La Division Géographique de la Péninsule Arabique
Les
géographes ont divisé l’Arabie en cinq parties physiques :
1.
Tihāmah
: Une
plaine côtière sur le littoral de la Mer Rouge, bordée ci et là par
une chaîne de montagnes. L’absence d’autres ports est due au fait
que des récifs de corail s’étendent tout le long de la côte. Les
anciens Arabes qui vivaient
près de la mer n’étaient pas familiers avec la navigation, en raison
de ses dangers, à la différence des Arabes du Bahreïn, et ils
appelèrent la région Tihāmah du mot Tahm, qui signifie
« sévère chaleur, accompagnée de vents calmes ». (Mou‘jam
al-Bouldān : 4/112)
2. Le
Hijāz
: Une
chaîne de montagnes connue sous le nom d’as-Sarāt, s’étendant entre
la Syrie et le Yémen d’une largeur d’environ 175 kilomètres. On
l’appela a1-Hijāz, parce qu’elle forme une barrière entre la plaine
de Tihāmah et l’intérieur, le Nejd. Les cartographes ont divisé le
Hijāz en douze régions qui sont : Médine, Khaybar, Fadak, Dār Baliyy,
Zoul Marwah, Dār Ashja’, Dār Mouzaynah,
Dār Jouhaynah, une
région habitée par un groupe des Hawāzin, Joull Soulaym (l’ensemble
des Banou Soulaym), Joull Hilāl, l’arrière de Harrah Layla et la
région bordant la Syrie, Shaghb (Shaghba) et Badā, qui court de la
frontière avec San‘ā' jusqu’à la Syrie. La Mecque est donc dans le
Tihāmah et Médine dans le Hijāz.
3. Le
Nejd
:
Cette région s’étend du Yémen dans le
sud à Sahrā' Samāwah au nord
et à ‘Ouroūd à l’est. Il fut appelé Nejd en raison de sa terre
élevée.
4. Le
Yémen
:
Région du sud s’étendant tout le long de la côte au sud du Nejd.
5.
Al-‘Ouroūd
:
Appelé ainsi parce qu’il traverse le Yémen, le Nejd et l’Irak
s’étendant dans une forme rectangulaire le long de la côte du Golfe.
Il inclut des pays montagneux, des plaines, des montagnes et des
vallées et est connu sous d’al-Yamāmah et de Bahreïn.
L’Influence de la Géographie sur
la Vie
La
géographie de l’Arabie affecta l’entreprise des conquêtes à cause de
l’intense chaleur des longs étés arides et de la fraîcheur de ses
hivers ; c’est pourquoi, la Péninsule Arabique resta un territoire
inexploré pour ceux qui ignoraient les quelques endroits où l’on
pouvait trouver de l’eau durant ces saisons. Cela incita les armées
à se diriger vers d’autres terres sans permettre à ceux de
l’extérieur de leur faire la guerre. Elle eut aussi des influences
sur les animaux et le mode de vie des humains qui y vivaient malgré
les difficultés pour trouver les moyens d’existence, la grossièreté
de leurs vêtements, la simplicité de leurs habitations et de leurs
moyens de transport. Lors des conquêtes, leurs armées étaient
pauvrement équipées mais les Arabes étaient spécialisés dans la
conduite des chameaux et des chevaux en plus d’être des sabreurs
expérimentés ainsi que des lanciers et des archers, qui faisait
d’eux des guerriers innés. Il devint donc une nécessité pour eux de
se déplacer soit à la recherche d’eau ou pour fournir le pâturage à
leur bétail et toujours en groupe par mesure de sécurité. La société
entière était une tribu y compris ceux qui vivaient dans les
quelques villages et villes qui conduisirent à la formation de
nouvelles communautés qui se développèrent après les conquêtes,
telles que Koufa, Bassora et Foustat ; chaque tribu arabe avait sa
propre communauté dans la ville (si ce n’est son propre quartier et
combattait de la même manière sur les champs de batailles).
