‘Abdel Malik Ibn Marwan

 

‘Abdel Malik Ibn Marwan et né en l’an 26 de l’Hégire (646), la même année où est né Yazid Ibn Mou’awiyah. La mère de ‘Abdel Malik est ‘Ayshah Bint Mou’awiyah Ibn Moughirah Ibn Abi al-‘As Ibn Oumayyah Ibn ‘Abd ash-Shams.

 

L’Imam Ibn Jawzi a dit dans son livre d’Histoire « al-Mountadam fit-Tarikh al-Oumoum wal Moulouk » que ‘Abdel Malik était un savant du Hadith, un poète et qu’il était surnommé « Hamamatoul Masjid », la colombe de la mosquée.

 

On a rapporté que lorsque l’on questionna ‘AbdAllah Ibn ‘Omar (qu’Allah soit satisfait d’eux) :

- « Qui devons-nous questionner après vous ? » Il répondit :

- « Marwan à un fils savant, consultez-le ! »

 

On a rapporté de Nafi’, le servant de ‘AbdAllah Ibn ‘Omar (qu’Allah soit satisfait d’eux) qu’il a dit :

- « Je suis allé à Médine et je n’ai pas vu de jeune rechercher autant la science et aussi fervent adorateur que ‘Abdel Malik Ibn Marwan ».

 

L’Imam Ibn Jawzi a dit dans son livre d’histoire : « Lorsqu’on porta allégeance à ‘Abdel Malik Ibn Marwan, son comportement religieux changea ».

 

 

En l’an 65 de l’Hégire (684), ‘AbdAllah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait de lui) renvoya ‘AbdAllah Ibn Yazid al-Ansari de son poste de Koufa et le remplaça par le respectable Compagnon ‘AbdAllah Ibn Mouti’ al- ‘Adawi al-Qourayshi (qu’Allah soit satisfait de lui).

‘AbdAllah Ibn Mouti’ arriva à Koufa au mois de Ramadan de la même année. Pour rappel, ‘AbdAllah Ibn Mouti’ était le commandant des Qouraysh des gens de Médine, le jour de la bataille de Harra. Il s’était enfuit à La Mecque avait avoir été défait lors de la bataille qui l’opposait à l’armée de Syrie.

‘AbdAllah Ibn Mouti’ est né alors que le Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) était encore vivant et le Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) mâcha une date et lui en frotta le palais (hanakahou).

‘AbdAllah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait de lui) renvoya de son poste de gouverneur son frère ‘Oubayd Ibn Zoubayr de Médine et le remplaça par son autre frère Mous’ab Ibn Zoubayr.

 

 

Moukhtar Ibn Abi ‘Oubayd ath-Thaqafi se rebelle à nouveau

 

A Koufa, Moukhtar Ibn Abi ‘Oubayd ath-Thaqafi, qui était emprisonné, envoya plusieurs lettres aux survivants, qui avaient réussi à fuir après la défaite de ‘AbdAllah Ibn Sourad à la bataille de ‘Ayn al-Warda. Il leur écrivit qu’il voulait venger la mort d’al-Houssayn (qu’Allah soit satisfait d’eux) poursuivre ses assassins.

Moukhtar Ibn Abi ‘Oubayd écrivit à ‘AbdAllah Ibn ‘Omar (qu’Allah soit satisfait d’eux) et lui demanda qu’il écrive à ‘AbdAllah Ibn Yazid et Ibrahim Muhammad Ibn Talhah afin qu’ils le libèrent.

‘AbdAllah Ibn ‘Omar écrivit donc la lettre et ‘AbdAllah Ibn Yazid le libéra en lui faisant promettre de ne pas chercher à leur disputer le pouvoir ou de se rebeller contre eux.

 

Libéré, Moukhtar Ibn Abi ‘Oubayd rentra chez lui à Koufa et les shi’a se réunirent auprès de lui.

Alors, ‘AbdAllah Ibn Zoubayr Ibn al-‘Awwam (qu’Allah soit satisfait d’eux) renvoya de son poste de gouverneur ‘AbdAllah Ibn Yazid et le remplaça par ‘AbdAllah Ibn Mouti’ (qu’Allah soit satisfait de lui).

Moukhtar Ibn Abi ‘Oubayd s’employa à réunir les shi’a (partisans) pour soit disant venger al-Houssayn et à attirer Ibrahim Ibn al-Ashtar Nakha’i et son peuple grâce à un faux document qu’il disait être de Muhammad Ibn ‘Ali Ibn Abi Talib (Muhammad al-Hanafiyah).

