Les Berbères khawarije entre à Kairouan

En l’an 138 de l’Hégire (755), Habib Ibn ‘AbderRahmane se rebella à son tour contre ses oncles, entra en guerre contre eux, provoqua en duel et réussit à tuer Ilyas Ibn Habib. Ses autres oncles s’enfuirent et se réfugièrent chez ‘Assim Ibn Jamil, le chef de la tribu ‘Ourfoujoumah, issue de la grande tribu Nafzah des khawarije souffariyah ghoulate qui ensemble s’élevèrent contre Habib Ibn ‘AbderRahmane qu’ils vainquirent.

Peu après la bataille, ‘Assim Ibn Jamil se fit passer pour un sorcier, puis un prophète et il changea un grand nombre de chose de la religion islamique. Il rajouta des prières supplémentaires, il enleva la mention du Prophète Muhammad (Saluts et Bénédictions sur lui) dans l’appel à la prière et vous savez maintenant d’où les shiites ont tiré leur innovation.

Puis, à la tête d’une immense armée, ‘Assim Ibn Jamil marcha sur Kairouan qu’il réussit à prendre en l‘an 138 de l’Hégire (755) et ou les khawarije accomplirent les plus funestes et odieux actes barbares dont nul n’imaginera jamais l’ampleur. Ils violèrent l’honneur des Musulmans et commirent les plus grands péchés contre toutes les créatures vivantes qui tombèrent sous leurs mains, y compris les animaux.

‘Assim Ibn Jamil poursuivit Habib Ibn ‘AbderRahmane et ce dernier malgré son extrême faiblesse réussit à tuer Ibn Jamil et retourna à Kairouan ou entre temps les khawarije avaient nommé un nouveau chef du nom de ‘Abdel Malik Ibn Abi Ja’d al-‘Oufoujoumi as-souffari qui tua à son tour Habib Ibn ‘AbderRahmane en l’an 140 de l’Hégire (757).

 

Ainsi de nouveau les khawarije souffari et ibadi arabes et berbères, et les Berbères étaient largement plus nombreux du fait qu’ils étaient les habitants de ces régions, réussirent de nouveau à mettre la main sur l’Ifriqiyah ou ils propagèrent leur dogme déviant souffari et celui de leurs oncles les ibadis, tous des khawarije. Et après que ‘AbderRahmane Ibn Habib Ibn Abi ‘Abdah les ait anéantis à Tarablous, ils revinrent en force et portèrent allégeance à Abi Khattar ‘Abdel A’la Ibn Samh al Mou’afirri al-Qahtani le chef des khawarije ibadi en l’an 140 de l’Hégire (757).

Abi Khattar ‘Abdel A’la Ibn Samh al Mou’afirri al-Qahtani était surnommé l’un des cinq porteurs de la science des khawarije (hamalat al-‘ilm al-khamsah). Ces cinq porteurs de science reçurent leur enseignement du dogme khariji ibadi d’Abou ‘Oubaydah Mouslim Ibn Abou Karimah à Basra, ou ils étudièrent durant cinq années.

Il a été rapporté que le premier à avoir fait pénétré le dogme déviant des ibadiyine au Maghreb fut un homme du nom de Salamah Ibn Sa’id qui prit lui-même son dogme de ‘Assim as-Sidrati, d’Isma’il Ibn Darrar Awdamissi, Daoud an-Nafzaoui et de ‘AbderRahmane Ibn Roustoum al-Farissi, descendant du célèbre roi perse Roustoum qui fut tué par les Musulmans vers la fin de la conquête de la Perse.

Ces hommes, les cinq porteurs de science, se rendirent à Basra ou ils propagèrent le dogme ibadi khariji par l’intermédiaire d’Abou ‘Oubaydah Mouslim Ibn Abou Karimah al-Basri qui fut rejoint par ‘Abdel A’la Ibn Samh al-Mou’afiri et ensemble retournèrent au Maghreb cinq ans après.

Le Maghreb central déjà entre les mains, ils furent suivi par les habitants du Maghreb de l’ouest qui portèrent allégeance à ‘Abdel A’la Ibn Samh al-Mou’afiri des khawarije ibadiyah alors qu’ils avaient toujours suivit les khawarije berbères souffariyah.