En
plus de l’organisation tribale, des caravanes transportaient des
marchandises commerciales entre le Yémen, la Syrie, Hīrah et
l’Egypte et les marchés de la Péninsule Arabique qui donnèrent
naissance à des groupes de guides routiers.
Leurs
principaux aliments
étaient les dates, le lait, la viande de chameau et quelques types
de grains. Ils avaient quelques défauts comme celui d’exécuter des
raids et des pillages et quelques vertus telles que la générosité,
l’assistance aux démunis et aux opprimés et la bravoure. Certains
d’entre eux étaient rudes et grossiers, des caractéristiques propres
aux nomades tandis que d’autres étaient droits et sensibles.
L’Organisation des Tribus dans la Péninsule
Arabique
Les
tribus arabes furent les unités militaires qui formèrent leurs
armées et les Arabes descendent de deux ancêtres : Qahtān et
‘Adnān qui se subdivisèrent et se diversifièrent.
Le
Yémen était la maison de Qahtān et de ses descendants,
jusqu’à l’effondrement du Barrage de Mā'rab en l’an 120 (avant le
début de l’ère chrétienne). Beaucoup de ces tribus émigrèrent et
cherchèrent une nouvelle patrie dans l’Arabie, les Aws et Khazraj
s’établirent à Médine, les Ghassānides en Syrie, les Lakhmid à
Hīrah, les Tayy' dans la région des Monts Ajā' et Salma et Kalb Ibn
Wabarah à Samāwah (Irak). Quant à ‘Adnān, ils ont pour descendant
Isma’īl, le fils d’Ibrāhīm (paix sur eux).
Les
tribus arabes et leurs descendants furent nombreux mais celles qui
nous concernent sont celles qui jouèrent le rôle le plus proéminent
dans les conquêtes islamiques et nous remarquons que la plupart des
conquérants de l’Irak, de la Perse et de l’est étaient des Banou
‘Adnān tandis que la majorité des conquérants de la Syrie et de
l’Egypte furent les Banou Qahtān.
Lignages détaillés des Banou Qahtān et des Banou ‘Adnān.
Le
Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) rejoignit
la compagnie suprême d’Allah le Très Haut, le 12 du mois de Rabī‘
al-Awwal de l’année 11 de l’Hégire (632 EC). Peu de temps avant sa
mort, il ordonna d’envoyer Oussāmah
Ibn Zayd Ibn Hārithah (qu’Allah soit satisfait d’eux) aux
frontières de la Syrie mais l’armée ne se mit en marche qu’après le
décès du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).
Quand Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) assuma le califat,
il exécuta l’ordre du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions
d’Allah sur lui) et envoya Oussāmah (qu’Allah soit satisfait de
lui). Entre-temps, des délégations de tribu arrivèrent, refusèrent
de payer la Zakat tandis que beaucoup d’autres apostasièrent
et certains prétendirent même être des prophètes comme Aswad
al-‘Ansī au Yémen, Moussaylamah le Menteur des Banou Hanīfah
de Yamamah, Toulayhah Ibn Khouwaylid des Banou Assad et Sajāh des
Banou Taghlib. Ces délégations remarquèrent l’absence de Médine des
Moujahidine partis avec Oussāmah (qu’Allah soit satisfait de lui) et
ainsi ‘Abs et Zabyān se mirent en route avec l’intention d’attaquer
al-Madinah, mais Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) prit de
nuit leur force au dépourvu et les mit en déroute au mois de
Joumādah al-Awwal ou Joumādah al-Akhir de l’année 11 de l’Hégire
(juillet-août 632 EC) ; période au cours de laquelle Oussāmah rentra
victorieusement avec l’armée des Musulmans.
Le
mouvement d’apostasie devint rapidement incontrôlable et Abou Bakr
(qu’Allah soit satisfait de lui) envoya onze brigades combattre les
rebelles et ramener l’unité dans la Péninsule.
