An-Nassir li-Dinillah, le trente-quatrième calife abbasside 

 

An-Nassir li-Dinillah Ahmad Abou al-‘Abbas Ibn al-Moustadi naquit le lundi 10 du mois de Rajab de l’année 553 de l’Hégire (1158). Sa mère étant une femme turque appelée Zoumourroud. Il devint calife à la mort de son père au début du mois de Dzoul Qi’dah de l’année 575 de l’Hégire (1179).

 

Un certain nombre de Traditionnistes dont Abou al-Houssayn ‘Abd al-Haqq al-Youssoufi, Abou al-Hassan ‘Ali Ibn ‘Assakir al-Batayhi et Shouhdah, l’autorisèrent à rapporter des Traditions et il accorda des licences à d’autres qui avait l’habitude de rattacher des Traditions sur son autorité pendant sa vie rivalisant les uns des autres, désirant plus la vanité que l’exactitude des attributions.

 

Ad-Dahhabi a rapporté que personne ne gouverna le califat plus longtemps que lui, car il gouverna quarante-sept ans et que sa vie continua couronnée de gloire et de splendeur, occupé par l’extirpation des ennemis et la subjugation des princes. Aucun oppresseur, ni aucun rebelle ne se leva contre lui sans qu’il les ait exterminés et aucun adversaire sans qu’il l’ait renversé et quiconque voulut lui faire du mal, fut maudit par le Seigneur. Et avec la prospérité de ses engagements, il fut plus attentif dans la bonne administration de son royaume, et rien ne lui était dissimulé concernant ses sujets, grands ou petits. Ses espions le gardèrent informé tant des conditions publiques que privées des monarques et il était un maître de ruses astucieuses et subtiles et de dispositifs que nul ne pouvait sonder. Il provoquait la réconciliation entre les princes hostiles sans qu’ils perçoivent son intervention et semait le désaccord entre les souverains alliés, sans qu’ils le sachent. Quand l’envoyé du souverain de Mazandaran arriva à Baghdad, il recevait chaque matin une lettre qui l’informait de ce qu’il avait fait la nuit précédente et le messager utilisa tous les astuces de dissimulation, mais malgré cela la lettre l’informant de ses activités continua à arriver régulièrement. Il eut un rendez-vous une nuit avec une femme qui se présenta par une porte secrète. La lettre qu’il reçut le lendemain matin disait la chose suivante : « Tu étais couvert d’un couvre-lit décoré d’éléphants ». Il fut très étonné et quitta Baghdad convaincu que le calife était informé des choses invisibles.

Une autre fois, l’ambassadeur de Shah Khârezm arriva avec un message secret et une lettre cachetée, mais il lui fut demandé de revenir, comme si le calife savait déjà ce qu’il avait apporté et il revint, croyant qu’il avait une connaissance de l’invisible.

 

Ad-Dahhabi a rapporté qu’an-Nassir était possédé par un djinn. Quand Muhammad le Shah de Khârezm conquit le Khorasan et la Transoxiane et se comporta avec grande arrogance et dédain et qu’il prit captif un certain nombre de monarques et massacra un grand nombre de gens, qu’il aboli la Khoutbah pour les Abbassides partout dans ses dominions et arriva de Hamadan en route vers Baghdad, et bien que cela ne soient pas la saison, une tempête de neige tomba sur eux pendant vingt jours. Un de ses confidents lui suggéra que la cause avait été provoquée par la colère d’Allah pour avoir marché contre le palais du califat et il fut informé qu’en même temps, les tribus turques s’étaient réunies contre lui et étaient prêtes à envahir ses dominions à cause de la grande distance qui les séparait de lui. Ce fut la cause de son retour et an-Nassir fut libéré de ses vils desseins sans bataille.

 

An-Nassir était l’un de ceux qui quand il offrait de la nourriture, il en donnait suffisamment pour être satisfaisant et quand il frappait, il frappait dur. Et il y eut des occasions où il donnait comme donne celui qui ne craint aucune pauvreté. Il arriva une fois d’Inde un homme avec un présent pour le calife, un perroquet qui pouvait répéter, « Dis. Allah est Un »[1]. Le matin l’oiseau fut trouvé mort et l’homme fut consterné quand arriva un valet du calife demandant le perroquet. L’homme pleura et dit qu’il était mort dans la nuit. Le valet répondit : «En vérité, nous le savons déjà » et ajouta : « Combien penses-tu que le calife t’aurait donné ? » Il répondit « cinq cents dinars ». Le valet lui dit : « Voici cinq cents dinars! Prends-les, car en vérité le calife te les envois, il fut informé de tout ce que tu as fait depuis que tu as quitté l’Inde ».

Quand Sadr Jahan disposa pour Baghdad avec un certain nombre de jurisconsultes, ses gens dirent à l’un d’entre eux, quand il partit de sa maison de Samarkand monté sur une jolie jument : « Si tu veux bien la laisser ici, de peur qu’elle ne soit prise à Baghdad ». Il répondit : « Le calife en personne ne peut me la prendre ». Le calife, cependant, donna des ordres à un certain type de le suivre et quand il entrerait dans Baghdad, de prendre la jument et de s’enfuir avec, ce qu’il fit. Le jurisconsulte adressa une réclamation, mais ne reçut aucune réparation. Quand ils revinrent de pèlerinage, le calife accorda une robe d’honneur à Sadr Jahan et sa suite et présenta aussi une robe d’honneur au jurisconsulte ainsi que sa jument qui fut présentée portant une selle d’or et un collier et on lui dit que le calife n’avait pas pris sa jument, mais qu’un réparateur de chaudière l’avait fait. Le jurisconsulte tomba en pâmoison et le calife leur prodigua des cadeaux munificents.

