Les
Mourabitine sont originaires de la tribu berbère Baranaize des
Lamtounah as-Sanhadjiyah qui étaient une très large tribu comprenant
en t’autre les tribus de Massoufah, de Jidalah, de Misratah, de
Midassah, de Lamtah et d’autres. La tribu de Lamtounah était une
tribu de bédouins qui ne connaissait pas l’agriculture et qui vivait
dans le désert de Shanguit, en Mauritanie actuelle. Ils étaient des
nomades exactement comme les bédouins du désert et bâtissaient leur
survie sur les chameaux qui portaient leurs affaires, leur donnaient
du lait et dont ils utilisaient la laine pour faire leurs habits et
leurs tentes.
Les
Mourabitine (al-mourabitine) furent appelés les Lamtouniyine
et avaient aussi un autre nom très connu, al-Moulaththamine parce
qu’ils se couvraient totalement le corps et ne laissaient apparaitre
que leurs yeux comme l’a rapporté al-Bakri, auteur du livre « al-massalik
wal mamalik » : « Il se couvrait du Niqab qui ne laissait
apparaitre que leurs yeux. Chacun d’entre eux ne se reconnaissait
que s’ils étaient voilés et si certains d’entre eux étaient tués au
combat et dévoilés nul ne pouvait les reconnaitre jusqu’à ce qu’il
leur soit remis leurs voiles » et il a aussi rapporté : « ce qui est
le plus étrange, c’est que leurs femmes ne se voilaient pas la face
et que cela était uniquement propre aux hommes de la tribu », fin de
citation.
Les
Lamtouniyine étaient à leur début des mages (majous) et
devinrent Musulmans lors de la conquête du Maghreb en l’an 98 de
l’Hégire (716) par Tariq Ibn Ziyad et Moussa Ibn Noussayr.
Au
deuxième siècle de l’Hégire, propageant l’Islam, ils entrèrent en
conflit avec les tribus Wathaniyah voisines
Au
début du quatrième siècle de l’Hégire, les tribus Sanhadja entrèrent
en conflit les uns les autres et restèrent divisées durant
cent-vingt années jusqu’au règne de l’émir Muhammad Ibn
Nayfat (ou Tifaouit, les historiens diffèrent sur ce nom) al-Lamti
de la tribu de Lamtah qui s’appliqua à réunifier les tribus Sanhadja
mais ne régna qu’un très court temps et fut tué alors qu’il
combattait les Wathaniyine au Soudan. Il fut succédé par Yahya
Ibn Ibrahim al-Jidali, l’émir de la tribu Jidalah qui ne faisait
qu’une avec la tribu de Lamtounah.
En
l’an 427 de l’Hégire (1037), l’émir de la tribu Jidalah, Yahya
Ibn Ibrahim al-Jidali, partit au pèlerinage (hajj)
avec un groupe de gens de sa tribu. Sur la route de retour, en l’an
428 de l’Hégire, il s’arrêta à Kairouan (al-qayrawan), la
capitale de l’Ifriqiyah et s’enquit des savants de l’école Malikite
(de l’Imam Malik Ibn Anas puisse Allah lui faire miséricorde)
car il avait fait vœu de ramener avec lui un savant de cette école
car son peuple avait un grand besoin de quelqu’un pour les enseigner
du fait qu’il étaient des bédouins habitants du désert ignorants et
qu’un grand nombre d’innovations avaient vu le jour parmi eux.
Ainsi, il rencontra le Faqi' Abi ‘Oumran Moussa Ibn Hajj
al-Ghouthjoumi az-Zinati, de la tribu de Ghouthjouma Zenâta et lui
aussi originaire de Fès. Abi ‘Oumran Moussa Ibn Hajj était le
Sheikh des Masha'ihk (le savant des savants) de l’école de
pensée juridique Malikite de l’époque.
Yahya
Ibn Ibrahim al-Jidali fut très impressionné par ce grand savant et
lui dit :
-
« Nous sommes des tribus et nous n’avons pas de savants pour nous
apprendre notre religion. Envoie avec nous un de tes étudiants ».
Le
Sheikh convoqua ses étudiants et leur dit :
-
« Qui d’entre vous va les accompagner ? » Mais personne ne se
désigna du fait de la longue distance à parcourir et aussi à cause
des conditions de vie difficiles dans le désert.
Il
remit alors une lettre à Yahya Ibn Ibrahim al-Jidali destinée
à l’un de ses élèves savant du nom de Wadjaj Ben Zallou Lambi qui se
trouvait à Ribat dans le pays de Nafiss.
Ribat
était un lieu isolé ou ce savant s’était retiré pour l’adoration et
le terme Ribat vient de « mourabatat khayl al-mouslimin »,
« endroit où l’on attache les chevaux des Musulmans » et qui devint
« l’endroit où l’on se prépare pour faire face aux ennemis de
l’Islam » « ribat al-isti’dad li mounnaqat a’da al-Islam ».
