La lutte contre les Byzantins

  

En l’an 77 de l’Hégire (696), ‘Abdel Malik Ibn Marwan envoya son fils al-Walid à la tête d’une armée pour les combats d’été au pays des romains. Le roi des romains était à cette époque l’empereur byzantin Léonidas (lionitious).

 

 

En l’an 78 de l’Hégire (697), ‘Abdel Malik Ibn Marwan nomma son oncle Yahya Ibn Hakam commandant des armées qui avaient pour mission d’envahir le pays des Romains.

Le front de Syrie était différent du front d’Iraq. Le front d’Iraq était occupé à mettre une fin aux séditions des khawarije et les Musulmans ne purent pas faire face à leurs ennemis.

Quant au front de Syrie, il était uni, loin des khawarije et de leur mal et c’est pourquoi les Musulmans de cette région pouvaient faire face à leurs ennemis, les polythéistes. Mais lorsque les gens de Syrie furent éprouvés par la peste en l’an  79 de l’Hégire (698), la lutte contre les Romains cessa.

 

Cette même année, lorsque ‘Abdel Malik Ibn Marwan, le cinquième calife, vit de quelle manière al-Hajjaj avait opéré avec les khawarije et s’était débarrassé d’eux, il désista de son poste Oumayyah Ibn ‘Abdillah Ibn Khalid Ibn Assid Ibn Abi al-‘Is Ibn Oumayyah du Khorasan.

Puis, il rajouta à al-Hajjaj qui était déjà gouverneur d’Iraq, le Khorasan et le Sijistan qui envoya ses députés prendre leur place à ces deux nouveaux postes tandis que lui-même resta en Iraq à Koufa. Al-Hajjaj envoya al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah al-Azdi, le célèbre commandant au Khorasan et Oubaydillah Ibn Abi Bakra ath-Thaqafi au Sijistan.

 

 

En l’an 79 de l’Hégire (698), la peste ravagea la Syrie et les gens furent pratiquement tous anéantis. Il n’y eut donc aucune campagne militaire cette année à cause du trop grand nombre de morts et les Byzantins en profitèrent pour attaquer Antioche.

 

 

La Campagne de ‘Oubaydallah Ibn Abi Bakra au Sijistan

 

‘Oubaydallah Ibn Abi Bakra resta inactif le reste de cette année avant d’attaquer Zounbil. Zounbil était sous une trêve et les Musulmans collectaient d’eux les impôts mais, ils furent renvoyés plusieurs fois les mains vides. Al-Hajjaj écrivit à ‘Oubaydallah et lui dit : « Fait leur la guerre avec tous les Musulmans qui sont avec toi et ne revient pas avant d’avoir pillé leur terre, rasé leurs forteresses, tué leurs hommes et pris leurs femmes captives ».

‘Oubaydallah leva les Musulmans de Koufa commandés par Shourayh Ibn Hani al-Harithi al-Dababi, qui était alors âgé de 120 ans et qui avait été un compagnon de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait d’eux) et ceux de Basra dont il prit la tête et le commandement général de l’armée.

Quant à sa généalogie, il est Shourayh Ibn Hani Ibn Yazid Ibn Nahik Ibn Dourayd Ibn Soufyan Ibn Dabab et Dabab est Salamah Ibn Harith Ibn Ka’b Ibn ‘Amr Ibn ‘Oullah Ibn Jald qui est Khalid Ibn Malik Ibn Oudad et Malik Ibn Oudad est Madhij.

 

‘Oubaydillah Ibn Abi Bakra rentra dans le pays des Turcs, conquit villes après villes et avança vers leur capitale. Il saisit tous les troupeaux et toutes les propriétés qu’il voulut avant de raser les forteresses et les châteaux. Il conquit une grande partie de leur territoire tandis que les forces turques de Zounbil se retirèrent devant lui et le laissèrent pénétrer assez profondément dans leur territoire et lorsqu’il ne fut plus qu’à 18 parassanges[1] (farsakhan) de leur capitale, soit à 87 kilomètres, et qu’il s’engagea dans un passage montagneux, les Turcs qui lui avaient préparé une embuscade fermèrent le défile devant et derrière eux pour l’empêcher de se retirer.

Les Musulmans se retrouvèrent dans une fâcheuse situation et eurent peur d’être anéantis. Ibn Abi Bakra envoyé un message à Shourayh Ibn Hani et lui dit : « Je vais offrir une trêve à l’ennemi, leur donner de l’argent en échange du libre passage hors d’ici ». Il leur envoya ce message et leur offrit 700.000 dirhams pour une trêve. Mais Shourayh arriva et leur dit : 

- « Tout ce que vous paierez pour une trêve sera crédité par le gouvernement et retiré de vos salaires ». Ibn Abi Bakra répondit :

- « Même si le gouvernement devait retenir nos salaires pour le reste de nos vies, cela vaut mieux que de périr ! » Shourayh répondit :

- « Par Allah, j’ai atteint un âge où mes plaisirs arrivent à leurs fins et il n’y a pas une heure du jour ou de la nuit sans que je ne m’attends à mourir avant qu’elle ne s’écoule. J’ai cherché le martyr depuis bien longtemps, et si je le manque aujourd’hui, je ne pense pas que je trouverais une autre occasion plus propice sinon que de mourir de mort naturelle ». Alors il dit : «  O Musulmans ! Entre aidez-vous contre votre ennemi ! » Ibn Abi Bakra lui dit :

- « Tu es devenu un vieil homme sénile ». Shourayh riposta :

- « Tu ne recherches que la noblesse, que l’on dise : « Le jardin d’Abi Bakra », et « le bain d’Abi Bakra! O Musulmans que celui d’entre vous qui recherche le martyr me suivent ! » Quelques volontaires parmi les cavaliers et les fantassins le suivirent et ils combattirent jusqu’à ce que la plupart d’entre eux aient atteint leur but, puisse Allah le Très Haut leur faire miséricorde.

Lorsqu’il se lança dans la bataille, Shourayh dit :

 « J’ai vécu parmi les polythéistes avant de devenir un homme affligé, un vieillard,

J’ai vécu pour voir le Prophète, l’avertisseur et après lui son ami sincère et ‘Omar,

Et le jour de Mihran et celui de Toustara,

Les réunions à Siffin et Narhawa,

Puis l’allégeance à Joumayrat contre les éprouvés,

Combien cette vie m’a été allongée[2] ».

