La révolte des Arméniens

 

Nous avons mentionné auparavant la raison pour laquelle al-Moutawakkil nomma Youssouf Ibn Muhammad gouverneur de l’Arménie. Les habitants se révoltèrent pour les raisons suivantes : Quand Youssouf Ibn Muhammad rejoignit sa préfecture administrative en Arménie un des Patricio[1] appelé Bouqrat Ibn Ashout, surnommé le chef Patricio, se révolta, il chercha à prendre le pouvoir. Youssouf Ibn Muhammad le captura, l’enchaîna et l’envoya à la porte du calife. Bouqrat et son fils se convertirent alors à l’Islam.

Il a été rapporté que lorsque Youssouf expulsa Bouqrat Ibn Ashout, le neveu de ce dernier et un certain nombre de Patricio arméniens se rallièrent contre Youssouf. La neige était tombée dans la ville où Youssouf se trouvait que l’on dit avoir été Taroun. Quand la neige s’installa, les Arméniens assiégèrent de toutes parts Youssouf et ceux qui étaient avec lui dans la ville. Youssouf sortit à la porte de la ville et lutta contre eux mais les Arméniens le tuèrent et tous ceux qui étaient avec lui. Et on a rapporté qu’il fut dit à ceux qui ne luttèrent pas, de retirer leurs vêtements et de partir nus. Beaucoup de gens se sont débarrassés de leurs vêtements et ont dû partir totalement nus et pieds nus dans la neige. La plupart d’entre eux, moururent à cause du froid, mais certains survécurent mais perdirent leurs doigts.

Quand Youssouf expulsa Bouqrat Ibn Ashout, le Patricio fit le serment de tuer Youssouf et jura de répandre son sang. Moussa Ibn Zourarah fut d’accord avec lui du fait qu’il était responsable de la fille de Bouqrat.

Sawadah Ibn ‘Abdel Hamid al-Jahhafi déconseilla à Youssouf Ibn Abi Sa’id de rester où il était et lui rapporta les nouvelles qu’il entendit concernant le Patricio. Youssouf, cependant, refusa de se laisser intimider et les Arméniens l’encerclèrent au mois de Ramadan dans la ville où il se trouvait et où la neige était tombée abondamment et aussi sur les villes de Khilat et Dabil. Auparavant, Youssouf avait divisé ses forces parmi les villages et ses forces se trouvaient donc dispersées dans chacune de ses régions. Un contingent du Patricio et leurs alliés furent envoyé contre chaque groupe qu’ils tuèrent en une seule journée. Ils encerclèrent Youssouf dans la ville pendant plusieurs jours, si bien qu’il sortit les affronter et lutta jusqu’à ce qu’il  fut tué.

Par conséquent, al-Moutawakkil envoya Bougha as-Sharabi en Arménie, pour venger Youssouf et il quitta al-Jazirah pour l’Arménie. Il s’arrêta tout d’abord à Arzan ou il attaqua Moussa Ibn Zourarah, surnommé Abou al-Hourr, qui avait des sœurs et des frères du nom d’Isma’il, Souleyman, Ahmad, ‘Issa, Muhammad et Haroun. Bougha envoya Moussa Ibn Zourarah à la porte du calife. Puis, Bougha as-Sharabi assiégea la montagne de Khouwaythiyah où habitaient la majorité des habitants de l’Arménie qui avait tué Youssouf Ibn Muhammad. Bougha lutta contre eux, les vainquit, tua environ 30.000 d’entre eux et prit beaucoup de captifs qu’il vendit en Arménie. Il entra ensuite dans le territoire d’Aghbagh et captura prisonnier Ashout Ibn Hamzah Abou al-‘Abbas, le gouverneur d’Aghbagh qui était une sous-région d’al-Bous-Fourrajan. Bougha construisit aussi la ville d’an-Nashawah avant de marcher vers la ville de Dabil en Arménie et il resta un mois, avant de repartir à Tiflis.

