Al-Mou’tadid Billah
Al-Mou’tadid Billah Abou al-Fath Abou Bakr Ibn al-Moustakfi devint
calife près la mort de son frère en l’an 753 de l’Hégire (1352)
selon sa convention. Il fut vertueux et complaisant et un ami des
hommes de lettres. Il mourut au mois de Joumadah Awwal de l’année
763 de l’Hégire (1361).
Le 2 du mois de Shawwal de l’année 755 de l’Hégire (1353), al-Malik
as-Salih fut déposé et Hassan an-Nassir fut réintégré.
Le 9 du mois de Joumadah Awwal de l’année 762 de l’Hégire (1360),
Hassan an-Nassir fut exécuté et Muhammad le fils de son frère
al-Mouzaffar fut élevé au trône et surnommé al-Mansour.
Al-Moutawakkil ‘Alallah
Al-Moutawakkil ‘Alallah Muhammad Ibn al-Mou’tadid, le père des
califes du présent âge, assuma le califat par la convention de son
père, après sa mort au mois de Joumadah Awwal, de l’année 763 de
l’Hégire (1361). Son règne dura plus de quarante-cinq ans à travers
les dépositions et les emprisonnements qui l’importunèrent et il
laissa beaucoup d’enfants. On a rapporté qu’il eut cent enfants
incluant les mort-nés, dont beaucoup de mâles et de femelles
moururent. Cinq d’entre eux devinrent califes ce qui est sans
précédent : al-Mousta’in al-‘Abbas, al-Mou’tadid Daoud, al-Moustakfi
Souleyman, al-Qa’im Hamzah et al-Moustanjid Youssouf. De ses
enfants, à cette époque actuelle (celle de l’auteur) seul Moussa est
toujours vivant. Il a beaucoup de similarité avec Ibrahim le fils
d’al-Moustakfi et ceux qui reste maintenant de la postérité de
‘Abbas, sont tous de la descendance d’al-Moutawakkil, puisse le
Seigneur augmenter leur nombre et une augmentation de Son aide.
À propos des frères ayant été califes, l’Imam al-Hafiz Ibn Kathir a
rapporté dans son livre al-Bidayah wa al-Nihayah ce qui suit :
Deux frères ayant été califes sous les Abbassides:
- Al-Mouqtafi et al-Moustarshid,
- As-Safah et al-Mansour,
- Al-Hadi et ar-Rashid, les deux fils d’al-Mahdi,
- Al-Wathiq et al-Moutawakkil, les deux fils d’al-Mou’tassim.
Trois frères ayant été califes :
- Al-Amin, al-Ma'moun et al-Mou’tassim, les trois fils d’ar-Rachid,
- Al-Mountassir, al-Mou’taz et al-Mou’tamid, les trois fils
d’al-Moutawakkil
- Al-Mouktafi, al-Mouqtadir et al-Qahir, les trois fils
d’al-Mou’tadid,
- Ar-Radi, al-Mouqtafi, al-Mouti’, les trois fils d’al-Mouqtadir.
Quatre frères ayant été califes sous les Omeyyades :
- Al-Walid, Souleyman, Yazid, Hisham, les quatre fils de
‘Abdel-Malik Ibn Marwan.
Quant aux cinq frères ayant été califes sous les Abbassides, ils ont
été précédemment mentionnés.
Le 14 du mois de Sha’ban de l’année 764 de l’Hégire (1362),
al-Mansour fut déposé et Ibn Houssayn Ibn Nassir Ibn Qalawoun
Sha’ban lui succéda au pouvoir et fut surnommé al-Ashraf.
En l’an 773 de l’Hégire (1371), un insigne vert fut introduit sur
les turbans des descendants du Prophète (Saluts et Bénédictions
d’Allah sur lui) sur les ordres du sultan à fin qu’ils soient
distingués et ce fut sa première recommandation. Abou ‘AbdAllah Ibn
Jabir le grammairien aveugle, l’auteur du commentaire al-Alfiyah de
l’Imam Ibn Malik, surnommé al-A’ma wa al-Bahir (l’aveugle et le
perspicace) écrivit à ce sujet :
« Ils ont donné un insigne aux descendants de l’apôtre,
Mais un badge est une distinction pour celui qui est inconnu.
La lumière de prophétie est sur leurs nobles traits,
Les nobles nés n’avait besoin d’aucune décoration verte ».