 

Quelques combattants qui étaient avec Shourayh Ibn Hani (qu’Allah soit satisfait de lui) réussirent à se retirer de la bataille à quitter le pays des Turcs et à rejoindre le reste de l’armée des Musulmans.

Le reste des Musulmans se retira alors du territoire de Zounbil après un long siège et avoir durement été éprouvé par la faim. Ils rencontrèrent un autre groupe de Musulmans avec de la nourriture et les gens furent effrayés de les nourrir de crainte qu’ils meurent et ils durent donc les nourrir tout d’abord avec de la graisse jusqu’à ce qu’ils fussent capables de manger correctement.

Al-Hajjaj fut effrayé des déboires de l’armée musulmane. Et sans connaitre l’intégralité de l’histoire, il écrivit aussitôt au calife ‘Abdel Malik et lui dit : « Les troupes du commandant des croyants du Sijistan ont rencontré le désastre, et seulement quelques-uns d’entre eux se sont échappés. L’ennemi enhardi par son succès contre les gens de l’Islam est entré dans leurs terres et a conquis toutes leurs forteresses et leurs châteaux. Je voudrais leur envoyer une force massive d’hommes des deux garnisons mais j’aimerais avoir l’avis du commandant des croyants sur le sujet. Si c’est son opinion est que je dois répartir cette force, je le ferai donc. Si ce n’est pas son opinion, le commandant des croyants reste l’autorité suprême sur ses propres forces ; mais je crains que si Zounbil et les polythéistes qui sont avec lui ne sont pas rapidement arrêtés par une force massive, ils submergeront nos frontières ».

 

Cette même année, le grand commandant al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah al-Azdi arriva au Khorasan nommé gouverneur par al-Hajjaj Ibn Youssouf. 

 

 

En l’an 80 de l’Hégire (699), La Mecque fut inondée. La force du torrent emporta les habitations sur son passage et causa de grande perte. Il a été rapporté que non seulement les chameaux et leurs chargements furent emportés par la violence des flots mais aussi les gens que personne ne put secourir. Le niveau de l’eau submergea la pierre noire. Cette année fut appelée l’année de l’inondation.

 

Cette même année, il y eut une épidémie de peste à Basra mais cela n’empêcha pas les Musulmans de combattre dans la voie d’Allah pour la propagation de l’attestation de foi « il n’y a nulle divinité excepté Allah » et pour que la parole d’Allah soit élevée et al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah traversa le fleuve de Balkh et attaqua Kish[3].

 

 

Al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah attaque Kish

 

Lorsque al-Mouhallab attaqua Kish, il donna le commandement de l’avant-garde de trois-mille combattants à Abou al-Adham Ziyad Ibn ‘Amr az-Zimman qui lui-même en valait deux-mille tant il était un excellent commandant et un fin stratège.

Alors qu’al-Mouhallab attaquait Kish, le cousin paternel du roi d’al-Khouttal[4] vint le voir et lui conseilla vivement d’attaquer cette province. Al-Mouhallab envoya avec lui son fils Yazid qui campa avec ses forces séparément du cousin du roi. Le roi as-Sabal quand à lui campait à quelques distances d’eux et lorsque la nuit fut venue, il prit de surprise son cousin en criant « Allah est Grand » lorsqu’il pénétra dans son camp. Le cousin d’as-Sabal crut que les Arabes l’avaient trahi de peur qu’il ne les trahisse lui-même du fait qu’il avait campé séparément. As-Sabal le captura, l’emmena dans sa forteresse et le tua.

Yazid Ibn al-Mouhallab assiégea la forteresse et le roi dut conclure la paix avec lui et lui versa un tribut puis Yazid revint alors. La mère d’un de ceux qu’as-Sabal avait tué envoya un message à la mère d’as-Sabal lui disant : « Quel espoir as-tu qu’as-Sabal reste en vie après avoir tué son cousin ? Il a sept frères dont as-Sabal s’est attiré la vengeance tandis que tu es la mère d’un seul ! » La mère d’as-Sabal lui répondit : « Les lions ont peu de progéniture tandis que les cochons en ont beaucoup ».

 

Puis, al-Mouhallab envoya son fils Habib à Rabinjan[5], où il rencontra le roi de Boukhara à la tête de quarante-mille hommes. Un des polythéistes s’avança et lança un défi aux Musulmans. Habib lui envoya Jabalah qui le tua puis attaqua le reste d’entre eux et en tua trois autre avant qu’ils ne se retirent suivit par la totalité de l’armée comme les ennemis se retirèrent de leur territoire. Quand un groupe des forces de l’ennemi s’arrêta dans un village, Habib les poursuivit à la tête de quatre-mille hommes puis les combattit, les écrasa et brûla le village, avant de revenir à son père. Ce village fut appelé par la suite « la Brûlée[6] » (al-mouhtariqah). Certains ont rapporté que c’est Jabalah qui le brûla pour le compte de Habib.

 

Al-Mouhallab resta à Kish durant deux années. Il lui fut proposé d’avancer vers as-Soughd[7] et au-delà mais il dit : « Tout ce que je demande de fortune de cette campagne c’est le bien-être des troupes jusqu’à ce qu’ils retournent sain et sauf à Merv ».

 

Un jour un ennemi sortit et lança un défi aux Musulmans pour un combat singulier. Houraym Ibn ‘Adi, le père de Khalid Ibn Houraym, qui portait un turban autour de son casque sortit l’affronter, le tua et le dépouilla avant de revenir mais al-Mouhallab lui fit des reproches et lui dit : « Si tu avais été tué et que j’eu reçu mille cavaliers en renforcement nous n’aurions pas été affecté par ta perte ».

Puis al-Mouhallab conclut une trêve avec les gens de Kish en échange d’un tribut.

