Une série d’événements qui doivent servir de leçon
En l’an 493 de l’Hégire (1099) les
marchandises et les maisons des Banou Jahir à la Porte des Roturiers
furent vendues. L’argent récolté vint à Mouayyad al-Moulk mais il
fut tué en l’an 494 (1100) et sa propriété et ses bagages furent
vendus. Tout fut saisit et porté au vizir al-A’azz qui fut à son
tour tué, ses biens vendues et sa richesse partagée. Le sultan et
ceux qui lui succédèrent au poste en prirent la plupart et fut
dispersé aux quatre vents. C’est le résultat des services aux
princes.
Ce que St
Gilles le croisé fit au siège de Tripoli
En l’an 495 de l’Hégire (1101), St Gilles le
croisé (qu’Allah les maudisse) rencontra Kilij Arsalan Ibn Souleyman
Ibn Qoutloumish, le seigneur de Konya, quand le premier était à la
tête de 100 000 guerriers et le dernier à la tête d’une petite
bande. Ils luttèrent et les croisés furent vaincus. Un grand nombre
furent tués et un aussi grand nombre pris captif. Kilij Arsalan
revint avec le butin et une victoire sur laquelle il n’avait pas
escompté. Vaincu et avec 300 hommes, St Gilles poursuivit sa route
en Syrie.
Fakhr al-Moulk Ibn ‘Ammar, le seigneur de
Tripoli, envoya à l’émir Yakhouz, Janah ad-Dawlah son député
responsable de Homs et au prince Douqaq Ibn Toutoush, pour leur dire
: « Notre meilleure solution est d’agir rapidement avec le croisé
tant qu’il a ce nombre réduit. » L’émir Yakhouz partit aussitôt en
personne et Douqaq envoya 2 000 soldats. Des renforts de Tripoli les
rejoignirent et ils se rassemblèrent devant les portes de Tripoli et
établirent des lignes de bataille pour affronter le croisé qui
envoya cent de ses hommes contre les hommes de Tripoli, cent contre
les troupes de Damas, cinquante contre les troupes de Homs tandis
qu’il resta lui-même avec cinquante soldats. Les troupes de Homs
rompirent dès qu’ils virent l’ennemi et s’enfuirent, suivit par la
force damascène. Les hommes de Tripoli luttèrent contre les cent qui
s’opposèrent à eux puis après observation, St Gilles (Raymond de)
chargea avec ses 200 soldats et détruisit les hommes de Tripoli,
tuant 7 000 d’entre eux. Puis, il se prépara pour assiéger Tripoli.
Les habitants de Jabal et d’as-Sawad, qui
pour la plupart d’entre eux était des Chrétiens, allèrent le
retrouver et l’aidèrent dans le siège. Les défenseurs luttèrent plus
vaillamment et les trois cents croisés furent tués. Leur roi fit une
trêve en échange d’argent et de chevaux et se retira dans la ville
de Tartous (Antartous ou Tortose) dans le district de Tripoli et
l’assiégea. La ville tomba et tous les Musulmans furent tués. Puis,
il procéda vers la forteresse d’at-Touban près de Rafaniyah et dont
le commandant était appelé Ibn al-‘Arid qui résista et la garnison
du fort emporta la victoire et fit prisonnier un des plus grands
chevaliers croisé qui se rançonna pour 10 000 dinars et 1 000
captifs mais Ibn al-‘Arid refusa.
Des actions
des croisés
Cette année, le Danishmand libéra Bohémond,
le seigneur croisé d’Antioche, qu’il avait capturé comme cela a déjà
été mentionné. Il reçut de lui 100 000 dinars et la promesse qu’il
libérerait la fille de Yaghi Siyan qui avait été le seigneur
d’Antioche et qui était prisonnière de Bohémond.
Libéré de prison, Bohémond revint à Antioche
ce qui renforca beaucoup le moral de ses gens. À peine s’était-il
installé qu’il envoya demander le tribut aux habitants des Marches,
de Qinnassrine et du voisinage. De ce fait, les Musulmans
souffrirent tellement que les bâtiments protecteurs que le
Danishmand avait construits tombèrent en ruine.
St Gilles marcha alors sur le château des
singes (Hisn al-Akrad) qu’il assiégea. Janah ad-Dawlah rassembla ses
forces pour le surprendre mais un batini l’assassinat dans la
mosquée centrale. Il a été rapporté que son beau-fils Ridwan mit sa
tête à prix. Après sa mort, le maudit croisé arriva devant Homs le
matin du jour suivant, investit la ville, bloqua ses habitants et
saisit les régions environnantes.
Le comte descendit sur Acre au mois de
Joumadah Thani de cette même année et commença un siège renforcé. Il
prit pratiquement l’endroit après avoir monté des tours de siège et
des trébuchets tandis que seize de ses navires attaquait depuis la
mer. Les Musulmans de toutes les autres régions côtières se
rassemblèrent, attaquèrent leurs machines et leurs tours et les
incendièrent ainsi que les navires. Ce fut une magnifique victoire
par laquelle Allah Exalté humilia les mécréants.
Cette année le comte et seigneur d’Edesse
vint à Beyrouth sur la côte syrienne et l’assiégea durant une longue
période mais ne rencontra aucun succès et se retira.
Au mois de Rajab de cette année, les forces
égyptiennes marchèrent sur Ascalon pour libérer les terres syriennes
qui étaient entre les mains des croisés. Baldwin, le seigneur de
Jérusalem, ayant été informé de leur approche, sortit à leur
rencontre avec 700 chevaliers. Allah le Très Haut donna la victoire
aux Musulmans dans la bataille et les croisés s’enfuirent après
qu’un grand nombre d’entre eux fut tué. Baldwin s’enfuit et se cacha
dans un bosquet de roseaux qui fut incendié. Une partie de son corps
fut brûlé mais il réussit a échappé au feu en partant dans la
direction de Ramlah. Les Musulmans le poursuivirent et
l’encerclèrent mais il se déguisa et s’échappa de nouveau vers
Jaffa. Beaucoup de ses hommes furent tués ou capturés.
Compte
rendu des actions des croisés en Syrie
En l’an 496 de l’Hégire (1102), al-Afdal
l’émir al-Jouyoush d’Egypte envoya en Syrie un Mamelouke de son
père, nommé Sa’d ad-Dawlah et mieux connu sous le nom d’at-Tawashi,
pour lutter contre les croisés commandés par Baldwin (qu’Allah le
maudisse) qu’il rencontra entre Ramlah et Jaffa. Ils établirent
leurs lignes de bataille et quand la bataille commença,
les croisés firent une charge sans réserve et les Musulmans
s’enfuirent du champ de bataille.
