Al-Qadir Billah, le vingt cinquième calife abbasside

 

 Ahmad Ibn Ishhaq Ibn al-Mouqtadir devint donc le nouveau calife abbasside et deux ans plus tard, il se maria avec Sakinah Bint Baha ad-Dawlah. Al-Qadir Billah Abou al-‘Abbas Ahmad Ibn Ishhaq Ibn al-Mouqtadir naquit en l’an 336 (947). Sa mère appelée Tamanni était une fille d’esclave. Il fut reconnu, en absentia, calife suite à l’abdication de son frère et arriva le 10 du mois de Ramadan. Il donna une audience publique le jour suivant et reçut les félicitations. Le califat du souverain déposé dura dix-sept ans, huit mois et cinq jours. Les ministres de Baha al-Dawlah allèrent féliciter le calife al-Qadir pour son accession et le ramener à Baghdad.

 

Les Daylamites et les Turcs se mutinèrent et réclamèrent l’argent de la nouvelle succession et empêchèrent que le nom personnel du calife soit mentionné dans le sermon de vendredi ; la formule utilisée était : Seigneur fait prospérer Ton servant et député (le calife al-Qadir Billah), sans mention du nom. Des négociations eurent lieu entre Baha ad-Dawlah et l’armée et après avoir satisfait les officiers en chef, il assigné 800 dirhems par tête. Ils leur furent tous demandés de promettre fidélité et ils acceptèrent de garder le silence et d’obéir. La Khoutbah fut alors dite au nom du commandant des croyants, al-Qadir Billah, Abou al-‘Abbas Ahmad le vendredi 3 mois de Ramadan.

 

Al-Khatib a rapporté qu’al-Qadir fut distingué pour sa rectitude et sa noblesse de caractère, et une admirable conduite conformément aux récits rapportés sur lui. Il étudia la jurisprudence sous le savant Abou Bishar al-Harawi ash-Shafi’i et composa un traité sur les principes fondamentaux de la foi dans laquelle il introduisit les mérites des Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) et accusa d’impiété les mou’tazilite et ceux qui affirmèrent la création du Qur’an et ce travail avait l’habitude d’être lu tous les vendredis, dans un assemblée de Traditionnistes dans la mosquée d’al-Mahdi et en présence des gens.

Ad-Dahhabi a rapporté au mois de Shawwal de l’année de son acquisition, une audience publique fut tenue durant laquelle le calife al-Qadir et Baha ad-Dawlah engagèrent leur foi l’un à l’autre et al-Qadir l’investit de l’autorité partout où le territoire Abbaside était reconnu à partir du seuil de sa propre porte.

 

Cette même année, Abou al-Foutouh al-Hassan Ibn Ja’far, le gouverneur de La Mecque revendiqua la souveraineté pour lui, s’attribua le titre d’ar-Rashid Billah et il fut salué par le titre de calife. Le souverain d’Egypte eut beaucoup d’appréhension mais peu après, Abou al-Foutouh renonça à ses prétentions et porta allégeance à al-‘Aziz al-‘oubaydi.

 

 

Durant l’année 381 de l’Hégire (991), arrivèrent les nouvelles de la mort de Sa’d ad-Dawlah Abou al-Ma’ali, le fils de Sayf ad-Dawlah après qu’il eut exécuté son Mawlah Bakjour.

Sa’d ad-Dawlah avait un Mawlah appelé Bakjour, qu’il préférait et qu’il fit gouverneur de Raqqah et de Rahbah. Ce dernier nomma comme son secrétaire Abou al-Hassan Ibn ‘Ali Ibn Houssayn al-Maghribi. Après avoir conservé son poste de gouverneur pour une période considérable, Bakjour devint ingrat et considéra à se révolter. Il séduit certains de ses compagnons qui le rejoignirent et divulgua son plan à son secrétaire Abou al-Hassan al-Maghribi, qui lui conseilla d’ouvrir des négociations avec le souverain d’Egypte al-‘Aziz et de s’attacher à lui. Bakjour accepta la suggestion et lui écrivit pour demander la permission se présenter à la cour égyptienne, qui lui fut accordée. Bakjour quitta par conséquence Raqqah après avoir laissé derrière lui son député Salamah Rashiqi et prit certains membres de sa famille comme otages pour sa loyauté. Il fut rencontré par une délégation du souverain d’Egypte qui lui attribua une robe d’honneur, et le nomma gouverneur de Damas. Il prit ses quartiers dans cette ville, qui lui fut abandonnée par son ancien gouverneur, où il trouva que les jeunes de la ville en avaient pris le contrôle. Il les attaqua et en tua un certain nombre protégeant ainsi son autorité. Bakjour entreprit une correspondance avec ‘Issa Ibn Nestorius, le chrétien précédemment mentionné, dans un style moins exalté que ce dernier s’était attendu causant ainsi une inimitié entre les deux. Néanmoins, ‘Issa nourrit sa rancune et diffama Bakjour, qui cessa de correspondre avec lui et se plaignit de lui au souverain d’Egypte. Le souverain ordonna ‘à Issa de reprendre des relations amicales avec lui et ‘Issa obéit ouvertement mais désobéit secrètement. Bakjour, qui craignait sa traîtrise se rapprocha de certaines tribus arabes et s’allia matrimonialement avec eux. Ils épousèrent volontiers sa cause et il revint à Raqqah. Une lettre de remontrance lui fut envoyée par le souverain d’Égypte à laquelle il répondit avec une excuse courtoise.

Bakjour avait certains amis dans Halab, qui lui écrivirent et lui suggérèrent de saisir le gouvernement et l’assurèrent que Sa’d ad-Dawlah était entièrement consacré à ses plaisirs. Induit en erreur par leurs mots, il écrivit au souverain d’Égypte et lui offrit de prendre Halab pour son compte et lui demanda des renforts et des réserves. Toutes ses demandes furent accordées et le souverain d’Egypte écrivit à Nazzal Ghouri, et lui demanda de rejoindre Bakjour à chaque fois qu’il lui serait demandé et sans un mot de plus. Ce Nazzal était un grand capitaine maghrébin et le préféré favori de ‘Issa Ibn Nestorius.

