syrie du dernier calife omeyyade Marwan Ibn Muhammad qui
était le commandant de l’armée et l’armée des Abbassides sous le
commandement ‘AbdAllah Ibn ‘Ali Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Abbas au mois de
Joumadah de l’année 132 de l’Hégire (749). Zab est un fleuve dans la
province d’al-Jazirah près de Mossoul et qui porte aussi le nom
d’al-Jazirah Euphratiyah entre le Tigre et l’Euphrate.
L’armée omeyyade était au
nombre de cent-vingt-mille combattants tandis que les Abbassides
étaient juste vingt-mille et vers la fin de la bataille l’avantage
fut pour l’armée Abbasside et l’armée omeyyade fut battue, comme
Allah Exalté l’avait décrété et Marwan Ibn Muhammad s’enfuit
seul. Lorsqu’il arriva à Damas, il n’y resta pas et repartit en
Egypte. Quant à l’armée Abbasside sous le commandement de ‘AbdAllah
Ibn ‘Ali marcha vers la Syrie et arriva à Damas ou il mit le siège.
Le 20 du mois Ramadan de
l’année 132 de l’Hégire (749), ‘AbdAllah Ibn ‘Ali entra de force
dans Damas, la capitale des Omeyyades, après y avoir mis le siège un
certain temps. Il donna l’ordre à mille de ses soldats de tuer
durant trois heures sans s’arrêter et en trois heures, ils tuèrent
cinquante-mille personnes de sang-froid, un massacre. Les évènements
qui vont suivre sont particulièrement sanglants mais ne peuvent pas
être passés sous silence du fait qu’ils font partie de l’histoire,
de notre Histoire.
‘AbdAllah Ibn ‘Ali resta vint cinq jours à Damas, ou les pires crimes furent commit. Le gouverneur de la ville Walid Ibn Mou’awiyyah Ibn Marwan Ibn Hakam fut tué et crucifié et les fortifications de la ville qui avait été la capitale de l’Islam durant toute cette époque furent détruites.
Sur les ordres du calife
Abbasside ‘Abou ‘AbdAllah as-Safah, ‘AbdAllah Ibn ‘Ali envoya son
frère Salih Ibn ‘Ali à la poursuite de Marwan Ibn Muhammad
et il le rattrapa à Abou Sif
ou il s’était réfugiée dans une chapelle. Marwan Ibn Muhammad
fut tué, sa tête tranchée et envoyée à as-Safah au mois de
Dzoul Hijjah de l’année 132 de l’Hégire (749). Et avec sa
mort prit fin la dynastie des Omeyyades.
‘AbdAllah Ibn ‘Ali dit ces
vers :
« Banou Oumayyah, je vous ai
exterminé
Et de vous, me suis
débarrassé en souvenir du passé ».
En souvenir du passé ! ’AbdAllah Ibn ‘Ali avait été emprisonné en 129 de l’Hégire
(746) par ‘Amir Ibn Zoubarah al-Mourri al-Ghatafani, le commandant
de Yazid Ibn ‘Omar Ibn Houbayrah al-Fazari al-Ghatafani le
gouverneur de l’Iraq. Il fut pris prisonnier par Ibn Zoubarah avec
quarante-mille des siens lors de la rébellion de ‘AbdAllah Ibn
Mou’awiyyah Ibn ‘AbdAllah Ibn Ja’far Ibn Abi Talib, que nous allons
mentionner par la suite mais les Omeyyades lui pardonnèrent et pour
les remercier, il allait devenir leur fléau !
Lorsqu’as-Safah entendit ces
vers, il entra dans une terrible rage et ordonna à ses soldats du
Khorasan de massacrer tous les Omeyyades qu’il y avait dans le
conseil. Ils n’en laissèrent pas un seul de vivant et les coupèrent
en morceaux. Ensuite le calife ordonna de rassembler leurs restes
qu’ils roulèrent dans des tapis. Il s’assit alors sur leurs restes
et demanda à tous ceux qui étaient présents de faire la même chose.
Puis il ordonna de tuer tous les Omeyyades à qui il avait auparavant
accordé la sécurité. Certains dirent que leurs corps furent
abandonnés dans les rues pour servir de nourritures pour les
carnassiers tandis que d’autres ont rapportés qu’il ordonna de les
crucifiés dans un jardin qui lui appartenait. Puis après il ordonna
qu’un puits soit creusés ou ils furent jetés et recouverts de
terre ».
D’autres ont rapportés que
c’était Soudays Ibn Maymoun qui récita ces vers sanglants ou il
incita le calife à lever le sabre et de ne pas le rengainer avant
d’avoir éliminé toute trace des Bani Oumayyah de la terre. Le calife
lui répondit par d’autres vers et ordonna après de tuer tous les
Bani Oumayyah qui se trouvaient parmi eux dont Souleyman Ibn Hisham
Ibn ‘Abdel Malik qui était
l’ami d’Abou ‘AbdAllah as-Safah et lui dit : « O Abou
Ghamr, je ne te trouve aucun bien de continuer à vivre après cela »
et Souleyman courageusement lui répondit : « Non Par Allah ! » Et
as-Safah ordonna de le tuer.