 

Lorsque la tribu de ‘Ourfoujoumah captura Kairouan, les habitants Musulmans de cette ville souffrirent cruellement de leur impitoyable sauvagerie si bien qu’une partie de la population s’enfuit à Tarablous pour demander de l’aide à ‘Abdel A’la Ibn Samh al-Mou’afiri qui était pourtant lui aussi un khariji. Effectivement et si l’on peut dire ainsi, le dogme des khawarije ibadi était moins sauvage que celui des souffari.

Alors qu’il se trouvait à Kairouan, un khawariji ibadi témoigna d’un cruel acte barbare. Il vit un groupe de khawarije souffari arracher de la main de son père une toute jeune fille qu’ils emmenèrent dans la mosquée et qu’ils violèrent. Ce khariji laissa tomber ses affaires et rentra aussitôt à Kairouan pour informer ‘Abdel A’la Ibn Samh al-Mou’afiri de ce qu’il avait vu.

‘Abdel A’la Ibn Samh al-Mou’afiri sortit aussitôt de Tarablous en disant « Ta maison ô Allah, Ta maison » suivit par ses partisans et la puissante tribu de Wargh pour Kairouan au mois de Safar de l’année 141 de l’Hégire (758) ou il anéantit les khawarije souffariyah et tua leur chef ‘Abdel Malik Ibn Abi Ja’d avant de nommer ‘AbderRahmane Ibn Roustoum al-Farissi gouverneur de la ville.

‘Abdel A’la Ibn Samh al-Mou’afiri retourna alors à Tarablous pour faire face à l’armée envoyée par le calife abbasside al-Mansour.

 

Après le raid de ‘Abdel A’la Ibn Samh al-Mou’afiri à Kairouan les khawarije souffariyah de la tribu Maknassah se réunirent et décidèrent de nommer un nouveau chef du nom d’Aboul Qassim Ibn Samghoun Ibn Wassoul al-Maknassi. Puis ils commencèrent à bâtir la ville de Sijilmasa et nommèrent pour Imam un Mawlah noir des Arabes, du nom de ‘Issa Ibn Yazid, qu’ils désistèrent après, comme nous allons le voir, pour des propos qu’il rapporta sur l’établissement d’un état khariji souffari qu’ils remplacèrent par Aboul Qassim Ibn Samghoun qui resta leur chef jusqu’en l’an 168 de l’Hégire (784).

Aboul Qassim Ibn Samghoun Ibn Wassoul al-Maknassi est l’ancêtre des Banou Midrar qui joueront à leur tour un rôle dans l’Histoire de l’Andalousie sur laquelle nous allons bientôt revenir.

 

La bataille de Sirte

Après les abominables actes de la tribu de ‘Ourfoujoumah chassé de Kairouan par al-Mou’afiri, un grand nombre d’Arabes écrivirent des lettres et demandèrent de l’aide au calife Abou Ja’far al-Mansour qui nomma Muhammad Ibn Ash’at al-Fazzari al-Qahtani gouverneur de l’Egypte et de l’Ifriqiyah qui envoya à son tour une grande armée sous le commandement de ‘Omar Ibn al-Ahwas al-‘Iji dont l’armée fut vaincue à Sirte par les khawarije ibadiyah en l’an 142 de l’Hégire (759).

L’armée vaincue des Abbassides retourna en Egypte et Muhammad Ibn Ash’at al-Fazzari leva une nouvelle armée de 50.000 combattants qu’il conduisit en personne vers le Maghreb ou il réussit à vaincre les Berbères et à tuer ‘Abdel A’la Ibn Samh al-Mou’afiri et presque la totalité de ses compagnons.

‘AbderRahmane Ibn Roustoum al-Farissi s’enfuit de Kairouan et rejoignit les khawarije ibadiyah du Maghreb central qui lui portèrent allégeance et le désignèrent comme leur Imam. ‘AbderRahmane Ibn Roustoum al-Farissi fit construire la ville de Tahart en l’an 144 de l’Hégire (761).

 

En l’an 148 de l’Hégire (765), la sédition tribale s’éleva dans les rangs de Muhammad Ibn Ash’at al-Yéméni qui fut désisté et al-Mansour le remplaça par Aghlab Ibn Salim Ibn ‘Ouqal Ibn Khaffajah at-Tamimi al-Moudari, l’ancêtre des Banou Aghlab comme nous allons le voir.