Ce document stipulait que Moukhtar était son partisan, son député, son homme de confiance et son sauveur. Qu’il avait été envoyé pour combattre ses ennemis et pour venger le sang des Gens de la Maisonnée (ahl al-bayt). 

Le statut de Moukhtar Ibn Abi ‘Oubayd grandit considérablement avec l’arrivée d’Ibrahim Ibn al-Ashtar Nakha’i. La tribu des Nakha fait partie de la puissante tribu des Mathaj, de la tribu des Kahlan, de la tribu des Qahtan.  

 

Moukhtar et ses partisans décidèrent de sortir la nuit du jeudi 10 du mois de Rabi’ Awwal de l’année 66 de l’Hégire (685). L’information parvint à ‘AbdAllah Ibn Mouti’ qui lui envoya un détachement pour lui demander de ne pas sortir ni de se révolter.

Mais Ibrahim Ibn al-Ashtar Nakha’i qui était un jeune homme courageux sortit avec ses gens pour rejoindre Moukhtar deux jours avant le rendez-vous et il s’ensuivit entre lui et Ilyas Ibn Moudarib, le commandant du détachement envoyé par Ibn Mouti’, un combat ou il tua Ilyas. Cet évènement allait déclencher la révolte plus tôt qu’elle n’avait été prévue et les feux de la guerre s’allumèrent une nouvelle fois à Koufa. Non pas une guerre tribale mais une guerre entre les Musulmans ou plusieurs batailles eurent lieu.

 

 

Les guerres tribales

 

Durant toutes les précédentes guerres de rebellions, des membres d’une même tribu combattait dans des camps différents et s’entretuaient. Tout comme la période préislamique, le retour des guerres tribales durant le règne des Omeyyades fut une hideuse réalité comme nous allons encore le voir.

On a dit que ‘AbdAllah Ibn ‘Aziz al-Kindi et son jeune fils Muhammad était dans l’armée des repentants qui combattit à ‘Ayn al-Warda. Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn ‘Aziz était un tout jeune enfant qui ne prit pas part au combat du fait de son jeune âge. Lorsque la bataille tourna à leur désavantage, lui et son fils allèrent voir l’armée de Syrie et leur dit :

- « O armée de Syrie, y a-t-il parmi vous quelqu’un de la tribu de Kinda ? » Et effectivement, ils se trouvaient des hommes de la tribu yéménite qui sortirent.

L’Imam Tabari a rapporté qu’il leur dit :

- « Celui-ci est votre frère dit-il, en leur montrant son fils. Prenez-le et ramenez-le à vos proches à Koufa. Je suis ‘AbdAllah Ibn ‘Aziz al-Kindi ». Il lui fut répondu :

- « Tu es le fils de nos oncles, la sécurité t’est accordée ! »

Mais il refusa leur proposition et décida pour le combat entre eux. Son petit-fils Muhammad pleura et lui demanda de ne pas partir.

Les gens pleurèrent avec lui et demandèrent à ‘AbdAllah d’écouter son fils mais petit à petit ‘AbdAllah s’écarta du rang des gens de Syrie, puis, il alla dans les rangs d’une autre tribu et combattit jusqu’à ce qu’il fut tué.

 

Pareillement, lors de la guerre déclenchée par Moukhtar à Koufa, Hissan Ibn Fahid Ibn Bakir al-‘Absi, des Bani Mouti’, se dirigea vers Ibrahim Ibn al-Ashtar. Le commandant des Bani Ashtar était Khouzaymah Ibn Nasr al-‘Absi et l’affrontement des deux armées qui suivit tourna à l’avantage des Bani Mouti’.

Les Bani Ashtar s’enfuirent excepté Hissan Ibn Fahid qui resta en arrière pour protéger le retrait de sa troupe jusqu’à ce qu’il fut encerclé.

Son oncle, Khouzaymah Ibn Nasr, descendit de son cheval s’approcha de lui pour le protéger et lui offrit la sécurité. Lorsqu’Ibrahim Ibn al-Ashtar arriva, il lui dit :

- « Celui-ci est le fils de mon oncle maternel. Je lui ai accordé la sécurité ! »

- « Tu as bien fait », lui fut-il répondu.

