Récapitulatif de la présence des Ottomans en Algérie
‘Arouj
Quand le pouvoir des Bani Zayyan commença à s’effondrer, l’Espagne
pénétra en Algérie si bien que pour faire face à leurs attaques, les
Algériens demandèrent de l’aide aux frères barbaresques ‘Arouj et
Khayr ad-Din.
‘Arouj captura Alger en l’an 923 de l’Hégire (1517) et marcha
ensuite vers Tilimsen ou il fut tué dans l’action en l’an 924 de
l’Hégire (1518).
Khayr ad-Din
Après la mort de ‘Arouj, son frère Khayr ad-Din le remplaça et porta
allégeance au calife ottoman Salim I qui le nomma gouverneur
« Beylerbeyi » d’Algérie qui devint ainsi une partie de l’empire
ottoman.
Au début de son règle, Khayr ad-Din dut faire face à une situation
difficile et en l’an 926 de l’Hégire (1520), il fut attaqué par les
Espagnols. Trahi par les tribus Berbères et abandonné par les
troupes locales, il fut vaincu et se retira d’Alger pour s’établir
dans l’île de Jijel, où il prépara sa vengeance contre les
Espagnols.
Après avoir rassemblé une large force, il attaqua les Espagnols et
captura Collo, Os et Constantine en l’an 928 de l’Hégire
(1521-1522). Il reprit Alger en l’an 929 de l’Hégire (1523) et les
tribus locales qui le trahirent payèrent le prix de leur trahison.
Ayant renforcé sa position à Alger, Khayr ad-Din entreprit des
expéditions contre les Banou Hafs de Tunisie et les forces
ottomanes occupèrent Bizerte, La Goulette et Tunis en l’an 940 de
l’Hégire (1533-34). Les Hafs Banou cherchèrent de l’aide
auprès des Espagnols qui les assistèrent contre les Turcs qui se
retirèrent de La Goulette et Tunis en l’an 941 de l’Hégire (1535).
Hassan
Aghah
En l’an 942 de l’Hégire (1536), Khayr ad-Din fut nommé amiral en
chef des forces navales ottomanes. Avant de partir pour Islamboul,
il nomma son lieutenant Hassan Aghah à la souveraineté de
l’Algérie qui occupa le poste durant sept années, de l’an 942 à 950
de l’Hégire (1536 à 1543).
En l’an 950 de l’Hégire (1543), les Espagnols lancèrent sur Alger
une puissante attaque qui fut repoussée et où les Espagnols subirent
de très lourdes pertes. Cette victoire remportée pour les Turcs leur
valut le soutien des Banou Zayyan qui régnait encore à Tilimsen.
Hassan
Pacha
Hassan
Pacha, un des fils de Khayr ad-Din, succéda à Hassan Aghah en
l’an 950 de l’Hégire (1543). Le Maroc et l’Espagne qui étaient
contre l’extension de l’influence turque en Afrique du Nord,
essayèrent de créer et soutenir l’opposition aux Turcs dans
Tilimsen.
Pendant son règne, les efforts de Hassan Pacha furent
principalement employés à l’élimination des dissidents de Tilimsen
et en l’an 959 de l’Hégire (1552), néanmoins les Ottomans purent
annexer la totalité du Maghreb central.
Salih
Raïs
Après l’annexion du Maghreb central, l’Algérie devint une province
de l’empire ottoman et Salih Raïs fut nommé gouverneur et
toute l’autorité lui fut conférée pour administrer les affaires de
l’État.
Salih Raïs entreprit une expédition dans le Sahara qui mena à
la soumission aux Ottomans des chefs de Touggourt et de Wargie. Une
garnison ottomane permanente fut établie à Biskra et en l’an 960 de
l’Hégire (1553), les Ottomans de l’Algérie envahirent le Maroc avec
l’aide de Banou Wattis. Les Ottomans occupèrent Fez durant une
période assez courte et durent se retirer en Algérie. À l’est, après
un affrontement avec les Espagnols, les Ottomans capturèrent Bejaïa
en l’an 963 de l’Hégire (1556) avant d’attaquer de nouveau les
Espagnols à Oran ou Salih Raïs trouva la mort au cours du
siège d’Oran. A sa mort le siège fut levé et les Ottomans se
retirèrent vers Alger.
