La campagne d’al-Mou’tassim contre ‘Amouriyyah

 

Cette même année, al-Mou’tassim partit avec une expédition militaire dans les terres Byzantines. On a rapporté, qu’il partit de Samarra en l’an 224 de l’Hégire (838), d’autres disent en 222 (836) après la mort de Babak.

Il a été rapporté qu’il s’équipa d’une manière qu’aucun calife précédant ne fit en ce qui concerne les armes, et une logistique militaire impressionnante pour pourvoir à tous les besoins de l’armée quel qu’il soit pour une très longue période. Il donna le commandement de son avant-garde à Ashnas, suivi par Muhammad Ibn Ibrahim, puis par Aytakh commandant l’aile droite, Ja’far Ibn Dinar Ibn ‘AbdAllah al-Khayyat l’aile gauche et ‘Oujayf Ibn ‘Anbassah commandant le centre. Quand il entra dans les terres byzantines, il établit le camp sur la rive du fleuve de Lamas, à Salouqiyah, près de la mer, à un jour de voyage de Tarse, à l’endroit où se tenait habituellement les échanges de prisonniers entre les Musulmans et les Byzantins.

Al-Mou’tassim envoya al-Afshin Khaydar Ibn Kawous à Sarouj et lui ordonna d’entrer dans le territoire byzantin par le défilé d’al-Hadath à une date prédéterminée. Il assigna aussi un jour de départ pour sa propre armée et celle d’Ashnas, laissant, entre ce jour et celui de l’entrée d’al-Afshin dans le territoire byzantin, une durée de temps nécessaire pour leur permettre d’accomplir le voyage entre les deux distances et permettre aux armées de se retrouver en même temps dans un endroit, à savoir Anqirah[1]. Il organisa soigneusement l’attaque sur Anqirah de telle manière qu’Allah Exalté la conquit pour lui et il put ainsi procéder contre Amouriyyah, puisqu’il n’y avait rien de plus grand dans les terres byzantines que ces deux villes sur lesquelles il avait fixé ses intentions et son but.

 

Al-Mou’tassim ordonna à Ashnas d’entrer par le défilé de Tarse et de l’attendre à as-Safsaf. Ashnas se mis en route le mercredi 22 du mois de Rajab et après son départ, al-Mou’tassim envoya Wassif, le commandant de sa propre avant-garde, en avant. Et, le calife al-Mou’tassim, à son tour, se mit en marche le vendredi 24 du mois de Rajab. Quand Ashnas atteignit Marj al-Ousqouf, il reçut une lettre d’al-Mou’tassim, envoyée d’al-Matamir, l’informant que le roi byzantin était devant lui espérant que les forces musulmanes traverseraient le Lamas (le Halys[2]) et qu’il (al-Mou’tassim) prendrait position à l’endroit passant près du gué pour tomber sur lui à l’improviste et lui (à Ashnas) ordonnait par conséquence de rester à Marj al-Ousqouf. Ja’far Ibn Dinar était responsable de l’arrière-garde d’al-Mou’tassim et ce dernier informa Ashnas, dans sa lettre, qu’il attendait l’arrivée de l’arrière garde parce que les bagages, les balistes, les catapultes, la logistique lourde de guerre et les provisions s’y trouvaient. L’arrière-garde était en fait encore dans le défilé étroit et n’avait pas encore émergée, donc il ordonna à Ashnas de rester jusqu’à ce que le commandant de l’arrière-garde et les troupes l’accompagnant soit passés en toute sécurité et qu’ensuite, il pourrait marcher vers le territoire byzantin.

Ashnas attendit à Marj al-Ousqouf trois jours jusqu’à ce qu’une autre lettre d’al-Mou’tassim soit arrivée, lui ordonnant d’envoyer un de ses commandants dans une incursion nocturne pour capturer un byzantin qu’il pourrait questionner sur les plans du souverain byzantin et de ceux qui l’accompagnaient. Alors, Ashnas envoya ‘Amr al-Farghani avec un détachement de cavaliers et ils voyagèrent toute la nuit jusqu’à ce qu’il parvienne à la forteresse de Qourrah. De là, il partit à la recherche d’un homme qui pourrait se trouver à l’extérieur de la forteresse mais ils n’en trouvèrent pas. Le commandant de Qourrah conscient de leur présence, sortit ainsi avec toute la cavalerie qui était avec lui dans la forteresse et se dissimula en embuscade dans la montagne qui se trouvait entre Qourrah et Dourrah, une grande montagne au flanc d’une province rurale du nom de Roustaq al-Qourrah.