Khouzaymah Ibn Nasr donna un cheval à Hissan et lui dit :

- « Rejoint les tiens ! »

 

 

L’état des Omeyyades fut un état de pur tribalisme. C’est pour cela que nous avons dû présenter la généalogie des Arabes en début de livre sans quoi, l’histoire des Omeyyades aurait été incompréhensible sans connaitre l’origine des tribus et des gens. Et toutes ces tribus ou des membres de ces tribus ont joué un rôle important dans l’histoire des Omeyyades.

 

Toujours, lors d’une des batailles, suite à la révolte de Moukhtar, lorsqu’un groupe de ses combattants tomba entre les mains de Shabath Ibn Rib’i ar-Riyahi at-Tamimi, qui demanda à l’un d’entre eux :

- « Qui es-tu ? »

- « Je suis Khoulayd, le servant de Hassan Ibn Mahdoudj ad-Douhairi ».

Shabath ordonna de le tuer. Mais lorsqu’on lui présenta Si’r Ibn Abi Si’r al-Hanafi et qu’il apprit qu’il était des Bani Hanifah, il le fit relâcher.

Lorsqu’un autre servant, qui assista à la réplique de Khoulayd, lui fut présenté, Shabath lui demanda, qui il était :

- « Je suis des Bani Ziyad akh-Khassafah et les Ziyad Ibn Khassafah des Bani Taymim Tha’labah Ibn Wahil ».

- « Tu m’as fait rappeler l’honorable ancêtre », lui répondit Shabath, et il le libéra.

 

Les Arabes ne tuaient jamais les servants et les esclaves lors des batailles comme nous avons déjà précédemment donné l’exemple lors de la bataille de Karbala ou al-Houssayn (qu’Allah soit satisfait de lui et de son père) trouva la mort.

‘Omar Ibn Sa’d Ibn Abi Waqqas ne tua pas non plus ‘Ouqbah Ibn Sim’an qui était avec al-Houssayn. 

Mais là, Shabath Ibn Rib’i tua un servant car Moukhtar avait engagé dans son armée des servants et des esclaves et leur avait ordonné de combattre comme les autres. Les servants et les esclaves travaillaient pour les Arabes et c’est pour cela qu’ils n’étaient pas tués. Mais ceux-là avaient pris les armes contre eux, donc, ils méritaient la mort car ils étaient considérés comme des combattants aux même titres que les autres.

 

 

La bataille de Djabanat as-Sabi’

 

La guerre civile (ahliyah) menée par Moukhtar Ibn Abi ‘Oubayd ath-Thaqafi à Koufa finit en victoire pour lui. Il envoya à Ibn Mouti’ mille dirhams et lui demanda de quitter Koufa.

Lorsque Ibn Mouti’ vit la victoire de Moukhtar, il eut peur et quitta la ville. Il ne retourna pas à La Mecque mais alla à Basra par crainte de ‘AbdAllah Ibn Zoubayr.

Les gens de Koufa portèrent allégeance à Moukhtar par colère pour avoir engagé les esclaves et les servants dans son armée et pour avoir partagé avec eux les biens récupérés. Une chose jamais faite auparavant et qu’ils considéraient comme une erreur majeure.

Une nouvelle guerre civile eut lieu dans les faubourgs de Koufa et une nouvelle bataille s’ensuivit : la bataille de Djabanat as-Sabi’.

Djabanat est une terre déserte (sahrawiyah) et le désert comme vous le savez est très proche de Koufa. Sabi’ est de la tribu de Hashid. Il est Hashid Ibn Joushan Ibn Houbouran Ibn Nawfal Ibn Hamdan. Sabi’ est une des branches de la tribu Hamdan et Sabi’ Ibn Sab’ Ibn Sa’b Ibn Mou’awiyah Ibn Kathir Ibn Malik Ibn Joushan Ibn Hashid.  

 

Moukhtar Ibn Abi ‘Oubayd ath-Thaqafi assit son pouvoir et poursuivit les assassins d’al-Houssayn (qu’Allah soit satisfait de lui). Son entreprise réussit et ses partisans tuèrent l’infâme Shamir Ibn Dzoul Jousham, qui était un redoutable combattant, qui avait été le principal responsable de la mort d’al-Houssayn (qu’Allah soit satisfait de lui) et qui avait incité les gens à son assassinat à Karbala.

Ils tuèrent aussi Khawli Ibn Yazid Asbahi, celui qui avait transporté la tête d’al-Houssayn (qu’Allah soit satisfait de lui) tranchée par Sinan Ibn Abi ‘Amr Ibn Anas al-Qat’ami.  

Moukhtar ordonna que Khawli Ibn Yazid Asbahi soit tué et brûlé jusqu’à ce qu’il devienne de la poussière.