Les astrologues avaient prédit à Sa’d
ad-Dawlah qu’il mourrait d’une chute à cheval et il était donc très
prudent à chaque fois qu’il montait. Quand il devint gouverneur de
Beyrouth où la terre était pavée, il fit enlever le dallage de peur
que son cheval ne glisse ou trébuche et qu’il chute. La prudence ne
l’aida pas quand le destin frappa. Il s’enfuit durant cette bataille
mais son cheval glissa et il mourut des suites de sa chute. Les
croisés saisirent ses tentes et tout ce que les Musulmans avaient
emmené avec eux.
Après cela, al-Afdal envoya son fils Sharaf
al-Ma’ali à la tête d’une grande force qui rencontra les croisés à
Yazour près de Ramlah. Les croisés furent vaincus et un grand nombre
d’entre eux fut abattu tandis que leurs survivants revinrent
épuisés. Quand Baldwin vu combien les choses étaient sérieuses, il
craignit la mort ou la captivité et se jeta dans un fourré ou il se
cacha. Dès que les Musulmans furent à une distance respectable, il
sortit de sa cachette et se rendit à Ramlah. Sharaf al-Ma’ali Ibn
Afdal quitta le champ de bataille et assiégea un château à Ramlah où
se trouvaient 700 nobles croisés, y compris Baldwin qui partit
déguisé pour Jaffa. Durant quinze jours le fils d’al-Afdal lutta
contre ceux qui étaient restés et les captura par la suite ensuite.
Il tua 400 d’entre eux de sang-froid et envoya 300 comme prisonniers
en Egypte.
Ses suivants furent en désaccord sur leur
objectif suivant. Certains dirent : « Permet-nous d’attaquer
Jérusalem et la conquérir » et d’autres dirent : « Permet-nous
d’attaquer Jaffa et la prendre. » Alors qu’ils étaient en désaccord,
une grande foule de croisés arriva en bateau pour le pèlerinage à
Jérusalem. Baldwin leur ordonna de le rejoindre pour mener une
expédition. Ils marchèrent alors sur Ascalon, où se trouvait Sharaf
al-Ma’ali. Il n’était pas assez fort pour s’opposer à eux mais Allah
Exalté étendit Sa Bonté sur les Musulmans. Les croisés d’outre-mer
virent combien Ascalon était fortifiée et craignant une attaque
nocturne, ils se retirèrent à Jaffa. Ibn al-Afdal retourna chez son
père qui envoya Taj al-‘Ajam, un du plus grand Mamelouke de son
père, par voie terrestre avec 4 000 cavaliers et une flotte
commandée par un homme nommé Qadi Ibn Qadous. La flotte bloqua Jaffa
pendant que Taj al-‘Ajam vint à Ascalon. Ibn Qadous contacta Taj
al-‘Ajam pour lui demander de le rejoindre pour unir leur action
militaire contre les croisés mais il dit : « Je ne peux pas te
rejoindre sauf par ordre d’al-Afdal » et il ne fit donc rien pour
l’aider. Ibn Qadous envoya au Qadi d’Ascalon les fonctionnaires et
les notables locaux qui prirent leurs déclarations signées qu’il
était resté vingt jours à Jaffa, qu’il avait appelé Taj al-‘Ajam qui
n’avait ni répondu à son appel ni envoyé le moindre homme. Quand
al-Afdal se rendit compte de ce qui était arrivé, il envoya des gens
qui arrêtèrent Taj al-‘Ajam et il envoya un autre homme, nommé Jamal
al-Moulk, qu’il plaça dans Ascalon et en fit le commandant des
troupes syriennes.
Vers la fin de cette année, les croisés
(qu’Allah les maudisse) occupaient Jérusalem et la Palestine excepté
Ascalon, Jaffa, Arsouf, Césarée, Hayfa, Tibériade, Lattaquié et
Antioche et dans Bilad ar-Rafidayn (Mésopotamie)
Edesse et Sarouj.
St Gilles assiégea la ville de Tripoli bien
que les provisions y transitaient. Il fut retenu par Fakhr al-Moulk
Ibn ‘Ammar, qui envoyait ses hommes dans des navires pour razzier
les terres occupées par les mains des croisés et tuer quiconque ils
trouveraient. Son but était d’éloigner de la campagne les gens qui
pourraient cultiver, pour rendre les croisés à court de provisions
pour qu’ils partent.
Les croisés
attaquent Raqqa et Qal’at Ja’bar
Au mois de Safar de l’année 497 de l’Hégire
(1103), les croisés d’Edesse attaquèrent la plaine de Raqqa et de
Qal’at Ja’bar. Quand ils quittèrent Edesse, ils se divisèrent en
deux groupes et voyagèrent de leur base durant un jour vers les deux
villes où ils devaient mener leur raid. Ils razzièrent comme ils le
planifièrent et emmenèrent tout le bétail ainsi qu’ils firent
prisonniers tous les Musulmans qui tombèrent dans leurs mains. Les
deux villes étaient gouvernée par Salim Ibn Malik Ibn Badran Ibn
al-Mouqallad Ibn al-Moussayab et qui lui avait été donné par Malik
Shah en l’an 479 de l’Hégire (1086), comme nous l’avons mentionné
lors de cette année.
La conquête de Joubayl et d’Acre en
Syrie par les croisés
Des navires transportant des marchands, des
troupes, des pèlerins et d’autres des terres des croisés arrivèrent
cette année dans la ville de Lattaquié. St Gilles le croisé leur
demanda de l’aide pour assiéger Tripoli qu’ils assiégèrent ensemble
par terre et mer et après plusieurs jours d’un sévère blocus sans
succès, ils se dirigèrent vers Joubayl qu’ils assiégèrent et
attaquèrent violemment. Lorsque les habitants virent qu’ils ne
pourraient pas résister aux croisés, ils acceptèrent des termes et
abandonnèrent la ville. Cependant, les croisés, malédiction d’Allah
sur eux, violèrent les termes et saisirent violemment leurs
propriétés en utilisant toutes sortes de punitions et de tortures.
Quand ils finirent avec Joubayl, ils vinrent
à Acre où Baldwin, le roi des croisés et le souverain de Jérusalem,
réquisitionna leurs services pour le siège et ils assiégèrent la
ville par terre et mer. Bana, le gouverneur de ville, plus connu
sous le nom de Zahr ad-Dawlah al-Jouyoush indiquant son affiliation
à l’émir al-Jouyoush al-Afdal, s’opposa à eux autant qu’il put et
finalement, incapable de tenir la ville la quitta et les croisés,
malédiction d’Allah sur eux, prirent la ville de force par l’épée en
commettant des actes odieux sur les habitants. Le gouverneur alla à
Damas où il resta jusqu’à ce qu’il revienne en Egypte ou il fit ses
excuses à al-Afdal qui accepta son plaidoyer.