‘Issa écrivit en privé à Nazzal et lui demanda d’hâter ouvertement son soutien à Bakjour mais de l’attarder secrètement, pour que quand Bakjour viendrait au combat décisif contre son maître Sa’d ad-Dawlah, il soit trop tard pour le sauver.

Bakjour sortit alors de Raqqah et écrivit à Nazzal et lui demanda de sortir de Tripoli pour qu’ils puissent arriver en même temps à Halab. Nazzal fit lentement ce qu’on lui demandait. Il envoya des messagers à Bakjour lui annonçant son arrivée à chaque étape et l’assurait qu’il l’atteindrait rapidement. Pendant ce temps Sa’d ad-Dawlah écrivit à l’empereur byzantin, et l’informa de la rébellion de Bakjour et lui demanda d’écrire à Bourji, son gouverneur d’Antioche, pour lui ordonner de marcher et à chaque fois qu’il lui serait demandé, à l’aide de Sa’d ad-Dawlah. L’empereur donna les ordres que Sa’d ad-Dawlah sollicita. Lorsque Bakjour arriva, Sa’d ad-Dawlah écrivit à Bourji, qui par conséquence se mit en route. Sa’d ad-Dawlah déploya ses armées sur le champ de bataille pendant que Lou'lou' al-Jarrahi agissait comme son chambellan. La seule tribu arabe qui était avec lui était les Banou ‘Amr Ibn Kilab, au nombre de cinq-cents cavaliers, mais tous des hommes courageux tandis que les autres tribus arabes étaient au côté de Bakjour. Sa’d ad-Dawlah se réjouit de ce qu’il vit des troupes de son chambellan et de leur équipement. Il descendit alors de sa monture, pria et se couvrit le visage de terre et supplia Allah Exalté pour la victoire. Il appela alors son secrétaire et lui demanda d’écrire à Bakjour, en faisant tout son possible pour le prendre par les sentiments, lui rappelant le pouvoir divin et lui offrant en fief le territoire entier de Raqqah à la porte de Homs. Il l’invita à déposer les armes et se souvenir de ses engagements quand il était esclave. Le messager apporta la lettre et quand Bakjour l’a vit, il dit : « La réponse consiste en ce tu vas voir avec tes yeux ». Le messager rapporta cette réponse à Sa’d ad-Dawlah et l’informa que Bakjour suivait sa piste. Sa’d ad-Dawlah donna alors des ordres et les deux armées s’approchèrent l’un de l’autre, les lignes furent formées et les escarmouches débutèrent.

Quand un des cavaliers de Sa’d d’al-Dawlah revenait avec une blessure de lance ou d’épée il recevait une robe d’honneur et un présent. Quand d’autre part un des partisans de Bakjour lui revenait dans une semblable condition, il était avare envers lui et ordonnait misérablement que le nom de l’homme soit consigné pour que son cas puisse être considéré plus tard. Sa’d ad-Dawlah écrivit aux Arabes qui étaient avec Bakjour, et leur offrit non seulement l’amnistie, mais les attira avec des promesses. Quand ils reçurent ses lettres, ils se retournèrent contre les bagages de Bakjour qu’ils pillèrent avant de l’abandonner pour rejoindre Sa’d ad-Dawlah.

Bakjour ayant vu qu’il faisait face à différents problèmes, le retard de Nazzal, la désertion des Arabes, la lenteur des amis qui lui avait promis de venir le rejoindre sitôt qu’ils le verraient, convoqua son secrétaire Abou al-Hassan al-Maghribi et lui  dit : « Tu m’as trompé. Quel est ton plan maintenant ? » Il répondit : « Prince, je ne t’ai dit que la vérité et ai fait tout mon possible pour te donner les meilleurs conseils. La meilleure chose à faire dans ces circonstances, c’est de revenir à Raqqah et d’écrire au souverain d’Egypte pour l’informer du comportement de Nazzal envers toi et de demander une aide supplémentaire ». Il y avait dans son armée un officier de grade analogue à celui d’Abou al-Hassan al-Maghribi, qui quand il entendit cette conversation, dit à Bakjour : « Quand ton secrétaire est assis dans sa chaise, il affirme que la plume triomphera de la flamme ; et quand la réalité se présente, il nous conseille de nous enfuir. Par Allah, nous ne ferons rien de la sorte ». Et, il jura sur le divorce et Abou al-Hassan al-Maghribi entendant ce qu’il dit, fut pris d’effroi. Il avait proposé à un Bédouin des Banou Kilab de l’emmener à Raqqah, en cas de défaite, en lui offrant une récompense de mille dinars pour ce service et après avoir conçu de la frayeur des dire de l’homme, il alla trouver le Bédouin et ensemble, ils partirent à Raqqah.

En trouvant ses perspectives désespérées, Bakjour décida d’attaquer en compagnie d’un certain nombre de ses meilleurs éléments la ligne où Sa’d ad-Dawlah se trouvait et de lui porter un coup fatal. En choisissant ses meilleures soldats, il leur dit : « La bataille a atteint un point où il ne nous reste que deux alternatives : la lumière (la joie) ou la destruction. J’ai conçus un certain plan. Si vous m’aidez, j’ai l’espoir que vous gagnerez ce jour ». Ils lui dirent qu’ils étaient prêts à lui obéir et qu’ils n’avaient aucun désir de sauver leurs vies à ses dépens. Mais l’un d’entre eux l’abandonna, se rendit à Lou'lou' al-Jarrahi et lui dévoila leur plan.

Lou'lou' se dépêcha d’aller trouver Sa’d ad-Dawlah, lui rapporta les faits et lui dit : « Bakjour est désespéré et réalisera certainement son dessein. Echangeons nos positions, prends ma place et moi la tienne, pour que je puisse me tenir debout à ton poste et te protéger ainsi que ta dynastie ».

