Les royautés indépendantes et le retour des révoltes successives
En
l’an 400 de l’Hégire (1109), à Valence (bolensia) dans l’est
de l’Andalousie, Mouzaffar et Moubarak se déclarèrent indépendant de
l’état omeyyade.
Cette
même année, ‘AbdAllah Ibn Qassim se révolta dans une petite ville
appelée Albonte et se déclara aussi indépendant suivit par les Banou
Khazroun de la ville d’Arkach.
En
l’an 403 de l’Hégire (1012), les Banou Bakri se déclarèrent
indépendant dans la ville de Wuebla (walba). Oudayl Ibn
‘Abdel Malik les suivit à Santa Maria (shanta mariya) ainsi
que les fils des Bani Taziri à Moror.
En
l’an 405 de l’Hégire (1014), Muhammad Ibn Barzal déclara
l’indépendance de la ville de Carmona (qarmona).
En
l’an 406 de l’Hégire (1015), les Banou Yafroun déclarèrent aussi
leur indépendance
Toutes ces révoltes n’étaient que le début des conséquences de la
sédition de Cordoue qui se répandirent dans toute l’Andalousie.
Muhammad
Ibn Hisham Ibn ‘Abdel Jabbar Ibn ‘AbderRahmane an-Nassir
alias Muhammad al-Mahdi Billah s’aliéna, dès de début de son
règne, l’ensemble des gens et particulièrement les Berbères à cause
de sa politique obtuse d’autant plus que les Berbères étaient à
l’époque le pilier de l’armée d’état. Il causa du tort à leurs chefs
Zawi Ibn Ziri as-Sanhadji et Habous Ibn Maksoun. Il prétendit
que le calife détrôné était mort en faisant tuer un Juif qui
ressemblait au calife Hisham.
Muhammad
al-Mahdi Billah se laissa alors aller à la perversité et à la
consommation de boisson alcoolisées et désista Souleyman Ibn Hisham
Ibn Souleyman Ibn ‘AbderRahmane an-Nassir, le prétendant à la
succession avant de l’emprisonner.
Hisham Ibn Souleyman, le fils de Souleyman Ibn Hisham Ibn Souleyman
Ibn ‘AbderRahmane an-Nassir, refusa d’être écarté du pouvoir,
réunit ses partisans, les Berbères et les Bani ‘Amir puis se rebella
contre Muhammad al-Mahdi Billah mais la majorité des gens
prirent le parti de ce dernier et il réussit à mettre fin à la
révolte en tuant Hisham Ibn Souleyman ainsi que son frère Abou Bakr
Ibn Souleyman et les chefs des Berbères. Puis il ordonna aux gens
d’attaquer les maisons des Berbères qui furent expulsés.
Souleyman Ibn Hakam Ibn ‘AbderRahmane an-Nassir
s’enfuit aussi avec des Berbères qui le nommèrent à leur tête et le
surnommèrent al-Mousta’in puis demandèrent de l’aide à Sancho Garcia
avant de marcher sur Cordoue au mois de Rabi’ Awwal de l’année 400
de l’Hégire (1009). Les forces de Muhammad al-Mahdi Billah
sortirent à sa rencontre mais furent écrasées et ce dernier fit
alors sortir le calife Hisham al-Mouayyad, qu’il avait faussement
déclaré être mort, et dit :
-
« Je ne suis qu’un supporter de sa cause ».
Les
rebelles déclinèrent ses prétentions et Muhammad al-Mahdi
Billah dut s’enfuir à Tolède tandis que al-Mousta’in Souleyman Ibn
Hakam Ibn ‘AbderRahmane an-Nassir entra à Cordoue et à
qui il fut porté allégeance. Puis, ce dernier ordonna que Hisham
al-Mouayyad Billah soit enfermé dans une des ailes du palais
gouvernemental.
Wadih
al-Fatah, l’un des principaux Saqalibah du gouverneur de Tolède
était un partisan de Muhammad al-Mahdi Billah alias Muhammad
Ibn Hisham Ibn ‘Abdel Jabbar et prêt à lui venir en aide par tous
les moyens. Il alla voir le comte Ramone Boril[1],
le gouverneur de Barcelone à qui il demanda de l’aide ainsi que le
comte d’Armingo le gouverneur d’Orkallah et les croisés, prompts à
saisir l’occasion de conduire les Musulmans à se combattre entre
eux, répondirent favorablement à ses demandes à la condition qu’ils
payent tous quotidiennement cent dinars aux deux gouverneurs et deux
dinars pour chacun de leurs soldats. Lorsque l’agrément fut conclus
et signé, l’alliance des apostats et des croisés marcha sur Cordoue
ou ils vainquirent l’armée d’al-Mousta’in et Muhammad Ibn
Hisham Ibn ‘Abdel Jabbar entra dans la ville volatile ou il lui fut
porté allégeance.
Mais
peu de temps après les Fityan ‘Amiriyah se rebellèrent contre
lui et libérèrent Hisham Ibn al-Mouayyad qui était enfermé dans une
des ailes du palais et lui portèrent allégeance. Puis, ils amenèrent
Muhammad Ibn Hisham Ibn ‘Abdel Jabbar qu’ils exécutèrent au
mois de Dzoul Hijjah de l’année 400 de l’Hégire (1009).