Comment Souqman et Joukarmish
attaquèrent les croisés
Quand les croisés (puisse Allah les
anéantir) vantèrent leurs conquêtes des territoires islamiques et,
heureusement pour eux, les armées et les princes d’Islam étaient
distraits luttant les uns contre les autres, alors les Musulmans se
divisèrent sur leurs opinions, leurs ambitions et leurs richesses se
dissipèrent.
Harran était aux mains d’un Mamelouk de
Malik Shah, nommé Qaraja, qui l’année précédente nomma comme son
député un homme appelé Muhammad al-Isfahani avant de partir.
Al-Isfahani se révolta contre Qaraja aidé par les habitants à cause
de son oppression. Al-Isfahani était ferme et audacieux et ne permis
à aucun partisan de Qaraja de rester dans Harran autre que le
Mamelouk turc Jawouli dont il fit le commandant en chef de son
armée. Il devint ami avec lui et un jour le joignit pour une
soûlerie. Jawouli avait projeté avec un de ses domestiques de le
tuer et ils le tuèrent alors qu’il était ivre. À ce point, les
croisés marchèrent sur Harran et l’assiégèrent.
Il y avait des hostilités entre al-Mou’in
ad-Dawlah Souqman et Shams ad-Dawlah Joukarmish depuis que Souqman
chercha la vengeance pour le meurtre de son neveu (la raison du
meurtre de Joukarmish sera rapporté s’il plait à Allah) et tous les
deux se préparèrent à s’affronter. Quand leur parvinrent les
nouvelles, ils s’envoyèrent mutuellement des messages pour appeler à
l’unité pour sauver la situation de Harran et en annonçant qu’il
s’était offert au service d’Allah Exalté en échange de Sa récompense
future. Chacun accepta les conditions de l’autre, se préparèrent et
se rencontrèrent al-Khabour, où ils firent des serments réciproques
avant de marcher à la rencontre des croisés.
Souqman avaient 7 000 chevaliers turcomans
tandis que Joukarmish avait 3 000 chevaliers turcs, arabes et
kurdes. Ils rencontrèrent les croisés près du fleuve Balikh, où les
armées se rangèrent pour la bataille. Les Musulmans feignirent la
fuite et furent poursuivis par les croisés sur environ quatre
kilomètres puis les Musulmans firent volteface et les massacrèrent à
volonté. Les mains des Turcomans se remplirent de butin et ils
acquirent d’immenses richesses parce que le camp croisés était à
proximité. Le seigneur d’Antioche et Tancrède, le seigneur de la
Côte, s’étaient retirés derrière une colline pour prendre les
Musulmans à revers lorsque la bataille se serait engagé. Quand ils
émergèrent, ils virent les croisés en fuite et le camp de leurs
soldats pillé. Ils attendirent tous les deux jusqu’à la tombée de la
nuit pour s’enfuir ensemble. Les musulmans les poursuivirent et
tuèrent un grand nombre d’entre eux et prirent un nombre similaire
de prisonniers. Seuls les deux rois réussirent à s’enfuir avec six
chevaliers.
Le comte Baldwin, le seigneur d’Edesse,
s’enfuit avec plusieurs de leurs nobles. Ils traversèrent le fleuve
Balikh mais leurs chevaux s’enfoncèrent dans la boue. Un des hommes
de Souqman, un Turcoman, arriva et les captura. Il ramena Baldwin
dans la tente de son maître qui s’était lancé avec certains de ses
hommes à la poursuite de Bohémond. Les partisans de Joukarmish
virent que les hommes de Souqman avaient saisi la propriété du
croisé et qu’ils retournaient sans butin supplémentaire. Ils dirent
donc à Joukarmish : « Que sera notre réputation parmi nos pairs et
les Turcomans si ces derniers partent avec le butin et que nous
n’avons aucune part ? » Ils le persuadèrent de saisir le comte et il
envoya donc des hommes qui prirent le croisé des tentes de Souqman.
Quand ce dernier revint, il fut outragé et ses hommes voulurent en
découdre mais il les retint en disant : « Ne permettez pas la joie
des Musulmans pour cette expédition d’être remplacés par le
désespoir à cause de nos désaccords. Je préfère ne pas apaiser ma
colère pour que se réjouisse nos ennemis des problèmes musulmans. »
Il partit immédiatement, en prenant les armes des croisés avec leurs
drapeaux. Il donna à ses hommes les vêtements croisés et leur
demanda de les vêtir ainsi que de monter leurs chevaux puis, il se
rendit dans un certain nombre de châteaux de Shayhan tenus par les
croisés, qui en les voyants crurent que leurs camarades avaient été
victorieux, seulement pour être tués et perdre leur château et cela
arriva à un certain nombre de châteaux.
Joukarmish, d’autre part, alla à Harran et
reçut sa capitulation. Ayant pris des dispositions pour qu’un de ses
députés prenne possession de la ville, il partit pour Edesse qu’il
assiégea durant quinze jours avant de revenir à Mossoul en prenant
le comte avec lui qu’il avait saisi des tentes de Souqman. Le comte
se rançonna lui-même pour trente-cinq dinars et 160 captifs
musulmans. Le nombre des croisés qui furent tué s’éleva à 12 000.
Il y eut cette année beaucoup d’agitations
parmi la population de Baghdad ou les gangs urbains se répandirent.
De même Abou Nou’aym Ibn Sawah, le docteur
Wassiti fut tué et il était un expert dans la pratique médicale avec
beaucoup d’excellents succès à son crédit.
Le sultan Sinjar désista son vizir al-Moujir
Abou al-Fath at-Toughra’i cette année. Cela arriva parce que l’émir
Bouzghoush, le commandant en chef de l’armée de Sinjar, lui lanca un
message disant : « Tu ne prospéreras pas avec ce sultan. » Puis un
autre atterri chez Sinjar : « Tu ne prospéreras pas avec l’émir
Bouzghoush et la grandeur de sa suite. » Bouzghoush rassembla les
fonctionnaires enturbannés et leur montra les deux missives. Ils
convinrent que l’employé de bureau d’at-Toughra’i était le suspect.