Sa’d ad-Dawlah accepta son offre et permit à Lou'lou' de prendre son emplacement sous la bannière. Bakjour s’élança avec ses quatre-cents hommes complètement armés, et chargèrent avec une telle violence qu’il rompit la ligne de défense et renversa tous ceux qui se trouvèrent sur sa voie avant d’arriver à Lou'lou' qu’il supposa être Sa’d ad-Dawlah. Il donna un puissant coup à Lou'lou' qui fendit son casque et pénétra sa tête. Loulou’ tomba à terre. Cependant, l’armée chargea Bakjour et Sa’d ad-Dawlah se dépêcha de revenir à son poste, en se montrant à ses hommes, qui quand ils le virent retrouvèrent leur courage, maintinrent leurs positions et luttèrent fermement jusqu’à l’épuisement des ressources de Bakjour qui s’enfuit alors avec seulement sept survivants.

Il chevauchait un cheval qui avait coûté mille dinars et arriva à un cours d’eau, d’environ 2 mètres de large, qui amenait l’eau vers un moulin d’un bord d’une route. Il essaya par tous les moyens de faire traverser sa monture qui refusa de bouger. Il fut alors assailli par dix cavaliers arabes qui le firent descendre ainsi que ses compagnons de leur monture qui les dépouillèrent de leurs vêtements et de leurs affaires avant de s’enfuirent. Bakjour et ses disciples se réfugièrent dans le moulin, où ils se cachèrent pendant un certain temps avant de sortir dans un champ cultivé, quand certains Arabes passèrent près d’eux, dont l’un était des Banou Qatan, que Bakjour employait souvent pour les affaires importantes. Bakjour l’appela et il revint sans toutefois reconnaître Bakjour, qui après lui avoir demandé une promesse de protection, fut reconnu. Il lui offrit alors autant d’or que son chameau pourrait porter s’il le ramenait à Raqqah. L’homme le fit monter sur sa monture derrière lui puis le ramena dans sa tente où il lui donna des vêtements. Sa’d ad-Dawlah avait envoyé pendant ce temps la cavalerie à sa poursuite dans d’autres directions, en offrant une large récompense à quiconque lui ramènerait Bakjour. Le Bédouin devint méfiant et sa cupidité fut excitée par les sommes offertes par Sa’d ad-Dawlah. Il consulta son oncle sur l’affaire, qui lui dit que Bakjour était un avare qui ne tiendrait probablement pas sa promesse tandis que s’il allait trouver Sa’d ad-Dawlah, il recevrait son cadeau. Par conséquent, le Bédouin procéda au camp de Sa’d ad-Dawlah, l’informa de la condition de Bakjour et demanda en échange de 200 Faddan[1] de terre agricole, 200.000 dirhams, cent chameaux chargés de blé et cinquante pièces de tissus. Sa’d ad-Dawlah se prépara à lui concéder tout ce qu’il demanda. Il fut décidé que le Bédouin devrait aller chercher Bakjour. Quand Lou'lou' al-Jarrahi, entendit cela, bien que blessé, il réussit avec l’aide de ces hommes à prendre place sur sa monture est parti trouver Sa’d ad-Dawlah.

S’étant présenté, il demanda des informations au bédouin et lorsqu’il fut informé il lui demanda ou sa tribu campait. Ce dernier répondit qu’elle était stationnée dans une prairie à quatre kilomètres de là. Lou'lou', après avoir appelé un certain nombre de ses hommes, leur ordonna de procéder immédiatement au campement des bédouins, d’arrêter Bakjour et de le lui ramener. Ils partirent aussitôt tandis que Lou'lou' empoigna la main du bédouin, qui réclamait de l’aide. Lou'lou', avançant vers Sa’d ad-Dawlah, et lui dit : « Ne me réprimande pas pour cette action, qui provient de mon attention dans ton service ». Sa’d ad-Dawlah lui répondit qu’il avait fait la bonne chose et lui exprima son admiration. Quelques heures après, Bakjour fut présenté et Sa’d ad-Dawlah demanda conseil à Lou'lou' quant à son destin. Il lui conseilla de l’exécuter, par peur que la sœur de Sa’d al-Dawlah intercède pour lui et qu’il ne soit obliger de le relâcher. Les ordres furent alors donnés pour qu’il soit décapité.

Sa’d ad-Dawlah procéda à Raqqah et campa à l’extérieur de la ville. Il y avait dans la ville Salamah ar-Rashiqi, Abou al-Hassan al-Maghribi, les enfants de Bakjour, sa famille et tous ses biens. Sa’d ad-Dawlah écrivit à Salamah et lui demanda de rendre la ville. Il répondit : « Je suis ton esclave et l’esclave de ton esclave, seulement je suis sous serment et sous pacte avec Bakjour, de qui, je ne peux être libéré seulement d’une ou deux façons : Sois tu assures la vie à ses enfants et ses femmes et tu te contentes de leur prendre les munitions de guerre, en faisant le serment de ne pas outrepasser cela, ou en combattant pour réaliser aux yeux de Dieu les serments et les contrats par lesquels je suis lié. Sa’d ad-Dawlah répondit qu’il était d’accord avec ses conditions et fit le serment qu’il exigea de la manière la plus solennelle. Il inclut dans l’amnistie Abou al-Hassan al-Maghribi après l’avoir proscrit. Cependant, la promesse lui fut donnée à condition qu’il reste dans le territoire de Sa’d ad-Dawlah. Mais, il fuit à Koufa et se réfugia dans le martyrium de ‘Ali.

Salamah, ayant obtenu des assurances pour lui et les enfants de Bakjour, abandonna le fort Rafiqah et sortit avec une quantité de marchandises et d’objets précieux que Sa’d ad-Dawlah trouva excessive. Il les regardait depuis l’arrière de sa tente et le Qadi Ibn Abou al-Hassin était devant lui. Il lui remarqua qu’il ne savait pas que la fortune de Bakjour avait atteint une telle quantité. Ibn Abou al-Hassin lui répondit : « Bakjour et ses enfants sont vos esclaves, toute ses propriétés t’appartienne. Il  n’y a aucun mal de t’approprier quoi que ce soit de ses richesses et cela n’est pas une parjure que de violer ton serment. Si cela est une parjure, j’en porterais seul la responsabilité. » Sa’d ad-Dawlah approuva alors sa suggestion, rompit son serment et saisit toute leurs propriétés.