Le
savant Wadjaj Ben Zallou Lambi se trouvait donc à Ribat dans le pays
de Nafiss près de Souss et lorsque Yahya Ibn Ibrahim
al-Jidali lui remit la lettre qu’il lut, il ordonna à l’un de ses
élèves ‘AbdAllah Ibn Yassine al-Jazouli as-Sanhadji, un honorable
savant-adorateur (‘alim ‘abid) intensément préoccupé des
affaires des Musulmans et à la volonté implacable, de partir avec
lui pour le désert ce qu’il fit et ce voyage fit entrer l’Histoire
du Maghreb et de l’Andalousie dans une nouvelle ère.
Il y
a un excellent exemple pour les dirigeants Musulmans dans Yahya
Ibn Ibrahim al-Jidali qui voulut le bien de son peuple et leur amena
un savant pour les éduquer. Et un dirigeant pieu est certainement
meilleur que mille savant réunis et ce chef de tribu allait donc
amener son peuple à une gloire égalée par très peu.
‘AbdAllah Ibn Yassine al-Jazouli
Lorsque Yahya Ibn Ibrahim al-Jidali et ‘AbdAllah Ibn Yassine
al-Jazouli arrivèrent enfin à la fin de leur périple, les gens des
tribus furent absolument enchantés par leur retour.
‘AbdAllah Ibn Yassine al-Jazouli non seulement leur enseigna les
bases de la religion mais aussi la recommandation du bien et la
répression du mal car un très grands nombres d’innovations s’étaient
répandues dans les tribus de Sanhadja comme la propagation de la
divination, la pratique de l’adultère et le mariage avec plus de
quatre femmes. Il fut intransigeant avec eux et les poussa à
l’abandon des choses répréhensibles qui ne satisfont Ni Allah Exalté
et ni Son messager (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Les
Berbères le détestèrent car ils ne voulaient pas qu’il leur impose
ce qu’ils devaient faire, ce qui était licite et interdit. Si bien
qu’ils le fuirent après un certain temps mais ils finirent par le
supporter et patienter à cause de la crainte qu’ils éprouvaient
envers leur chef Yahya Ibn Ibrahim al-Jidali[1].
Lorsque ce dernier mourut, la tribu de Jidalah voulut imposer aux
autres tribus Sanhadja leur émir mais ‘AbdAllah Ibn Yassine s’éleva
contre eux avec fermeté pour éviter les guerres tribales qui
n’auraient pas manqué de s’ensuivre. Il convint juridiquement les
Berbères et les menaça des graves répercussions de leurs actes si
bien qu’ils abandonnèrent leur projet et il leur conseilla de nommer
pour émir Abi Zakariyyah Yahya Ibn ‘Omar al-Lamtouni.
De ce
fait, il s’aliéna la tribu de Jidalah qui le harcelèrent, le
pressèrent et le menacèrent. Ils détruisirent sa maison et le
forcèrent à partir de leur pays. Le nouvel émir ne put empêcher les
Sanhadja de s’en prendre au savant Ibn Yassine et ce dernier se
décida à les quitter de toute manière.
‘AbdAllah Ibn Yassine se dirigea vers le Soudan, qui n’est pas le
Soudan actuel, mais le pays des noirs (soudan) ou l’Afrique
noire actuelle, pour propager la religion islamique purifiée en
compagnie d’un groupe de dix personnes de la tribu de Jidalah dont
Abi Zakariyyah Yahya Ibn ‘Omar et son frère. Ils s’arrêtèrent
dans un endroit totalement entouré d’eau qu’ils choisirent pour
Ribat et un grand nombre d’historiens pensent que ce Ribat
se situe au Sénégal actuel.
Un
grand nombre de personnes cherchèrent et rejoignirent son Ribat
si bien qu’il prit le nom de Ribat Ibn Yassine et le Sheikh
‘AbdAllah Ibn Yassine appela ses élèves al-Mourabitine. Le chef de
la tribu des Lamtounah, Yahya Ibn ‘Omar et son frère Abou
Bakr apprirent la religion (din), la science (‘ilm),
la jurisprudence (fiqh) et le combat (jihad), et ces
hommes étaient un grand exemple de sincérité et de sacrifice.
Ses
élèves se consacrèrent exclusivement à la recherche et à l’étude de
la science islamique tout en apprenant les techniques de combat et
de guerre (jihad), associant ainsi sciences religieuses et
combat dans la voie d’Allah. Il leur enseigna que la religion
islamique était vraiment puissante et robuste, que la religion ne
consistait pas uniquement à prier et à jeûner, mais qu’elle était
utile pour la vie future et la vie de ce monde. Une religion
complète pour mener à bien toutes les entreprises dans tous les
domaines de la vie sur cette terre et que les Musulmans devaient
faire connaître à toute l’humanité.
Lorsque leur nombre atteignit approximativement mille Mourabit et
qu’ils eurent totalement acquis les fondements de l’Islam, il leur
demanda de retourner d’où ils venaient et de recommander le bien et
d’empêcher le mal (ya'amourouna bil mar’ouf wa yanahouna ‘anil
mounkar).
