Comment les Géorgiens
entrèrent dans la ville de Tiflis et l’incendièrent
Au mois de Rabi ‘Awwal de l’année 624 de
l’Hégire (1226), les Géorgiens arrivèrent à Tiflis alors qu’il n’y
avait pas de troupes musulmanes pour défendre la ville. La raison
est due au fait que Jalal ad-Din était retourné à Khilat, tombé sur
Iwa’i et envoyé ses troupes par groupes pour passer l’hiver dans les
petites localités voisines qui avaient beaucoup de pâturages. Son
armée avait mal agi envers la population musulmane de Tiflis et
l’avait traité injustement si bien que les Musulmans avaient écrit
aux Géorgiens pour les inviter à venir et qu’ils seraient acceptés
comme souverains. Les Géorgiens profitèrent de cette inclinaison de
la population en leur faveur et aussi que la ville était dépourvue
de troupes. Stationnés
dans les villes de Kars, d’Ani et d’autres forteresses, ils se
réunirent et marchèrent sur Tiflis, qui n’était pas défendue comme
nous l’avons mentionné parce que Jalal ad-Din avait jugé les
Géorgiens faibles en raison du grand nombre d’entre eux qui avait
été tué et parce qu’il ne les pensait pas capable de mener une
campagne quelconque. Cependant, ils prirent la ville et passèrent
tous les habitants par l’épée et sachant qu’ils ne pourraient pas
tenir la ville contre Jalal ad-Din, ils l’incendièrent et la
brulèrent jusqu’à ses fondations[1].
Lorsque cette nouvelles atteignirent
Jalal ad-Din, il partit avec les troupes qu’il avait avec lui
mais ne trouva aucune âme vivante quand il arriva dans la place car
les Géorgiens avaient abandonné Tiflis après y mit le feu. Et un peu
trop tard, les habitants se rendirent alors compte que le pire
Musulman valait bien mieux que le meilleur des mécréants !
Compte du pillage des terres des
ismaéliens par Jalal ad-Din
Durant cette année, les ismaéliens tuèrent un
grand émir de Jalal ad-Din, l’émir à qui il avait confié la ville de
Ganja et ses dépendances et les lui avait alloué comme un fief. Il
était un excellent émir qui faisait beaucoup de bien et qui
gouvernait avec justice n’hésitant pas à censurer Jalal ad-Din pour
les pillages et les autres mauvaises actions commises par son armée.
Lorsque cet émir fut tué, Jalal al-D fut
outragé par son assassinat et devint furieux. Il marcha avec ses
troupes sur les terres des ismaéliens des confins d’Alamout à
Girdkouh dans le Khorasan en dévastant tout sur son passage. Il tua
les habitants, pilla leurs biens, captura leurs femmes, asservit
leurs enfants et mit les hommes à mort. Il leur fit de terribles
choses et prit sa revanche sur eux. Ils avaient eux-mêmes fait
beaucoup de mal et leurs déprédations avaient augmentées. Leurs
ambitions avaient pris de l’ampleur depuis l’irruption des Tatars
dans les terres d’Islam jusqu’au temps présent. Jalal ad-Din stoppa
ainsi leur agression et les humilia. Allah Exalté à Lui les Louanges
et la Gloire, leur fit gouter ce qu’ils avaient eux-mêmes fait aux
Musulmans.
Quand Jalal ad-Din eut fini avec les
hashashiyine, il fut informé qu’un grand nombre de Tatars avait
atteint Damghan dans les environs d’ar-Rayy avec l’intention
d’envahir le territoire islamique. Il marcha à leur rencontre, les
amena dans la bataille et le combat fut très féroce. Les Tatars
furent alors vaincus et il leur infligea des pertes importantes
avant de les poursuivre durant plusieurs jours tuant ainsi les
retardataires ou les faisant prisonniers. Bien qu’il resta dans la
région d’ar-Rayy, il craignit un autre rassemblement de Tatars quand
l’information lui arriva qu’un grand nombre d’entre eux marchaient à
sa rencontre. Il resta donc sur sa position et les attendit et nous
raconterons ce qu’ils firent sous l’année 625 de l’Hégire (1227).
Au cours de cette année, la famine persista
dans al-Jazirah. Les prix continuèrent à monter et descendre un peu.
Il n’y eut pas de pluie durant tout Shoubat (février) et dix jours
d’Adhar (mars) tandis que la famine augmenta. Le blé atteignit un
dinar et deux Qirats pour deux Makkouk à Mossoul et l’orge aussi, un
dinar et deux Qirats pour trois Makkouk de la norme de Mossoul.
Cette année, tout devint rare et cher.
Au printemps il y eut quelques agneaux
disponibles à Mossoul mais à un prix élevé de sorte qu’un Ratl
Baghdadi de viande coûta deux Habbas en poids et durant certains
jours, encore plus coûteux que cela. L’un de ceux qui vendaient les
agneaux à Mossoul m’a dit que parfois il ne vendait pas plus qu’un
seul agneau et parfois cinq ou six têtes, parfois plus, parfois
moins. Ce fut quelque chose de tout à fait inédit et quelque chose
que nous n’avons jamais vu durant toute notre vie. Nous n’avons
jamais été informé de quelque chose de similaire parce qu’au
printemps, on s’attend à avoir la viande pas cher puisque les
Turcomans, les Kurdes et les Kilakans quittent les places ou ils
avaient passé l’hiver pour Zouzan ou ils vendent des moutons à
vraiment très bon prix. Chaque année à cette saison, la viande
coutait habituellement un Qirat pour six ou sept Ratls. Cette année,
un Ralt passa à deux
Habbas.
