Abou Mouslim al-Khorassani

  

Souleyman Ibn Kathir al-Khouza’i, le responsable de la prédication pour les Banou ‘Abbas, jugea que la situation eu Khorasan permettait une activité plus intense pour parvenir à leur fin et il écrivit à Abi Salamah Khalal pour lui demander d’écrire à Ibrahim l’Imam pour lui dire que les conditions étaient idéales pour la propagation de son message et qu’il envoie quelqu’un de sa maison pour s’occuper de l’affaire. Ibrahim l’Imam envoya Abou Mouslim al-Khorassani et en l’an 129 de l’Hégire (746), Ibrahim écrivit à Abou Mouslim pour lui demander de le rejoindre afin de le charger de mission.

 

Au mois de Joumadah Thani, Abou Mouslim al-Khorassani partit avec un groupe de prêcheurs à La Mecque et sur sa route, il s’arrêta à Awmis ou lui parvint une lettre d’Ibrahim l’Imam et aussi une lettre destinée à Souleyman Ibn Kathir al-Khouza’i. La lettre pour Abou Mouslim disait : «  Je t’ai envoyé l’étendard de la victoire, et si tu lis cette lettre, retourne d’où tu viens et envoie moi Qahtabah Ibn Shabib avec ce que tu as en ta possession à Mossoul (sous-entendu al-Hajj) ».

Abou Mouslim revint donc à Merv au mois de Ramadan de l’année 129 et envoya Qahtabah avec la somme d’argent qu’il avait collecté. Puis Abou Mouslim remit la lettre destinée à Souleyman Ibn Kathir qui lui stipulait d’accélérer le mouvement de prédication du fait des éléments favorable en place pour leur réception.

Alors les prêcheurs le nommèrent à leur tête et s’activèrent furieusement et ouvertement à l’appel pour les Banou ‘Abbas au moment précis Ou Joudayr al-Kirmani et Shayban Ibn Salamah le khariji combattait Nasr Ibn Sayyar.

Ils appelèrent les gens à suivre leur appel et Abou Mouslim leur ordonna de tuer tous ceux qui s’opposeraient à eux.

 

 

Les bannières noires du Khorasan, az-Zil et as-Sahab

 

Les dix derniers jours du mois de Ramadan de l’année 129 de l’Hégire (746), Souleyman Ibn Kathir et Abou Mouslim se rencontrèrent dans la ville de Safidanj, ou habitait Souleyman. Puis ils déroulèrent la bannière, appelée « l’Ombre » (az-zil) qu’ils déployèrent au bout d’une lance ainsi qu’au bout d’une autre lance, l’étendard appelé « le Nuage» (as-sahab) sur lequel était écrit : « Autorisation est donnée à ceux qui sont attaqués (de se défendre) - parce que vraiment ils sont lésés ; et Allah est certes Capable de les secourir[1] ». Puis ils s’habillèrent de noir avec leur partisan et appelèrent les gens, non pas pour un individu particulier, mais pour l’obéissance aux gens de la maison du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).

 

Cette même année eut lieu plusieurs batailles entre eux et les hommes de Nasr Ibn Sayyar et les partisans des Banou ‘Abbas furent victorieux plusieurs fois. Khazim Ibn Khouzaymah Ibn ‘Abdillah an-Naqsha’i ad-Darimi at-Tamimi captura Mawrouroud et tua Bishr Ibn Ja’far as-Soughdi, son gouverneur, au mois de Dzoul Qi’dah de l’année 129 de l’Hégire.

La situation politique et la faiblesse de la représentation du calife au Khorasan fut favorable à Abou Mouslim al-Khorassani d’autant plus que Nasr Ibn Sayyar était occupé à combattre les khawarije et Joudayr Ibn ‘Ali, al-Kirmani.