 

Al-Mouwaffaq ad-Din ‘Abdel Latif a rapporté qu’an-Nassir remplit tous les cœurs d’effroi et de terreur et les gens de l’Inde et de l’Egypte le craignirent ainsi que les habitants de Baghdad. Il rétablit la grandeur du califat qui s’éteignit à la mort d’al-Mou’tassim et qui expira de nouveau à sa mort. Les princes et les nobles d’Egypte et de Syrie, quand la conversation tournait sur lui dans leurs conférences privées, baissaient leurs voix de peur et de révérence. Une fois, un marchand arriva à Baghdad avec quelques marchandises brodées d’or de Damiette et il fut questionné à leur sujet, mais nia les avoir. On l’informa alors de leurs détails, de leur nombre, couleurs et sortes, mais il continua à nier jusqu’à ce que l’on l’ait informé de certains de ses actes et comment ils s’étaient vengé sur un de ses esclave turc et l’avait secrètement emmené sur la côte à Damiette ou il l’avait tué et enterré, alors que personne ne le savait[2].

 

Ibn an-Najjar[3] a rapporté que les sultans furent humiliés devant an-Nassir et ceux qui s’opposèrent à lui se soumirent à lui. Le fier et le rebelle furent jetés à ses pieds et les tyrans furent soumis par son épée ; ses ennemis déclinèrent et ses alliés se multiplièrent. Il envahit beaucoup de pays et conquit des provinces comme aucun des califes et des souverains qui le précédèrent. Son nom fut lue dans les Khoutbah dans les provinces de l’Andalousie et dans les villes de Chine. Il fut le calife le plus sévère de la maison de ‘Abbas et même les montagnes le craignaient humblement. Il était bien proportionné, avait un bon caractère, était doté d’un excellent mental et physique, discourait couramment et avait l’expression éloquente. Ses directives étaient incisives et ses mots de poids. Son règne fut un grain de beauté face à l’âge et une perle dans la couronne de la gloire.

 

Ibn Wassil a rapporté qu’an-Nassir était robuste, brave, de bon jugement, très intelligent, subtil et astucieux. Il avait des espions en Iraq et tous les pays adjacents, qui le gardaient informé de tous les événements mêmes les plus insignifiants, comme celui d’un homme à Baghdad qui avait donné un festin et avait lavé ses mains devant ses invités. Ce fait que l’espion rapporta à an-Nassir qui écrivit en réponse : « Les mauvaises manières de l’hôte et l’excès dans l’auteur de ces nouvelles ». Il ajouta : « En plus de tout cela, il avait des dispositions malfaisantes envers ses sujets, était incliné à l’oppression et à la violence et les gens émigrèrent de leur province par ce qu’il s’était emparé de leurs marchandises et propriétés ».

 

An-Nassir faisait des choses contradictoires et était un shiite imamite. Il s’opposa aux Traditions ancestrales, et un jour l’Imam Ibn al-Jawzi demanda en sa présence qui était le meilleur des hommes après le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui). Il répondit : « Le meilleur d’entre eux après lui était celui dont la fille s’est mariée avec l’autre (ou celui qui s’était marié avec la fille de l’autre)[4], car il n’osa pas distinctement mentionner Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui).

 

Ibn al-Athir a rapporté qu’an-Nassir avait de méchantes dispositions et que l’Iraq fut ruiné pendant son règne par les taxes qu’il préleva et ses saisies de marchandises et de propriétés. Il faisait une chose et ensuite son contraire. Il se consacra au tir à l’arbalète et aux pigeons tournoyants.

 

Al-Mouwaffaq ‘Abd al-Latif a rapporté qu’au beau milieu de ses devoirs administratifs, il s’occupait avec la relation de Traditions et il délivrait des certificats avec l’autorisation de les transmettre sur son autorité et les étendre à l’étranger, en leur léguant des allocations. Il envoya aussi des lettres permissives aux princes et aux hommes de science à ce même effet et  fit une compilation de soixante-dix traditions.

 

Ad-Dahhabi a rapporté qu’an-Nassir autorisa un certain nombre de savants et ils transmirent des Traditions sur son autorité, dont parmi eux Ibn Sakinah, Ibn al-Akhdar, Ibn al-Damaghani et d’autres.

 

Abou al-Mouzaffar, le petit-fils d’Ibn al-Jawzi, a rapporté d’après leur propre témoignage que la vue d’an-Nassir commença à faiblir vers la fin de sa vie. D’autres ont rapporté qu’il perdit complètement la vue mais qu’aucun de ses sujets n’était conscient de cela même son vizir et sa propre maison, car il avait une fille d’esclave à qui il apprit l’écriture et elle avait l’habitude d’imiter parfaitement son écriture qui écrivait les prescriptions royales.

 

Shams ad-Din al-Jawzi a rapporté que l’eau qu’an-Nassir avait l’habitude de boire était ramenée sur des bêtes de somme d’une distance de sept parassanges[5] de Baghdad. Elle était alors bouillit sept fois, une fois par jour et ensuite entreposé dans des jarres sept jours supplémentaires avant qu’il la boive. Il mourut après qu’il lui fut donné fréquemment des soporifiques à boire. Il fut opéré et des pierres furent retirées de lui et il devait expirer des suites de cette opération, un dimanche du dernier jour du mois de Ramadan de l’année 622 de l’Hégire (1224).