Quand
ils le firent, ils connurent le même destin que leur Sheikh, les
menaces, la prison et l’expulsion si bien qu’Ibn Yassine les
rejoignit, réunit les chefs des tribus et leur parla, les conseilla
mais ils le menacèrent de nouveau et lui dirent qu’ils ne pourraient
absolument rien changer aux maux qui les touchaient.
Néanmoins malgré tous ces refus, le nombre de Mourabitine augmenta
considérablement et le Sheikh Ibn Yassine décida de sortir à la tête
de son élite de trois-mille savants-adorateurs-combattants (‘oulama
‘oubad moujahidine) enthousiastes (moutahhamissine)
et se dirigea vers la tribu de Jidalah qui était encore plus
éloignée dans le désert que la tribu de Lamtounah au bord de la côte
atlantique.
Il
attaqua la tribu de Jidalah qu’il écrasa littéralement et tua
six-mille de leurs hommes tandis que le reste de la tribu se soumit
à lui et suivit son dogme purifié de l’Islam. Il marcha ensuite sur
la tribu de Lamtounah qui se soumit sans combattre et lui porta
allégeance à suivre le Qur’an et la Sounnah. Puis, il
marcha sur une autre large tribu de l’alliance Sanhadja, la tribu
Massoufah qui suivit aussi ce à quoi, il les appela.
Force
est de constater que pacifiquement les gens ne veulent rien entendre
et qu’ils ne reconnaissent que la force brute et c’est une vérité
historique. Certains historiens ont rapporté que le Sheikh ‘AbdAllah
Ibn Yassine ordonna de tuer même ceux qui se repentaient et cela
reste à vérifier et Allah est Plus Savant.
J’aimerais porter à votre attention qu’il existe de grandes
similitudes sur certains point uniquement entre le mouvement
purificateur du Sheikh
‘AbdAllah Ibn Yassine al-Jazouli et de son allié l’émir Yahya
Ibn Ibrahim al-Jidali et le mouvement du pur Tawhid (dogme de
l’Unicité Divine) du Sheikh de l’Islam Muhammad Ibn ‘Abdel
Wahhab (puisse Allah Exalté lui faire miséricorde) dans la péninsule
arabique (hijaz) à la fin du dix-neuvième siècle et de
son allié Muhammad Ibn S’oud, qui en t’autre, se détacha du
Sheikh, se rebella contre les Ottomans, fit exécuter l’armée des
Mouwahhidine par les anglais et vendit la Palestine aux Juifs
comme vous le savez.
De
même, il existe de grandes similitudes entre les différents qui
divisèrent les deux hommes comme nous le verrons quand nous
aborderons le chapitre sur la fin de la dynastie des Mourabitine.
Ainsi
le Sheikh ‘AbdAllah Ibn Yassine al-Jazouli soumit toutes les tribus
Sanhadja du sud et devint chargé de leurs affaires religieuses
tandis que Yahya Ibn ‘Omar al-Lamtouni fut chargé de
l’administration politique et ce dernier n’entreprit aucune action
sans en référer à son Sheikh Ibn Yassine.
L’émir Yahya Ibn ‘Omar al-Lamtouni se retrancha derrière
l’ascétisme et les Mourabitine, pluriel de Mourabit, étendirent
leurs actions militaires dans le désert et au Soudan ou ils
fondirent la puissante royauté de Ghanah. Les nouvelles de leurs
succès se propagèrent au Maghreb Islamique, et partout les gens ne
parlèrent plus que des Mourabitine.
Le Maghreb au début du cinquième siècle de l’Hégire
A
cette époque, le Maghreb était profondément divisé au niveau
politique. Chaque région était gouvernée par son propre groupe ou sa
propre tribu. La religion islamique avait périclité et les Musulmans
avec elle.
L’ignorance se propagea dans la tribu Ghoumarah Masmoudah
Bournassiyah qui contrôlait le nord du Maghreb et qui habitait les
montagnes du Rif. Un homme du nom de Hamim Ben Mannallah
sortit parmi eux et déclara être un prophète et un grand nombre de
gens l’appelèrent al-Mou'tari. Il imposa à ses disciples deux
prières seulement par jour, l’une au lever du soleil et l’autre à
son coucher, leur écrivit « un Qur’an » en langue berbère,
annula les obligations du pèlerinage (hajj) ainsi que
les ablutions pour la prière et les ablutions majeures. Il leur
interdit la consommation de poisson, des œufs d’oiseaux et leur
alloua celle de la truie.
Il ne
fait aucun doute que cet homme était fou mais ses disciples
l’étaient certainement plus. Hamim Ben Mannallah mourut
toutefois à la fin du quatrième siècle mais pas son dogme qui
survécut après lui.
De
même à l’ouest du Maghreb, se trouvait à cette époque le royaume de
la tribu des Bourghwatah, des Ghoumarah, des Masmoudah Bournassiyah
dont la capitale se trouvait à Shah près de la ville de Rabat (ribat)
actuelle. Le fondateur de cette dynastie, comme nous l’avons déjà
mentionné, fut le Juif Tarif Ibn Shamghoun, qui après être devenu
musulman devint un khariji souffari.