‘Omar Ibn Sa’d Ibn Abi Waqqas, le commandant de l’armée de ‘Oubaydillah Ibn Ziyad le jour de Taff à Karbala fut aussi tué. Sa tête fut tranchée par Abou ‘Amrah Kayssan, le servant de Qouraynah, le chef de la garde personnelle de Moukhtar.

Les nobles de Koufa allèrent à Basra rencontrer Mous’ab Ibn Zoubayr pour lui raconter les exploits de Moukhtar « le menteur » (al-kadab).

 

 

Wadi al-Koura

 

En Syrie, Le cinquième calife omeyyade, ‘Abdel Malik Ibn Marwan Ibn Hakam envoya une armée à Wadi al-Koura pour combattre ‘AbdAllah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait de lui) sous le commandement de Harith Ibn Hakam Ibn Abi al-‘As Ibn Oumayyah.

Lorsque Moukhtar fut informé du départ de l’armée, il envoya une lettre à ‘AbdAllah Ibn Zoubayr qu’il détestait. Il l’informa du départ de l’armée de Syrie pour le combattre et lui proposa de lui envoyer son armée.

‘AbdAllah Ibn Zoubayr accepta son offre et lui demanda intelligemment d’envoyer son armée directement à Wadi al-Koura intercepter l’armée de Syrie et pour éviter que cette armée ne se retourne contre lui. 

 

Moukhtar, attendait l’arrivée de l’armée de Syrie par l’ouest. Il envoya un corps de troupe de trois-mille hommes commandée par Shourahbil Ibn Warss Hamdani et lui ordonna de marcher sur Médine et non pas à Wadi al-Koura comme le lui avait demandé Ibn Zoubayr.

Moukhtar « le menteur » espérait le tromper mais ‘AbdAllah Ibn Zoubayr était d’une méfiance extrême à son égard. Ibn Zoubayr envoya mille hommes commandé par Ibn ‘Abbas Ibn Sahl et lui ordonna que s’il avait le moindre doute ou sentait la moindre traitrise de l’armée de Moukhtar de combattre aussitôt Shourahbil. Et c’est ce qui arriva.

Lorsqu’Ibn ‘Abbas Ibn Sahl rencontra Shourahbil Ibn Warss et connut ses intentions, il le tua ainsi qu’un très grand nombre de ses soldats, lors d’une terrible bataille. 

 

 

La mort de ‘Oubaydillah Ibn Ziyad

 

A Koufa, lorsque Moukhtar eut finit avec la bataille de Djabanat as-Sabi’, il envoya Ibrahim Ibn Ashtar an-Nakha’i pour combattre l’armée de ‘Oubaydillah Ibn Ziyad et ceux qui étaient avec lui de Syrie.

Au mois de Dzoul Hijjah de l’année 66 de l’Hégire (685), les deux armées se rencontrèrent près de Khazar près de Mossoul. Il s’ensuivit une lourde et mortelle bataille ou Ibrahim fut durement éprouvé mais il combattit férocement comme il en avait l’habitude.

‘Oubaydillah Ibn Ziyad fut tué au cours de la bataille ainsi que Houssayn Ibn Noumayr as-Sakouni, commandant de l’aile droite de l’armée de Syrie. Le commandant de la cavalerie de l’armée de Syrie, Shourahbil Ibn Dzil Kala’ fut aussi tué ainsi qu’un nombre très important d’hommes de l’armée de Syrie.

 

 

Les batailles de Madar et de Harourah contre Moukhtar « le Menteur »

 

Au début de l’année 67 de l’Hégire (686), ‘Abdallah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait de lui) écarta du poste de gouverneur à Basra Kouba’, Harith Ibn ‘Abdillah Ibn Abi Rabi’ah al-Makzoumi, et le remplaça par son frère Mous’ab Ibn Zoubayr.

Lorsqu’il arriva dans la ville, les nobles qui avaient souffert des actes de Moukhtar, lors de la bataille de Djabanat as-Sabi’, lui demandèrent de le combattre.  

Mous’ab Ibn Zoubayr répondit à leur demande et prépara une grande armée composée des nobles et des chefs de la ville dont Ahnaf Ibn Qays at-Tamimi, Malik Ibn Misma’ al-Bakri, al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah al-Azdi et leur chef Muhammad Ibn Ashraf al-Kindi.

Mous’ab Ibn Zoubayr était lui-même, un commandant de troupe et un valeureux combattant renommé.