 

Bientôt un nombre considérable de gens du Khorasan répondit favorablement à l’appel d’Abou Mouslim : cet homme surnommé ‘AbderRahmane, était un parfait inconnu sans généalogie, n’avait aucune tribu pour le soutenir ni auprès de laquelle chercher un appui. C’était un homme dont personne ne connaissait l’origine, ni même d’où il venait. Les gens divergèrent donc à son sujet d’autant plus qu’il n’avait aucune connaissance des lois et de la jurisprudence islamique excepté qu’il était extraordinairement intelligent et astucieux, un maitre dans l’art de la prédication et un fin politicien.

Un jour un groupe de jeunes qui venaient de Merv pour s’instruire en religion le questionnèrent à propos de sa généalogie, il leur répondit :

- « Mes informations vous sont plus utiles que ma généalogie ». Et lorsqu’ils demandèrent des questions sur la jurisprudence (fiqh), il dit :

- « Votre agreement du bien et votre désaveu du mal, vous est meilleur que cela. Nous sommes plus disposé à vous aider qu’à répondre à vos questions, pardonnez-moi ».

- « Par Allah, dirent-ils, nous ne connaissons pas ta généalogie et il ne te reste que peu de temps avant que tu sois tué par l’un des deux (sous-entendu Nasr Ibn Sayyar ou al-Kirmani) ».

- « Si Allah Exalté le veut, c’est certainement moi qui les tuera ».

 

 

La mort d’al-Kirmani

 

Nous avons précédemment mentionné qu’al-Harith Ibn Sourayj fut tué par ‘Ali Ibn Joudayr al-Kirmani qui prit possession de la capitale du Khorasan, Merv, quand Nasr Ibn Sayyar l’eut quitté.

Après la mort d’Ibn Sourayj, Nasr envoya détachement après détachement combattre al-Kirmani mais toutes ses armées furent défaites. Abou Mouslim écrivit à al-Kirmani et lui fit savoir qu’il était avec lui contre Nasr et al-Kirmani accepta son offre. Nasr Ibn Sayyar décida de faire face à cette dangereuse alliance et il écrivit à al-Kirmani et lui dit : «  Ne te laisse pas tromper par Abou Mouslim et ses partisans, viens que nous convenons d’un traité de paix entre nous ». Al-Kirmani répondit favorablement à sa demande parce qu’il ne faisait pas confiance à Abou Mouslim.

Al-Kirmani sortit de Merv avec cent cavaliers et envoya un message à Nasr Ibn Sayyar de venir le trouver afin qu’ils rédigent le traité de paix entre eux. Lorsque Nasr Ibn Sayyar fut informé du peu de nombre qui se trouvait avec al-Kirmani, il envoya sur le champ Ibn Sourayj at-Tamimi à la tête de trois-cents cavaliers qui encerclèrent al-Kirmani. Une féroce bataille s’ensuivit ou al-Kirmani fut tué et le groupe de ses cavaliers décimés. Nasr Ibn Sayyar ordonna de le crucifier avec un poisson et à cause de cela Ibn ‘Ali Ibn Joudayr Ibn ‘Ali Ibn Shabib al-Kirmani rejoignit les rangs d’Abou Mouslim al-Khorassani.

 

Nasr Ibn Sayyar écrivit au calife Marwan Ibn Muhammad pour lui demander des renforts mais ce dernier était préoccupé par les rebellions d’Iraq et de Syrie et il lui répondit : « Le témoin voit ce que l’absent ne peut voir. Fait de ton mieux avec ce que tu as ». Lorsque Nasr Ibn Sayyar reçut sa réponse, il dit à ceux qui étaient en sa compagnie : « Votre compagnon vous fait savoir qu’il ne peut vous fournir d’appui ».

N’ayant aucun autre choix, il écrivit à Yazid Ibn ‘Omar al-Houbayrah, le gouverneur d’Iraq, pour lui demander de l’aide. Et Yazid lui dit : «  La victoire n’est pas dans le nombre et je n’ai personne de disponible ».