 

Cette même année, 300 vaisseaux byzantins commandés par Ourifas, Nikitiat et Martinakious, chacun commandant cent vaisseaux assiégèrent Damiette. Il y a entre Damiette et la côte une sorte de lac dans lequel l’eau atteint la poitrine d’un homme et quiconque le traverse est à l’abri des navires. Un groupe des gens furent capables de le traverser mais beaucoup de femmes et d’enfants périrent noyés. Ceux qui furent capables de prendre des navires s’enfuir à Fustat qui est à quatre jours de voyage de Damiette.

Quand la fête approcha, ‘Anbassah Ibn Ishhaq ad-Dabbi qui était le chef de la police de sécurité de l’Egypte, ordonna aux troupes qui étaient à Damiette de venir à Fustat pour aider à la célébrer. Ainsi, Damiette fut laissée sans troupes. Les vaisseaux byzantins arrivèrent de la direction de Shatah, où le tissu « Shafawi » est fabriqué. Cent vaisseaux Shalandiyah, chacun portant entre cinq-mille et cent hommes, assiégèrent Damiette et brûlèrent toutes les maisons et cabanes de roseau qu’ils atteignirent. Ils emmenèrent les armes qu’ils trouvèrent, environ 1.000 lances avec leur équipement, que les musulmans avaient l’intention d’expédier à Abou Hafs, le gouverneur de Crète. Ils tuèrent tous les hommes qu’ils trouvèrent, ils prirent toutes les fournitures, le mobilier, le lin, et d’autres choses qui avaient été préparées pour être envoyées en Iraq. Ils prirent environ 600 femmes coptes et musulmanes captives. Il a été rapporté que 125 d’entre elles étaient Musulmanes et le reste coptes.

Il a été rapporté qu’il y avait environ 5.000 Byzantins dans les vaisseaux Shalandiyah qui attaquèrent Damiette. Ils chargèrent leurs navires de meubles, de provisions, de femmes et brûlèrent l’entrepôt contenant les voiles de navire. Ils mirent le feu à la grande mosquée publique et aux églises de Damiette. Le nombre de femmes et d’enfants, qui essayèrent de s’enfuir et qui se noyèrent dans le lac de Damiette dépassa le nombre de captives prit par les Byzantins qui se retirèrent après leurs raid.

Il a été rapporté qu’Ibn al-Akshaf, qui avait été incarcéré dans la prison de Damiette par ‘Anbassah, brisa ses liens et sortit lutter contre les Byzantins. Un groupe d’hommes l’aida et il tua un certain nombre de Byzantins.

Après leur raid, les Byzantins procédèrent à Oushtoum près de Tinnis. Comme ils ne réussirent pas à naviguer jusqu’à Tinnis craignant de s’échouer, ils se dirigèrent vers Oushtoum, un port à un peu moins de 24 km de Tinnis. Le port d’Oushtoum était ceint d’un large mur et de deux portes en fer, qu’al-Mou’tassim avait ordonné de construire. Les Byzantins détruisirent tout cela, brûlèrent la ville avec l’aide de mangonneaux et de balistes et emmenèrent les deux portes en fer avant de retourner vers leur propre territoire sans être inquiétés.

 

 

Au moins de Mouharram 239 de l’Hégire (853), al-Moutawakkil ordonna que les Dhimmis ajoutent deux manches jaunes à leurs vêtements extérieurs. Puis, au mois de Safar, il ordonna de restreindre leur monture aux mulets et aux ânes et d’éviter de conduire et d’utiliser des chevaux.

 

Cette même année, al-Moutawakkil ordonna que les églises et les synagogues nouvellement construites sous l’Islam soient détruites.

Maintenant, certains d’entre vous pourrait arguer sur ces faits ou les critiquer. Je vous rappelle que ces événements se passaient en 239 de l’Hégire ou 853. Vous ne pouvez donc pas juger en tant que citoyen du XXIe siècle, avec les pensées des gens de votre siècle ce qui s’est passé il y a 11 siècles et si vous le faites, vous devrez aussi le faire pour vos crimes c ar si cela se passa au huitième siècle, nous voyons chaque jour dans l’actualité vos crimes odieux et barbares indignes de citoyens du vingt et unième siècle. Ne nous donnez donc pas des leçons de civilités avant de les appliquer vous-même !

