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La 
			capture d’al-Badh
			Il a été rapporté que 
			lorsqu’al-Afshin se résolut de marcher vers al-Badh, il partit de 
			Kalan Roudh et avança peu à peu, contrairement à ses habitudes. Il 
			avançait quelques kilomètres et établissait son camp dans une poche 
			sur la route menant au défilé qui descend à Roudh ar-Roudh, sans 
			creuser de tranchée défensive, mais en prenant les montagnes comme 
			protection naturelle. Al-Mou’tassim lui écrivit et lui ordonna de 
			poster des escadrons qui prendraient à tour de rôle la garde pendant 
			le jour, monté sur leurs chevaux, comme l’armée patrouillait 
			habituellement le campement la nuit. Un certain nombre de troupes 
			devait rester dans le camp et les autres devaient rester montés sur 
			leurs destriers et patrouiller à une certaine distance du camp comme 
			il le faisait la nuit, sauf que dans les circonstances présentes, il 
			y avait des patrouilles nuit et jour de peur d’être attaqué par 
			surprise. De cette manière, si un soudain désastre devait les 
			assaillir, la cavalerie serait déployée aussitôt en formation de 
			bataille et l’infanterie serait dans le camp.
Cependant, les troupes se 
			plaignirent à cause de leur épuisement et dirent : « Combien de 
			temps allons-nous rester coincés ici dans le défilé quand nous 
			pourrions être sortis dans la plaine ? Entre nous et l’ennemi, il y 
			a plus de dix kilomètres et nous nous comportons comme si l’ennemi 
			nous faisait face ! Nous sommes devenus un objet de honte aux yeux 
			des gens et des espions qui passent entre nous et l’ennemi dans la 
			zone intermédiaire de la distance qui nous sépare et nous nous 
			comportons comme si nous étions presque morts d’effroi. Que le 
			résultat soit bon ou mauvais, permet-nous d’avancer ! »
Al-Afshin répondit : « Par 
			Allah, je sais fort bien que ce que vous dites est juste. Mais le 
			commandant des croyants m’a ordonné de le faire et je n’ai d’autre 
			choix que de lui obéir ». Peu après cela, une autre lettre 
			d’al-Mou’tassim arriva qui lui ordonnait de procéder comme il le 
			faisait déjà. Il continua donc ainsi durant plusieurs jours et 
			descendit ensuite avec ses deux hommes jusqu’à ce qu’il arrive à 
			Roudh ar-Roudh. Il procéda en avant jusqu’à ce qu’il se retrouve 
			exactement dans la région rocheuse ou Babak l’avait attaqué l’année 
			précédente. Il examina l’endroit et y trouva un escadron des 
			khourramiyah qui ne l’attaquèrent pas et lui non plus. Certains 
			indigènes non arabes lui dirent : « Que t’arrive-t-il donc ? Tu 
			avances et tu t’arrêtes ! N’as-tu pas honte de toi-même ? » 
			Néanmoins, al-Afshin ordonna de ne pas les attaquer (les 
			khourramiyah), de ne pas avancer et de ne pas leur livrer bataille. 
			Il resta ainsi à observer l’ennemi jusqu’au début de l’après-midi 
			avant de revenir vers son campement. Il y resta deux jours et 
			ensuite il redescendit de nouveau la pente avec une force plus 
			grande que la précédente. Il ordonna à Abou Sa’id d’avancer et 
			d’observer l’ennemi de la même manière que la précédente fois, sans 
			les provoquer ni même les assaillir.
Al-Afshin resta à Roudh 
			ar-Roudh ou il ordonna aux gardes montagnards de grimper au sommet 
			des montagnes qu’ils jugèrent être naturellement imprenables et de 
			revenir l’informer sur les meilleures places où l’infanterie 
			pourrait se fortifier. Ils choisirent pour lui trois montagnes qui 
			avaient déjà servies de fortifications dans le passé et qui étaient 
			en ruine. Al-Afshin fit venir ensuite Abou Sa’id qui revint de son 
			observation le même jour. Quand deux jours s’écoulèrent, al-Afshin 
			descendit de son camp à Roudh ar-Roudh, en prenant avec lui les 
			kilghariyah, un corps spécial de génie civil chargé de la 
			main-d’œuvre, qui apportèrent avec eux des outres remplies d’eau 
			ainsi que des gâteaux secs. Quand ils atteignirent Roudh ar-Roudh, 
			il envoya en avant Abou Sa’id, et lui ordonna d’observer l’ennemi 
			encore une fois de la même manière que les fois précédentes. Il 
			ordonna aux ouvriers de transporter des roches et de fortifier les 
			routes qui menaient à ces trois montagnes jusqu’à ce qu’elles 
			ressemblent à des forteresses. Il donna d’autres ordres pour creuser 
			des tranchées derrière chacune de ces routes jusqu’en haut de la 
			montagne, laissant ainsi une seule voie d’accès menant à chaque 
			sommet. Alors il donna l’ordre à Abou Sa’id de revenir ; et 
			lorsqu’il revint, al-Afshin retourna aussi dans son camp.
Il a été rapporté : Lorsque 
			le huitième jour du mois arriva, la place forte avait été 
			parfaitement rétablie et bien fortifiée. Al-Afshin donna des 
			biscuits et du Sawiq[1] comme 
			provisions aux fantassins et des provisions et de l’orge pour la 
			cavalerie. Il désigna des hommes pour garder son campement tandis 
			que le reste de la troupe descendit. Il ordonna aux fantassins de 
			monter aux hauts de ces montagnes et d’emporter avec eux toute l’eau 
			nécessaire qu’ils auraient besoin, ce qu’ils firent. Il établit le 
			camp dans le voisinage et envoya Abou Sa’id pour observer l’ennemi 
			comme auparavant, en ordonna en même temps aux troupes de descendre 
			avec leurs armes prêtes et aux cavaliers de ne pas emporter les 
			selles de leur monture. Alors il délimita une tranchée et ordonna au 
			corps de génie civil de se mettre au travail immédiatement qu’il fit 
			superviser par des responsables qui les encourageaient tandis que 
			lui-même descendit de sa monture ainsi que les cavaliers. Ils 
			s’arrêtèrent sous l’ombre des arbres, et laissèrent leur pâturage 
			dans les monts. Après avoir accompli la prière de l’après-midi, il 
			ordonna aux ouvriers et aux fantassins de grimper les sommets et de 
			se réfugier dans les places qu’il avait fait fortifier. Il ordonna 
			aux fantassins de rester sur leur garde, de ne pas aller s’endormir 
			sur les sommets, mais plutôt de laisser les ouvriers dormir aux 
			sommets. À la lueur de l’aube naissante, il ordonna à la cavalerie 
			de monter leurs destriers, qu’il divisa en escadron qu’il sépara les 
			uns des autres d’une distance d’un lancer de flèche. Puis il ordonna 
			à chaque escadron : « Assurez-vous que chacun d’entre vous ne porte 
			pas d’attention aux autres mais qu’il fasse attention à celui qui 
			est près de lui. Même si vous entendez des grands bruits, ne 
			permettez à aucun d’entre vous de porter son attention sur un autre 
			groupe. Chaque escadron doit être responsable seulement de ce qui 
			est près de lui, sans porter aucune à n’importe quel bruit ».