Amnistie et Mise en Garde
Avant
les armées, Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya à
toutes les tribus un avertissement pour les informer qu’il leur
envoyait des armées auxquelles il avait ordonné de ne pas lutter
avant de les avoir d’abord appelés à Allah et que ceux qui
répondraient favorablement à l’appel seraient saufs tandis que les
autres seraient combattus.
Les armées qui réprimèrent l’Apostasie
Les
armées se mirent en marche vers le mois de Sha’ban de l’année 11 de
l’Hégire (octobre 632 EC) ; elles étaient ainsi composées :
1.
Khālid Ibn Walīd (qu’Allah soit satisfait de lui) fut envoyé aux
Banou Assad puis à Tamīm et aux Banou Hanīfah.
2.
Īkrimah Ibn Abi Jahl (qu’Allah soit satisfait de lui) aux Banou
Hanīfah.
3.
Shourahbīl Ibn Hassanah (qu’Allah soit satisfait de
lui) fut envoyé après Īkrimah aux Banou Hanīfah.
4.
Tarīf Ibn Hājiz aux Banou Soulaym et les Hawāzin qui étaient avec
eux.
5.
‘Amr Ibn al-‘Ās (qu’Allah soit satisfait de lui)) à Qouda‘ah,
Wadī‘ah et al-Hārith.
6.
Khālid Ibn Sa‘īd Ibn al-‘Ās fut envoyé vers la Syrie, à Tayma'.
7.
‘Alā' Ibn al-Hadramī au Bahreïn.8. Houdayfah Ibn Mihsan
al-Ghatāfani à Dabba en ‘Oman.
9.
‘Arfajah Ibn Harthamah à Mahrah au Yémen.
10.
Souwayd Ibn Mouqarrin Mouzani à Tihāmah au Yémen.
11.
Mouhājir Ibn Abi Oumayyah
à San‘a' puis Hadramaout au Yémen.
Après
une période d’environ quatre mois, ces brigades remplirent
victorieusement leurs missions et, avant la fin de l’année 11 de
l’Hégire (février 633 EC), toute la Péninsule Arabique était revenue
à l’Islam.
Le Bilan des guerres
d’Apostasie
1.
Les « guerres d’Apostasie » permirent l’unification de la Péninsule
Arabique sous l’abri de la foi islamique et de son Etat.
2.
Ces guerres furent une forme nécessaire d’entraînement et une phase
intermédiaire entre les batailles du Messager d’Allah (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui) et les conquêtes militaires.
3.
Ces guerres révélèrent un brillant commandement qui prouva ses
compétences et ses valeurs sur lesquelles l’entreprise des conquêtes
fut basée.
4. Le
succès des Musulmans et leurs victoires dans les guerres d’Apostasie
leur donnèrent une confiance illimitée dans leur habilité à
organiser et à réaliser ce qu’Allah, à Lui les Louanges et la
Gloire, leur avait promis.
5.
Après la conclusion de ces guerres, ces armées tournèrent leur
attention vers les Perses et les Romains, qui voulaient confiner
l’Islam à l’Arabie et l’empêcher d’émerger et de prêcher librement
aux gens ; et, pour cette raison, les conquêtes concernées prirent
place.
Les
Conquêtes Islamiques : Leur Nature et Leur développement
La Nature de l’entreprise des
Conquêtes
L’Islam n’exige pas des Musulmans d’imposer leur religion aux autres
par la force des armes mais il leur enjoint l’obligation de la
transmettre et de l’expliquer aux gens et de les y appeler avec
sagesse et bon conseil. Ensuite, le choix appartient librement aux
gens ; cependant, les souverains voisins des Musulmans, les empires
perse et byzantin s’autoproclamèrent divinités et refusèrent la
guidance.
L’empire Sassanide de Perse
Les
Perses étaient des mages négligeant dans leurs principes et leurs
convictions. Ils permettaient les mariages consanguins avec les
sœurs et les mères sans la moindre prohibition mais ne permettaient
pas l’enterrement des morts, préférant laisser les cadavres au soin
des oiseaux prédateurs. De même, ils n’acceptaient pas la repentir à
moins qu’il ne l’ait été précédemment par un Moūbad, un religieux,
ni même n’acceptaient l’Islam comme rival.
