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			L’état du 
			monde islamique à l’aube des croisades
			
			
			Cette introduction achevée, nous allons présenter les racines historiques 
			de ces croisades mais préalablement, il convient de répondre à 
			quelques questions que le lecteur pourrait se poser. 
			L’une d’entre-elle est pourquoi les Chrétiens catholiques ont-ils débuté 
			leur croisades au cinquième siècle de l’Hégire (onzième siècle) et 
			pas avant ? Pour répondre à cette question, un rapide aperçu du 
			monde islamique à cette époque est nécessaire. 
			Si par exemple nous nous penchons sur l’Irak et Baghdad qui était le siège 
			des Abbassides, nous nous rendons compte que les croisades ont 
			débuté sous le règne du vingt-huitième calife abbasside 
			al-Moustadhir Billah et du sultanat des Seljouks qui était des 
			Musulmans Sounnites. Comme nous l’avons précédemment mentionné dans 
			notre Abrégé de l’Histoire des Abbassides, je vous rappelle 
			qu’à cette époque le titre de « calife » 
			 n’avait de valeur que son nom 
			et que le réel pouvoir était exercé par les sultans. Le premier 
			sultan à être nommé en Islam fut Ashnas, un chef abbasside turc, 
			sous le règne du neuvième calife abbasside al-Wathiq Billah qui lui 
			attribua cette fonction en l’an 228 de l’Hégire (842) et ce fut 
			aussi la première fois que ce nom fut utilisé en Islam. 
			Au cinquième siècle de l’Hégire, le califat traversait sa période de 
			faiblesse qui débuta avec l’assassinat du dixième calife abbasside 
			al-Moutawakkil ‘Alallah en l’an 247 de l’Hégire (861) par les chefs 
			turcs qui avaient été introduits dans la structure du gouvernement 
			abbasside par son père le calife al-Mou’tassim Billah. Comme vous le 
			savez, al-Mou’tassim Billah est le fils d’Haroun ar-Rashid, le 
			huitième calife abbasside. La mère d’al-Mou’tassim Billah se nommait 
			Marida et elle était une « mère d’enfant » turque.
			Avec l’assassinat d’al-Moutawakkil ‘Alallah, les Turcs contrôlèrent dès 
			lors le pouvoir jusqu’à l’entrée de Mou’iz ad-Dawlah Ahmad Ibn 
			Bouwayhi ad-Daylami à Baghdad en l’an 334 de l’Hégire (945) et qui 
			était un rafidi shi’i et comme l’a précisé l’Imam Ibn al-Athir dans
			al-Kamil, les Bouwayhi de Daylam étaient des shiite ghoulat. 
			Certains autres historiens ont aussi rapporté qu’ils étaient des 
			shiite zaydiyah. 
			Les sultans rafidi bouwayhi contrôlèrent à leur tour l’état abbasside 
			jusqu’en l’an 447 de l’Hégire (1045) sous le règne du vingt-sixième 
			calife al-Qayim Bi-Amrillah quand le chef seljouk Toughroul 
			(Toghrul) Bek entra pour la première fois à Baghdad et mit fin au 
			règne injuste des Bouwayhi ainsi qu’à leur personne.
			
			
			La dynastie des 
			Seljouks et qui sont-ils
			
			
			Les Seljouks étaient des Turcs de la tribu des Ghouz qui vivaient dans le 
			Turkestan et dont l’ancêtre seljouk était Ibn Douqaq ou Ibn Boughaq 
			et qui fut le premier à s’islamiser. Après sa mort, les Ghouz se 
			rendirent dans le Khwarezm près de Boukhara à l’ombre du puissant 
			état des Ghaznawi et en l’an 428 de l’Hégire (1089), Toughroul Bek 
			Ibn Mika'il Ibn Seljouk prit Nayssabour (Nichapour) la 
			capitale du Khorasan.
			Lorsque le sultan ghaznawi Mas’oud se rendit compte du danger que 
			représentait les Saljouk, il décida de les chasser et en l’an 431 de 
			l’Hégire (1036), il affronta ces derniers sous le commandement de 
			Toughroul Bek mais perdit la bataille ce qui permit aux Seljouks de 
			prendre le contrôle du Khorasan, puis d’ar-Rayy et d’Ispahan dont 
			ils firent leur place forte. 
			Puis Toughroul Bek Ibn Mika'il Ibn Seljouk décida d’éliminer Arsalan 
			Bassassiri qui était un chef turc des Bouwayhi et qui voulait mettre 
			fin au califat abbasside sous le règne d’al-Qayim Billah et entrer à 
			Baghdad sous la protection du 
			califat ‘oubaydi ismaélien d’Egypte dont le calife de 
			l’époque était al-Moustansir Billah al-‘Oubaydi al-yahoudi 
			al-Khabith ad-Da’i.
			Toughroul Bek Ibn Mika'il Ibn Seljouk entra donc à Baghdad, mit fin aux 
			Bouwayhi et à leur règne avant de prendre le contrôle du faible 
			califat abbasside et de demander la main de la fille du calife mais 
			peu après son mariage qu’il ne consuma pas, il décéda au mois de 
			Ramadan de l’année 455 de l’Hégire (1062) et sans successeur, il fut 
			succédé par le fils de son frère le sultan Alb (Alp) Arsalan Ibn 
			Daoud Ibn Mika'il Ibn Seljouk.