Les terribles crimes commis
contre les Omeyyades furent nombreux et durèrent longtemps.
Peut-être vous êtes-vous posé la question, et vous êtes en droit de
le faire, pourquoi les Abbassides ont-ils massacrés les Omeyyades de
ces terrifiantes manières?
Certes seul Allah Exalté
connait les raisons mais, on peut certainement dire que les
Abbassides craignaient profondément les Omeyyades ce qui les poussa
à se venger de cette manière. N’oublions pas que les Omeyyades
n’étaient pas facile et qu’ils n’ont jamais tolérés ceux qui se
rebellèrent contre eux. D’autant plus qu’ils prirent le califat
l’Année du Rassemblement (‘am al-jama’ah) en l’an 41 de
l’Hégire (661), quand al-Houssayn (qu’Allah soit satisfait de
lui) se désista en faveur de Mou’awiyyah (qu’Allah soit satisfait de
lui), alors que l’état islamique était sur le point de rupture et
d’effondrement après les séditions conséquentes à l’assassinat du
troisième Calife Juste Bien Guidé ‘Uthman Ibn ‘Affan (qu’Allah soit
satisfait de lui) et ou des dizaines de milliers de Musulmans de la
première heure périrent ainsi que le quatrième Calife Juste ‘Ali Ibn
Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui). Les Musulmans se
divisèrent en deux groupes à cette époque comme vous le savez.
Porter allégeance à un calife
signifie l’écouter et lui obéir dans ce qui nous plait et ce qui
nous déplait[7].
A propos de l’allégeance, Ibn
Khaldoun a dit dans « al-Mouqaddimah » : « Le serment
d’allégeance (bay’ah) consiste à s’engager à l’obéissance. La
personne qui le prête passe un contrat avec son émir, auquel elle
confie le gouvernement de ses affaires et de celles des Musulmans.
Elle s’engage à reconnaitre son autorité et exécuter toutes ses
instructions, que cela lui plaise ou non. Ceux qui prêtent serment
d’allégeance à un émir et concluent un contrat avec lui mettent
leurs mains dans la sienne, un peu comme le fait l’acheteur avec le
vendeur. C’est pourquoi cette hommage s’appelle Bay’ah, qui veut
dire vente (nom d’action de Ba’a : vendre). La Bay’ah était à
l’origine, un serrement de mains. C’est là, son sens étymologique et
habituel en droit musulman (fiqh). C’est aussi la
signification du serment traditionnel d’allégeance prêté au Messager
d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) la nuit
d’al-‘Aqabah[8] sous
l’arbre ». Il a dit aussi : « De là vient l’usage de ce terme pour
le serment d’allégeance au calife et des déclarations de loyalisme
qui s’accompagne de ce que l’on appelle « Ayman al-Bay’ah ».
C’était là une déclaration
faite sous la contrainte. Aussi l’Imam Malik prit la décision
juridique de tenir pour nul et non avenu tout serment prononcé dans
ces conditions. Mais les gens au pouvoir à l’époque rejetèrent cette
décision, qu’ils considérèrent comme portant atteinte aux
déclarations de loyalisme qui accompagnaient le terme d’allégeance.
Et l’Imam Malik eut à souffrir les pires traitements, puisse Allah
Exalté lui faire miséricorde ». Puis pour finir, Ibn Khaldoun dit :
« Tu dois donc honorer ton allégeance, si tu ne le fais pas tu
devras être tué et si tu ne l’es pas, la meilleure chose qui
pourrais t’arriver est l’emprisonnement. Si tu ne portes pas
allégeance cela veut dire que tu projette de t’élever ou de te
révolter contre le dirigeant (al-hakim) et en cela, il
leur sera rappelé la Grande Sédition. Donc soit la mort ou la
prison ».
Ainsi donc, c’est pour cette
raison que fut tué al-Houssayn Ibn ‘Ali (qu’Allah soit
satisfait de lui) le 10 Mouharram de l’année 61 de l’Hégire
(680) par ‘Oubaydallah Ibn Ziyad. Ce fut une terrible épreuve. Et
c’est pour cela que les califes omeyyades avaient un œil
particulièrement attentif sur les Bani Hashim notamment à Médine, à
La Mecque, en Iraq et en Syrie aussi. Et lorsque Zayn al-‘Abidine se
rebella à Koufa en l’an 122 de l’Hégire (739) avec les gens de la
ville, et qu’il fut abandonné par eux comme l’avaient été ses
ancêtres, le terrifiant gouverneur de l’Iraq de l’époque, Youssouf
Ibn ‘Omar ath-Thaqafi, se leva aussitôt contre lui et envoya sa tête
à Damas ou elle fut accrochée sur la porte de la ville et le resta
jusqu’à la fin du règne
d’Hisham Ibn ‘Abdel Malik. Lorsque Walid Ibn Yazid
« al-Fassiq » prit la succession en 125 (742), il ordonna de
descendre la tête et de la brûler.