À cette époque, l’Islam était fort et les Musulmans aussi. Les lois d’Allah Exalté à Lui les Louanges et la Gloire, étaient parfaitement appliquées et à la lettre et dument respectées.

En appliquant ainsi ses directives, le calife espérait donner la chance aux Chrétiens et aux Dhimmis de devenir des Musulmans et d’avoir les mêmes droits que ces derniers. S’ils étaient satisfaits de porter ces signes distinctifs c’est qu’ils étaient heureux. Après tout, valait mieux porter ces signes que de n’avoir aucun choix du tout, hormis la conversion de force, le tribunal inquisitoire et le bûcher comme ce fut le cas pour les musulmans en Andalousie ou alors les charniers comme ce fut le cas récemment en Bosnie Herzégovine ! Comme on le voit, la différence est non seulement de taille mais extrême !

Al-Moutawakkil ne fit donc que comme son prédécesseur le calife ar-Rashid en imposant ces directives. Il était nécessaire de faire apparaître la force de l’Islam et leur puissance aux yeux de leurs ennemis. En l’an 241 de l’Hégire (855), l’impératrice Théodora fit porter allégeance à son jeune enfant Michael III, surnommé as-Sakir, pour la succession et lui laissa la charge de 20.000 prisonniers musulmans. Bien qu’il existait des accords d’échange de prisonnier entre les deux nations, l’impératrice demanda aux prisonniers musulmans de faire un choix : Soit d’abdiquer leur religion et de devenir chrétien ou d’être tué. 8.000 prisonniers musulmans choisirent la conversion de peur d’être tués tandis que les 12.000 autres furent égorgés les uns après les autres parce qu’ils refusèrent de renier leur religion ou de devenir Chrétien. Tandis que jamais les Musulmans n’ont contraint quiconque à l’Islam, la religion est une question de choix personnel et nul ne peut implanter la foi de force dans le cœur d’un humain excepté leur Créateur. Vous comprenez donc pourquoi les combattants musulmans présentaient trois choix aux mécréants : la possibilité de devenir comme eux pacifiquement, de payer le tribut pour continuer à être ce qu’ils étaient tout en étant protégés par les musulmans ou le combat qui laissait la chance aux mécréants de défendre leurs arguments par la force !

Maintenant en toute âme et conscience, regardez la différence entre les directives d’al-Moutawakkil pour ses sujets non musulmans et celle de l’impératrice envers les prisonniers musulmans !

 

 

En l’an 241 de l’Hégire (855), il y eut une tempête météorique visible à Baghdad le jeudi soir 1 du mois de Joumadah Thani.

 

Cette même année, il n’y eut une épidémie qui emporta les chevaux et le bétail.

 

Toujours cette année, les Byzantins attaquèrent ‘Ayn Zarbah et ils prirent captif les zout qui s’y trouvaient avec leurs femmes, leurs enfants, leurs buffles et leurs bétails.

 

Il y eu aussi cette année, un échange de prisonnier entre les Musulmans et les Byzantins.

Il a été rapporté que Théodora, l’impératrice de Byzance, la mère de Michael, envoya un homme appelé George Ibn Cyriaque, pour échanger des Musulmans qui étaient prisonniers chez eux. Le nombre de Musulmans approchait 20.000. Al-Moutawakkil envoya un shiite du nom de Nasr Ibn al-Azhar Ibn Faraj pour déterminer le nombre exact de captifs musulmans entre les mains des Byzantins, pour procéder à leur échange au mois de Sha’ban de cette année. Nasr revint un peu après être resté quelque temps avec les Byzantins.