 

 

Les campagnes de ‘AbderRahmane Ibn al-Ash’ath au Sijistan

 

Toujours en l’an 80 de l’Hégire (699), al-Hajjaj envoya ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn al-Ash’ath au Sijistan combattre Zounbil, le roi des Turcs. Les historiens ne sont pas d’accord sur les raisons qui poussèrent al-Hajjaj à l’envoyer là-bas et où ‘AbderRahmane était auparavant quand al-Hajjaj lui ordonna de marcher sur le Sijistan combattre Zounbil.

 

Quand le calife ‘Abdel Malik reçut la lettre d’al-Hajjaj Ibn Yousouf l’informant des déboires de l’armée qui était avec ‘Oubaydallah Ibn Abi Bakrah dans le territoire de Zounbil, il lui écrivit comme suit: « J’ai reçu ta lettre me rapportant la défaite des Musulmans au Sijistan. Ce sont des gens qu’Allah Exalté avait décrété qu’ils seraient tués : « Dis : « Eussiez-vous été dans vos maisons, ceux pour qui la mort était décrétée seraient sortis pour l'endroit où la mort les attendait[8] » et leur récompense est auprès de Lui, Loué soit-Il. Quand à mon opinion sur le fait de diriger les troupes, ou de les laisser, vers cette frontière où les Musulmans furent défaits mon opinion est que tu dois suivre ta propre opinion en procédant correctement et je vous souhaite tout le succès ».

 

Al-Hajjaj prépara une grande armée composée de vingt-mille hommes de Koufa et d’autant de Basra, soit de quarante-mille combattants. Il équipa cette armée des meilleures montures et des meilleures armes et dépensa largement pour son entretien avant de l’envoyer au combat.

Cette armée fut appelée « l’armée des paons » (jaysh at-tawawis) et le commandant de cette armée était al-Hajjaj Ibn ‘Outarid Ibn ‘Omar at-Tamimi qui se dirigea aussitôt vers le Sijistan avant de faire une halte dans l’Ahwaz.

Al-Hajjaj Ibn Youssouf envoya ‘Oubaydillah Ibn Hajar Ibn Dzil Joushan al-Kilabi al-‘Amiri, le frère de l’infâme Shamir Ibn al-Joushan, pour remplacer al-Hajjaj Ibn ‘Outarid à la tête de l’armée.

Puis après cela, al-Hajjaj changea encore d’avis et jugea plus utile d’envoyer ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at pour remplacer ‘Oubaydillah Ibn Hajar à la tête de l’armée.

Isma’il Ibn Ash’at l’oncle de ‘AbderRahmane Ibn Muhammad alla trouver al-Hajjaj pour le conseiller et lui dit :

- « N’envoie pas ‘AbderRahmane car j’ai peur qu’il te conteste. Par Allah, il n’a jamais traversé un pont de l’Euphrate sans qu’il ait contesté tous ceux à qui il a été ordonné d’obéir ».

- « Je ne pense pas qu’il fera cela par ce qu’il me craint lui répondit al-Hajjaj, « ni même qu’il se retournera contre moi ».

 

 

Puis al-Hajjaj envoya cette armée au Sijistan et lorsqu’ils arrivèrent, Abou az-Zoubayr al-Arhabi, un homme de Hamdan qui était avec ‘AbderRahmane monta sur la chaire, loua et glorifia Allah exalté et dit : « O hommes, l’émir al-Hajjaj m’a nommé à votre tête et m’a chargé de combattre votre ennemi qui a pillé votre terre et détruit vos propriétés. Ne laissez aucun d’entre vous esquiver son devoir et apporter la punition sur lui-même. Rendez-vous à votre camp et rassemblez-vous avec les troupes ».

Les hommes se rassemblèrent dans leur camp. Des marchés furent installés pour eux, et les hommes commencèrent à se préparer et à préparer leur matériel pour la bataille. Lorsque Zounbil fut informé de l’arrivée de ces nouvelles troupes, il écrivit à ‘AbderRahmane Ibn Muhammad et s’excusa pour le coup infligé aux Musulmans. Il l’informa qu’il avait agi seulement à contrecœur, qu’il avait été forcé de les combattre et il demanda la paix et le paiement des impôts si ‘AbderRahmane l’acceptait. ‘AbderRahmane n’accepta ni ne répondit mais marcha  immédiatement contre lui avec ses forces jusqu’à parvenir aux frontières de son territoire. Zounbil commença à réunir ses forces et abandonna sa terre, région après région et forteresse après forteresse, à ‘AbderRahmane.

Mais al-Ash’ath ne fit pas comme son prédécesseur et ne tomba pas dans leur piège. Il était extrêmement méfiant dans son avance. A chaque fois qu’il entrait dans une ville ou une région, il ne partait pas avant d’avoir organisé une forte défense et d’avoir nommé un émir,  pour être sûr de ne pas être attaqué dans le dos. Puis, il envoya des espions dans toutes les directions pour être tenu informé des mouvements de l’ennemi.

Aussitôt qu’Ibn al-Ash’ath capturait une région, il envoyait aussitôt un collecteur d’impôt accompagné d’un détachement armé. Il installa des postes de garde dans toutes les régions, ainsi que des postes de guets placés dans les défilés et les ravins. Il laissa des détachements armés dans tous les endroits potentiellement dangereux. Grace à cette méthode, il put mettre la main sur un très large territoire et ramasser un immense butin avant d’ordonner aux hommes de stopper leur pénétration dans les terres de Zounbil et leur dit : « Contentons-nous ce que nous avons déjà en notre possession pour cette année en attendant de collecter les impôts et laissons les Musulmans voyager librement par ces routes. L’année prochaine nous avancerons plus loin, et nous procéderons ainsi année après année pour les priver de plus en plus de leur territoire et jusqu’à la fin, nous les combattrons pour leurs trésors et leurs femmes, dans leurs régions les plus éloignés et leurs forteresses les plus imprenables. Nous ne quitterons pas leur terre jusqu’à ce qu’Allah les détruise ».

C’était un conseil sage et réfléchit et les soldats de l’armée donnèrent leur accord. Alors il écrivit à al-Hajjaj pour l’informer des conquêtes en terre ennemie, des victoires et des grâces accordées par Allah Exalté à Ses serviteurs et de la stratégie il poursuivait.