			
			Alb Arsalan nomma Nizam al-Moulk ministre et ce dernier est considéré 
			comme le plus grand ministre (wazir) de toute l’histoire des 
			Musulmans et sous son règne, les Seljouks entreprirent l’assaut 
			destructeur de l’empire orthodoxe romain byzantin ce qui poussa 
			l’empereur byzantin Romanos IV (Romain Diogène) à lever une immense 
			armée et attaquer les terres musulmanes. Alb Arsalan, par la grâce 
			d’Allah Exalté, réussit à le vaincre et à le faire prisonnier lors 
			de la fameuse bataille décisive de Maladzkard (Manzikert) qui eut 
			lieu en Arménie le vendredi 27 du mois de Dzoul Hijjah de l’année 
			468 de l’Hégire (1075) et ou l’armée 
			byzantine de plus d’une 
			centaine de milliers de soldats fut anéantie. 
			
			
			
			
			La bataille de Manzikert
			Voici le récit de cette bataille par trois 
			historiens différents et à différente époque. Cependant je n’ai pu 
			trouver de détail, chez les Musulmans, sur le déroulement de la 
			bataille en elle-même, ce qui m’aurait permis de pouvoir tracer un 
			plan de bataille. Je n’ai pas été voir ailleurs et sachant qu’un 
			livre va sortir au mois d’aout sur cette bataille, il doit avoir 
			certainement plus de détail chez les historiens occidentaux. J’ai 
			les documents en questions que je n’ai pas pris la peine de lire, 
			néanmoins, il se peut que je le fasse par la suite pour dresser 
			d’éventuel plan.  
Si vous vous posez la question pourquoi j’ai 
			rapporté ces trois versions (sur une vingtaine) c’est que chacune à 
			des détails supplémentaires. Bien sûr j’aurais pu faire une synthèse 
			des trois textes mais je ne suis ni écrivain, ni savant ! L’honneur 
			revient donc aux Salaf et à eux seuls ainsi que la récompense 
			puisqu’ils en sont les auteurs. Mon travail consiste simplement et 
			humblement à vous traduire ce qu’ils ont rapporté.
Cette bataille fut non seulement décisive 
			mais d’une prime importance car c’est elle qui va déclencher 
			(officiellement) les croisades. 
			
			Al-Mountadam 
			fit-Tarikh al-Moulouk wal-Oumam.
			Récit de l’Iman Abou al-Faraj Ibn al-Jawzi, (né en 508 et 
			décédé en l’an 597 de l’Hégire) 
« Puis l’année 463 (1071) commença.
Parmi les évènements qui s’y découlèrent, le 
			sultan reçut la nouvelle que le roi de Byzance réunissait de 
			nombreuses troupes et marchait vers les terres islamiques. Le sultan 
			était avec les restes éparpillés de l’armée car ils étaient repartis 
			de Syrie au Khorasan dans la confusion ; 
			les prix élevés ayant épuisé leurs biens ils retournaient 
			vers leurs terres. Le sultan resta avec environ 4 000 Ghoulam. Il 
			pensa que cela n’était pas sage de renvoyer les troupes et ne fit 
			rien pour les rappeler en dépit de la catastrophe qu’il pourrait en 
			découler pour l’Islam. Cependant, il préféra appeler au combat dans 
			la voie d’Allah et s’y tenir fermement même avec une petite force 
			d’hommes mais tous décidés.
Il envoya donc Khatoun as-Safariyah, Nizam 
			al-Moulk et les bagages lourds à Hamadan et lui ordonna de 
			rassembler les soldats et de les lui envoyer. Il dit à Nizam 
			al-Moulk et aux commandants de son armée : 
- « Je tiens fermement que cette bataille 
			soit conduite de la façon que le font ceux qui recherchent la 
			récompense divine et que je devienne l’un de ceux qui risquent leur 
			vie dans la bataille. Si je suis épargné, cela vient de ma croyance 
			en Allah le Très Haut. Et dans l’autre cas, je vous enjoins à 
			écouter et à obéir à mon fils Malik Shah, à le mettre à ma place et 
			à en faire votre prince car, je lui ai transmis cet ordre et l’ai 
			informé. » Ils lui répondirent par des invocations, l’écoute et 
			l’obéissance et telles étaient les manières de Nizam al-Moulk.
Le sultan resta avec son groupe de l’armée 
			comme un détachement isolé. Chaque ghoulam était monté sur un cheval 
			et disposait d’un cheval supplémentaire à ses côtés. Alp Arsalan se 
			dirigeant alors à la rencontre du roi de Byzance et leur fit la 
			guerre. Il fut victorieux et leur prit la croix. Le reste des 
			Byzantins s’enfuit après leur totale défaite laissant derrière eux 
			leurs morts et leurs blessés. Leur chef fut apporté au sultan qui 
			ordonna que son nez soit tranché. Il envoya à Hamadan la croix, qui 
			était faite de bois et sur laquelle se trouvaient des pièces 
			d’argent et de turquoise, et un livre dans un petit coffre en 
			argent, qu’il portait avec lui. Il écrivit à Nizam al-Moulk pour 
			l’informer de la victoire et ordonna qu’elle soit transmise au 
			calife.
Le roi de Byzance arriva et les deux camps 
			se rencontrèrent près d’un endroit appelé ar-Rahwah, un mercredi 
			dans les cinq derniers jours du mois de Dzoul Qi’dah de cette même 
			année (25 août 1071). L’armée de Byzance était immense et le total 
			de ceux qui se trouvaient avec le sultan approchaient les 20 000. 
			Quant au roi de Byzance, il avait avec lui 35 000 croisés et 35 000 
			… avec 200 généraux et commandants ; chacun avait entre 2 000 et 5 
			000 cavaliers. Il avait aussi avec lui 15 000 Ghouz qui vivaient 
			au-delà de Constantinople ; 100 000 sapeurs et mineurs, 100 000 
			ingénieurs de siège et 400 charriots transportant des armes, des 
			selles, des balistes et des mangonneaux, dont l’un deux était tiré 
			par 1 200 hommes.