L’évidence contre lui fut préparée et il fut exécuté. Sinjar arrêta
at-Toughra’i et eut l’intention de l’exécuter mais Bouzghoush
l’empêcha et dit : « Il est dû quelque chose pour un service » et
Sinjar l’exila à Ghazna.
Cette même année Bouzghoush rassembla une
large troupe du Khorasan et un grand nombre de volontaires se
joignit à lui. Il marcha pour lutter contre les ismaéliens et
attaqua Tabas qui était entre leurs mains. Ses troupes réduisirent
les châteaux et les villages voisins en ruines. Beaucoup furent tués
ou pris en captivité et pillés tandis que des choses horribles leur
furent faites. Les fonctionnaires de Sinjar avisèrent que l’on
devrait leur accorder des garanties de sécurité et qu’il devrait
être stipulé qu’ils ne construisent aucun château, n’achètent aucune
arme et n’appellent personne pour accepter leurs convictions.
Beaucoup de personnes furent mécontentes avec ces termes et cette
paix et ils retournèrent leur colère contre Sinjar. Puis après son
retour de cette expédition, Bouzghoush mourut et l’acte final de sa
carrière fut cette expédition de Jihad (puisse Allah Exalté être
Clément envers lui)
L’état
des batini au Khorasan
En l’an 498 de l’Hégire (1104), un grand
groupe d’ismaéliens de Touraythith, un des districts de Bayhaq,
quittèrent la ville et organisèrent des raids proches et lointains
dans l’ensemble de cette région où ils tuèrent un grand nombre des
habitants. Ils pillèrent leur propriété et prirent leurs femmes en
captivité, trahissant leur précédente trêve.
Cette année leur cause se fortifia et leur
pouvoir augmenta. Ils ne retinrent pas leurs mains contre ceux
qu’ils voulaient tuer parce que les sultans étaient distraits. Voici
une des choses qu’ils firent. Une caravane de pèlerins se rassembla
cette année de la Transoxiane, le Khorasan, l’Inde et ailleurs.
Quand ils arrivèrent à Khouwar ar-Rayy, les maudits batini les
attaquèrent à l’aube et les passèrent par le fil de l’épée. Ils les
tuèrent à volonté et prirent leurs marchandises et leurs troupeaux
comme butin sans rien laisser.
Ils tuèrent aussi cette année Abou Ja’far
Ibn al-Moushat, un des principaux savant Shafi’i qui avait été un
élève d’al-Khoujandi. Il avait l’habitude d’enseigner et donner des
sermons dans Rayy. Quand il descendit de sa chaire d’enseignant, un
batini arriva et le tua.
Comment les croisés ont tenu cette
année par rapport aux Musulmans en Syrie
Au mois de Sha’ban de cette année, il y eut
une bataille entre Tancrède le croisé, le seigneur d’Antioche et le
prince Ridwan seigneur d’Alep au cours de laquelle ce dernier fut
vaincu.
Cela arriva après que Tancrède ait assiégé
le fort d’Artah ou se trouvait le lieutenant du prince Ridwan. Les
croisés, qu’Allah les maudisse, resserrèrent le blocus sure les
Musulmans et son lieutenant envoya un messager à Ridwan pour
demander de l’aide et l’informer du siège qu’il subissait et qui
l’avait affaibli. Ridwan se mit en route avec une large force de
cavaliers et 7 000 fantassins dont 3 000 étaient des volontaires
pour le Jihad qui arrivèrent à Qinnassrine tout près des croisés.
Quand Tancrède vit le grand nombre des Musulmans, il envoya un
messager à Ridwan pour faire la paix et qui accepta mais le
commandant Sabawah, qui était entré dans son service après la mort
d’Ayaz, argumenta sa décision. Il refusa donc de faire la paix et
les lignes de bataille furent établies. Les croisés se retirèrent
sans lutter puis dirent : « Retournons et faisons une charge soit
nous réussissons ou perdons ! » Ils chargèrent donc les Musulmans
qui ne tinrent pas ferme et se disloquèrent si bien que beaucoup
furent tués et autant furent fait prisonniers.
L’infanterie était déjà entrée dans le camp
croisé après leur retraite initiale et occupée à le piller et les
croisés les tuèrent. Seul un d’entre eux réussit à s’enfuir pour
être prit prisonnier pris plus tard. Ceux d’Artah fuirent Alep qui
fut pris par les croisés. Le commandant Sabawah se rendit chez
Toughtakin, l’Atabeg de Damas et se mit à son service.
Une bataille entre les croisés et
les Egyptiens
Au mois de Dzoul Hijjah de cette année, il y
eut une bataille entre les croisés et les Egyptiens qui se finit par
aucun avantage pour eux. Elle se produisit ainsi : Al-Afdal, le
vizir du souverain d’Egypte avait envoyé son fils Sharaf al-Ma’ali
contre les croisés l’année précédente. Il les avait battus et leur
avait pris Ramlah. Cependant, les Egyptiens et les Bédouin étaient
entrés en désaccord après que chacun prétendit que la victoire était
sienne et quand un détachement de croisés les attaqua, chacun
d’entre eux refusa de soutenir l’autre, et les croisés eurent la
main supérieure. Suite à cela, Sharaf al-Ma’ali retourna chez son
père en Egypte qui dépêcha son autre fils, Sana’ al-Moulk Houssayn,
avec plusieurs émirs dont Jamal al-Moulk, le gouverneur égyptien
d’Ascalon et demanda aussi de l’aide à Toughtakin, l’Atabeg de Damas
qui leur envoya le général Sabawah avec 1 300 cavaliers tandis que
les Egyptiens étaient au nombre de 5 000.
Baldwin, le seigneur de Jérusalem, d’Acre et
de Jaffa sortit à leur rencontre avec 1 300 cavaliers et 8 000
fantassins et la bataille eut lieu entre Ascalon et Jaffa. Aucun
côté ne gagna une victoire décisive sur l’autre et chacun d’entre
eux perdit environ 1 200 hommes dont Jamal al-Moulk, l’émir
d’Ascalon.
Quand les Musulmans virent l’égalité des
dommages de chaque côté, ils cessèrent la bataille et revinrent à
Ascalon tandis que Sabawah revint à Damas. Plusieurs Musulmans
combattaient aux côtés des croisés dont Baktash Ibn Toutoush.
Toughtakin avait transféré la souveraineté à son neveu, le fils de
Douqaq, encore un petit enfant, comme nous l’avons relaté et c’est
ce qui motiva Baktash de rejoindre les croisés.
Cette année, la variole se répandit dans
beaucoup de pays surtout en Irak, où elle toucha toutes les régions.
Un nombre incalculable d’enfants périt et cette épidémie fut suivie
par beaucoup de maladie et une grande mortalité.