Le 10 Adhar (mars) ou le 320 du mois de Rabi’
Awwal, la neige tomba deux fois à Mossoul. Ce fut très étrange et
inconnu. Elle ruina les fleurs (bourgeons) qui étaient sorties,
comme celles des amandes, des pêches, des poires, des coings, etc.
Ces mêmes nouvelles
furent aussi rapportées dans tout l’Irak, où les fleurs et
les fruits furent ruinés. Ce fut plus surprenant que la situation
d’al-Jazirah et de la Syrie parce que l’Irak est beaucoup plus chaud
que ces deux pays.
Cette année, un groupe de Turcomans, qui se
trouvaient dans les confins de la région d’Alep, capturèrent un
célèbre chevalier franc des templiers d’Antioche et le tuèrent. Les
templiers entendirent parler de cela, ils se réunirent et surprirent
les Turkmènes qu’ils tuèrent ou capturèrent et saisirent leurs
troupeaux. Ces évènements furent portés à l’attention de l’Atabeg
Shihab ad-Din, l’autorité responsable d’Alep qui écrivit alors aux
croisés et les menaças d’une attaque sur leur territoire. Il arriva
que les troupes d’Alep tuèrent également deux grands chevaliers des
templiers de sorte que les templiers affirmèrent leur volonté de
faire la paix et remirent aux Turkmènes une grande partie de leurs
troupeaux, leurs familles et leurs captives.
Des
hostilités entre Jalal ad-Din et les Tatars
Au cours de l’année 625 de l’Hégire (1227), les
Tatars se déplacèrent de nouveau vers ar-Rayy et il y eut de
nombreuses batailles entre eux et Jalal ad-Din et le nombre (de
batailles) est un sujet de litige. La plupart d’entre elles furent
perdues par lui mais finalement il fut victorieux.
Au début de la guerre, il y eut quelques
étranges merveilles. Shinjiz Khan (Gengis Khan), le souverain de ces
Tatars, devint très en colère contre un de ses commandants, le
renvoya de sa présence et le banni de ses terres. Ce commandant
partit pour le Khorasan et après avoir vu son état de ruine, il se
dirigea vers ar-Rayy pour conquérir les régions et les villes. Jalal
ad-Din le rencontra là-bas et ils se livrèrent des féroces combats.
Jalal ad-Din fut vaincu mais revint et fut de nouveau battu. Il
partit vers Ispahan et resta entre elle et ar-Rayy où il rassembla
ses troupes et ceux qui lui étaient soumis. Parmi ceux qui vinrent
le rejoindre fut le gouverneur de Fars, à savoir le fils de l’Atabeg
Sa’d qui était arrivé au pouvoir après la mort de son père, comme
nous l’avons mentionné. Jalal ad-Din retourna ensuite faire face de
nouveau aux Tatars.
Alors qu’ils formaient leurs lignes de
bataille, chaque côté faisant face à l’autre, Ghiyath ad-Din, le
frère de Jalal ad-Din, fit défection avec les émirs qui avaient
conspiré avec lui pour abandonner Jalal ad-Din. Ils quittèrent le
champ de bataille et partirent ailleurs. Lorsque les Tatars les
virent quitter l’armée, ils pensèrent qu’ils avaient l’intention de
de les contourner pour les attaquer sur leurs arrières et être pris
ainsi entre deux. En raison de cette hypothèse, les Tatars
reculèrent et furent poursuivis par le seigneur de Fars. Cependant,
quand Jalal ad-Din vit qu’il avait été abandonné par son frère et
les émirs de connivence avec lui, pensa que les Tatars s’étaient
retirés pour le tromper et l’attirer hors de sa position. Il se
retira et n’osa pas entrer dans Ispahan de peur que les Tatars ne
l’assiègent là et c’est pourquoi, il poursuivit sa route vers
Soumayram.
Lorsque le seigneur de Fars s’éloigna à la
poursuite des Tatars et qu’il ne put voir ni Jalal ad-Din, ni son
armée avec lui, il eut peur des Tatars et revint sur ses pas. Les
Tatars, à leur tour, lorsqu’ils ne virent personne sur leurs traces
les poursuivant, ils s’arrêtèrent et marchèrent plus tard sur
Ispahan. Sur leur chemin, ils ne trouvèrent personne pour s’y
opposer à eux et sitôt arrivé à Ispahan, ils assiégèrent la ville.
Le peuple pensa que Jalal ad-Din avait péri. Alors qu’ils avaient
cette impression et que le siège des Tatars se poursuivaient, ils
reçurent un messager de Jalal ad-Din qui les informa qu’il était en
sécurité et leur disant : « Je vais rester dans mon domaine jusqu’à
ce que les troupes qui sont sûrs se seront ralliées à moi. Ensuite,
je viendrai à vous et nous agirons ensemble pour harceler les
Tartares et les chasser. »
Ils le renvoyèrent pour l’exhorter à venir, en
lui promettant de l’aider et qu’ils sortiraient à la rencontre de
l’ennemi avec lui, plein de bravoure. Il alla donc chez eux et ils
unirent leurs forces. Les hommes d’Ispahan sortirent avec lui et
combattirent les Tatars, qui subirent une de leur plus terrible
défaite. Jalal ad-Din les poursuivit jusqu’à ar-Rayy, tuant et
prenant des prisonniers. Lorsque les Tatars allèrent aussi loin
qu’ar-Rayy, il s’installa là-bas. Le fils de Shinjiz Khan lui envoya
une lettre, en disant : « Ce ne sont pas nos partisans. Nous les
avons banni de notre présence ». Quand Jalal ad-Din se sentit en
sécurité avec le fils de Shinjiz Khan, il retourna en Azerbaïdjan ».