Wadih
al-Fatah, le chef des Fityan (jeunes) s’avança pour se nommer
ministre du calife pour se retourner par la suite contre lui mais
les Berbères qui supportaient le calife omeyyade refusèrent de le
reconnaitre comme sultan du fait qu’ils détestaient les gens de
Cordoue pour ce que ces derniers leur avaient fait. Ils demandèrent
l’aide du roi de Castille Sancho Garcia, après lui avoir promis de
lui remettre toutes les forteresses musulmanes qui bordaient son
territoire mais Sancho préféra s’arranger avec le calife Hisham
al-Mouayyad duquel, il obtint beaucoup plus de concessions. Ce
dernier remit aux croisés deux-cents forteresses stratégiques juste
pour conserver son pouvoir et cela pour résultat de la division qui
s’ensuivit entre les Musulmans à Cordoue ! Un très lourd
prix d’autant plus que ces forteresses héritées sans aucun effort de
sa part avaient été conquises au prix de leur sang par ses
prédécesseurs !
Mais
cela n’empêcha nullement les Berbères de mettre le siège sur Cordoue
puis de le renforcer et Wadih al-Fatah trouva la mort et au
mois de Shawwal de l’année 403 de l’Hégire (1012). Les Berbères
entrèrent dans la ville après avoir écrasée l’armée locale et ils
commirent à leur tour les pires crimes contre la population locale,
en vengeance de ceux qu’ils avaient eus même subit.
Souleyman al-Mousta’in se nomma calife et emprisonna Hisham
al-Mouayyad. Certains historiens ont rapporté que Muhammad
Ibn al-Mousta’in tua ce dernier et d’autres qu’Hisham al-Mouayyad
mourut en prison tandis que Sancho prit possession des deux-cents
forteresses stratégiques sans tirer la moindre flèche.
Les
Berbères vainqueurs prirent contrôle de Cordoue et descendirent avec
le calife omeyyade dans la ville de d’az-Zahrah tandis que ‘Ali et
al-Qassim, les enfants de Hamoud des Adarissah Hassaniyine
prirent possession de Shaqandah, une ville proche de Cordoue.
Néanmoins quelques temps plus tard, Souleyman al-Mousta’in voulut
les éloigner de la capitale du califat à cause du danger qu’ils
pouvaient représenter et pour cela il les nomma gouverneur dans des
régions éloignées pour les inciter à partir avec leurs partisans.
Ainsi, il réussit à éloigner de lui les Berbères satisfaits.
Les
Berbères qui se trouvaient en Andalousie étaient originaire de six
tribus principales :
- Les
Sanhadja dont le chef était Zawi Ibn Ziri Ibn Manat prit la région
d’Alvéra près de Grenade,
- Les
Banou Birzal et les Banou Yafran, la région de Jaén,
- Les
Bani Doummar et la tribu d’Izdajah, la région de Moro et de
Shadonah,
-
Mounzir Ibn Yahya at-Tajibi (ou at-Toujibi) al-Kindi, la
région de Saragosse,
-
‘Ali Ibn Hamoud, la région de Ceuta et
-
Al-Qassim Ibn Hamoud, la région d’Algesiras.
Les
Fityan ‘Amiriyah (les Saqalibah d’al-‘Amiri)
ressentirent une grande haine à l’encontre des Berbères qui
maintenant voyaient leur pouvoir renforcé grâce à Souleyman
al-Mousta’in qui leur avaient alloués des postes clefs dans l’état.
Ils quittèrent alors Cordoue pour l’est de l’Andalousie ou ils
créèrent leur propre Emirat (imarat).
Khayran al-‘Amiri prit la région d’Almeria et de Murcie qui appela
la royauté d’Almeria (mamlakat almeria) ainsi que la royauté
de Murcie. Il nomma Zouhayr al-Fatah gouverneur de Murcie tandis que
lui-même resta à Almeria.
Moujahid al-‘Amiri, quant à lui fonda la royauté de Dénia et les
îles des Baléares
Parmi
les évènements qui doivent être mentionnés sur cette sédition à
Cordoue est que lorsque la pression se fit intense sur lui, Hisham
al-Mouayyad promit la succession à ‘Ali Ibn Hamoud Ibn
Maymoun Ibn Hamoud le berbère dont l’ancêtre était Idriss Ibn
‘AbdAllah de la dynastie des Adarissah Hassaniyah.
Les
Berbères Adarissah, qui avait porté assistance à Idriss Ibn
‘AbdAllah lorsqu’il se réfugia au Maghreb à Fès pourchassé par les
Abbassides, avaient exactement le même style de vie que les tribus
arabes et leur ressemblaient en tout excepté qu’ils étaient
culturellement berbères unis par l’Islam.
‘Ali
Ibn Hamoud était le chef de la tribu des Adarissah au Maghreb
et lorsque la situation se calma à Cordoue, il y envoya les
Fityan ‘Amiriyah afin qu’il usurpe le pouvoir à Souleyman
al-Mousta’in et ‘Ali Ibn Hamoud en personne quitta Ceuta pour
Algesiras ou il fut rejoint par une masse de partisans. Puis, à leur
tête, il marcha sur Cordoue et à proximité de cette ville il
rencontra l’armée de Cordoue qu’il vainquit avant de capturer
al-Mousta’in Souleyman Ibn al-Hakam ainsi que son père al-Hakam
et son frère ‘AbderRahmane. Cette bataille eut lieu au mois
de Mouharram de l’année 407 de l’Hégire (1016).