 

Cette même année, la tribu des Zenâta ainsi que les tribus du Maghreb central et de l’ouest portèrent allégeance à Abou Qourrah Ibn Dounnas al-Yafrani as-souffari qu’ils désignèrent comme leur Imam et Aghlab Ibn Salim Ibn ‘Ouqal se prépara pour la bataille mais il fut tué suite à une nouvelle sédition tribale qui s’éleva dans les rangs de son armée.

Le calife Abou Ja’far désigna à sa place ‘Omar Ibn Hafs Ibn ‘Uthman Ibn Qabissah un des proche de Mouhallad Ibn Abi Soufrah qui brisa l’échine des khawarije à l’époque d’al-Hajjaj Ibn Youssouf. Mais son armée fut vaincue lors de plusieurs batailles du fait que les khawarije Berbères disposaient de vingt-deux armées, qui l’assiégèrent dans la ville de  Tabalah.

Les khawarije souffariyah, sous le commandement de ‘AbderRahmane Ibn Roustoum al-Farissi qui se trouvaient en garnison dans la ville de Tahouzah s’allièrent aux khawarije ibadiyah mais ‘Omar Ibn Hafs Ibn ‘Uthman Ibn Qabissah réussit adroitement à diviser les khawarije, en proposant de l’argent à Abou Qourrah Ibn Dounnas al-Yafrani qui se retira avec un très important contingent de ses forces.

‘Omar Ibn Hafs Ibn ‘Uthman sortit alors à la rencontre de ‘AbderRahmane Ibn Roustoum qui s’enfuit à Tahart et ‘Omar Ibn Hafs marcha sur Kairouan, libéra la ville du siège et entra dans la ville, où il se fortifia avant d’être de nouveau assiégé à son tour par les berbères khawarije au nombre de 130.000 combattants.

Lorsque le siège devint dur pour les Musulmans, ‘Omar Ibn Hafs sortit pour les combattre mais il fut tué au cours de la bataille et les soldats abbassides nommèrent un nouveau commandant à sa place.

 

En l’an 154 de l’Hégire (770), les khawarije berbères réussirent à prendre Kairouan mais ils ne firent aucun tort aux soldats abbassides de crainte de la vengeance du puissant calife abbasside Abou Ja’far al-Mansour et leur permirent de se retirer à Tabalah. 

Le calife Abou Ja’far al-Mansour leva une armée de 60.000 combattants qu’il envoya sous le commandement de Yazid Ibn Hakam Ibn Qabis Ibn Mouhallab Ibn Abi Soufrah. Comme nous l’avons précédemment rapporté, le célèbre et puissant général omeyyade Mouhallab Ibn Abi Soufrah entra en guerre contre les khawarije et mena quatre-vingt batailles contre eux de son vivant. Il mit fin à un certain nombre de séditions, tua un très grand nombre d’entre eux sans pouvoir toutefois les déraciner totalement.

Yazid Ibn Hakam Ibn Qabis Ibn Mouhallab Ibn Abi Soufrah marcha vers le Maghreb avec son armée et réussit à mettre fin aux rebellions des khawarije berbères. Il décéda en l’an 170 de l’Hégire (786).

 

Durant un certain temps la paix revint au Maghreb central, la base centrale des musulman en Ifriqiyah, Kairouan avant d’être secoué de nouveau par le chauvinisme tribal qui, à chaque fois qu’il apparait, il affaiblit les armées musulmanes mais la situation se calma sous le commandement d’Ibrahim Ibn al-Aghlabi et le cinquième calife abbasside Haroun ar-Rashid le nomma gouverneur du Maghreb central en l’an 184 de l’Hégire (800).

 

 

Au deuxième siècle de l’Hégire, un certain nombre de dynastie tribales virent le jour au Maghreb et dont nous allons aborder maintenant le sujet en ne mentionnant que les plus importantes d’entre elles, à savoir celles qui jouèrent un rôle important dans l’histoire du Maghreb et parfois de l’Andalousie. 