Compte de
l’incursion des croisés en Syrie et de leur reconstruction de Sidon
Cette année, de nombreux croisés, qu’Allah les
maudisse, vinrent de leurs terres à l’ouest de la Sicile et des pays
au-delà, dans leurs possessions en Syrie, Acre, Tyr et d’autres
endroits sur la côte syrienne, et un nombre infini d’entre eux se
rassembla. Avant qu’ils arrivent, une autre armée les avaient
précédés sauf qu’ils avaient été incapables de prendre une
quelconque initiative ou d’engager une quelconque activité militaire
du fait que leur chef, qui était leur commandant, était le roi des
Allemands et qui avait pour titre empereur et aussi parce
qu’al-Mou’azzam était encore en vie et qu’il était déterminé,
courageux et audacieux. Lorsqu’al-Mou’azzam mourut, comme nous
l’avons rapporté et que son fils lui succéda et gouverna Damas, les
croisés devinrent ambitieux et émergèrent d’Acre, de Tyr, de
Beyrouth et se rendirent à Sidon. Ils parvinrent à un arrangement
avec les Musulmans pour partager équitablement les revenus de Sidon
dont le mur de la ville était en ruines. Ils reconstruisirent
celui-ci et prirent le contrôle de celle-ci.
Ils furent capables d’entreprendre ces travaux
parce que les forteresses voisines, Tibnin, Hanin et d’autres
avaient été détruites et nous avons déjà mentionné tout cela de
manière complète. La capacité offensive des croisés se renforca et
leurs ambitions grandirent.
Sur son chemin, l’empereur des Allemands prit
le contrôle de l’île de Chypre et devint son souverain avant de
partir pour Acre. Les Musulmans devinrent plein d’appréhension mais
Allah Tout Puissant va le frustrer et aider les Musulmans à travers
Muhammad (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et sa famille et
en temps voulu, leur souverain l’empereur arriva en Syrie.
Comment
Jalal ad-Din pilla les terres d’Arménie
Au cours de cette année, Jalal ad-Din Shah
Khwarizm arriva dans la région de Khilat qu’il traversa pour se
rendre dans le désert de Moush et à Jabal Jour qu’il ravagea en
saisissant les femmes, en asservissant les enfants et en tuant les
hommes. Il détruisit les villages et ensuite retourna dans son pays.
Quand les nouvelles qu’il avait dépassé Khilat
et Jour et qu’il s’était rapproché, atteignirent les terres
d’al-Jazirah, Harran, Sarouj et autres lieux, la population craignit
qu’il ne vienne à eux parce que la saison était l’hiver et qu’il le
passerait certainement à al-Jazirah ou le froid était supportable.
Ils pensèrent donc à quitter leurs maisons pour la Syrie.
Certains des habitants de Sarouj avaient déjà
atteint Manbij en Syrie quand ils reçurent des nouvelles qu’il avait
pillé la région et qu’il s’était retiré et ils restèrent donc où ils
étaient. La raison du retour de Jalal ad-Din est due au fait que
beaucoup de neige est tombée autour de Khilat et que rien de
similaire n’avait eu lieu auparavant c’est pourquoi, il s’était
retiré en hâte.
Cette année aussi, dans l’ensemble
d’al-Jazirah, des prix restèrent bas. Les récoltes de blé et d’orge
furent excellentes. Néanmoins, les prix bas n’atteignaient pas ce
qu’ils avaient été avant la famine. Le blé fut vendu cinq Makkouk
pour un dinar et l’orge dix-sept Makkouk de la norme de Mossoul pour
un dinar.
De la
remise de Jérusalem aux croisés
Le 1 du mois de Rabi’ Thani de l’année 626 de
l’Hégire (1228), les croisés reprirent Jérusalem par traité.
Qu’Allah la rétablisse rapidement à l’Islam ! Ceci eut lieu à cause
de ce que nous avons mentionné lors de l’année 625 de l’Hégire
(1227), à savoir l’arrivée par la mer de l’empereur, le souverain
des croisés, des territoires francs sur la côte syrienne. Ses
troupes qui l’avaient précédé prirent résidence sur la côte et
provoquèrent la ruine des territoires musulmans proches d’eux. Une
partie de la population musulmane qui habitaient dans les montagnes
près de la ville de Tyr allèrent voir les croisés de cette ville,
leur offrirent leur soumission et les rejoignirent. Les croisés
s’enhardirent également suite à la mort d’al-Mou’azzam ‘Issa Ibn
al-‘Adil, le seigneur de Damas.
Quand l’empereur arriva sur la côte, il résida
à Acre. Al-Kamil Ibn al-‘Adil, le seigneur d’Egypte marcha de
l’Egypte vers la Syrie après la mort de son frère al-Mou’azzam et
campa à Tall al-‘Ajoul, projetant de prendre Damas à an-Nassir
Daoud, le fils de son frère al-Mou’azzam qui y régnait à cette
époque. Quand Daoud apprit que son oncle al-Kamil avait l’intention
de l’attaquer, il envoya un messager à son oncle al-Ashraf, le
seigneur d’al-Jazirah, pour lui demander son soutien militaire et de
l’aide pour le défendre contre son (autre) oncle. Al-Ashraf vint à
Damas puis, il y eut un échange d’envoyés entre lui et son frère
al-Kamil pour parler de paix et tous les deux conclure un agrément.