Ils
avaient un système de castes rigide, des souverains arrogants et
hautains, qui étaient les rois, tandis que leur peuple était
esclave. L’Islam, quant à lui, est une religion d’égalité parmi les
hommes et déclare qu’un Arabe n’a aucune supériorité sur un
non-Arabe et que seule la piété distingue les gens les uns des
autres en matière de supériorité. Quel aurait été le résultat si
l’appel à l’Islam avait été autorisé en Perse et dans ses
territoires ?
La
logique dictait qu’ils devaient fermer cette porte et, sous aucun
prétexte, négliger cette affaire qui avait débuté le jour où le
souverain perse Khosrô Pervez (Khosrô II) avait déchiré la lettre
qui lui avait été envoyée par le Prophète
(Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui) et qu’il envoya des
Yéménites pour l’arrêter et le lui ramener. Cependant Khosrô mourut
et l’attitude de la Perse envers l’Islam resta inchangée.
L’empire byzantin de Constantinople
C’était la capitale d’un empire chrétien (l’empire romain) qui était
devenu faible en raison des maladies qui l’affligeaient. Un certain
nombre de groupes de gens avec des idées et des idéologies opposées
naquirent ce qui engendra massacres, assassinats, incendies,
injustices, tortures, viols et pillages qui devinrent leurs moyens
de persuasion alors qu’ils prétendaient suivre une religion (le
Christianisme). Qu’allait donc être leur attitude envers une
nouvelle religion ? La réponse fut que les bédouins alliés de
l’empire romain saisirent Hārith Ibn ‘Oumayr al-Azdi (qu’Allah soit
satisfait de lui), que le Prophète Muhammad (Saluts et
Bénédictions d’Allah sur lui) avait envoyé au gouverneur Ghassāni de
Bosra et le tuèrent. Ce fut la justification juridique de la
campagne de conquête de la Perse, de la Syrie et des terres voisines
à l’est et à l’ouest. Ils se mirent donc en route en psalmodiant les
mots du Qur’an comme ce fut rapporté :
« C’est Lui qui a envoyé Son messager avec la guidée et la religion de vérité [l’Islam] pour la faire triompher sur toute autre religion. Allah suffit comme témoin ».
Qur‘an, Sourate al-Fath 48, verset 8
Avec
ce pouvoir fermement enraciné, de leur désert qui les avait
purifiés, les Musulmans se mirent en route contre le monde comme
prédicateurs pour Allah.
Au
début de l’année 12 de l’Hégire (633 EC), Khālid Ibn al-Walīd
(qu’Allah soit satisfait de lui) entra en Irak et au mois de Rajab
de cette même année, les armées musulmanes marchèrent vers la
Syrie ; lançant ainsi les conquêtes vers l’est et l’ouest, comme
nous l’avons montré dans cet Atlas.
Les conquêtes furent simultanément lancées
sur deux fronts
1. A
l’est vers l’Irak, al-Jazīrah, l’Ahvāz, la Perse et les terres
au-delà.
2. Au
nord, vers la Syrie puis vers l’ouest, l’Egypte l’Afrique du Nord et
l’Andalousie.
Bref Résumé des Conquêtes
Islamiques
Abou
Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) envoya en Irak le commandant
Khālid Ibn al-Walīd (qu’Allah soit satisfait de lui), à la tête de
18 000 hommes, et il vainquit les mages perses et leurs alliés
arabes d’al-Hīrah et d’al-Jazīrah. Lorsqu’al-Hīrah et son fort
furent tombés entre ses mains, il entreprit de nettoyer des forces
perses toutes les régions menant à l’ouest de l’Euphrate et remporta
quinze batailles successives. Au mois de Safar de l’année 13 de
l’Hégire (avril 634 EC), avant de pourvoir marcher vers al-Madā'in
(Ctésiphon), les opérations en Syrie exigèrent sa présence et Abou
Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) lui écrivit pour lui donner
l’ordre de s’y rendre le plus diligemment possible avec la moitié de
son armée et de remettre le commandement de l’autre moitié de
l’armée en Irak à Mouthannah Ibn Hārithah (qu’Allah soit satisfait
de lui) qui vainquit une armée de dix-mille Perses à Bābil
(Babylone) à la fin du mois de Rabī‘ al-Awwal de cette même année
(fin mai 634 EC).