Le sultan envoya un message au roi de 
			Byzance, lui demandant de rentrer dans son pays et lui dit : « Je 
			vais moi-même rentré chez moi et le traité de paix du calife 
			décidera entre nous. » Le roi de Byzance avait préalablement envoyé 
			un messager demandant au calife de faire la paix et de conclure un 
			traité. Mais la réponse du roi de Byzance arriva à Alp Arsalan et 
			disait : « J’ai dépensé beaucoup d’argent et réunis de nombreux 
			soldats pour un évènement comme celui-ci. Si j’y suis victorieux, 
			comment puis-je rentrer ? Comme c’est absurde ! Il n’y aura pas 
			d’autre traité et pas de retour avant que j’ai fait aux terres 
			d’Islam la même chose que ce que l’on a fait aux terres de 
			Byzance. »
Quand ce fut l’heure de la prière du 
			vendredi, le sultan accomplit la prière avec son armée, il pria 
			Allah le Très Haut, pleura et fit d’humbles invocations avant de 
			dire à son armée : « Certes, nous avons un nombre réduit d’hommes 
			mais je veux moi-même me jeter sur les Byzantins en ce moment où les 
			prières sont récitées pour nous et pour les Musulmans sur les 
			chaires. Soit j’atteindrais mon but ou j’irai en martyr au paradis. 
			Celui qui parmi vous veux me suivre, qu’il me suive, et celui qui 
			veut partir, qu’il quitte ma compagnie. Je ne suis pas ici en tant 
			que sultan ou commandant d’une armée, aujourd’hui je ne suis que 
			l’un de vous et un Ghazi (combattant) avec vous. Celui qui me suit 
			et se vend à Allah Très Haut gagnera le Paradis et le butin. Celui 
			qui s’en va, le feu et l’ignominie lui seront obligatoires. » Ils 
			lui répondirent : « O sultan ! Nous sommes tes serviteurs et quoi 
			que tu fasses nous te suivrons et t’aiderons. Fais donc ce que tu 
			veux. »
Il jeta son arc et ses flèches, prit ses 
			armes, sa massue, fit un nœud à la queue de sa jument puis la monta 
			suivit par ses soldats. Il avança sur les Byzantins, cria un Takbir 
			auquel répondirent ses hommes et se jeta à l’attaque suivit par un 
			nuage de poussière qui s’éleva dans les airs. Ils combattirent les 
			uns contre les autres pendant une heure durant laquelle la situation 
			dépassa de loin une simple déroute des mécréants. Le sultan et ses 
			hommes passèrent la journée et la nuit à tuer d’une façon 
			dévastatrice, pillèrent et mirent à sac. Puis le sultan retourna à 
			sa position et le Khadim al-Qahray vint le voir et lui dit : 
- « O sultan ! Un de mes Ghoulam a mentionné 
			que le roi de Byzance est son prisonnier. » Ce Ghoulam avait été 
			présenté à Nizam al-Moulk avec l’armée mais il l’avait rejeté et dit 
			en plaisantant : « Peut-être nous apportera-t-il le roi de Byzance 
			prisonnier. » Et Allah le Très Haut accomplit la capture du roi par 
			les mains de ce même Ghoulam.
Le sultan considéra l’histoire de la prise 
			de Romanus comme très improbable et il convoqua un Ghoulam nommé 
			Shadi qui était allé plusieurs fois avec les envoyés voir le roi de 
			Byzance et lui demanda d’aller voir le prisonnier et de vérifier. Il 
			y alla donc et le vit, puis il revint et dit : « C’est lui. » Alors 
			Alp Arsalan donna des ordres pour qu’une tente soit installée et le 
			prisonnier fut amené et enchainé, les mains au cou. Il ordonna 
			également que cent Ghoulam se chargent de lui. 
Il offrit alors une robe d’honneur à l’homme 
			qui avait capturé et enfermé l’empereur Romanos et il lui donna tout 
			ce qu’il suggéra comme récompense avant de lui demander de lui 
			raconter l’histoire. Le Ghoulam lui dit alors : « Je l’ai attaqué, 
			sans l’avoir reconnu, et autour de lui il y avait dix jeunes garçons 
			parmi les serviteurs. L’un d’eux me dit : « Ne le tuez pas car il 
			est le roi », alors je l’ai fait prisonnier et l’ai rapporté. » 
Le sultan ordonna que Romanos soit apporté 
			devant lui. Il le frappa deux ou trois fois de sa main et il lui 
			donna autant de coups de pied puis lui dit : 
- « N’ai-je pas donné l’ordre à tes envoyés 
			au calife de préparer les termes de paix avec toi pour répondre 
			ainsi à ta requête ? Ne t’ai-je pas envoyé un message et offert de 
			me retirer, et que tu as refusé ? Qu’est-ce qui t’a fait enfreindre 
			le traité ? » Romanos répondit : 
- « J’ai rassemblé les troupes, ô sultan, 
			j’étais en nombre supérieur et j’avais le dessus, mais la victoire 
			fut tienne. Alors faites ce que tu veux et ne me réprimande pas. » 
			Alp Arsalan le questionna :
- « Si j’étais tombé entre tes mains, 
			qu’aurais-tu fait de moi ? » 
- « Quelque chose de mal. » 
- « Il a dit vrai par Allah ! S’il avait dit 
			autre chose, il aurait menti. C’est un homme intelligent et fort. Il 
			ne convient pas qu’il soit tué. » 
- « Que penses-tu que l’on devrait te faire 
			? » 
- « Une des trois choses : la première est 
			de me tuer, la seconde de me défiler publiquement dans ton pays que 
			j’ai failli à attaquer et capturer, et troisièmement, inutile d’en 