Les escadrons de cavalerie 
			restèrent montés jusqu’à l’aube, pendant que les fantassins 
			assuraient la garde sur les sommets. Al-Afshin ordonna aux 
			fantassins que s’ils se rendaient compte de quelque chose au cours 
			de la nuit de ne pas s’en inquiéter mais que chacun d’entre eux 
			devait rester dans la position qui lui avait été assignée, de garder 
			sa montagne particulière et sa tranchée ; et que personne ne devait 
			faire attention à n’importe qui d’autre.
Ils continuèrent ainsi 
			jusqu’à l’aube. Alors il ordonna à quelqu’un de convenir d’un 
			arrangement entre les cavaliers et les fantassins pour les diviser 
			en périodes de garde et de sommeil et qu’il considérerait plus tard 
			leur situation. Ils passèrent les dix jours suivants à creuser la 
			tranchée et le dixième jour il y prit position. Alors il l’a divisa 
			parmi les troupes et ordonna aux commandants de faire venir leurs 
			bagages et leurs hommes afin qu’ils combattent sans soucis (pour 
			leur fournir le confort et le soutien).
À ce point, un envoyé de 
			Babak arriva avec différentes sortes de cucurbitacées, des melons et 
			des concombres expliquant à al-Afshin qu’il était connu qu’il 
			subissait les difficultés ces jours-ci et que lui et ses troupes 
			devaient subsister sur les biscuits et le Sawiq seuls et que Babak 
			avait voulu lui montrer de la gentillesse au moyen de ces cadeaux. 
			Al-Afshin répondit à l’envoyé : « Je sais certainement de ce que mon 
			frère intente avec cela! Il veut seulement jeter un regard sur 
			l’armée, mais je suis effectivement le plus méritant de recevoir sa 
			bienveillance et satisfaire son désir, car il a remarqué avec 
			justesse que j’avais des difficultés ». Puis il continua et dit à 
			l’envoyé : « Quant à toi, tu dois sans aucun doute monter pour voir 
			notre campement puisque tu as déjà vu ce qu’il y a sous tes yeux ; 
			ainsi tu verras aussi ce qui est derrière nous ». Il ordonna de 
			fournir une monture à l’envoyé et l’emmena en haut de la montagne 
			jusqu’à ce qu’il puisse voir toutes les tranchées y compris celles 
			de Kalan Roudh et de Barzand ; qu’il devait les observer 
			attentivement et que rien de l’activité militaire lui soit 
			dissimulée afin qu’il puisse bien informer son maître. Lorsque cela 
			fut fait, et qu’il revint, al-Afshin le libéra et lui dit : « Part 
			et transmet mes salutations à Babak ! »
Certains des khourramiyah 
			avaient l’habitude d’interférer avec ceux qui apportaient des 
			provisions à l’armée d’al-Afshin. Cela fut fait une ou deux fois, 
			mais après que trois escadrons des khourramiyah vinrent jusqu’aux 
			pieds des remparts de la tranchée d’al-Afshin, en criant tout le 
			temps. Al-Afshin ordonna à ses troupes de ne pas leur adresser la 
			parole et ils firent cela durant deux ou trois nuits. Alors, 
			derrière les remparts, les troupes musulmanes commencèrent à faire 
			galoper leurs destriers à plusieurs occasions jusqu’à ce que les 
			khourramiyah deviennent familiers avec ce bruit. Puis, al-Afshin 
			prépara contre eux quatre escadrons de cavaliers et de fantassins 
			dont le dernier était des archers, et les établit en 
			embuscades contre les khourramiyah dans les vallées, en 
			plaçant des guets au-dessus d’eux. Quand les khourramiyah 
			descendirent en criant comme ils en avaient précédemment l’habitude, 
			al-Afshin lâcha contre eux la cavalerie et les fantassins, qui 
			avaient été auparavant déployés, coupant la voie de retraite des 
			khourramiyah. Et durant la nuit, al-Afshin leur envoya deux 
			escadrons supplémentaires de fantassins. Les khourramiyah se 
			rendirent compte que le passage de la montagne avait été bloqué et 
			ils se dispersèrent le long d’un certain nombre de pistes et durent 
			grimper les montagnes. Ils disparurent et ne revinrent jamais plus 
			comme ils avaient l’habitude de le faire auparavant. Les troupes 
			d’al-Afshin revinrent de la poursuite à la tranchée de Roudh 
			ar-Roudh à l’heure de la prière matinale sans avoir eu besoin de 
			combattre un seul khourrami.
Une fois par semaine 
			al-Afshin avait l’habitude de faire battre les tambours à minuit et 
			sortait avec des bougies et des flambeaux de naphte à la porte de la 
			tranchée. Pendant ce temps, chacune de ses troupes connaissait son 
			propre escadron, s’il était dans l’aile droite ou 
			gauche et s’il avançait, il se mettait en position dans leurs 
			places respectives. Al-Afshin avait aussi l’habitude de porter de 
			grandes bannières noires dont douze d’entre elles, était 
			transportées sur des mulets, plutôt qu’à cheval, de peur que les 
			bannières ne s’agitent. Il avait aussi cinq cent autres petites 
			bannières et vingt et un grands tambours. Ses troupes attendaient, 
			chaque section rangée dans sa position particulière, du premier 
			quart de la nuit jusqu’à l’apparition de l’aube ou al-Afshin allait 
			dans sa tente. Le muezzin lançait alors l’appel à la prière en sa 
			présence et al-Afshin exécutait la prière suivie par les troupes. 
			Al-Afshin ordonnait de battre les tambours avant d’avancer 
			lentement. Les signaux de marché et d’arrêt étaient le battement des 
			tambours à cause du grand nombre de troupes qui voyageaient en 
			formation militaire dans les montagnes et les sentiers étroits. 
			Chaque fois qu’il voulait monter une montagne ou qu’il descendait 
			dans une vallée, il procédait ainsi, à moins qu’il n’arrive devant 
			une montagne inaccessible, impossible à monter, alors il revenait et 
			rejoignait les unités militaires, leurs formations et leurs 
			positions. Le signal de marche en avant était le battement des 
			tambours, mais si al-Afshin voulait que l’armée s’arrête, il faisait 
			taire les tambours et les troupes s’arrêtaient dans n’importe quelle 
			partie de la montagne ou de la vallée où elles pouvaient être. 
			Al-Afshin avança par courtes étapes, et à chaque fois qu’un garde 
			montagnard lui amenait une information, il s’arrêtait pour un bref 
			moment. Il traversa la distance entre Roudh ar-Roudh et al-Badh 
			entre le début de d’aube et midi. Quand il voulut grimper vers 
			l’emplacement rocheux où la bataille survint l’année précédente, il 
			quitta Boukhara-Khoudah au sommet de la pente de la montagne avec 
			mille cavaliers et six-cents fantassins pour garder la route pour 
			lui et la tenir contre n’importe lesquels des khourramiyah qui 
			pourrait surgir.