 

Pour la première fois depuis le début du règne des Omeyyades, le calife ne put envoyer des renforts, signe de leur fin imminente.

Alors Nasr, qui était un homme très perspicace écrivit aux chefs des tribus arabes du Khorasan. Il les appela à l’union et les incita à combattre Abou Mouslim et malgré les poèmes émouvants qu’il écrivit au calife, à Yazid Ibn ‘Omar et aux chefs des Banou Rabi’ah, il ne reçut aucune aide et cela particulièrement à cause des résultats de toutes les précédentes séditions.

La plupart des tribus arabes, les Banou Moudar, Rabi’ah, Qahtan  et ceux qui se trouvaient au Khorasan convinrent d’arrêter les combats entre eux, de ne plus s’entretuer et de s’unifier pour faire face à Abou Mouslim al-Khorassani qui était au seuil de son apogée et que nul ne pouvait plus maintenant arrêter.

 

 

L’assassinat de ‘Abdillah Ibn Mou’awiyah Ibn ‘Abdillah Ibn Ja’far Ibn Abi Talib

 

Nous avons aussi précédemment mentionné que ‘Abdillah Ibn Mou’awiyah Ibn ‘Abdillah Ibn Ja’far Ibn Abi Talib se rebella à Koufa et nous avons dit qu’il était sorti en l’an 127 de l’Hégire (744) mais ‘Abdillah Ibn ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz le battit mais lui garantit la sécurité et à ceux qui étaient avec lui à la condition qu’ils quittent Koufa. Il partit donc à Mada'in, puis à Farès, avant de mettre la main sur Mahin, Qoumas, Hamadan, Ispahan et Rayy et un nombre importants des gens de ces régions vinrent lui porter allégeance.

Ses partisans mirent la main sur Istakhr ou il vint habiter en compagnie de Souleyman Ibn Hisham ‘Abdel Malik et Mansour Ibn Joumhour avant que les Banou Hashim vinrent aussi lui porter allégeance. Et parmi ceux des Banou Hashim qui vinrent lui porter allégeance, il y avait Abou Ja’far al-Mansour, ‘AbdAllah et ‘Issa Ibn ‘Ali Ibn ‘Abdillah Ibn al-‘Abbas mais Ibn Houbayrah leur envoya un détachement les combattre et ‘Abdillah Ibn Mou’awiyah fut battu et s’enfuit au Khorasan pour rejoindre Abou Mouslim al-Khorassani parce qu’il appelait à la reconnaissance et à l’obéissance des gens de la maison du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).

 

Lorsqu’il arriva à Hérat, en compagnie de ses frères Yazid et Hassan, Malik Ibn Haytham al-Khouza’i, qui était un des hommes d’Abou Mouslim, vint le questionner sur les raisons de son arrivée. Il lui dit qu’il avait entendit parler de leur mouvement et Malik Ibn Haytham al-Khouza’i ne fut pas convaincu par ses propos. Il écrivit à Abou Mouslim qui lui ordonna de les arrêter et de les emprisonner puis ensuite d’exécuter ‘Abdillah Ibn Mou’awiyah et de relâcher ses frères Yazid et Hassan. Malik Ibn Haytham relâcha Yazid et Hassan puis fit étrangler ‘Abdillah Ibn Mou’awiyah. Certains ont dit qu’un vêtement fut passé autour de sa tête et qu’il fut empêché de respirer jusqu’à ce qu’il mourut étouffé. Puis, ils sortirent son corps, prièrent sur lui et l’enterrèrent à Herat, en l’an 129 de l’Hégire (746).