L’armée victorieuse de ‘Ali Ibn Hamoud entra à Cordoue et
Hisham al-Mouayyad fut activement recherché avant de constater qu’il
avait été tué. Lorsque ‘Ali Ibn Hamoud fut convaincu de son
assassinat, il ordonna de tuer al-Mousta’in, son père et son frère
qui étaient prisonniers.
Les
gens de la ville portèrent alors allégeance à ‘Ali Ibn Hamoud
qui prit le titre de Nassir li-Dinillah.
Khayran al-‘Amiri porta assistance à ‘Ali Ibn
Hamoud et entra avec lui dans Cordoue. Quand il apprit aussi
que le calife al-Mouayyad était mort, il quitta la ville et se
rendit à l’est où il annonça sa révolte avec le reste des
Fityan ‘Amiriyah.
Il invita ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn
‘AbderRahmane an-Nassir, qui se trouvait à Jaén, de se
joindre à eux. Puis, ils lui portèrent allégeance et le surnommèrent
al-Mourtadah et un très grand nombre de gens se joignirent à eux.
Al-Mourtadah à la tête d’une immense armée se dirigea vers Grenade pour y
combattre les Berbères Sanhadja. Une féroce bataille qui dura
plusieurs jours eut lieu entre les deux armées mais au final
al-Mourtadah fut tué et son armée vaincue.
Au mois de Dzoul Qi’dah de l’année 408 de l’Hégire (1017), trois
Fityan Saqalibah,
serviteurs des Omeyyades, tuèrent ‘Ali Ibn Hamoud alors qu’il
se trouvait dans son bain. Les Berbères appelèrent son frère
al-Qassim, le gouverneur de Séville, qui vint aussitôt à Cordoue et
à qui, ils portèrent allégeance et surnommèrent al-Ma'moun.
Cette
même année, al-Moundir Ibn Yahya at-Tajibi déclara Saragosse
(sarqasta)
indépendante.
Al-Qassim Ibn Hamoud fut un faible gouverneur et au mois de
Joumadah Awwal de l’année 410 de l’Hégire (1019), le gouverneur de
Ceuta,
Yahya
Ibn ‘Ali Ibn Hamoud usurpa le pouvoir à son oncle qui
s’enfuit à son approche et retourna à Séville ou il prit le nom
d’al-Mousta’in. Yahya Ibn ‘Ali Ibn Hamoud entra à
Cordoue et les gens lui portèrent allégeance et il se fit appeler
al-Mou’tali Billah mais il resta à peine une année et demie avant
que les Berbères ne le désistent. Al-Qassim Ibn Hamoud quitta
alors Cordoue pour Malaga.
Les
Berbères désignèrent à sa place son oncle al-Qassim Ibn Hamoud
qui arriva de Séville et à qui ils portèrent allégeance et qui prit
le nom d’émir al-Mou'minin.
Cette
même année, ‘AbdAllah Ibn Muhammad déclara Badajoz (batalios)
indépendante ainsi qu’Ahmad Ibn Yahya à Niebla (labla).
Ainsi
que vous avez pu le constater, nous ne faisons référence qu’aux
tribulations de Cordoue qui se succédèrent rapidement les unes aux
autres en un temps très court mais comme elles se propagèrent à
l’ensemble de l’Andalousie, il devient donc impossible de toutes les
mentionner. C’est pourquoi nous ne parlerons que des séditions qui
touchèrent les villes principales.
Al-Qassim Ibn Hamoud lâcha les Berbères sur les gens de
Cordoue qu’ils opprimèrent si durement qu’ils créèrent une milice
chargée de les protéger et lorsqu’elle fut assez puissante, ils
réussirent à expulser al-Qassim et ses aides berbères en l’an 414 de
l’Hégire (1023). Les Berbères assiégèrent alors la ville et la
population sortit pour se défendre et les chassèrent à nouveau.
Al-Qassim retourna à Séville mais quand il voulut rentrer dans la
ville, les habitants lui fermèrent la porte au nez. Ils expulsèrent
aussi ses fils Muhammad et al-Hassan ainsi que tous
ses aides berbères et le Qadi Muhammad Ibn Isma’il Ibn ‘Abad
devint le nouveau gouverneur de Séville. Nous reviendrons plus
largement sur le sujet lorsque nous parlerons de la dynastie des
Bani ‘Abad.
Al-Qassim Ibn Hamoud se dirigea avec ses partisans vers la
ville de Sharish mais il fut rejoint par le fils de son oncle
al-Mou’tali qui l’assiégea jusqu’à la reddition de la
ville. Al-Mou’tali captura son oncle et ses cousins et
al-Qassim Ibn Hamoud mourut étouffé dans sa prison en l’an
431 de l’Hégire.
La fin de la dynastie des Omeyyades en Andalousie
Tous
ces évènements successifs peinèrent les habitants de Cordoue, la
capitale de l’Andalousie, qui décidèrent de chasser définitivement
les Berbères de la ville et de rassoir l’un des trois Omeyyade
suivant au pouvoir :
-
Souleyman Ibn al-Mourtadah,
- Muhammad
Ibn al-‘Iraqi ou,
-
‘AbderRahmane Ibn Hisham Ibn ‘Abdel Jabbar Ibn ‘AbderRahmane
an-Nassir.