Il a été rapporté, qu’après le départ de Nasr, Théodora ordonna que ses prisonniers soient examinés et que la conversion au Christianisme leur soit proposée. Ceux qui se convertiraient seraient égaux aux autres et ceux qui refuseraient devaient être tués. Par conséquent, 12.000 prisonniers furent tués. D’autres ont rapporté que ce fut Thaouktistous qui les exécuta sans que l’impératrice l’ait ordonnée.

Les gouverneurs des villes de frontière de la Syrie et d’al-Jazirah reçurent une lettre d’al-Moutawakkil les informant que des négociations étaient survenues entre Shounayf al-Khadim et George, l’émissaire de l’impératrice byzantine, concernant l’échange de prisonnier et qu’un accord était parvenu entre eux. Ce George avait demandé un armistice entre le 5 Rajab jusqu’au 22 Shawwal de cette année, pour rassembler les prisonniers et pour permettre aux Byzantins d’arriver au lieu de l’échange. Cette lettre arriva le mercredi, 5 Rajab et l’échange de prisonnier eut lieu le jour de la rupture du jeune, le 1 du mois de Shawwal de cette même année.

George, l’émissaire de l’impératrice byzantine, partit pour la région des villes frontières le samedi 22 du mois de Rajab avec soixante-dix mulets. Abou Qahtabah al-Maghribi at-Tourtoussi s’arrangea avec lui pour que les Musulmans puissent observer la rupture du jeune. Une cinquantaine de Patricio et de pages appartenant à George vinrent avec lui

 

Shounayf al-Khadim partit pour l’échange de prisonnier au milieu de Sha’ban avec cent cavaliers, trente Turcs, trente Magharibah et quarante cavaliers Shakiriyah. Ja’far Ibn ‘Abdel Wahid, qui était le juge en chef, demanda l’autorisation d’assister à l’échange de prisonnier et que quelqu’un soit envoyé pour le remplacer. La permission lui fut accordée et 150.000 dirhams lui furent alloués comme subventions et 60.000 autres des attributions de service. Ibn Abi ash-Shawarib, qui était alors un jeune homme, fut envoyé pour le remplacer. Un groupe de leader de Baghdad et Ja’far partirent à la rencontre de Shounayf.

L’échange de prisonniers eu lieu dans le territoire byzantin, sur le fleuve Lamos, le dimanche 12 du mois de Shawwal de l’année 241 de l’Hégire (855). Le nombre de prisonniers musulmans était de 78 hommes et de 125 femmes, le reste ayant été précédemment massacrés.

 

Cette même année, les Boujah[2] attaquèrent des gardes militaires de l’Egypte et al-Moutawakkil dépêcha contre eux Muhammad Ibn ‘AbdAllah al-Qoummi pour leur faire la guerre.

 

 

La guerre contre les Boujah

 

Il a été rapporté que les Boujah n’ont pas attaqué les Musulmans et que les Musulmans ne les ont pas non plus attaqués à cause de l’armistice de longue date qu’il il y avait entre eux. Ils étaient originaire des Habash (des Abyssiniens), de l’ouest. Parmi les peuples noirs de l’ouest, il y avait les  Boujah, les Noubah, les gens de Ghanah, d’autre encore et ceux d’al-Khams. Il y avait des mines d’or dans le territoire du Boujah et ceux qui y travaillaient étaient liés par serment. Les Boujah livraient annuellement de leurs mines 400 Mithqals[3] de minerai d’or aux agents du gouvernement égyptiens. Lorsqu’al-Moutawakkil devint calife, les Boujah arrêtèrent de livrer cette taxe plusieurs années consécutives. Al-Moutawakkil désigna un de ses domestiques Ya’qoub Ibn Ibrahim al-Badghissi, le Mawlah d’al-Hadissour, responsable du service postal et des renseignements en Égypte qui était surnommé Qawsarah. Al-Moutawakkil lui assigna le service de renseignements du Caire, d’Alexandrie, de Barqah et des provinces du Maghreb

