Avant-propos 

 

La dynastie ottomane est unique en ce sens qu’elle est la seule dynastie de lignée masculine à avoir continué sans interruption pendant plus de 600 ans. De même de mémoire d’homme, jamais dynastie n’a été aussi vilipendée à tort tant par les Musulmans que les mécréants en général et c’est pourquoi, j’estime qu’il est très important que les gens d’aujourd’hui soient informés du rôle important qu’elle joua dans l’histoire non seulement des Turcs et de l’Islam, mais aussi de celle du monde dans son ensemble. Parmi les trente-six Sultans qui régnèrent sur l’Empire Ottoman, il y eut des commandants militaires exceptionnellement compétents, des hommes d’état de génie, des hommes de grande prouesse athlétique, des compositeurs et poètes doués et des calligraphes de renom. Pendant des siècles, ces dirigeants eurent pour objectif primordial de protéger et de défendre les peuples qui leur étaient soumis, de préserver leur bien-être, de préserver la demeure de l’Islam et de promouvoir le développement de la civilisation ottomane.

 

Révélateur de l’esprit de l’administration des Sultans Ottomans, tous les sujets de différentes religions et ethnies et parlant différentes langages se virent donner, sous leur règne de plusieurs siècles, les moyens et la possibilité de coexister de manière harmonieuse. À mon avis, c’est en grande partie grâce à cette méthode d’administration humanitaire que les Sultans Ottomans sont encore honorés en Turquie aujourd’hui, tout comme ils sont encore souvenus avec affection dans de nombreuses régions du Monde Islamique et sont largement connus dans les Balkans, le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Extrême-Orient et l’Asie centrale. C’est peut-être aussi leur humanisme qui contribue à faire valoir l’héritage ottoman alors que d’autres empires et royaumes comparables firent condamnés à être vilipendés après leur disparition.

 

Aux XVe, XVIe et XVIIe siècles, l’empire sur lequel les Sultans Ottomans régnaient était l’état le plus puissant du monde. Bien que les Ottomans aient dominé d’innombrables peuples sur des territoires couvrant trois continents, ils ne se sont jamais efforcés d’exploiter leurs sujets, que ce soit de manière matérielle ou physique et contrairement à ce qu’affirment les ennemis de l’humanité et particulièrement des Musulmans en général. Le fait qu’aujourd’hui le turc soit une langue connue de très peu de personnes dans les Balkans ou au Moyen-Orient, tous deux sous domination ottomane pourtant durant plus de quatre siècles, montre clairement l’absence de toute tentative de domination culturelle contrairement au Français par exemple, qui fut imposé par la violence et la force en moins d’un siècle dans le continent africain après avoir vainement essayé de détruire les autres langues des pays qu’ils occupèrent, preuve supplémentaire de la nette différence d’approche entre les Ottomans et les puissances coloniales européennes et la tolérance relative dont bénéficièrent les sujets de l’Empire Ottoman.

 

La structure de l’administration ottomane permis à plusieurs systèmes juridiques différents de coexister côte à côte, chaque communauté ayant ses propres tribunaux dans lesquels les jugements furent rendus conformément aux lois de cette communauté. Ce système permit à différentes langues, religions et sectes de coexister avec succès pendant des centaines d’années, un record inégalé jusqu’à nos jours par les soi-disant démocraties « modernes » de notre époque qui cachent sous ce nom l’ancien système féodal de domination des peuples. La synthèse culturelle et juridique réalisée par les Ottomans surpassa également les systèmes en vigueur dans les pays de beaucoup de leurs contemporains.

 

La méthode d’administration ottomane incarnait les idéaux d’harmonie, de justice sociale et de sensibilisation à l’environnement. Un grand nombre des fondations caritatives créées par les Sultans et d’autres membres de la dynastie ont survécu jusqu’à présent. Le complexe de bâtiments centré autour des mosquées avec des écoles, des collèges, des bibliothèques, des établissements de santé, des fontaines et des bains publics, des maisons de charité et des soupes populaires pour les pauvres ainsi que des caravansérails pour les voyageurs, construits dans tous les recoins du territoire ottoman, en particulier ceux des villes sacrées de La Mecque et de Médina, furent financés par de telles fondations, offrant ainsi un exemple de la manière dont un état devrait s’acquitter de ses responsabilités sociales.