 

La dynastie Aghalibah ou des Aghlabides 

La dynastie Aghalibah fut fondée par Ibrahim Ibn Aghlab le chef de la tribu des Bani Aghlab, au Maghreb central ou la Tunisie actuelle, à Kairouan, en l’an 184 de l’Hégire (800) qui décéda en l’an 196 de l’Hégire (811) et fut succédé par son fils ‘AbdAllah Ibn Ibrahim qui fut un implacable tyran injuste. Un grand nombre de personnes pieuses de sa tribu lui conseillèrent de mettre fin à ses injustices mais il ne leur accorda pas la moindre importance.

Alors ces hommes pieux quittèrent la forteresse et marchèrent jusqu’à ce qu’ils arrivent près d’une rivière ou ils descendirent de leur monture et prièrent deux unités ou ils implorèrent abondement le Grand Seigneur, à Lui les Louanges et la Gloire, contre ‘AbdAllah Ibn Ibrahim et son armée.

Comme vous le savez certainement ainsi que l’a rapporté le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) : « L’invocation est l’arme du musulman », ils utilisèrent la plus puissante et la plus directe des armes qu’Allah Exalté à fournit aux Musulmans, l’arme de l’invocation ! Ils prièrent Allah Exalté d’arrêter son mal et celui qu’il faisait aux Musulmans. Et cinq jours à peine après les invocations de ces hommes pieux, le tyran, qui ne se plaignit précédemment d’aucun mal, mourut des suites d’un ulcère qui se développa subitement sous son oreille en l’an 201 de l’Hégire (816). 

Son frère Ziyadat Allah prit sa succession et mit fin à trois rebellions des Berbères. Ce marin renommé conquit aussi la Sicile et l’ajouta à l’empire islamique, alors qu’auparavant seule des incursions étaient effectuées contre cette ile. Il conquit la Sicile, sous le commandement de l’amiral de la flotte Qadi Assad Ibn Fourat qui était aussi un savant Malili, qui écrivit un traité de jurisprudence Maliki appelé « al-assadiyah ». Nous reviendrons plus longuement sur les conquêtes des îles de la Méditerranée dans notre second volume.

 

En l’an 223 de l’Hégire (837), Ziyadat Allah décéda et son frère Abou ‘Iqal prit la succession mais il allait mourir cette même année. Son frère Muhammad Ibn Aghlab Ibn Ibrahim prit sa succession qui dura dix-huit années, ou seize années selon certains historiens. Son fils Ahmad Ibn Muhammad Ibn Aghlab prit à son tour la succession suivit par Ziyadat Allah Ibn Muhammad et  Abou al-Ghawaniq qui fut surnommé ainsi parce qu’il aimait chasser les oiseaux.

La dynastie Aghlabide dura ainsi dirigée par les membres de la tribu Aghlab jusqu’à l’arrivée d’Ibrahim Ibn Ahmad qui fut l’un des plus puissants chefs de cette dynastie. Mais il fut aussi un tyran injuste et particulièrement sanguinaire qui tua son fils Abou Aghlab, ses filles et huit de ses frères. Puis, il tua un autre de ses fils du nom d’Abou ‘Iqab, puis ses servants et d’autres membres de sa famille. C’est sous son règne qu’apparut dans la tribu Koutamah, Abou ‘AbdAllah ash-shi’i, le prêcheur du dogme déviant batini ismaélite, sur lequel nous reviendrons largement.

Lorsqu’Ibrahim Ibn Ahmad, le tyran injuste et sanguinaire, se rendit compte combien il avait commis de tort et qu’il allait un jour comparaître devant la Suprême Cour du Seigneur Tout-Puissant, Exalté soit-Il, il se repentit, marcha sur la voie droite et se fit aimer des gens. Puis, il désigna son fils ‘AbdAllah à la succession et partit combattre, dans le Sentier d’Allah Exalté,  en Sicile ou il trouva la mort et où il fut enterré en l’an 229 de l’Hégire (843).

 

Sous le règne de ‘AbdAllah Ibn Ibrahim, la dynastie Aghlabide s’affaiblit considérablement du fait des actes précédents de son père. L’injustice ne permet à aucun état de prospérer et bien au contraire, elle est un facteur majeur de sa destruction et ce dans tous les cas de figures. Toutes les nations injustes passées, qu’elles soient musulmanes ou non et l’histoire nous le prouve, présentes ou futures sont inévitablement vouée à leur fin. Certaines nations actuelles dont l’histoire sanglante fut bâtie sur le sang et entretenue par le sang ne font donc que reculer une inévitable évidence et leur fin arrivera comme toutes les nations injustes qui les ont précédées, l’Histoire ne ment pas comme vous le verrez.