 

Quand il assuma le califat, il envoya au sultan Salah ad-Din une robe d’honneur, l’investit de la dignité et le sultan lui écrivit une lettre comme suit : « Votre domestique, louange à Allah, qui compte sur la priorité du mérite dans l’Islam, car les Abbassides ne fut pas très prospère par les premiers actes d’Abou Mouslim, car il aida et dissimula ensuite, ni par les derniers services de Toghrul Bek, car il défendit, mais ensuite garda sous la contrainte, alors que votre domestique détruisit ceux qui rivalisaient pour la cape du califat. Il renversa les noms des prétendants au califat, fut exalté par l’assistance d’Ibrahim et démolit les idoles dissimulées par son épée visible ».

 

 

En l’an 577 de l’Hégire (1181), Salah ad-Din adopta le titre d’al-Malik an-Nassir (le roi victorieux).

Je vous rappelle que ce livre est une traduction et parfois des faits sont mentionnés différemment du fait qu’ils ont été rapportés par différents auteurs.

 

 

Durant l’année 580 de l’Hégire (1184), le calife fit construire près du tombeau de Moussa al-Qadim[6] un sanctuaire pour ceux qui s’y réfugiaient. Beaucoup de personnes si réfugièrent et un certain nombre de troubles s’ensuivirent.

 

 

Durant l’année 581 de l’Hégire (1185), naquit à al-‘Alth, un village sur le Tigre entre ‘Oukbara et Samarra, un enfant avec un front d’une largeur de quatre doigts mais avec une seule oreille.

 

Cette même année, les nouvelles parvinrent que la Khoutbah fut lue pour an-Nassir dans les villes principales de Mauritanie.

 

 

En l’an 582 de l’Hégire (1186), six des planètes étaient dans la conjonction de la Balance et les astronomes annoncèrent une dévastation générale dans toutes les provinces par un ouragan. Les gens commencèrent alors à creuser des caves dans les environs et à barricader les portes de leur maison pour se protéger contre le vent.  Ils emmenèrent de l’eau et des provisions et se réfugièrent dans les caves en attente de la nuit où devait se déclencher l’ouragan comme l’ouragan qui détruisit la tribu de ‘Ad et qui devait être la nuit du 9 du mois de Joumadah Thani. Cependant, rien ne se produisit ni même la plus petite brise et rien ne put éteindre même les flammes des bougies qui aient été prises, le vent n’ayant pas la force suffisante pour les éteindre, prouvant ainsi la fausseté des prédictions des astronomes.

 

 

En l’an 583 de l’Hégire (1187), le premier jour de l’année coïncida avec le premier de jour de la semaine et le premier jour de l’année solaire et le premier de l’année des Persans. Le soleil et la lune furent dans le premier des signes du Zodiaque, le Bélier, et ce fut une des plus extraordinaires coïncidences.

 

Cette même année, beaucoup de conquêtes furent faites. Le sultan Salah ad-Din reprit beaucoup de villes syriennes qui avaient été entre les mains des croisés, dont Jérusalem, qui resta sous leur possession durant quatre-vingt-onze ans après la bataille décisive de Hattin qui eut lieu au mois de Rabi’ Thani. Le sultan victorieux entra à Jérusalem le vendredi 27 du mois de Rajab et détruisit les innovations des croisés et construisit à leur place une école pour les Shafi’i, puisse le Seigneur le récompenser avec les bénédictions de l’Islam ! Il laissa l’église de la résurrection intacte suite à l’exemple de ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) quand il conquit pacifiquement Jérusalem. Nous parlerons beaucoup plus en détails de ces évènements dans le prochain volume qui sera consacré exclusivement aux croisades.

 

Parmi les occurrences remarquables, Ibn Barrajan a rapporté dans son commentaire (tafsir) d’ « Alif, Lam, Mim, les Romains ont été vaincu[7] » : « Que Jérusalem restera dans les mains des Romains jusqu’à l’année 583 (1187) ou ils seront alors battus, la ville capturée et deviendra la maison de l’Islam jusqu’à la fin de temps ». Abou Shamah[8] remarqua que cette prophétie d’Ibn Barrajan est l’un des faits les plus remarquables qui se produisit, car Ibn Barrajan décéda quelque temps avant l’événement et la date précise de sa mort est connue.

 

 

En l’an 589 de l’Hégire (1192), décéda le sultan Salah ad-Din al-Ayyoubi, le fléau des croisés, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde. Le messager qui fut envoyé pour annoncer la nouvelle arriva à Baghdad avec la cotte de mailles du sultan, son cheval de bataille, un dinar et trente-six dirhams, les seules propriétés qu’il laissa quand il quitta ce monde. Ibn al-Athir a rapporté qu’il laissa quarante dirhams et Ibn Khalil sur l’autorité d’Ibn Shaddad, quarante-sept dirhams. L’Egypte fut donnée à son fils ‘Imad ad-Din ‘Uthman al-Malik al-’Aziz, Damas à son fils al-Malik al-Afdal Nour ad-Din ‘Ali et Alep à son fils al-Malik az-Zahir Ghiyath ad-Din Ghazi.

 

 

En l’an 590 de l’Hégire (1193), mourut le sultan Toghrul Bek Shah Ibn Arsalan Ibn Toghrul  Bek Ibn Muhammad Ibn Malik Shah, le dernier des souverains Seldjouk.

Ad-Dahhabi a rapporté qu’ils furent douze princes, dont le premier fut Toghrul Bek, celui qui restitua al-Qa’im à Baghdad, et la durée de leur souveraineté fut de cent-soixante ans.

 

 

Durant l’année 592 de l’Hégire (1195), une sombre tempête souffla à la Mecque et balaya le pays entier. Un sable rougeâtre tomba sur les gens et une portion du Roukn al-Yamani, le coin sud-est de la Ka’bah, s’effondra.