Toutes ces institutions offrirent des services gratuits pour les pauvres, les voyageurs et les étudiants pendant des siècles. Des services de bienfaisance et de bonnes œuvres de ce genre, exécutés pour des raisons religieuses, montrent comment les exigences de l’Islam étaient perçues par la Dynastie Ottomane et comment la croyance religieuse était mise en pratique dans le Monde Ottoman à cette époque.

 

Lorsque les dirigeants de l’Empire Ottoman établissaient les bases de leur propre civilisation dans les territoires qu’ils avaient conquirent, ils se comportèrent avec respect envers les civilisations qui les avaient précédés, essayant toujours de s’adapter et de se fonder sur ce qui avait été laissé dans le passé dans le but de préserver le « patrimoine commun » de l’humanité, reconnu et apprécié seulement maintenant, exactement lorsque les premiers musulmans prirent Jérusalem et préservèrent le patrimoine des Chrétiens qui les accusèrent odieusement par la suite d’avoir souillé le tombeau du Christ pour justifier leurs croisades médiévales, un vil mensonge impardonnable d’autant plus que ce sont eux même qui « crucifièrent » le Christ et que le tombeau en question ne contient certainement pas les restes de ‘Issa, Paix sur lui et sa mère. La survie contemporaine de nombreux bâtiments des périodes romaine et byzantine est due au respect que les Ottomans accordèrent à ces civilisations.

 

En comparaison des palais impériaux ottomans avec leurs homologues européens et asiatiques montre clairement que les Sultans Ottomans vivaient leur vie beaucoup plus modestement. Malgré cela, ils percèrent le mystère du pouvoir de leur plus petite Chambre du Conseil Impérial sur un territoire beaucoup plus vaste qui s’étendit sur des millions de kilomètres carrés. Et en fait, aucune paix plus grande n’a jamais régné dans les pays du vaste empire transcontinental qui s’étendait des Balkans au Caucase et du Sahara au Moyen-Orient. Ceux qui étudient aujourd’hui les troubles de ces terres devraient étudier l’administration pacifique ottomane des territoires durant des siècles.

Contrairement à ce que certains soutiennent, aucun Sultan n’a attaqué son état, son peuple ou la religion à laquelle il croyait. Cette tradition de fidélité perdura même après la migration forcée de la Dynastie Ottomane qui suivit l’abolition du Sultanat, un crime aussi impardonnable.

 

Ce livre sur l’Histoire des Ottomans, est un ouvrage important dans la mesure où il expose les contributions apportées par les Sultans au développement de la nation turque, ainsi qu’à celle du Monde Islamique dans son ensemble. De même, nous verrons que pour préserver leur empire et protéger leurs peuples, ils durent livrer un nombre incalculable de batailles et si parfois, ils faillirent, ils ne manquèrent jamais de remporter finalement toutes les batailles décisives.

 

Les Sultans Ottomans régnèrent de l’an 697 à 1340 de l’Hégire (1299 à 1922). Sachant que tous les siècles, un réformateur de la religion islamique est envoyé et que l’an 2022 est tout proche, c’est donc à leurs mémoires et particulièrement les prédécesseurs, de toutes les Dynasties qui se sacrifièrent pour la bannière de l’Islam que j’ai rédigé cet ouvrage. Puisse Allah Exalté les couvrir de gloire le Jour du Qiyamah et moi avec eux pour avoir rappelé leur mention. Amine.

 

Traverser un empire comme l’Empire Ottoman, dont le territoire reposait sur trois continents et s’étendait sur plus de sept millions set-cent mille miles carrés (20 millions de kilomètres carrés ) à l’apogée de sa puissance, était une énorme responsabilité qui pesait sur le monde entier de cette époque. Personne ne saurait mieux connaître les responsabilités de ce grand pouvoir que les membres de la Dynastie Ottomane et les Sultans en particulier.