A Madar, un endroit se trouvant à quatre jours de marche à l’est de Basra sur la rive du fleuve du Tigre eut lieu la bataille entre les deux armées : L’armée de Moukhtar le Menteur commandée par Ahmar Ibn Shoumayr al-Ouhmoussi al-Bajali et celle de Basra commandée par Mous’ab Ibn Zoubayr.

 

Et comme cela est commun, le combat entre les Musulmans arabes fut redoutable, terrifiant et sanglant. L’armée de Moukhtar fut anéantie et Ahmar Ibn Shoumayr fut tué. L’armée victorieuse de Mous’ab poursuivit sa route et marcha sur Koufa et Moukhtar.

A Harourah eut lieu la deuxième bataille et la suite de ce qui avait commencé à Madar. Et le reste de l’armée de Moukhtar fut aussi défait. Muhammad Ibn Ashraf al-Kindi, un des plus nobles arabes de Koufa de son temps,  fut tué.

L’armée de Mous’ab marcha alors sur la forteresse de Moukhtar ou il s’était fortifié en compagnie de huit-mille de ses partisans et mit le siège. Le siège fut si intense que Moukhtar n’eut d’autre choix que de sortir combattre.

Il demanda la sécurité mais cela lui fut refusé tant qu’il ne se soumettrait pas au jugement de Mous’ab mais il refusa, sachant qu’il serait tué.

Alors, il sortit avec uniquement dix-neuf de ses partisans et combattit jusqu’à ce qu’il fut tué. Mous’ab ordonna que sa main soit tranchée et clouée près de la mosquée de Koufa.

Moukhtar le Menteur Abi ‘Oubayd ath-Thaqafi trouva la mort au mois de Ramadan de l’année 67 de l’Hégire (686) alors qu’il était âgé de 67 ans.

 

Voici ce qu’a rapporté de lui l’Imam Tabari dans son livre d’histoire : « Lorsque le siège de Moukhtar se fit plus intense, il dit à Mous’ab :

- « Nous sommes prêts à sortir si vous nous assurez notre sécurité ». On lui répondit :

- « Non, aucune sécurité de notre part. Sors et soumet toi à notre jugement ! »

Mais il refusa puis sortit de la forteresse pour combattre jusqu’à être tué et pour ne pas être capturer vivant.

Moukhtar dit à son député Sa’id Ibn Malik al-Ash’ari :

- « Je suis un homme des Arabes. J’ai vu Ibn Zoubayr mettre la main sur le Hijaz, Najd Ibn ‘Amir al-Hanafi sur le Yémen et Marwan sur la Syrie. Je ne suis pas n’importe qui parmi les Arabes, c’est pourquoi j’ai pris ce pays. J’étais comme l’un d’entre eux sauf que j’ai demandé que les gens de la Maison du Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) soient vengés parce que les Arabes ne l’ont pas fait. J’ai tué ceux qui ont participé à leurs assassinats et suis resté vivant jusqu’à ce jour. Combats comme tu peux si tu ne le fais pour aucune intention. »  

 

Il est vrai que Moukhtar le Menteur a fait beaucoup et trop d’erreurs…

 

 



Mous’ab Ibn Zoubayr renommé au poste de gouverneur d’Iraq

 

Après sa victoire sur Moukhtar le Menteur, Mous’ab Ibn Zoubayr fit sept-mille prisonniers.

Boujayr Ibn ‘Abdillah al-Mousli, un des hommes de Moukhtar, dit à Mous’ab Ibn Zoubayr : 

- « Quiconque pardonne verra Allah lui pardonner et lui rajouter de la puissance et quiconque punit n’est pas à l’abri du châtiment, ainsi que beaucoup d’autres paroles ».

Mous’ab était sur le point de leur pardonner grâce aux propos de cet homme mais ‘AbderRahmane Ibn Muhammad Ibn Ash’at Ibn Qays al-Kindi et les nobles s’opposèrent à lui et lui dirent :

- « Veux-tu les libérer, après tout ce qu’ils ont fait de mal ? Choisit entre eux ou nous ! »

Muhammad Ibn ‘AbderRahmane Ibn Sa’id Ibn Qays al-Hamdani lui dit aussi :

- « Ils ont tué mon père avec d’autres membres de notre famille, ainsi que beaucoup de gens de Koufa et tu veux les laisser libres ? Choisit entre eux ou nous ! »

Mous’ab ordonna alors de tous les tuer. Sept-mille personnes qui ont choisi de ne pas le combattre, de se rendre et se soumettre à son jugement !