Les Expéditions d’Abou ‘Oubayd
Ibn Mas‘oūd ath-Thaqafi
‘Oubayd Ibn Mas‘oūd ath-Thaqafi qui vainquit les Perses à
an-Namāriq, le 8 du mois de
Sha‘ban de l’année 13 de l’Hégire (7 octobre 634 EC), à Saqqātiyyah
le 12 Sha‘ban et à Bāqousyāthā, le 17 Sha‘ban de cette même année
(16 octobre 634 EC). Alors, il se jeta dans la Bataille du Pont le
23 Sha‘ban (22 octobre 634 EC), où il fut vaincu par les Perses et
tomba martyre sous les pattes d’un éléphant, ainsi que 4 000 soldats
musulmans, tandis que 4 000 autres furent noyés. Le reste de l’armée
musulmane, environ 4 000 hommes, se rassembla sous le commandement
de Mouthannah qui réussit à les extraire du champ de bataille et fut
grièvement blessé en protégeant leur retrait ; mais il fut toutefois
victorieux le lendemain lors de la Bataille d’Oullays puis à Soughra
le jour suivant. Lorsqu’il reçut des renforts, il se lança dans la
Bataille de Bouwayb au mois de Ramādan (novembre 634 EC) et anéantit
une énorme armée mage, prenant ainsi sa revanche pour la défaite de
la Bataille du Pont. Alors, il infligea à l’ennemi un certain nombre
de défaites cruciales et écrasantes, de l’Irak inférieur à l’Irak
supérieur, jusqu’à ce qu’il traversât le Tigre, près d’al-Madā'in
(Ctésiphon), où il attaqua le Marché de Baghdad au mois de Shawwāl
de l’année 13 de l’Hégire (décembre 634 EC), terrifiant ses ennemis
et réduisant leur moral. Les Perses désignèrent pour roi Yazdgard
III et mobilisèrent une nouvelle armée tandis que Mouthannah se
retirait dans le désert.
Les Expéditions de Sa’d Ibn Abi Waqqās
Pour
la troisième expédition en Irak, ‘Umar Ibn al-Khattāb (qu’Allah soit
satisfait de lui) confia le commandement de 33000 hommes à Sa’d Ibn
Abi Waqqās (qu’Allah soit satisfait de lui) qui emporta décisivement
la Bataille d’al-Qādissiyyah le 15 du mois de Sha‘ban de l’année 15
de l’Hégire (22 septembre 636 EC) en écrasant la plus grande armée
que les Perses aient jamais rassemblé soit 200000 soldats. Les
principales personnalités militaires et gouvernementales perses
furent tuées au cours de la bataille. Al-Madā'in (Ctésiphon) tomba
au mois de Safar de l’année 16 de l’Hégire (637 EC) tandis que
Yazdgard s’enfuit à Houlwān mais son armée fut de nouveau vaincue à
Jaloūla', le premier du mois de Dzoul Qi’dah de cette même année (24
novembre 637 EC), le poussant de nouveau à
s’enfuir à ar-Rayy (Rey). Néanmoins, Houlwān tomba et les Musulmans
éclaircirent une région d’un rayon de 200 kilomètres.