Ya’qoub Ibn Ibrahim informa al-Moutawakkil que les Boujah avaient rompu le traité entre eux et les Musulmans, qu’ils avaient traversé leur territoire jusqu’aux frontières de l’Égypte ou ils avaient tué un certain nombre de Musulmans qui travaillaient dans les mines pour extraire les pépites d’or et les pierres précieuses et avaient pris un certain nombre d’enfants musulmans captifs et de femmes. Les Boujah avait prétendu que les mines leur appartenaient, qu’elles étaient dans leur territoire et qu’ils n’autorisaient pas les Musulmans à y entrer. Cela inquiéta tous les Musulmans engagés dans les mines qu’ils abandonnèrent, craignant pour leur vie, celle de leurs femmes et de leurs enfants. L’évaluation d’un cinquième de l’or, de l’argent et des pierres précieuses excavé des mines et prélevé pour le gouvernement central cessa ainsi.

Al-Moutawakkil fut fortement contrarié et beaucoup ennuyé. Il chercha à en savoir plus sur les Boujah et sur les circonstances de l’incident. Il fut donc informé comme suit : les Boujah  étaient des bergers nomades. L’accès à leur territoire, une position fortifiée par le désert, était difficile et inaccessible aux troupes qui devraient marcher un mois à travers un pays stérile, de végétation clairsemée, rocheux, sans eau et sans pâturage. N’importe quel représentant gouvernemental qui était entré dans le territoire des Boujah avait dut prendre ses propres provisions ainsi que pour sa monture jusqu’à ce qu’il soit revenu en terre d’Islam. Plus la durée de son séjour était longue et plus les difficultés nombreuses et il risquait, ainsi que tous ses camarades, de périr. Les Boujah seraient vainqueurs sans même avoir besoin de combattre et leurs revenus ne diminuaient en rien les ressources gouvernementales.

Al-Moutawakkil se retint donc de dépêcher quelqu’un contre eux. Mais la situation se dégrada et l’audace des Boujah contre les Musulmans s’intensifia au point que les habitants de l’Egypte Supérieure craignirent pour leurs vies et pour leurs enfants. Par conséquent, al-Moutawakkil nomma Muhammad Ibn ‘AbdAllah al-Qoummi, et le chargea de mener la guerre contre eux et le nomma aussi chef de la police de sécurité pour les sous-régions de Qift, Aqsour, Isnah, Armante et Ouswan.

Al-Moutawakkil lui ordonna de combattre les Boujah et de correspondre avec ‘Anbassah Ibn Ishaq ad-Dabbi, l’officier responsable des forces de sécurité égyptiennes. Al-Moutawakkil écrivit aussi à ‘Anbassah, et lui ordonna de fournir à Muhammad toutes les troupes régulières requises et les Shakiriyah[4] postés en Egypte. Ainsi ‘Anbassah annula le prétexte que Muhammad manquait de forces.

Muhammad Ibn ‘AbdAllah parti pour la terre des Boujah et tous ceux qui avaient été employés dans les mines ainsi qu’un grand nombre de volontaires le rejoignit. Environ 20.000 hommes l’accompagnèrent, incluant des cavaliers et une infanterie. Il envoya à al-Qoulzoum sur sept bateaux chargés de la farine, de l’huile d’olive, des dates, du Sawiq et de l’orge, en ordonnant à un contingent de ses hommes de manœuvrer les bateaux pour accoster près du territoire des Boujah.

Muhammad Ibn ‘AbdAllah al-Qoummi marcha sur le territoire des Boujah jusqu’à ce qu’il traversa les mines, où l’or était extrait et parvint devant leur forteresses et citadelles. Leur roi du nom de ‘Ali Baba et celui de son fils La’is, rencontra Muhammad Ibn ‘AbdAllah al-Qoummi avec une immense armée montée sur des chameaux et armés de lances, dépassant largement en nombre celle d’al-Qoummi. Leurs chameaux étaient de noble pedigree comme ceux de Mahrah. Les deux côtés s’affrontèrent des jours successifs sous forme d’escarmouche sans vraiment se livrer de bataille. Le roi Boujah entrepris d’harceler al-Qoummi, pour prolonger le temps de son séjour et épuiser ainsi ses réserves de provisions et de fourrage. Ainsi il perdrait ses forces et mourrait d’épuisement et les Boujah pourrait le battre alors facilement.