 

Cette même année, Khwarizm Shah prépara une grande armée de 50.000 hommes et traversa la Transoxiane à leur tête. D’autres ont rapporté que l’invasion de Khwarizm Shah se produisit en l’an 614 de l’Hégire (1217) et Allah est Plus Savant. Khwarizm Shah envoya un messager au calife pour lui demander le sultanat et la restauration du palais du sultan dans son ancien état de splendeur. Il menaça le calife qu’en cas de refus, il marcherait sur Baghdad et que le calife deviendrait son serviteur comme l’étaient les princes seldjouk. Suite à cela, le calife démolit le palais du sultan et renvoya son envoyé sans réponse, après quoi le Seigneur le mit face à ses méfaits et il revint sur ses pas comme il l’avait déjà précédemment fait.

 

 

Durant l’année 593 de l’Hégire (1196), un énorme météore tomba et on entendit un son terrible lors de sa chute. Les maisons et les édifices furent ébranlés et les gens appelèrent le Seigneur à l’aide et se réunirent en congrégation pour L’invoquer, pensant que c’était un des signes du Jour de la Résurrection.

 

 

En l’an 595 de l’Hégire (1198), al-Malik al-‘Aziz mourut en Egypte et son fils al-Mansour lui succéda mais al-Malik al-‘Adil Sayf ad-Din Abou Bakr Ibn Ayyoub l’attaqua et se rendit maître de l’Égypte avant d’être finalement succédé par son fils al-Malik al-Kamil.

 

 

En l’an 596 de l’Hégire (1199), le Nil retarda sa montée en Egypte, causant ainsi de grandes pertes. Il n’atteignit pas ses 6 mètres habituel et il y eut une grande famine si bien que les gens mangèrent les charognes et devinrent publiquement cannibales avec les conséquences néfastes que cela engendre. Des histoires les plus étranges ont été rapportés lors de cette période. La famine fut si grave qu’ils durent ouvrir les tombes et manger les cadavres. Les morts de famines furent tellement nombreux que personne ne put marcher dans les rues sans que ses pieds ou ses yeux ne tombe sur un mort ou un mourant. Les gens des villages périrent tous si bien que si un voyageur traversait un village, il ne rencontrait pas une âme vivante et trouvait toutes les maisons ouvertes et les habitants morts.

Ad-Dahhabi a rapporté des histoires effrayantes sur ce sujet. Il a rapporté que les rues étaient parsemées de morts et que leurs chairs étaient la proie d’oiseaux, de charognes et de bêtes sauvages. Les personnes de bonne naissance avec leurs enfants furent vendues pour quelques dirhams et cet état de choses dura jusqu’au milieu de l’année 598 (1201).

 

 

En l’an 597 de l’Hégire (1200), un énorme tremblement de terre se produisit en Egypte, en Syrie et en Mésopotamie. Un grand nombre de maisons et de forts furent détruits et un village dans la région de Basra fut englouti.

 

 

À la fin du mois de Mouharram de l’année 599 de l’Hégire (1202), les étoiles furent en grande agitation et passèrent à toute allure comme un vol de sauterelles et cela dura jusqu’au matin. Les gens furent affolés et implorèrent le Très Haut poussant des cris de frayeur. Nul fait similaire ne se produisit auparavant ni-même ne fut vu excepté peut-être lors de la naissance du Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui).

 

 

En l’an 600 de l’Hégire (1203), les croisés menèrent un raid dans le Nil supérieur contre Fouwwah qu’ils pillèrent et ravagèrent avant de revenir.

 

 

En l’an 601 de l’Hégire (1204), les Francs prirent Constantinople et expulsèrent les Byzantins qui étaient en possession de cette ville bien avant l’arrivée de l’Islam. La ville resta sous le contrôle des Francs jusqu’en l’an 660 (1261) quand les Byzantins la récupérèrent de nouveau.

 

Cette même année, une femme dans Katouftah donna naissance à un enfant avec deux têtes, deux bras et quatre jambes, mais il ne survécut pas.

 

 

En l’an 606 de l’Hégire (1209), débuta l’ascendance des Tatars[9] et une narration de leur histoire sera rapportée.

 

 

En l’an 615 de l’Hégire (1218), les croisés capturèrent le fort de Sallassil (chaîne) à Damiette. Abou Shamah a rapporté que ce fort était la clé de l’Egypte. C’était une haute tour au milieu du Nil et face à elle, sur la rive est, se trouvait Damiette et sur l’ouest le territoire principal du Delta. De chaque côté de cette tour se trouvait une chaîne, l’une tendue au travers du Nil dans la direction de Damiette et l’autre obstruant le passage pour le Delta, fermant ainsi le passage des navires de la mer.

 

 

En l’an 616 de l’Hégire (1219), les croisés prirent Damiette après plusieurs batailles et un effort prolongé. Al-Malik al-Kamil, le Souverain de l’Egypte, était trop faible pour leur résister. Ils introduisirent leurs innovations dans la ville forteresse et convertirent la principale mosquée en église.

Al-Malik al-Kamil posa alors les fondations d’une ville à la ramification des deux fleuves, l’appela al-Mansourah qu’il renforçât avec des remparts avant d’y entrer avec son armée.

 

Cette même année, le chef Qadi Roukn ad-Din az-Zahir entra en correspondance avec al-Kamil et al-Malik al-Mou’addam ‘Issa le gouverneur de Damas qui avait un petit ressentiment personnel contre lui. Après quoi, il lui envoya un paquet dans lequel était un manteau et un licol et lui ordonna de le porter devant les gens dans sa cour judiciaire. Il n’osa pas refuser, mais après un court délai, il se leva et rentra chez lui pour ne plus en sortir et mourut peu après de la rage et les gens furent fortement affligés par cela.