Quand Babak prit conscience 
			que l’armée musulmane se rapprochait de lui, il envoya un 
			détachement de troupes composé de fantassins, dans une vallée en bas 
			de la pente de la montagne sur laquelle le Boukhara-Khoudah se 
			trouvait à son sommet, et ils attendirent en embuscade quiconque 
			tenteraient de bloquer la route contre lui (Babak). Al-Afshin avait 
			posté le Boukhara-Khoudah pour tenir cette piste de montagne vers 
			laquelle Babak avait envoyé sa force militaire pour la tenir contre 
			al-Afshin. Le Boukhara-Khoudah devait s’y tenir rapidement et aussi 
			longtemps qu’al-Afshin se trouverait à al-Badh à travers l’étendue 
			de terre rocheuse. Al-Afshin avait ordonné au Boukhara-Khoudah de se 
			poster dans une vallée ressemblant à une tranchée défensive, qui se 
			trouvait entre lui et al-Badh. Il ordonna aussi à Abou Sa’id Muhammad 
			Ibn Youssouf de traverser cette vallée avec un escadron de ses 
			troupes. Il ordonna aussi à Ja’far al-Khayyat, de se poster avec un 
			escadron de ses troupes et à Ahmad Ibn al-Khalil de prendre 
			sa position avec un autre escadron. Ainsi dans cette partie de la 
			vallée il y avait trois escadrons à la périphérie des maisons des 
			gens de Babak à al-Badh.
Babak avait envoyé une force 
			militaire commandée par Adin, qui s’était posté sur une colline en 
			face de ces trois escadrons des troupes d’al-Afshin qui se trouvait 
			à l’extérieur d’al-Badh, pour empêcher n’importe quelle force 
			d’al-Afshin d’approcher des portes de la ville. Al-Afshin avait 
			l’intention de marcher vers les portes d’al-Badh et ordonna à ses 
			troupes de traverser, mais ils s’arrêtèrent ils n’engagèrent pas les 
			forces de Babak dans la bataille. Quand Babak se rendit compte que 
			les troupes d’al-Afshin avaient bougé de la tranchée et se dirigeait 
			vers lui, il divisa ses hommes et les plaça en embuscade ne retenant 
			avec lui qu’un petit nombre d’hommes. Al-Afshin en fut informé mais 
			il ignorait les emplacements des embuscades. Puis d’autres 
			renseignements informèrent que les khourramiyah était parti en masse 
			et que seulement une poignée des hommes de Babak étaient restés avec 
			lui.
Quand al-Afshin monta à cette 
			position, un tapis de cuir fut étendu pour lui et un siège monté 
			pour lui. Il s’assit sur une petite colline qui donnait sur la porte 
			de la forteresse de Babak, avec les troupes placées dans leurs 
			escadrons de cavalerie. Il ordonna à ceux qui étaient avec lui de ce 
			côté de la vallée de descendre de leurs destriers et aussi à ceux de 
			l’autre côté avec Abou Sa’id, Ja’far al-Khayyat et ses hommes. Ahmad 
			Ibn al-Khalil, ne descendit pas à cause de sa proximité de l’ennemi 
			et ses troupes restèrent à leur endroit défensif. Al-Afshin divisa 
			les gardes montagnards pour fouiller les vallées, parce qu’il 
			voulait trouver les endroits où l’ennemi se cachait en embuscade et 
			ainsi être conscient d’eux.
Al-Afshin procéda ainsi 
			chaque jour jusqu’à l’après-midi pour trouver les emplacements des 
			troupes ennemies tandis que les khourramiyah étaient avec Babak, 
			buvant du vin, soufflant dans des pipes de roseau et battant des 
			tambours. Quand al-Afshin avait exécuté la prière de midi, il 
			partait et descendait ensuite dans sa tranchée à Roudh ar-Roudh. 
			Abou Sa’id était le premier à descendre, suivi par Ahmad Ibn 
			al-Khalil, puis par Ja’far Ibn Dinar et enfin al-Afshin. Ces 
			arrivées et ces départs d’al-Afshin avaient l’habitude d’exaspérer 
			Babak, et lorsqu’il était sur le point de revenir, les khourramiyah 
			frappaient leurs cymbales (sounouj) et soufflait dans leurs 
			trompettes (bouqat) d’une manière ironique. Pendant ce temps, 
			le Boukhara-Khoudah restait sur le sommet de la pente de la montagne 
			où il avait été posté jusqu’à ce que toutes les troupes soient 
			passés et alors seulement il quittait sa position et marchaient à 
			leur suite. 
Un jour les khourramiyah se 
			fatiguèrent de la position d’impasse dans laquelle ils se trouvaient 
			et du processus réalisé contre eux. Donc quand al-Afshin revint 
			selon sa coutume, que les escadrons revinrent l’un après l’autre, 
			qu’Abou Sa’id traversa la vallée ainsi qu’Ahmad Ibn Al Khalil 
			et certaines des troupes de Ja’far al-Khayyat, les khourramiyah 
			ouvrirent la porte de leur tranchée défensive et dix de leurs 
			cavaliers sortirent attaquer les hommes de Ja’far al-Khayyat qui 
			étaient restés dans cet endroit. Une clameur éclata parmi l’armée 
			musulmane et Ja’far, sur sa propre initiative, revint avec un 
			escadron de ses troupes et chargea ces cavaliers khourrami 
			jusqu’à ce qu’il les ait repoussés à la porte d’al-Badh. La 
			clameur se propagea néanmoins dans l’armée au point qu’al-Afshin 
			revint aussitôt  tandis 
			que Ja’far fut rejoint par ses troupes. Babak partit aussitôt avec 
			un certain nombre de ses cavaliers tandis que ni lui et ni al-Afshin 
			ne disposait de leur infanterie. Chaque côté menait tour à tour de 
			rôle des assauts et des deux côtés les hommes furent blessés. 
			Al-Afshin revint et le tapis de cuir et le siège furent montés pour 
			lui et il s’assit comme il en avait l’habitude brûlant de colère 
			contre Ja’far en répétant : « Il a ruiné mon déploiement des troupes 
			et mes plans ».
La clameur augmenta. Abou 
			Doulaf commandait un escadron, un groupe de volontaires d’al-Basra 
			et d’autres régions. Quand ces volontaires virent que Ja’far était 
			retenu dans la bataille, ils descendirent sans les ordres 
			d’al-Afshin et passèrent de ce côté de la vallée jusqu’à ce qu’ils 
			atteignent le flanc d’al-Badh.
Ils restèrent sur le flanc de 
			la vallée, traversèrent les pistes, grimpèrent jusqu’en haut ou ils 
			entrèrent dans la ville. Ja’far envoya un message à al-Afshin lui 
			disant : « Envoie-moi cinq-cents fantassins et archers en renfort. 