Sept-mille personnes tuées à cause d’une sédition, c’est un prix très lourd ! Mais si l’on compte tous les gens qui ont été tué lors des batailles engendrées par l’assassinat de ‘Uthman Ibn ‘Affan, Dzoul Nourayn (qu’Allah soit satisfait de lui), le prix est encore bien plus lourd. La porte de la sédition a été ouverte et c’est exactement ce qui est arrivé comme l’avait dit le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).

 

Lorsque Mous’ab Ibn Zoubayr mit fin à la sédition de Moukhtar le Menteur, il nomma al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah gouverneur de Mossoul, d’al-Jazirah, de l’Azerbaïdjan et de l’Arménie tandis que lui resta à Koufa.

Puis il envoya un messager à Ibrahim Ibn al-Ashtar an-Nakha’i, le redoutable chef combattant, pour le confirmer à son poste. Mais ‘Abdel Malik Ibn Marwan lui envoya aussi un messager pour lui dire la même chose pour les mêmes raisons sachant qu’il était un excellent cavalier et sa tribu puissante.

 

Ibrahim Ibn al-Ashtar, qui avait été un des commandant de Moukhtar, préféra rejoindre les rangs de Mous’ab parce qu’il craignit d’aller en Syrie pour avoir combattu et écrasé l’armée de ‘Abdel Malik commandée par ‘Oubaydillah Ibn Ziyad qu’il avait tué.

Après cela, ‘AbdAllah Ibn Zoubayr (qu’Allah soit satisfait de lui) écarta son frère Mous’ab de Basra et le remplaça par son fils Hamzah Ibn ‘Abdillah Ibn Zoubayr, qui n’avait ni la force et ni la mentalité de Mous’ab et que les gens de Koufa n’aimèrent pas.

Ahnaf Ibn Qays écrivit à ‘AbdAllah Ibn Zoubayr et lui demanda de limoger Hamzah et de reconduire Mous’ab.

‘AbdAllah Ibn Zoubayr en fin politicien, remit Mous’ab à son poste de gouverneur comme le lui avait demandé Ahnaf. Mous’ab resta à peu près une année à Koufa avant que son frère le désiste une nouvelle fois de Basra et le remplace par son fils Hamzah.

 

Mous’ab retourna à La Mecque et après s’être entretenu avec son frère, ‘AbdAllah, le renomma émir de Basra en l’an 68 de l’Hégire (687).

 

 

Le retour des khawarije

 

En l’an 68 de l’Hégire (687), Mous’ab Ibn Zoubayr qui était émir de l’Iraq stationné à Basra, nomma Harith Ibn ‘Abdillah Ibn Abi Rabi’ah émir de Koufa et ‘Omar Ibn ‘Abdillah Ibn Ma’mar émir de Perse.

Les khawarije qui avaient fuient à Kirmân et Ispahan, après leur défaite en l’an 66 de l’Hégire (685) contre al-Mouhallab dans l’Ahwaz et commandés par Zoubayr Ibn Mahouz at-Tamimi attaquèrent ‘Omar Ibn ‘Abdillah. Néanmoins Ibn Ma’mar réussit à les battre et à les expulser.

Les khawarije se réfugièrent de nouveau à Ispahan et à Kirmân, ou ils organisèrent leurs forces pour capturer Koufa et marchèrent sur l’Ahwaz.

Ibn Ma’mar informé de leurs mouvements les poursuivit avec son armée tandis que Mous’ab prévenu de leur arrivée se prépara en conséquence.

 

 

Al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah al-Azdi

 

L’Ahwaz connut alors l’outrage et la terreur des khawarije, ces criminels qui seront les chiens de l’enfer. Ils massacrèrent les Musulmans de Mada'in, femmes, hommes, enfants et vieillards et éventrèrent les femmes enceintes. Puis, ils marchèrent sur les faubourgs d’Ispahan ou eut lieu une féroce bataille entre eux et les Musulmans commandé par ‘Atab Ibn Warqah Ibn Harith Ibn ‘Amr at-Tamimi.

Les khawarije furent battu et leur chef Zoubayr Ibn Mahouz at-Tamimi fut tué et aussitôt remplacé par  Qatari Ibn al-Fouja’ah at-Tamimi. Mais cela ne les empêcha pas de poursuivre leurs agressions contre les Musulmans qui souffrirent beaucoup de leurs maux.