 

La question qui vient à l’esprit est pourquoi un tel projet de recherche n’a-t-il pas été conduit jusqu’à présent, alors que de nombreux autres ouvrages sur l’Empire Ottoman ont été publiés à maintes reprises ? En ce qui concerne la langue française, il n’existe pas un seul livre sur le sujet écrit par un musulman francisant qui n’a pas vendu son âme au diable, et pour cause !

 

Certes, il existe des centaines de livre torchons diffamants qui sont devenus au fil des âges des fictions sortant de la réalité, écrit par des personnages abjects, qui doivent bien gouter le fruit de leurs travaux aujourd’hui, une preuve indestructible contre eux, mais aucun travaux vraiment sérieux n’existe. La traduction française de Hammer, qualifiée d’« honnête » par son traducteur, rapporte quand même toutes les idées fausses, mensonges, sornettes et contes de ses contemporains et tout compte fait ne vaut rien puisque sur les milliers de mensonges nous ne trouvons qu’une seule vérité submergée. Comment savoir ce qui est donc vrai ! Nous avons rapporté ce sujet de manière détaillée dans notre Introduction à l’Histoire des Osmanlis : Les Désistoriens, avec plus de 5000 références

 

Ce travail vise donc à examiner non seulement le travail politique des Sultans, mais aussi les efforts qu’ils déployèrent pour protéger la Nation Islamique, enrichir la culture turque et, surtout, leurs contributions à l’héritage commun de la civilisation humaine.

 

La difficulté d’introduire tous les Sultans dans le cadre limité de cette étude, puisqu’il s’agit d’un simple Abrégé, a empêché la mention de nombreux détails significatifs. Il aurait fallu plus de trente volumes pour rapporter l’intégralité de leur histoire qui s’étend sur sept siècles et trois continents et je ne sais combien de temps puisque j’ai commencé cet ouvrage, il y plus de cinq ans.

Les informations contenues dans ce livre ont été recoupées avec les plus récentes recherches dans le domaine. De plus, nous avons appliqué les interprétations issues des sources authentiques ottomanes ou turques ; naturellement, cependant, le travail ne pourrait pas refléter toutes les perspectives disponibles. À terme, ce texte a pour objectif de brosser un tableau plus large de l’histoire ottomane et d’identifier la place des Sultans dans celle-ci.

 

Ce travail brosse tout d’abord le fait de savoir si les Ottomans étaient réellement des Musulmans, suivit par un résumé de l’histoire du Sultanat de Roum des Seljouk qui allait se fondre dans l’Empire Ottoman puis analyse les diverses responsabilités des Sultans en tant que champions du Monde Musulman. Il met en évidence leurs réalisations en tant que califes particulièrement sur le champ de bataille et la politique extérieure, même si cela peut paraitre répétitif, d’abord sous forme de résumé puis détaillé lorsque cela est possible puisque nous avons travaillé sur trois sources principales et au final nous avions trois textes différents que nous avons rajouté les uns à la suite des autres.

 

La tâche la plus dure fut de transcrire les noms turcs. Il se peut que le texte contienne plusieurs orthographes du même nom et nous avons aussi simplifié leurs transcriptions pour faciliter la lecture. Nous ne suivrons pas l’orthographe officielle pour certains noms comme par exemple « les Seldjoukides » que nous nommons « les Seljouk » dans notre texte. De même nous n’hésiterons pas à créer nos propres mots selon notre propre orthographe lorsque nous ne trouvons pas le mot adéquat. Comme nous l’avons mentionné précédemment, nos ouvrages ne sont que des vulgarisations historiques destinées d’abord à un simple public francophone et ne doivent en aucun cas être prises pour référence ni même ne suivent le corpus classique d’écriture.

 

Certes si « l’érudition » veut la citation d’un grand nombre de références, ce ne sera certainement pas le cas dans cet ouvrage. Donc si vous êtes là uniquement pour les références, vous pouvez arrêter la lecture, renvoyer le livre et passer votre chemin. Nous avons toutefois passé en revue plus de mille ouvrages sur le sujet voici donc une liste des principaux d’entre eux dans un ordre non alphabétique en plus des auteurs cités dans le texte que nous avons utilisé pour la rédaction de cet ouvrage. Nous n’avons utilisé que des historiens musulmans pour la rédaction du présent ouvrage cependant, lorsque ce n’est pas le cas, et cela est bien rare, nous mentionnons alors les sources.