‘Amr al-Farghani qui se rendit compte que le commandant de Qourrah s’était aperçu de sa présence procéda vers Dourrah ou y il se dissimula pour la nuit. Quand les premières lueurs d’aube apparurent, il envoya trois escadrons de ses forces et leur ordonna de partir rapidement et de lui ramener un captif qui pourrait les informer sur le roi byzantin. Il s’arrangea avec eux à l’avance pour le rencontrer avec le captif, à un certain endroit que les guides connaissaient et dont il envoya deux d’entre eux avec chaque escadron. Ils partirent aussitôt et se séparèrent chacun prenant une direction différente. Ils capturèrent un certain nombre de prisonniers byzantins dont certains faisant parti de l’armée du roi et d’autre des gardes-frontières. ‘Amr choisit un des captifs byzantins, un cavalier de Qourrah, et le questionna sur l’intention des byzantins. L’homme lui dit que le roi et son armée étaient près de lui, de l’autre côté du Lamas, quatre Farsakh (20 km) plus loin et que le commandant de Qourrah s’était rendu compte de leur présence durant la nuit et était allé se poster en embuscade dans la montagne au-dessus d’eux. ‘Amr resta dans l’endroit où il s’était arrangé pour rencontrer ses troupes et ordonna aux guides qui étaient avec lui de se disperser dans les sommets des montagnes avoisinantes et de trouver des passages sécurisés pour les escadrons qu’il avait envoyés, craignant que le commandant de Qourrah tombe sur l’un d’entre eux. Les guides les virent et leur firent des signes pour les informer des nouveaux ordres et ils rencontrèrent ‘Amr dans un endroit différent de celui dont ils avaient convenu. Ils s’arrêtèrent un bref moment avant de rejoindre l’armée principale ayant pris un certain nombre de prisonniers de l’armée du roi byzantin avec eux.

Lorsqu’ils retrouvèrent Ashnas, il leur demanda ce qui était arrivé. Ils l’informèrent que depuis plus de trente jours le roi se trouvait dans un lieu attendant la traversée, de l’autre côté du fleuve, d’al-Mou’tassim et de son avant-garde, afin qu’il puisse tomber sur eux. Ils lui dirent aussi que le roi avait été récemment informé qu’une armée vigoureuse venant d’al-Arminiyaq (d’Arménie) avait pénétré profondément dans le pays (les troupes d’al-Afshin et de ceux qui partirent à sa suite). Le roi des Byzantins avait ordonné en conséquence à un de ses propres parents, le fils de son oncle maternel, de prendre la lieutenance de son armée et était parti en avant avec un détachement de son armée pour rencontrer al-Afshin.

Lorsqu’il entendit toutes les informations, Ashnas envoya l’homme qui lui avait donné ces renseignements à al-Mou’tassim qui les lui répéta. Sur ce, al-Mou’tassim envoya un groupe de guides de son armée et garanti à chacun d’entre eux 10.000 dirhams s’ils délivraient sa lettre à al-Afshin. Dans cette lettre, le commandant des croyants, informa al-Afshin qu’il allait rester et resterait ou il était de peur d’une éventuelle attaque du roi des Byzantins. Il écrivit aussi une lettre à Ashnas, en lui ordonnant d’envoyer de ses propres ressources, un messager parmi ses guides montagnards qui connaissaient les pistes des montagnes pour éviter les Byzantins ; et il garantit à chacun d’entre eux 10.000 dirhams s’ils livraient la lettre. Il lui écrivit aussi dans cette même lettre que le roi des Byzantins avançait vers lui, et qu’il pouvait rester il se trouvait jusqu’à ce qu’ils reçoivent une nouvelle lettre avec de nouvelles directives du commandant des croyants. Les messagers partirent à la poursuite d’al-Afshin, mais aucun d’entre eux ne fut capable de le rattraper parce qu’il était déjà entré dans les terres byzantines et beaucoup plus profondément qu’il n’était supposé.

Les bagages et l’équipement d’al-Mou’tassim finirent par arriver au camp avec le commandant et les troupes de l’arrière-garde. Al-Mou’tassim écrivit de nouveaux à Ashnas et lui ordonna d’avancer, ce qu’il fit, tandis qu’al-Mou’tassim à une station derrière lui, s’arrêta pour camper. Un groupe s’arrêtait pour camper tandis que l’autre avançait et vice versa, mais il ne reçut aucune nouvelle d’al-Afshin jusqu’à ce qu’ils soient seulement à trois stations d’Ancyre.

L’armée d’al-Mou’tassim fut réduite à une détresse extrême à cause du manque d’eau et du fourrage. Au cours de sa marche Ashnas captura un certain nombre de prisonniers, dont il ordonna l’exécution jusqu’à ce que seul un homme âgé soit resté. L’homme âgé dit : « Quel bénéfice tireras-tu en me tuant, quand tu es dans cette condition précaire et que tes troupes souffrent du manque d’eau et de provisions ? Il y a actuellement dans ce voisinage un groupe des gens qui ont fui Anqirah de peur que le roi des Arabes ne descende sur eux. Ils sont près de nous et ils ont avec eux une quantité considérable de grain, de nourriture et d’orge. Envoie un détachement d’hommes avec moi pour que je puisse leur livrer ce groupe et libère moi ! »

Le héraut d’Ashnas proclama : « Quiconque se sent fort et prêt pour l’action, qu’il se présente ». Et le vieil homme parti avec environ 500 cavaliers. Ashnas sortit avec eux en galopant jusqu’à ce qu’il parvienne à peu près deux kilomètres du camp de l’armée ou il s’arrêta. Alors, il se retourna pour regarder ses troupes derrière lui et ceux qui ne pouvaient tenir l’allure à cause de l’insuffisance de leurs montures furent renvoyés au camp. Alors, il livra l’homme capturé à Malik Ibn Kaydar et lui dit : « Quand cet individu te montrera des captifs et des larges provisions, libère-le en fonction de ce que tu auras pris ».