Cet
état fut créé au début du deuxième siècle de l’Hégire dans la ville
de Tamisnah près de l’actuelle ville de Rabat et lorsque Ibn
Shamghoun décéda son fils Salih, qui n’était absolument pas
vertueux (layssa salih), prit la succession. Vous vous
rappelez qu’il imposa à son peuple cinq prières la nuit et autant le
jour, l’interdiction de tuer les coqs et leur autorisa le mariage
avec plus de quatre femmes, leur interdit d’épouser des musulmanes
et rajouta dans les ablutions le lavage des aisselles et du ventre.
J’avais de même fait remarquer qu’un écrivain avait mentionné que
certaines tribus du désert, particulièrement les Shawiyah qui
habitaient là où résidaient jadis les Bourghwatah, autour de Rabat,
fêtaient toujours de nos jours l’enterrement des os de coqs. Salih
Ibn Tarif leur avait interdit de tuer les coqs parce qu’ils leur
servaient d’indicateur pour la prière du fait qu’il avait abolit
l’appel à la prière par un muezzin.
De
même, la tribu de Bourghwatah avait pour voisin les tribus berbères
de Zenâta Boutr qui étaient un royaume sunnite qui conduisit le
Jihad contre ses voisins athées (moulhidah). Parmi
les royaumes Zinati se trouvait les émirats d’Arsalah et de Tadillah
dirigés par les Bani Yafran, ceux de Fès et d’Aghmat dirigés par la
tribu de Maghrawah, l’émirat de Sijilmasa à l’extrême sud était
dirigé par les Bani Khazroun de la tribu de Maghrawah. Malgré tous
leurs efforts, les tribus sunnites Zenâta furent incapables de venir
à bout de la vile tribu de Bourghwatah, d’origine juive puis
khariji.
Seule
une force islamique irrésistible pouvait en finir non seulement avec
elle mais aussi purifier le Maghreb de toutes les innovations (bida’)
diaboliques, incompatibles avec la satisfaction divine, et c’est ce
qui arriva.
De
même, il se trouvait à l’extrême sud du Maghreb au pays de Souss,
des dynasties shiites (rafidah) et Wathaniyine. Les
Rawafid shiites se répandirent dans la ville de Taroudant et
dans ses environs et les historiens furent en désaccord sur le dogme
que les shiites professaient. Certains affirmèrent qu’ils étaient
des ithnah ‘ashariyah duodécimains mais la majorité d’entre
eux rapportèrent qu’ils étaient des ‘oubaydiyine ismaéliens et
qu’ils suivaient le dogme batini isma’ili.
Quant
aux membres de la tribu Wathaniyah, ils adoraient les moutons (kabsh)
ou les béliers et habitaient dans une partie des montagnes escarpées
de l’Atlas.
Telle
était donc la situation globale au Maghreb au début du cinquième
siècle de l’Hégire, bien loin des conquêtes islamiques des premiers
temps de ‘Ouqbah Ibn Nafi’ mais aussi de tous ses successeurs qui
poursuivirent inlassablement son action comme ‘Ouqbah Ibn Zouhayr
al-Balawi et Houssayn Ibn Nou’man al-Ghassani, jusqu’à
l’arrivée de Moussa Ibn Noussayr et de Tariq Ibn Ziyad. L’Islam
avait reflué jusqu’à ne devenir qu’une ombre excepté pour certaines
tribus qui le préservèrent.
Yahya et Abou Bakr
Ibn ‘Omar Ibn Ibrahim al-Lamtouni
« O
Grand Seigneur atteste ! Je suis arrivé au terme de l’effort.
N’était-ce cette mer, j’aurais poursuivi ma route pour combattre
celui qui Te renie jusqu’à ce que nul ne soit adoré hormis Toi ! » (Allahoumma
ash had ! Anni quad balaghtoul majhoud. Wa lawla adhal bahr
la maditou fil bilad ouqatilou man kaffara bika hatta la
you’bad ahadoun illa siwak), avait dit ‘Ouqbah Ibn
Nafi’ face à l’océan après sa conquête du Maghreb. Ou était donc les
Musulmans ?
Le
Maghreb avait besoin de nouveau gens, d’un nouvel élan, d’une
nouvelle vague de conquérants. Allah Exalté a dit dans Son Livre :
« Ô
les croyants ! Quiconque parmi vous apostasie de sa religion...
Allah va faire venir un peuple qu’Il aime et qui L’aime, modeste
envers les croyants et fier et puissant envers les mécréants, qui
lutte dans la voie d’Allah, ne craignant le blâme d’aucun blâmeur.