			parler car tu ne le feras pas. » Alp Arsalan lui demanda : 
- « Dis-le. » 
- « Me pardonner, accepter l’argent, me 
			rançonner, m’attacher à ton service et me renvoyer dans mon royaume 
			en tant que l’un de tes Mamelouk, comme ton représentant sur les 
			terres de Byzance. » Alp Arsalan lui répondit : 
- « J’ai décidé en ce qui te concerne ce qui 
			convient à ta position désespérée. Après y avoir réfléchi, apporte 
			assez d’argent pour ta libération et je te libérerai. » Romanos 
			demanda : 
- « Le sultan doit dire ce qu’il veut. » 
- « Je veux un million de dinars. » 
- « Par Dieu, tu mériterais le royaume de 
			Byzance, si tu épargnes ma vie, mais j’ai dépensé de l’argent et, 
			depuis que je règne sur eux, j’ai utilisé des biens de Byzance pour 
			le renouvèlement de l’armée et pour la guerre que j’ai livré jusqu’à 
			cette bataille-ci, et je les ai appauvri par cela. Si ce n’avait été 
			cela, je ne considèrerais rien de ce que tu exiges comme excessif. » 
Et la conversation continua jusqu’à ce que 
			l’accord soit établi sur la base d’un million et demi de dinars et 
			pour un traité sur la base de 360 000 dinars par an et la libération 
			de tous les prisonniers musulmans de Byzance, ainsi que des cadeaux 
			et des présents soient livrés en même temps qu’eux, le plus 
			rapidement. Alors Romanos lui dit : 
- « Si tu te montres bon avec moi, et me 
			renvois avant que les Byzantins ne désignent un nouveau roi sans 
			quoi je ne pourrai pas les approcher et je ne pourrai pas tenir mon 
			engagement. » Le sultan dit :
- « Je veux que tu rendes Antioche, ar-Rouha 
			(Edesse) et Manbij, qui ont été récemment prises aux Musulmans et 
			que tu libères les prisonniers musulmans. » 
- « Si je retourne dans mon royaume, 
			j’enverrai un contingent en chaque lieu et je les assiégerai jusqu’à 
			ce que je parvienne à les obliger à se rendre. Quant aux 
			prisonniers, je les relâcherai tous et je serai bon envers eux. »
Le sultan ordonna alors que ses chaines et 
			son collier soient ôtés puis dit : 
- « Donnez-lui un verre d’eau. » On le lui 
			donna et Romanos pensa que c’était pour lui et il voulut boire mais 
			il en fut empêché puis ordonné de servir le sultan et de marcher 
			vers lui et de lui présenter le gobelet. Alors il s’arcbouta 
			légèrement vers le sol conformément à la coutume byzantine et avança 
			vers lui. Le sultan prit le gobelet, tira ses cheveux et mit sa face 
			contre terre et dit : 
- « Si tu rends hommage aux rois, fais-le 
			comme ça. » Le sultan fit cela parce qu’il avait dit à ar-Rayy : 
			« Me voici, partant combattre le roi byzantin, le faire prisonnier 
			et le placer près de moi comme échanson. » 
Le roi de Byzance retourna dans sa tente, 
			leva un prêt de 10 000 dinars qu’il distribua à son cortège, à ses 
			domestiques et à ses agents, et d’autres pour régler son affaire.
Le lendemain, le sultan convoqua Romanos et 
			installa pour lui son trône et une chaise qui lui avaient été prise 
			et l’assit sur les deux. Il retira sa cape et sa coiffe et l’en 
			revêtit avant de lui dire : 
- « Je t’ai attaché à mon service et je suis 
			satisfait de ce que tu as dit. J’irai avec toi dans ton pays et te 
			rendrai à ton royaume. » Alp Arsalan lui demanda alors : 
- « Le calife d’Allah Très Haut ne t’a-t-il 
			pas envoyé un envoyé pour t’amener à lui, avec l’intention 
			d’arranger ton affaire, et tu as ordonné qu’il se découvre la tête, 
			resserre sa ceinture, et embrasse le sol devant toi ? » 
Alp Arsalan avait entendu que l’empereur 
			Romanos avait agi ainsi avec Ibn al-Mouhallaban, et le sultan sembla 
			changer d’avis alors Romanos dit : 
- « O sultan, comment les choses en 
			sont-elles venues là ? » Puis, il se leva, se découvrit la tête, se 
			prosterna et dit : 
- « Ceci est en échange de ce que j’ai fait 
			avec son envoyé. » Le sultan en fut heureux 
			et ordonna qu’une bannière soit levée pour lui sur laquelle 
			était brodé : « Il n’y a de Dieu qu’Allah. Muhammad est le Messager 
			d’Allah. » Alors le sultan Alp Arsalan la leva au-dessus de la tête 
			de Romanos et envoya deux chambellan et 100 Ghoulam avec lui à 
			Constantinople tandis qu’il l’accompagna durant un farsakh (un 
			parasange ou environ 5 km). Quand Romanos fit ses adieux au sultan, 
			il voulut descendre de sa monture et le sultan l’en empêcha et ils 
			s’embrassèrent et se quittèrent.
Cette victoire de l’Islam fut un miracle 
			sans équivalent car les mécréants s’étaient assemblés pour détruire 
			l’Islam et son peuple. Le roi de Byzance avait pris la décision 
			d’aller avec le sultan jusqu’à Rayy tandis que ses généraux avaient 
			déjà divisé les terres islamiques en fiefs. 
Quand la victoire arriva et que la nouvelle 
			atteignit Baghdad, les tambours et les cornes 
			sonnèrent, le peuple se rassembla dans le hall d’audience et 
			les lettres de victoires furent lues.