 

L’homme âgé voyagea avec eux jusqu’à l’heure de la prière du soir ou il les mena à une luxuriante vallée avec une rivière. Les troupes laissèrent leur monture pâturer jusqu’à ce qu’elles fussent satisfaites tandis que les soldats prenaient leur repas et se désaltérèrent. Alors ils repartirent jusqu’à ce qu’ils arrivent dans une autre luxuriante vallée. Ashnas quant à lui, leva son campement et avança rapidement en direction d’Anqirah où il avait donné rendez-vous à Malik Ibn Kaydar et les guides qui l’accompagnaient. Le vieil indigène les fit marcher le reste de la nuit, en les faisant tourner autour d’une une montagne, mais en delà si bien que les guides se plaignirent à Malik Ibn Kaydar et lui dire : « Cet homme nous mène en bateau ». Malik le questionna concernant les accusations des gardes et il répondit : « Ils ont dit la vérité. Le groupe de gens que je cherche est à l’extérieur des limites de la montagne, mais j’ai peur de quitter la montagne la nuit, de peur qu’ils n’entendent le bruit des sabots des chevaux sur les roches et prennent la fuite. Si nous quittons maintenant la montagne et ne voyons personne là, tu me tueras c’est pourquoi je vous fais tourner autour de cette montagne jusqu’à l’aube et ensuite, quand ce sera le matin, nous avancerons vers eux et je vous les montrerai, pour éviter d’être tué par vous ».

Malik lui dit : « Malheur à toi ! Cherche un endroit sur cette montagne, pour que nous puissions nous reposer ». L’homme âgé répondit : « Fait comme bon te semble ». Malik et les troupes s’arrêtèrent jusqu’à l’arrivée de l’aube. Quand l’aube apparut, l’homme âgé lui dit : « Envoie deux hommes pour grimper cette montagne pour voir qui s’y trouve et les capturer ». Quatre cavaliers grimpèrent et capturèrent un homme et une femme qu’ils rencontrèrent. Le vieil homme les questionna et ils lui donnèrent la position où les gens d’Anqirah avait passé la nuit ». Alors l’homme âgé dit à Malik : « Libère les car je leur ai promis la sécurité s’ils nous guident » et Malik les libéra. Alors l’habitant local parti avec les troupes de Malik à l’endroit désigné par les deux captifs qui les mena au-dessus du camp des gens d’Anqirah. Quand les gens d’Anqirah virent les troupes musulmanes, ils avertirent leur femme et leurs enfants qui allèrent se réfugier tandis qu’eux-mêmes attendirent les troupes musulmanes avec les lances, puisqu’il n’y avait pas assez d’espace pour lutter avec des pierres ou utiliser la cavalerie. Les troupes musulmanes saisirent un certain nombre de captifs parmi eux qui avaient des vieilles blessures. Après avoir questionné ces captifs sur leurs blessures, ils dirent : « Nous étions dans la bataille du roi contre al-Afshin ». Et ils leur racontèrent l’histoire.

Ils leur dirent que le roi avait été établi son camp à quatre Farsakhs du Lamas quand un messager vint l’informer qu’une armée formidable était entrée dans le voisinage d’al-Arminiyaq. Il avait nommé donc un lieutenant de sa propre famille sur ses forces et lui avait ordonné de partir au rapidement pour l’arrêter et l’instruisit : Si l’avant-garde du roi des Arabes (l’armée d’al-Mou’tassim) devait passer par toi, attaque-le pour que je puisse (l’empereur byzantin) aller en avant et attaquer l’armée qui est entrée dans al-Arminiyaq (l’armée d’al-Afshin).

Le chef des troupes byzantines capturé avec les réfugiés d’Anqirah dit : « Oui, c’est vrai. J’étais l’un d’entre ceux qui allèrent avec le roi ; nous les avons attaqués au moment de la prière de l’aube et les avons vaincus et tué tous leurs fantassins. Alors nos propres troupes se séparèrent en groupes pour les poursuivre (les troupes musulmanes fuyantes), mais à midi leur cavalerie est revenue et nous a engagés dans une féroce bataille jusqu’à ce qu’ils aient pulvérisé nos rangs et que nous sommes devenus emmêlés. Nous ne savions pas dans quel l’escadron était le roi. Nous avons continué de cette manière jusqu’au moment de la prière de l’après-midi et après nous sommes revenus à l’endroit où l’armée du roi se trouvait précédemment, pour ne trouver personne. Nous sommes donc retournés à l’endroit du camp précédent derrière le Lamas. Là nous constatâmes que l’armée du roi s’était mutinée et que les troupes avaient abandonné le parent du roi, qu’il avait été nommé lieutenant sur l’armée. Nous sommes restés là jusqu’à la nuit suivante et au matin, le roi nous a rencontrés avec un petit contingent de troupes. Il constata que son armée avait été pulvérisée et arrêta son lieutenant qu’il exécuta. Il écrivit aussi aux villes et aux forteresses que, s’ils interceptaient un déserteur de l’armée royale, ils devaient le fouetter et le renvoyer vers un endroit que le roi leur désigna, en face du camp du roi des Arabes vers lequel il se dirigea lui-même. Il envoya un de ses domestiques à Anqirah, avec les instructions d’y rester et d’y protéger la population locale dans le cas où le roi des Arabes devait y descendre ».