			J’espère rentrer dans al-Badh, avec la permission d’Allah car je ne 
			vois lui faisant face que cet escadron de troupes que tu peux 
			toi-même voir (l’escadron d’Adin) ». Mais al-Afshin lui répondit : « 
			Tu as déjà ruiné mon projet, dégage-toi petit à petit, sauve tes 
			troupes et revient ». Une grande clameur s’éleva parmi les 
			volontaires quand ils entrèrent dans al-Badh. Les troupes khourrami 
			que Babak avait envoyé pour tenir les embuscades qui croyaient que 
			la bataille était devenue ferme sortir de leur cachette et se 
			dépêchèrent en avant pour tomber nez à nez sur les forces de 
			Boukhara-Khoudah, tandis qu’un autre groupe embusqué sortit de 
			l’autre côté de l’étendue rocheuse où al-Afshin s’était assis. Les 
			khourramiyah se précipitèrent tandis que les troupes stationnées 
			au-dessus d’eux ne firent aucun mouvement, et al-Afshin dit : « 
			Louanges à Allah Exalté Qui nous a révélé les emplacements de 
			l’ennemi ! »
Alors Ja’far et ses troupes 
			ainsi que les volontaires revinrent et Ja’far alla voir al-Afshin et 
			lui dit : « Mon maître, le commandant des croyants, m’a envoyé 
			uniquement pour cette campagne militaire que tu vois et ne m’a pas 
			envoyé pour m’asseoir ici. Tu m’as refusé mon besoin de cinq-cents 
			fantassins qui auraient été suffisants pour moi pour entrer dans 
			al-Badh (pénétrer dans la résidence de Babak), car j’ai vu les 
			forces qui s’interposaient contre moi ». Al-Afshin lui répondit : « 
			Ne regardent pas ce qui est devant toi mais plutôt ce qui est 
			derrière toi et comment, ils ont assailli le Boukhara-Khoudah et ses 
			hommes. ». Al-Fadl Ibn Kawous dit à Ja’far al-Khayyat : « Si la 
			décision avait été la tienne, tu n’aurais pas pu te tenir à la place 
			que tu occupes actuellement à cet endroit pour que tu puisses dire, 
			« J’aurais fait ceci, j’aurais fait cela ». Ja’far lui répondit : « 
			Tu appelles cela une guerre quand nous sommes ici attendant que 
			quiconque vienne ! » Al-Fadl lui dit : « Si ce n’était pas le 
			conseil de l’émir, je t’enseignerais sur place comment me comporter 
			! » mais al-Afshin les réprimanda et ils cessèrent.
Al-Afshin ordonna à Abou 
			Doulaf de rappeler les volontaires du mur d’al Badh ; et Abou Doulaf 
			leur dit : « Revenez ! » Mais un des volontaires revint en portant 
			une pierre et dit : « Veux-tu que nous revenons maintenant ? J’ai 
			pris cette pierre du mur municipal! » Mais Abou Doulaf lui dit : « 
			Revient immédiatement et sur la route tu réaliseras alors qui se 
			tient sur votre voie de retraite (les khourramiyah qui avaient 
			attaqué le Boukhara-Khoudah de derrière ses troupes ».
Alors al-Afshin dit à Abou 
			Sa’id en présence de Ja’far : « Puisse Allah t’accorder une grande 
			récompense, tant de ta part que de celle du commandant des croyants 
			! Je ne savais pas que tu étais si bien informé des affaires 
			concernant ces troupes et leur organisation! Et que chaque personne 
			assez vieille pour raser sa tête dit que s’arrêter dans un endroit 
			dont il a besoin est mieux que d’offrir une bataille dans un endroit 
			dont il n’a pas besoin ? Si les ennemis qui étaient sous toi 
			s’étaient levés », et il leur montra du doigt l’emplacement de 
			l’embuscade au-dessous de la montagne, « Quel aurait été l’état de 
			ces volontaires, qui ont ce qui bat sous leurs chemises (qui sont 
			loin d’être audacieux) ? Quelle aurait été leurs conditions et qui 
			les aurait rassemblés de nouveau ? Louanges à Allah, Qui les a 
			délivrés en toute tranquillité ! Maintenant attendez ici et ne 
			bougez pas avant que tous l’ait quitté ».
Al-Afshin revint et c’était 
			sa coutume lorsqu’il se préparait à retourner que les drapeaux des 
			escadrons, de ses cavaliers et de ses fantassins soient baissés, et 
			que le dernier escadron attende qu’il y ait entre eux la distance 
			d’un lancer de flèche. Il n’avancerait pas vers la descente de la 
			montagne ou du défilé avant d’avoir vu tous les hommes des escadrons 
			devant lui traverser et que la route était claire alors pour lui. Et 
			alors seulement, il avançait et descendait avec ses cavaliers et ses 
			fantassins, ensemble avec le dernier escadron et continuait ainsi. 
			Il avait instruit auparavant chaque escadron de ne laisser aucun 
			homme de son escadron les devancer ou de traîner en arrière. Cela 
			devait être la procédure jusqu’à ce que tous les escadrons aient 
			traversé et que personne ne soit resté en arrière excepté le 
			Boukhara-Khoudah. Alors seulement le Boukhara-Khoudah à son tour 
			devait descendre la montagne. Ce jour-là, le Boukhara-Khoudah 
			retourna de cette manière ; Abou Sa’id était le dernier à revenir 
			et, chaque fois que les troupes passèrent près de l’endroit où le 
			Boukhara-Khoudah était posté, ils virent l’emplacement où les 
			assaillants s’étaient dissimulés, ils réalisèrent alors ceux qui les 
			auraient attendus. Et les indigènes qui voulurent capturer l’endroit 
			où se tenait le Boukhara-Khoudah se dispersèrent et retournèrent à 
			leurs positions.
Al-Afshin resta dans sa 
			tranchée à Roudh ar-Roudh plusieurs jours. À ce point, les 
			volontaires se plaignirent à lui de leurs manques de fourrage, de 
			provisions et de subsistances. Il leur répondit : « Quiconque 
			d’entre vous endure patiemment, laissez le endurer patiemment et 
			quiconque ne peut pas endurer, et bien, la route est grande ouverte, 
			permettez-lui de retourner en paix. J’ai avec moi le commandant de 
			l’armée des croyants et ceux qui reçoivent des allocations 
			régulières qui resteront avec moi dans la chaleur et le froid. Je ne 
			quitterais pas cet endroit jusqu’aux chutes de neige ».
Les volontaires retournèrent 
			et s’entretinrent entre eux : « Si seulement al-Afshin nous avait 
			laissé seul avec Ja’far, nous aurions capturé al-Badh. Cet homme 
			veut seulement atermoyer ». Cette conversation ainsi que toutes les 
			autres paroles des volontaires arrivèrent dans les oreilles 
			d’al-Afshin. Ils propagèrent la rumeur qu’al-Afshin refusait de 
			marcher contre l’ennemi, et qu’il voulait seulement prolonger 
			l’affaire autant que possible, jusqu’à ce qu’un d’entre eux déclara 
			qu’il vit dans un rêve le Messager d’Allah (saluts et bénédictions 
			d’Allah sur lui) qui lui dit : « Dites à al-Afshin : « Si tu fais la 
			guerre contre ce type (Babak) et que tu le forces jusqu’à que tu 
			l’abattes, alors c’est bien ! Dans le cas contraire, j’ordonnerai 
			aux montagnes de pleuvoir des pierres sur toi ! » Par conséquent, 
			les troupes en parlèrent ouvertement dans le camp, comme si l’homme 
			qui avait vu le rêve avait été divinement inspiré.