L’injustice ne crée que la crainte et la faiblesse, la rancune et la haine contre ceux qui en sont les auteurs et c’est ce qui arriva à ‘AbdAllah Ibn Ibrahim, ses gens le craignirent et il fut tué sur les ordres de son propre fils Ziyadat Allah Ibn ‘AbdAllah, en l’an 290 de l’Hégire (902).    

 

Ziyadat Allah Ibn ‘AbdAllah Ibn Ibrahim imita son grand père et tua ses oncles et son frère, ce qui allait être aussi la politique des Ottomans, beaucoup plus tard, comme nous le verrons dans l’Histoire des Ottomans. Ziyadat Allah Ibn ‘AbdAllah se laissa aller à la déchéance et aux plaisirs de ce monde si bien qu’Abou ‘AbdAllah ash-shi’i prit le contrôle de la tribu des Aghlab et Ziyadat Allah Ibn ‘AbdAllah s’enfuit en Egypte en l’an 296 de l’Hégire (908). Et avec Abou ‘AbdAllah ash-shi’i, prit fin la dynastie des Aghlabide.

 

La dynastie des Adarissah 

En l’an 145 de l’Hégire (762), Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn al-Hassan Ibn al-Hassan Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui), aussi connut sous le nom d’an-Nafs az-Zakkiyyah[1], sortit du Hijaz contre le pouvoir des Abbassides et le calife de l’époque Abou Ja’far al-Mansour. Muhammad Ibn ‘AbdAllah sortit pour réclamer le califat et un grand nombre de gens du Hijaz, particulièrement de Médine et de la Mecque, sortirent avec lui pour le soutenir. Il envoya son frère Ibrahim Ibn ‘AbdAllah à Basra pour prêcher sa cause en Iraq qui fut entendu positivement par les habitants de Basra, de l’Ahwaz et de Farés mais les armées du calife abbasside mirent fin à cette révolte.

‘Issa Ibn Moussa al-‘Abbassi le célèbre et puissant général de l’armée des Abbassides réussit à tuer Muhammad Ibn ‘AbdAllah qui se trouvait à Médine au mois de l’année 145 de l’Hégire (762), avant de marcher vers l’Iraq ou se trouvait Ibrahim Ibn ‘AbdAllah et à Bakhamrih, entre Wassit et Koufa, et le tuer à son tour au mois de Dzoul Qi’dah de cette même année de l’Hégire.

 

A la fin du Califat d’al-Hadi, le quatrième calife abbasside, sortirent les ‘Alawi[2], les enfants de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) et de son épouse Fatimah (qu’Allah soit satisfait d’elle), la fille du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), de la Mecque et de Médine, sous le commandement d’al-Houssayn Ibn ‘Ali Ibn al-Hassan Ibn al-Hassan Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) après que les habitants de ces villes lui aient porté allégeance pour le califat, au mois de Dzoul Qi’dah de l’année 169 de l’Hégire (785). 

Al-Houssayn Ibn ‘Ali se rendit alors à la Mecque ou il rencontra les armées abbassides, sous le commandement de Souleyman Ibn Mansour, au lieu-dit Foukh, une rivière sur la route de la Mecque, ou furent tués la plupart des compagnons d’al-Houssayn Ibn ‘Ali tandis qu’Idriss et Yahya Ibn ‘AbdAllah al-Hassan Ibn al-Hassan Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) réussirent à s’enfuir.

Idriss se réfugia chez son grand père dont le Mawlah réussit à le faire parvenir en Egypte grâce à l’aide d’un homme du nom de Wadih al-Miskin, le Mawlah de Salah Ibn Mansour, qui travaillait au ministère des postes et qui était un partisan des ‘Alawi. Wadih al-Miskin facilita leur fuite, mais lorsque le calife al-Hadi en fut informé, il le fit tuer et ordonna de le crucifier pour qu’il soit un exemple pour les gens après lui.