Cette même année eut lieu l’invasion du tyran Timour Lan (Tamerlane
) qui dévasta les provinces, massacra les habitants et poursuivit
ses déprédations sur la terre jusqu’à ce qu’il périsse sous le fléau
d’Allah Exalté durant l’année 807 de l’Hégire (1404). Il fut à son
origine un enfant de paysans et grandit dans le brigandage. Par la
suite il rejoignit le service du sultan al-Malik Houssayn de Herat,
le maître des chevaux, et s’établit dans son endroit après sa mort
et il ne cessa de s’élever jusqu’à ce qu’il parvienne à ce qu’il a
atteint.
Durant l’année 775 de l’Hégire (1373), la lecture d’al-Boukhari
débuta dans la citadelle pendant le mois de Ramadan en présence du
sultan et le Hafiz Zayn ad-Din al-‘Iraqi fut nommé lecteur de
Traditions plus tard, Shihab al-‘Ouryani lui fut associé un jour sur
deux.
Durant l’année 777 de l’Hégire (1375), les œufs devinrent si chers à
Damas qu’un seul fut vendu pour trois dirhams alors qu’un dinar
valait soixante dirhams.
Le 3 du mois de Dzoul Qi’dah de l’année 778 de l’Hégire (1376),
al-Ashraf Sha’ban fut exécuté et son fils ‘Ali surnommé al-Mansour
lui succéda au pouvoir. Al-Ashraf effectuait le pèlerinage avec le
calife, les Qadis et les nobles, quand les nobles conspirèrent
contre lui. Il s’enfuit et retourna au Caire, Le calife revint aussi
avec quelques autres et il lui fut proposé de devenir sultan mais le
calife déclina. Ils élevèrent donc le fils d’al-Ashraf sur le trône
et al-Ashraf se dissimula jusqu’à ce qu’il soit capturé au mois de
Dzoul Qi’dah.
Cette même année, le soleil et la lune furent tous les deux
éclipsés. La lune fut éclipsée le 14 du mois de Sha’ban et le soleil
le 28 du même mois.
Le 4 du mois de Rabi’ Awwal de l’année 779 de l’Hégire (1377),
‘Inbak al-Badri le ministre de la guerre, convoqua Zakariyyah le
fils d’Ibrahim Ibn al-Moustamsik, le fils du calife al-Hakim, lui
accorda une robe d’honneur, le fit calife sans la formalité du
serment d’allégeance et sans l’accord des croyants et le surnomma
al-Mousta’sim Billah. Il ordonna plus tard de bannir al-Moutawakkil
à Qouss pour certaines choses qui fit au moment de l’assassinat
d’al-Ashraf. Le calife se mit en route mais revint le jour suivant
chez lui et au califat le 20 de ce même mois. Al-Mousta’sim fut
déposé, la durée de son califat fut de quinze jours. Al-Moutawakkil
fut le sixième des califes résidant en Egypte qui furent réintégrés
peu après l’interruption de leur califat. Cette déposition fut donc
conforme à la coutume.
Durant l’année 782 de l’Hégire (1380), une lettre arriva d’Alep
déclarant qu’un Imam conduisait les prières publiques quand une
personne le ridiculisa alors qu’il priait. Néanmoins, il
n’interrompit pas la prière jusqu’à sa fin et quand il prononça la
bénédiction, le visage du bouffon fut transformé en celle d’un
cochon et il s’enfuit dans la forêt dans le voisinage. Les gens
furent étonnés par cette affaire qui fut consignée par écrit.
Le 23 du mois de Safar de l’année 783 de l’Hégire (1381), al-Mansour
mourut et son fils Hajji le frère d’al-Ashraf lui succéda et fut
surnommé as-Salih.
Le 19 du mois de Ramadan de l’année 784 de l’Hégire (1382), as-Salih
fut déposé et Barqouq lui succéda au gouvernement et fut surnommé
az-Zahir. Il fut le premier sultan d’origine circassienne.
Au mois de Rajab de l’année 785 de l’Hégire (1383), Barqouq arrêta
le calife, le déposa et l’emprisonna dans la citadelle de la
Montagne. Muhammad le fils d’Ibrahim Ibn al-Moustamsik Ibn al-Hakim
devint alors calife et fut surnommé al-Wathiq Billah. Son califat
dura jusqu’au mercredi 17 du mois de Shawwal de l’année 788 de
l’Hégire (1386). Les gens adressèrent alors une pétition à Barqouq
pour réintégrer al-Moutawakkil mais il refusa et convoqua Zakariyyah
le frère de Muhammad qui avait été nommé pour une courte période,
lui porta allégeance et il fut surnommé al Mou’tassim Billah. Il
régna jusqu’à l’année 791 de l’Hégire (1388). Barqouq se repentit
alors de ce qu’il avait fait à al-Moutawakkil, le libéra de
l’emprisonnement, le restitua au califat et déposa Zakariyyah.