Hassan
Pacha
Suite au transfert de Hassan Pacha en l’an 964 de l’Hégire
(1557), le gouvernement Ottoman nomma Tekeherli pour lui succéder
mais les janissaires se révoltèrent et assassinèrent le nouveau
Vice-roi et demandèrent que leur chef, Hassan Koursou, soit
nommé à sa place mais le gouvernement de Turquie refusa et envoya
Hassan Pacha en Algérie pour son deuxième terme à la tête de
l’état.
Lorsque ce dernier arriva au Maghreb central, il fit face à une
grave situation. La rébellion grondait chez les janissaires, à
l’ouest, les Banou Sa’d du Maghreb extrême ou du Maroc assiégeaient
Tilimsen et à l’est, le gouverneur espagnol d’Oran assiégeait
Mostaganem.
Le nouveau Vice-roi décida alors de réaffirmer l’autorité turque et
le destin le précéda sur le front de Tilimsen quand Muhammad,
le chef des Banou Sa’d, qui supervisait personnellement les
opérations de siège fut assassiné et avec sa mort ses forces
levèrent le siège de la ville et se retirèrent au Maroc tandis qu’à
Mostaganem, les Espagnols furent vaincus et leur gouverneur tué. Par
la suite les Ottomans reprirent l’offensive.
En l’an 970 de l’Hégire (1563), Hassan Pacha attaqua les
Espagnols à Mers al-Kabir mais la ville ne put être capturée et les
Ottomans durent lever le siège.
Muhammad
Ibn Salih
Raïs
En l’an 974 de l’Hégire (1567), Hassan Pacha fut muté après
un deuxième terme de règne qui dura dix ans durant lesquels, il fut
capable de restaurer le pouvoir ottoman en Algérie. Il fut succédé
par Muhammad, un fils de Salih Raïs qui fit tout son
possible pour concilier les janissaires et les autorisa à participer
à des expéditions de piraterie mais cela ne fut pas accepté par le
gouvernement ottoman qui le désista en l’an 976 de l’Hégire (1569).
‘Oulouj ‘Ali Reis
‘Oulouj ‘Ali Reis (ou Raïs) lui succéda et il fut le plus
remarquable vice-roi algérien. Il régna environ vingt ans durant
lesquels, il réforma l’administration et fit respecter
rigoureusement l’ordre public. Il renforca l’armée et posta des
garnisons dans des postes tant à l’ouest qu’à l’est de l’Algérie.
‘Oulouj ‘Ali tenta aussi sans succès de capturer Malte.
‘Oulouj ‘Ali qui était un combattant décida d’étendre les
territoires sous sa charge. Sa première expédition fut dirigée vers
la Tunisie et avec ses forces, en l’an 976 de l’Hégire (1569) il
prit Tunis, la capitale des Banou Hafs. Le sultan des Banou
Hafs s’enfuit de Tunisie et chercha refuge chez les Espagnols
tandis que quelque temps plus tard, ‘Oulouj ‘Ali attaqua le port de
La Goulette, mais il fut repoussé par les Banou Hafs soutenu
par les Espagnols. Néanmoins, ‘Oulouj ‘Ali attaqua de nouveau avec
succès La Goulette en l’an 982 de l’Hégire (1574) et réussit à
prendre le port. Avec la prise de La Goulette, la dynastie des Banou
Hafs prit fin et la Tunisie devint tributaire de l’Algérie.
Vous trouverez dans le chapitre de la Lybie une courte biographie
supplémentaire de ce célèbre barbaresque.