 

 

La deuxième raison pour laquelle al-Hajjaj envoya Ibn al-Ash’ath

 

 

Il existe une autre raison dans les livres d’histoires pour laquelle al-Hajjaj envoya al-Ash’ath. Il est dit qu’al-Hajjaj envoya un autre commandant Imyad Ibn ‘Adiyy as-Sadoussi ash-Shaybani des Bani Shayban Ibn Zhouhl at-Tha’labah Ibn ‘Ouqabah Ibn Sa’d et non pas leur oncles des Banou Shayban at-Tha’labah Ibn ‘Ouqabah Ibn Sa’d Ibn ‘Ali Ibn Bakr Ibn Wahil dont est issu Himyan Ibn ‘Adiyy d’où est issu l’Imam de la Sounnah et de la Communauté Ahmad Ibn Hanbal et d’autres personnes renommés des Banou Bakr Ibn Wahil. Néanmoins, ils n’ont pas le même prestige que les fils de leurs oncles les Banou Shayban Ibn Tha’labah Ibn ‘Ouqabah d’où sont issus les seniors des Bani Wahil.

 

Al-Hajjaj envoya Imyad Ibn ‘Adiyy à la tête d’un groupe de combattants au Kirmân en renfort pour l’émir du Sijistan et le Sind en cas d’un besoin urgent de renfort. Mais Imyad se rebella aux ordres et al-Hajjaj lui envoya al-Ash’ath pour les faire revenir à la raison. Lorsqu’il eut exécuté les ordres, al-Ash’ath resta au Kirmân jusqu’à la mort de ‘Oubaydillah Ibn Abi Bakra, le gouverneur du Sijistan.

 

Puis al-Hajjaj lui avait envoyé une lettre pour le nommer nouveau gouverneur du Sijistan avec « l’armée des paons » pour combattre Routbil. Et ceci est la deuxième raison de l’envoi d’Ash’at rapporté par les historiens.

 

 

Et en même temps ‘Abdel Malik Ibn Marwan, le cinquième calife omeyyade avait envoyé une puissante armée en territoire romain commandée par son fils al-Walid ‘Abdel Malik tandis que le roi de Rome était à cette époque l’empereur byzantin Iprios II.

 

 

En l’an 81 de l’Hégire (700), eut lieu la conquête de Qaliqalah[9] sous le commandement de ‘Oubaydallah Ibn ‘Abdel Malik, le fils du calife ‘Abdel Malik.

 

 

La sédition de ‘AbderRahmane Ibn al-Ash’ath

 

Nous allons maintenant voir une autre importante sédition qui eut lieu lors du règne des Omeyyades et qui est appelée la Sédition d’al-Ash’ath. Ibn al-Ash’ath est ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at Ibn Qays al-Kindi, un roi et un chef des Arabes d’Iraq.

Les relations étaient difficiles entre al-Hajjaj Ibn Youssouf et Ibn al-Ash’ath ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at Ibn Qays Ibn Ma’dikarib Ibn Mou’awiyah Ibn Jabalah Ibn ‘Adiyy Ibn Rabi’ah Ibn Mou’awiyah Ibn Harith Ibn Mou’awiyah Ibn Harith Ibn Mou’awiyah Ibn Thawr Ibn Moulti’ Ibn Mou’awiyah Ibn Kinda Ibn ‘Outhayr Ibn ‘Adiyy Ibn Harith Ibn Mourra Ibn Oudad Ibn Zayd Ibn Yasjour Ibn ‘Ali Ibn Kahlan Ibn Thabab.

Kinda est Thawr Ibn ‘Outhayr. Nous avons déjà mentionné la généalogie des Kinda au début de ce livre et ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at Ibn Qays al-Kindi des Banou Jabalah est ‘Adiyy Ibn Rabi’ah Ibn Mou’awiyah Ibn Harith et les Banou Mou’awiyah Ibn Harith est ceux qui sont connus chez les Arabes comme les Banou Mou’awiyah « les hospitaliers » (al-akramine). 

Les Banou Mou’awiyah sont des Banou Kinda de la maison d’Ash’af Ibn Qays, des Arabes renommés. 

Muhammad Ibn Ash’at Ibn Qays, le père de ‘AbderRahmane a pour oncle Abou Bakr as-Siddiq (qu’Allah soit satisfait de lui). Sa mère est Farwah Bint Qouhafa. Ainsi ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at est une personne de haut rang parmi les siens.

 

Lorsqu’al-Ash’ath écrivit à al-Hajjaj pour l’informer de ce qui était arrivé au pays de Routbil, al-Hajjaj après l’avoir vilipendé lui demanda de retourner et de poursuivre ses conquêtes. Puis il lui écrivit une seconde lettre lui demandant de rester dans les terres qu’il avait conquis et de s’y établir avec ses soldats puisqu’elle était leur. Peu après, il lui envoya une troisième lettre lui demandant de résumer ses conquêtes sans quoi, il serait désisté et son frère Ishaq Ibn Muhammad Ibn Ash’at serait nommé nouveau commandant de l’armée.

Lorsqu’Ibn Ash’at reçut toutes ces lettres, il réunit les Musulmans et les informa du contenu des lettres d’al-Hajjaj et tous refusèrent de suivre les ordres d’al-Hajjaj et dirent :

- « Nous n’écouterons ni ne suivrons les ordres de l’ennemi d’Allah. Qu’est-ce que ça veut dire : « Nous devons nous habiter le pays et le cultiver ? Sinon que de rester chez les turques jusqu’à ce que nous avons conquis toutes leurs terres. Et que deviendrons nos familles en Iraq ? » »

Les armées doivent être régulièrement changées et ne peuvent pas rester toujours au même endroit sans quoi cela conduira à la désobéissance. Et la réponse des soldats d’Ash’at nous prouve ces vérités.

L’un d’entre eux ‘Amir Ibn Wathilah al-Kinani dit :

- « Al-Hajjaj se moque bien de ce qui peut vous arriver, si vous êtes vainqueur le pays et les biens sont pour lui et si vous mourrez, cela lui importera peut ! » Puis il poursuivit : « Elevez-vous contre l’ennemi d’Allah et portez allégeance à ‘AbderRahmane et je vous prends à témoin que suis le premier  à le faire ».