Idriss et Rashid, le Mawlah qui l’accompagnait, s’enfuirent de nouveau et se réfugièrent au Maghreb.

Les historiens ont rapporté que Rashid traita Idriss comme son Mawlah afin qu’il passe inaperçu jusqu’à ce qu’ils arrivent à Tanger ou Idriss partit pour la ville de Walili et rejoignit la tribu Berbère Ourbah dont la plupart des membres lui portèrent allégeance et le désignèrent comme leur Imam.

Idriss régna sur le Maghreb extrême, le Maroc actuel, et à la fin son affaire devint pénible pour le cinquième calife abbasside Haroun ar-Rashid et se rebeller contre l’état islamique, à cette époque, n’était pas une mince affaire.

Après avoir consulté son ministre Yahya Ibn Khalid al-Barmaki qui fut l’un des plus puissants ministres, le calife Haroun ar-Rashid décida d’envoyer Souleyman Ibn Jarir, surnommé ash-Shamakh, un assassin afin de se débarrasser d’Idriss.

Ash-Shamakh partit au Maghreb et réussit à s’introduire chez Idriss en se faisant passer pour un docteur et en lui disant que son père était un partisan des Alawi. Puis, il empoisonna Idriss d’une subtile manière et quand ce dernier se plaignit de douleur, ash-Shamak le faux docteur, lui fit sentir une substance et Idriss mourut aussitôt.  

Souleyman Ibn Jarir ash-Shamakh partit aussitôt pour Bagdad (baghdad) ou le calife ar-Rashid le fit demander mais il ne put mettre la main sur lui et partit à sa recherche. Lorsqu’il fut sur le point de le rattraper à cheval, il réussit à lui trancher la main mais l’assassin réussit à s’échapper.

 

Lorsqu’Idriss mourut, il n’avait aucun enfant pour lui succéder mais il laissa son épouse enceinte de sept mois et l’enfant à qui elle donna naissance fut un garçon qui ressemblait parfaitement à son père ce qui réjouit grandement les Berbères. L’enfant naquit au mois de Rabi’ Thani de l’année 175 de l’Hégire (791) et fut appelé Idriss tandis que le Mawlah ar-Rashid garda un œil sur lui.

Lorsqu’Idriss atteignit l’âge de 10 ans, Ibrahim Ibn Aghlab, dont la tribu se trouvait à Kairouan, porta son attention sur la tribu Adarissah qui prenait de l’importance et fit tuer ar-Rashid en l’an 186 de l’Hégire (801), en achetant certains Berbères avec de l’argent, tout en mettant la pression sur Idriss.

Idriss qui était tout jeune écrivit à Ibn Aghlab et lui dit : « Que t’ai-je donc fait ? » et il lui rappela sa proximité avec le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) si bien qu’Ibrahim Ibn Aghlab le laissa désormais en paix.

Lorsqu’Idriss grandit, il combattit dans la voie d’Allah les Berbères apostats dans la région de Nafiss et dans les territoires des Massamidah puis les khawarije souffariyah à Tilimsen. Il apporta à la tribu Adarissah grandeur et respect et la tribu s’agrandit considérablement sous son règne avant qu’il ne décède en l’an 213 de l’Hégire (828) dans la ville de Fès, qui but bâtie par les Adarissah, après avoir quitté la ville de Walili.

Un très grand nombre de ses partisans et de ses enfants se succédèrent à la tête des Adarissah qui entra en conflit avec le Maghreb et d’autres tribus comme ce fut le cas pour un grand nombre de puissantes dynasties islamiques.

 

En l’an 292 de l’Hégire (904), Yahya Ibn Idriss Ibn ‘Omar Ibn Idriss succéda à la tête des Adarissah jusqu’à ce qu’il soit assaillit par les forces des infâmes ‘oubaydiyine, sous le commandement de Salah Ibn Habous al-Koutami, un des chefs de ‘Oubaydillah qui se fit appeler al-Mahdi comme nous allons le voir, en l’an 305 de l’Hégire (917).

Yahya Ibn Idriss fut battu et assiégé dans la ville de Fès jusqu’à ce qu’un traité de paix fut signé en l’an 307 de l’Hégire (919). Les ‘oubaydiyine qui soit disant se faisaient passer pour des Ahl al-Bayt, des gens de la Maison Prophétique, et qui prêchaient pour eux se retrouvèrent embarrassés en le combattant et le laissèrent à son poste à la condition qu’il porte allégeance au Mahdi, le prêcheur ‘oubaydi.