 

Nous avons contacté un certain nombre d’auteurs de la liste qui suit afin de demander leurs permissions d’utiliser leurs ouvrages particulièrement les universitaires cependant malheureusement nous n’avons pas reçu la moindre réponse même des prestigieuses Universités Turques. Nous avons donc poursuivit notre travail, la conscience en paix.

 

Âsikpasazade: Tevarih-i Ali Osman.

Khalil Inalcik : Haji Ilbeyi.

Khalil Inalcik : La Fondation de l’État Ottoman.

Salih Gulen, Tahtin Kudretli Misafirleri : Osmanli Padisahlari.

Hoja Sad ad-Din Efendi : Taj at-Tevarih.

Ibn Kemal : Tevarih-i Ali Osman.

Ismail Hakki Uzunçarsili : Osmanli Tarihi.

Ismail Hami Danismend : Izahli Osmanli Tarihi Kronolojisi.

Muhammad Nesri : Cihannuma.

Solakzâde Mehmet Efendi : Solakzade Tarihi.

Ahmed Akgunduz, Said Ozturk : Ad-Dawlah al-‘Uthmaniyyah al-Mahjoulah.

(Bien que je n’ai reçu aucune réponse des auteurs, nous espérons in shaa Allah traduire intégralement leur excellent ouvrage,  sur les mythes et les mensonges relatifs à l’Histoire des Ottomans, qui servira de volume quatre à la présente édition si Allah, à Lui les Louanges et la Gloire me le permet.)

Gabor Agoston : La Décisivité des armes à feu ottomanes durant le siège de Constantinople et autres batailles.

Emrah Safa Gurkan : La tromperie, dissimilation et manipulation de l’information dans l’Empire Ottoman du 16e siècle.

L’efficacité du Contre-Espionnage Ottoman au 16e Siècle.

Ambassadeurs déshonorants, Espions et Diplomatie secrète dans Istanbul ottomane.

Mon argent ou ta vie : La traque des Habsbourg pour ‘Oulouj ‘Ali

Ali Riza Isipek & Oguz Aydemir : 1770 Cesme. Deniz-savasi.

Muhammad Ibn Ahmad Ibn Iyas : Bada'i’ az-Zouhour fi Waqa'i’ ad-Douhour.

AbdAllah Turhal : La Bataille d’Ankara 28 juillet 1402.

Muhammad Fatih Calisir : La Campagne Ottomane en Hongrie 1663.

Toursoun Beg : Tarikh Abou al-Fath.

Silay Ahmadi : Tarikh ad-Dawlah al-‘Uthmaniyyah.

Dr. ‘Ali Muhammad as-Salabi, Sultan Muhammad al-Fatih.

Onur Yildirim : La Bataille de Lépante.

Ibn al-Jazari : Jami’ al-Asanid.

Shaykh Zayn ad-Din Makhdoum : Tuhfat al-Moujahidin.

Ahmad Damourdashi : Dourrat al-Mousanah li Akhbar al-Kinana.

Dr ‘Abd as-Salam ‘Abd al-‘Aziz al-Fahmi : Sultan Muhammad al-Fatih, Fatih al-Contantiniyyah wa Qahir Roum.

Abou Na’ima : Tarikh.

Moustafa Ibn ‘AbdAllah alias Hajji Khalifa : Tuhfat al-Kibar fi-Asfari al-Bihar

Anonym : La destruction du Califat

 

 

Les dates mentionnées sont principalement de l’Hégire suivit entre parenthèse par celles correspondantes à l’année solaire. Cependant parfois nous ne mentionnons que l’année de Hégire ou celle solaire lorsque nous faisons mention à l’histoire des mécréants.

L’orthographe des termes arabes a été aussi simplifiée à leur prononciation.