Le captif continua : « Son domestique partit à Anqirah et nous avec lui, mais les gens d’Anqirah avaient déjà quitté la ville la laissant vide et avaient fuis. Le domestique écrivit au roi pour l’informer et le roi lui répondit et lui ordonna de partir pour ‘Amouriyyah. Quant à moi j’ai demandé où se trouvaient les gens de la ville et ils m’ont répondu qu’ils étaient ici et je les ai rattrapé et me suis joint à  eux ».

Après l’avoir écouté, Malik Ibn Kaydar dit à ses soldats : « Laissez-les tous ici et prenez juste ce que vous avez besoin ». Par conséquent, les troupes abandonnèrent les captifs et retournèrent vers le camp d’Ashnas conduisant avec eux un grand nombre de moutons, de chèvre et de bétail. Malik libéra l’homme âgé et continua au camp d’Ashnas avec les quelques prisonniers jusqu’à ce qu’il atteigne Anqirah. Ashnas s’y trouvait depuis un jour quand le lendemain matin al-Mou’tassim le rejoignit. Il raconta à al-Mou’tassim ce que le captif lui avait dit et al-Mou’tassim fut réjoui. Le troisième jour, des bonnes nouvelles parvinrent d’al-Afshin, disant qu’il était sain et sauf et qu’il était en chemin pour rejoindre le commandant des croyants à Anqirah.

 

Il a été rapporté : « Un jour après, al-Afshin rejoignit al-Mou’tassim à Anqirah où ils restèrent quelques jours. Alors al-Mou’tassim divisa les troupes en trois armées : avec la première armée, il forma l’aile gauche dont il donna le commandement à Ashnas ; al-Mou’tassim prit le commandement de la deuxième armée, le centre, et al-Afshin commanda la troisième armée formant l’aile droite et une distance de deux Farsakh (environ 10 km) séparait chaque corps de troupes. Il ordonna alors à chacune des armées de se subdiviser à son tour en aile droite gauche et centre et de conduire des raids dans toutes les régions avoisinantes, de capturer, de brûler et de raser tous ce qu’ils trouveraient sur leur passage. Quand le temps arriverait pour établir le camp, tous les soldats des armées devaient se réunir avec leurs commandants particuliers et leurs chefs et faire ainsi durant tout le trajet vers Anqirah et ‘Amouriyyah, soit sept étapes avant que les troupes n’atteignent ‘Amouriyyah.

Il a été rapporté : Quand les troupes convergèrent vers ‘Amouriyyah, le premier à y arriver fut Ashnas, qui l’atteignit tôt le matin du jeudi ou il patrouilla tout autour de l’endroit. Il établit son camp à quelques kilomètres de la place forte dans un endroit où se trouvait de l’eau et du pâturage. Quand le soleil se leva, le matin suivant, al-Mou’tassim arriva et à son tour fit le tour de la ville. Puis, al-Afshin arriva le jour d’après.

À ce point, le Commandant des Croyants divisa la ville entre ses commandants qui tournèrent de nouveau tout autour de la ville pour juger de ces fortifications et établir des plans d’attaques. Il attribua à chacun d’entre eux un certain nombre de tours défensives de la ville, en fonction des forces relatives de chaque commandant et chacun d’entre eux reçut entre deux et vingt tours. Pendant ce temps, les habitants de ‘Amouriyyah se retranchèrent derrière leurs fortifications et se préparèrent pour le siège.

 

Les gens de ‘Amouriyyah avaient auparavant capturé un Musulman, qui était devenu alors Chrétien et s’était marié parmi eux. Il s’était caché quand les Byzantins avaient pris la forteresse, mais quand il vit le commandant des croyants, il sortit et se rendit aux Musulmans. Il vint trouver al-Mou’tassim et lui dit qu’il y avait dans la ville un endroit où le ruisseau, suite à une forte pluie, avait effondré une partie de mur à un certain endroit. Le roi byzantin écrivit au gouverneur de ‘Amouriyyah, en lui ordonnant de reconstruire cet endroit, mais le gouverneur avait reculé sa reconstruction jusqu’à la sortie du roi de Constantinople vers une certaine direction. Le gouverneur craignit que le roi, en traversant cette région ne passe par le mur et s’aperçoive qu’il n’avait pas été reconstruit. Il avait alors fait venir des artisans qualifiés et la façade du mur avait été réparée avec les pierres posées les unes sur les autres mais la surface arrière du mur qui faisant face à la ville, fut simplement rempli de décombres. Cet homme montra à al-Mou’tassim l’emplacement de cet endroit particulier et al-Mou’tassim donna des ordres pour que sa propre tente soit montée en face de cet endroit. Il fit déployer aussi des catapultes en face de la partie reconstruite du mur et rapidement une brèche fut faite suite aux bombardements. Quand les gens de ‘Amouriyyah virent la brèche dans le mur, ils placèrent de grandes solives de bois pour la fermer mais les roches lancées par catapultes tombèrent sur ses solives qui volèrent en éclats. Ils les remplacèrent alors par d’autres soutenus par des sacs de terre mais le bombardement incessant des catapultes à cet endroit fendirent le mur.