Quand al-Afshin fut informé, 
			il envoya un message aux chefs des volontaires et les fit amener 
			devant lui et leur demanda : « J’aimerais que vous me montriez cet 
			homme, car les gens voient dans les rêves des remèdes et des 
			solutions aux problèmes ». Donc ils ramenèrent l’homme avec un 
			groupe de gens. Al-Afshin l’accueillit, le mit à l’aise, l’approcha 
			de lui et lui dit : « Raconte-moi ton rêve sans être embarrassés ou 
			honteux ». L’homme dit : « J’ai vu dans mon rêve ainsi-et-ainsi et 
			ainsi-et-ainsi ». Al-Afshin répondit : « Allah Exalté connaît chaque 
			chose avant tout le monde et sait ce qu’Il est demandé de ces gens. 
			Si Allah Exalté et Bénis soit-Il, veut ordonner aux montagnes de 
			bombarder quelqu’un avec les pierres se serait certainement le 
			mécréant (Babak) et nous soulagerait de son problème. Comment 
			pourrait-Il me bombarder et par la même Le soulager du problème du 
			mécréant ? Au contraire, s’Il voulait lapider quelqu’un, Il 
			lapiderait Babak et Il n’aurait pas besoin de moi pour faire la 
			guerre contre lui ! Je sais que rien n’est dissimulé à Allah, Il est 
			Puissant et Exalté et Il est Celui qui connaît les secrets de mon 
			cœur et ce que j’ai l’intention de faire avec vous, O malheureux ! »
Un des volontaires, qui était 
			réputé pour sa piété dit : « O Amir, ne nous prive pas d’une chance 
			de martyr, si une occasion se présente à toi ! Nous cherchons 
			seulement la récompense d’Allah et Ses faveurs. Laissez-nous seuls 
			jusqu’à ce que nous puissions avancer, après avoir reçu ta 
			permission et peut être Allah Exalté nous accordera la victoire ». 
			Al-Afshin répondit : « Effectivement, je perçois que l’objet de 
			votre intention est proche et maintenant à portée de la main et je 
			crois qu’Allah Exalté désire vraiment ce cours d’action et que ce 
			sera un succès, s’Il le veut. Vous et le reste des troupes avez 
			maintenant un désir intense de mener la bataille. Allah Exalté sait 
			le mieux que ce n’était pas mon point de vue mais cela l’est devenu 
			maintenant après avoir entendu tes mots. J’espère qu’Il désire ce 
			cours d’action et qu’il sera couronné de succès. Allez en avant, 
			avec la bénédiction d’Allah Exalté, le jour que vous estimez le 
			mieux, pour que nous puissions nous lever et les assaillir. Il n’y a 
			aucune force et aucun pouvoir excepté par Allah ! »
Les soldats partirent réjouit 
			et transmirent les bonnes nouvelles à leurs camarades. Ceux qui 
			voulurent partir restèrent et ceux qui étaient encore dans le 
			voisinage, à quelques jours de marche seulement, lorsqu’ils furent 
			informés de la décision rebroussèrent chemin. Al-Afshin désigna un 
			jour aux troupes et ordonna aux troupes régulières, la cavalerie, 
			l’infanterie et tous les autres guerriers de se préparer ; rendant 
			ainsi son intention claire et sans aucun doute sur son intention de 
			lutter. Il emmena avec lui de l’argent et des provisions et pas un 
			seul mulet ou une bête de transport ne resta dans le camp, ne 
			transportant des provisions ou des litières pour transporter les 
			blessés. Il emporta avec lui des médecins, des réserves de biscuits, 
			de Sawiq et de tout ce dont il pourrait peut-être avoir besoin. Les 
			troupes avancèrent lentement jusqu’à ce qu’elles arrivent à al-Badh. 
			Le Boukhara-Khoudah prit sa position précédente en haut de la 
			montagne pour protéger les arrières des musulmans tandis que le 
			tapis de cuir et le siège furent montés pour Al-Afshin à sa place 
			habituelle, sur la colline en face des portes de la ville d’al-Badh.
Al-Afshin dit à Abou Doulaf : 
			« Dit aux volontaires de concentrer leurs efforts et se confiner 
			dans n’importe quel secteur qui sera le plus facile pour eux ». Il 
			dit à Ja’far : « Tu as l’armée entière à ta disposition, ainsi que 
			les archers et les lanceurs de naphte. Si tu as besoin d’hommes 
			supplémentaires, je te les enverrais. Prends donc tout ce qui est 
			nécessaire et tout ce dont tu as besoin et va en avant avec la 
			bénédiction d’Allah ! Procédez à n’importe quel endroit (au front de 
			la bataille) que tu choisiras ». Ja’far répondit : « J’ai 
			l’intention de prendre la même position où j’étais auparavant ». 
			Al-Afshin lui dit : « Alors tu peux y aller ». Il convoqua Abou 
			Sa’id et lui dit : « Reste ici avec moi, ainsi que toutes tes 
			troupes et ne laisse aucun d’entre eux prendre congé! » Il convoqua 
			aussi Ahmad Ibn al-Khalil et lui dit : « Reste ici avec tes 
			troupes et laisse Ja’far et tous ses hommes traverser. S’il exige 
			plus de soldats ou de cavaliers nous l’assisteront avec ces 
			renforts ». Il envoya alors en avant Abou Doulaf et ses troupes de 
			volontaires. Ils descendirent dans la vallée et montèrent ensuite 
			aux murs d’al-Badh à l’endroit où ils étaient montés à l’occasion 
			précédente et prirent position contre le mur, comme il l’avait fait 
			juste avant. 
Ja’far lança une attaque 
			jusqu’à ce qu’il atteigne la porte d’al-Badh, exactement comme il 
			l’avait fait la première fois. Il s’arrêta alors et les mécréants le 
			retinrent un certain moment. Alors al-Afshin envoya un homme avec 
			une bourse de dinars, et lui dit : « Va trouver les hommes de Ja’far 
			et demande qui était dans le groupe de front[2] et donne 
			une poignée de pièces ». Puis, il tendit une deuxième bourse à un 
			autre de ses hommes, en lui dit : « Vas chez les volontaires, avec 
			cet argent, ces colliers et ces bracelets et dit à Abou Doulaf de 
			récompenser chacun de ses combattants qui combattent bien ». Alors 
			il convoqua le commandant de l’approvisionnement et lui dit : « Vas, 
			et positionne toi avec les troupes au beau milieu de la bataille 
			pour que je puisse te voir avec mes propres yeux et prenez avec vous 
			du Sawiq et de l’eau dans le cas où les troupes deviennent 
			assoiffées et doivent revenir ». Il fit de même concernant l’eau et 
			le Sawiq pour les troupes de Ja’far. Alors il convoqua le commandant 
			du bataillon de génie civil et l’instruisit : « Quiconque parmi les 
			volontaires que tu verras au beau milieu de la bataille avec une 
			hache d’arme recevra de ma part cinquante dirhams » et il lui remit 
			une bourse de dirhams. Il fit de même aussi pour les troupes de 
			Ja’far. Il envoya aussi à Ja’far un coffre contenant des colliers et 
			des bracelets et lui dit : « Partage cela à qui tu veux parmi tes 
			troupes, en addition de ce qu’ils doivent recevoir de moi (leur paie 
			régulière) et annonce leur une garantie de ma part que leurs 
			allocations de paie seront augmentées, en plus des attestations (de 
			l’éloge pour leur bravoure) contenant leurs noms qui seront envoyés 
			au commandant des croyants ». 