Telle est la grâce d’Allah. Il la donne à qui Il veut. Allah est
Immense et Omniscient[2]
»
Et,
Il Exalté soit-Il dit aussi :
« Muhammad
est le Messager d’Allah. Et ceux qui sont avec lui sont durs envers
les mécréants, miséricordieux entre eux. Tu les vois inclinés,
prosternés, recherchant d’Allah grâce et agrément. Leurs visages
sont marqués par la trace laissée par la prosternation. Telle est
leur image dans la Thora. Et l’image que l’on donne d’eux dans
l’évangile est celle d’une semence qui sort sa pousse, puis se
raffermit, s’épaissit, et ensuite se dresse sur sa tige, à
l’émerveillement des semeurs. [Allah] par eux [les croyants] remplit
de dépit les mécréants. Allah promet à ceux d’entre eux qui croient
et font de bonnes œuvres, un pardon et une énorme récompense[3]
»
L’Islam devait donc revenir en force comme il reviendra sans aucun
doute. C’est la religion du Seigneur Exalté et Il fait ce qu’Il veut
quand Il veut.
En
l’an 444 de l’Hégire (1052), les savants de Dar’ah et de Sijilmasa
écrivirent une lettre au Sheikh ‘AbdAllah Ibn Yassine et au chef des
Mourabitine Yahya Ibn ‘Omar, se plaignant de l’état de
l’Islam dans leurs pays. Les Mourabitine se réunirent, discutèrent
le sujet et décidèrent de s’immiscer dans les affaires de ces tribus
et de les aider sans plus attendre contre leur voisin des Bani Ben
Wanidine des Maghrawiyine, commandés par Mas’oud Ben Wanidine, qui
les oppressaient.
En
l’an 445 de l’Hégire (1053), une grande force des Mourabitine, sous
le commandement du Faqi' ‘AbdAllah Ibn Yassine et Yahya Ibn
‘Omar al-Lamtouni, parti à leur secours. L’armée de Mas’oud fut
d’abord vaincue près de Dar’ah, puis près de Sijilmasa ou leur chef
fut tué et un immense butin collecté.
En
l’an 446 de l’Hégire (1054), ‘AbdAllah Ibn Yassine se dirigea vers
l’ouest (gharb) et prit d’assaut la ville d’Oudfis, de la
royauté de Ghanah, qui était habité par des Arabes et des Berbères
de la tribu Zenâta.
Cette
même année, l’émir des Mourabitine Yahya Ibn ‘Omar Ibn
Ibrahim al-Lamtouni fut tué au cours d’une bataille et le Sheikh Ibn
Yassine nomma pour lui succéder son frère, Abou Bakr Ibn ‘Omar Ibn
Ibrahim al-Lamtouni, qui agrandit considérablement son royaume qu’il
appela l’état (dawlah) des (al) Mourabitine dont tous
les chargés d’affaires étaient des savants-adorateurs-Moujahidine.
C’était un puissant état dirigé exclusivement par des hommes pieux
peu éprit de la vie de ce monde.
En
l’an 448 de l’Hégire (1056), les armées des Mourabitine se
dirigèrent vers la région de Souss et Abou Bakr Ibn ‘Omar Ibn
Ibrahim al-Lamtouni donna le commandement de l’avant-garde (al-mouqaddimat
al-jish) au fils de son oncle Youssouf Ibn Tashfine. Ceci est
donc la première mention dans l’histoire islamique de Youssouf Ibn
Tashfine al-Lamtouni. L’armée des Mourabitine attaquèrent la tribu
de Jazoulah avant de se diriger vers la ville de Tarmoudan qui était
la capitale du royaume de Souss et le centre (markaz) des
Rawafid shiites. Les shiites furent écrasés et le reste d’entre
eux abandonnèrent leur hérésies et adoptèrent le pur Islam, l’Islam
véridique.
Puis
les Mourabitine traversèrent les monts de l’Atlas vers le pays des
Massamidah qu’ils conquirent avant de marcher vers la ville
d’Aghmat, capitale de la tribu de Maghrawah commandée par Laqout Ibn
Youssouf al-Maghrawi, qu’ils assiégèrent. Mais Laqout Ibn Youssouf
al-Maghrawi réussit à s’enfuir avec sa famille et ses servants et se
dirigea vers Tadillah aux mains des Bani Yafran.
Les
Mourabitine entrèrent victorieux dans la ville en l’an 449 de
l’Hégire (1057) avant de partir à la poursuite de Laqout vers
Tadillah dans laquelle ils entrèrent et tuèrent les Bani Yafran et
Laqout.
Abou
Bakr Ibn ‘Omar Ibn Ibrahim al-Lamtouni se maria à ‘Amirah Zaynab
Bint Ishaq az-Zawiyyah, la fille orpheline (armallah)
de Laqout.
Peu
de temps après le Faqi' ‘AbdAllah Ibn Yassine décida de marcher à la
tête de son irrésistible force enthousiaste vers la région de
Tamissah pour combattre la tribu athée des Bourghwatah ou eut lieu
un grand nombre de batailles destructives ou le Faqi' ‘AbdAllah Ibn
Yassine fut gravement blessé au cours de l’une d’entre elles.
Cette
blessure conduisit à sa mort au mois de Joumadah Awwal de l’année
451 de l’Hégire (1059). Et avant de mourir, il recommanda longuement
le chef des Mourabitine Abou Bakr Ibn ‘Omar al-Lamtouni et lui
demanda de rester soudés entre eux, d’éviter la division et de
prendre sur lui s’il le fallait, que la force résidait dans l’unité
et la destruction dans la division. De s’en tenir au Livre d’Allah
Exalté et à la Sounnah de Son messager Muhammad
(Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Et il le nomma finalement
chef, tant religieux que politique, des Mourabitines après sa mort.