Finalement, ce dernier fut choisi au mois de Ramadan de l’année 414
de l’Hégire (1023) et prit le titre de Moustadhir Billah. ‘AbderRahmane
Ibn Hisham emprisonna aussitôt les fils d’al-Mourtadah et
d’al-‘Iraqi mais il ne resta au pouvoir que quarante-quatre jours
seulement car les gens se rebellèrent contre lui et il dut se cacher
dans un des bains de la ville.
Muhammad
Ibn ‘AbderRahmane Ibn ‘Oubaydillah Ibn ‘AbderRahmane
an-Nassir fut nommé calife à sa place et il fut surnommé
al-Moustakfi Billah. Peu après Moustadhir Billah fut capturé, amené
et tué devant le fils de son oncle. Al-Moustakfi Billah fit aussi
assassiné le fils de son oncle Muhammad Ibn al-‘Iraqi en l’an
416 de l’Hégire (1025).
Les
révoltes et les désobéissances devinrent donc des habitudes chez les
habitants de Cordoue et au mois de Rabi’ Awwal de l’année 420 de
l’Hégire (1029), ils désistèrent al-Moustakfi Billah qui réussit à
quitter la ville déguisé en femme mais il fut tué peu après par ses
aides.
Au
mois de Rabi’ Thani de cette même année, les habitants de Cordoue
portèrent allégeance à Hisham Ibn Muhammad Ibn ‘Abdillah Ibn
‘AbderRahmane an-Nassir qui prit le nom de Mouhtad Billah qui
se trouvait encore dans la ville d’Albonte dont le gouverneur était
‘Abdillah Ibn al-Qassim al-Fihri. Il dirigeât de cette ville durant
deux années et sept mois avant de se rendre à Cordoue au mois de
Dzoul Hijjah de l’année 422 de l’Hégire (1031).
Comme
les califes Omeyyades l’ayant précédés, Hisham Ibn Muhammad
n’était ni un homme d’état ni même n’avait la moindre force et
volonté pour diriger. Pour mettre fin à toutes ces divisions, l’état
aurait eu besoin d’un homme puissant et ferme comme ‘AbderRahmane
ad-Dakhil ou ‘AbderRahmane an-Nassir.
Hisham Ibn Muhammad resta calife deux années à Cordoue avant
que son ministre (wazir) Abou al-Hazm Ibn Jahwar
décide non seulement de le désister mais de mettre fin à la présence
des Omeyyades de la ville. Abou al-Hazm Ibn Jahwar dont le
vrai nom était Jahwar Ibn Muhammad Ibn Jahwar Ibn
‘Oubaydillah Ibn Ahmad Ibn Muhammad.
Le
premier à avoir fait pénétrer la famille Jahwar en Andalousie fut
Youssouf Ibn Bakht (ou Boukht) Ibn Abi ‘Abdah al-Farissi qui était
le Mawlah du cinquième calife omeyyade ‘Abdel Malik Ibn
Marwan soit à peu près trois siècles auparavant.
Cette
même année, les Bani Zi Noun déclarèrent l’indépendance de Tolède et
Abou al-Hazm Ibn Jahwar se rebella contre al-Mouhtad Billah
et fit savoir qu’il était dorénavant le nouveau dirigeant de Cordoue
et de l’Andalousie et avec lui prit fin la dynastie des Omeyyades en
Andalousie, dynastie qui fut fondée par un homme exceptionnel,
‘AbderRahmane ad-Dakhil qui légua à ses fils le pouvoir et la
royauté.
Les
Omeyyades dirigèrent deux siècles sans problème et les derniers
venus détruisirent le legs de leurs ancêtres en moins de cinquante
années. Le début de leur pouvoir fut marqué par la puissance, le
milieu par la gloire et l’honneur quant à la fin, il se fragmenta en
vingt-deux états indépendants. L’Andalousie se disloqua et perdit le
Maghreb. Le responsable de cette chute fut sans conteste Shanjoul le
faible et tous ceux dont l’unique préoccupation fut la recherche de
leur intérêt personnel.
Aujourd’hui, nous sommes dans le même état de division mais
l’intérêt pour l’au-delà de certains est toujours présent et par cet
intérêt, ils raniment la nation musulmane.
Notre
division actuelle est incomparable et ne parviendras jamais avec
celui de l’Andalousie. L’Andalousie était un seul pays divisée en
vingt-deux villes états tandis que nous sommes des nations divisée.
Et la division, comme celle de l’Andalousie, vient de ceux qui
dirigent les Musulmans. Des loups affamés de richesse et des
traîtres qui n’ont ni honneur et ni but grandiose dans leur vie sauf
la grosseur de leur compte en banque, qu’ils prennent bien soin de
placer à l’étranger. Ils passent leur vie à ramasser de l’argent sur
la misère populaire et la dictature implacable. Et comble de
dérision, ils amassent des sommes pharamineuses dont ils ne
profiteront jamais et qu’il faudrait mille vie pour dilapider alors
qu’ils n’en n’ont qu’une !