Le règne des Deys
Vers le début du douzième siècle de l’Hégire (fin du dix-septième
siècle), le système administratif subi un changement. Tous les
puissants vice-rois ou gouverneurs (Beylerbeyi) ne furent plus
désigné par Islamboul. Les Pachas furent envoyés d’Islamboul pour un
terme de trois années avec un pouvoir limité tandis que la réelle
autorité était conférée aux Deys, choisi par la milice (janissaires)
ou les barbaresques.
Ce changement produisit de grande turbulence dans les affaires de
l’Algérie. Pendant la période de 1081 à 1245 de l’Hégire (1671 à
1830), le poste fut occupé par vingt-huit Deys dont quatorze d’entre
eux furent assassinés. Chaque succession engendrait des rebellions
et la violence et des vingt-huit Deys qui se succédèrent, sept
d’entre eux furent assassinés le même jour de leur nomination !
Malgré ces turbulences générales, il y eut toutefois des accalmies
et des périodes de stabilité. Entre l’an 1136 à 1205 de l’Hégire
(1724 et 1791), excepté une courte période de troubles en 1167 de
l’Hégire (1754), il y eut une stabilité générale. Pendant cette
période de soixante-sept ans, le pouvoir fut exercé par six Deys
seulement dont les successions ne furent accompagnée d’aucune
violence.
Le règne des Deys pendant le douzième siècle de l’Hégire
(dix-huitième siècle)
Durant les trois premiers quarts du douzième siècle de l’Hégire
(dix-huitième siècle), le gouvernement d’Algérie accompli quelques
succès remarquables. La milice fut gardée sous contrôle constant et
le commerce prospéra. Mais c’est au niveau des affaires étrangères
que le gouvernement algérien réalisa son plus grand prestige. Pour
contrôler les barbaresques, les pouvoirs européens au lieu
d’entreprendre des expéditions navales préférèrent faire des traités
avec l’Algérie et en l’an 1169 de l’Hégire (1756), l’Ifriqiyah (la
Tunisie) devint tributaire du Maghreb central (l’Algérie).
En l’an 1189 de l’Hégire (juillet 1775), une force expéditionnaire
espagnole arriva au Maghreb central mais fut repoussé dans la mer.
Oran par la suite fut arraché à l’Espagne et le Maghreb central se
libéra de l’occupation étrangère.
Les années finales du règne des Ottomans
Dans les années finales du règne des d’Ottomans Turcs, le processus
de déclin fit son apparition et le gouvernement algérien devint une
nouvelle fois instable.
Entre l’an 1212 et 1231 de l’Hégire (1798 et 1816), une période de
dix-huit ans, sept Deys accédèrent au pouvoir par la rébellion et
tous rencontrèrent une violente fin. La fin des barbaresques, qui
étaient la source principale de revenus, sous la pression étrangère,
affecta l’économie du pays et à cause des difficultés financières
les troupes ne furent plus payées régulièrement et cela affecta leur
discipline, leur qualité et leur force de combat diminua. Pour faire
face aux déficits, les Deys créèrent différents monopoles qui
menèrent à l’exploitation populaire et par conséquent aux troubles.
Les fraternités religieuses telles que les tayibiyah, les tijaniyah,
les darqawah et rahmamyah virent le jour et catalysèrent le
mécontentement des gens et bientôt les habitants de l’Algérie
développèrent des sentiments anti-ottoman.
Les premières années du dix-neuvième siècle furent marquées par les
révoltes intérieures. La révolte de Darqawi en Berbérie ou Kabylie
éclata en 1222 de l’Hégire (1807) et fut difficilement réprimé après
quatre années de combat.
En l’an 1223 de l’Hégire (1808), suite à une autre révolte, la
Tunisie se libéra de la suzeraineté de l’Algérie.
En 1231 de l’Hégire (1816) un escadron américain débarqua en Algérie
pour abolir l’esclavagisme tandis qu’eux même le pratiquait à très
large échelle. Les Américains bombardèrent Alger et forcèrent le
Deys a accepté les accords déterminés par les Américains.