Ce fut une infâme suggestion, une tentation du diable, que le Qadi, recommanda à Sa’d ad-Dawlah, en lui disant qu’il pouvait violer son serment, sans plus d’explication et pour obscurcir sa compréhension, s’engagea à porter le péché! N’a-t-il donc pas lu ou entendu les mots d’Allah Tout-Puissant adressés aux hommes : « Et ceux qui ne croient pas disent à ceux qui croient ; « Suivez notre sentier, et que nous supportions vos fautes ». Mais ils ne supporteront rien de leurs fautes. En vérité ce sont des menteurs! »[2].

Peu après, les fils de Bakjour écrivirent à al-‘Aziz le compte de ce qui était arrivé à leur père et lui demandèrent d’écrire à Sa’d ad-Dawlah, d’épargner leurs vies. Le souverain d’Egypte lui écrivit une lettre menaçante où il lui ordonna d’épargner leurs vies et les envoyer honorablement en Egypte, et finit ainsi sa lettre : Si tu désobéis, je deviendrais ton ennemi et j’enverrai des armées contre toi.

Il envoya cette lettre par Fa’iq, un de ses domestiques préférés, à qui il offrit un chameau vigoureux et rapide. Fa’iq atteignit Sa’d ad-Dawlah, quand ce dernier après avoir quitté Raqqah était arrivé à Halab, et lui livra la lettre. Quand Sa’d ad-Dawlah la lu, il convoqua ses commandants, leur lu la lettre à haute voix et leur demanda leur conseil. Ils répondirent qu’ils étaient ses esclaves et qu’ils étaient prêts à obéir à tous ses ordres. Sa’d ad-Dawlah ordonna alors de ramener Fa’iq et après lui avoir parlé avec mépris, lui dit : Retourne chez ton maître et dit-lui : « Je ne suis pas la personne qui craint tes menaces et tu n’as nul besoin de m’envoyer tes armées, puisque j’arrive. Mes nouvelles t’atteindront de Ramlah ». Il expédia un détachement de son armée en avant à Homs et Fa’iq retourna avec son message qui perturba beaucoup son maître. Sa’d ad-Dawlah resta quelques jours à l’extérieur de Halab, pour prendre ses dispositions avant de suivre de détachement de l’armée qu’il avait envoyé en avant. Mais, il eut une attaque de colique qui s’avéra grave et il dut revenir dans la ville pour être traité jusqu’à son rétablissement. Il eut alors l’intention de revenir au camp et la veille de son départ, une de ses concubines partagea son lit et il eut une attaque paralytique. Sa sœur informée arriva et le trouva entrain d’expirer. Un médecin fut convoqué et lui prescrivit une fumigation avec du Nadd et de l’ambre gris qui lui apportèrent un petit soulagement. Le médecin lui demanda : « Donne-moi ta main que je puisse sentir ton pouls. Il donna sa main gauche au médecin qui demanda à nouveau la droite. Sa’d ad-Dawlah lui répondit : « Docteur, mon droit (c’est-à-dire, mon serment) ne m’a laissé aucun droit ». Il se souvint apparemment du parjure qu’il avait commis et se repentit de sa perpétration. Il mourut trois nuits après, après avoir nommé son fils Abou al-Fada’il successeur qu’il confia avec le reste de ses enfants aux soins de Lou'lou' al-Jarrahi.

Lou'lou' fit tout son possible pour établir Abou al-Fada’il dans le gouvernement et lui obtint l’allégeance de l’armée. Les troupes, dont Wafa, Bisharah Ikhshidi, Rabah et d’autres se retirèrent à Halab ou ils désertèrent pour le compte du souverain d’Egypte, Il les reçut avec honneur et accorda un ministère à chacun d’entre eux.

 

Abou al-Hassan al-Maghribi après s’être réfugié dans le martyrium à Koufa entra en correspondance avec le souverain d’Egypte et partit ensuite pour sa cour ou il lui parla de l’importance de Halab, de l’ampleur de sa richesse, que la ville serait une conquête facile et lui demanda d’y envoyer un commandant turque. Le souverain d’Egypte adopta sa suggestion et promut un commandant appelée Manjoutakin, à qui il accorda des biens, les honneurs et des distinctions, et ordonna aux officiers militaires et d’autres hommes éminents de descendre de leur monture devant lui. Il le nomma gouverneur de Syrie et nomma Ahmad Ibn Muhammad Qoushouri son secrétaire. Il l’expédia alors à Halab accompagné par Abou al-Hassan al-Maghribi que le souverain nomma administrateur.

Quand il atteignit Damas, il fut rencontré par les officiers de la ville, les habitants et toutes les armées syriennes. Après une brève conservation, il leva des forces, fit des préparations en conséquences et, à la tête d’une armée de 30.000 hommes, marcha vers Halab ou il établit son camp en face de la ville. Abou al-Fada’il et Lou'lou' se retranchèrent dans la ville. Quand Lou'lou' apprit l’arrivée de l’armée d’Egypte, il écrivit à l’empereur byzantin, lui rappela les traités et les accords entre lui et Sa’d ad-Dawlah et lui offrit de les renouveler au nom d’Abou al-Fada’il. En même temps, il lui envoya de nombreux cadeaux. Quelques temps après, il lui demanda de l’aide et lui envoya le syrien Malkouthah comme envoyé. Quand cet envoyé parvint à l’empereur, il trouva ce dernier face au roi des Bulgares dans la bataille. L’empereur accepta ses demandes et écrivit à Bourji, son gouverneur d’Antioche. Il lui ordonna de rassembler ses forces, de procéder à Halab et d’expulser les Maghrébins. Bourji partit à la tête de cinq-mille hommes et s’arrêta au Pont de Fer entre Antioche et Halab. Lorsque Manjoutakin et Abou al-Hassan al-Maghribi, furent informés de son approche, ils rassemblèrent leurs commandants et tinrent un conseil de guerre.