Yatis (Aetius) et le domestique du roi écrivirent une lettre à ce dernier pour l’informer de l’état du mur. Ils envoyèrent la lettre avec un homme qui parlait couramment arabe et un jeune grec qu’ils firent sortir par le mur de protection externe. Ils traversèrent la tranchée défensive et émergèrent dans le voisinage des forces des princes royaux et des nobles attaché à ‘Amr al-Farghani. Quand les deux hommes sortirent de la tranchée, les attaquants ne les reconnurent pas et leur demandèrent d’où ils venaient. Ils répondirent : « Nous sommes vos camarades ». Les Musulmans leur dirent : « Quel est votre commandant ? » Mais les deux hommes ne connaissaient aucun nom du commandant et ne put répondre à leurs interrogateurs. Comme personne ne pouvait identifier les deux hommes, ils les apportèrent à ‘Amr al-Farghani, qui les envoya à Ashnas, qui à son tour les envoya à al-Mou’tassim.

Al-Mou’tassim les questionna, les fouilla et trouva sur eux la lettre de Yatis au roi des Byzantins, dans lequel Yatis lui disait qu’une très grande armée (les musulmans) avait encerclé la ville, que l’endroit était devenu intolérable pour eux et que son entrée dans cette place avait été une faute. Qu’il (Yatis) était déterminé à sortir en emportant l’élite de ses compagnons peu importe le résultat de son action. Il ouvrirait les portes la nuit à l’improviste et attaquerait les forces musulmanes, quoi que puisse être le résultat ; certains réussiraient à s’enfuir et le reste tomberait dans la bataille, mais il sortirait de la forteresse et viendrait rejoindre le roi. Quand al-Mou’tassim lut la lettre et ordonna de donner une bourse d’argent aux deux hommes capturés qui devinrent Musulmans. Il leur présenta des robes d’honneur et donna les ordres que, lorsque le soleil serait levé, les deux hommes devraient se montrer sous les murs de ‘Amouriyyah. Les deux hommes déclarèrent que Yatis serait dans tel et tel une tour et donc al-Mou’tassim leur ordonna de s’arrêter assez longtemps devant celle-ci pour qu’il puisse être vu. Ils partirent vêtu des robes d’honneur accompagnés de deux hommes portant leurs cadeaux et se positionnèrent en face de la tour jusqu’à ce que Yatis et tous les Byzantins aient compris ce qu’ils avaient fait et ces derniers les insultèrent par-dessus les murs. Alors al-Mou’tassim leur ordonna de revenir.

Al-Mou’tassim ordonna aux soldats de faire la garde à tour de rôle tout le long des nuits et que la cavalerie soit prête de manière permanente de peur que la porte s’ouvre la nuit ou que quiconque s’échappent de la ville. Les troupes passèrent leurs nuits de cette manière, à tour de rôle, sur leur monture avec leurs armes prêtes, jusqu’à ce qu’ils entendent un grand bruit. Les troupes de l’armée qui l’entendirent furent aussitôt sur leur garde et crurent que l’ennemi avait lancé une attaque mais ils se rendirent rapidement compte que c’était la partie du mur fendu sous les bombardements des catapultes qui s’était effondré et les musulmans furent heureux.

Quand al-Mou’tassim arriva à ‘Amouriyyah, il avait observé la largeur du fossé défensif et la longueur de ses murs et avait conduit avec lui et tout le long de la route une grande quantité de moutons. Son plan d’action était d’utiliser les larges catapultes en proportion de la hauteur des murs et que chacune d’entre elles soit maniée par quatre servants. Ces catapultes étaient montées sur des plates-formes sur des chariots à roues et les peaux de moutons devaient être remplies de pierres et de terre et jetées dans le fossé défensif, ce qui fut fait. Il fit construire soigneusement plus loin de grandes tours de siège mobiles (dabbabat) assez vaste pour contenir dix hommes et pour qu’elles puissent rouler dans des conditions difficiles. La fosse restait encore impraticable du fait de la non homogénéité du remplissage car les musulmans pouvaient difficilement s’en approcher à cause des pierres et des rochers lancés sur eux. Alors, al-Mou’tassim ordonna de jeter de la terre par-dessus jusqu’à que la fosse fut praticable et ensuite une tour de siège fut poussée en avant. Mais, à mi-chemin de la fosse elle s’enlisa et l’équipage qui était à l’intérieur ne put en sortir qu’avec le plus grand effort. La tour ne put être déplacée malgré tous les efforts qui furent déployés jusqu’à la capture d’Amouriyyah ou tout le matériel inutile fut brûlé y compris les tours de sièges.