Quand les Byzantins entendirent ce qui 
			s’était passé, ils empêchèrent Romanos de revenir dans son pays et 
			ils désignèrent un autre roi. Romanos devint ascète et porta des 
			vêtements de laine. Il envoya au sultan 200 000 dinars, un plat en 
			or avec des bijoux pour une valeur de 90 000 dinars et jura sur 
			l’Evangile qu’il ne pouvait faire plus que cela. Il se dirigea vers 
			le roi d’Arménie à qui il demanda l’hospitalité. Ce dernier aveugla 
			Romanos et envoya un message au sultan pour l’en informer. »
Al-Kamil fit-Tarikh. Récit de ‘Ali 
			‘Izz ad-Din Ibn al-Athir al-Jazari (né en l’an 555 et décédé en l’an 
			630 de l’Hégire (1233))
Cette année-là (463 de l’Hégire (1071)), 
			Romanus le roi de Byzance sortit avec 200 000 hommes constitués de 
			Byzantins, de croisés, d’Arabes, de Russes, de Pachnag (Turcs), de 
			Géorgiens et d’autres. Ils vinrent orgueilleux et en grande pompe. 
			Romanos se dirigea vers les terres d’Islam et arriva à Manzikert 
			dans un des quartiers d’Akhlat. La nouvelle atteignit le sultan Alp 
			Arsalan alors qu’il était dans la ville de Khoy en Azerbaïdjan, de 
			retour d’Alep. Il fut informé du nombre de troupe qui accompagnait 
			le roi de Byzance et le sultan ne pouvait pas rassembler ses troupes 
			car elles étaient loin et l’ennemi proche. Alors il envoya les 
			bagages avec sa femme et Nizam al-Moulk à Hamadan puis marcha 
			lui-même avec ce qu’il avait comme troupes ; 15 000 cavaliers. Il 
			accéléra le rythme de sa marche et leur dit : « En vérité, je me 
			bats dans l’espoir de la récompense divine et avec endurance. Si je 
			suis épargné, alors ce sera une faveur d’Allah Exalté Tout Puissant, 
			et si c’est le martyre, alors mon fils Malik Shah deviendra mon 
			héritier ».
Quand il arriva près de l’ennemi, il envoya 
			son avant-garde contre Romanos et celle-ci rencontra le commandant 
			des Russes accompagné d’environ 10 000 Byzantins près d’Akhlat et 
			ils engagèrent le combat. Les Russes furent vaincus et leur 
			commandant fut pris prisonnier et emmené au sultan qui lui coupa le 
			nez et l’envoya avec le butin à Nizam al-Moulk en lui ordonnant de 
			l’envoyer à Baghdad. 
Quand les deux armées se firent face, le 
			sultan envoya un message au roi de Byzance lui proposant une trêve. 
			Romanos répondit : « Il n’y aura pas de trêve avant 
			ar-Rayy (sous-entendu pas de trêve avant que j’atteigne ar-Rayy) » 
			et le sultan en fut mécontent. Son Imam et Faqih, Abou Nasr Muhammad 
			Ibn ‘Abdel-Malik al-Boukhari al-Hanafi, lui dit : « Tu combats pour 
			la religion à laquelle Allah Exalté a promis Son aide et qu’Il la 
			ferait triompher sur les autres religions et j’ai l’espoir qu’Allah 
			Tout-Puissant a écrit cette victoire pour toi. Alors rencontre le 
			vendredi après-midi à l’heure où les prêcheurs seront en chaire, car 
			ils prieront pour la victoire des Moujahidine et la prière est liée 
			à une heure ou les invocations sont agrées. »
Quand l’heure en question arriva, il pria 
			avec eux. Le sultan pleura et les gens pleurèrent en le voyant 
			pleurer puis, il leur dit : « Que celui qui veut partir, s’en aille. 
			Il n’y a plus de sultan ordonnant ou pardonnant. » Il jeta son arc 
			et ses flèches, prit son épée et sa massue et attacha la queue de 
			son cheval suivit par son armée. Il mit des vêtements blancs, 
			s’oignit  et dit : « Si 
			je suis tué, voici mon linceul. »
Il avança vers les Byzantins et ils 
			avancèrent vers lui. Quand il se rapprocha d’eux, il descendit de sa 
			monture, frotta son visage de poussière, pria et fit de nombreuses 
			invocations. Puis il monta et attaqua et les soldats attaquèrent 
			avec lui. Les Musulmans atteignirent leur centre et la poussière 
			forma une barrière entre eux. Les Musulmans firent un carnage parmi 
			eux comme ils le souhaitèrent et Allah Exalté, à Lui les Louanges et 
			la Gloire, fit descendre sa victoire. Les Byzantins s’enfuirent et 
			une quantité innombrable d’entre eux furent tués, au point que le 
			sol était recouvert de leurs cadavres. Le roi byzantin fut fait 
			prisonnier par un des  
			esclaves de Jawhara’in qui voulut le tuer, ne l’ayant pas reconnu, 
			mais le serviteur qui se trouvait avec le roi lui dit : « Ne le tue 
			pas, c’est le roi. »
Cet esclave avait été offert à Nizam 
			al-Moulk par Jawhara’in qui lui avait rendu le trouvant chétif mais 
			Jawhara’in loua l’esclave et Nizam al-Moulk dit : « Peut-être nous 
			apportera-t-il le roi de Byzance comme prisonnier », et cela se 
			passa ainsi.