 

 

Nasr Ibn Sayyar al-Kinani al-Moudari échappe à la mort

 

Lorsque ‘Ali Ibn al-Kirmani se soumit à Abou Mouslim al-Khorassani après qu’Ibn Sayyar ait tué son père, Abou Mouslim rentra à Merv au mois de Joumadah Awwal de l’année 130 de l’Hégire (747) puis dans le palais du gouverneur, après avoir demandé à Ibn Sayyar de lui porter allégeance, il rentra chez lui à Merv. Abou Mouslim pensa à le tromper et à le tuer. Il lui envoya Lahiz Ibn Qouraydah at-Tamimi à la tête d’un groupe de ses partisans et lorsque Nasr les vit, il dit :

- « Vous n’êtes venus que pour commettre le mal ». Et Lahiz lui répondit !

- « Tu dois forcement venir avec nous ».

- « Laissez-moi donc faire mes ablutions et je vous suis ». Et alors qu’il faisait ses ablutions, Lahiz, qui était un des plus grand prêcheur pour les Banou ‘Abbas, récita ce verset du Qur’an : « Et c’est alors qu’un homme vint du bout de la ville en courant et dit : « Ô Moïse (moussa), les notables sont en train de se concerter à ton sujet pour te tuer. Quitte (la ville). C'est le conseil que je te donne[2] ».

Nasr In Sayyar des Banou Moudar comprit aussitôt le message et il s’enfuit par une porte externe de sa demeure. La fibre tribale de Lahiz at-Tamimi al-Moudari l’emporta sur ses convictions et il permit à Nasr Ibn Sayyar al-Kinani al-Moudari de s’esquiver et de quitter Merv.

Lorsque les hommes revinrent à Abou Mouslim, il leur demanda :

- « Qu’est-ce qui la rendu suspicieux ? »

- « On se sait pas ! »

- « L’un d’entre vous a-t-il dit quelque chose ? »

- « Oui » dirent-ils « Lahiz a récité tel verset du Qur’an ! »

- « Voilà ce qui lui a mis la puce à l’oreille ! »

Alors Abou Mouslim  dit :

- « O Lahiz, cherches-tu à corrompre la religion ? » Et il ordonna de lui trancher la tête (darb ‘ounouqi). Bien qu’il fut un de leur plus grand prêcheur et sans regard pour ses services, il fut considéré comme un traitre. Encore, un de ces étranges évènements qui ne surgissent que lors des séditions.

 

Abou Mouslim ordonna de tuer vingt-quatre partisans de Nasr Ibn Sayyar qu’il avait emprisonné après sa fuite, dont Salm Ibn Ahwaz al-Mazini, le célèbre général.

 

 

En l’an 131 de l’Hégire (748), Abou Mouslim ordonna de tuer ‘Ali et ‘Uthman Ibn Joudayr al-Kirmani et il tua aussi Shayban Ibn Salamah, parce que les khawarije lui avait attribué le titre d’émir des croyants, qui était allié à Ibn al-Kirmani pour combattre Ibn Sayyar. Lorsque Ibn al-Kirmani s’allia à Abou Mouslim, il fut capturé par le khariji et quand Abou Mouslim, qui maintenant était à la tête d’une immense armée et gagnait des batailles, demanda au khariji de lui porter allégeance, le khariji lui dit :

- « Non c’est moi qui t’appelle à me porter allégeance ! »

 

 

En l’an 130 de l’Hégire, al-Walid Ibn Hisham mena une campagne en terre byzantine près d’Antioche à ‘Amq ou il fit construire la citadelle de Mar’ash.

 

Cette même année, Abou Mouslim al-Khorassani paracheva sa main mise sur le Khorasan et sur beaucoup d’autres régions. Il envoya ses partisans à Samarkand, au Boukharistan, à Farès et Touss.

 

 

L’armée du Khorasan écrase l’armée Syrienne

 

Nasr Ibn Sayyar était à Nishapour (nayssabour) quand lui parvint la mort de son fils Tamim Ibn Nasr lors de son combat avec Qahtabah Ibn Shabib qui marcha vers Nayssabour pour combattre Nasr qui fuit à Qoumas tandis que ses partisans se dispersèrent. Puis Nasr alla à Gorgan chez Noubatah Ibn Handalah al-Kilabi al-‘Amiri, le gouverneur nommé par Yazid Ibn ‘Omar al-Houbayrah. Qahtabah les poursuivit jusqu’à ce qu’il fit face à l’armée de Syrie et les Khorassani virent que les gens de Syrie n’étaient pas prêt pour le combat et Qahtabah fut informé de la crainte des Khorassani de combattre les gens de Syrie.