Le lendemain matin, après l’effondrement de la section du mur, une attaque fut lancée sur la brèche par Ashnas et ses hommes qui menèrent le premier assaut, mais l’endroit était trop étroit pour qu’il puisse lutter correctement. Sur ce, al-Mou’tassim donna des ordres et des mangonneaux furent déployés autour du périmètre de la brèche ou ils bombardèrent le mur. Le deuxième jour, al-Afshin et ses troupes se lancèrent dans la bataille et ils luttèrent si bien qu’ils furent capables d’avancer. Al-Mou’tassim et ses principaux commandants Ashnas et al-Afshin montés sur leurs chevaux, regardaient le cours de la bataille tandis que les commandants subalternes regardaient debout.

Al-Mou’tassim remarqua : « La bataille avance bien aujourd’hui ! » Et ‘Amr al-Farghani ajouta : « La bataille avance bien mieux qu’hier ! » Ashnas l’entendit mais se contrôla. Cependant, quand al-Mou’tassim retourna à sa tente pour le repas de midi avec les autres commandants pour leurs repas, Ashnas descendit près de l’entrée de sa propre tente, précédé par les autres commandants en signe de respect envers lui comme il était de coutume y compris ‘Amr al-Farghani et Ahmad Ibn al-Khalil Ibn Hisham. Ils marchèrent devant lui jusqu’à sa tente mais Ashnas leur dit : « O fils mal conçus, comment pouvez-vous marcher devant moi ? Il aurait été meilleur si vous aviez lutté hier, plutôt que de rester avec le commandant des croyants. Maintenant vous avez dit que la conduite du combat aujourd’hui est meilleure que celle d’hier, comme si d’autres que vous luttaient ! Retourner à vos tentes! »

Quand ‘Amr al-Farghani et Ahmad Ibn al-Khalil Ibn Hisham retournèrent, l’un d’entre eux dit à l’autre : « Tu ne vois pas ce que cet esclave, nous ça fait aujourd’hui ? Il aurait été plus facile d’aller endurer les Byzantins que ce que nous venons d’entendre ! » ‘Amr al-Farghani dit à Ahmad Ibn Khalil : « O Abou al-‘Abbas, Allah te soulagera de son attitude dans un proche avenir. Réjouis-toi donc ! » Et il laissa penser Ahmad qu’il avait des renseignements secrets. Ahmad le harcela de questions si bien que ‘Amr lui révéla ce dont il était question et lui dit : « Les préparations concernant al-‘Abbas Ibn al-Ma'moun ont été accomplies et très bientôt nous lui déclarerons ouvertement notre allégeance et tuerons al-Mou’tassim, Ashnas et les autres. » Puis il dit à Ahmad : « Je te conseille d’aller trouver al-‘Abbas, et de devenir un de ces partisans ».

Ahmad répondit : « Je ne pense pas que ce projet se réalisera ». Mais ‘Amr lui dit : « Il est déjà accompli et finit! » Et il l’envoya vers al-Harith as-Samarkandi, le parent de Salamah Ibn ‘Oubaydillah Ibn al-Waddah, qui était responsable de recruter des hommes pour al-‘Abbas et leur faire porter allégeance. ‘Amr dit à Ahmad : « Je vais t’amener à al-Harith, pour que tu deviennes un de nos partisans ». Ahmad lui dit : « Je suis avec vous si cette affaire peut être accomplie au cours des dix prochains jours, mais si elle s’éternise, alors je ne peux rien avoir en commun avec vous ». Al-Harith alla trouver à al-‘Abbas et l’informa que ‘Amr l’avait mentionné (al-‘Abbas) à Ahmad Ibn al-Khalil, et al-‘Abbas lui dit : « Je n’aime pas qu’al-Khalil soit informé de nos affaires. Tiens le éloigné de lui et ne l’inclue dans aucun aspect de nos affaires. Laisser le juste entre vous deux ». Et ils se tinrent donc éloignés de lui.

 

Le troisième jour, la bataille fut menée par le commandant des croyants en personne avec les Magharibah[3] et les Turcs sous le commandement d’Aytakh. À leur tour, Ils luttèrent bien et sous leurs attaques, la brèche dans le mur s’élargie. Le combat continua ainsi et beaucoup de Byzantins furent blessés. La veille, le commandant du roi des Byzantins avait divisé entre eux les tours défensives, chaque commandant et ses troupes se vit attribué un certain nombre de tours. Le commandant responsable de l’endroit où la partie du mur s’était effondrée se nommait Thawr, dont la signification en arabe est « le taureau »[4]. Cet homme et ses troupes luttèrent vigoureusement jours et nuits et le poids de la totalité du combat reposait sur lui seul et sur ses troupes et ni Yatis et ni aucun autre commandant ne lui envoya de renforts, ne serait-ce qu’un seul homme. Quand la nuit arriva, Thawr alla voir les deux autres Byzantins et leur dit : « Le poids entier du combat repose sur moi et mes troupes et je n’ai personne qui n’a pas été blessé. Envoyez vos propres troupes tenir la brèche afin que nous puissions nous reposer quelque temps. Si vous ne faites pas cela, vous serez déshonorés et la ville sera perdue ». Mais, ils refusèrent de l’aider et lui dirent : « Le mur est intact dans notre section et nous ne te demandons aucune assistance ; débrouille-toi du mieux que tu peux dans la propre section, car tu ne recevras aucuns renforts de notre part ».