Mous’ab sut alors qu’il devait les arrêter coute que coute et leur opposer un redoutable chef combattant. Il ne trouva personne de mieux que le chef renommé al-Mouhallab Ibn Abi Soufrah al-Azdi qui était l’émir de Mossoul et d’al-Jazirah.

Mous’ab lui ordonna donc de faire face aux khawarije et pendant huit mois, Ibn Abi Soufrah les combattit farouchement et particulièrement à Soulaf ou eut lieu une grande bataille.

Afin que nous voyons la différence entre les gens de l’Iraq et les gens de Syrie, à propos de la richesse, de l’obéissance aux gouverneurs, lorsque Mous’ab voulut s’opposer à ‘Abdel Malik Ibn Marwan, Qays Ibn al-Aytham Ibn Qays Ibn Salt Ibn Habib as-Soulami qui était de Basra et un des plus fervent partisans de Mous’ab Ibn Zoubayr leur dit :

- « Malheur à vous ! Ne cherchez pas à attirer l’armée de Syrie contre vous ! Par Allah, j’ai vu les gens de Syrie, heureux aux portes du calife, s’ils les envoyaient contre vous ou leur demandaient n’importe quoi ! Je nous ai vus au combat sur des ânes tandis qu’un seul d’entre est sur un cheval et les autres suivent à pieds ! »

 

Pourquoi l’Iraq était-elle donc plus riche que la Syrie ?  

Lorsque les Musulmans capturèrent l’empire perse, ils le firent en une seule fois et ils héritèrent de toutes ses richesses, parce que la Perse était un grand et riche pays. Puis ensuite, les Musulmans capturèrent tous ses états vassaux

Ainsi celui qui contrôlait l’Iraq avait des revenus immenses qui venaient de l’empire perse.

Tandis que lorsque les Musulmans battirent les Byzantins, ils les expulsèrent uniquement de Syrie et d’Egypte. Quant à l’empire byzantin, il était toujours présent à Constantinople et ne tomba que huit siècles plus tard en l’an 857 de l’Hégire (1452), sous le commandement du sultan Muhammad II (thani), connu après cela sous le nom de Muhammad al-Fatih (qu'Allah lui fasse miséricorde).

 

 

La rébellion de ‘Amr Ibn Sa’id Ibn al-‘As

 

Depuis la mort de Yazid Ibn Mou’awiyah, au mois de Rabi’ Awwal de l’année 64 de l’Hégire (683), les révoltes se succédèrent partout et les Musulmans entrèrent en conflit pour le pouvoir (moulk) et s’entretuèrent entre eux.

 

En l’an 69 de l’Hégire (688), ‘Abdel Malik quitta Damas et marcha vers Qalqissiyah pour combattre Zoufar Ibn Harith al-Kilabi et laissa ‘AbderRahmane Ibn Oumm al-Hakam ath-Thaqafi pour le remplacer à Damas. ‘AbderRahmane Ibn Oumm Hakam est ‘AbderRahmane Ibn ‘Abdillah  Ibn ‘Uthman Ibn ‘Abdillah Ibn Rabi’ah ath-Thaqafi et sa mère est Oumm Hakam Ibn Abi Soufyan, la sœur de Mou’awiyah (qu’Allah soit satisfait de lui).

‘Abdel Malik sortit en compagnie de ‘Amr Ibn Sa’id Ibn al-‘As Ibn Sa’id Ibn al-‘As Ibn Oumayyah, surnommé « al-Ashdaq », le fils de son oncle. Sa mère est la mère d’enfants Bint Hakam Ibn Abi al-‘As.

Alors qu’ils étaient marche avec leurs armées, ‘Amr Ibn Sa’id dit à ‘Abdel Malik :

- « Ton père m’avait promis de me nommer après lui pour me tenir à ses côtés et le servir. Nomme-moi calife après toi ». Mais ‘Abdel Malik ne lui répondit pas et resta silencieux.

La nuit venue, ‘Amr Ibn Sa’id quitta secrètement le camp et retourna à Damas sans que personne ne remarque son absence. Il partit accompagné de Houmayb Ibn Hourays Ibn Bahdal al-Kalbi et Zouhayr Ibn Abrad al-Kalbi 

Ils réussirent à destituer ‘AbderRahmane Ibn Oumm Hakam, le député de ‘Abdel Malik et ‘Amr Ibn Sa’id se fortifia à Damas.

 

Lorsque le matin arriva, ‘Abdel Malik s’aperçu de l’absence de ‘Amr et fit aussi demi-tour et rentra aussitôt à Damas.