Zakariyyah continua à habiter dans sa résidence privée jusqu’à sa
mort et al-Moutawakkil resta calife jusqu’à sa mort.
Au mois de Joumadah Thani de la même année Salih Hajji fut restitué
à la dignité de sultan et prit le titre d’al-Mansour. Barqouq fut
emprisonné à Kark.
Au mois de Sha’ban de cette année, le muezzin après l’appel à la
prière, introduisit la prière et les salutations sur le Prophète
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et ce fut la première fois
qu’elle fut introduite. Cela fut fait sur la demande de l’inspecteur
du marché Najm ad-Din at-Toumboudi.
Au mois de Safar de l’année 792 de l’Hégire (1389), Barqouq fut
libéré de son emprisonnement et restitué au pouvoir qu’il occupa
jusqu’à sa mort le 14 du mois de Shawwal de l’année 801 l’Hégire,
(1398). Le 15 de ce même mois, il fut succédé par son fils Faraj qui
fut surnommé an-Nassir et il resta au pouvoir jusqu’au 6 du mois de
Rabi’ Awwal de l’année 808 de l’Hégire (1405) quand il fut déposé de
son poste et succédé par son frère ‘Abdel-‘Aziz qui fut surnommé
al-Mansour. Il fut à son tour déposé le 4 du mois de Joumadah Thani,
de la même année et Faraj an-Nassir fut réintégré.
Cette même année, le mardi soir 28 du mois de Rajab de l’année 808
de l’Hégire (1405), mourut le calife al-Moutawakkil.
Al-Wathiq Billah
Al-Wathiq Billah Ibn ‘Omar Ibn Ibrahim Ibn al-Moustamsik Ibn
al-Hakim, devint calife sur la déposition d’al-Moutawakkil au mois
de Rajab de l’année 785 de l’Hégire (1383) et régna jusqu’à sa mort
le mercredi 17 ou 19 du mois de Shawwal de l’année 788 de l’Hégire
(1386).
Al-Mou’tassim Billah
Al-Mou’tassim Billah Zakariyyah Ibn Ibrahim Ibn al-Moustamsik devint
calife à la mort de son frère al-Wathiq. Il fut déposé le 10 du mois
de Joumadah Awwal de l’année 791 de l’Hégire (1388) et resta dans sa
résidence jusqu’à sa mort et al-Moutawakkil fut restitué.
Al-Mousta’in Billah
Al-Mousta’in Billah Abou al-Fadl al-‘Abbas Ibn al-Moutawakkil devint
calife selon la convention de son père au mois de Rajab de l’année
808 de l’Hégire (1405). Sa mère était un esclave turque appelé Baye
Khatoun. Le sultan à cette époque était al-Malik an-Nassir Faraj.
Quand an-Nassir sortit pour combattre le Sheikh Mahmoudi, surnommé
Faraj, le gouverneur de Damas, il fut vaincu et s’enfuit. Le 25 du
mois de Mouharram, le calife prit donc sa place en plus du califat.
Le sultan déchu ne donna pas son assentiment, revint alors en Egypte
accompagné par les émirs et la monnaie fut frappée en son nom et son
titre resta inaltéré.
Quand al-Mousta’in atteignit l’Egypte, il prit sa résidence dans la
citadelle et le Sheikh Mahmoudi dans les écuries. Al-Mousta’in lui
délégua l’administration de la souveraineté sur l’Egypte et le
surnomma Nizam al-Moulk. Quand les nobles étaient libérés de leur
devoir au palais, ils avaient l’habitude d’assister le Sheikh aux
écuries, lui payer leurs respects et en sa présence poursuivaient
les affaires d’administratives. Alors son chancelier attendait
qu’al-Mousta’in signe les mandats royaux et les lettres.
Le Sheikh pensa alors que le calife ne devait pas avoir le droit de
signer un document avant de lui avoir montré. Le calife ressentit
alors de la crainte, son cœur fut gêné et son inquiétude augmenta.