Il
existe sans conteste possible de grande similitude entre le
mouvement réformateur des Mourabitine du Maghreb et celui des Mouwahhidine
dans le désert du Nejd de la péninsule arabique. Il y a une
ressemblance entre la Da’wah
du Faqi' ‘AbdAllah Ibn Yassine et l’Imam Muhammad
Ibn ‘Abdel Wahhab, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde.
Néanmoins, il existe de très grandes différences.
Comme
je l’ai déjà précédemment mentionné, du fait de son importance, des
faits bizarres ont été rapporté par les historiens sur le Faqi'
‘AbdAllah Ibn Yassine.
Les
historiens les ont rapportés des livres « annis al-moutrib bi
rawd al-qirtas fi akhbar al-moulouk al-maghreb wa tarikh madinat fas
» d’Ibn Abi Za’r al-Fassi, « al-moughrib fi dikr bilad ifriqiyah
wal maghreb » lui-même extrait du livre « al-massalik
wal-mamalik » d’Abi ‘Oubayd al-Bakri.
Il a
donc été rapporté que le Faqi' ‘AbdAllah Ibn Yassine prenait le
tiers (thoulouth) de diverses sources de revenus (moukhtalaf
amwal), des récoltes (zourou’), de l’argent (nouqoud),
des chevaux (khayl) etc., et questionné sur la raison de son
geste, il répondit que cela purifiait les biens des gens (you
tayyibe amwal an-nass).
Le
Faqi' ‘AbdAllah Ibn Yassine ne prenait pas cet argent pour son
compte personnel mais le déposait dans le trésor public et il
n’avait juridiquement aucun droit de prendre cet argent de ses
propriétaires d’autant plus qu’il existe en Islam la Zakat,
l’aumône obligatoire, et la Sadaqah, les dons.
Cela
peut paraître étrange d’autant plus qu’il était occupé à combattre
de farouches ennemis
Il a
aussi été rapporté qu’il avait un faible particulier pour les jolies
femmes à qui il s’empressait de proposer le mariage. Qu’il se
mariait chaque mois avec un certain nombre de ces femmes et les
répudiaient, et ainsi de suite. Que si un musulman du commun entrait
chez lui, et lui annonçait son désir d’entrer chez les Mourabitine
et qu’il se repentait de ses actes commis dans l’ignorance, il ne
l’acceptait qu’après l’avoir châtié de ses précédents péchés ! Cent
coups de fouet pour l’adultère, quatre-vingt coups pour d’autres
actes comme la consommation de boisson alcoolisée. Si l’un d’entre
eux avait tué avant son repentir, il le tuait, qu’il se soit repenti
ou non. Tandis que quiconque arrivait en retard pour la prière en
commun recevait vingt coups de fouet et toutes ces actions ne
pouvaient qu’entrainer colère et rébellion.
Néanmoins, le Sheikh ‘AbdAllah Ibn Yassine al-Jazouli, réussit à
créer un immense état basé sur la recommandation du bien, le désaveu
du blâmable et le combat contre les ennemis de l’Islam ou qu’ils se
trouvaient. S’il existait des similitudes entre son mouvement
réformateur et celui du Sheikh de l’Islam Muhammad Ibn ‘Abdel
Wahhab, celui de ce dernier était plus pur, plus clair, plus sincère
et plus convenable.
Le
chef des Mourabitine Abou Bakr Ibn ‘Omar al-Lamtouni poursuivit son
combat contre la tribu athée des Bourghwatah qu’il finit par
anéantir jusqu’à qu’elle se soumit à lui et accepte l’Islam
véridique.
En
l’an 452 de l’Hégire (1060), il conquit les pays de Fazaz et de
Maknassah et l’ensemble des territoires de Zenâta. Puis, il se
dirigea vers la ville de Louatah des Bani Yafran ou il entra de
force avant de revenir dans son bastion au Maghreb, la ville
d’Aghmat ou il reçut, en l’an 453 de l’Hégire (1061), des nouvelles
alarmantes des Mourabitine du désert ou sa tribu de Lamtounah était
entrée en conflit avec celle de Massoufah.
Abou
Bakr Ibn ‘Omar al-Lamtouni décida alors de partir avec un
détachement de son armée pour leur porter assistance et mettre fin
le plus rapidement possible à ce différend qui pouvait, s’il durait,
avoir de fâcheuses conséquences sur la survie de son état.
Avoir
de partir, il divorça son épouse Zaynab az-Zawiyyah et demanda au
fils de son oncle, Youssouf Ibn Tashfine, de l’épouser avant de le
nommer émir des Mourabitine durant son absence.
Au
mois de Dzoul Qi’dah de cette même année, Abou Bakr Ibn ‘Omar
al-Lamtouni, à la tête de son armée des Mourabitine, quitta la ville
d’Aghmat et marche vers le désert ou lorsqu’il arriva mit rapidement
fin au conflit entre les deux tribus. Puis, à la tête de son armée,
il entreprit des opérations militaires dans la région et au Soudan.