Al-Ashraf se déplaça alors pour aller à la rencontre d’al-Kamil.
Après leur rencontre, des envoyés firent la
navette en de nombreuses occasions entre eux et l’empereur, le
souverain des croisés et un traité fut conclu selon lequel ils
céderaient Jérusalem ainsi que d’autres régions avoisinantes et que
le reste des terres comme Hébron, Nablous, la vallée du Jourdain,
Tibériade etc.,
resteraient aux mains des Musulmans. Seules Jérusalem et les
endroits qui avaient été spécifiés seraient cédés aux croisés. Les
fortifications de Jérusalem avait été préalablement rasées par
al-Mou’azzam, comme nous l’avons mentionné. Là-dessus, les croisés
prirent Jérusalem et les Musulmans furent outragés et pensèrent que
c’était une chose monstrueuse et ils ressentirent alors une
faiblesse et une douleur au-delà de toute description. Qu’Allah
Exalté facilite sa conquête et sa restauration aux mains aux
Musulmans par Sa grâce et Sa faveur. Amin.
Vers la fin de cette même année, les croisés,
qu’Allah les maudisse, attaquèrent le fort de Barin en Syrie. Ils
pillèrent la ville et ses dépendances, faisant prisonniers les
femmes et les hommes et parmi lesquels se trouvait un grand corps de
Turcomans qui furent tous capturés. Seuls quelques rares fugitifs
s’échappèrent et Allah est Plus Savant !
Récit de
l’incursion des Tatars en Azerbaïdjan et ce qu’ils firent
En l’an 628 de l’Hégire (1230), les Tatars
arrivèrent en Azerbaïdjan depuis la Transoxiane. Nous avons déjà
raconté comment ils conquirent la Transoxiane, ce qu’ils firent au
Khorasan et dans d’autres territoires comme pillages, destructions
et massacres. Leur règne s’établit en Transoxiane et dans les villes
qu’ils commencèrent à repeupler. Ils construisirent une grande ville
qui était pratiquement l’équivalent de la ville de Khwarezm.
Cependant, les villes du Khorasan restèrent à l’état de ruines car
aucun Musulman n’osa y habiter.
Quant aux Tatars, un groupe d’entre eux faisait
de temps en temps des raids et pillait ce qu’il y trouvait. Le pays
était complètement en ruine et ils continuèrent ainsi jusqu’à ce
qu’en 625 de l’Hégire (1227), quand une horde apparut parmi eux et
s’ensuivit entre eux et Jalal ad-Din les évènements que nous avons
déjà rapporté. Leur situation resta inchangée jusqu’au moment
présent quand Jalal ad-Din rencontra la défaite aux mains de ‘Ala'
ad-Din Kaykoubad et al-Ashraf, comme nous l’avons mentionné dans
notre récit de l’année 627 de l’Hégire (1229). Le chef des
hérétiques ismaéliens envoya alors un messager aux Tatars pour les
informer de la faiblesse de Jalal ad-Din due à la défaite qu’il
avait subie et pour les inciter à l’attaquer profitant de sa
faiblesse et pour leur
garantir la victoire sur lui à cause de celle-ci.
Jalal ad-Din agissant en mauvais voisin et
était un mauvais souverain qui gérait de façon abominable son
royaume. Parmi les princes qui étaient ses voisins, pas l’un d’entre
eux n’échappa à son hostilité ni ne vit son royaume défié. Un
exemple de ceci est dès qu’il apparut à Ispahan et qu’il rassembla
son armée, il envahit le Khouzistan et assiégea Toustar, une
possession du calife. Il marcha sur Daqouqah qu’il mit à sac et tua
de nombreuses personnes. Daqouqah aussi appartenait au calife. Puis
il prit l’Azerbaïdjan, qui était tenue par Ouzbak et attaqua les
Géorgiens, qu’il vainquit et harcela. Plus tard, il fit la guerre à
al-Ashraf, le seigneur de Khilat, puis à ‘Ala' ad-Din, le souverain
d’Anatolie, puis aux ismaéliens, dont il ravagea les terres et tua
nombre d’entre eux. Il leur imposa un tribut annuel en argent et
autres. Les princes l’abandonnèrent et aucun ne voulut prendre sa
main !
Quand les lettres des chefs ismaéliens
appelants à attaquer Jalal ad-Din arrivèrent aux Tatars, une horde
d’entre eux se hâta d’entrer sur son territoire où ils prirent
ar-Rayy, Hamadan et le territoire qui les séparait. Puis ils
envahirent l’Azerbaïdjan, où ils semèrent la destruction, pillèrent
et tuèrent les habitants qu’ils firent prisonniers. Pendant ce
temps, Jalal ad-Din submergé par la panique et la peur n’osa pas les
affronter ni ne put défendre le pays contre eux. De plus, une grande
partie de l’armée s’était retournée contre lui et son vizir et avait
rejeté leur loyauté.
La raison de ceci fut étrange et révèle un
manque sans parallèle de bon sens de la part de Jalal ad-Din. Jalal
ad-Din avait un serviteur énuque nommé Kilij qu’il aimait beaucoup.
Il arriva que son énuque mourut et Jalal ad-Din montra tant de peine
et de chagrin pour lui que jamais chose similaire ne fut vue même
pas de la part de Majnoun pour Layla[2].