Quand le mois de Sha’ban arriva, le Sheikh demanda au calife qu’il
devrait démissionner du sultanat en sa faveur selon la coutume. Le
calife donna son assentiment à la condition qu’il puisse descendre
de la citadelle et se rendre dans sa propre résidence. Mais le
Sheikh ne consentit pas, usurpa le sultanat, prit le titre
d’al-Mouayyid, proclama publiquement la déposition d’al-Mousta’in et
le 16 du mois de Dzoul Hijjah de l’année 816 de l’Hégire (1413), il
nomma son frère Daoud calife. Al-Mousta’in, et ses gens avec lui,
fut transféré du palais dans une des maisons de la citadelle et les
gardes furent placées autour de la demeure pour empêcher son accès
aux gens. Quand ces nouvelles atteignirent Nawrouz, le gouverneur de
la Syrie, il rassembla les juges et les docteurs et demanda leur
décision judiciaire concernant les actes d’al-Mouayyid qui avait
déposé et emprisonné le calife. Leur réponse fut que c’était illégal
et il décida d’attaquer al-Mouayyid. Ce dernier marcha contre
Nawrouz durant l’année 817 de l’Hégire (1414) et envoya al-Mousta’in
à Alexandrie ou il resta emprisonné jusqu’au règne de Tatare quand
il fut libéré et autorisé à rentrer au Caire. Mais il préféra
résider à Alexandrie car l’endroit était agréable et d’où il reçut
des sommes considérables des marchands. Il y résida jusqu’à sa mort
Shahid de la peste au mois de Joumadah Thani de l’année 813 de
l’Hégire (1410).
En l’an 812 de l’Hégire (1409), le niveau du Nil augmenta et monta
jusqu’à son niveau maximum.
Durant l’année 814 de l’Hégire (1411), l’empereur de l’Hindoustan,
Ghiyath ad-Din Mahmoud Toughlak ‘Azzam Shah Ibn Sikandar envoya une
grande somme au calife pour sa cérémonie d’investiture de
souveraineté et un présent au sultan.
Al-Mou’tadid Billah
Al-Mou’tadid Billah Abou al-Fath Daoud Ibn al-Moutawakkil devint
calife à la mort de son frère en l’an 815 de l’Hégire (1412). Sa
mère était une esclave turque appelé Kazal. Le sultan al-Mouayyid le
resta jusqu’à sa mort au mois de Mouharram 824 de l’Hégire (1420) et
son fils Ahmad fut alors investi du sultanat et surnommé
al-Mouzaffar qui nomma Tatare son premier ministre.
Tatare l’arrêta au mois de Sha’ban, après quoi le calife investit
Tatare du sultanat et il fut surnommé az-Zahir.
Le 4 du mois de Dzoul Hijjah de cette même année, Tatare mourut et
son fils Muhammad fut investi de l’autorité et surnommé as-Salih. Il
nomma Barsabay son premier ministre.
Par la suite Barsabay tomba sur as-Salih, le déposa et le calife
l’investit du sultanat le 8 du mois de Rabi’ Thani de l’année 825 de
l’Hégire (1421) jusqu’à sa mort le 16 du mois de Dzoul Hijjah de
l’année 841 de l’Hégire (1437). Son fils Youssouf prit sa succession
et le titre d’al-‘Aziz et nomma Jaqmaq son premier ministre qui à
son tour tomba sur al-‘Aziz et l’arrêta le 19 du mois de Rabi’ Awwal
de l’année 842 de l’Hégire (1438). Le calife l’investit alors et il
fut surnommé az-Zahir et régna jusqu’à la mort du calife.
Al-Mou’tadid fut l’un des premiers des califes dans le mérite, la
clairvoyance et la sagacité. Il courtisa la société des hommes de
lettres et de génie, tira un grand profit d’eux et s’associa dans
leurs travaux. Il fut extrêmement tolérant et généreux. Il mourut le
dimanche 4 du mois de Rabi’ Awwal de l’année 845 de l’Hégire (1441).
Selon Ibn Hajar, à presque soixante-dix ans mais la fille d’un de
ses frères m’informa qu’il vécut 63 ans.
Durant l’année 816 de l’Hégire (1413), Sadr ad-Din Ibn al-‘Admi fut
nommé inspecteur des marchés en plus de son poste de Qadi. Il fut le
premier à exercer les deux fonctions ensemble.