Par conséquent, Thawr et ses camarades décidèrent de se rendre au commandant des croyants, al-Mou’tassim, en échange de la sécurité pour eux et pour leurs familles et de le conduire dans la forteresse, et de lui livrer tout son contenu. Ainsi quand le matin arriva, Thawr ordonna à ses troupes de se tenir des deux côtés de la brèche et leur dit : « J’ai l’intention d’aller chez le commandant des croyants, et de lui demander d’ordonner à ses soldats de ne pas combattre jusqu’à mon retour ». Thawr sortit et fut conduit à al-Mou’tassim.

 

Pendant ce temps, les troupes musulmanes avancèrent jusqu’à la brèche tandis que les Byzantins se retinrent de combattre jusqu’à ce qu’ils approchent des murs. Les Byzantins faisaient des signes avec leurs mains et disaient : « N’ayez pas peur !  Thawr s’assit avec al-Mou’tassim qui lui fournit un cheval et ensemble, ils se dirigèrent vers la brèche où ils s’arrêtèrent. ‘Abdel Wahhab Ibn ‘Ali qui était devant al-Mou’tassim fit un geste aux troupes avec sa main pour les informer qu’ils allaient entrer dans la ville. À ce moment, Thawr se tourna vers le calife et lui saisit la barbe avec sa main. Al-Mou’tassim lui demanda : « Qu’as-tu donc ? » Il répondit : « Je suis venu parce que moi et les miens voulons entendre votre parole que vous n’agirez pas traîtreusement avec nous ! » Al-Mou’tassim dit : « Je m’engage à réaliser tout ce que tu demanderas. Demande ce que tu veux et tu l’auras ». Thawr protesta : « Comment peux-tu dire que tu ne nous démentiras pas, quand tes troupes sont déjà entrées dans la ville ? » Al-Mou’tassim dit : « Place ta main ou tu veux et cela t’appartiendra directement ». Thawr resta dans la tente d’al-Mou’tassim.

Yatis était dans sa tour avec un groupe de Byzantins. Un détachement d’entre eux alla vers une grande église située dans un coin de ‘Amouriyyah et luttèrent férocement mais l’église pris feu et ils moururent brûlés jusqu’au dernier homme. Yatis resta dans sa tour avec ses soldats protégés par des Byzantins, mais les épées des Musulmans semèrent la dévastation parmi eux et tous furent tués ou blessés. Al-Mou’tassim arriva et se plaça juste en face de la tour et ordonna que les échelles qui avaient déjà été préparées soient installées le long de la tour. Al-Hassan ar-Roumi, un esclave d’Abou Sa’id Muhammad Ibn Youssouf, grimpa et Yatis lui parla et al-Hassan lui dit « C’est le commandant des croyants, descend te soumettre à son jugement ».

Yatis enleva alors son épée, l’a tendit à al-Hassan et descendit finalement et se présenta à al-Mou’tassim qui revint à sa tente et demanda qu’on le lui apporte. Pendant ce temps, les troupes arrivèrent de chaque direction avec les prisonniers jusqu’à ce que le campement soit plein. Al-Mou’tassim ordonna à Basile at-Tarjouman[5] de trier les prisonniers masculins et mettre de côté les nobles byzantins ce qu’il fit. Alors al-Mou’tassim ordonna que ses commandants soient responsables des lots à vendre en fonction des secteurs qui leur avaient été alloués pour le combat. Puis, le calife nomma un homme du personnel d’Ahmad Ibn Abi Douwad pour tenir le compte des ventes effectuées qui furent vendues en cinq jours tandis que tout le reste fut brûlé. Alors al-Mou’tassim ordonna un retrait vers la région de Tarse.

 

Il a été rapporté : « Le roi des Byzantins envoya un messager pour négocier la paix quand al-Mou’tassim assiégea ‘Amouriyyah. Mais, al-Mou’tassim ordonna que l’envoyé reste à quelques kilomètres de son camp et ne lui permit pas de venir chez lui jusqu’à ce qu’il ait conquis ‘Amouriyyah. Alors il leur rencontra et le renvoya au roi pour l’informer de la chute de ‘Amouriyyah.

Al-Mou’tassim revint vers la région frontalière ayant entendu que le roi des Byzantins avait l’intention de le poursuivre et d’harceler les forces musulmanes. Il revint donc à ‘Amouriyyah avec ses troupes d’où il emprunta la route menant au Wadi al-Jawr. Il divisa les prisonniers parmi ses commandants et voyagea le long de cette route durant une centaine de kilomètres. Comme il n’y avait pas d’eau sur cette route, un certain nombre de prisonniers furent exécutés à cause de la soif intense qu’ils subissaient et parce qu’il refusait de marcher. Les troupes musulmanes entrèrent alors dans le désert ou ils endurèrent la soif, bien que les bêtes et les hommes commencèrent à mourir de soif et que certains prisonniers tuèrent des soldats et s’enfuirent.