Les gens portés par leur colère se mirent à annoncer leur rébellion à al-Hajjaj et ‘Abdel Mou'min Ibn Shabath Ibn Rab’ih at-Tamimi leur dit :

- « Si vous vous rebellez contre al-Hajjaj, faites de ce pays le vôtre et ne retournez pas en Iraq et à vos famille sans quoi il y aura encore beaucoup de mort ».

Il leur demanda de porter allégeance à ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at et de retourner en Iraq pour chasser al-Hajjaj et le renvoyer d’où il est venu.

Les gens se levèrent et portèrent allégeance à al-Ash’ath pour destituer al-Hajjaj et à le combattre jusqu’à le chasser d’Iraq et à ce stade, aucun d’entre eux ne parla de chasser aussi le calife des Musulmans ‘Abdel Malik Ibn Marwan.

Puis, al-Ash’ath écrivit à Routbil, le roi des turcs, et lui dit que s’il était victorieux contre al-Hajjaj, le tribut qu’il devait payer serait totalement annulé. Et s’il était battu, il viendrait demander refuge chez lui. Maintenant il était question d’un arrangement entre lui et l’ennemi des Musulmans ! 

Ibn Ash’at et ceux qui étaient avec lui retournèrent en Iraq pour combattre al-Hajjaj, et l’armée d’al-Ash’ath rencontra celle d’al-Hajjaj, et la victoire fut pour al-Ash’ath. Après cette victoire, il se dit que si al-Hajjaj devait être chassé, il devait en être de même pour le calife des Musulmans ‘Abdel Malik Ibn Marwan !

L’Imam Tabari a rapporté dans son « Tarikh » que l’allégeance pour al-Ash’ath fut spontanée pour : « Vous portez allégeance pour le Livre d’Allah et la Sounnah de Son Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), pour la destitution des Imams de l’égarement et le combat contre ceux qui non ni parole et ni honneur (mouhilin)[10] ».

 

Regardez à quel stade sont rapidement parvenu ceux qui se sont rebellés contre l’état, de la simple destitution d’al-Hajjaj, on en est venu à celle du calife puis à la licité du sang des Musulmans et à leur combat !

Et qu’en est-il alors d’avoir quitté le champ de bataille pour d’obscures raisons et d’avoir fait ensuite un pacte avec l’ennemi d’Allah et des Musulmans, promettant de ne plus jamais lever le tribut ?

Quelle étrange jurisprudence ont ces gens-là ! Ils sont comme ces pseudo-savants mercenaires de nos jours pour qui les mécréants sont illicites à combattre tandis que les Musulmans le sont !

 

 

Al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah al-Azdi met en garde Ibn al-Ash’ath

 

Al-Hajjaj Ibn Youssouf écrivit à ‘Abdel Malik Ibn Marwan pour l’informer de cette nouvelle dangereuse révolte et pour lui demander de l’aider en lui envoyant des soldats de Syrie. Puis, il quitta Koufa pour Basra et al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah al-Azdi écrivit à ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at Ibn Qays al-Kindi pour le mettre en garde contre la sédition, de ne pas se faire du tort à lui-même et de ne pas faire couler le sang des Musulmans, de ne pas quitter le groupe de la communauté et de ne pas résilier son allégeance.   

C’est là, une mise en garde très mesurée de la part du grand général des Musulmans al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah al-Azdi.

Certes on peut dire que les raisons de la révoltes de ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at sont stupides mais il ne faut pas non plus sous-estimer la tyrannie d’al-Hajjaj qui est aussi une des cause de sa révolte. Et ceux sont là les deux principales raisons de la rébellion d’Ibn Ash’at : son idiotie et la tyrannie d’al-Hajjaj.

 

Al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah al-Azdi, qui était un stratège militaire, écrivit à al-Hajjaj pour lui montrer comment combattre les gens de l’Iraq et il lui dit :

- « Les gens d’Iraq sont montés contre toi. Leur avancée est semblable à celle d’un torrent venant d’un lieu élevé qui emporte tout sur son passage et que rien ne peut retenir. Les gens de l’Iraq sont forts lorsqu’ils s’élancent, désirant leurs femmes et leurs enfants. Rien ne les empêchera de revenir à leur famille et de renifler leurs enfants. Alors Combats les à ce moment et Allah Le Très haut te donneras la victoire sur eux ». 

Lorsque ‘Abdel Malik reçut la lettre d’al-Hajjaj, il descendit de son siège et ordonna l’envoi immédiat d’une troupe. Il fut extrêmement contrarié par ces nouvelles du fait qu’elles arriveraient du Khorasan, le pays des Turcs qui était très éloigné de lui.

Ces nouvelles méritaient toute l’attention de l’état et c’est pourquoi, il envoya aussitôt une armée de soutien à al-Hajjaj. 

Al-Hajjaj ne suivit pas les conseils d’al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah et le jour d’al-Adhah de l’année 81 de l’Hégire (700), les armées d’al-Ash’ath et d’al-Hajjaj se rencontrèrent et cette dernière connut une de ses pires défaites.

Pendant ce temps al-Hajjaj avait quitté Basra pour Toustar mais lorsqu’il reçut les nouvelles de la défaite de son armée il retourna à Basra dont l’émir était al-Hakam Ibn Ayyoub Ibn Hakam Ibn Abi ‘Aqil ath-Thaqafi, le fils de l’oncle d’al-Hajjaj.

 

Al-Hajjaj relut la lettre d’al-Mouhallab et dit :

- « Quel compagnon d’arme est-il ! Il nous a bien conseillé mais nous l’avons ignoré ! »

 

 

La bataille de Basra

 

Après la victoire al-Ash’ath marcha sur Basra ou il entra à la fin du mois de Dzoul Hijjah de l’année 81 de l’Hégire (700). Puis pratiquement tous les gens de Basra, y compris al-Qourah[11], lui portèrent allégeance à combattre al-Hajjaj et à chasser Muhammad Ibn Marwan.

Al-Hajjaj était arrivé avant al-Ash’ath à Basra. Il s’était fortifié avec son armée dans une partie de la ville où il avait creusé de larges tranchés pour se protéger.

 

 

Au mois de Mouharram de l’année 82 de l’Hégire (701), la guerre éclata à Basra entre les deux armées. Il y eut plusieurs affrontements dont la plupart furent emportés par les gens de la ville.