Pendant longtemps la bataille 
			près de la porte fut imbriquée. Alors les khourramiyah ouvrirent la 
			porte et sortirent pour attaquer les hommes de Ja’far et les 
			repoussèrent de la porte. Ils assaillirent aussi les volontaires et 
			capturèrent deux de leurs étendards et les rejetèrent en arrière des 
			murs et leur infligèrent beaucoup de blessures avec des roches au 
			point qu’ils marquèrent les Musulmans, afin que ces derniers soient 
			incapables de soutenir le combat et s’arrêtent. Ja’far cria après 
			ses hommes et environ cent d’entre eux se précipitèrent en avant et 
			s’agenouillèrent derrière leurs boucliers dont-ils étaient équipés, 
			retenant ainsi l’ennemi, et empêchant les deux côtés de combattre. 
			Ils restèrent ainsi jusqu’à ce que les Musulmans aient accompli la 
			prière de midi.
Al-Afshin qui avait amené ses 
			balistes en déploya une près de Ja’far près de la porte et une autre 
			sur le flanc de la vallée près des volontaires. Ja’far lutta pour 
			défendre la baliste qui était près de lui car elle resta dans 
			l’espace entre les deux côtés adverses pour une assez longue période 
			et les troupes de Ja’far, après des efforts ardus, la prirent de 
			force et la ramenèrent dans leur propre camp. Les troupes des deux 
			côtés reprirent leur position l’un contre l’autre, en se retenant de 
			combattre main à main mais se couvrant respectivement de pluie de 
			flèches et de pierres volantes. Les troupes de Babak étaient sur les 
			murs et à la porte tandis que les guerriers de Ja’far se mettaient à 
			l’abri sous leurs boucliers. Alors plus tard les deux côtés se 
			combattirent à nouveau. 
Après ce qu’il vit, Al-Afshin 
			craignit que l’ennemi ne s’enhardisse contre ses troupes. Donc il 
			envoya en avant les fantassins qu’il avait retenus et ils prirent 
			place au même endroit que les volontaires. Il envoya à Ja’far un 
			escadron de fantassins, mais Ja’far dit : « Je n’ai pas été 
			défavorablement affecté par le manque d’hommes ; j’ai assez de 
			troupes avec moi. Le problème est que je ne voie pas d’endroit où 
			ils pourraient avancer et lutter. Et il y a juste la place qui 
			permet à un ou deux hommes de manœuvrer. Ils sont réduits à l’arrêt 
			dans cette place et le combat a cessé ». Lorsqu’il entendit cela, 
			Al-Afshin lui envoya un message lui disant : « Reviens avec la 
			bénédiction d’Allah » et Ja’far revint. 
Al-Afshin envoya les mulets 
			qu’il avait apportés avec lui, avec les litières sur leur dos pour 
			transporter les blessés, les estropiés par les jets de pierres et 
			les incapables de se déplacer qui furent placés sur leur dos. Il 
			ordonna aux troupes de se retirer et ils revinrent dans leur 
			tranchée à Roudh ar-Roudh. Les troupes désespérèrent de la victoire 
			cette année et la plus grande partie des volontaires partirent.
Deux semaines plus tard, les 
			forces d’al-Afshin furent de nouveau prêtes. Au milieu de la nuit, 
			il réveilla les fantassins archers soit près de mille hommes et 
			donna à chacun d’entre eux une outre d’eau et des biscuits. Il donna 
			à certains autres des bannières noires et d’autres choses. Il les 
			dépêcha au coucher du soleil, en envoya des guides avec eux. Ils 
			voyagèrent toute la nuit par des montagnes inconnues et difficiles, 
			en évitant les routes connues, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent la 
			colline sur laquelle Adin était posté, au fait d’une haute montagne. 
			Al-Afshin leur ordonna de ne pas laisser paraître leur présence 
			jusqu’à ce qu’ils aient vu les bannières d’al-Afshin, exécutés la 
			prière matinale et vu la bataille faire rage. Alors, ils devaient 
			monter ces bannières sur leurs lances, battre des tambours, 
			descendre la montagne et couvrir de flèches et de roches les 
			khourramiyah. Si, cependant, ils ne voyaient pas les bannières 
			d’al-Afshin, ils ne devaient pas bouger jusqu’à ce que des 
			renseignements leur parviennent. 
Ils atteignirent la crête de 
			la montagne à l’aube après avoir rempli leurs outres de l’eau du 
			Wadi. Quand une certaine heure arriva, al-Afshin envoya un message à 
			ses commandants qu’ils devaient se préparer avec leurs armes, car il 
			avait lui-même l’intention de marcher à l’aube. À un moment donné de 
			la nuit, il envoya Bashir at-Turki et plusieurs commandants des 
			troupes de Ferghana qui étaient avec lui et leur ordonna de se 
			mettre en mouvement jusqu’à ce qu’ils aient atteint le point 
			au-dessous de la colline dans la partie la plus basse du Wadi ou ils 
			firent le plein d’eau. Ce point était au-dessous de la montagne où 
			se trouvait Adin. Al-Afshin avait pris conscience auparavant que les 
			mécréants s’étaient positionnés en embuscade au-dessous de cette 
			montagne chaque fois que les troupes s’en étaient approchées. Bashir 
			et les troupes de Ferghana marchèrent vers cet endroit, où ils 
			savaient que les khourramiyah avaient une force embusquée. Bashir et 
			ses troupes voyagèrent une partie de la nuit, tandis que la plus 
			grande partie des troupes dans le camp ignoraient leur mouvement. 
			Alors Bashir avertit ses commandants qu’ils devaient se préparer à 
			monter avec leurs armes prêtes parce que l’émir allait pousser en 
			avant à l’aube.
En conséquence, quand l’aube 
			arriva, al-Afshin quitta le camp avec les troupes, les lanceurs de 
			naphte et leur matériel et les flambeaux comme il l’avait fait 
			auparavant. Il exécuta la prière de l’aube, fit battre les tambours 
			et grimpa jusqu’à ce qu’il atteigne l’endroit où il avait l’habitude 
			de s’arrêter à chaque fois. Son tapis de cuir fut étendu et son 
			siège disposé pour lui, comme d’habitude. 
Le Boukhara-Khoudah attendait 
			pendant ce temps sur les pentes de montagne où il avait l’habitude 
			de se positionner chaque jour. Mais ce jour particulier al-Afshin a 
			envoyé le Boukhara-Khoudah en avant dans l’avant-garde avec Abou 
			Sa’id, Ja’far al-Khayyat et Ahmad Ibn al-Khalil. Les troupes 
			étaient peu familières avec cette nouvelle formation de bataille et 
			al-Afshin leur ordonna de s’approcher de la colline où se trouvait 
			Adin pour l’encercler, bien qu’avant ce jour particulier, il leur 
			avait interdit de faire ainsi. Les troupes allèrent en avant, menées 
			par ces quatre commandants jusqu’à ce qu’ils encerclent la colline. 