Mais les ‘oubaydiyine ennemis d’Allah, de Son Messager et de sa famille le capturèrent et l’emprisonnèrent en l’an 309 de l’Hégire (921). Yahya Ibn Idriss Ibn ‘Omar Ibn Idriss resta vingt années emprisonné avant d’être libéré en l’an 329 de l’Hégire (940) ou il partit pour la ville d’al-Mahdiyah al-’oubaydiyah qui fut construire par les ‘oubaydiyine.

Yahya Ibn Idriss Ibn ‘Omar Ibn Idriss, le dernier chef de la tribu des Adarissah mourut de faim dans cette ville à l’ombre du pouvoir des vils ‘oubaydiyine al-Fajarah en l’an 332 de l’Hégire (943). Que la malédiction d’Allah soit sur eux et leurs partisans.

Il mourut alors que la ville était assiégée par Abou Yazid Ibn Mahlag Ibn Kaydad al-Yafrani az-Zinnati lorsque ce khariji se rebella contre les ‘oubaydiyine et les assiégea.

Et avec la mort de Yahya Ibn Idriss Ibn ‘Omar Ibn Idriss prit fin la dynastie des Adarissah qui s’établit à Fès au Maroc actuel.

 

La dynastie roustoumiyah al-ibadiyah 

La dynastie Aghlabiyah fut une dynastie sounnite qui avait porté allégeance aux Abbassides, la dynastie Adarissah fut aussi une dynastie sunnite mais qui se rebella contre les Abbassides quant à la roustoumiyah, elle fut une dynastie des khawarije al-ibadiyah déviants.

Comme nous l’avons précédemment mentionnée le fondateur des khawarije al-Ibadiyah fut ‘AbdAllah Ibn Ibad al-Mourri at-Tamimi et lorsque les cinq porteurs de science revinrent de Basra, ils portèrent allégeance à Abou al-Khattab ‘Abdel A’la Ibn Samh al-Mou’afiri al-Yéméni et le désignèrent leur Imam en l’an 140 de l’Hégire (757).

Ils fondèrent la dynastie ibadiyah dans la ville de Sayyad, une rivière de Tripoli de la Lybie actuelle avant de prendre Tripoli de la tribu ‘Ourjoumah puis Kairouan comme nous l’avons déjà mentionné.

Lorsque ‘Abdel A’la fut tué lors de son différend avec Muhammad Ibn Ash’af al-Khouza’i, ‘AbderRahmane ar-Roustoumi, un descendant du roi perse Roustoum, s’enfuit avec son fils ‘Abdel Wahhab dans la tribu Limayah al-Boutriyah qui lui porta allégeance.

Lorsqu’il se fut établit dans cette tribu, ils construisirent la ville de Tahart, surnommée l’Iraq du Maghreb, en l’an 144 de l’Hégire (761) et  ‘AbderRahmane ar-Roustoumi mourut en l’an 171 de l’Hégire (787). Son fils ‘Abdel Wahhab Ibn ‘AbderRahmane ar-Roustoumi lui succéda mais les khawarije ibadiyah ne reconnaissaient pas la succession du fils au père mais que le nouveau chef devait être nommé par un conseil de la même manière qu’il ne reconnaissait pas le pouvoir de l’Imamat ou du califat aux Qouraysh.

Les khawarije ibadiyah qui étaient contre ce principe désignèrent à leur tête un khariji du nom de Yazid Benfidi et se rebellèrent contre ‘Abdel Wahhab Ibn ‘AbderRahmane qui réussit à les écraser avec son armée. De ce fait les khawarije ibadiyah se divisèrent en deux factions, les wahhabiyah et nikariyah, ceux qui ont renié (ankarou) l’Imamat ‘Abdel Wahhab Ibn ‘AbderRahmane.