A la fin du mois de Mouharram, les gens se rallièrent autours des Syriens et al-Hajjaj se mit à genoux et extirpa son sabre de son fourreau de quelques centimètres à peine. Lorsque ses soldats virent ce qu’il venait de faire, ils furent prit de la rage de combattre et le grand général Soufyan Ibn al-Abrad al-Kalbi enfourcha son monture, suivit par ses soldats, et enfoncèrent une aile de l’armée d’al-Ash’ath.

Alors l’armée d’Iraq fut prise de convulsion et la défaite fut sur elle. Un très grand nombre des meilleurs d’entre eux (d’al-Qourah) furent tués parmi eux :

- ‘Ouqbah Ibn ‘Abdel Ghafir al-Jahdami al-Azdi,

- ‘AbdAllah Ibn Rizam al-Harithi,

- Al-Moundir Ibn Jaroud al- ‘Abdi des Banou ‘Abdel Qays,

- ‘AbdAllah Ibn ‘Amir Ibn Misma’ et

- Toufayl Ibn ‘Amir Ibn Wathilah al-Kinani.

Tandis qu’al-Ash’ath et ceux qui étaient avec lui s’enfuirent à Koufa après avoir été durement écrasés.

 

Soufyan Ibn al-Abrad, le grand général, est Soufyan Ibn al-Abrad Ibn Abi Oumamah Ibn Qabous Ibn Soufyan Ibn Tha’labah Ibn Harithah Ibn Janan Ibn Houbal Ibn ‘Abdillah Ibn Kinana Ibn Bakr Ibn ‘Awf Ibn ‘Oudra Ibn Zaydillat Ibn Noufaydah Ibn Thawr Ibn Kalb Ibn Wadarah, entre lui et son grand père le grand Kalb Ibn Wadarah, il y a dix-sept grand pères.   

 

Le reste des gens de Basra portèrent allégeance à ‘AbderRahmane Ibn ‘Abbas Ibn Rabi’ah Ibn Harith Ibn Moutalib et ils combattirent l’armée d’al-Hajjaj durant cinq jours avant d’être battu et ceux qui purent s’enfuir rejoignirent al-Ash’ath. Lors des batailles périt Ziyad Ibn Mouqatil Ibn Misma’, des Bani Qays Ibn Tha’labah.

 

Al-Hajjaj Ibn Youssouf resta le reste du mois de Mouharram et le début du mois de Safar tandis que l’émir de Koufa était ‘AbderRahmane Ibn ‘AbderRahmane Ibn ‘Amir al-Hadrami.

Un groupe des Bani Tamim dont Handalah Ibn Warrad ar-Riyahi, des Banou Riyah Ibn Yarbou’ Ibn Handalah, Ibn ‘Attab Ibn Warqah Ibn Himyari Ibn Harith Ibn Hammam Ibn Riyah Ibn Yarbou’, Matar Ibn Najiyah Ibn Dzarwah Ibn Hitan Ibn Qays Ibn Awf Ibn Himyari Ibn Riyah Ibn Yarbou’ étaient à Mada'in.

Lorsqu’ils entendirent ce qui se passait à Basra, ils vinrent avec les leurs à Koufa ou ils assiégèrent al-Hadrami, qui était en compagnie de soldats de Syrie, dans son palais. Mais, il réussit à s’entendre avec eux et en échange de leur laisser le palais du gouverneur, il quitta Koufa avec tous ceux qui étaient avec lui pour Basra tandis que Matar Ibn Najiyah prenait possession du palais.

 

 

Les batailles de Dayr al-Jamajim et la mort d’un nombre importants de Qourah

 

Lorsque al-Ash’ath arriva après sa défaite à Koufa les gens sortirent pour l’accueillir puis il alla mettre le siège sur le palais du gouverneur ou s’était retranché Matar Ibn Najiyah at-Tamimi qui fut bientôt fait prisonnier.

Matar Ibn Najiyah fut relâché lorsqu’il porta allégeance à al-Ash’ath.

Puis les gens de Koufa portèrent aussi allégeance à Ibn al-Ash’ath tandis qu’al-Hajjaj sortait de Basra avec son armée et marchait sur Koufa.

Al-Ash’ath lui envoya un détachement de cavaliers sous le commandement de ‘AbderRahmane Ibn ‘Abbas Ibn Rabi’ah Ibn Harith Ibn Moutalib pour qu’il empêche al-Hajjaj de descendre à al-Qadissiyah. Al-Hajjaj campa au lieu-dit Dayr al-Qourah tandis que ‘AbderRahmane Ibn ‘Abbas campa à Dayr al-Jamajim.

L’Imam at-Tabari a dit dans son livre d’histoire « at-Tarikh ar-Roussoul wal Moulouk » : « Les gens de Koufa et de Basra, les gens des frontières et les opportunistes, les Qourah tous se réunirent à Dayr al-Jamajim pour combattre al-Hajjaj en raison de leur haine envers lui et parce qu’ils le détestaient. Tous étaient venus avec leurs serviteurs soit cent-mille combattants. Tandis qu’avec al-Hajjaj il y avait l’armée de Syrie, et il recevait des renforts du califat chaque jour. 

 

Les deux armées creusèrent des tranchés pour se protéger les unes des autres et sortaient chaque jours pour s’affronter tandis que la violence augmentait chaque jour.

Les Qouraysh et les gens de Syrie décidèrent d’écrire à ‘Abdel Malik Ibn Marwan pour lui demander que la meilleure solution pour mettre fin à cette guerre fratricide pour éviter  plus de morts des deux côtés, était tout simplement de désister al-Hajjaj puisque les gens ne l’aimait pas.

‘Abdel Malik Ibn Marwan envoya son fils ‘AbdAllah à son frère Muhammad Ibn Marwan et lorsqu’ils se réunirent avec lui avec leurs armées, il leur demanda de marcher sur l’Iraq et proposer aux gens d’Iraq le désistement d’al-Hajjaj et en échange, il leur donnerait exactement la même chose qu’il donnait aux gens de Syrie. Puis de proposer à al-Ash’ath de choisir n’importe quelle région d’Iraq ou il serait nommé émir tant que ‘Abdel Malik serait vivant.