Récit de la bataille entre
Toughtakin et les croisés
Au mois de Safar de l’année 499 de l’Hégire
(1105), il y eut une bataille entre l’Atabeg Toughtakin, le seigneur
de Damas et un des puissants comtes des croisés qui arriva ainsi. Il
y eut une série de batailles et de raids entre l’armée de Damas et
de Baldwin, d’abord avec la victoire pour le premier et finalement
pour le dernier qui construisit un fort à environ deux jours de
marche de Damas. Toughtakin anxieux de ce qui pourrait en résulter
et du mal qui s’ensuivrait, rassembla ses forces et marcha contre
lui. Baldwin demanda alors de l’aide au comte de la région pour le
soutenir et l’aider contre les Musulmans mais ce dernier lui
répondit qu’il n’avait pas besoin de lui et qu’il était capable de
faire face aux Musulmans si ces derniers l’attaquaient et Baldwin
revint donc à Acre.
Toughtakin marcha contre les croisés et une
féroce bataille s’ensuivit. Deux émirs de l’armée de Damas
s’enfuirent et Toughtakin les poursuivit et les tua. Le croisés se
retirèrent et se réfugièrent dans leur fort. Toughtakin dit alors :
« Quiconque luttera vaillamment contre eux et me demande quelque
chose, je répondrais à sa demande et quiconque m’apportera une
pierre du fort, je lui remettrais cinq dinars. » Les fantassins
risquèrent leurs vies et grimpèrent jusqu’au château, le dévastèrent
et rapportèrent ses pierres à Toughtakin qui tint sa promesse. Il
ordonna de lancer les pierres dans la vallée et de tuer toute la
garnison excepté 200 hospitaliers qu’il prit comme captifs et seule
une poignée des occupants de la forteresse réussirent à s’enfuir.
Toughtakin revint victorieux à Damas et
quatre jours de festivités furent organisés dans la ville. Il partit
alors pour Rafaniyah, une des forteresses de Syrie, que les croisés
avaient conquise et qui était gouvernée par le neveu de St Gilles,
qui assiégeait en personne encore Tripoli. Toughtakin débuta le
siège et prit ensuite la forteresse en tuant les 500 croisés qu’y
s’y trouvait.
Compte rendu de la conquête de
Bosra par Toughtakin
En l’an 497 de l’Hégire (1103) et nous avons
relaté les circonstances du départ de Baktash Ibn Toutoush de Damas
et son ralliement avec les croisés, avec Aytakin al-Halabi, le
seigneur de Bosra et comment les deux allèrent à Rahbah et revinrent
ensuite. Quand leur situation s’affaiblit, Toughtakin marcha sur
Bosra et l’assiégea pendant que les hommes d’Aytakin le retenaient.
Ils entrèrent alors en contact avec Toughtakin et offrirent leur
capitulation après un délai qu’ils fixèrent entre eux. Il accepta et
se retira à Damas. Quand la période fixée à cette année s’écoula,
ils livrèrent la place et Toughtakin traita les hommes avec égard et
remplit les promesses qu’il leur avait faites. Il les traita avec le
plus grand respect et ils le louèrent grandement et appelèrent les
bénédictions sur lui. Leurs cœurs s’inclinèrent vers lui et ils
finirent par l’aimer.
La prise de la forteresse d’Apamée
par les croisés
Cette année les croisés prirent la
forteresse d’Apamée en Syrie et cela arriva de cette manière :
Khalaf Ibn Moula’ib al-Kilabi usurpa le pouvoir dans Homs et
provoqua beaucoup de mal. Ses hommes attaquèrent les voyageurs et
beaucoup de hors-la-loi le rejoignirent. Donc Toutoush Ibn Alp
Arsalan lui prit Homs et l’envoya au loin mais les changements de
fortune le menèrent à entrer en Egypte d’où il ne reçut l’attention
de personne et s’établit donc là.
Il arriva que le gouverneur de la part du
prince Ridwan d’Apamée, envoya au souverain d’Egypte, puisqu’il
avait des affinités, pour lui demander quelqu’un à qui il pourrait
abandonner une puissante forteresse. Ibn Moula’ib présenta une
requête pour qu’il en soit résident disant : « J’ai l’intense désir
de lutter contre les croisés et je me suis consacré au Jihad. » Ils
lui donnèrent donc la forteresse tout en lui prenant des otages qui
serviraient de garantie. Dès qu’il eut y prit le pouvoir, il renia
sa fidélité et n’observa pas ce sur quoi ils s’étaient entendu. Ils
lui envoyèrent des menaces en lui disant ce qu’ils feraient à son
fils qu’ils détenaient mais il répondit : « Je ne renoncerai pas à
mon endroit. Envoyez-moi un des membres de mon fils et je le
mangerai ! » Ils désespérèrent de son retour à l’obéissance et il
resta dans Apamée, terrifiant les voyageurs et interrompant la
circulation. Beaucoup de scélérats affluèrent de nouveau vers lui il
devint immensément riche.
Alors les croisés prirent Sarmin, une des
dépendances d’Alep, dont les habitants étaient des extrémistes
shiites qui se dispersèrent après la conquête des croisés. Le Qadi
rejoignit Ibn Moula’ib et habita avec lui, honoré, aimé et confiant
mais il monta un stratagème contre ce dernier. Il écrivit à Abou
Tahir, surnommé as-Sa’igh, un des commandants du prince Ridwan mais
aussi un chef batini et un de leurs agents, et ensemble concordèrent
un plan pour assassiner Ibn Moula’ib et donner Apamée à Ridwan mais
le secret perça. Ses fils qui s’étaient échappés d’Egypte
rejoignirent Ibn Moula’ib et lui dirent : « Nous avons entendu ainsi
et ainsi de ce Qadi. Le meilleur plan est de t’occuper de lui et
d’être sur tes gardes. L’affaire est connue publiquement. » Ibn
Moula’ib le convoqua et il vint avec une copie du Qur’an dans sa
manche parce qu’il avait vu les signes de problème. Ibn Moula’ib lui
répéta ce qui était venu à ses oreilles, ce à quoi il répondit : « O
émir, chacun sait que je suis venu chez toi effrayé et affamé. Tu
m’as donné la sécurité, m’a enrichi et m’a tenu en estime. Je me
suis donc devenu riche et influent. Si certains d’entre ceux qui
envient ma position près de toi et tes faveurs à mon égard m’ont
diffamé, je te demande de prendre tout ce que j’ai et je partirai
comme je suis venu. » Il jura être sincère et fidèle et Ibn Moula’ib
accepta son apologie et lui accorda sa protection.