Il voulut alors les motiver avant la grande bataille qui allait s’ensuivre, et il leur dit : « O gens du Khorasan, cette terre appartenait jadis à vos pères, et la victoire leur fut accordée par ce qu’ils étaient justes et droit mais le jour où ils devinrent injustes, ils encoururent la colère d’Allah Exalté. Leur royaume leur fut retiré et il leur envoya une des pires communautés qu’il y avait sur la terre (sous-entendu les Arabes). Ils les prirent leur terre et leurs femmes et firent de leurs enfants des esclaves. Ces gens gouvernèrent avec justice, tenaient leurs engagements et assistaient les faibles. Puis, ils changèrent et leur gouvernance se corrompit si bien que les gens pieux craignirent les gens du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et alors Allah vous leva contre eux pour se venger d’eux et afin que vous soyez leur châtiment. L’Imam m’a informé que vous rencontrerez des immenses armées et que la victoire d’Allah Exalté vous sera accordée. Vous les tuerez et vous les mettrez en fuite ».

 

Les deux armées s’affrontèrent au mois de Dzoul Hijjah de l’année 130 de l’Hégire (747) et les Khorassani vinrent à bout des Syriens et les mirent en fuite. Des milliers de Syriens furent tués au court de la bataille, ainsi que Noubatah Ibn Handalah al-Kilabi dont ils envoyèrent la tête à Abou Mouslim.

Après la bataille, les gens de Gorgan se levèrent contre Qahtabah Ibn Shabib qui les  massacra littéralement et ce massacre permit au mouvement des Banou ‘Abbas de s’affermir un peu plus. Après la bataille Nasr Ibn Sayyar s’enfuit à Qoumas et lorsqu’il fut informé du massacre des gens, il s’enfuit de nouveau à Khouwar dans la région du Rayy. Et un des plus puissants gouverneurs du Khorasan se retrouva à fuir de ville en ville et de pays en pays.

    

 

La mort du grand général Nasr In Sayyar al-Leythi al-Kinani

 

A Rayy, le grand général omeyyade Nasr Ibn Sayyar al-Leythi al-Kinani ou Nasr Ibn Sayyar Ibn Rafi’ Ibn Hariyh Ibn Rabi’ah Ibn ‘Amir Ibn ‘Awf Ibn Jounda’ Ibn Leyth Ibn Bakr Ibn ‘Abdel Manat Ibn al-Kinana, le gouverneur du Khorasan pour les Omeyyades, tomba malade et mourut des suites de sa maladie à l’âge de 85 ans au mois de Rabi’ Awwal de l’année 131 de l’Hégire (748). Il naquit en l’an 46 de l’Hégire (666) sous le règne du premier calife omeyyade, le respectable compagnon Mou’awiyah Ibn Abi Soufyan (qu’Allah soit satisfait d’eux) qu’il connut du fait que Mou’awiyah décéda en l’an 60 de l’Hégire. Il fut donc un témoin vivant de l’intégralité du règne des Omeyyades de leur début à leur fins jusqu’au règne du dernier calife omeyyade Marwan Ibn Muhammad Ibn Marwan.

 

 

Le massacre des Médinois par les khawarije

 

La sédition finit par arriver au Khorasan après avoir secoué la Syrie et l’Iraq avant de se propager à la ville du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) lorsque le khariji Abou Hamzah Balj Ibn ‘Ouqbah al-Azdi vaincu les gens de Médine lors de la bataille de Qoudayd qui eut lieu au mois de Safar de l’année 130 de l’Hégire (747) ou plus de sept-cent hommes de Médine furent tués.