Alors que le souverain des Boujah pensait que les réserves des musulmans étaient épuisées, les sept vaisseaux qu’al-Qoummi avait envoyés par mer accostèrent sur la côte près d’un endroit du nom de Sanjah. Al-Qoummi dépêcha un groupe de ses hommes pour protéger les vaisseaux des Boujah et il partagea les provisions des navires parmi ses hommes, afin qu’ils aient des réserves de fourrage adéquates.

Voyant cela, ‘Ali Baba, le chef Boujah, continua à se battre avec les Musulmans, en rassemblant des troupes contre eux. Les deux côtés s’affrontèrent et luttèrent férocement. Les chameaux sur lesquels les Boujah luttaient étaient inexpérimentés et avaient tendance à s’effrayer et à s’inquiéter pour tout. Remarquant cela, al-Qoummi rassembla toutes les cloches de chevaux et de chameaux disponibles et les attacha autour des coups des montures. Puis, il attaqua les Boujah, en effrayant leurs chameaux avec le bruit des cloches. Le résultat fut considérable et il les dispersa au-delà des montagnes et des vallées, et les forces des Boujah volèrent en éclats. Al-Qoummi et ses hommes les poursuivirent et les saisirent, morts ou vivants, jusqu’à l’arrivée de la nuit. Al-Qoummi revint alors dans son camp et ne put dénombrer les morts tant ils étaient nombreux.

Quand le matin arriva matin, al-Qoummi, découvrit que les Boujah avait rassemblé un contingent d’infanterie et avait procédé vers un endroit où ils pensaient être à l’abri de sa poursuite. Mais al-Qoummi les attaqua durant la nuit avec sa cavalerie. Leur roi s’enfuit en prenant sa couronne et des affaires personnelles. ‘Ali Baba demanda par la suite la sécurité pour revenir dans son royaume et son territoire. Al-Qoummi le lui accorda et ‘Ali Baba lui paya alors le tribut des quatre années qu’il avait différé à raison de 400 Mithqals par an.

‘Ali Baba nomma son fils La’is sur son royaume est parti avec al-Qoummi pour la Porte d’al-Moutawakkil ou il arriva à la fin de l’année 241 de l’Hégire (855). Le calife revêtit ‘Ali Baba d’une robe de soie doublée de brocart, d’un turban noir et couvrit son chameau d’une selle brodée et de brocart.

À la Porte Publique Bab al-‘Ammah, un groupe d’environ soixante-dix pages de Boujah, furent postés sur des chameaux sellés, portant au bout de leurs lances, les têtes de leurs guerriers qui avaient été tués par al-Qoummi.

Al-Moutawakkil congédia Al-Qoummi le jour de la fête du Sacrifice et nomma Sa’d al-Khadim al-Itakhi gouverneur sur les Boujah et responsable de la route entre La Mecque et l’Egypte. Et Sa’d délégua le poste à Muhammad Ibn ‘AbdAllah al-Qoummi. Al-Qoummi partit avec ‘Ali Baba, qui resta fidèle à sa religion. Un rapporteur a dit qu’il vit ‘Ali Baba se prosterner devant une idole en pierre qui avait la forme d’un jeune garçon.

 

 

En l’an 242 de l’Hégire (856), il y eut d’énormes tremblements de terre à Qoumis et dans les villages environnants au mois de Sha’ban. Les maisons furent détruites et beaucoup de personnes moururent quand les murs s’effondrèrent sur eux. Il a été rapporté que 45.096 personnes recensées trouvèrent la mort. Le plus grand effet dévastateur des tremblements de terre eut lieu à Damaghan. Il a été rapporté qu’il y eut aussi des tremblements de terre et des bruits de chocs à Fars, au Khorasan, en Syrie et même au Yémen, où il y eut aussi une éclipse lunaire.