Durant l’année 819 de l’Hégire (1416), Mankali Bougha assuma cette
fonction il fut le premier parmi les Turcs dans le monde qui tint le
poste d’inspecteur.
Cette même année, un homme apparut en Egypte prétendant qu’il était
monté dans le ciel, qu’il avait vu le Très Haut et parlé avec Lui et
beaucoup de gens du commun crurent en lui. Une conférence fut donc
établie ou il fut convoqué et on lui demanda de se rétracter mais il
refusa de se rétracter. Alors, le jurisconsulte Maliki ordonna qu’il
soit tué sur le témoignage de deux personnes qu’il était sain
d’esprit mais, un certain nombre de médecins affirmèrent qu’il ne
l’était pas et il fut donc confiné à l’hôpital.
En l’an 821 de l’Hégire (1418), un buffle à Bilbays donna naissance
à un jeune avec deux têtes, deux cous, quatre pattes antérieurs et
les deux portions communicantes du dos et du poitrail en un, deux
pattes seulement et la queue divisée en deux qui était une merveille
de création.
Durant l’année 822 de l’Hégire (1419), un grand tremblement de terre
se produisit à Arzankan au cours duquel un certain nombre de
personnes périt.
Cette même année, le collège Mouayyadiyah fut achevé et Shams Ibn
al-Moudiri fut nommé professeur principal. Le sultan assista à ses
conférences et Ibrahim le fils du sultan arrangea le tapis de prière
du Sheikh de sa propre main.
En l’an 823 de l’Hégire (1420), un chameau fut tué à Gaza et sa
chair brilla comme la clarté d’une bougie. Un morceau fut lancé à un
chien mais il ne le mangea pas.
En l’an 824 de l’Hégire (1421), le Nil dépassa son niveau
submergeant ainsi un grand nombre de champs semés.
En l’an 825 de l’Hégire (1422), Fatimah, la fille du Qadi Jalal
ad-Din al-Balqini donna naissance à un enfant avec deux mains
supplémentaires et des cornes comme celle d’un taureau mais il
mourut peu de temps après.
Cette même année, le Caire fut secoué par un léger tremblement de
terre.
Al-Moustakfi Billah
Al-Moustakfi Billah Abou ar-Rabi’ Souleyman Ibn al-Moutawakkil
devint calife par la convention de son frère al-Mou’tadid, qui était
son frère utérin. Il était fut l’un des plus vertueux califes,
pieux, dévot, religieux, d’excellent caractère, constant dans la
prière et la lecture du Qur’an. Il fuit la société des hommes et son
frère al-Mou’tadid dit de lui : « Je n’ai jamais connu une faute
sérieuse de mon frère Souleyman depuis qu’il grandit » et al-Malik
az-Zahir avait pleine confiance en lui et reconnut sa valeur. Mon
père était son Imam et tint une position distinguée à son égard,
intime avec lui et extrêmement honoré par lui. Quant à nous, nous
avons été élevés dans sa maison, sous sa générosité et sa famille
est excellente dans la foi, la ferveur, la vertu et je ne pense pas
qu’il y eut un calife plus vertueux que lui après les descendants de
‘Omar Ibn ‘Abdel-‘Aziz, le plus vertueux de ceux de la maison de ce
calife.
Il mourut le vendredi à la fin du mois de Dzoul Hijjah de l’année
854 de l’Hégire (1450) âgé de soixante-trois ans. Mon père lui
survécut quarante jours et le sultan assista à son enterrement et
porta la civière en personne.
Al-Qa’im Bi-Amrillah
Al-Qa’im Bi-Amrillah Abou al-Baqa, Hamzah Ibn al-Moutawakkil, devint
calife à la succession de son frère, bien qu’il ne l’ait légué à
personne. Il était robuste et intrépide et restitua un semblant de
l’apparat du califat. Il avait une grandeur des manières à la
différence de ses frères. Durant son règne, mourut al-Malik az-Zahir
Jaqmaq au début de l’année 857 de l’Hégire (1453) et son fils
‘Uthman fut investi et surnommé al-Mansour. Après un mois et demi de
règne, son frère Inal le captura et le calife l’investit au mois de
Rabi’ Awwal et il fut surnommé al-Ashraf. Peu de temps après, une
rupture se produisit entre le calife et al-Ashraf, à cause du fait
qu’il incita les troupes contre lui, et il le déposa donc du califat
au mois de Joumadah Thani de l’année 859 de l’Hégire (1455) et
l’envoya à Alexandrie ou il fut emprisonné jusqu’à sa mort en l’an
863 de l’Hégire (1458). Il fut enterré près du tombeau de la sœur
d’al-Mousta’in.