Il ordonna à ses soldats et à ses émirs de marcher à pied dans son
cortège funéraire. Sa mort eut eu lieu dans un endroit situé à
plusieurs kilomètres de Tabriz. Ses troupes avancèrent à pied tout
comme lui sur une partie de la route mais ses émirs et son vizir le
convainquirent de chevaucher. Quand il atteignit Tabriz, il envoya
un messager aux habitants, leur ordonnant de quitter la ville pour
aller à la rencontre du cercueil de l’énuque, ce qu’ils firent.
Cependant, il les blâma de ne pas être allés assez loin, de ne pas
avoir montré plus de chagrin et versé plus de larmes. Il voulut les
punir mais ses émirs intercédèrent en leur faveur et il les laissa
en paix.
De plus, cet énuque ne fut pas inhumé mais
Jalal ad-Din l’emmena partout où il allait, se battant la poitrine
et pleurant. Il refusa toute nourriture et boisson qu’on lui offrit,
en disant : « Prends-en untel, » en nommant l’énuque et personne
n’osa dire qu’il était mort. Un jour, quelqu’un lui dit qu’il était
mort et il tua l’homme qui lui dit cela. Ses émirs surmontèrent
leurs exaspérations et leurs dégouts devant cette situation. Cela
les conduisit, avec son vizir, à abandonner leur allégeance et ils
se détournèrent de lui. Il fut abandonné hors de lui, ne sachant que
faire, surtout quand les Tatars firent leur incursion. A ce moment,
le serviteur énuque fut enterré et Jalal ad-Din contacta son vizir,
le convainquit et le trompa pour qu’il retourne à lui. Après son
arrivée, il survécut quelques jours puis Jalal ad-Din le tua. Ceci
est vraiment un fait étrange et rare comme dont on n’a jamais
entendu parler.
Comment les
Tatars prirent Maraghah
Cette année, les Tatars assiégèrent Maraghah en
Azerbaïdjan. La population résista puis déclara qu’elle était prête
à se rendre en échange d’une garantie que les Tatars acceptèrent et
prirent la ville où ils tuèrent peu de gens. Ils y nommèrent un
préfet et la position des Tatars se renforca. Dans tout
l’Azerbaïdjan, les gens les craignirent de plus en plus. Allah Tout
Puissant viendra Lui-même en aide à l’Islam et aux Musulmans car
pour le moment nous ne voyons personne parmi les princes de l’Islam
ayant le désir de conduire le Jihad ou d’aider la religion. Au
contraire, chacun d’entre eux est occupé par ses plaisirs, son sport
(jeu) et l’oppression de ses sujets. Pour moi, c’est plus effrayant
que l’ennemi. Allah Tout Puissant a dit : « Et
craignez une calamité qui n’affligera pas exclusivement les injustes
d’entre vous. » (Qur’an 8/25)
Récit de
l’arrivée de Jalal ad-Din à Amid, sa défaite et ce qui lui arriva
Jalal ad-Din vit ce que les Tatars faisaient en
Azerbaïdjan, qu’ils y restaient, tuaient, pillaient, faisaient des
prisonniers, ruinaient le pays, prenaient l’argent, et se
préparaient à l’attaquer. Il vit également son propre état de
faiblesse et quitta l’Azerbaïdjan pour Khilat et y envoya al-Ashraf
pour qu’il y reste comme son représentant. Il lui dit : « Nous ne
sommes pas venus pour vous faire la guerre ni pour vous nuire. Seule
la peur de l’ennemi nous a poussés à chercher votre ville. » Son
plan était de se rendre à Diyar Bakr et al-Jazirah puis de rendre
visite à la cour du calife pour lui demander de l’aide ainsi qu’à
tous les princes contre les Tatars pour les repousser et les mettre
aussi en garde contre les conséquences de leur échec. Il arriva à
Khilat et apprit que les Tatars le pourchassaient en marche forcée
sur ses traces, alors il se rendit à Amid. Il plaça des sentinelles
en plusieurs endroits par crainte d’attaques nocturnes. Un
détachement de Tatars arriva, sur ses traces et par une route autre
que celle sur laquelle il avait placé des sentinelles. Ils lui
tombèrent dessus à l’extérieur de la ville d’Amid. Il partit en
essayant de sauver sa vie tandis que les troupes qu’il avait avec
lui furent écrasées et se dispersèrent dans toutes les directions.
Un groupe de son armée partit pour Harran, où l’émir Sawab et les
troupes d’al-Kamil qui étaient avec lui à Harran leur tombèrent
dessus, prirent leurs argents, leurs armes et les montures qu’ils
avaient. D’autres partirent pour Nisibis, Mossoul, Sinjar, Irbil et
ailleurs. Les souverains locaux et leurs sujets les harcelèrent et
tous avaient envie de les attaquer, même les paysans, les Kurdes et
les bédouins. Ils se vengèrent d’eux et les récompensèrent pour
leurs mauvais actes, leur mauvais comportement à Khilat et ailleurs
et pour toute les destructions qu’ils avaient commises sur leurs
territoires. « Allah n’aime pas ceux qui font le mal. » Jalal ad-Din
devint de plus en plus faible suite à la dislocation de son armée et
à ce qui leur était arrivé.
Après que les Tatars les eurent traités de
cette manière et qu’il eut fui défait, ils vinrent à Diyar Bakr à sa
poursuite parce qu’ils ne savaient pas qu’elle destination il avait
cherché ni quelle route il avait prise.
Gloire à Celui qui remplaça leur sécurité par
la peur, leur puissance par l’humiliation et leur grand nombre par
un petit. Bénit soit Allah, le Seigneur de l’Univers, qui fait ce
qu’Il veut.