Puis des conflits se développèrent entre les Deys et les janissaires
et pour échapper à la domination des troupes, le dernier Dey quitta
la capitale et établit son quartier général dans l’intérieur du pays
où il dépendait des gardes locaux. Ainsi privé du soutien de la
milice et ne pouvant dépendre de la population locale, le processus
de désintégration du règne des Ottomans s’accéléra
en Algérie.
L’occupation de l’Algérie par les Français
Entre les années 1207 et 1212 de l’Hégire (1793 et 1798), le blé
algérien fut acheté à crédit pour l’armée française par deux
négociants juifs algériens, Bakri et Boushnaq pour une somme totale
de huit-millions de francs. Ces négociants firent sortir de Mers
al-Kabir plus de 100 navires chargés de blé algérien pour la France
de Robespierre. Ces envois massifs de blé seront suivis par d’autres
livraisons effectuées en 1211 de l’Hégire (1797). Mais les
souverains français qui se succédèrent, Napoléon Ier, Louis XVIII,
Charles X, ne voulurent jamais honorer cette dette à l’égard
d'Alger. Ainsi cette dette traîna durant 31 années et tout compte
fait ne sera jamais payée.
Le Dey apprit aussi que, contrairement aux conditions que la France
s’était engagée à respecter, elle avait fortifié un emplacement qui
avait été mis à sa disposition pour faire du commerce sur le
territoire algérien.
En l’an 1242 de l’Hégire (1827), lors d’une occasion cérémonielle
Houssayn, le Dey d’Algérie, parla de cette issue avec le consul
français d’Algérie Pierre Deval qui était en fonctions à Alger
depuis l’année 1231 de l’Hégire (1816 et le resta jusqu’en 1828), et
qui avait une mauvaise réputation. En effet, William Schaler, le
consul des U.S.A. en Algérie de 1816 à 1824, qui le côtoya, le
décrivit comme un homme de moralité douteuse, « un proxénète » qui
s’acoquina longtemps avec le Dey, profitant de ses cadeaux et de ses
largesses avant d’entrer en conflit avec lui.
Le 3 du mois de Shawwal de l’année 1242 de l’hégire (30 avril 1827),
Houssayn Khoudjah, le Dey d’Alger, offensé par le
consul de France et mécontent du retard du remboursement des dettes
invita le consul Français à se retirer et comme ce dernier ne se
leva pas, le Dey le toucha du bout de son éventail pour lui indiquer
la sortie, le fameux « coup d’éventail » et dans d’autre version le
« coup de la tapette à mouche » et c’est « officiellement » pour ce
geste que la France déclarera la guerre à l'Algérie car Deval,
adressa le soir même un rapport incendiaire à Paris et sollicita
« une sévère suite avec tout l’éclat qu’elle méritait ».
La France fit de cet incident mineur un prétexte pour rompre les
relations diplomatiques avec l’Algérie et peu après, les hostilités
débutèrent entre la France et l’Algérie. Durant trois années, la
France exerça un blocus sur l’Algérie qui s’avéra être inefficace.
Par la suite, les négociations reprirent entre les deux pays pour
arriver à un règlement mais furent avortées.
Un flotte de 567 navires comprenant 37.612 hommes, 91 canons et 457
bâtiments navals quitta Toulon et, au mois de Dzoul Hijjah de
l’année 1245 (juin 1830), débarqua à Sidi Ferruch (sidi fraj)
à l’ouest d’Alger.
Une force algérienne rencontra l’envahisseur à Stawali, mais fut
défaite. Les forces françaises marchèrent alors Alger, la capitale
de l’Algérie ou la résistance fut brisée et la ville prise par les
Français le 14 du mois de Mouharram de l’année 1246 de
l’Hégire (le 5 juillet 1830) mettant ainsi fin au règne des Ottomans
en Algérie qui dura 313 années.
Ainsi commença la conquête de l’Algérie faiblement peuplée, de trois
à cinq millions d’habitants dont plus de deux tiers allaient être
massacrés sans pitié.