Quant
à l’Histoire, elle ne retiendra d’eux qu’à peine quelques lignes
faisant états de leur traîtrise. Des hommes incapables de défendre
leurs pays et qui se sauvent à l’étranger, comme des voleurs qu’ils
sont, dès qu’ils sentent le vent tourner en emportant avec eux la
malédiction des milliers de gens qu’ils ont opprimés. Toutes ces
viles créatures réunies, n’atteindront jamais le rang d’un homme
simple comme al-Hajib al-Mansour.
Et
durant toutes ces années d’absence du pouvoir central, les croisés
au nord en profitèrent pour conquérir un tiers de l’Andalousie et
récupérer toutes les terres qu’al-Hajib al-Mansour avait
conquises.
Garcia (gharciya) conquit Castille et se maria avec la fille
du roi de Léon aussi conquise mais, il fut peu après assassiné par
Sancho Senior (shanja al-kabir (le grand)) qui prit le
pouvoir. Sancho attaqua et prit Castille, Navarre puis le royaume de
Léon et tout le nord fut unifié en un seul état tandis qu’il prit le
titre de roi et se fit appelé roi d’Espagne. Sancho (shanja)
mourut en l’an 426 de l’Hégire (1034) et fut succédé par Ferdinand (fardlande)
qui conquit le reste du royaume de Léon.
Quant
à la division des Musulmans, elle allait empirer.
Le morcèlement de l’Andalousie
En
l’an 429 de l’Hégire (1037), les Banou Tahir annoncèrent la création
d’un nouvel état centralisé à Murcie.
A
Saragosse, Souleyman Ibn Muhammad Ibn Houd se rebella contre
les Tajibi et les expulsa pour prendre le pouvoir et une nouvelle
ère de règne débuta, le règne des Bani Houd. Souleyman se fit appelé
al-Mousta’in Billah bien qu’il fut juste émir de Saragosse.
La
tribu des Bani Samadih annoncèrent l’indépendance de ville
d’Almeria, au sud-est en bordure de la Mer Méditerranée, la capitale
des forces militaires navales et de la flotte musulmane.
A
Cordoue, Abou al-Hazm Ibn Jahwar différa de ces prédécesseurs
et c’est de sa propre maison d’où il ne sortit jamais, qu’il
gouverna. Il s’entoura de gens sages, réfléchis et intelligents et
eut de nouveau recours à la consultation (shourah). Il
n’entreprit aucun acte personnel avant de leur demander leur avis si
bien qu’il entra dans l’estime des gens et qu’il devint respecté.
Il
gouverna ainsi durant huit années avant de décéder en l’an 430 de
l’Hégire (1038) et son fils Abou al-Walid Muhammad Ibn Jahwar
lui succéda par décision du conseil.
Parmi
les personnalités de l’époque, il y eut :
Abou
Marwan Hayyan Ibn Khalaf Ibn Houssayn Ibn Hayyan
Ibn Muhammad Ibn Hayyan, auteur du livre « al-mouktaddas
fi akhbar balad al-andalous[2] »
et décédé en l’an 469 de l’Hégire.
Le
poète et ministre Abou al-Walid Ahmad Ibn Zaydoun
al-Makhzoumi qui fut emprisonné en l’an 441 de l’Hégire (1049) à
Cordoue et qui réussit à s’enfuir avant de se rendre à Séville ou il
devint ministre du vil gouverneur al-Mou’tadid Ibn ‘Abbad. Ce
dernier succéda à son père en l’an 433 de l’Hégire (1041) et nous
reviendrons sur son histoire plus tard. Ibn Zaydoun resta à Séville
jusqu’à sa mort en l’an 463 de l’Hégire (1070)
Cette
même année, Souleyman Ibn Houd al-Mousta’in Billah, gouverneur de
Saragosse, décéda et la ville se divisa en deux. Ahmad Ibn
Souleyman se déclara gouverneur de Saragosse et se fit appeler
al-Mouqtadir Billah, nom qu’il ne faudra pas oublier. Ahmad
était celui qui avait le plus d’ambition. Quant à ses frères, ils se
partagèrent le reste du territoire en leur possession, et parmi eux,
Youssouf al-Mouzaffar Billah se nomma gouverneur de Barbastro (barbashtar).
Cette ville à une histoire importante dont nous parlerons bientôt.
Le Sheikh Abou
al-Walid al-Baji
En
l’an 440 de l’Hégire (1048), un des plus grands savants (‘alim),
actif et Moujahid de l’époque Abou al-Walid al-Baji qui avait quitté
l’Andalousie treize années auparavant pour étudier les sciences s’en
retourna. Et pour nous tous, il y a une leçon à tirer de cet homme
et un exemple à suivre.
Les
historiens ont dit qu’il était de la même notoriété que les savants
tels qu’Ibn Hazm et autres en matière de connaissance.
Il
écrivit un nombre important de livres dont certains existent encore
de nos jours tandis que les autres ont été perdus avec la chute de
l’Andalousie. C’était un pauvre homme modeste qui n’acceptait ni
aide et ni aumône et qui travaillait de ses propres mains. Il est
celui qui répondit aux prétentions des Chrétiens en matière de
religion car ces derniers faisaient courir des rumeurs sur la
religion musulmane que les simples d’esprit croyaient.