De l’entrée
des Tatars à Diyar Bakr et al-Jazirah et les horribles méfaits
qu’ils commirent
Après la défaite de Jalal ad-Din face aux
Tatars à Amid, ils ravagèrent l’arrière-pays, Arzan et Mayafariqin
puis se mirent en route pour Is’ard où les habitants leur
résistèrent. Les Tatars leur offrirent une garantie, ils leur firent
confiance et se rendirent mais quand les Tatars les eurent en leur
pouvoir, ils les passèrent par l’épée et les massacrèrent en un tel
nombre qu’ils les anéantirent presque. Les seuls survivants furent
ceux qui se cachèrent et ils furent peu.
Un commerçant, qui était allé à Amid, m’a dit
qu’il estimait les morts à plus de 15 000. Avec ce marchand il y
avait une esclave d’Is’ard qui raconta que son maitre était parti
combattre. Sa mère l’avait arrêté car elle n’avait pas d’autre fils
que lui mais il n’écouta pas ce qu’elle disait alors elle alla avec
lui et tous deux furent tués. Un neveu de la mère hérita de la fille
et la vendit à ce marchand. Elle avait une terrible histoire à
raconter à propos du nombre de personnes massacrées et comment le
siège dura 5 jours.
De là, les Tatars se rendirent à Tanza, où ils
agirent de la même façon, puis de Tanza vers une vallée proche
nommée la vallée d’al-Qourayshiyah où se trouvaient des ruisseaux et
de nombreux vergers. La route qui y menait était étroite et les
habitants d’al-Qourayshiyah combattirent les Tatars et leur
refusèrent l’accès. Ils tinrent bon contre eux et nombreux furent
les tués des deux côtés. Les Tatars se retirèrent sans avoir
remporté une seule victoire contre eux. Puis ils parcoururent le
pays où ils ne rencontrèrent aucune résistance et personne ne les
affronta. Ayant atteint Mardin, ils pillèrent ce qu’ils trouvèrent
dans la ville tandis que le seigneur de Mardin et les gens de
Dounayssir se réfugièrent dans la citadelle de la ville, comme
d’autres qui vivaient près de la citadelle.
Ensuite ils allèrent à al-Jazirah qu’ils
menacèrent pendant plusieurs heures. Ils ravagèrent l’arrière-pays
et massacrèrent tous les gens qu’ils saisirent. Les portes restèrent
closes alors ils se retirèrent et partirent pour le Sinjar. Ils
arrivèrent dans les montagnes dans la région de Sinjar, qu’ils
pillèrent puis entrèrent à Khabour. Ayant alors atteint Araban, ils
pillèrent et massacrèrent à nouveau avant de se retirer.
Un autre groupe suivit la route de Mossoul et
ils arrivèrent dans un village nommé al-Mou'nissah, à une journée de
marche de Nisibis, entre cet endroit et Mossoul qu’ils mirent à sac
alors que les habitants et les autres se cachèrent dans un
caravansérail mais tous furent tués.
Un homme de là-bas m’a raconté ce qui suit :
« Je me suis caché dans un bâtiment qui
contenait de la paille, pour qu’ils ne me capturent pas. Je les
regardais par une fenêtre du bâtiment. A chaque fois qu’ils allaient
tuer quelqu’un, il disait : « Non, pour l’amour de Dieu, » mais ils
le tuaient quand même. Quand ils eurent fini avec le village, qu’ils
eurent pillé ce qui s’y trouvait et fait prisonnières les femmes, je
les vis se divertir sur leurs chevaux, riant, chantant dans leur
langue et répétant les mots : « Non, pour l’amour de Dieu. » »
Un autre groupe encore se rendit à Nisibis sur
l’Euphrate, une partie de la région d’Amid. Ayant pillé et massacré,
ils retournèrent à Amid puis se rendirent à Badlis où la populace se
réfugia dans la citadelle dans les collines. Ils tuèrent un petit
nombre de personnes et mirent le feu à la ville. Un des habitants me
dit : « Si nous avions eu 500 cavaliers, pas un seul Tatar n’aurait
survécu, parce que la route est étroite entre les collines et
quelques hommes suffisent pour repousser de nombreux. »
De Badlis ils se rendirent à Khilat. Ils
descendirent sur une ville, une des dépendances de Khilat nommée «
Bakri, » une puissante place forte et la prirent à la force des
armes, tuant tout à l’intérieur. Puis ils partirent pour Arjish, une
autre dépendance de Khilat et une grande ville indépendante. Ils s’y
comportèrent de la même façon et ceci eut lieu au mois de Dzoul
Hijjah.
On m’a raconté leur histoire, que celui qui
écoute peut à peine croire du fait de la crainte d’eux qu’Allah
avait placé dans le cœur des gens. On a même dit que l’un d’eux
entra dans un village ou un quartier où se trouvait beaucoup de
monde et continua à les tuer un par un sans que personne n’osa lever
la main contre ce cavalier.
J’ai aussi entendu dire que l’un d’eux captura
un homme mais le Tatar n’avait rien sur lui pour le tuer alors il
lui dit : « Mets ta tête par terre et ne bouge pas. » L’homme posa
sa tête par terre, le Tatar alla chercher une épée et revint pour le
tuer sans qu’il ne bouge.