‘Outbah Ibn Ghazwān ouvrit un autre front à Shatt al-‘Arab
au mois de Rabī‘ al-Ākhir de
l’année 16 de l’Hégire (mai 637 EC) et conquit al-Ouboullah entre
les mois de Rajab et Sha‘ban (août/septembre 637 EC) avant d’établir
une base militaire à Bassora tandis que Sa’d en établissait une
autre à Koufa. De ces deux bases, les conquêtes progressèrent
rapidement vers l’est et le nord, prenant les territoires des
Sassanides de l’Ahvāz et d’al-Jazīrah.
Les
Musulmans vainquirent Hormouzān à Ahvāz, le prirent captif et
l’envoyèrent au Calife ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui). Alors
‘AbdAllah Ibn Malik Ibn al-Mou’tamm marcha sur Tikrīt qu’il conquit
au mois de Joumādah al-Awwal de l’an 16 de l’Hégire (juin 637 EC).
Il conquit al-Mawsil (Mossoul) et Ninive, pendant que ‘Amr Ibn Mālik
marchait sur Hīth (ou Hīt) et Qarqissīyyāh où il soumit les deux
villes. Alors ‘Iyād Ibn Ghanm (qu’Allah soit satisfait de lui)
paracheva la conquête d’al-Jazīrah au mois de Dzoul Hijjah de
l’année 17 de l’Hégire (décembre 637 EC), suivi de Nissībīn
(Noussaybin), ar-Rouha, Harrān et d’autres.
Nahavand et les événements successifs
La
bataille décisive d’al-Qādissiyyah fut la victoire capitale, 15 000
Musulmans menés par Nou’mān Ibn Mouqarrin al-Mouzani ayant infligé
une écrasante défaite à une armée de 150 000 hommes ; et après
laquelle les Perses ne furent plus jamais capables de rassembler de
nouveau une armée contre les Musulmans. Alors les Musulmans se
répandirent partout dans les terres perses et leurs conquêtes
atteignirent l’Azerbaïdjan, l’Arménie, Mouqan, al-Bāb, Tabas, Herat,
le Khorasan, le Sijistan, Kerman, Makran, etc.
Les conquêtes du Nord et de l’Ouest
La Syrie
Les
conquêtes en Syrie débutèrent immédiatement après que les Romains
aient attiré l’armée de Khālid Ibn Sa‘īd Ibn al-‘Ās qui campait à
Balqā', et l’aient vaincue. Abou Bakr Siddīq (qu’Allah soit
satisfait de lui) se rendit alors aussitôt compte que les Romains
étaient décidés à faire la guerre aux Musulmans et qu’il fallait les
en empêcher. Il forma promptement quatre brigades : il donna le
commandement de la première de 7000 hommes à Yazīd Ibn Abi Soufyān
(qu’Allah soit satisfait d’eux) et lui ordonna de marcher sur Damas.
La deuxième, aussi de 7000 hommes fut confiée à Shourahbīl
Ibn Hassanah (qu’Allah soit satisfait de lui) qui se mit en route
pour la Jordanie ; la troisième du même nombre à Abou ‘Oubaydah Ibn
al-Jarrāh (qu’Allah soit satisfait de lui) avec l’ordre de se
diriger vers Hims puis la quatrième brigade fut attribuée à ‘Amr Ibn
al-‘Ās (qu’Allah soit satisfait de lui) qui partit aussitôt pour la
Palestine. Les premières batailles survinrent à ‘Arabah et Dāthin,
le 24 du mois de Dzoul Hijjah de l’année 12 de l’Hégire (2
mars 634 EC) où Yazīd défit les forces de l’empire romain.
Malgré cela, les quatre armées islamiques firent face aux forces
romaines en surnombre et furent incapables d’en venir à bout. Les
Musulmans unifièrent donc leurs troupes sous le commandement unique
d’Abou ‘Oubaydah Ibn al-Jarrāh (qu’Allah soit satisfait de lui) qui
demanda des renforts à Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui).