Lorsqu’il revint en Andalousie et vit à quel degré de division les
Musulmans étaient parvenus, il fut pris de pitié et extrêmement
peiné. Il décida donc de prendre ses responsabilités envers l’Islam
et les Musulmans et durant trente années, il parcourut l’Andalousie
avec pour mission de réunifier le pays sous la bannière islamique.
Il disait : « Vous n’êtes pas préoccupé par l’unité et alors la
faiblesse durera et empirera. Si vous vous ne unifiez pas, vous
perdrez le pays, vos biens et vos femmes seront violées ». Tel était
son mot d’ordre de villes en villes et de villages en villages.
Et où
il allait, il était toujours bien accueilli par les gouverneurs. Les
gouverneurs lui promettaient d’écouter ses conseils mais personne ne
les mettaient en pratique.
Puis
il se mit à parler aux savants et aux communs des gens si bien qu’il
réveillait l’ardeur islamique dans leurs cœurs. Et nous verrons par
la suite si ses conseils portèrent ses fruits.
En
l’an 449 de l’Hégire (1057), les Banou ‘Abbad qui gouvernaient
Malaga (maliqah) occupèrent Niebla (labla) puis Wuebla
et l’île de Shaltish. Puis l’ouest de Santa Maria, Shalbah puis
Murcie et Grenade. Les différentes enclaves se firent la guerre les
uns les autres, oubliant le danger majeur au nord des ennemis
d’Allah qui eux étaient unifiés.
Profitant de la situation de faiblesse des Musulmans, Ferdinand (fardlande)
traversa le fleuve Duera (douira) et mit le siège sur la
ville musulmane de Bazo. Les Musulmans résistèrent fermement mais
Ferdinand reçu de l’aide et intensifia son siège.
Les
habitants de Bazo demandèrent de l’aide aux autres Musulmans mais
personne ne répondit et Bazo tomba. Point n’est la peine de vous
décrire ce qui s’ensuivit sauf pour confirmation des actes habituels
: la majeure partie de la population fut massacrée, les femmes
violées et les hommes emmenés en esclavage tandis que la ville fut
rasée. Et il n’y a de force et de puissance qu’en Allah !
Puis
Ferdinand ne voyant personne pour l’arrêter marcha sur Tolède, la
capitale du centre et détruisit la banlieue avant de marcher sur
Calmaria (qalmariyah) qui subit le même sort que Bazo.
En
l’an 452 de l’Hégire (1060), décéda ‘Abdel ‘Aziz Ibn ‘AbderRahmane
Ibn al-Hajib al-Mansour à Valence (bolensia) ou il
était le gouverneur et lui succéda ‘Abdel Malik al-Mouzaffar qui se
maria avec la fille de Ma'moun, le gouverneur de Tolède.
Puis
arriva le pire évènement de l’époque, la chute de Barbastro (barbashtar)
qui entraîna avec elle le malheur.
La
ville de Saragosse (sarqasta), la capitale du nord, était aux
mains des Tajibi puis les Bani Houd prirent le pouvoir. Quand
Souleyman mourut, la ville fut divisée entre ses successeurs. Ahmad
Ibn Souleyman al-Mouqtadir Billah prit Saragosse et Youssouf
al-Mouzaffar Billah prit Barbastro.
En
l’an 456 de l’Hégire (1063), les Normands, alliés aux Français,
réunirent une armée de 40.000 hommes et du sud de la France,
traversèrent les Pyrénées, entrèrent en Espagne et marchèrent sur
Saragosse.
Sur
leur route, à soixante kilomètres de Saragosse se trouvait la ville
de Barbastro qu’ils attaquèrent. Al-Mouzaffar demanda de l’aide à
son frère al-Mouqtadir Billah, le gouverneur de Saragosse, qui
craignant d’être attaqué à son tour, refusa. Al-Mouzaffar demanda de
l’aide aux autres Musulmans mais personne ne bougea le petit doigt.
Les savants religieux implorèrent les dirigeants mais par l’un
d’entre eux ne leva ne serait-ce que le plus petit détachement pour
le secourir.
Le
siège durcit et après quarante jours, les murailles externes de la
ville tombèrent mais les Musulmans résistèrent farouchement. Mais un
traître (khahine) sortit du fort et montra aux ennemis le
système d’irrigation qui amenait l’eau à la ville que les croisés
arrêtèrent aussitôt et bientôt les Musulmans n’eurent plus rien à
boire et commencèrent à s’entretuer entre eux pour le reste d’eau.
Pourquoi ne se sont-ils pas entraidés les uns les autres et sorti en
une seule masse contre l’ennemi à la place de subir une telle
humiliation car il vaut mieux mourir dans l’honneur que de subir ce
qu’il allait tomber sur eux !
Ils
ont jugé leurs vies plus importantes que celles de leurs frères
alors que les mourants de la bataille de Badr, sachant qu’un de leur
frère était agonisant, refusèrent de boire pour leur laisser la
priorité !
Alors
ils se mirent à proposer la soumission aux Normands qui refusèrent.
Perdant leur patience, la division se fit plus forte dans la ville
et les Normands réussirent à prendre Barbastro et, selon les
historiens, massacrèrent entre 40.000 et 100.000 hommes. Ils
violèrent les femmes devant leurs maris, leurs pères et leurs
frères, sans que l’un d’entre eux ne puisse bouger, exactement comme
en Iraq, en Afghanistan et d’autres pays de nos jours.