Le plus astucieux parmi eux conseillèrent de se retirer à Halab et d’attaquer les Byzantins en premier pour éviter que les hommes de Manjoutakin se retrouvent entre deux ennemis. Ils s’accordèrent sur ce plan et avancèrent jusqu’à ce qu’ils soient séparés des Byzantins par le fleuve Maqloub. Quand les deux armées furent l’une en face de l’autre et n’ayant trouvé aucun moyen de traverser le ruisseau, se tirèrent des flèches les unes sur les autres. Un chef Daylamite de l’armée de Manjoutakin s’avança en tenant dans sa main un bouclier et trois lances et se lanca dans l’eau, sous le regard des Musulmans et une cible pour les flèches et les pierres des Byzantins. Il avança dans l’eau toujours son bouclier dans une main et l’eau lui arriva jusqu’à la poitrine. Quand les Musulmans virent son exploit, ils se lancèrent après lui, pendant que les Arabes avancèrent avec leurs chevaux dans le ruisseau et les troupes réussirent à traverser le gué. Ainsi ils entrèrent dans le territoire Byzantin malgré l’interdiction de Manjoutakin et mirent en déroute leur armée qui s’enfuit. Certains d’entre eux furent abattus, d’autres capturés tandis que Bourji s’enfuit avec un petit nombre de ses soldats. Un large butin fut récupéré et les têtes de quelques milliers de leurs morts furent recueillies et envoyées en Egypte. Manjoutakin procéda alors vers Antioche, où il pilla et brûla les banlieues. Comme c’était le temps des récoltes, Lou'lou' envoya des commandos brûler toutes celles qui étaient près de Halab, dans le but de priver de nourriture et d’harceler l’armée égyptienne ce qui poussa Manjoutakin à retourner à Halab.

Quand Lou'lou' fut informé de la défaite des Byzantins et de la force de l’armée d’Égypte devant laquelle il était incapable de faire face, il écrivit à Abou al-Hassan al-Maghribi et à Qoushouri, et leur fit des promesses de leur offrir de larges sommes d’argent, suffisante pour les concilier. Il leur demanda de conseiller à Manjoutakin de se retirer à Halab pour cette année et de retourner l’année suivante en prétextant le manque de provisions et de fourrage. Ils acceptèrent ses propositions et parlèrent à Manjoutakin, qu’ils trouvèrent las de ses voyages et de ses campagnes et impatient d’aller à Damas pour ses luxes. Les trois écrivirent alors au souverain d’Egypte pour lui demander la permission de se retirer et commencèrent à le faire avant même que la lettre ne soit arrivée et la réponse envoyée. Le souverain d’Egypte apprenant cela se mit dans une grande colère et les ennemis d’Abou al-Hassan al-Maghribi profitèrent de l’occasion pour le calomnier. Il fut alors désisté et remplacé par Salih Ibn ‘Ali ar-Roudbari.

Il fit le serment qu’il réapprovisionnerait l’armée avec des produits d’Egypte et envoya 100.000 Tillis[3] en bateau à Tripoli d’où ils furent chargés sur des bêtes de transport jusqu’au fort d’Apamée (qal’at al-moudiq).

L’année suivante Manjoutakin revint à Halab, qu’il assiégea tandis que Salih Ibn ‘Ali ar-Roudbari était son lieutenant. Abou al-Fada’il, Lou'lou' et leurs hommes furent assiégés dans la ville et les provisions ne pouvaient être procurées. Lou'lou' acheta du blé pour trois dinars le Qafiz et le vendit à un dinar pour soulager les souffrances des gens. Pendant le jour, il ouvrait les portes afin que ceux qui voulaient quitter la ville à cause de la peste et de la famine puissent le faire. On conseilla à Manjoutakin de poursuivre et de tuer les fugitifs pour que d’autre ne suivent pas leur exemple et restent dans la ville pour épuiser plus rapidement les réserves mais, il rejeta ce conseil. Tandis que le siège se poursuivait, Lou'lou' envoya une nouvelle fois Malkouthah à l’empereur byzantin qui entre-temps, avait pénétré au cœur du pays bulgare, pour solliciter de l’aide. Malkouthah le rejoignit dans ces quartiers, lui remit la lettre et lui dit : «Si Halab tombe une nouvelle fois, Antioche tombera ensuite et tu auras du mal à réparer le désastre. Si tu viens en personne, tu sauveras les deux villes et le reste des provinces ».

Quand l’empereur byzantin entendit les mots de Malkouthah, il se dirigea aussitôt vers Halab qui était à 1.200 kilomètres et couvrit cette distance en vingt-six jours. Ses cavaliers conduisaient des montures fraîches et ses fantassins furent transportés sur des mulets. C’était le printemps et Manjoutakin et son lieutenant avaient envoyé leurs bêtes paître dans les prairies et l’attaque de l’empereur byzantin arriva d’une direction inattendue.

Lou'lou' à l’égard de ses devoirs de Musulman, mit en garde Manjoutakin de l’offensive byzantine. Il lui envoya le message suivant : « La majesté d’Islam dont nous sommes, toi et moi des adhérents, me contraint à t’avertir que l’empereur byzantin est en approche contre toi. Prends donc garde! » Les éclaireurs de Manjoutakin lui apportèrent des renseignements semblables. Alors, il brûla aussitôt ses magasins, ses bazars et les autres bâtiments qu’il avait érigés et s’enfuit sans retard. L’empereur arriva et s’arrêta devant la porte de Halab ou il fut rencontré par Abou al-Fada’il et Lou'lou'. Deux jours après, l’empereur partit pour Homs qu’il prit d’assaut et après l’avoir pillée et capturée, il assiégea Tripoli mais la ville résista. Il maintint le siège durant plus de quarante jours et ensuite désespéra du succès et repartit au pays byzantin.