Quand l’esclave eut fait prisonnier le roi, 
			il l’apporta à Jawhara’in qui alla dire au sultan que le roi avait 
			été fait prisonnier. Le sultan Alp Arsalan ordonna de l’apporter et 
			lorsqu’il fut en sa présence, il le frappa trois fois de ses propres 
			mains et lui dit : 
- « Ne t’ai-je pas envoyé un message au 
			sujet d’une trêve que tu as refusée ? » Romanos répondit : 
- « Cesse de me réprimander et fais ce que 
			tu veux. » Le sultan lui demanda : 
- « Qu’avais-tu l’intention de faire de moi, 
			si tu m’avais fait prisonnier ? » 
- « Le pire. » 
- « Que penses-tu que je vais faire de toi 
			? » Romanos répondit : 
- « Soit tu vas me tuer, ou tu vas m’exhiber 
			en terre d’Islam, et l’autre possibilité est improbable ; c’est le 
			pardon, que tu acceptes l’argent et que tu me fasse ton 
			représentant. » 
Alors le sultan Alp Arsalan le rançonna pour 
			un million et demi de dinars et sur l’accord que Romanos lui 
			enverrait des soldats de Byzance à chaque fois qu’il le demanderait 
			et qu’il libèrerait tous les prisonniers musulmans de Byzance. 
			L’affaire fut conclu et il l’installa dans une tente et lui envoya 
			10 000 dinars pour s’équiper. Il libéra pour lui un groupe de 
			commandants et le lendemain il lui donna une robe d’honneur. Le roi 
			de Byzance dit : « Dans quelle direction est le calife ? » On le lui 
			montra. Il se leva et se découvrit la tête et se prosterna jusqu’au 
			sol en signe de soumission. Le sultan fit un traité avec lui pour 50 
			ans et le renvoya dans son pays. Il envoya avec lui un contingent 
			pour l’accompagner jusqu’à destination, et le sultan l’accompagna 
			sur un farsakh.
Quand les Byzantins apprirent le résultat de 
			la bataille, Michael s’empara du royaume et prit possession des 
			terres. Quand le roi Romanos atteignit la citadelle de Douqiyah, la 
			nouvelle lui parvint. Il mit des vêtements de laine et prit la voie 
			de l’ascétisme. Il envoya un message à Michael l’informant de ce qui 
			avait été convenu avec le sultan et il dit : « Si tu désires faire 
			ce qui a été convenu, fais-le, et si tu ne veux pas, ne le fais 
			pas. » Michael lui répondit qu’il préférait honorer les accords 
			convenus. Alors Michael demanda à Romanos d’agir comme intermédiaire 
			pour lui et de déposer une requête à ce sujet.
Romanos assembla les biens qu’il avait soit 
			200 000 dinars qu’il envoya au sultan, avec un plat d’or couvert de 
			bijoux d’une valeur de 90 000 dinars. Il lui jura que c’était tout 
			ce qu’il pouvait faire. Puis Romanos conquit les districts et les 
			territoires d’Arménie. Les poètes ont écrit des éloges du sultan et 
			ont mentionné sa victoire et ont discouru dessus.
			Rawdat as-Safah 
			fis-Sirat al-Anbiyah wal-Moulouk wal-Khoulafah.
			Récit de 
			Mirkhwand Mohammad Ibn 
			Khwandshah Ibn Mahmoud (né en 836 de l’Hégire 
			(1433) et décédé en 903 de l’Hégire (1498))
« Quand le sultan Alp Arsalan, au cours de 
			sa campagne en Irak arabe, arriva à la forteresse de Khoy, il reçut 
			la nouvelle que l’empereur byzantin avait rassemblé une grande armée 
			de croisés, de Russes, d’Arméniens, de Syriens et de Grecs, et qu’il 
			avait assemblé 300 000 hommes prêts à se battre et dont les noms 
			avaient été enregistrés. De plus, un grand nombre de patriarches et 
			d’évêques s’étaient enrôlés sous son étendard. L’empereur et sa 
			suite prévoyaient de conquérir Baghdad et d’installer un catholique 
			à la place du calife. Puis sans attendre, ils marcheraient sur 
			Samarcande et non seulement bruleraient le livre sacré des Musulmans 
			mais briserait les chaires et n’en laisserait pas un seule debout.
Apprenant cela, Alp Arsalan se prépara pour 
			la guerre avec l’objectif de réduire les Chrétiens complètement sous 
			son joug. Donc, il dit à son vizir Nizam al-Moulk : « Emmène les 
			bagages en lieu sûr car j’ai pris la décision d’attaquer les ennemis 
			de l’Islam. » Nizam al-Moulk répondit : « Puisque le Sultan a 
			jusqu’à maintenant déversé ses faveurs sur ses insignifiants sujets, 
			loin de moi l’idée de me séparer de sa noble suite. En vérité, il 
			n’est pas question que je cesse de le servir ou d’abandonner son 
			étendard victorieux afin de chercher la sécurité ailleurs. » A ceci 
			le sultan répondit : « Même si tu n’es pas avec moi physiquement, tu 
			es néanmoins avec nous en esprit. Que ta haute sagesse soit avec 
			nous, que ta bonne fortune nous suive, que ta prière nous aide et 
			que tes louanges nous rendent heureux. Mais il est maintenant temps 
			pour vous d’obéir à notre volonté. » Une fois que le vizir eut 
			entendu le sultan parler  
			de cette façon, il exprima sa submissivité et se soumit aux ordres 
			du sultan.
Quant au sultan, il quitta Tabriz avec une 
			armée de 10 000 hommes qu’il avait avec lui, pour affronter 
			l’empereur et envoya un détachement en reconnaissance. Un soldat 
			grec leur tomba entre les mains et fut tué sur les ordres du sultan 
			qui leur avait ordonné de faire ainsi pour tous les soldats ennemis 
			qu’ils captureraient. Pendant ce temps, la nouvelle arriva que 
			l’empereur avait monté son camp à Manzikert, une importante 
			forteresse près des frontières frontière musulmane, et que 300 000 
			cavaliers courageux s’étaient rassemblés sous son étendard. Bien que 
			le sultan ait une bien plus petite armée, il plaça sa foi en Allah 
			Exalté et se prépara pour la guerre. Quand il s’approcha de 
			Manzikert, il apprit que l’empereur avait donné des ordres pour 
			qu’une large et haute tente de soie rouge soit installée au milieu 
			du camp. Dans cette tente il s’installa sur un trône d’or tandis que 
			quarante rangs de patriarches se tenaient prêts à lui faire le 
			service et quatre évêques s’occupaient de lui, tenant en leurs mains 
			des récipients d’eau bénite. Ils donnèrent à Jésus, paix sur lui, 
			des titres de divinité et à Marie, paix sur elle, des titres 
			humains. D’autres membres du clergé lisaient continuellement devant 
			sa tente dans les évangiles et les psaumes, alors qu’une certaine 
			quantité de moines célébraient les offices de masses.