			Ja’far al-Khayyat était près du passage d’al-Badh, Abou Sa’id était 
			à ses côté, le Boukhara-Khoudah était près d’Abou Sa’id et d’Ahmad 
			Ibn al-Khalil Ibn Hisham était à côté du Boukhara-Khoudah. Ils se 
			réunirent en formation d’encerclement autour de la colline et une 
			grande confusion et un grand tumulte s’élevèrent de la partie 
			inférieure de la vallée. Les troupes cachées en embuscade au-dessous 
			de la colline où Adin était posté bondirent subitement sur Bashir 
			at-Turki et les troupes de Ferghana. Ils luttèrent contre eux durant 
			un certain temps et le conflit devint confus. Les troupes dans le 
			camp musulman entendirent le tumulte et s’excitèrent pour l’action. 
			Al-Afshin ordonna donc à ses hérauts de proclamer : « O troupes, ce 
			sont Bashir at-Turki et les hommes de Ferghana que j’ai envoyé en 
			éclaireur et ils ont provoqué par conséquent une embuscade ennemie 
			en exposant leur position, ne devenez pas surexcités ainsi ! »
Quand les archers fantassins 
			qui s’étaient positionnés sur la crête de la montagne entendirent 
			les cris, ils levèrent les bannières comme al-Afshin leur avait 
			ordonné. Les troupes virent alors des bannières venir en haut d’une 
			montagne, des bannières noires qui se trouvaient quelque kilomètre 
			entre l’armée et la montagne. Ils descendaient eux-mêmes la montagne 
			d’Adin au-dessus de ses forces. Comme les bannières avaient été 
			levées, ils descendirent pour Adin mais des soldats de l’armée 
			d’Adin les espionnèrent et Adin envoya certains khourrami qui 
			étaient avec lui contre eux. Quand les troupes musulmanes les 
			virent, ils s’effrayèrent mais al-Afshin envoya un message aux 
			troupes musulmanes, leur disant : « Ceux qui descendent la montagne 
			sont nos propres troupes, qui nous renforceront dans la lutte contre 
			Adin ». 
Alors, Ja’far al-Khayyat et 
			ses hommes attaquèrent Adin et avancèrent directement vers eux 
			cependant les forces d’Adin lancèrent une puissante contre-attaque 
			contre les Musulmans et repoussèrent Ja’far et ses hommes dans la 
			vallée. Un guerrier qui combattait à proximité d’Abou Sa’id, du nom 
			de Mou’ad Ibn Muhammad ou Muhammad Ibn Mou’ad, avec un 
			petit détachement mena un nouvel assaut sur les khourramiyah, mais 
			des fosses avaient été creusées (par les khourramiyah) et les 
			chevaux tombèrent les uns après les autres. À ce point, al-Afshin 
			envoya un groupe de soldats du génie civil en leur ordonnant de 
			remplir avec des pierres des fosses qui avaient été faites. 
			Lorsqu’ils eurent fini, les troupes musulmanes lancèrent une attaque 
			concertée sur les khourramiyah. Adin avait préparé sur les sommets 
			des montagnes des chariots chargé de rocs et quand les troupes 
			musulmanes attaquèrent, il poussa les chariots sur eux et ils 
			dévalèrent la pente, alors il lança son attaque.
Quand Babak vit que ses 
			hommes étaient encerclés, il quitta al-Badh en compagnie d’un groupe 
			de ses hommes par la porte la plus proche d’al-Afshin, qui était à 
			deux kilomètres de la colline où se tenait al-Afshin. Ils se 
			renseignèrent sur la position d’al-Afshin et les hommes d’Abou 
			Doulaf demandèrent : « Qui êtes-vous ? » Ils répondirent : « C’est 
			Babak qui recherche al-Afshin ». Abou Doulaf envoya un messager à 
			al-Afshin pour l’informer et lui demander d’envoyer un homme qui 
			connaissait Babak. Cet homme regarda Babak, puis revint à al-Afshin 
			et lui dit : « Oui, c’est effectivement Babak! » » Alors al-Afshin 
			chercha un endroit où il pourrait discuter avec Babak et ses 
			compagnons ; tandis que pendant ce temps, la bataille était devenue 
			confuse dans les rangs d’Adin. 
Babak demanda à al-Afshin : « 
			Je demande un sauf-conduit du commandant des croyants ». Al-Afshin 
			lui répondit : « Je te l’ai déjà offert et il est disponible quand 
			tu le veux ». Babak dit : « Je le veux maintenant, à condition que 
			tu m’alloue une période pendant laquelle je pourrais réunir des 
			montures pour ma famille ainsi que de me préparer pour le voyage ». 
			Al Afshin lui dit : « Par Allah, je te l’ai déjà conseillé plus 
			qu’une fois, mais tu n’as pas suivi mon conseil ; je peux te le 
			redonner donc : il vaut mieux accepter le sauf-conduit aujourd’hui 
			que demain ». Il répondit : « O émir, je l’accepte immédiatement et 
			le suivrai ». Al-Afshin lui dit alors : « Envoie-moi maintenant les 
			otages que je t’ai déjà demandé auparavant ». Il répondit : « Oui, 
			mais un tel et un tel sont sur cette colline (où Adin luttait), 
			ordonne donc à tes troupes de se retirer ». 
Il a été rapporté : 
			« L’envoyé d’al-Afshin parti pour ramener les troupes et il a été 
			rapporté que les bannières des troupes de Ferghana était déjà entrée 
			dans al-Badh et que les troupes avaient déjà escaladé les 
			forteresses. Il cria aux troupes de le suivre. Alors il entra et les 
			troupes montèrent avec leurs bannières sur les forteresses de Babak. 
			Cependant, Babak avait mis en embuscade dans ses quatre forteresses, 
			six-cent hommes que les troupes musulmanes attaquèrent avant de 
			grimper en haut des forteresses avec les bannières tandis que les 
			rues d’al-Badh furent envahies par les gens. Les hommes de Babak 
			embusqués ouvrir les portes de la forteresse et les fantassins se 
			déversèrent et combattirent les troupes musulmanes. Pendant ce 
			temps, Babak partit et voyagea jusqu’à ce qu’il arrive dans une 
			vallée près de Hashtadsar.
Al-Afshin et tous ses 
			commandants furent complètement occupés avec le combat aux portes 
			des forteresses et les khourramiyah luttèrent vigoureusement. 
			Al-Afshin amena les lanceurs de naphte, qui après leurs 
			préparations, tirèrent sur les khourramiyah, pendant que les troupes 
			abattaient les forteresses jusqu’à ce que tous les soldats khourrami 
			furent tués jusqu’au dernier homme. Al-Afshin prit les membres de la 
			famille de Babak captifs ainsi que tous les membres de leur famille 
			qui étaient avec eux dans al-Badh. Finalement, lorsque le soir 
			arriva, al-Afshin ordonna le retour des troupes qui rentrèrent dans 
			leur camp tandis que tous les survivants khourrami étaient encore 
			dans leurs maisons. Al-Afshin lui-même revint dans son camp à Roudh 
			ar-Roudh ».