Les
croisés partagèrent les quartiers de la ville entre les soldats et
tous les êtres vivants qui se trouvaient à l’intérieur des maisons
qu’ils recevaient leur servaient d’esclaves. Puis ils choisirent
50.000 des plus belles musulmanes et les envoyèrent comme cadeau au
roi de Constantinople. Ils saisirent aussi un immense butin et
laissèrent 3.500 soldats sur place avant de revenir vers la France.
Cela
ne vous rappelle-t-il pas les cris de nos sœurs en Bosnie ? 200.000
hommes tués et 500.000 femmes sans qu’un seul pays musulman ne lève
le petit doigt ! Et ainsi l’histoire se répète sans que nul n’en
tire de leçon.
La
division engendre l’humiliation et l’unité engendre le respect et la
gloire comme nous l’avons vu sous les règnes d’an-Nassir et
d’al-Mansour. Et le Sheikh al-Baji qui appelait les gens à l’unité
et les avait avertis de tels jours de désastre mais personne ne tint
compte de ses avertissements.
L’appel des savants au combat dans la
voie d’Allah et la reconquête de Barbastro
N’attendant rien des gouverneurs, le Sheikh al-Baji ne put plus
patienter face à ce carnage et appela les gens au combat dans la
voie d’Allah. Si les gouverneurs étaient incapables de prendre les
décisions qui s’imposaient, alors les savants devaient prendre leurs
responsabilités. Il réanima les cœurs avec ses prêches et ses appels
et appela les gens à sortir avec lui : « N’attendez pas vos
gouverneurs, sortez avec vos biens et luttez dans la voie d’Allah ».
Et
parmi ceux qui sortirent avec lui, il y avait les savants Ibn Hazm,
Ibn ‘Abdi Birr et Ibn Roushd, le grand père du philosophe connu.
Chacun appela aux gens de son côté et tous les gens en général, émus
par ce qui s’était passé à Barbastro sortirent bientôt rejoint par
certains gouverneurs.
En
l’an 457 de l’Hégire (1064), al-Mouqtadir Ibn Houd, dont le frère
al-Mouzaffar avait été tué à Barbastro, répondit à l’appel
d’al-Baji. Son armée de 6.000 hommes sortit de Saragosse et marcha
sur Barbastro aux cris de Takbir (allahou akbar)
et de Tahlil (la ilaha illallah).
Les
gens sur la route se joignirent à eux, remués par la foi, l’honneur
et la recherche du martyr dans la voie d’Allah et eut lieu la
Bataille de Barbastro, neuf mois après sa chute.
Les
Normands furent battus par cette armée de croyants au nom du combat
dans la voie d’Allah (jihad fis-sabilillah), purifié des
désirs mondains, pour l’exclusivité de la recherche de l’agrément
divin et de la vengeance pour leurs frères et sœurs tombés. Ainsi
avec cette sincère intention, ils remportèrent la bataille au cours
de laquelle périrent à peine cinquante Musulmans pour 1.500 croisés.
Quant au reste des Normands, ils furent faits prisonniers et
Barbastro revint aux mains des Musulmans.
Lorsque les âmes se levèrent pour la voie d’Allah Glorifié soit-Il,
et que les savants hissèrent l’étendard du combat dans la voie
d’Allah, 6.000 hommes à peine suffirent pour retrouver l’honneur
perdu et la gloire mais cela ne servit pas de leçon aux gouverneurs
des royaumes indépendants, ni même ne se repentirent de leurs
actions et la division et les conflits entre eux se poursuivirent.
Et la
prédestination d’Allah fit qu’un petit événement arriva qui recula
d’un côté la chute définitive de l’Andalousie mais qui contribua
néanmoins à celle-ci.
En
l’an 458 de l’Hégire (1065), Ferdinand mourut et ses enfants se
partagèrent la royauté. Sancho hérita de Castille, Alfonsh ou
Alfonse hérita de Léon et Garcia hérita de Galice et du Portugal (bourtoughal).
Sancho, insatisfait de ce partage et voulant tout pour lui, attaqua
Léone qu’il réussit à prendre et Alfonsh III (alfonsh thalith),
rappelez-vous de ce nom qui a une grande importance dans l’histoire
de l'Andalousie, dut s’enfuir.
N’ayant nulle part où aller, Alfonsh se réfugia chez les Musulmans à
Tolède, la capitale du centre, gouvernée à l’époque par Yahya
Ibn Zi Noun surnommé al-Ma'moun. Yahya honora Alfonsh, lui
donna une maison près de son palais et une totale liberté d’aller à
sa guise.
Alfonsh resta neuf mois à Tolède (toleytela) si bien qu’il
eut largement le temps de connaître les entrées et les sorties de la
ville, les fortifications, les gardes, la force militaire,
l’armement et toutes les informations importantes pour pouvoir mener
un siège par la suite et faire tomber Tolède.
Bien
idiot fut Yahya d’avoir montré tous les secrets des Musulmans
et encore plus de lui avoir fait confiance, espérant trouver la
sécurité auprès d’un ennemi d’Allah alors que la seule confiance
doit être placée en Allah le Très Haut et que l’aide et la victoire
ne viennent que de Lui Exalté soit-Il. Et encore plus terrible,
comment a-t-il put oublier ce qu’ils ont fait subir aux Musulmans ?