Les troupes impériales possédaient une 
			division de 10 000 hommes armés d’haches et d’outils similaires pour 
			pouvoir déraciner les arbres et prendre d’assaut les châteaux et les 
			forteresses. Une armée aussi grande transportait des pots de naphte 
			pour dévaster les villes et les campagnes. L’armée entière comptait 
			un million. Le sultan ne fut pas du tout démoralisé par cette 
			description de l’imposante puissance de l’ennemi et plutôt exprima 
			des paroles d’encouragement aux commandants de son armée et aux gens 
			près de lui, habitués comme ils l’étaient à la victoire. Il les 
			calma en leur rappelant qu’avec la volonté d’Allah Exalté, une 
			petite armée en a souvent vaincu une grande. Puis il ordonna que la 
			bataille soit repoussée pendant trois jours et qu’ils n’attaquent 
			l’ennemi que le vendredi, quand tous les Musulmans se joindraient à 
			l’unanimité dans les invocations adressées pour les Moujahidine : 
			« O Grand Seigneur soutient l’armée des fidèles », et attendez avec 
			confiance la victoire qu’Allah, à Lui les Louanges et la Gloire vous 
			accordera en ce jour. Les soldats applaudirent à ces paroles du 
			sultan et en même temps se préparèrent pour la bataille.
Finalement, quand les trois jours furent 
			passés, les deux armées se rangèrent en ordre de bataille. Du côté 
			grec, précédant l’armée, on pouvait voir une centaine de personnes 
			portant des croix dans leurs mains. A côté de chaque croix se tenait 
			un commandant de l’armée, avec un groupe d’hommes intrépides 
			attendant ses ordres. Arriva face à chaque section un petit nombre 
			d’érudit et d’hommes expérimentés et ils allumèrent le feu de la 
			bataille. Durant cet affrontement, le sultan envoya le commandant 
			Sabtakin comme messager à l’empereur avec le message suivant : « Peu 
			importe la taille de ton armée, prend bien en considération que tu 
			affrontes un ennemi qui a laissé derrière lui des traces bien 
			visibles de ses campagnes pour montrer ce dont il est capable. Si tu 
			te repends de ton arrogance, et si tu es prêt à payer un tribut 
			adéquat, et à présenter des propositions de paix à la place de ton 
			inimitié, je demanderai au sultan l’autorisation pour toi de garder 
			le contrôle de tous tes territoires et de ne pas te nuire ni ton 
			entourage. Mais si tu n’acceptes pas mon conseil, alors tu prépares 
			ta propre chute, celles de tes biens et toutes tes richesses seront 
			perdues. »
Quand l’envoyé délivra le message à 
			l’empereur, ce dernier entra dans une telle rage qu’il attrapa la 
			croix des mains d’un moine se tenant prêt de son trône et, posant sa 
			main dessus, jura par le Saint Esprit, le Dieu et l’Incarnation 
			qu’en ce jour même, il installerait son propre trône dans la 
			résidence du sultan. Puis il renvoya l’ambassadeur avec le plus 
			grand mépris et dit à ses soldats : « Maintenant il n’y pas d’autre 
			conseil que celui que vous attaquiez tous ensemble l’ennemi et que 
			vous l’écrasiez rapidement. » Sur ce, il attrapa sa lance, monta sur 
			son cheval et invita les intrépides grecs et arméniens à combattre.
Dès que le sultan Alp Arsalan apprit que 
			l’empereur avait l’objectif d’atteindre le pouvoir suprême et qu’il 
			était résolu à ne pas courber l’échine, il se tourna vers ses 
			soldats et dit : 
- « La lâcheté dans la bataille nous 
			apportera la mort à tous ; les croyants qui se trouvent derrière 
			nous finiront dans un ignominieuse captivité, et durant leur vie 
			entière, ils souffriront sous le lourd joug de l’esclavage. 
			Maintenant nous n’avons pas d’autre choix que d’attendre le résultat 
			avec héroïsme et courage et de nous placer sous la volonté d’Allah 
			Exalté, qu’Il ait décrété pour nous le mal ou le bien. » Les soldats 
			répondirent : 
- « Nous faisons le serment sur notre vie 
			que nous réunirons toutes nos forces pour cette bataille. »
Plein de confiance, le sultan mena son armée 
			contre l’ennemi et bientôt la poussière du champ de bataille 
			tournoya comme des nuages dans le ciel. Le sultan lui-même prit son 
			poste à l’arrière avec certains de ces guerriers et attendit l’heure 
			où les croyants dans les mosquées et les lieux de prière implorent 
			Allah le Très Haut pour le succès des armées islamiques. Puis, 
			soudain, alors que le soleil était entré dans le milieu du cercle de 
			la mi-journée, un vent portant des traces du feu de l’enfer commença 
			à souffler contre les Musulmans qui coururent pour se rafraichir 
			près de la rivière mais ils furent pourchassés par les soldats 
			ennemis et tous moururent avant d’avoir pu s’abreuver.