Celui-ci décida de déplacer Khālid Ibn Walīd (qu’Allah soit
satisfait de lui) d’Irak en Syrie avec la moitié de l’armée qui
avait conquis l’Irak et lui confia le commandement général de
l’armée, portant ainsi le nombre total d’hommes des armées de Syrie
à 33000. Khālid conquit Bosra le 25 du mois de Rabī‘ al-Awwal de
l’année 13 de l’Hégire (30 mai 634 EC) avant de se diriger vers
Damas, accompagné par Abou ‘Oubaydah Ibn al-Jarrāh (qu’Allah soit
satisfait de lui). ‘Amr Ibn al-‘Ās (qu’Allah soit satisfait de lui)
resta en Palestine et Shourahbīl à Bosra. Les légions
romaines quittèrent Hims avec l’intention d’enlever Shourahbīl
(qu’Allah soit satisfait de lui) et de reprendre Bosra et envoyèrent
aussi une autre armée vers ‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) en
Palestine. Khālid (qu’Allah soit satisfait de lui) réunit les armées
musulmanes à Ajnādayn et, le 27 du mois de Joumādah al-Awwal (3
juillet 634 EC), il vainquit une armée romaine de 100 000 hommes
accompagnés de leurs alliés bédouins dont 3 000 périrent tandis que
le reste s’enfuit. Khālid
revenait assiéger Damas quand une autre force romaine apparut
à Marj as-Souffar, au sud de Damas, qu’il mit en déroute avant de
revenir une nouvelle fois assiéger Damas.
C’est
à ce moment-là, le 12 du mois de Joumādah al-Akhir
de l’année 13 de l’Hégire (23 août 634 EC), qu’Abou Bakr
(qu’Allah soit satisfait de lui) décéda et que ‘Umar Ibn al-Khattāb
(qu’Allah soit satisfait de lui) lui succéda. Il désista aussitôt
Khālid Ibn al-Walīd (qu’Allah soit satisfait de lui) de sa position
de commandant en chef des armées et nomma à sa place Abou ‘Oubaydah
Ibn al-Jarrāh (qu’Allah soit satisfait de lui).
Bayssān
:
Héraclius envoya vers Bayssān une troupe de 60 000 hommes via Marj
Ibn ‘Āmir au sud de Tabariyyah tandis que 20 000 autres quittèrent
Antākiyah (Antioche) pour Baalbek d’où ils se dirigèrent vers
Bayssān. Les deux armées combinées formèrent ainsi une force de 80
000 hommes commandée par Seclarius (Saqallar). Les armées musulmanes
se rassemblèrent à Fihl puis traversèrent la Jordanie et écrasèrent
les Romains le lundi 28 du mois de Dzoul Qi‘dah de l’année 13 de
l’Hégire (23 janvier 635 EC) ; suite à quoi, la terre de Jordanie
fut libérée par les Musulmans et les habitants firent un traité de
paix avec eux ; les Musulmans revinrent alors au siège de Damas
qu’ils maintinrent durant quatre mois.
Damas
: Khālid établit son camp à l’est de Damas d’où il assiégea la ville
tandis que ‘Amr et Shourahbil l’assiégeait au nord, Abou
‘Oubaydah à l’ouest et Yazīd (qu’Allah soit satisfait d’eux tous) au
sud. Ils poursuivirent le siège jusqu’à ce que Nastas Ibn Nasturas,
le commandant de la défense de la ville, désespéra de recevoir de
aide de l’extérieur et chercha un traité avec Abou ‘Oubaydah
(qu’Allah soit satisfait de lui). Pendant une célébration de
l’anniversaire de Nastas, la défense fut négligée et Khālid
(qu’Allah soit satisfait de lui) donna l’assaut sur la porte alors
qu’au même moment les Romains à l’ouest se soumettaient à Abou
‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait de lui). Ainsi tomba Damas, le
dimanche 15 du mois de Rajab de l’année 14 de l’Hégire (3 septembre
635 EC).
Homs
: Les
Musulmans restèrent à Damas durant l’hiver puis reprirent leur
marche vers Homs par la route de Baalbek. Yazīd resta dans la ville,
Shourahbīl en Jordanie et ‘Amr en Palestine. Abou ‘Oubaydah
(qu’Allah soit satisfait de lui) prit pacifiquement Baalbek le
25 du mois de Rabī‘ al-Awwal
de l’année 15 de l’Hégire (6 mai 636 EC) avant d’entrer à Hims
sans beaucoup de résistance le 21
du mois de Rabī‘ al-Akhir de cette même année (1 juillet 636
EC).