Ce qui est étrange concernant ces frères utérins, c’est qu’ils
furent tous les deux déposés du califat, tous les deux ont
emprisonné à Alexandrie et tous les deux enterrés là.
Al-Moustanjid Billah
Al-Moustanjid Billah Abou al-Mahassin Youssouf Ibn al-Moutawakkil
succéda au califat sur la déposition de son frère tandis que le
sultan était al-Ashraf Inal. Le sultan mourut le 15 du mois de
Joumadah Awwal de l’année 865 de l’Hégire (1460) et son fils Ahmad
fut investi et surnommé al-Mouayyad. Par conséquence, Khoushqadam
marcha contre al-Mouayyad et le captura. Le calife l’investit alors
et il fut surnommé az-Zahir et resta pouvoir jusqu’à sa mort le 10
du mois de Rabi’ Awwal de l’année 872 de l’Hégire (1467). Balbay fut
ensuite investi du sultanat et fut surnommé az-Zahir, mais l’armée
se révolta contre lui deux mois après et le captura. Pendant ce
temps, Timour Bougha fut élevé au pouvoir et surnommé à son tour
az-Zahir. Deux mois après, le sultan Qaytbay fut investi le 6 du
mois de Rajab et surnommé al-Ashraf et son autorité s’établit et son
administration atteignit une vigueur et une fermeté égalée par aucun
sultan avant lui depuis l’époque de Muhammad Ibn Qalawoun an-Nassir,
qui voyagea de l’Egypte à l’Euphrate avec une petite escorte de
troupes sans un seul de ses fidèles commandants. Comme exemple de
son excellente conduite, il ne nomma jamais des juges ou des vieux
détenteurs d’un bureau religieux excepté les savants des plus nobles
de cette époque et après près de longues réflexions et délibérations
si bien qu’un bureau resta vacant durant plusieurs mois. Il ne nomma
jamais un Qadi ou un Sheikh pour n’importe quelle occasion ou contre
un pot-de-vin. Quand Khoushqadam assuma d’abord le pouvoir, le
gouverneur de Janin de Syrie avança en Egypte sous une entente
secrète entre lui et les troupes concernant son hypothèque du
sultanat. Quand les nouvelles de son approche atteignirent az-Zahir,
il ordonna au calife, à quatre Qadis et aux troupes de monter dans
la citadelle et il envoya un message au gouverneur de Syrie en
exigeant son départ, qui partit sous certaines conditions. Les Qadis
et les troupes revinrent dans leur quartier mais le calife resta
résidant dans la citadelle et le sultan ne permit pas son retour à
sa résidence habituelle. Il y resta donc jusqu’à sa mort le samedi
24 du mois de Mouharram de l’année 884 de l’Hégire (1479) après
avoir souffert durant deux ans de paralysie. Les prières furent lues
sur lui dans la citadelle et il fut enterré dans le mausolée des
califes près du tombeau de Nafissah. Il était âgé de
quatre-vingt-dix ans et peut-être plus.
Al-Moutawakkil ‘Alallah, le
dernier calife abbasside du Caire
Al-Moutawakkil ‘Alallah Abou al-‘Izz ‘Abdel-‘Aziz Ibn Ya’qoub Ibn
al-Moutawakkil ‘Alallah naquit durant l’année 819 de l’Hégire
(1416). Sa mère nommée Hajja Malika, était la fille d’un soldat. Son
père ne succéda jamais au califat. Il grandit, révéré, populaire,
aimé par tous pour ses qualités admirables et ses vertus louables,
sa modestie, son comportement gentil et sa bienveillance envers
chacun et pour ses accomplissements multiples.
Il s’employa aussi à acquérir la connaissance et lut avec mon père
et d’autres. Son oncle al-Moustakfi le maria à sa fille et il eut
par elle, un fils vertueux, un fils Hashimite parmi les descendants
des Hashim. Maintenant que la maladie de son oncle al-Moustanjid
dure depuis un certain temps, il lui légua le califat et quand
al-Moustanjid mourut, il lui fut porté allégeance le lundi 26 du
mois de Mouharram en présence du sultan, des juges et des nobles.