Le véritable objectif de l’invasion française de l’Algérie
Aujourd’hui l’histoire de « la tapette à mouche » est définitivement
devenu un mythe, et il est bien connut que les mythes ne servent
qu’à cacher les vérités.
L’expédition d’Alger, avait d’autres objectifs, et comme l’a fait
remarquer le chancelier autrichien Metternich : « Ce n’est pas pour
un coup d’éventail que l’on dépense 100 millions et qu’on expose
40.000 hommes ».
On cherchait surtout dans un contexte de troubles sociaux, où la
révolte grondait, à envoyer outre Méditerranée des populations
présentant un danger pour l’ordre social comme jadis, elles furent
envoyés en « terre sainte », sous le nom de Croisades pour
exactement les mêmes raisons, la « guerre sainte » et comme cela
avait déjà marché plusieurs fois, il n’y avait aucune raison que
cela ne remarche pas.
C’est pourquoi, le général de Bourmont, adressa cet ordre du jour à
l’armée : « Soldats, la prise d’Alger était le but de la campagne.
[...] L’éclat qui doit en rejaillir sur le nom français aurait
largement compensé les frais de la guerre, mais ces mêmes frais
seront payés par la conquête. Un trésor considérable existe dans la
Casbah ; une commission composée par M. le chef intendant de
l’armée, de M. le général Tholosé et de M. le payeur-général, est
chargée par le général en chef d’en faire l’inventaire ; dès
aujourd’hui elle s’occupera de ce travail sans relâche, et bientôt
le trésor conquis sur la régence ira enrichir le trésor français. Le
comte de Bourmont ».
Comme on le voit, il n’est pas question du tout de « tapette à
moucheron » et son ordre donnait l’ordre à ses soldats de se livrer
au pillage général et systématique soit en d’autre terme au
vol général et systématique pour le compte de l’état, pillage qui
dure toujours de nos jours.
La conquête d’Alger est donc avant tout, le plus grand hold-up de
l’Histoire, puisqu’il se poursuit de nos jours. Il faut donc revoir
les livres d’histoire... et dire que toutes les richesses de
l’Algérie sont toujours quotidiennement drainées hors du pays tandis
que le peuple algérien vit dans la misère la plus totale. Ce fut
donc l’un des plus grands crimes de l’histoire puisqu’il dure depuis
1830 soit bientôt deux siècles !
Rappelons que la côte barbaresque était déjà particulièrement riche
à cette époque en corail et que l’Algérie exportait de la cire, des
cuirs, de la laine et surtout des céréales. Aujourd’hui, il est un
des principaux exportateurs de pétrole et de gaz et après avoir été
l’un des greniers d’Afrique, le pays importe 75 % des produits
alimentaires, l’eau est rationnée et les villes aussi.
Pour s’alimenter les algériens sont obligés de consommer ce qu’ils
trouvent chez l’épicier et se lever tôt pour cette tâche, en plus
des problèmes de logement et de santé. Le gouvernement algérien
pratique la politique du ventre affamé à très vaste échelle alors
que des dizaines de milliards de dollars des revenus pétroliers
rentrent dans les caisses personnelles des dirigeants. Caisses qui
se trouvent bien évidemment à l’étranger, et s’il arrivait malheur à
ces dirigeants et bien 98% de cet argent passera directement au
profit des pays dans lesquels cet argent se trouve.
En effet, en cas de « vol », c’est-à-dire l’expropriation par un
moyen quelconque d’un bien ne vous appartenant pas, le commun des
gens seront qualifiés de « voleurs » et encourront la « prison »
mais dans les vols à très grande échelle, le mot « vol » est
remplacé par « taxes », « frais », « commissions », par des gens
intouchables qualifiés d’ « émissaires », de « représentants » ou
d’« envoyés » à qui on déploie le tapis rouge. C’est là toute la
justice de ce monde ! Qui
vole un œuf va en prison et qui vole un bœuf à Matignon, dit le
dicton !
....