Il arriva qu’al-Malik al-Mou’addam envoya après cela à Sharaf ad-Din Ibn ‘Ounayn un présent de vin et un vêtement rayé, alors qu’il se trouvait dans une période sobre, et lui dit : « Loue Allah pour cela » sur lequel il écrivit en réponse : « O al-Malik al-Mou’addam, la coutume que tu as introduit doit continuer pour l’éternité : Les princes après toi suivront ta voie, offrir des robes d’honneur aux Qadis et des présents aux dévots ».

 

 

En l’an 618 de l’Hégire (1221), louange à Allah, Damiette fut reprise aux croisés.

 

 

En l’an 621 de l’Hégire (1224), l’école de Tradition al-Kamiliyah, fut fondée au Caire entre les deux palais et Abou al-Khattab Ibn Dihyah fut nommé le professeur.

 

Le Ka’bah avait été, jusqu’à ce temps, recouverte de brocart blanc depuis les jours d’al-Ma'moun, mais an-Nassir la couvrit de brocart vert et par la suite de noir et ce, jusqu’à présent.

 

La situation politique à l’époque de la mort du calife an-Nassir était ainsi :

- Les gens vivaient dans la crainte du calife à cause de ses nombreux informateurs et des différents services de sécurité qui espionnaient les gens sans relâche jusqu’à même à l’intérieur de leurs demeures. Un peu à l’égard des pays à majorité musulmane de nos jours.

- Les croisés menaçaient toujours l’Egypte ayyoubide de leurs places fortes de Syrie,

- Le pays de Fars était toujours en proie à la guerre entre les différents émirs de la région,

- Le pays des musulmans au-delà de la Transoxiane était toujours instable, et en guerre avec leurs voisins Turcs qui n’étaient toujours pas entré en Islam,

 

Sous le règne du calife an-Nassir apparut la plus grande menace qu’ait connu le monde musulman en la personne de Janjis Khan, qui allait bientôt ravager les terres d’Islam suite à des tractations secrètes avec les croisés.



Az-Zahir bi-Amrillah, le trente-cinquième calife abbasside 

 

Az-Zahir bi-Amrillah Abou Nasr Muhammad Ibn an-Nassir li-Dinillah naquit en l’an 571 de l’Hégire (1175). Son père le nomma son héritier et il devint calife à la mort de son père, à l’âge de cinquante-deux ans. Ils lui demandèrent lors de son accession : « Tu ne te réjouis pas ? » Il répondit : « En vérité, la récolte est ruinée ». Ils lui dirent : « Puisse Allah faire prospérer tes jours ». Il dit : « Que peut donc gagner un homme s’il ouvre son magasin seulement tard l’après-midi ». Il fut bienfaisant envers ses sujets, réduisit les taxes, enquêta sur les abus, distribua de larges sommes d’argent, mit fin à tous les services de sécurité et les informateurs, qui espionnaient systématiquement, par exemple, tous les groupements quelconques de gens, pour son père. Lorsque les lettres de dénonciation arrivèrent par flots, il dit : « Nous n’avons aucun intérêt à connaitre les affaires des gens dans leurs demeures, que personne ne nous écrive pour nous transmettre ce genres d’informations excepté ce qui relèvent des intérêts de l’état » et il demanda aux gens de cesser de lui envoyer des lettres de dénonciations. Mais, il ne resta pas longtemps au pouvoir, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde.

 

Ibn al-Athir a rapporté dans « al-Kamil fi at-Tarikh » : Quand az-Zahir accéda au pouvoir, il afficha une telle justice et bienveillance qui ne sont pas sans se rappeler ceux de l’administration des deux ‘Omar[10] et s’il fut affirmé que personne ne gouverna comme lui depuis le califat de ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz, cela aurait été la vérité. Il restitua une immense quantité de propriétés qui avaient été injustement prises, ainsi que des marchandises confisquées sous le règne de son père et avant cela, il exempta toutes les taxes dans les villes et ordonna de retourner à l’ancienne taxation partout dans l’Iraq et la cessation de ce que, son père avait imposé récemment, une quantité faramineuse au-delà du calcul. Pour exemple, la ville de Bakouba fut à l’origine évaluée à dix mille dinars et quand an-Nassir devint calife, il préleva par année, quatre-vingt mille dinars, mais az-Zahir restitua son évaluation originale sur la demande des gens. Et quand la vieille taxe fut de nouveau prélevée dans les régions, une députation obtint une audience et signalèrent que la plus grande partie des arbres sur leurs propriétés s’étaient flétris et ruinés. Suite à cela, il ordonna qu’aucune taxe ne soit prélevée sauf sur un arbre sain. Pour illustrer sa justice, la balance du Trésor excéda la mesure de juste la moitié d’un Qirat (deux grains) dans un Mithqal (vingt grains) et ils acceptèrent les paiements selon cette mesure, mais l’établirent selon l’échelle de poids en utilisation dans les provinces,

Sur ce, un mandat fut expédié au vizir commençant ainsi : « Malheur aux fraudeurs qui, lorsqu’ils font peser pour eux-mêmes exigent la pleine mesure, et qui lorsqu’eux-mêmes mesurent ou pèsent pour les autres, [leur] causent perte [11]» et il continua : « Nous avons entendu tel et tel rapports : Remettez la balance du Trésor à ce qui est habituel dans les transactions mercantiles des gens ». Ils lui écrivirent qu’une grande disparité en résulterait, s’ils retournaient aux anciennes mesures qui atteindraient 35.000 dinars selon leurs calculs. Il répondit rejetant les suggestions de son correspondant et ajouta : « Permettez cette disparité même si elle s’élève à 350.000 dinars ».