A Allah nous sommes et à Lui revenons (inna lillah wa ilayhi
raji’oun) !
En
l’an 459 de l’Hégire (1066), Sancho attaqua son autre frère et lui
prit toutes ses possessions réunifiant ainsi le nord comme l’avait
fait son père auparavant. Tandis que les Chrétiens s’unifiaient les
Musulmans accentuaient leurs différends.
Toujours cette même année, Ibn ‘Abbad captura Carmone puis Moro,
Arkash et Randa. Le gros mangeait le petit et le fort mangeait le
faible.
Al-Mouzaffar, le gouverneur de Batalios, une toute petite ville,
déclara aussi son indépendance et en l’an 461 de l’Hégire (1068),
paya l’impôt de guerre à Sancho. Puis al-Mouzaffar décéda et
al-Mou’tamid Billah, son fils, prit la succession de Séville. Et
al-Mou’tamid jouera un rôle important par la suite dans l’histoire
de l’Andalousie comme nous allons le voir.
La
ville la plus proche de Séville était Cordoue et en l’an 463 de
l’Hégire (1068), al-Mou’tamid prit Cordoue aux Bani Jahwar. Et
Séville réunie à Cordoue devint le plus grand des royaumes
indépendants du fait que d’autres petites villes se joignirent à
lui.
En
l’an 465 de l’Hégire (1072), Sancho (shanja) marcha vers la
forteresse de Zamora. Lorsque Ferdinand mourut et que son royaume
fut partagé entre ses successeurs, la forteresse de Zamora revint à
sa fille Orakah. Comme il avait fait précédemment pour ses frères,
Sancho voulut s’approprier de force la forteresse de sa sœur. Et
alors qu’il approchait de la forteresse, il fut assassiné laissant
l’état sans succession.
Alfonsh III informé et qui se trouvait à Tolède, revint en toute
hâte à Léon et se fit proclamer roi. Il fit emprisonner son frère
Garcia qui resta prisonnier dix-sept ans avant de mourir. Ainsi
Alfonsh devint maître incontesté du nord.
En
l’an 466 de l’Hégire (1073), al-Ma'moun Ibn Zi Noun, gouverneur de
Tolède qui honora Alfonsh, mourut et lui succéda al-Qadir Billah, le
plus mauvais des gouverneurs que connu l’Andalousie.
A la
mort d’al-Ma'moun, la ville de Valence était unie à Tolède mais
sitôt qu’al-Ma'moun mourut, Ibn Roubbash qui était son ministre,
déclara son indépendance. Puis, les Bani Houd qui contrôlaient la
région se joignirent à lui et Ahmad Ibn Houd se maria à la
fille d’Ibn Roubbash.
Et
l’histoire retint que personne ne semblait penser à l’au-delà et aux
intérêts généraux des Musulmans.
A
Cordoue, Abou al-Walid Muhammad Ibn Jahwar fut succédé par son fils
‘Abdel Malik qui prit le titre d’al-Mansour Billah avant d’être à
son tour remplacé par son grand frère ‘AbderRahmane mais peut
après ‘Abdel Malik le fit arrêté et emprisonné et au mois de Sha’ban
de l’année 468 de l’Hégire (1075), les forces de Mou’tamid Ibn
‘Abbad entrèrent à Cordoue et prirent la ville. La famille Jahwar
fut expulsée dans l’île de Shaltish dans l’océan Atlantique faisant
face à Wuebla.
Ibn
‘Abbad nomma gouverneur de la ville de Cordoue son fils ‘Abbad Ibn
al-Mou’tamid Ibn ‘Abbad qui prit le titre de Zafir mais il fut tué
en l’an 467 de l’Hégire (1074). Al-Fath Ibn al-Mou’tamid Ibn
‘Abbad prit la succession et se fit appeler al-Ma'moun et c’est sous
son règne que Cordoue tomba aux mains des Mourabitine au mois de
Safar de l’année 484 de l’Hégire (1091) et qu’il fut tué.
Ayant
introduit les Mourabitine et leur entrée dans l’histoire de
l’Andalousie, sur lesquels nous reviendront largement, et ayant fini
la page des séditions dans la capitale des Musulmans Cordoue, nous
allons revenir sur les principaux royaumes indépendants qui se
scindèrent suite au catastrophique règne de Shanjoul au début de
l’année 400 de l’Hégire (1009). Nous avons, au cours de cette page,
donné quelques informations éparses sur celles-ci et la suite du
texte pourrait peut-être vous apparaitre certaine fois un peu
répétitif. Ces informations n’ont été donnée que pour vous permettre
d’avoir un aperçu général de la situation catastrophique en temps
réel tant sur l’échelle chronologique que territoriale.
[1]
Comme vous le voyez, il devient de plus en plus fréquent à
ces apostats d’aller demander de l’aide aux ennemis d’Allah
qui se retournerons contre eux à la première occasion, comme
vous le verrez
et le voyons de nos jours dans les médias, devenant ainsi
victime de leur propre trahison.
[2]
Ou « al-mouktaddis fi akhbar balad al-andalous ».