Il a été rapporté : « Quand 
			Babak et les hommes qui s’étaient enfuis avec lui dans la vallée 
			apprirent qu’al-Afshin était revenu dans son camp, ils revinrent à 
			al-Badh et emportèrent toutes les provisions de voyage qu’ils purent 
			transporter et leurs biens personnels avant de revenir dans la 
			vallée près d’Hashtadsar. Le matin suivant, al-Afshin se mit 
			en route jusqu’à ce qu’il entra dans al-Badh. Il s’arrêta dans la 
			ville, ordonna de détruire les forteresses et envoya les fantassins 
			patrouiller les zones extérieures de la ville, mais ils ne 
			trouvèrent pas un seul indigène. Il envoya le corps de génie civil 
			qui passa trois jours à niveler les forteresses après y avoir mis le 
			feu. Aucune maison ne fut laissée debout et la ville fut totalement 
			rasée. Puis, al-Afshin revint dans son camp et apprit que Babak 
			s’était enfuit avec un groupe de ses hommes. Alors il écrivit aux 
			gouverneurs de l’Arménie et à ses princes locaux et leur dit : « 
			Babak et un certain nombre de ses hommes se sont enfuis vers une 
			certaine vallée en direction de l’Arménie et passera certainement 
			par vous ». Il ordonna à chacun d’entre eux de garder sa propre 
			province avec prudence et de ne permettre à personne de voyager sans 
			l’arrêter et de vérifier son identité.
Des espions vinrent trouver 
			al-Afshin et l’informèrent de l’emplacement de la cache de Babak 
			dans la vallée. C’était une vallée remplie de végétation épaisse et 
			d’arbres, avec l’Arménie d’un côté et l’Azerbaïdjan de l’autre. La 
			cavalerie ne pourrait pas y pénétrer, ni personne se cacher à cause 
			de la densité des arbres et des cours d’eau. C’était effectivement 
			une grande forêt surnommée la « jungle ». Al-Afshin pour s’assurer 
			qu’aucune route n’en sortait et que Babak ne pourrait pas en sortir 
			envoya des patrouilles tout autour de cette zone. Sur chaque route 
			et dans chaque localité de cette région, il posta un détachement de 
			troupes d’environ quatre-cent à cinq-cents guerriers et il envoya 
			avec eux des gardes montagnards pour leur fournir des renseignements 
			sur la route et pour garder les routes la nuit, de peur que 
			quelqu’un ne passe par elles. En même temps, il envoya à chacun de 
			ces quinze détachements des provisions de son propre camp.
Ils restèrent ainsi jusqu’à 
			ce qu’arrive une lettre du commandant des croyants al-Mou’tassim 
			cacheté d’or et contenant un laissez-passer pour Babak. Sur ce, 
			al-Afshin convoqua les anciens partisans de Babak qui avaient 
			demandé la sécurité pour lui, et parmi eux le fils aîné de Babak. 
			Al-Afshin lui dit ainsi qu’aux autres captifs : 
- « Je ne m’étais pas attendu 
			à une réponse favorable du commandant des croyants. Maintenant 
			lequel d’entre vous prendras ce sauf-conduit et le transmettras à 
			Babak ? » Mais aucun d’eux n’osa l’entreprendre et l’un d’entre eux 
			protesta : 
- « O émir, aucun de nous 
			n’oserait le confronter avec cela ». 
- « Malheur à toi », lui 
			répondit al-Afshin « Il s’en réjouira certainement ! » L’homme 
			répondit : 
- « Puisse Dieu guider l’émir 
			vers la droiture ! Nous connaissons mieux que toi cette affaire ». 
			Al-Afshin dit : 
- « Même ainsi, vous devez 
			tous vous soumettre inéluctablement et complètement à moi et vous 
			devez lui livrer cette lettre ».
À cela, deux hommes parmi eux 
			se sont levés et lui dirent : 
- « Donnez-nous une garantie 
			que vous prendrez soin de nos familles (si n’importe quoi de 
			désagréable devait nous arriver) » et al-Afshin leur donna la 
			garantie exigée. 
Les deux hommes prirent la 
			lettre, partirent et ne cessèrent de tourner autour de la forêt 
			jusqu’à ce qu’ils tombent sur Babak. Le fils de Babak envoya aussi 
			une lettre avec les deux envoyés, l’informant de la nouvelle 
			situation et lui demandant de revenir et de choisir l’offre qui lui 
			était faite, qui lui garantissait la sécurité. 
Les deux hommes livrèrent les 
			lettres à Babak et lorsqu’il lut celle de son fils, il dit : 
- « Qu’avez-vous fait ? » Ils 
			répondirent : 
- « Nos familles et nos 
			enfants furent capturés cette nuit et nous ne savions pas où tu 
			étais afin que nous puissions te rejoindre. Nous étions dans un 
			endroit où nous avons craint qu’ils nous capturent, donc nous 
			demander une garantie de protection ». Babak 
			dit à l’homme qui lui avait apporté la lettre : 
- « Je ne connais rien de 
			cela, mais toi, O fils d’une trainée, comment as-tu osé le faire et 
			venir me trouver de la part de ce fils d’une trainée ? » Alors, il 
			saisit l’homme, lui trancha la tête et l’attacha à la lettre du 
			calife encore cachetée puis, dit à l’autre homme : 
- « Part et dit au fils de la 
			traînée (son propre fils) comment peux-tu m’écrire ainsi ? » Et il 
			lui répondit ainsi : « Si tu devais me rejoindre, suis-moi alors 
			dans la voie du mouvement auquel j’appartiens (c’est-à-dire, le 
			mouvement des khourramiyah) jusqu’à ce qu’un jour tu accèdes au 
			pouvoir, et tu sauras alors effectivement mon fils. Mais à ce point, 
			je suis sûr de la corruption de ta mère, la traînée. O fils de la 
			traînée, peut être vivrai-je une longue période après cela, mais ce 
			sera sous le nom d’une personne de pouvoir, et quoi que je suis ou 
			que l’on dise de moi, ce sera comme un roi. Tandis que toi, tu viens 
			d’un stock dépourvu de bonnes caractéristiques et je témoigne que tu 
			n’es pas mon fils, car il vaut mieux vivre une seule journée comme 
			un roi que vivre quarante ans comme un esclave abject ». Après cela, 
			il quitta sa cachette et envoya trois hommes avec l’envoyé 
			d’al-Afshin pour l’escorter jusqu’à une certaine distance et alors 
			ils rejoignirent Babak.
					
					
					
					[1] 
					Sortes de mélange de céréales.
					
					
					
					[2] 
					La partie la plus avant d’un groupe de personnes 
					combattantes, et en particulier une division militaire de 
					front d’une armée en mouvement (saf awwal). Ceux qui 
					combattent dans le pur sentier d’Allah Exalté dans le groupe 
					de front seront parmi les personnes les plus récompensées le 
					jour du Qiyamah.
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