Comme autre exemple de sa justice, le surintendant des registres des finances revint de Wassit avec plus de 100.000 dinars obtenus par oppression. Il restitua la totalité de la somme à leurs propriétaires. Il libéra ceux qui étaient emprisonnés et envoya dix-mille dinars au Qadi à dépenser pour ceux qui étaient dans la détresse. Il distribua la nuit de la fête du Sacrifice (10 Dzoul Hijjah) dix-mille dinars aux savants et aux dévots.

On lui fit remarquer lors d’une occasion, que personne ne donna jamais, même la plus infime portion, des sommes qu’il avait prodiguées, il répondit : « J’ai ouvert mon magasin tard l’après-midi ; laissez-moi faire du bien car combien de temps me reste-t-il à vivre ? » Il fut trouvé dans une pièce de son palais, des milliers de lettres toutes cachetées. On lui demanda pourquoi il ne les avait pas ouvertes, il répondit : « Je n’ai nul besoin d’elle, ce sont toutes des accusations de dénonciateurs ». Tout cela fut rapporté par Ibn al-Athir.

 

Sabt Ibn al-Jawzi a rapporté qu’une fois il entra dans la Trésorerie et un gardien lui dit : « Cela avait l’habitude d’être plein durant l’époque de ton père ». Il répondit : « La Trésorerie n’est pas faite pour être gardée pleine, mais pour être vidée et distribuée pour les œuvres pieuses, car en vérité, accumuler est l’occupation du commerçant ».

 

Ibn Wassil a rapporté qu’il montra la justice, diminua les taxations, apparut beaucoup en public, chose que son père faisait rarement. Il mourut le 13 du mois de Rajab 623 de l’Hégire (1225). Son règne fut de neuf mois et quelques jours. Il fut autorisé par son père à transmettre des Traditions. Abou Salih Nasr Ibn ‘Abd ar-Razzaq Ibn ash-Shaykh ‘Abdel Qadir al-Jili les récita sur son autorité.

 

Une éclipse de la lune se produisit deux fois durant l’année de sa mort.

Nasroullah Ibn al-Athir arriva avec une ambassade du gouverneur de Mossoul avec une lettre de condoléance pour son successeur qui commençait ainsi :

« Quand la calamité qu’ils ont provoquée est si grande, pourquoi le jour et la nuit ne devraient-ils pas s’excuser ?

Quand le troisième astre a disparu, pourquoi le soleil et la lune ne devraient-ils pas être éclipsés ?

Combien est désolé le monde autrefois si joyeux, et quelle solitude pour ceux qui y vivent devant une scène de trépassé ».

Et il est notre seigneur et maître, l’Imam az-Zahir le prince des croyants dont le règne fut une clémence aux deux mondes.



Al-Moustansir Billah, le trente-sixième calife abbasside 

 

Al-Moustansir Billah Abou Ja’far al-Mansour Ibn az-Zahir bi-Amrillah naquit au mois de Safar de l’année 588 de l’Hégire (1191), sa mère était une esclave turque.

 

Selon Ibn an-Najjar, il devint calife à la mort de son père au mois de Rajab 623 de l’Hégire (1225). Il dirigea ses sujets avec justice, fut équitable dans ses décisions, rechercha la société d’hommes sages et pieux, fonda des mosquées, des Ribats, des collèges et des hôpitaux. Il hissa la bannière de la religion, extirpa les réfractaires, promulgua les lois, restreignit les désunions et plaça ses gens sous les règlements les plus admirables. Il entreprit le combat dans la voie d’Allah avec une dévotion extrême, rassembla des armées pour la défense de l’Islam, garda les frontières et captura beaucoup de forteresses.

 

Al-Mouwaffaq ‘Abdel Latif a rapporté : « Quand Abou Ja’far devint calife, il poursuivit un excellent cours de conduite, rétablit les voies de bonté qui avaient été effacées, hissa la bannière de la religion et les tours de garde de l’Islam. Il gagna tous les cœurs pour son amour, toutes les langues à sa louange et le plus argumentateur ne lui trouva aucun reproche.

Son grand-père an-Nassir courtisa sa compagnie et avait l’habitude de l’appeler al-Qadi pour son bon jugement, son intelligence et sa répugnance pour tous les vices qu’il rencontrait.

Al-Hafiz Zaki ad-Din ‘Abdel Amin al-Moundiri a rapporté qu’al-Moustansir était zélé dans les bonnes œuvres, sérieux dans la propagation des vertus dont beaucoup de cas brillants furent enregistrés de lui. Il fonda l’école Moustansiriyah et attribua de larges salaires aux hommes de science.