Au
Maghreb, Youssouf Ibn Tashfine, après le départ d’Abou Bakr,
réorganisa toute la structure de l’état et de l’armée et poursuivit
le Jihad contre les tribus récalcitrantes de Maghrawah, de
Zenâta et de Bani Yafran.
Il y
avait dans son armée plusieurs valeureux commandants dont : Syr
Agoulsir Ibn Abi Bakr, Syr Ibn Abi Bakr al-Lamtouni, Muhammad
Ibn Tamim al-Jidali, ‘Omar Ibn Souleyman al-Massoufi et Moudrik
al-Talkani. Et tous ces commandants, à la tête de leur propre armée,
soumirent le centre et le sud du Maghreb.
Youssouf Ibn Tashfine après ses succès revint dans le bastion des
Mourabitine à Aghmat à la fin de l’année 454 de l’Hégire (1061).
Cette
même année, Il acheta des terres appartenant à des membres de la
tribu de Masmoudah et ces terres se trouvaient au nord-ouest de la
ville d’Aghmat ou il décida de construire une nouvelle ville qui
servirait de place forte pour les Mourabitine au Maghreb. La
première chose qu’il fit construire est la mosquée dans son centre
et il travailla lui-même à sa construction en aidant les
travailleurs à transporter la terre (tin) avec ses mains
alors qu’il était un homme âgé.
Youssouf Ibn Tashfine voulut faire une capitale forte à l’image de
la puissance de l’état des Mourabitine et lorsqu’elle fut enfin
finie, il l’appela Marrakech. Puis, il réunit un grand nombre
d’esclaves noirs dont il en fit une élite de farouches combattants
et sa garde rapprochée. Il acheta aussi un grand nombre d’esclaves
européens d’Andalousie et en fit une force spéciale de cavaliers
chargés également de sa protection personnelle.
A
cette époque, le seul nombre de cavaliers de l’armée des Mourabitine
atteignit 100.000 sans compter l’infanterie et les autres corps
spéciaux. Et leur armée destructrice était composée essentiellement
de membre de la tribu de Sanhadja, de Masmoudah, de Zenâta et de
Jazoulah.
Dans
les derniers jours de l’année 454 de l’Hégire, Youssouf Ibn Tashfine
à la tête de son armée marcha vers la ville de Fès, pulvérisant
toutes les tribus qui se mirent en travers de sa route et entra
victorieux dans la ville en l’an 455 de l’Hégire (1062) ou il nomma
un des hommes de sa tribu de Lamtounah gouverneur de la ville, puis
il poursuivit sa route vers la ville de Ghoumarah qu’il prit
d’assaut avant de parvenir à Tanger.
La
tribu de Maghrawah profita de son absence pour prendre derrière lui
la ville de Fès et tuèrent le gouverneur Mourabit et lorsque
Youssouf Ibn Tashfine en fut informé, il revint aussitôt sur ses
pas, assiégea la ville avant de la prendre de force. Puis il passa
par le fer les Bani Maghrawah et Yafran et tua un très grand nombre
d’entre eux en l’an 462 de l’Hégire (1069).
Après
être resté une longue période absent au désert, l’émir des
Mourabitine, Abou Bakr Ibn ‘Omar al-Lamtouni originaire du désert de
Shanguit, et avoir entendu parler des exploits de Youssouf Ibn
Tashfine, revint à Aghmat en l’an 465 de l’Hégire (1072) puis partit
à Marrakech pour y retrouver le fils de son oncle qui lui-même
partit à sa rencontre et les deux se rejoignirent entre les deux
villes à mi route.
Zaynab az-Zawiyyah, l’épouse de Youssouf Ibn Tashfine, lui avait
demandé d’accueillir Abou Bakr Ibn ‘Omar avec rudesse et ayant suivi
ses conseils, il sortit avec toute son armée ainsi qu’une immense
caravane de présents.
Lorsque les deux hommes se rencontrèrent, Abou Bakr Ibn ‘Omar lui
s’étonna et lui demanda :
-
« Que fais-tu avec toute cette armée ô Youssouf ? » Ce dernier
répondit :
-
« Je l’utilise contre celui qui s’oppose à moi » (sous-entendu :
toute cette force que tu vois, si tu bouges le petit doigt, je
t’écrase avec).
Puis
regardant la caravane de chameaux tous lourdement chargés, il lui
dit :
-
« Et ces chameaux, c’est pour quoi ? » Et Youssouf répliqua :
-
« Je suis venu à toi avec tout ce que je possède d’argent, de
nourriture et de vêtements que tu aurais besoin pour le désert »
(sous-entendu : retourne d’où tu viens).