 

Un grand nombre d’ignorants, de malveillants et d’ennemis de l’Islam, considèrent le mouvement de revivification islamique, du retour à la pure Unicité Divine (tawhid khass) du Sheikh l’Imam Muhammad Ibn ‘Abdel Wahhab du Hijaz d’origine khariji. Ils n’ont ni lu ou compris l’histoire et il associe les khawarije ibadiyah au Sheikh de l’Islam Muhammad ‘Abdel Wahhab alors que leurs enseignements sont totalement contraires. L’enseignement des khawarije est totalement corrompu et extrême tandis que celui du Sheikh est le pur dogme de l’Islam (‘aqidah safiyah), puisse Allah Exalté lui faire miséricorde.

 

Lorsque ‘Abdel Wahhab Ibn ‘AbderRahmane ar-Roustoumi voulut accomplir son pèlerinage, il nomma son fils Aflah Ibn ‘Abdel Wahhab Ibn ‘AbderRahmane pour le remplacer à Kairouan. En passant près de la montagne Doumart habité par la tribu Zenâta (zinata) qui suivait le Madhab Ibadi, ils l’acclamèrent, le reconnurent comme leur Imam et lui portèrent allégeance.

Quand il les quitta, il nomma à leur tête un homme du nom de Midrar avant de se diriger vers la montagne Nafoussah ou il fut accueilli par la tribu du même nom qui lui déconseillèrent de faire le pèlerinage (hajj) de crainte qu’il ne tombe entre les mains des Abbassides. ‘Abdel Wahhab Ibn ‘AbderRahmane ar-Roustoumi les écouta et il resta parmi eux durant sept années durant lesquelles il participa à la rébellion de la tribu Warah contre les Abbassides et à un certain nombres de batailles contre la tribu des Aghalibah.

Puis, ‘Abdel Wahhab Ibn ‘AbderRahmane ar-Roustoumi retourna dans sa tribu à Tahart, après avoir nommé Samh Ibn Abou al-Khattab ‘Abdel A’la al-Mou’afiri chef de la tribu des Nafoussah. Lorsque Samh mourut après cela, les khawarije portèrent allégeance à son fils Khalaf Ibn Samh Ibn Abou al-Khattab et les nafoussah annoncèrent leur détachement des roustoumiyah.

‘Abdel Wahhab Ibn ‘AbderRahmane ar-Roustoumi désista Khalaf Ibn Samh Ibn Abou al-Khattab qui fondit sa propre faction des khawarije khalafiyah qui nommèrent à leur tête Ayyoub Ibn ‘Abbas et lorsque ce dernier mourut, ils désignèrent Abou ‘Oubaydah Ibn ‘Abdel Hamid qui lutta contre les khalafiyah mais fut battu en l’an 221 de l’Hégire (835) et ses partisans se séparèrent après lui.

Comme vous l’avez vu, il y eut même des divisions et des combats entre les khawarije mais aussi entre les différentes factions des khawarije ibadiyah de la même manière qu’il y eut des combats entre les différentes tribus abbassides pour cause de chauvinisme tribal.

 

‘Abdel Wahhab Ibn ‘AbderRahmane ar-Roustoumi mourut en l’an 211 de l’Hégire (826) et son fils Aflah lui succéda pour une durée de 29 ans et lorsqu’il mourut à son tour en l’an 240 de l’Hégire (854), son fils Abou Bakr lui succéda mais il ne resta qu’un an au pouvoir avant de décéder. Son frère Abou al-Yaqban régna 40 années et mourut à l’âge de 100 ans. Son fils Youssouf Ibn Muhammad lui succéda mais ses frères l’assassinèrent en l’an 296 de l’Hégire (908) et son frère al-Yaqban lui succéda tandis que le plus grand désordre régnait dans la dynastie roustoumiyah.

 

Abou ‘AbdAllah ash-shi’i après avoir mis fin à la dynastie des Aghalibah mit le siège cette même année sur Tahart, la capitale des roustoumiyah, et il mit fin aussi à la dynastie des roustoumiyah en tuant al-Yaqban et tous les khawarije roustoumi qui se mirent en travers de sa route.

La dynastie des roustoumiyah fut donc la troisième dynastie importante du Maghreb et pour finir le sujet, nous devons parler maintenant de celle des khawarije souffariyah, la dynastie des Banou Midrar.


[1] Voir notre Abrégé de l’Histoire des Abbassides.

[2] Il n’est pas question ici des infâmes mécréants ‘alawi noussayri de Syrie.