Une bataille s’ensuivit entre lui et ‘Amr qui sortit la cavalerie pour le combattre. Les chefs des deux armées qui se faisant face étaient issus de la tribu des Kalb Ibn ‘Abarah connut pour leur endurance au combat.

Soufyan Ibn Abrad al-Kalbi, le célèbre chef dont nous parlerons plus tard combattit aux cotés de ‘Abdel Malik Ibn Marwan avec Hassan Ibn Malik Ibn Bahdal al-Kalbi. La bataille dura si longtemps que les femmes des Kalbi sortirent voir leurs maris Soufyan Ibn Abrad et Hassan Ibn Malik et leur dirent :

- « Pourquoi vous combattez-vous entre vous pour cet homme des Qouraysh ? »

Ces paroles les firent réfléchir. Ils pensèrent à arrêter le combat et effectivement peu après, les deux armées conclurent un pacte de paix entre eux mais ce genre de pacte n’était pas fait pour durer.

 

 

La mort de ‘Amr Ibn Sa’i.d Ibn al-‘As

 

‘Abdel Malik Ibn Marwan connaissait dorénavant l’intention de ‘Amr de s’emparer du califat et du danger qu’il représentait. Il chercha un moyen de se débarrasser de lui et un jour, il lui demanda de lui rendre visite.

Ses partisans le mirent en garde de ne pas aller mais il refusa de les écouter. ‘Amr lui rendit donc visite en compagnie de cent servants.

‘Abdel Malik Ibn Marwan s’était préparé à le recevoir et lorsque ‘Amr arriva au palais, les gardes le laissèrent entrer mais pas ses serviteurs, à l’exception d’un seul, puis, ils fermèrent les portes.

Lorsque ‘Amr Ibn Sa’id, al-Ashdaq, pressentit le danger qui le guettait, il s’empressa de cajoler et de réconforter le calife sur ses intentions mais ‘Abdel Malik ordonna à ses gardes de le tuer.

Durant ces tragiques évènements ‘Abdel ‘Aziz Ibn Marwan, le fils de ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz, le frère du calife ‘Abdel Malik joua un rôle important et décisif en poussant son frère au poste de calife, qui voulait punir les fils de son oncle, Yahya Ibn Sa’id Ibn ‘As et ‘Ambassah Ibn Sa’id.

‘Abdel ‘Aziz Ibn Marwan lui dit :

- « Je te rappelle, ô émir des croyants, de prendre soin des Bani Oumayyah et de ne pas les tuer. Si bien que ‘Abdel Malik Ibn Marwan ne les tua pas mais les emprisonna avant de les envoyer chez Mous’ab Ibn Zoubayr, ou ils restèrent.

 

‘Amr Ibn Sa’id Ibn al-‘As Ibn Sa’id Ibn al-‘As al-Oumayyah Ibn ‘Abd ash-Shams est un des Banou Oumayyah et les plus proches de ‘Abdel Malik Ibn Marwan qui est, ‘Abdel Malik Ibn Marwan Ibn Hakam Ibn Abi al-‘As Ibn Oumayyah, al-‘As et Abou al-‘As sont des frères. Et pourtant, ils s’entretuèrent pour le pouvoir.

Que dire alors des fils de ses oncles les Bani Hashim Ibn ‘Abdel Manaf et Banou Oumayyah Ibn ‘Abd ash-Shams Ibn ‘Abdel Manaf ! Les Bani ‘Abbas Ibn ‘Abdel Moutalib Ibn Hashim et les Bani ‘Ali Ibn Abi Talib Ibn ‘Abdel Moutalib Ibn Hashim s’entretuèrent aussi lors du règne des Abbassides. Le frère tuant son frère, le fils tuant son père et le père tuant son fils. Il n’y a de force et de puissance qu’en Allah !

Il y a beaucoup d’exemples similaires de fratricides, d’infanticides et de parricides que ce soit dans l’histoire des Omeyyades, des Abbassides ou des Ottomans et même chez les non-musulmans.

 

Ces troubles atteignirent un tel niveau, qu’en l’an 70 de l’Hégire (689) et pour la première fois, les Byzantins sous le règne de Justinien II attaquèrent les frontières de la Syrie et poussèrent ‘Abdel Malik Ibn Marwan à leur faire des concessions et à leur donner 1000 dinars chaque vendredi. ‘Abdel Malik Ibn Marwan accepta pour éviter qu’ils causent du tort aux Musulmans.