Lorsque les nouvelles atteignirent le souverain d’Égypte, il fut énormément vexé et procéda à un appel général aux armes. Le souverain d’Égypte al-‘Aziz commença depuis l’Egypte à attaquer les Byzantins, mais il mourut peu après et fils al-Hakim lui succéda.

 

Au mois de Ramadan de l’année 386 de l’Hégire (995), il sortit de son palais accompagné par ses troupes, ses munitions, ses réserves et après avoir marché 40 kilomètres s’arrêta à Bilbays, où il établit son camp. Attaqué par différentes maladies, il désespéra de la vie et ordonna à son servant Arjouwan, que la succession revienne à son fils (du souverain d’Égypte) et que le titre d’al-Hakim lui soit attribué avant d’expirer. Arjouwan porta aussitôt allégeance à al-Hakim, puis, prit le serment d’obéissance des troupes, à qui il donna leur salaire.  Le nouveau souverain al-Hakim, alors âgé de 15 ans, prit possession du palais de son père.

Abou Muhammad al-Hassan Ibn ‘Ammar, le chef de Koutamah, qui avait le titre Amin ad-Dawlah, fut la première personne à qui on donna un tel titre dans l’empire de l’ouest, ordonna que l’argent dans les trésoreries soit distribué en salaire et en allocations si bien que même les esclaves-filles du palais, reçurent des cadeaux et furent affranchis. Ses partisans prirent le contrôle des affaires et n’eurent aucun scrupule. Ils lui conseillèrent d’exécuter al-Hakim, mais il considérait al-Hakim totalement inoffensif et sans pouvoir à cause de son jeune âge.

Pendant ce temps, Arjouwan gardait al-Hakim, et ne lui permit jamais de se soustraire à sa vue ni même de sortir ou de quitter le palais. Shoukr ‘Adoudi le rejoignit et les deux agirent de concert jusqu’à ce qu’ils aient accompli leur but.

 

Cette même année, les gens de Tyr se révoltèrent et nommèrent leur gouverneur, un marin appelé al-‘Allaqah. Moufarraj Ibn Daghfal Ibn al-Jarrah assiégeait Ramlah et harcelait le pays. À ces deux problèmes furent ajouté l’arrivée du général byzantin, le gouverneur d’Antioche, au Fort Apamée avec une grande force pour l’assiéger. Arjouwan accorda ses faveurs[4] à Jaysh Ibn Muhammad Ibn al-Samsamah et le nomma à la tête d’une grande armée qu’il envoya à Damas après l’avoir enrichit et lui avoir donné pleine autorité sur les provinces.

 

Jaysh Ibn Samsamah quitta l’Egypte et s’arrêta à Ramlah, où Wahid Hilali était le gouverneur. Ce dernier vint pacifiquement rencontrer Jaysh qui, trouva Abou Tamim dans la ville et le fit arrêter sans violence. Il chargea alors Abou ‘AbdAllah al-Houssayn Ibn Nassir ad-Dawlah de procéder à Tyr avec une armée après avoir envoyé par mer un certain nombre de vaisseaux remplis des troupes en renfort. Ainsi Tyr fut assiégée par mer et terre. Les habitants de Tyr furent incapables de résister. Al-‘Allaqah fut capturé, écorché et empalé. Al-Houssayn resta à Tyr comme gouverneur. Jaysh procéda pour attaquer Moufarraj Ibn Daghfal Ibn al-Jarrah, qui s’enfuit devant lui mais Jaysh le poursuivit et fut sur le point de la capturer. Le monde devenu trop étroit pour Moufarraj, il dut recourir au pardon et envoya à Jaysh, la plus vieille de ses femmes pour demander pour la sécurité qui lui fut accordée sous certaines conditions. Jaysh partit alors pour s’occuper de l’armée byzantine qui assiégeait le Fort Apamée. Quand il arriva à Damas, il fut accueilli par les gens dont les nobles et les chefs des jeunes, qui offrirent leur soumission et désirèrent l’accompagner.

Il fit des avances aux chefs des jeunes, leur offrit des termes généreux et déclara dans la ville qu’il ne devrait plus y avoir aucune contribution forcée et que n’importe quelle malice de Maghribi serait illégale. Le peuple se réunit pour le remercier et lui demanda d’entrer dans la ville et d’y demeurer parmi eux. Mais, il déclina et resta seulement trois jours, après lesquels il accorda d’abord des robes d’honneur aux chefs des jeunes et leur donna des présents. Puis, il partit pour Homs ou il s’arrêta et où les armées syriennes se rassemblèrent avant de procéder vers le Fort d’Apamée.

Il trouva les habitants dans une détresse douloureuse suite au siège et s’arrêta en face de l’armée byzantine dont il était séparé par le fleuve Maqloub. Un engagement s’ensuivit entre les deux armées. L’armée musulmane était composée de 10.000 hommes de divers éléments dont mille cavaliers des Banou Kilab. Le Byzantins chargèrent les Musulmans et brisèrent leur ligne de front. L’aile droite et gauche des Musulmans s’enfuirent et les Byzantins prirent possession de leurs bagages. Les Banou  Kilab revinrent et Bisharah Ikhshidi maintint fermement sa position avec cinq-cents cavaliers si bien qu’ils réussirent à récupérer la plupart des bagages. Quand les Musulmans dans le fort virent ce qui était arrivé à leurs frères, ils désespérèrent et implorèrent Dieu Tout-Puissant pour Sa clémence et Il leur répondit.

Le général byzantin se tenait sur une éminence, avec son fils devant lui et dix soldats. Il témoignait de la victoire de ses hommes et leur obtention du butin. A ce moment, un Kurde appelé Ahmad Ibn ad-Dahhak as-Salil s’approcha de lui, un javelot dans sa main droite. Le général byzantin supposa qu’il était un déserteur ou un suppliant et ne lui porta aucune attention. Quand il s’approcha, il chargea le général qui leva sa main pour se défendre mais le Kurde lança avec force son javelot qui trouva un endroit faible dans sa cuirasse, s’enfonça entre ses côtes et le général tomba à terre mort. Les Musulmans crièrent alors : « L’ennemi d’Allah a été tué ». La victoire descendit sur eux et les Byzantins s’enfuirent à leur tour, pendant que les Musulmans se ralliaient. Ceux qui étaient dans la forteresse descendirent et il y eut un grand massacre de Byzantins. Les Musulmans passèrent la nuit à se féliciter mutuellement de l’aide d’Allah et pour Ses faveurs.