Il désira d’abord le titre d’al-Mousta’in Billah puis hésita entre
al-Mousta’in et al-Moutawakkil et on décida finalement pour
al-Moutawakkil. Il alla alors de la citadelle à sa résidence
habituelle, précédé par les juges, les fonctionnaires administratifs
et les nobles et ce fut un jour que des témoins certifièrent. Alors,
il revint à la fin du jour à la citadelle où al-Moustanjid avait
l’habitude d’habiter.
Cette même année, le sultan al-Malik al-Ashraf voyagea vers le Hijaz
pour exécuter le pèlerinage, une fonction qui n’avait pas été
témoignée par un sultan depuis plus de cent ans. Il commença en
visitant Médine la Noble ou il dépensa six mille dinars puis, il se
dirigea vers la Mecque et y dépensa cinq mille dinars et nomma pour
l’école qu’il fonda à la Mecque, un Sheikh et un Soufi. Ensuite, il
performa le pèlerinage, revint et la ville fut décorée durant
quelques jours en l’honneur de son arrivée.
Durant l’année 885 de l’Hégire (1480), le chancelier Yashbak à la
tête d’une armée, quitta l’Egypte pour l’Iraq et y rencontra là les
troupes de Shah Ya’qoub Ibn Hassan près de Rouha ou les Égyptiens
furent vaincus. La plupart d’entre eux furent tués et le reste
capturé prisonniers. Le chancelier fut capturé et sa tête tranchée
dans la dernière moitié du mois de Ramadan.
Ce fut une coïncidence étrange qu’un grande désaccord survint entre
lui et le Qadi Hanafi Shams ad-Din al-Amshati en Egypte et chacun
d’entre désira la chute de l’autre. La décapitation du chancelier
sur les rives de l’Euphrate et la mort d’al-Amshati en Egypte se
produisit le même jour.
Le dimanche 17 du mois de Mouharram de l’année 886 de l’Hégire
(1481), tard dans l’après-midi, la terre fut convulsée par un sévère
choc. La terre, les montagnes et les édifices s’écroulèrent. Le
tremblement dura un court délai et cessa ensuite, louange à Allah
que cela cessa. Suite à cela, le piton de l’école Salahiyah tomba
sur le chef Qadi Hanafi Sharaf ad-Din Ibn ‘Ahd et le tua. En vérité
nous appartenons à Allah et en vérité nous revenons à Lui.
Au mois de Rabi’ I de cette même année, un homme arriva en Egypte de
l’Inde appelée Khaki qui affirma que son âge était de deux cent
cinquante ans. Je suis allé le voir et c’était un homme robuste, la
barbe toute noire, la raison ne lui aurait pas donné plus de 70 ans
et encore moins au-delà. Il ne put apporter aucune preuve de son
affirmation et je conclus que c’était un menteur. Il a rapporté
avoir fait le pèlerinage à l’âge de dix-huit ans avant de revenir en
Inde. De là, il entendit parler de l’avance des Tatars sur Baghdad
et voyagea en Egypte sous le règne du sultan Hassan, avant que ce
dernier ne fonde son école. Mais il n’avança aucun témoignage pour
trouver de manière satisfaisante sa déclaration.
Cette même année, arrivèrent les nouvelles de la mort de sultan
Muhammad Ibn ‘Uthman, le souverain du Sultanat de Roum (Asie
Mineure) et que ses deux fils se contestèrent la souveraineté. L’un
d’eux fut victorieux et s’établit dans le royaume et l’autre disposa
pour l’Egypte. Le sultan le reçut avec grand honneur. Plus tard, il
partit pour la Syrie et le Hijaz, pour le pèlerinage.
Au mois de Shawwal, des lettres arrivèrent de Médine la Noble,
affirmant que durant la nuit 13 du mois de Ramadan, une foudre tomba
du ciel sur la ville, y mit le feu, brûla le toit de la Mosquée
Prophétique, tous les trésors et les livres. Rien ne fut sauvé
excepté les murs et ce fut une terrible calamité.
Le mercredi dernier jours du mois de Mouharram de l’année 903 de
l’Hégire (1497), mourut le calife après avoir légué le califat à son
fils Ya’qoub et lui donna le titre d’al-Moustamsik Billah.