S’ils acceptaient ces conditions alors al-Hajjaj serait remplacé mais s’ils refusaient alors al-Hajjaj restera leur émir et ‘AbdAllah Ibn ‘Abdel Malik Ibn Marwan et son oncle Muhammad Ibn Marwan seraient sous son commandement.

‘AbdAllah Ibn ‘Abdel Malik et son oncle Muhammad allèrent trouver les gens d’Iraq et leur soumirent les propositions du calife. Ibn al-Ash’ath demanda aux gens d’Iraq d’accepter sa proposition mais ils refusèrent et préfèrent le combat.

 

Les deux armées se rencontrèrent de nouveau. Les Qourah étaient commandés par Jabalah Ibn Zahr Ibn Qays al-Jou’thi en compagnie de qui se trouvaient quinze Qourayshite parmi eux :

- ‘Amir ash-Sha’bi,

- Sa’id Ibn Zoubayr,

- Abou al-Bakhtari at-Tayyi,

- ‘AbderRahmane Ibn Abi Layla.

Cette compagnie de Qourah combattait avec férocité et al-Hajjaj dut lui opposer trois autres compagnie aussi féroces sous le commandement d’al-Jarrah Ibn ‘Abdillah al-Hakam.

Lorsque ces compagnies donnèrent l’assaut sur celle d’al-Qourah[12] commandée par Jabalah Ibn Zahf, ‘AbderRahmane Ibn Abi Layla, Abou al-Bakhtari at-Tayyi, Sa’id Ibn Zoubayr et ash-Shabi les haranguaient au cours de la bataille et ils combattirent durement.

Mais lorsque Jabalah Ibn Zahf fut tué par al-Walid Ibn Nouhayr al-Kalbi, les rangs d’al-Qourah perdirent leur homogénéité. La tête de Jabalah Ibn Zahf fut tranchée et envoyée à al-Hajjaj.

La bataille de Dayr al-Jamajim dura longtemps. Elle commença au mois de Rabi’ Awwal de l’année 83 (702) et dura jusqu’au 14 du mois de Joumadah Thani de la même année[13]. 

 

Soufyan Ibn Abrad al-Kalbi donna l’assaut ce jour contre l’aile gauche de l’armée d’Iraq, alors qu’il commandait l’aile droite de l’armée de Syrie. Il enfonça, sema la confusion  et disloqua leurs rangs.

‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at s’enfuit avec ceux qui étaient avec lui dans le quartier des Bani Ja’dah à Faloujah. De là, ils traversèrent le fleuve dans des navires et al-Ash’ath marcha sur Koufa ou il fit ses adieux aux gens avant de quitter la ville.  

 

Al-Hajjaj Ibn Youssouf ne poursuivit pas les fuyards mais il offrit la sécurité à tous ceux qui se rendraient. Il l’offrit aussi aux gens qui étaient retranché dans le Ray avec Qoutaybah Ibn Mouslim dont parmi l’Imam ash-Sha’bi ‘Amir Ibn Sharahil ash-Sha’bi al-Hamdani.

 

 

L’Imam ash-Sha’bi, ‘Amir Ibn Sharahil ash-Sha’bi al-Hamdani

 

Voici ce qui arriva entre al-Hajjaj et le grand Imam de Koufa ‘Amir Ibn Sharahil ash-Sha’bi lors de la rébellion d’al-Ash’ath.

On a dit qu’al-Hajjaj Ibn Youssouf se rappela un jour de l’Imam ash-Sha’bi et combien il l’honorait et le respectait mais ash-Sha’bi prit part à la révolte contre lui et le combattit avec Ibn al-Ash’ath qui avait rejoint Qoutaybah Ibn Mouslim al-Bahili dans le Ray.

Al-Hajjaj écrivit à Qoutaybah et lui demanda de lui envoyer ash-Sha’bi ce qu’il fit.

Lorsque le grand Imam arriva chez al-Hajjaj, il lui dit :

- « Que la paix soit sur toi, ô émir ! Les gens m’ont conseillé de m’excuser auprès de toi et de dire ce qu’Allah sait ne pas être la vérité. Et par Allah, je ne dirais dans cet endroit que la vérité. Par Allah nous avons monté les gens contre toi et réunit tous nos efforts pour te combattre. Nous n’étions ni forts, ni pêcheurs, ni pieux et ni innocents. Allah Exalté t’a donné la victoire sur nous. Si tu nous punis, c’est à cause de nos pêchés et de ce que nos mains ont accompli et si tu nous pardonne, c’est par ton indulgence et par les preuves que tu possèdes contre nous ».

- « Par Allah », lui répondit al-Hajjaj, « tu nous es plus cher par ce que tu viens de nous dire qu’un autre que toi qui serait rentré et qui nous aurait dit, alors que son sabre ruisselle de notre sang, nous n’avons rien vu ni même rien fait. Va, la sécurité t’es garantie ô Sha’bi ! »

Alors que l’Imam ash-Sha’bi s’en allait al-Hajjaj lui dit :

- « Comment as-tu trouvé les gens après nous ? » Al-Hajjaj comme nous l’avons déjà mentionné, honorait grandement cet Imam.

- « Puisse Allah le Très Haut faire prospérer l’émir, notre habitation était quelconque et notre peur sans fin et nous n’avons pas trouvé meilleur remplacement pour l’émir ! »

 

 

Après, al-Hajjaj Ibn Youssouf revint à Koufa. A tous les gens qui vinrent lui porter allégeance,  il leur dit :

- « Est-ce que tu atteste que tu as apostasié ? »

Si l’homme acquiesçait alors il le laissait en vie mais qu’il affirmait le contraire, il ordonnait de le tuer.

Puis un homme d’âge avancé, de la tribu des Khath’am qui n’avait pas pris part à la révolte et dont avait été informé al-Hajjaj, vint lui porter allégeance. Et malgré cela al-Hajjaj le tyran lui demanda :

- « Est-ce que tu atteste que tu es un mécréant ? »

L’homme lui répondit :

- « Quel mauvais homme je serais si j’avais adoré Allah quatre-vingt années ans et que je témoignerais être un mécréant ».