 

Cette année, les Byzantins avancèrent de la région de Samoussata, suite à l’expédition d’été de ‘Ali Ibn Yahya al-Armani, qui alla aussi loin qu’Amid. Les Byzantins avancèrent vers les villes frontières d’al-Jazirah ou ils pillèrent un certain nombre de villages, et prirent captifs environ 10.000 hommes. Ils arrivèrent de la direction de Tafrik, un village de Karbias, avant de revenir dans leur territoire. ‘Omar Ibn ‘AbdAllah al-Aqta’ et un contingent de volontaires les poursuivirent mais ne purent les rattraper. ‘Omar écrivit à ‘Ali Ibn Yahya pour lui demander l’autorisation de mener une expédition d’hiver dans leur territoire.

 

Durant cette année, al-Moutawakkil tua ‘Outarid, un chrétien convertit à l’Islam qui était resté Musulman pendant plusieurs années avant d’apostasier. On lui demanda de se rétracter, mais il refusa de revenir à l’Islam. Il fut exécuté le 2 du mois de Shawwal à la Porte Publique.

 

 

En l’an 244 de l’Hégire (858), al-Moutawakkil dépêcha au mois de Rabi’ Thani, Bougha de Damas pour attaquer les Byzantins. Bougha entreprit l’expédition d’été et conquit Samalouh.

 

Cette année, une lance ayant appartenu au Prophète (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui), appelé al-‘Anazah, fut rapportée à al-Moutawakkil. On a rapporté qu’elle avait appartenu au Najashi, le roi d’Abyssinie, qui l’a donna à az-Zoubayr Ibn al-‘Awwam (qu’Allah soit satisfait de lui). Az-Zoubayr l’a donna au Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et elle était restée en possession des muezzins[5]. Quelqu’un marcha avec la lance devant le Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) à l’occasion de deux fêtes[6]. Puis, elle fut plantée devant lui dans la cour et les gens prièrent vers elle[7]. Al-Moutawakkil ordonna qu’elle soit portée devant lui. Le chef de la police de sécurité la portait devant le calife et le sous-chef de la police de sécurité portait sa lance.

 

 

En l’an 245 de l’Hégire (859), eut un tremblement de terre au Maghreb qui détruisit des forteresses, des résidences et des ponts. Al-Moutawakkil ordonna que trois millions de dirhams soit distribué à ceux dont les résidences furent détruites. Les villes de ‘Askar al-Mahdi à Baghdad aussi bien qu’al-Mada'in furent aussi secouées d’un tremblement de terre cette année.

 

Durant cette année, le souverain byzantin envoya des prisonniers musulmans et demanda un échange de prisonnier pour ceux qui l’étaient encore par un émissaire du nom de Trifilious. Il était accompagné par soixante-dix-sept prisonniers musulmans que Michael Ibn Théophile, le souverain byzantin, présenta à al-Moutawakkil le 24 du mois de Safar de cette année. Il résida avec Shounayf al-Khadim. Alors al-Moutawakkil dépêcha Nasr Ibn al-Azhar ash-Shi’i avec l’émissaire du souverain byzantin. Il se mit en route durant cette année, mais l’échange de prisonnier n’eut lieu qu’en 246 (860).

 

Il a été rapporté qu’au mois de Shawwal, il y eut un tremblement de terre à Antioche qui tua  beaucoup de personnes. Mille-cinq-cents maisons et environ quatre-vingt-dix tours le long de ses murs d’enceintes (de la ville) s’effondrèrent par conséquent. Des bruits indescriptibles et épouvantables émanèrent des résidences détruites. Les habitants d’Antioche s’enfuirent au désert. Une partie du Mont al-Aqra' trembla, s’effondra et tomba dans la mer. La mer était orageuse ce jour et des vapeurs noires, glauques, et putrides remontèrent. Le fleuve dans Antioche disparu  sur une distance de six kilomètres et nul ne sut quand il disparut.

 

Il a aussi été rapporté cette année, que les habitants de Tinnis en Egypte ont entendu une clameur continue, épouvantable, qui tua beaucoup de personnes.