Le Qadi renouvela sa correspondance avec
Abou Tahir as-Sa’igh et lui conseilla de se mettre d’accord avec
Ridwan pour envoyer à 300 hommes de Sarmin et d’envoyer avec eux
quelques chevaux francs, des armes et certaines têtes croisées puis
d’aller trouver Ibn Moula’ib et feindre d’être des Moujahidine se
plaignant d’être maltraités par Ridwan et ses hommes, ce qui les
avaient poussés à le quitter puis, qu’ils avaient rencontrés un
détachement de croisés qu’ils avaient vaincus et apporter tout ce
qu’ils avaient à Ibn Moula’ib. Alors quand il leur permettrait de
rester, ils conviendraient d’un autre plan pour le chasser et Abou
Tahir exécuta le plan à la lettre. Ses hommes arrivèrent à Apamée et
vinrent trouver Ibn Moula’ib avec les chevaux et d’autres choses. Il
les accepta et leur ordonna de rester avec lui, en les logeant dans
la banlieue d’Apamée.
Une certaine nuit où la garde dormait dans
le château, le Qadi et certains hommes de Sarmin dans la forteresse
laissèrent couler des cordes et les nouveaux venus grimpèrent,
cherchèrent les fils d’Ibn Moula’ib, ses cousins et ses suivants et
tuèrent ces derniers. Le Qadi et quelques autres allèrent trouver
Ibn Moula’ib qui était avec ses émirs. Il les entendit s’approcher
et demanda : « Qui êtes-vous ? » « L’ange de la mort vient pour
saisir ton âme, » fut la réponse. Ibn Moula’ib les supplia au Nom
d’Allah mais il lui asséna un coup mortel sans hésitation et tua
aussi ses compagnons. Ses deux fils s’enfuirent mais l’un fut tué et
l’autre réussit à se rendre chez Abou-Hassan Ibn Mounqid, le
seigneur de Shayzar, qui lui donna protection à cause d’un pacte
entre eux.
As-Sa’igh se rendit alors à Apamée après
avoir entendu les nouvelles d’Apamée, persuadé que le fort lui
revenait maintenant mais le Qadi lui dit : « Si nous convenons d’un
accord mutuel et reste avec moi tu es le bienvenu et nous nous
mettrons sous ton commandement autrement retourne d’où tu viens » et
les espoirs d’as-Sa’igh furent anéantis.
Un des fils d’Ibn Moula’ib qui s’était
querellé avec son père était à Damas avec Toughtakin qui lui avait
confié la charge d’un fort et il s’était engagé à garder la route.
Cependant, il manqua à son devoir et s’abandonna au brigandage en
saisissant les caravanes. Les voyageurs demandèrent de l’aide à
Toughtakin qui envoya des gens pour le chasser. Il s’enfuit donc
chez les croisés et leur conseilla d’attaquer la forteresse d’Apamée
en leur disant : « Il n’y a de provisions que pour un mois. » Les
croisés l’assiégèrent et quand les habitants firent face à la famine
ils se rendirent. Les croisés tuèrent le Qadi qui était devenu un
despote et exécutèrent aussi as-Sa’igh, qui fut celui qui ramena les
convictions batini en Syrie.
C’est ce qu’une source a rapporté, à savoir
qu’Abou Tahir as-Sa’igh fut tué par les croisés à Apamée. Cependant,
d’autre ont dit que c’est Ibn Badi’, le gouverneur d’Alep qui le tua
en l’an 507 de l’hégire (1113) après la mort de Ridwan et nous
l’avons rapporté cette année et Allah est Plus Savant.
Comment les bédouins pillèrent
Bosra
Nous avons rapporté que l’émir Sadaqah prit
le contrôle de Bosra et y laissa son député, un Mamelouk qui avait
appartenu à son grand-père Doubays Ibn Mazyad, surnommé Altountash à
qui il confia 120 cavaliers. Les bédouins des Bani Rabi’ah,
d’al-Mountafiq et d’autres tribus arabes qui les rallièrent et
ensemble en très grand nombre, attaquèrent Bosra. Altountash résista
mais il fut pris prisonnier tandis que ses hommes s’enfuirent quant
à la garnison, elle fut incapable de tenir la ville. Vers la fin du
mois de Dzoul Hijjah, les bédouins entrèrent par la force des armes
et pillèrent et incendièrent tout ce qu’ils purent durant
trente-deux jours de saccage. La population s’enfuit comme des
réfugiés dans le pays et une bibliothèque caritative qui avait été
établie par le Qadi Abou-Faraj Ibn Abi al-Baqa’ fut dévalisée.
Les nouvelles parvinrent à Sadaqah qui
expédia une force qui arriva quand les bédouins était déjà parti.
Sultan Muhammad envoya alors un préfet et un administrateur civil à
Bosra qui l’enlevèrent à Sadaqah. La population revint et commencé
la reconstruction de la ville.
L’état de la ville syrienne de
Tripoli par rapport aux croisés
St Gilles le croisé prit Jabalah et
poursuivit son siège de Tripoli et voyant qu’il était incapable de
capturer l’endroit, il construisit une forteresse dans le voisinage
et un quartier de logement au-dessous de lui puis il garda un œil
vigilant sur la ville et attendit l’arrivée d’une opportunité pour
attaquer.
Fakhr al-Moulk Abou ‘Ali Ibn ‘Ammar, le
seigneur de Tripoli fit une sortie et incendia la colonie. Le croisé
était sur un des toits brûlants, avec plusieurs de ses comtes et
chevaliers quand il s’effondra sous lui et suite à cela, St Gilles
tomba malade dix jours et ensuite mourut. Il fut emmené à Jérusalem
et enterré là.
L’empereur Byzantin ordonna à ses hommes de
Lattaquié de transporter par navires des provisions pour les croisés
à Tripoli mais Fakhr al-Moulk Ibn ‘Ammar envoya une flotte pour
l’intercepter. Une féroce bataille s’ensuivit entre les Byzantins et
les Musulmans qui abordèrent et capturèrent un de leur navire dont
ils prirent l’équipage prisonnier avant de revenir.
Le conflit entre les habitants de Tripoli et
les croisés dura cinq années. Les provisions diminuèrent et la
population craignit pour leurs vies, leurs enfants et leur famille.
Les pauvres partirent et les riches devinrent pauvres. Ibn ‘Ammar
démontra une grande endurance, du courage et une politique saine.