Yarmoūk
: Héraclius assembla une grande force de 200 000 hommes dont il
donna le commandement à Bāhān (Baanes) pour lancer une
contre-attaque, si bien qu’Abou ‘Oubaydah (qu’Allah soit satisfait
de lui) se retira de Homs et se dirigea vers Damas. Les Romains
entrèrent alors dans Homs puis prirent latéralement la route
d’al-Biqā‘avant de parvenir à Baalbek puis Jābiyah vers le sud. Les
Musulmans se retirèrent d’abord à Jābiyah et enfin à Adhra‘at où
l’armée romaine les avait précédés et s’était déployée sur les rives
du Yarmoūk. Abou ‘Oubaydah
remit le commandement de l’armée à Khālid Ibn al-Walīd (qu’Allah
soit satisfait de lui), qui écrasa les Romains à al-Waqoūssah, le
lundi 5 du mois de Rajab de l’année 15 de l’Hégire (12 août 636 EC),
ouvrant aux Musulmans les portes de la Syrie.
L’Egypte
:
‘Amr Ibn A1-’As (qu’Allah soit satisfait de lui) quitta Qayssariyyah
(Césarée) et entra en Egypte à la tête de 4000
combattants puis prit la
route au nord du Sinaï La première bataille qu’il livra fut celle du
Fort de Farma suivie par celle de Bilbeis. Là, il reçut des renforts
qui portèrent ses effectifs à 12000 hommes.
Une
majeure bataille eut lieu à ‘Ayn Shams (Héliopolis) où ‘Amr
(qu’Allah soit satisfait de lui) vainquit l’armée romaine. Alors, la
forteresse de Babylone (Bab al-Yoūn) tomba à son tour entre ses
mains suivie de celle d’al-Fayyoūm ; puis ‘Amr retourna vers
Alexandrie, capitale de l’Egypte à cette époque, qu’il conquit au
mois de Dzoul Hijjah de l’année 21 de l’Hégire (octobre 642
EC). Puis, après avoir attaqué les villes du Delta du Nil il se
tourna vers l’ouest.
La
Libye
:
‘Amr Ibn al-‘Ās (qu’Allah soit satisfait de lui) conquit
Barqah (en Libye) en l’an 21
ou 22 de l’Hégire (642 ou 643 EC) et envoya ‘Ouqbah Ibn Nafī‘ à
Zawīlah qu’il conquit en l’an 22 de l’Hégire (642 EC) pendant que
‘Amr (qu’Allah soit satisfait de lui) marchait sur Tripoli, qu’il
prit cette même année (642 EC).
Il
envoya aussi ‘AbdAllah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait de lui)
à Sabrātah et à Zawāghah
qu’il captura ; puis envoya à son tour Bousr Ibn Artāh à Waddān (en
Libye), qu’il conquit en l’an 23
de l’Hégire (642 EC).
Après
l’assassinat de ‘Umar Ibn al-Khattāb (qu’Allah soit satisfait de
lui), la Libye se révolta mais fut reconquise en l’an 28 de l’Hégire
(648 EC) sous le califat de ‘Uthmān Ibn ‘Affān (qu’Allah soit
satisfait de lui) ; toutefois, le souverain romain Grégoire accepta
de payer la Jizyah. Suite à cela, il se révolta une nouvelle
fois et ‘AbdAllah Ibn Sa‘d Ibn Abi Sarh l’attaqua de nouveau
en l’an 29 de l’Hégire (649 EC) et au cours de la bataille qui
s’ensuivit, Grégoire fut tué et son armée dispersée.