Le dernier Régent d’Alger, le Dey
Houssayn
Pacha
Houssayn
Ibn al-Hassan, le dernier des Deys, Régents d’Alger, naquit à
Izmir en Turquie aux environs de 1773. Son père était un officier
d’artillerie, ce qui explique son penchant naturel pour l’action
militaire. Il reçut une formation spéciale et fut ensuite envoyé à
Islamboul, dans une école privée, pour effectuer des études en tant
que simple soldat.
Il exerça également, durant sa jeunesse, le commerce du tabac au
point d’avoir reçu le titre de Khoudjah qui, en ottoman, signifie
commerçant.
Par la suite, il gravit les échelons de la hiérarchie de l’armée,
allant du grade de simple soldat à celui de spécialiste en
artillerie. Il avait une parfaite connaissance des arts de la
guerre. Mais, il fut également célèbre dès son enfance pour sa
dévotion. En effet, il était doté d’une grande culture islamique,
allant d’une connaissance parfaite du Qur’an à son
attachement à se conformer aux prescriptions de la Shari’ah
islamique.
Par la suite, les circonstances lui permirent d’être incorporé dans
la milice d’Alger en tant que soldat dans la garde ottomane (odjak).
Sa grande piété lui valut le respect des habitants et sa désignation
en tant qu’Imam jusqu’à sa nomination en tant que gouverneur de
province par le Dey ‘Omar Pacha qui lui confia l’administration des
domaines nationaux en qualité de receveur des tributs dit
« secrétaire des chevaux » (khoudja al-khayl). Il devint par
la suite membre du conseil supérieur (diwan).
Houssayn
Ibn al-Hassan était également connu pour ne prononcer aucun
jugement sans en référer aux ‘Oulama (théologiens).
Sa nomination à la régence d’Alger eut lieu sur la base des
recommandations faites par son prédécesseur, ‘Omar Pacha, avant sa
mort en février 1818 et c’est le gendre de celui-ci, al-Hajj
Mustapha Ibn Malik qui en informa le Dey Houssayn devant une
assemblée de notables et théologiens. Suite à cela, il y eut une
cérémonie pour le serment d’allégeance par les ministres, notables,
théologiens ainsi que les nobles.
La nouvelle se répandit ensuite parmi la population qui l’accueillit
favorablement, au mois de Rabi’ Thani de l’année 1233 de l’Hégire (1
mars 1818). Elle fut suivie d’une correspondance officielle adressée
à la Porte Sublime. La réponse favorable du Sultan ottoman Mahmoud
II fut entérinée par un décret de nomination.
Après l’officialisation de sa nomination, le Dey Houssayn Ibn
al-Hassan entama ses missions par l’édification de la
province d’Alger à travers l’organisation de l’administration, la
réforme de l’armée notamment la flotte maritime, vu qu’il mit en
place une unité de fabrication de navires qu’il dota de tous les
moyens nécessaires.
Par ailleurs, la vie économique connut une amélioration notable,
parallèlement à l’intérêt qu’il portait à la vie culturelle et
sociale.
Cette puissance en évolution constante amena les pays européens à
envisager de frapper l’Algérie afin de détruire sa puissance,
notamment après l’affaiblissement de l’état ottoman.
C’est ainsi que l’Algérie fut le pays arabe visé dans le bassin
méditerranéen et c’est ainsi que la France s’empressa de coloniser
l’Algérie en 1830.
Ceci poussa le Dey Houssayn à choisir l’exil. Après avoir
séjourné durant trois ans dans la ville italienne de Livourne de
1830 à 1833, il s’installa définitivement à Alexandrie à partir de
septembre 1833 jusqu’en 1838, date de sa mort à l’âge de 73 ans.
L’occupation
L’Algérie fut occupée par la France en 1246 de l’Hégire (1830) et
cette occupation engendra une forte réaction de rejet par les
Algériens et un grand nombre de mouvements de résistance virent le
jour dans les parties différentes du pays.