Un autre homme m’a raconté ce qui suit :
« Je voyageais sur la route avec 17 hommes. Un
cavalier tatar vint vers nous et nous dit de nous attacher les uns
les autres. Mes compagnons commencèrent à faire ce qu’il avait
ordonné. Je leur dis : « C’est un homme. Pourquoi ne le tuons-nous
pas et ne nous enfuyons nous pas ? » Ils répondirent : « Nous avons
peur. » Je répondis : « Cet homme à l’intention de te tuer sur le
champ. Tuons-le. Allah nous sauvera peut-être. » Par Allah pas un
seul n’osa agir alors je pris un couteau et le tuai. Nous nous
enfuîmes alors et furent en sécurité. »
Et il y eut de nombreux incidents comme
celui-ci.
De
l’arrivée d’un groupe de Tatars à Irbil et Daqouqah
Au mois de Dzoul Hijjah de cette année, un
groupe de Tatars arriva d’Azerbaïdjan dans la région d’Irbil. Ils
tuèrent les Iwa’i Turkmènes, les Kurdes Jouzqan et d’autre en chemin
avant d’entrer à Irbil. Ils mirent à sac les villages et
massacrèrent tous les habitants de ces régions qu’ils saisirent. Ils
perpétrèrent des actions abominables dont on n’entendit pas parler
des autres (nations).
Le souverain d’Irbil, Mouzaffar ad-Din prit le
champ de bataille avec ses troupes. Il demanda des renforts aux
troupes de Mossoul qui le rejoignirent. Quand il apprit que les
Tatars étaient retournés en Azerbaïdjan, il resta sur ses terres et
ne les poursuivit pas. Ils atteignirent le village d’al-Karkhini, la
ville de Daqouqah et d’autres et revinrent en toute sécurité sans
que personne ne leur ait causé le moindre mal et sans qu’aucun
soldat ne soit opposé à eux.
Ce sont des malheurs et des crises jamais vues
précédemment ni même à l’époque récente. Qu’Allah à Lui la Puissance
et la Gloire soit indulgent et Miséricordieux envers les Musulmans
et qu’Il éloigne d’eux l’ennemi.
Cette année s’acheva et nous n’avons pas
d’information confirmée sur Jalal ad-Din. Nous ne savons pas s’il a
été tué ou s’il se cache, s’il ne s’est pas révélé par crainte des
Tatars ou s’il a quitté le pays et Allah est Plus Savant.
Comme les
habitants d’Azerbaïdjan se soumirent aux Tatars
Vers la fin de cette année, tout le peuple
d’Azerbaïdjan se soumit aux Tatars et les supplia avec de l’argent,
de la soie chinoise, Khoy, Attabi et d’autres articles. La raison de
leur soumission est que Jalal ad-Din fut défait par les Tatars, son
armée anéantie et dispersée, les trainards saisis par les gens, et
les Tatars à Diyar Bakr, al-Jazirah, Irbil et Khilat firent ce
qu’ils firent sans que personne ne les arrête, sans que personne ne
les affronte et les princes de l’Islam rôdèrent dans leurs terriers.
S’ajoutant à cela le manque d’information au sujet de ce qui était
arrivé à Jalal ad-Din car aucune nouvelle n’arriva de sa part. Les
gens ne sachant pas quelle était sa situation, désespérèrent,
déclarèrent leur soumission aux Tatars et leur fournirent tout
l’argent et les vêtements qu’ils demandèrent.
Ce fut le cas avec la ville de Tabriz qui est
le cœur de l’Azerbaïdjan et vers qui tous les regards étaient
tournés et aussi leurs gens pour un chef. Le chef des Tatars campa
avec ses armées près de la ville et envoya un messager à ses
habitants les invitant à se soumettre et les menaçant en cas de
refus. Ils lui envoyèrent une grande quantité d’argent et des tissus
rares de toutes sortes, des soies entre autres, et toutes sortes de
choses, même du vin, et ils lui offrent leur soumission. Il leur
répondit en les remerciant et demanda à ce que leurs chefs se
présentent devant lui. Le Qadi de la ville, le chef et plusieurs
notables locaux allèrent le voir, mais Shams ad-Din at-Toughra’i ne
put les rejoindre et il fut celui vers qui tout le monde se tourna,
bien qu’il n’ait pas rendu cela évident.
Quand ces autres se présentèrent, il les
questionna au sujet du refus d’at-Toughra’i de venir. Ils dirent : «
C’est un homme qui vie en réclusion pieuse. Il n’a aucun rapport
avec les princes. Nous sommes les gens les plus importants. » Il ne
répondit pas puis leur demanda de réunir devant lui des fabricants
de tissus chinois et autres, afin qu’ils puissent être employé pour
leur grand dirigeant car cet homme était l’un des sujets de ce
dirigeant.
Les artisans furent convoqués et il les employa
à produire ce qu’ils voulaient. Les gens de Tabriz payèrent le prix.
Puis il leur demanda une tente, aussi pour son dirigeant, et ils
firent donc une tente comme on n’en avait jamais vue auparavant. Ils
firent l’extérieur de fin satin brodé et l’intérieur de zibeline et
de peaux de castor. Cela leur couta très cher. Il leur imposa (au
notable) un tribut annuel en argent comptant. L’envoyé Tatar fit la
navette entre le Diwan califal et plusieurs princes leur demandant
de ne pas offrir leur aide à Khwarezm Shah.
J’ai lu une lettre qui arriva d’un commerçant,
un habitant d’ar-Rayy, l’an dernier avant l’incursion des Tatars.