Ibn Wassil a rapporté qu’al-Moustansir battit sur la rive est du Tigre une école dont nulle n’était aussi belle et si abondamment dotée ni fut jamais construite sur la terre. Il nomma quatre professeurs pour les quatre écoles dogmatiques orthodoxes, Malik, ash-Shafi’i, Ibn Hanbal et Abou Hanifah et y construisit à l’intérieur un hôpital. Il fournit une cuisine aux jurisconsultes et des grandes jarres de refroidissement pour l’eau potable fraîche. Il fournit pour leurs appartements, des nattes et des tapis, de l’huile d’olive, du papier, de l’encre et d’autres choses de ce genre et en plus, un salaire mensuel d’un dinar pour chaque juriste. Plus tard, il leur fournit un Hammam, dont nul pareil ne fut jamais construite auparavant. Il recruta une grande armée que ni son père et son grand-père n’avait jamais organisé avant lui et il était, de plus, d’un haut esprit, brave et intrépide. Les Moghols envahirent ses dominions, mais ses forces les rencontrèrent et les Tatars furent totalement déroutés. Il avait un frère courageux appelé al-Khafaji qui avait l’habitude de dire que s’il était dans l’autorité suprême, il traverserait la Transoxiane à la tête d’une armée, arracherait les provinces aux Moghols et les traquerait. Quand al-Moustansir décéda, le chef secrétaire et le haut intendant s’opposèrent à la cérémonie d’investiture d’al-Khafaji par peur de lui, et pour cette raison ils remirent sur pied le fils d’al-Moustansir Abou Ahmad à cause de sa douceur de caractère et de sa faible intelligence afin que le gouvernement puisse rester entre leurs mains, « Mais il fallait qu’Allah accomplît un ordre qui devait être exécuté, pour que, sur preuve, pérît celui qui (devait) périr, et vécût, sur preuve, celui qui (devait) vivre. Et certes, Allah est Audient et Omniscient[12] ».

Quant à la destruction des Musulmans sous son règne et la domination des Moghols, nous appartenons à Allah et à Lui font nous revenons.

 

Ad-Dahhabi a rapporté que l’ensemble des donations pour l’école Moustansiriyah atteignit annuellement plus de 70.000 dinars. Le bâtiment fut commencé en l’an 625 (1227) et accompli en 631 de l’Hégire (1233). Cent soixante charges de chameaux de livres de valeur y furent envoyées. Le nombre complet de ses juristes des quatre écoles dogmatiques fut de 248. Il y avait quatre conférenciers et un professeur de Tradition, de grammaire, de médecine et de la loi d’héritage. Il fut fourni plus tard à l’école, du pain, de la viande cuisinée, des mets sucrés et des fruits. Le calife plaça aussi trente orphelins dans la fondation et l’a dota de mesures qui surpassent la description. L’école fut ouverte le premier jeudi du mois de Rajab. Les Qadis, les professeurs, les nobles et tous les fonctionnaires publics furent présents pour l’ouverture et « C’est un jour où les gens seront rassemblés ; et c’est un jour solennel (attesté par tous)[13] ».

 

 

En l’an 618 de l’Hégire (1221), sous le règne d’al-Moustansir, al-Malik al-Ashraf le souverain de Damas ordonna la construction d’une école de Traditions appelée al-Ashrafiyah qui fut accompli durant l’année 630 de l’Hégire (1232).

 

 

En l’an 632 de l’Hégire (1234), al-Moustansir ordonna que les dirhams en argent soient utilisés en place des pépites d’or. Le vizir tint une audience et convoqua les gouverneurs, les marchands et les échangeurs de monnaie. Des tapis de cuir furent étendus, des dirhams placés sur eux et le vizir dit : « Notre maître, le prince des fidèle vous a prescrit d’employer ces dirhams à la place des pépites d’or par gentillesse à votre égard et pour vous libérer du trafic usuraire illicite ». Sur cela, ils invoquèrent les bénédictions sur lui. Ils les firent alors circuler en Iraq et leur valeur fixée à dix pour le dinar.

 

 

En l’an 635 de l’Hégire (1237), le poste de Qadi à Damas fut occupé à par Shams ad-Din Ahmad al-Jouni. Il fut le premier Qadi qui établit des postes pour les témoins dans la ville. Auparavant, les gens devaient se rendre dans les maisons des témoins pour obtenir leur témoignage.

 

Cette même année, les deux frères, le sultan al-Ashraf le souverain de Damas et deux mois après lui le souverain d’Egypte al-Kamil moururent. Qoulamah Sayf ad-Din Abou Bakr le fils d’al-Kamil succéda à la souveraineté de l’Egypte et il fut surnommé al-‘Adil, mais il fut par la suite déposé et son frère al-Malik as-Salih Ayyoub Najm ad-Din usurpa le gouvernement.

 

 

En l’an 637 de l’Hégire (1239), le Shaykh ‘Izz ad-Din Ibn ‘Abd as-Salam fut nommé Imam à Damas. Il prêcha un discours libre de toutes tendances hérétiques. Il aboli l’utilisation des drapeaux dorés et établit à leur place des noirs et des blancs et un seul muezzin appela à la prière avant lui.

 

Cette même année, Rassoul al-Amin Nour ad-Din ‘Omar Ibn ‘Ali Ibn Rassoul at-Turkomani qui possédait Taman visita le calife pour obtenir l’investiture du sultanat du Yémen après la mort d’al-Malik al-Mas’oud Ibn al-Malik al-Kamil et cette souveraineté continua dans sa famille jusqu’en l’an 865 de l’Hégire (1460).

 

 

Durant l’année 639 de l’Hégire (1241), al-Malih as-Salih le souverain d’Egypte fonda l’école qui se trouvait entre les deux palais et le fort à Roudah, mais ce fort fut détruit par ses esclaves en l’an 651 (1253).

 

 

Le vendredi 10 du mois de Joumadah de l’année 640 de l’Hégire (1242) mourut le calife al-Moustansir.