Dans la province de Constantine, le gouverneur, Ahmad Bey, se
leva aussi et refusa d’admettre la suzeraineté des envahisseurs. Les
gens de Tilimsen demandèrent de l’aide au Sultan du Maroc qui envoya
une force à Tilimsen.
Au départ, la politique des Français consistait juste à une
occupation limitée qui leur permettrait de voler toutes les
richesses algériennes et ils envisagèrent même, au cas où les
algériens refuseraient de reconnaitre le pouvoir Français, de leur
laisser avoir leur propre gouvernement. Mais bientôt l’horrible,
terrifiante et infâme colonisation allait s’étendre sur tout le
territoire et deux tiers de la population civile sera gaiement
massacrée par l’armée Française. Femmes, enfants, vieillards et même
troupeaux, tout sera systématiquement massacré, détruit, brulé,
enfumé, violé, torturé, brutalisé.
Les Français utiliseront bien avant Hitler le principe des chambres
à gaz en « enfumant » des tribus entières y compris leurs troupeaux
comme nous allons le voir. Après avoir traduit 2000 pages sur
l’Histoire des Musulmans, je n’ai trouvé nulle part une telle
brutale sauvagerie même chez les maudits ismaéliens et qarmates !
La résistance algérienne
La signature du Traité de Reddition par le Dey Houssayn,
après l’occupation du 5 juillet 1830 de la capitale algérienne par
les Français, entraina rapidement une résistance populaire générale
pour affronter l’ennemi et lui résister par la force des armes,
suite aux préjudices subis par les habitants de la capitale en plus
des biens privés et publics saisis et des lieux de culte. Ce sont en
général les chefs religieux locaux qui se levèrent et appelèrent les
gens à se lever pour stopper l’expansion menaçante de l’ennemi qui
visait les plaines de la Mitidja[1],
avec ses richesses agricoles et pastorales.
Ainsi, en plusieurs étapes, les habitants opposèrent aux forces
coloniales une farouche résistance armée qui mobilisa toutes les
couches de la population, répondant ainsi à l’appel de notables
locaux de la Mitidja qui invitaient la population à coordonner ses
efforts pour résister à l’envahisseur et lui interdire de s’étendre
à travers le pays.
Durant la première étape, l’un des Shouyoukh les plus
célèbres de la résistance fut le Sheikh al-Hajj Sidi Sa’di,
réputé pour sa bravoure et Muhammad Benza’moum.
Le premier affrontement eut lieu lorsque l’ennemi lanca une
offensive contre la ville de Blida, le 23 juillet 1830, afin de
briser le siège de la ville d’Alger. Les Musulmans repoussèrent
l’armée des mécréants et firent échouer la première tentative
d’occupation française de la ville de Blida.
Les offensives des mécréants se succédèrent sur les villes
stratégiques de la plaine de la Mitidja, Blida, Koléa, Souq ‘Ali,
qui recoururent à tous les moyens de dissuasion et de persuasion
comme les massacres de Blida perpétré par Clauzel et de la tribu des
Aoufia par Rovigo. Et en dépit de ces brutales sauvageries et la
multiplication des offensives militaires, les envahisseurs ne purent
imposer leur autorité sur la plaine de la Mitidja qu’après la
bataille d’Oued al-Alleug.
[1] La Mitidja est une plaine située dans l’arrière-pays d’Alger d’environ 100 km de longueur et de 2 à 18 km de largeur, orientée parallèlement au relief côtier, elle est limitée à l’est par l’oued Boudouaou, à l’ouest par l’oued Nador, et bordée par deux reliefs élevés, les collines du Sahel algérois et au sud, par Jabal Bouzegza et les monts de l’Atlas blidéen. La plaine traverse la wilaya de Tipaza, la wilaya de Blida, la wilaya d’Alger et la wilaya de Boumerdès. C’est une région qui possède un grand potentiel agricole et un très grand nombre de tribus furent expulsés de leurs terres lors de l’invasion française de l’Algérie et expatriées vers la Nouvelle-Calédonie et d’autre lieux, aux profits des colons.