 

Toujours en l’an 245 de l’Hégire (859), il y eut un tremblement de terre à Balis, ar-Raqqah, Harran, Ras ‘Ayn, Homs, Damas, Edesse, Tarse, Adana et le long des côtes de la Syrie. Laodice fut aussi secouée et pas une résidence ne resta debout. Seule une poignée d’habitants survécurent. Jabalah et ses habitants périrent.

 

Cette même année, le niveau de Moushash, la source d’eau de La Mecque, déclina, si bien que le prix d’une outre d’eau atteignit quatre-vingts dirhams. La mère d’al-Moutawakkil envoya des fonds qui furent employée pour la source.

 

Cette année, les Byzantins attaquèrent Samoussata, ou ils tuèrent et prirent captives 500 personnes. ‘Ali Ibn Yahya al-Armani mena l’expédition d’été contre eux.

 

 

En l’an 246 de l’Hégire (860), il y eut l’expédition d’été de ‘Omar Ibn ‘AbdAllah al-Aqta’. Il rapporta 7.000 têtes de bétail. Il y eut aussi le raid de Karbias, qui rapporta 5.000 têtes de bétail. Et ensuite, il y eut le raid d’al-Fadl Ibn Qarin qui conquit la forteresse d’Antalya, en voyageant à bord de vingt bateaux. Puis, le raid de Balkajour qui rapporta du bétail et des captifs. Finalement, il y eut l’expédition d’été de ‘Ali Ibn Yahya al-Armani qui ramena 5.000 têtes de bétail et environ 10.000 chevaux, juments et ânes.

 

Cette année, il y eut un échange de prisonnier au mois de Safar organisé par ‘Ali Ibn Yahya al-Armani. Deux-mille-trois-cent-soixante-sept personnes furent échangées. Certaines autorités disent que l’échange de prisonnier cette année eut lieu au mois de Joumadah Awwal.

 

Cette année, les habitants de Baghdad eurent de la pluie durant vingt et un jours au mois de Sha’ban et de Ramadan. Il plut tellement que l’herbe poussa sur les toits des maisons.

 

Toujours cette année, il a été rapporté qu’il plut du sang pur dans le voisinage de la région de Balkh appartenant au dihqans.

 

Toujours cette même année, les habitants de Samarra ont observé le jour du Sacrifice (10 Dzoul Hijjah) le lundi, sur la base de la vue de la nouvelle lune et les habitants de La Mecque l’ont observé le mardi.

 

 

En l’an 247 de l’Hégire (861), Muhammad Ibn ‘AbdAllah Ibn Tahir vint à Baghdad, après avoir quitté La Mecque au mois de Safar. Il se plaignit d’avoir été dérangé par le désaccord concernant le jour du Sacrifice. Al-Moutawakkil ordonna donc qu’une sacoche de courrier jaune, utilisée pour le courrier officiel, devait être délivrée de la Porte du Palais Gouvernemental, à l’observation de la nouvelle lune de Dzoul Hijjah, aux pèlerins et vis-et-versa. Il ordonna aussi que de la cire et du naphte soit utilisée au lieu de l’huile d’olive pour la station de pèlerinage à Mouzdalifah et d’autres lieux du pèlerinage (certainement pour l’éclairage).



[1] Commandant ou noble.

[2] Tribus nomades qui vivaient entre le Nil et la Mer Rouge qui étaient soumis aux Musulmans par traités, mais différaient périodiquement le paiement du tribut et razziaient régulièrement les Musulmans.

[3] Mithqal : Une unité de masse égale à 4,25 grammes et principalement utilisé pour les métaux précieux. Le dinar d’or est égal à un Mithqal.

[4] Corps d’élite ou gardes du corps des souverains. Les Shakiriyyah d’origine turque.

[5] Chargé de l’appel à la prière.

[6] ‘Id.

[7] La lance fut plantée en direction de la Ka’bah et servit de Soutra au Messager d’Allah (Saluts et Bénédictions d’Allah sur lui) et aux Musulmans.