Une des choses qui porta atteinte aux
Musulmans est que le souverain de Tripoli demanda l’aide de Souqman
Ibn Artouq qui rassembla ses forces et se mis en marche mais il
décéda en cours de route comme nous l’avons rapporté (c’est Ibn
al-Athir qui dit souvent « comme nous l’avons rapporté » et que je
n’ai peut-être pas particulièrement traduit puisque je ne traduis
que les éléments relatifs aux hashashiyine, aux croisés et aux
Tatars) et Si Allah Exalté a décidé d’une chose, Il fait qu’elle
arrive !
Ibn Ammar paya les troupes et donna aux
nécessiteux. Quand son argent diminua, il commença à en prélever des
gens qu’il dépensait pour la cause du Jihad. Il prit de l’argent de
deux hommes riches et à d’autres aussi. Les deux riches (que la
malédiction d’Allah soit sur les traitres de tous les temps) se
rendirent chez les croisés et leur dirent : « Notre seigneur nous a
extorqué de l’argent et nous sommes venus pour vous rejoindre. »
Puis ils les informèrent aussi que les provisions venaient de ‘Arqa
et de Jabal si bien que les croisés, qu’Allah les maudisse,
postèrent un corps d’hommes de ce côté pour empêcher tout ce qui
pourrait entrer dans la ville. Ibn ‘Ammar proposa de grandes sommes
aux croisés pour qu’ils leur livrent les deux hommes mais ils
refusèrent, Cependant, Ibn ‘Ammar prit des dispositions pour que des
gens les assassinent.
Tripoli était une des plus grandes villes
d’Islam et un des plus élégantes et riches. Les habitants vendirent
une quantité innombrable de bijoux et de vaisselles rares. Les
lingots d’argent furent vendus à chaque cent dirham pour un dinar.
Quelle grande différence entre cette situation et l’état des
Byzantins sous les jours du sultan Alp Arsalan ! Nous avons rapporté
comment ils furent en l’an 463 de l’Hégire (1071). Un de ses hommes,
à savoir Koumoushtakin, le secrétaire de ‘Amid al-Moulk, s’était
enfuit par crainte quand son maître ‘Amid al-Moulk fut arrêté. Il
alla à Raqqa qu’il prit et il fut rejoint par beaucoup de Turcomans
dont al-Afshin et Ahmad Shah. Mais ils le tuèrent et envoyèrent son
argent à Alp Arsalan. Al-Afshin entra dans le territoire byzantin et
lutta contre Philarètes, le seigneur d’Antioche, qu’il vainquit en
tuant un très grand nombre de Byzantins. L’empereur byzantin marcha
de Constantinople à Malatya et al-Afshin entra dans ses terres et
parvint aussi loin qu’à Amorium (Amorion). Lors de ce raid, il tua
100 000 âmes et lorsqu’il revint dans les terres islamiques et ceux
avec lui s’étaient dispersés, il fut attaqué par les troupes
d’Edesse, qui était alors aux mains des Byzantins et aussi par les
bédouins de la tribu des Banou Noumayr. Il les affronta avec deux
cents cavaliers, les vainquit et les pilla ainsi que les terres
byzantines si bien que l’empereur envoya à un messager à al-Qa’im
Bi-Amrillah demandant la paix. Ce dernier dépêcha un envoyé à Alp
Arsalan concernant cette affaire et la paix fut faite avec les
Byzantins pour 100 000 dinars, 4 000 vêtements de différentes sortes
et 300 têtes de mulets. Quelle différence entre ces deux situations
!
Quelle différence, je dis, entre la
situation de ces hommes minables que je congédierais comme incapable
et la situation des gens de notre temps, qui est l’année 616 de
l’Hégire (1219) qui font face de nouveau aux croisés et aux Tatars.
Vous verrez ceci complètement rapporté si Allah le veut, pour que
vous puissiez comprendre la différence. Nous supplions Allah le
Tout-puissant de pourvoir à l’Islam et les Musulmans quelqu’un qui
s’engagera à leur apporter la victoire et les défendre avec ceux de
Ses créatures qu’Il aime et «
et cela n’est nullement difficile pour Allah ». (Sourate TaHa,
verset 20)
Durant cette année, arriva à Baghdad un des
Voilés (al-Moulathamin ou les Mourabitine), les princes du Maghreb,
avec l’intention de visiter le palais califal. Il fut reçu avec
honneur et avec lui se trouvait un homme appelé le Juriste qui était
aussi un des Voilés. Le Juriste donna un sermon dans la mosquée du
palais ou une grande foule s’était réunie. Il prêcha voilé et seuls
ses yeux étaient visibles. Ce Voilé était présent avec le fils de
l’émir al-Afdal al-Jouyoush en Egypte, lorsqu’il rencontra les
croisés lors de sa bataille et il montra une grande bravoure.
La raison de leur arrivée à Baghdad est due
au fait que les gens du Maghrib avaient une mauvaise opinion des
‘oubaydi (Alid est le terme employé par Ibn al-Athir mais je ne peux
l’employer du fait qu’ils n’étaient pas des alides (descendant de
‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) mais d’un maudit
juif usurpateur comme nous l’avons rapporté), les souverains de
l’Egypte. Chaque fois qu’ils voulurent se rendre au pèlerinage ils
évitèrent l’Egypte. L’émir al-Jouyoush Badr, le père d’al-Afdal,
voulut établir de bonnes relations avec eux mais ils ne montrèrent
aucune inclination pour un quelconque rapprochement. Badr ordonna de
tuer ceux qui furent pris mais quand son fils al-Afdal accéda au
pouvoir, il les traita bien et chercha leur aide pour lutter contre
les croisés. Cet homme fut l’un d’entre ceux qui luttèrent à ses
côtés. Après son association avec les Egyptiens, il craignit de
revenir dans son propre pays (et d’être accusé d’hérétique), et
ainsi vint à Baghdad puis plus tard à Damas. Les Egyptiens ne
menèrent pas une seule bataille contre les croisés sans qu’il ne fût
présent et il trouva le martyre lors d’une des batailles. Il était
brave, un combattant mortel et audacieux.
Au mois de Rabi’ Thani, une comète à queue
apparut dans le ciel, comme l’arc-en-ciel, voyageant de l’ouest vers
le milieu du ciel. Elle put être vue près du soleil avant son
coucher. Elle continua d’apparaître plusieurs nuits consécutives
avant de disparaitre.
Cette année le prince Kilij Arsalan Ibn
Souleyman Ibn Qoutloumish, le souverain d’Anatolie, vint assiéger
Edesse, tenue par les croisés. Les partisans de Joukarmish posté
dans Harran le contactèrent pour lui demander de se rendre chez eux.