L’Imam Jalal ad-Din as-Souyouti, a dit dans son livre Tarikh al-
Khoulafah dont nous avons tiré une partie des évènements rapporté a
dit : « C’est la conclusion de ce qui a été disponible pour la
compilation de cette histoire et en vérité pour les événements, J’ai
utilisé l’histoire d’ad-Dahhabi qui finit en l’an 700 (1300) puis,
celle d’Ibn Kathir qui finit en l’an 738 (1337) puis, al-Massalik et
son complément qui prend fin en l’an 773 (1371). Puis de l’Inba
al-Ghoumr d’Ibn Hajar qui finit en l’an 850 (1446). Pour les autres
événements, j’ai attentivement lu Tarikh Baghdad d’al-Khatib en dix
volumes, Tarikh Dimashq d’Ibn ‘Assakir en cinquante-sept volumes,
al-Awraq d’as-Souli en sept volumes, at-Tayyouriyyat en trois
volumes, al-Houlyah d’Abou Nou’aym en neuf volumes, al-Moujalassat
d’ad-Dinawari, al-Kamil d’al-Moubarrad en deux volumes, al-‘Amali de
Tha’lab en un volume et d’autres.
Le califat abbasside au Caire à l’ombre des sultans Mamalik et de
Syrie dura jusqu’à l’entrée du puissant sultan ottoman Salim I au
Caire après avoir mis fin au sultanat Mamelouk lors de la bataille
de Marj Dabiq près de Halab . Puis, il entra en Egypte après avoir
battu les Mamalik lors de la bataille de Ridaniyah et le dernier
calife abbasside d’Egypte, al-Moutawakkil ‘Allallah Muhammad Ibn
al-Moustamsik Billah, renonça au califat en faveur du sultan ottoman
Salim I.
Le Califat passa entre les mains des Ottomans Turcs et dura jusqu’au
vingtième siècle, le jeudi 25 du mois de Rajab de l’année 1342 de
l’Hégire soit le 3 mars 1924 et nous sommes aujourd’hui, le 14 du
mois de Ramadan de l’année 1432, le 14juillet 2011 (date à laquelle
j’ai traduit cet extrait).
Le jeudi 25 du mois de Rajab de l’année 1342 (1924), l’assemblée du
Grand Etat (majliss al-watani al-kabir), le parlement de Moustafa
Kamal, surnommé par la suite Atatürk, décida l’abolition du califat
ottoman mais ceci est une autre histoire sur laquelle nous
reviendrons dans les prochains volumes et à Allah nous sommes et à
lui retournerons.
Ce n’est certainement pas la fin des croisades en Egypte puisque le
pays sera de nouveau plusieurs fois attaqué par les mêmes
agresseurs.
Ce n’est pas non plus la fin des croisades en Syrie puisque le pays
sera de nouveau attaqué par les mêmes agresseurs.
Ce n’est aussi la fin des croisades en Palestine puisque le pays est
occupé par d’autres envahisseurs soutenu par les mêmes agresseurs.
Ce n’est non plus pas la fin des croisades contre les Musulmans en
général puisque pas moins de dix pays sont en guerre toujours contre
ces mêmes agresseurs.
Ce n’est pas la fin des croisades puisque Bayt al-Maqdis reviendra
aux Musulmans et deviendra le centre du califat.
Ce n’est pas non plus la fin de l’injustice contre les Musulmans
comme on le voit, les Musulmans qui sont le seul peuple à subir des
punitions collectives comme au bon vieux temps de l‘inquisition,
quand l’un de ses membres, pour une raison ou une autre, commet un
homicide ou une agression.
Ce n’est pas non plus la fin de la guerre quand chaque jour suffit à
trouver de nouveaux prétextes d’agressions contre les Musulmans.
Les croisades sont donc sans fin et jusqu’à ce que le dernier humain de la terre tombe mort prosterné malgré lui devant l’implacable réalité de sa vision décillée.
Quand à la moralité de cette histoire est que rien ne perdure et que tout à une fin même une occupation qui semblait millénaire. Rien ne sefait donc sans effort et ce fut le travail de plusieurs hommes sur plusieurs génétations, chacun ajoutant sa chappe à l'édifice de la libération des terres musulmanes occupées.
Libérateurs, conquérants et bâtisseurs, tels étaient nos ancêtres, puisse Allah Exalté à Lui les Louanges et la Gloire leur faire miséricorde et les couvrir de gloire et d'honneur le jour de Qiyamah, le vrai jour ou toutes les actions des hommes seront présentées !
Cependant l'Histoire n'est pas finie et si nous avons mentionné les
futures croisades dans ce volume, nous rapporterons les futures
conquêtes à la fin du second volume des Ottomans insha Allah.
A suivre.