Après la victoire, Jaysh Ibn Samsamah procéda vers la porte d’Antioche où il prit des prisonniers et incendia avant de revenir alors à Damas, où il fit une grande impression sur les hommes et sécurisa finalement sa position en calmant les jeune de Damas et réussit à les contrôler. 

 

 

En l’an 382 de l’Hégire (992), parvinrent des nouvelles de la descente de l’empereur byzantin sur Khilat et Arjish, qu’il captura. Cet événement provoqua une grande inquiétude. Puis, on annonça qu’une trêve de dix ans avait été conclue entre lui et Abou ‘Ali al-Hassan Ibn Marwan et qu’il avait évacué les provinces.

 

 

Durant l’année 383 de l’Hégire (993), les Daylamites se mutinèrent à cause de la nouvelle monnaie mise en circulation, des hauts prix et du retard de leur salaire. Ils pillèrent le palais du vizir Sabour, qui s’enfuit pour protéger sa vie. Ils envoyèrent un message à Baha ad-Dawlah pour lui demander de capituler ainsi que Muhammad Ibn ‘Ali le trésorier et l’inspecteur de la trésorerie. Des négociations eurent lieu entre eux jusqu’à ce qu’il leur fut promis le paiement de leurs salaires et l’amélioration de la monnaie. La mutinerie cessa alors et Sabour resta caché. Alors qu’il se dissimulait, il reçut un message lui demandant de livrer Abou al-Qassim ‘Ali Ibn Ahmad, qui lui avait été confié pour son emprisonnement et sa garde. Il obéit à l’ordre et cette personne fut transférée à la Trésorerie du Palais.

 

 

En l’an 384 de l’Hégire (994), les pèlerins d’Iraq, de Syrie et du Yémen revinrent sans avoir pu accomplir le pèlerinage car Oussayfar le chef bédouin leur défendit de traverser son territoire sans un laissez-passer. Seuls les gens d’Égypte purent accomplir le pèlerinage.

 

 

J’ai été informé qu’un certain saint rencontra un de ses amis et lui dit : « Je t’aime en Dieu ». L’autre lui répondit : « Si tu pouvais voir mes fautes, tu me détesterais en Dieu ». Le saint lui dit alors : « Mes propres fautes ne me laissent aucun répit pour considérer celle des autres. Demandons à Dieu une aide qui gardera nos membres et nos cœurs droits et qu’Il dissimulera nos fautes et nos vices ».

 

 

Durant l’année 385 de l’Hégire (995), Samsam ad-Dawlah ordonna l’exécution de tous les Turcs dans Fars. Certains d’entre eux furent exécutés à Shiraz ; d’autres s’enfuirent et semèrent la dévastation dans le pays de Fars. Samsam ad-Dawlah envoya des hommes pour les expulser de là et les Turcs se retirèrent à Kirmân, où se trouvait Abou Ja’far Oustad Hourmouz, qui les expulsa aussi. Ils furent contraints de partir pour le Sind et solliciter la permission de son gouverneur pour entrer dans le pays. Le gouverneur conçut alors un stratagème qui lui permit d’exécuter les Turcs. Il prétendit être prêt à les recevoir et marcha à leur rencontre avec ses hommes qui étaient à pied sur deux files. Il les instruisit de terrasser les Turcs quand ces derniers se trouveraient entre les deux files. Cela fut fait et seuls réussirent à s’échapper, sous l’ombre de nuit, ceux qui s’étaient laissés tomber parmi les cadavres.

 

 

En l’an 387 de l’Hégire (996), le sultan Fakhr ad-Dawlah mourut. Son fils Roustam lui succéda à la tête du gouvernement de Rayy et de ses dépendances alors qu’il était âgé de quarante ans et al-Qadir lui donna le titre de Majd ad-Dawlah (La gloire de l’État).

Ad-Dahhabi remarqua parmi les événements étranges, la mort de neuf souverains en série pendant les années 387 et 388 de l’Hégire dont parmi eux, Mansour Ibn Nouh le souverain de Transoxiane, Fakhr ad-Dawlah le prince de Rayy et des régions montagneuses et al-‘Aziz le souverain hérétique ‘oubaydi d’Egypte. Ad-Dahhabi a rapporté qu’al-‘Aziz le souverain d’Egypte mourut en 386 (995) et qu’il conquit Emèse, Hama et Alep et que la Khoutbah fut dite en son nom dans Mossoul et au Yémen. Son nom fut gravé sur la monnaie et les des étendards et qu’il fut succédé dans le gouvernement par son fils al-Mansour qui fut surnommé al-Hakim bi-Amrillah.

 

 

Durant l’année 389 de l’Hégire (998), il y eut un froid sévère accompagné de lourds nuages et d’un vent d’ouest constant. Par conséquent, des milliers de palmiers dans le Sawad de Baghdad périrent et ceux qui échappèrent restèrent flétris. Les palmiers ne récupérèrent leur luxuriance et leur nombre que plusieurs années après.

 

 

En l’an 390 de l’Hégire (999), une mine d’or fut découverte dans le Sijistan et de l’or rouge fut extrait du sol.

 

 

Au mois de Joumadah Thani de l’année 392 de l’Hégire (1001), l’Euphrate inonda le barrage Qoubin,  les champs d’Anbar et de Badourayah. L’eau qui atteignit Mouhawwal déplaça les murs des palmeraies et décolora le Sarat.

 

Le dimanche 6 du mois de Joumadah Thani, Abou Harb, l’imam de Bakran, fut empalé à la porte d’un bain dans le Souq Yahya à Baghdad, où il avait été trouvé avec Maziyah, une esclave-fille de Bakran, dans des circonstances douteuses.