Il se rendit donc à Harran et reprit la ville. Les habitants furent
ravis de son arrivée pour mener le Jihad contre les croisés. Il
resta à Harran un certain nombre de jours mais il tomba gravement
malade ce qui nécessita son retour à Malatya. Il retourna dans son
état malade tandis que ses hommes restèrent dans Harran.
Cette même année, le Qadi Abou al-‘Ala’
Sa’id Ibn Abi Muhammad an-Nissabouri al-Hanafi, fut tué dans la
mosquée d’Ispahan par un assassin batini.
Abou al-Fawaris al-Houssayn Ibn ‘Ali Ibn
al-Houssayn Ibn al-Khazin, le possesseur de la main prolifique qui
est dit avoir écrit cinq cents copies du Qur’an décéda cette année à
l’âge de cinquante ans. Son décès a aussi été rapporté en l’an 502
de l’Hégire.
La mort de Youssouf Ibn Tashfine et
la succession de son fils ‘Ali
En l’an 500 de l’Hégire (1106), le souverain
du Maghrib et de l’Andalousie, le Commandant des Musulmans Youssouf
Ibn Tashfine décéda, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde. Il
fut un bon souverain, charitable et juste, qui favorisa les hommes
de religion et les étudiants religieux qu’il honora et suivi leurs
préceptes. Quand il conquit l’Andalousie, comme nous l’avons
rapporté, il rassembla les juristes et les traita des meilleures
manières. Ils lui dirent : « Il est correct que ton autorité doit
venir du calife pour t’obéir et qu’il le soit obligatoire pour tous.
» Il envoya donc un envoyé au calife al-Moustadhir Billah, le
commandant des croyants, avec de larges cadeaux ainsi qu’une lettre,
dans laquelle il mentionna les territoires croisés qu’Allah Exalté
avait conquis et ses efforts pour apporter la victoire à l’Islam. Il
demanda l’investiture pour régner sur ses terres. Un diplôme lui
accordant ce qu’il souhaitait fut publié par la cour de la
chancellerie califale et on lui alloua le titre de commandant des
Musulmans. Des robes d’honneur lui furent aussi envoyées et il fut
ravi par cela.
Il fut celui qui bâtit la ville de Marrakech
pour les Mourabitine et resta souverain jusqu’à l’an 500 de l’Hégire
(1106). Après son décès, son fils ‘Ali Ibn Youssouf lui succéda et
prit aussi le titre de commandant des Musulmans. Et mieux il fit en
honorant les ‘Oulama et suivit leurs conseils. Chaque fois qu’un
d’entre eux prêcha, il écouta humblement le sermon qui adoucissait
son cœur, comme cela était tout à fait visible.
Youssouf Ibn Tashfine était frugal,
généreux, dévot et charitable. Il aimait les hommes de religion et
les étudiants religieux et leur donna l’autorité dans ses terres. Il
aimait montrer la clémence et pardonner les grandes offenses.
Le meurtre de Fakhr al-Moulk Ibn
Nizam al-Moulk
Le jour de ‘Ashoura de cette année, Fakhr
al-Moulk Abou al-Mouzaffar ‘Ali Ibn Nizam al-Moulk fut tué et il
était le plus vieux des fils de Nizam al-Moulk. Nous avons rapporté
qu’il devint vizir pour le sultan Barkyarouq en l’an 488 de l’Hégire
(1095) et quand il renoncé à être son vizir, il partit à Nishapour
et devint le vizir du prince Sinjar Ibn Malik Shah. Le jour de
‘Ashoura, il se réveilla et avant de rompre le jeûne il dit à ses
partisans : « J’ai vu al-Houssayn Ibn ‘Ali (qu’Allah soit satisfait
d’eux) dans mon rêve qui me dit : « Dépêche-toi de nous rejoindre
afin que tu rompes ton jeûne avec nous. » Je n’ai fait que de penser
à cela et il n’y a nul moyen d’éviter le décret d’Allah Exalté. »
Ils lui dirent : Puisse Allah te protéger ! La meilleure chose que
tu puisses faire est de ne pas sortir de ta résidence aujourd’hui ni
ce soir. » Il passa ce jour en priant, en récitant le Qur’an et
donna une grande quantité d’aumônes.
Quand le temps pour la prière du soir
arriva, il quitta le palais dans lequel il se trouvait pour la
résidence des femmes. Il entendu alors les cris d’un pétitionnaire
extrêmement tourmenté qui disait : « Les Musulmans sont tous partis.
Il n’y a personne pour enquêter sur un grief ou prendre la main d’un
homme dérangé. » Par pitié pour lui, Fakhr al-Moulk l’appela et lui
demanda : « Que t’arrive-t-il ? » L’homme lui donna la pétition et
pendant que Fakhr al-Moulk la lisait attentivement, il le poignarda
avec une dague et le tua. Le batini fut emmené à Sinjar qui le fit
torturer. Il fit une fausse confession, impliquant plusieurs des
hommes du sultan et dit : « Ils m’ont incité à le tuer, » voulant
tuer tant par sa propre main que par sa calomnie et ceux qu’il nomma
furent appelés et exécutés à tort et après eux le batini fut exécuté
à son tour. Fakhr al-Moulk avait soixante-six ans.
La bataille entre l’empereur de
Constantinople et les croisés
Un profond antagonisme survint cette année
entre l’empereur des Byzantins, le souverain de Constantinople et
Bohémond le croisé. Bohémond envahit et pilla le territoire de
l’empereur avec l’intention de le pousser à le combattre (pour
usurper son trône). L’empereur envoya un messager au prince Kilij
Arsalan Ibn Souleyman, le souverain de Konya, d’Aksaray et d’autres
terres pour lui demander son aide et ce dernier lui fournit un
détachement de son armée. Cela renforca l’empereur qui marcha contre
Bohémond et après avoir formé leurs lignes de bataille, ils
s’affrontèrent. Les croisés tinrent ferme en comptant sur leur
bravoure tandis que les Byzantins et leurs alliés à cause de leur
nombre. La bataille dura longtemps et à la fin tourna à l’avantage
des byzantins et la défaite des croisés dont la plupart furent tués
et un aussi grand nombre capturé. Ceux qui survécurent revinrent
dans leur terre en Syrie. Les troupes de Kilij Arsalan se mirent
alors en route pour retourner chez eux en ayant l’intention de
rejoindre leur souverain dans al-Jazirah. Cependant, les nouvelles
de sa mort leur parvinrent comme nous le rapporterons si Allah le
veut et ils n’allèrent pas plus loin, et restèrent sur place.