Abou
Bakr Ibn ‘Omar était un homme âgé, rusé et intelligent et il comprit
parfaitement les messages. Il prit Youssouf par la main et le fit
assoir près de lui et lui dit :
- « O
Youssouf, crains le Seigneur envers les Musulmans et ne perds
(gaspille) rien de leurs affaires car tu es responsable d’eux et
Allah est au-dessus de toi et d’eux ». Alors, il se leva, abandonna
le Maghreb et retourna au désert poursuivre son Jihad au
Niger, au Mali et dans la royauté de Ghanah et au cours d’une de ses
batailles, trouva la mort en l’an 480 de l’Hégire (1087)[4].
Youssouf Ibn Tashfine retourna dans la ville de Fès qu’il fit
fortifier et s’appliqua à l’implémentation de l’Islam véridique et
au bien-être des Musulmans. Il a été rapporté qu’il punissait les
gens qui n’avaient pas dans leur quartier leur propre mosquée ou
lieu de prière en congrégation. Il prit le plus grand soin à ce que
chaque quartier et lieu ait sa propre mosquée.
Puis,
Youssouf Ibn Tashfine reprit son combat pour l’unification du
Maghreb et soumit les tribus des Berbères Boutr de Maknassah et de
Watah. En l’an 467 de l’Hégire (1074), Après la pacification de la
région, il se dirigea de nouveau vers la tribu de Berbères Baranaize
Ghoumarah Masmoudiyah dont il brisa la rébellion.
Nous
avons mentionné que le Maghreb était divisé en trois partie ; l’est
(adna), le centre (awsat) et l’ouest (aqsa) qui
se trouvait sous le contrôle des tribus Sanhadja. L’est du Maghreb
était contrôlé par les Banou Ziri soit les Banou Mansour et Banou
Hamad. Tandis que l’ouest était sous le contrôle des
Mourabitoune.
En
l’an 468 de l’Hégire (1075), Youssouf Ibn Tashfine prit le titre
d’émir des Musulmans et de Nassir ad-Din puis appela à la
reconnaissance des Abbassides et à leur calife al-Mouqtadi
bi-Amrillah, le dix-septième calife abbasside. Ses compagnons lui
avaient demandé :
-
« Pourquoi prends-tu le titre d’émir des Musulmans et non pas celui
d’émir des croyants ? » Il répondit :
-
« N’en déplaise à Allah (hashah lillah) que je prenne
ce nom. C’est le nom que ce sont attribués les Bani ‘Abbas car ils
sont de cette noble lignée et qu’ils sont les rois (moulouk)
des lieux saints Médine et la Mecque (haramayn madina wa
makkah) et moi je suis un de leurs hommes qui appelle à leur
reconnaissance au Maghreb ».
Un
tel homme et de tels hommes ne pouvait être que des hommes sincères
qui combattaient dans la voie d’Allah, appliquaient la loi islamique
et se préoccupaient de la sécurité et du bien-être des Musulmans.
Comment Allah Exalté ne pouvait-Il ne pas accorder la victoire à ces
hommes actifs pour Sa cause et qui placent leur confiance en Lui ?
Louange à Allah le Très Haut ! Quelle différence entre les
Mourabitine, les gouverneurs d’Andalousie et les apostats de nos
jours !
Youssouf Ibn Tashfine devint donc le chef de l’état alors qu’il
était au summum de son individualité et qu’il était un
savant-combattant (‘aliman moujahidan). Son état s’étendit
rapidement, du Maghreb Arabe au Soudan, grâce à ses actions
permanentes ou la pure religion et la pure interprétation de ce
qu’Allah le Très Haut a fait descendre (le Qur’an) était
appliqué. L’état était organisé d’une volonté et d’une main de fer
et l’innovation était pourchassée si bien qu’il était le plus
puissant état de l’époque.
[1]
Tous ceux qui viennent avec un tel message comme ceux des
Prophètes, par exemple, ont toujours été rejetés parce
qu’ils viennent avec des concepts que les gens détestent
comme la propreté, la fidélité conjugale, l’abstention de
substances prohibées, etc. Les gens aiment la saleté,
l’adultère, la consommation du vin et tout ce qui est
mauvais pour eux et c’est pour cela qu’ils combattent les
Prophètes et les gens pieux après eux qui ordonnent ces
choses. Et de la même manière l’Islam est combattu de nos
jours par les gens qui aiment la saleté, l’adultère, la
consommation du vin et tout ce qui est mauvais pour eux, ce
qui prouve à mes yeux que l’Islam est vraiment l’authentique
religion. S’il avait été autrement, il n’aurait pas été
combattu avec tant d’acharnement. C’est donc un travail
difficile parsemé d’épreuves violentes car c’est dans la
difficulté que les caractères s’affinent. Plus la difficulté
est élevée, plus grande est la récompense et plus la
patience est longue et meilleur est le résultat. Comparez
ces données avec l’Histoire de l’Islam ou tout simplement
avec ce qui suit et vous verrez que c’est l’absolue vérité.
[2]
Qur’an, Sourate 5, verset 54
[3]
Qur’an, Sourate 48, verset 29.
[4]
Sincèrement j’ai des doutes sur le fait que la rencontre se
soit passée ainsi car cela me semble contradictoire avec le
reste de l’histoire des Mourabitine mais c’est toutefois ce
que les historiens ont rapporté.