Puis ce vil khariji rentra dans Médine ou il resta à peu près trois mois avant que Marwan Ibn Muhammad lui envoie une armée sous le commandement de ‘Abdel Malik Ibn Muhammad Ibn ‘Atiyat as-Sa’di, des Banou Sa’d Ibn Bakr Ibn Hawazin, ou eut lieu une bataille près de Wadi al-Qourah ou les khawarije furent anéantis lors d’une sanglante bataille et ou trouva la mort leur chef Abou Hamzah Balj Ibn ‘Ouqbah al-Azdi.

 

Peut-être l’un d’entre vous pensera : Chaque fois que quelqu’un se révolte (sort) contre le calife ou contre le gouverneur (wali), est considéré comme un khariji. C’est effectivement vrai dans le sens ou le mot arabe « kharaja » veut dire : « sortir ». Donc que ce soit un simple révolté (khariji) ou quelqu’un de la secte déviante des khawarije, le singulier est « khariji » et dans les deux cas, la signification du mot est : « sortit ». Néanmoins la jurisprudence islamique différencie les deux cas. Dans le premier cas nous utilisons les mots : rebelle, révolte, rébellion, sortit ou se lever contre. Mais lorsque nous employons le mot arabe « khariji », cela définie non seulement sa rébellion à l’état mais aussi ses profondes convictions.

Par exemple, lorsqu’Abou Hamzah Balj Ibn ‘Ouqbah al-Azdi entra à Médine, après avoir tué ses habitants lors de la bataille de Qoudayb, il monta sur le Minbar et sermonna les gens avec de graves paroles, il dit : « Le fornicateur est un mécréant, celui qui doute est un mécréant, celui qui vole est un mécréant, et celui qui doute d’être un mécréant l’est ».

Les khawarije sont donc totalement obsédés par la mécréance et c’est le mot qu’ils utilisent le plus dans leur vocabulaire commun et celui qu’ils ont le plus sur la langue.

 

Maintenant, pour faire une parenthèse à ceux qui traitent de khawarije les gens qui combattent dans la voie d’Allah de nos jours pour défendre les terres musulmanes et leurs populations, il est bien évident que c’est non seulement un odieux mensonge contre eux et une vile accusation puisque ces combattants n’ont absolument pas les attributs des khawarije. Ce qu’ils font donc, en accusant les gens qui ont dévoués leur vie dans la défense des opprimés, est de la calomnie.

Si qualifier de mécréants, les dirigeants des pays musulmans qui ne jugent pas par ce qu’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, a révélé est passible d’être qualifié de khariji, c’est alors démentir la parole d’Allah Exalté qui a dit dans Son Livre Glorieux : « Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, les voilà les mécréants[3] ».

Qu’Allah Exalté nous préserve de la déchéance et de la cécité.

 

 

Au Yémen, un khariji du nom de ‘AbdAllah Ibn Yahya Ibn ‘Omar Ibn al-Aswad al-Kindi sortit aussi contre le calife Marwan Ibn Muhammad. Ce khariji, qui se fit surnommer « at-Talib al-Haqq » (celui qui recherche la vérité) bien qu’il soit déjà « émir des croyants » est celui qui envoya Abou Hamzah Balj Ibn ‘Ouqbah à Médine.

 

Marwan Ibn Muhammad ordonna à son lieutenant ‘Abdel Malik Ibn Muhammad Ibn ‘Atiyat as-Sa’di après qu’il eut vaincu les khawarije à Médine, de marcher sur le Yémen ou il écrasa une nouvelle fois les khawarije de ‘AbdAllah Ibn Yahya avant de le tuer et d’envoyer sa tête au calife Marwan Ibn Muhammad en Syrie.



[1] Qur’an, Sourate al-Hajj 22, verset 39.

[2] Qur’an : Sourate al-Qassas (28), verset 20.

[3] Qur’an, Sourate 5, verset 44.