Alors al-Hajjaj ordonna que la tête de ce Musulman innocent soit tranchée. Puisse Allah le très Haut lui faire miséricorde.

Lorsqu’ils vinrent avec Koumayl Ibn Ziyad an-Nakha’i, al-Hajjaj ordonna de le tuer.

L’Imam al-Hafiz Ibn Kathir a dit concernant Koumayl Ibn Ziyad : « C’était un homme redoutable, adorateur pieux et un ascète. Il était au côté de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui) lors de la bataille de Siffin ».

 

Parmi les autre nouvelles rapportées sur cette révolte, il est dit que les soldats ramenèrent à al-Hajjaj un des rebelles et celui-ci dit :

- « Je vois ici un homme qui ne va pas témoigner contre lui-même qu’il est un mécréant ! » L’homme lui répondit :

- « Est-ce que tu veux me tromper ? Il n’y a pas de gens plus mécréant que moi sur cette terre et je suis encore plus mécréant que Pharaon l’homme aux épieux ! »

 

Al-Hajjaj se mit à rire et le relâcha ! Il était connu que si un homme dans une fâcheuse situation lui était amené, il lui pardonnait.

 

 

La bataille de Maskin et la fuite d’Ibn al-Ash’ath chez Routbil le roi des Turcs

 

Al-Hajjaj resta à Koufa pendant un mois avant de retourner combattre al-Ash’ath. Pendant ce temps ‘Oubaydillah Ibn ‘AbderRahmane Ibn Samourah Ibn Habib Ibn ‘Abd ash-Shams quitta Basra qui était aux mains de l’envoyé d’al-Hajjaj, Ayyoub Ibn Hakam ath-Thaqafi.

 

Al-Hajjaj Ibn Youssouf marcha sur Mada'in tandis qu’al-Ash’ath descendit au lieu-dit Maskin, sur les rives du Tigre ou eut lieu une terrible bataille entre les deux parties qui dura vingt-cinq nuits au mois de Sha’ban de l’année 83 de l’Hégire (702).

Puis l’armée de Syrie, une nouvelle fois, pulvérisa leur homogénéité, divisa leurs rangs pour finalement les battre. Lors de la bataille de Maskin fut tué  Abou al-Bakhtari at-Tayyi et ‘AbderRahmane Ibn Abi Layla qui combattit jusqu’à ce qu’il fut tué disant cette célèbre parole : «  Fuir à chaque fois nous est pénible ».

Lors de cette bataille fut tué aussi Bistan Ibn Masqalah ash-Shaybani qui était entouré de quatre-mille combattants qui brisèrent leurs sabres et combattirent férocement repoussant assaut après assaut. Alors al-Hajjaj ordonna aux archers de s’avancer et de les couvrir d’une pluie de flèches si bien qu’ils réussirent à briser leur fermeté et que la plupart d’entre eux furent tués.

 

Muhammad Ibn ‘AbderRahmane al-Ash’ath s’enfuit une nouvelle fois avec les rescapés au Sijistan. Al-Hajjaj envoya à leur poursuite l’armée de Syrie sous le commandement de ‘Oumarah Ibn Tamim al-Lakhmi et son fils Muhammad Ibn al-Hajjaj. Les deux armées se rencontrèrent au lieu-dit Sous ou l’armée d’Iraq fut vaincu et s’enfuit à Sabour.

‘Oumarah Ibn Tamim al-Lakhmi les poursuivit à nouveau mais cette fois, il fut battu à son tour tandis qu’al-Ash’ath partit pour Kirmân.

L’armée de Syrie poursuivit al-Ash’ath qui s’était enfoncé dans le désert de Kirmân qu’il quitta pour Boust. L‘émir de Boust était un partisan d’al-Ash’ath mais il le saisit et l’emprisonna.

Lorsque Routbil fut informé, il marcha avec son armée sur Boust qu’il assiégea. Puis, il libéra al-Ash’ath après que l’émir de Boust, ‘Iyad Ibn Amyan as-Sadoussi des Bani Bakr Ibn Wahil, et ceux qui étaient avec lui ai demandé la sécurité et qu’elle leur lui fut accordée.             

Puis Muhammad Ibn ‘AbderRahmane al-Ash’ath alla chez Routbil, le roi des turcs, qui l’honora. 



[1] Ancienne unité de distance correspondant à environ 5,6 km.

[2] Shourayh fait mention dans ces vers de sa vie parmi les polythéistes, de son âge avancé, puis de son Islam avec le Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), Abou Bakr et ‘Omar (qu’Allah soit satisfait d’eux). Puis des événements douloureux de Siffin et de Narhawan, de la guerre avec les khawarije et enfin de la longue durée de sa vie.

[3] Ville approximativement à quatre-vingt kilomètres du sud de Samarkand.

[4] Une principauté de l’Oxus Supérieur du Turkménistan actuel.

[5] Rabinjan ou Arbinjan, entre Boukhara et Samarkand autrefois connu comme Faryab ou Qaryat qui fut brûlée par les forces de Qoutaybah Ibn Mouslim en l’an 91 de l’Hégire (709).

[6] Entre Kish et Samarkand.

[7] Soughdia dans la vallée de Zarafshan au nord de Kishand.

[8] Qur’an Sourate 3, verset 154.

[9] Qaliqalah en Asie centrale ou Erzurum de nos jours en Turquie.

[10] Il est interdit à un Musulman de tuer un autre Musulman (excepté pour des raisons juridiques qui sont l’apostat, l’adultère marié et le meurtrier d’un autre Musulman) et si un groupe de Musulman rend licite le sang et le bien d’un autre Musulman, il devient Mouhil, c'est-à-dire licite de tuer pour se préserver de son mal.

[12] Des adorateurs assidus, ascètes qui lisent beaucoup le Qur’an et qui réfléchissent sur le sens de ses versets.

[13] Les mois du calendrier islamique sont : 1- Mouharram. 2- Safar. 3- Rabi’ Awwal. 4- Rabi’ Thani (ou Akhir). 5- Joumadah Awwal. 6- Joumadah Thani (ou Akhir). 7- Rajab. 8- Sha’ban. 9- Ramadan. 10- Shawwal. 11- Dzoul Qi’dah. 12- Dzoul Hijjah.