Quand les Tatars arrivèrent à ar-Rayy et que le peuple se soumit à
eux et qu’ils allèrent en Azerbaïdjan, il voyagea avec eux vers
Tabriz et écrivit à ses collègues à Mossoul ce qui suit : « Nous ne
pouvons décrire le mécréant, qu’Allah le maudisse, ni parler de ses
hordes à moins de briser le cœur des Musulmans car la situation est
très grave. N’imaginez pas que le but de ce groupe qui vint à
Nisibis et Khabour et l’autre groupe qui atteignit Irbil et Daqouqah
était des pilleurs. Ils voulaient simplement savoir s’il y avait ou
non dans ce pays quiconque qui puisse leur résister. Quand ils
revinrent, ils parlèrent à leur souverain du manque de protection ou
de défense du pays et que la terre était dépourvue de toute autorité
ou soldats. Leur avide ambition augmenta et ils vont vous attaquer
au printemps. Il ne vous reste nulle part où aller excepté l’ouest
car leur projet est d’envahir toutes les terres. Faites attention à
vous. »
Quant à Jalal ad-Din, jusqu’à la fin de l’année
628 de l’Hégire (1231) il n’y avait toujours pas de nouvelles de lui
et de même jusqu’à la fin du mois de Safar 629 de l’Hégire (1231).
Allah est Celui de qui vient le secours.
Cette année, il y avait peu de pluie dans
al-Jazirah et la Syrie, notamment à Alep et ses dépendances, ou elle
fut extrêmement rare. Les prix augmentèrent et la hausse des prix à
Alep fut la pire même si ce cela ne fut pas aussi grave qu’il l’a
été mentionné au cours des dernières années. L’Atabeg Shihab ad-Din,
qui était en charge des affaires à Alep, la source des ordres et des
interdictions, le régent et le défenseur pour son sultan, al-‘Aziz
Ibn az-Zahir, fournit beaucoup de son propre argent, des céréales et
accorda des aumône abondante. Il administra si bien la ville qu’il
n’y eut aucun signe
évident de la pénurie et des prix élevés. Qu’Allah le récompense des
meilleures récompenses.
Cette année aussi, les croisés en Syrie,
qu’Allah les maudisse, attaquèrent la ville de Jabalah qui est l’une
des villes dépendantes d’Alep. Ils entrèrent et prirent du butin et
des prisonniers. L’Atabeg Shihab ad-Din envoya des troupes contre
eux avec un émir à qui il donna cette région en fief. Il engagea les
croisés, tua beaucoup d’entre eux et récupéra les prisonniers et le
butin.
Ici prend fin les évènements relatifs aux
croisés et aux Tatars d’al-Kamil
fit-Tarikh d’Ibn al-Athir, qu’Allah lui fasse miséricorde.
[1]
Excellente leçon pour ceux qui préfère les « bons »mécréants
aux « pires » Musulmans !
[2]
Connaissiez-vous cette histoire ? Et bien s’il est vrai que
j’en ai entendu parler plus d’une fois mais sans pour autant
chercher à la connaitre excepté aujourd’hui alors que je
relis le texte pour la correction. L’histoire de Majnoun et
Layla est très ancienne et elle est l’histoire d’amour la
plus populaire au Moyen-Orient, en Asie centrale, chez les
Arabes, Turcs, Afghans, Tadjiks, Kurdes, Indiens,
Pakistanais et Azerbaïdjanais. Voici donc ce qui apparait
être une histoire pas tout à fait banale :
« Il y a bien longtemps, le beau
Qays, fils d’une illustre famille de Bédouins, tomba
éperdument amoureux de sa cousine Layla. Le jeune homme, un
poète, ne put s’empêcher de chanter son amour à tous les
vents et exprima sans retenue son souhait d’épouser la belle
Layla.
Mais chez les Bédouins, il est de
tradition que ce soit les pères qui règlent les mariages. Le
désir crié par Qays devint une ombre sur leur autorité et
ceux-ci refusèrent donc cette union. Il se servit alors de
ses poèmes comme d’une arme contre le pouvoir mais la
famille de Layla obtint alors du calife la permission de
tuer l’arrogant amoureux.
Le calife fit venir Layla pour voir
sa si grande beauté et découvrit avec stupeur qu’il
s’agissait d’une jeune femme plutôt maigre, au teint brûlé
par le soleil. Il décida alors de faire venir Qays et
l’interrogea : « Pourquoi aimes-tu cette femme qui n’a rien
d’extraordinaire ? Elle est moins belle que la moins belle
de mes femmes. »
Et Qays répondit : « C’est parce que
tu n’as pas mes yeux pour voir sa beauté et mon amour pour
elle est infini. »
La famille de Qays demanda Layla en
mariage contre cinquante chamelles mais le père de Layla
refusa et Qays perdit la raison. Son père l’emmena à La
Mecque pour qu’il retrouve ses esprits parce que le jeune
homme entendait une voix qui lui criait sans cesse le prénom
de son amour. Son obsession devint telle qu’on l’appela
alors al-Majnoun (le possédé) de Layla.
Un jour que Majnoun était
tranquillement chez lui, rêvant à son amour, un ami vint le
prévenir que Layla était devant sa porte et le poète fou eut
pour seule réponse : « Dis-lui de passer son chemin car elle
m’empêcherait de penser à l’amour de Layla. »
Quelque temps plus tard, Layla se
maria et quitta la région. Majnoun partit vivre dans le
désert avec les animaux sauvages et certains prétendirent
l’avoir vu manger de l’herbe avec les gazelles puis, un
jour, on découvrit son corps inanimé, protégeant un ultime
poème dédié à son amour… » Un grand nombre de poètes on
reprit ce thème et écrit leur propre version de Majnoun et
Layla !