Lorsque ‘AbdAllah Ibn ‘Ali
entra à Damas au mois de Ramadan de l’année 132 de l’Hégire (749),
il ordonna que les dépouilles des califes omeyyades soient sortis de
leurs tombe et lorsqu’ils sortirent la dépouille d’Hisham Ibn ‘Abdel
Malik, il ordonna de le fouetter (siyat) puis de le brûler.
Sous le règne de Walid Ibn
Yazid, Yahya Ibn Zayd Ibn ‘Ali surnommé Zayn al-‘Abidine se
rebella aussi en l’an 125 de l’Hégire (742). Youssouf Ibn ‘Omar
ath-Thaqafi se leva aussi contre lui et après de nombreux
évènements, il réussit à le tuer, à trancher sa tête et à le
crucifier.
[1]
Ils sont aussi connus sous le nom des « moukhtariyah
».
[2]
Une montagne de Tihamahdans le pays de la tribu
des Jouhaymah qui est une tribu Arabe connue. Longtemps
après, un poète Qayssaniyah du nom de Sayyid al-Himyari
fit des vers ou il mentionne cette montagne. Il est bien
évident que ce poète est plus un âne (himar)
qu’un Sayyid (sieur). C’était un mécréant et son vrai nom
était Isma’il Ibn Muhammad Ibn Yazid.
Son père et sa mère étaient des vils nawassib. An-nassibah
sont ceux qui exècrent « Ahl Bayt » (la maisonnée (qu’Allah
soit satisfait d’eux) ou la famille du Messager d’Allah(saluts et bénédictions
d’Allah sur lui). Quant à lui, il était des rafidahqayssaniyah qui insultent
la Mère des Croyants (qu’Allah soit satisfait d’elle) et les
Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux). Ce khabith
mal’oun (infâme) mourut en l’an 179 de l’Hégire (795).
Il buvait du vin et croyait que l’enfer se trouvait dans le
Wadi Barhout dans la ville d’Hadramaout au Yémen.
[3]
Secte déviante de l’islam qui donna naissance à d’autres
sectes déviantes dont les asha’ira Ils reconnaissent les
Noms d’Allah qui n’ont chez eux aucun sens ni aucun adjectif
et renient Ses Attributs. Ils furent appelé
« al-mou’tazila » car leur imam Wassil Ibn ‘Ata', qui était
un élève de Hassan al-Basri (qu’Allah lui fasse
miséricorde), le Tabi’i, lorsqu’il l’interrogea au sujet du
statut de celui qui commet des grands péchés, Il répondit
l’avis des gens de la Sounnah et de la Communauté : « Il est
un croyant qui a une foi faible, croyant par sa foi, et
pervers par son péché ».
Wassil Ibn
‘Ata' ne fut pas satisfait par sa
réponse, s’écarta (i’tazala d’où « mou’tazil » celui qui
s’écarte) de lui et dit : « Je suis d’avis qu’il n’est ni
croyant, ni mécréant, mais entre les deux ».
Dès lors, lui et ses
partisans furent appelés « al-mou’tazilah» car ils se sont écarté
de la voix des gens de la Sounnah et de la Communauté et de
leurs Imams et parmi leur déviances, ils se mirent à nier
les Attributs d'Allah Exalté. Ils attribuent le même
jugement que les khawarijeà celui qui commet des
péchés : « Qu’il sera éternellement en enfer », mais ils
divergèrent des khawarije sur son statut dans ce bas monde
et disent : « Qu’il n’est ni croyant, ne mécréant mais entre
les deux » tandis que les khawarije affirment qu’il est :
« un mécréant ».
[4]
Rak’a : Unité de prière.
[5]
As-Safah : Le sanguinaire.
[6]
Les Khouza’a sont des Azd, les Azd sont de Qahtan et
les Bajilah, la tribu d’Assad Ibn ‘Abdillah, sont de Kahlan
qui est de Qahtan.
[7]
Il s’agit des califes de l’époque qui appliquaient la
totalité des lois d’Allah. A eux seuls étaient due
l’obéissance. On ne peut absolument pas les comparer aux
dirigeants des pays musulmans de nos jours à qui ni
obéissance et ni écoute ne sont dus car le Messager d’Allah(Saluts et Bénédictions
d’Allah sur lui) a dit : « Il n’y a pas d’obéissance dans la
désobéissance à Allah ». Ces dirigeants à 99,9 % non
seulement ne craignent pas Allah mais en plus lutte
ouvertement contre Lui et Ses serviteurs.
[8]
Al-‘Aqabahest l’endroit où le
Messager d’Allah(Saluts et Bénédictions
d’Allah sur lui) rencontra les gens de Médinequand il se disposa à
émigrer de La Mecque.
Le serment « Bay’at ar-Ridwaneut lieu sous un arbre en
15 de l’Hégire (627).