Al-Mou’tassim qui voyagea devant l’armée rejoignit le corps central de ses troupes avec des réserves d’eau qu’il avait apportée de l’endroit où il avait établi le camp. Mais beaucoup de soldats moururent de soif dans ce désert. Les soldats dirent à al-Mou’tassim que certains des prisonniers avaient tué des soldats et s’étaient enfuis. Il donna alors immédiatement l’ordre à Basile ar-Roumi de finir le reste des prisonniers. Al-Mou’tassim parti vers les zones frontalières jusqu’à ce qu’il atteigne le Tarse.

Il a été rapporté, que la bataille entre al-Afshin et le roi byzantin eu lieu le jeudi 24 du mois de Sha’ban, et qu’al-Mou’tassim s’assit devant ‘Amouriyyah le vendredi 6 du mois de Ramadan et revint de l’expédition cinquante-cinq jours après. Cette bataille peut être considérée aussi comme une des plus importantes et plus brillantes de l’histoire de l’Islam, les musulmans brisèrent l’échine des byzantins pour venger les massacres de Zibatrah et à Malatyah.

 

À la fin de cette expédition militaire, al-‘Abbas Ibn al-Ma'moun avec un certain nombre de commandants se rebellèrent contre le calife al-Mou’tassim mais le calife mit rapidement fin à leurs complots d’une manière exemplaire. Al-‘Abbas Ibn al-Ma'moun fut emprisonné et le calife ordonna qu’il soit publiquement maudit. Parmi les commandants qui prirent part à ce complot, il y eut : ‘Oujayf Ibn ‘Anbassah, Shah Ibn Sahl, Harith al-Farghani et Ahmad Ibn Khalil et ils furent tous sévèrement châtiés. Quant à al-‘Abbas Ibn al-Ma'moun, il devait mourir de soif dans sa prison.

Le calife al-Mou’tassim démontra une nouvelle fois, de façon éclatante, que les califes ne plaisantait pas avec ceux qui s’élevaient contre le pouvoir. Lorsque quelqu’un avait porté allégeance, il devait faire face à ses obligations et à ses engagements.

 

Parmi les autres événements du règne du calife al-Mou’tassim, il y eut l’arrestation du grand général Afshin Khaydar Ibn Qaous qui arrêta Babak al-Khourrami et qui joua un grand rôle dans la chute de la ville byzantine d’al-‘Amouriyyah. Lorsque Maziyyar fut capturé, il affirma que c’était Afshin Khaydar Ibn Qaous qu’il l’avait poussé à se rebeller. Et lorsque ce dernier fut arrêté, il fut trouvé en sa possession des preuves qui contribuèrent à prouver sa culpabilité. Ils trouvèrent chez lui des statues en or sertie de joyaux qu’il adorait secrètement, qu’il n’était pas circoncis, des livres des adorateurs du feu particulièrement bien cachés, qu’il mangeait la viande étouffée, qu’il avait des rapports secrets avec les gens de son peuple avec qui il complotait tuer le calife et qu’il voulait revivifier la religion de ses ancêtres.

Le calife emprisonna Afshin dans un endroit étroit avant qu’il soit jugé par des juges qui, pour la plupart d’entre eux, étaient des mou’tazilah que nous avons déjà mentionné lors de l’affaire du grand Imam Ahmad Ibn Hanbal. Ces juges étaient : Ahmad Ibn Abi Douwad al-Iyyadih, le Vizir Muhammad Ibn ‘Abdel Malik Zayyat et le ministre de l’intérieur Ishaq Ibn Ibrahim Ibn Mous’ab. Si tous considéraient le grand Imam Ahmad Ibn Hanbal égaré et déviant que dire alors d’Afshin ! Après son jugement, il fut ramené dans son étroite prison ou il resta jusqu’à sa mort en l’an 226 de l’Hégire (840). Son corps fut alors crucifié avant d’être brûlé et ses cendres furent jetées dans le Tigre.



[1] Ancyre ou Ankara actuelle en Turquie. Connut aussi en arabe sous le nom de Qal’at as-Salassil, la Forteresse de Chaînes.

[2] Lamas ou Halys ou Kizilirmak : Fleuve prenant sa source en Anatolie du Nord.

[3] A mon humble avis, il s’agit d’un corps spécial de combattants berbères ou arabes du Maghreb, car il a été souvent mentionné dans Tabari, la présence de tels corps militaires, peut-être des volontaires, combattants dans les armées des califes. D’autres ont dit qu’il s’agissait peut-être d’un corps spécial de troupes de gens noirs originaires du sud de l’Egypte ou de l’Afrique de l’est qui étaient basés à Samarra en Iraq. Et Allah est Plus savant.

[4] Ainsi rapporté dans Tabari.

[5] Le traducteur .