 

Dans la nuit du lundi 3 du mois de Dzoul Qi’dah de cette même année, une étoile dans la constellation du Bélier, après laquelle celle du Taureau monte, brilla comme la pleine lune. Lorsque l’éclat s’éteignit, le corps navigua dans une distance (espace) d’environ un mètre avant d’exploser.

 

 

En l’an 393 de l’Hégire (1002), le gouverneur al-Aswad des Banou Hakim ordonna qu’un certain mauritanien soit exhibé dans les rues et qu’il soit crié : « Ceci est le châtiment pour celui qui a aimé Abou Bakr et Omar[5] ». Alors sa tête fut tranchée, puisse Allah Exalté lui faire miséricorde mais pas à son meurtrier et à son maître al-Hakim.

 

Cette même année, ‘Amid al-Jouyoush, le gouverneur d’Iraq, interdit aux habitants de Karkh et de Bab at-Taq de porter le deuil dans le Martyrium le 10 du mois de Mouharram et d’accrocher des bandes colorées dans les rues. Il interdit aussi aux habitants de Bab al-Basra et de Bab ash-Sha’ir de semblables performances à la mémoire de Mous’ab Ibn Zoubayr.

 

 

Durant l’année 394 de l’Hégire (1003), Baha ad-Dawlah investit Sharif Abou Ahmad al-Houssayn Ibn Moussa al-Moussawi du poste de chef Qadi, de la surintendance du pèlerinage, de la cour pour le redressement des abus et de la juridiction principale sur les descendants d’Abou Talib. Il lui écrivit de Shiraz une lettre à cet effet, mais il refusa le poste de chef Qadi.

 

 

En l’an 395 de l’Hégire (1004), al-Hakim exécuta un certain nombre des principaux hommes du Caire en les emprisonnant jusqu’à leur mort et ordonna que des écrits injuriant les Compagnons (qu’Allah soit satisfait d’eux) soient placés sur les portes des mosquées, sur les routes publiques et il ordonna à ses préfets de les injurier.

Il ordonna aussi de tuer tous les chiens, défendit l’utilisation de bière de Maloukhya, interdit la vente de poisson non pesé et exécuta un certain nombre de personnes qui continuèrent à le vendre sans pesée.

 

 

En l’an 396 de l’Hégire (1005), il ordonna aux gens du Caire et des Villes Sacrées de se lever et de s’incliner dans les rues et les endroits d’assemblage public quand le nom d’al-Hakim était mentionné.

 

 

Durant l’année 398 de l’Hégire (1007), un conflit se produisit entre les shi’a et les Sounnis à Baghdad au cours duquel le Shaykh Abou Ahmad al-Asfarayni fut pratiquement tué et les hérétiques shiites à Baghdad appelèrent : « O pour al-Hakim, O pour al-Mansour ». Al-Qadir fut enragé par ces nouvelles et envoya des gardes montés à sa porte pour assister les Sounnis et disperser les hérétiques.

 

Cette même année, al-Hakim le souverain hérétique ‘oubaydi d’Égypte fit démolir l’église de la Résurrection à Jérusalem et ordonna la destruction de toutes les églises en Egypte. Il ordonna aussi aux Chrétiens de porter à leur coup des croix de 45 centimètres et que les Juifs portent des rondins en bois d’un poids égal à celui des croix des Chrétiens soit de cinq Ratls égyptiens. Il leur ordonna aussi de porter des turbans noirs, si bien qu’un certain nombre d’entre eux embrassa les doctrines déviantes ‘oubaydi. Mais peu après, il permit la restauration des églises et des temples et ces derniers revinrent à leur foi précédente.

 

 

En l’an 399 de l’Hégire (1008), Abou ‘Amar le Qadi de Basra fut relevé et Abou al-Hassan Ibn Abi ash-Shawarib lui succéda.

 

Cette même année, la suprématie de la Maison des Omeyyades d’Andalousie sombra dans la faiblesse et leur autorité déclina.

 

 

Durant l’année 400 de l’Hégire (1009), le niveau du Tigre descendit à un niveau record jamais enregistré précédemment et le fond apparut à certain endroit ce qui n’était jamais arrivé auparavant.

 

 

En l’an 402 de l’Hégire (1011), al-Hakim interdit la vente de dates et les fit brûlées ainsi que la vente de raisins et détruisit beaucoup de vignobles.

 

 

En l’an 403 de l’Hégire (1012), mourut Baha ad-Dawlah et lui succéda en Iraq son fils Sultan ad-Dawlah.

 

 

Durant l’année 404 de l’Hégire (1013), il interdit aux femmes d’aller jour et nuit sur les routes et cela dura jusqu’à sa mort.

 

 

Le 27 du mois de Shawwal de l’année 411 de l’Hégire (1020), al-Hakim, puisse Dieu le maudire, fut tué à Houlwan, un village d’Egypte. Son fils ‘Ali lui succéda et il fut surnommé Zahir li-’Izazi Dinillah, (l’assistant dans l’’exaltation de la religion de Dieu). Durant son règne, la suprématie des hérétiques ‘oubaydi déclina et ils perdirent une grande partie de la Syrie dont Alep.

 

Cette même année, Moushrif ad-Dawlah réussit à chasser son frère Sultan ad-Dawlah d’Iraq et ce dernier, se rendit à Fars qu’il réussit à contrôler mais il devait décéder quelques années plus tard en l’an 415 de l’Hégire (1024) à Shiraz. Quant à Moushrif ad-Dawlah, il allait mourir juste après lui, en l’an 416 de l’Hégire (1025) en Iraq et son frère Jalal ad-Dawlah Ibn Baha ad-Dawlah avait prendre la succession après lui.



[1] Acres ?

[2] Qur’an : 29 ; 12.

[3] Une mesure égale à deux Qafiz. Je n’ai pas trouvé l’équivalent de ces deux mesures.

[4] Accorder ses faveurs, veut dire une reconnaissance officielle de l’état qui consiste à ennoblir un individu en lui accordant des robes d’honneurs, un titre ainsi que des richesses.

[5] Qu’Allah soit satisfait d’eux.