 

La fin du califat islamique

 

L’état abbasside, l’état du califat islamique prit fin en l’an 656 de l’Hégire (1257). Les signes précurseurs de sa fin étaient déjà apparus précédemment. Nous avons témoigné comment de l’état fort qu’il était, il devint faible après l’assassinat du calife al-Moutawakkil ‘Alallah en l’an 247 de l’Hégire (861). À ce moment, l’état entra dans une longue période de faiblesse suite à l’introduction par le calife al-Mou’tassim Billah des Turcs qui allaient mettre la main sur l’état puis, avec l’arrivée des Bouwayh qui contrôlèrent l’état durant 113 ans jusqu’en l’an 447 de l’Hégire (1055), quand le sultan seldjouk Toghrul Bek entra à Baghdad. Ensuite, les souverains Seldjouks allaient se mener la guerre entre eux, comme leurs prédécesseurs, et affaiblir l’état si bien qu’un grand nombre de petits états naquirent sous leurs règnes. Parmi ces états, se trouvait celui de Khwarizm dont le plus important sultan fut ‘Ala’ ad-Din Muhammad Ibn Taqsh qui prit le contrôle d’un grand nombre d’états islamiques en Iran, au Turkestan et de la Transoxiane. Puis, par la suite, il combattit les Moghols sous le commandement de Janjis Khan qui unifia les tribus de la steppe. Les Moghols réussirent à capturer la royauté de Khwarizm Shah qui mourut en l’an 617 de l’Hégire (1220). Son fils Sayssirah Jalal ad-Din Minkobarti lui succéda et entra en guerre avec les Moghols et avec les musulmans mais finit assassiné, près de Mayafariqin durant l’année 628 de l’Hégire (1230), par un paysan qu’il ne le connaissait même pas et qui le frappa sur la tête avec une pioche.

L’état islamique à l’extrême nord-est, était soumis à un nombre important de problèmes qui permirent l’invasion de gens qui vivaient près de la Géorgie. Ces gens, qui ne menacèrent jamais les Musulmans, apparurent soudain un grand danger. Ils tuaient, violaient, pillaient et retournaient chez eux en toute sécurité sans que personne ne s’élève contre eux. La première moitié du dix-septième siècle et les années qui vont les suivre, furent sans conteste les plus difficiles auxquels eut à faire face l’état islamique. Ce fut la plus dure période de la dynastie des Abbassides, celle qui conduisit à sa fin.

Malgré toutes ses faiblesses, l’état au niveau scientifique et intellectuel n’a jamais cessé de grandir, comme nous l’avons vu, avec la construction de toutes ces différentes écoles par exemple. Nous n’avons pas mentionné, toutes les découvertes scientifiques qui eurent lieu sous le règne des Abbassides, ni même parlé des centaines de savants qui virent le jour sous cette dynastie, sur leurs travaux et leur contribution à l’essor de la civilisation. Néanmoins, les travaux du Docteur Salah ad-Din al-Jaza'iri[14] sont suffisant sur le sujet.

 

 

Parmi les nombreuses choses que le calife az-Zahir bi-Amrillah fit, est qu’il racheta un très grand nombre de femmes esclaves âgées de plus de 40 ans, qu’il rendit libres et qu’il maria. Il prit soin aussi des orphelins et de tous ceux qui étaient dans le besoin, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde.



[1] Qur’an 112.

[2] Excepté Allah Exalté bien évidemment.

[3] Abou Hafiz ‘AbdAllah Muhammad surnommé Ibn an-Najjar naquit à Bagdad en l’an 578 de l’Hégire (1182). Il fut un maître de Traditions Prophétiques et des sept lectures du Qur’an. Il passa 27 ans à voyager et noter tous les renseignements qu’il put recueillir. Il mourut en l’an 643 de l’Hégire à Bagdad (1245). Le plus connu de ses travaux est le complément en 16 volumes, de l’Histoire de Bagdad d’Abou Bakr al-Baghdadi.

[4] Les Sounnis soutinrent qu’il voulut dire Abou Bakr dont la fille se maria avec le Prophète Muhammad (qu’Allah soit satisfait de lui), tandis que les shiites prétendirent que c’était ‘Ali (qu’Allah soit satisfait de lui) parce que Fatimah (qu’Allah soit satisfait d’elle), la fille de Muhammad (qu’Allah soit satisfait de lui), fut mariée à lui.

[5] 42 kilomètres.

[6] Le fils de Ja’far as-Siddiq et cinquième dans la descente de ‘Ali Ibn Abi Talib (qu’Allah soit satisfait de lui), appelé al-Qadim ou l’Humble. Il fut considéré après sa mort l’un des « douze Imams » de l’hérésie shiite et était célèbre pour son ascétisme et sa charité. Il naquit à Médine en l’an 129 (746) et mourut à Bagdad en l’an 183 de l’Hégire (799) ou 186 (802) selon d’autres sources.

[7] Qur’an 30.

[8] Abou al-Qassim ‘AbderRahmane, surnommé Shihab ad-Din et appelé Abou Shamah à cause d’une taupe qu’il avait sur la tempe gauche. Il naquit à Damas en 599 (1202). Il fut un jurisconsulte, un grammairien, un traditionniste et un historien. Il laissa deux Abrégés de l’Histoire de Damas, l’un de 15 et l’autre de 5 volumes, en plus des biographies de Nour ad-Din et Salah ad-Din, il écrivit plusieurs autres travaux sur la théologie et la grammaire.

[9] Appelés aussi les Moghols.

[10] ‘Omar Ibn al-Khattab (qu’Allah soit satisfait de lui) et ‘Omar Ibn ‘Abdel ‘Aziz (qu’Allah lui fasse miséricorde).

[11] Qur’an 83 : 1 à 3.

[12] Qur’an 8 : 42.

[13] Qur’an 11 : 103.

[14] Voir de l’auteur : « The Hidden debt to Islamic Civilisation » et « The Golden Age and Decline of Islamic Civilisation ». J’ai l’intention de traduire en français ce dernier livre dans le futur.