Quand le sultan apprit cela, il descendit de 
			sa monture, desserra sa ceinture et se prosterna dans la poussière 
			et dit : « Grand Seigneur Exalté ! Ne punis pas ton serviteur 
			pécheur pour ses méfaits, ne Te détourne pas et soit miséricordieux 
			envers ton faible serviteur. Fasse que ce vent brulant, dirigé 
			contre ceux qui Te sont loyaux, rage contre l’ennemi. » Après de 
			nombreuses et longues supplications, les commandants de l’armée, et 
			le sultan lui-même, se mirent à pleurer et, soudain, les signes que 
			leurs prières avaient été entendues et exaucées se manifestèrent et 
			le vent violent de retourna contre les ennemis de l’Islam.
Le sultan remonta alors sur son destrier, 
			plein de foi et de confiance, et avec un détachement d’homme 
			courageux, qui n’avaient jamais fui le champ de bataille, que ce 
			soit devant les flèches et les épées ou devant les tigres et les 
			lions, se jetèrent sur l’ennemi. Les flammes de la 
			guerre flamboyèrent et, quand l’ennemi vit la masse d’homme 
			organisée et invincible devant eux il réalisa le prix de la vie. Le 
			sultan Alp Arsalan attaquait violemment autour de lui à droite et à 
			gauche, foudroyant l’ennemi par l’épée, les flèches et les javelots. 
			A ce moment, Abtakin, un esclave du sultan, sauta de son cheval, 
			embrassa la terre et demanda au sultan de montrer de la 
			considération pour ses sujets et de ne pas s’exposer aux risques de 
			la guerre ni sa vie précieuse et inestimable et de se reposer un peu 
			du stress de la bataille. Mais le sultan répondit : « Les soldats ne 
			doivent se reposer qu’après la victoire ; nous saurons assez bien 
			quand il sera temps de récupérer du labeur et de l’effort de la 
			bataille. » Après qu’il eut prononcé ses paroles, le sultan exhorta 
			Abtakin à la bataille et lui-même continua à attaquer l’ennemi, 
			jusqu’à ce que finalement la victoire se décide définitivement en sa 
			faveur et que l’hôte grec s’enfuit dans le plus grand désordre. Un 
			nombre incalculable de Grecs tombaient maintenant sous les coups des 
			Musulmans et quand le soleil se coucha il ne restait pas un seul 
			soldat chrétien sur le champ de bataille.
Dans ces circonstances, le sultan ordonna à 
			Jawhara’in, qui était le plus fort soutient de l’empire, de 
			poursuivre l’empereur, alors que lui-même s’asseyait sur son trône. 
			Alors que Jawhara’in se mit à la recherche de l’empereur, un de ses 
			esclaves rampa vers l’empereur, et le frappa d’un coup inattendu 
			puis se retira et revint très vite avec l’intention de le frapper à 
			nouveau. Mais l’empereur, terrifié à l’idée de perdre sa vie, lui 
			cria : « Prends garde à lever la main sur moi, car je suis 
			l’empereur des Grecs. » L’esclave le reconnut alors grâce à son 
			casque, aux habits de soie et à sa ceinture car nul autre ne portait 
			de tels attraits. Il le fit donc prisonnier et le conduisit à 
			Jawhara’in, qui l’emmena tout de suite là où se trouvait le sultan.
Quand toute la cour se fut assemblée sous la 
			tente royale, le sultan donna des ordres pour que l’empereur soit 
			apporté au pied de son trône. Jawhara’in obéit immédiatement à cet 
			ordre, et quand l’empereur apparut devant le sultan dans la plus 
			profonde humiliation, il fut contraint de poser le visage de 
			l’humiliation dans la poussière de l’impuissance et de l’ignominie. 
			Dès que le sultan vit l’empereur, il lui reprocha amèrement et lui 
			parla sévèrement. Mais ce dernier s’excusa et demanda son pardon en 
			disant : 
- « J’ai une supplication à faire. Que le 
			sultan fasse l’une de ces trois choses : me pardonner mes péchés et 
			me rendre ma liberté, me tuer, ou – s’il ne veut faire ni l’une ni 
			l’autre – me jeter en prison. Si le sultan ordonne que je sois tué, 
			les Grecs mettront quelqu’un d’autre sur le trône, et perturberont à 
			nouveau les terres d’Islam ; mais s’il pardonne mon erreur et mes 
			méfaits, je lui resterai soumis et obéissant pour le reste de ma 
			vie. » Quand le sultan eut entendu ce discours, il répondit à 
			l’empereur : 
- « Dans ce cas je te pardonnerai, à 
			condition que les Grecs me payent un tribut et se soumettent. » Il 
			donna alors des ordres pour qu’un trône soit installé près du sien 
			et d’y installer l’empereur en signe d’honneur.
L’inimitié donna la place à un amour et une 
			amitié sincère et l’empereur offrit sa fille à Malik Arsalan, le 
			fils du sultan, pour qu’elle soit sa femme. Au cours de la cérémonie 
			du mariage, des perles et des pierres précieuses furent éparpillées, 
			conformément aux ordres du sultan et un banquet festif fut préparé. 
			Pendant ce banquet, le sultan déversa une bienveillance toute 
			particulière sur l’empereur, lui montrant toutes sortes de marques 
			de faveurs royales envers lui et ses patriarches, et donna à chacun 
			une robe d’honneur d’une grande valeur.
Quand le banquet fut achevé, le sultan donna 
			à l’empereur la permission de rentrer chez lui avec les grands de 
			son royaume. Il donna ensuite l’ordre aux secrétaires de sa 
			chancellerie d’envoyer des lettres annonçant sa victoire vers toutes 
			les régions, alors que lui-même envoya à Baghdad toutes sortes de 
			présents couteux parmi les trésors pris comme butin aux Grecs. Après 
			cette éclatante victoire, le sultan divisa son grand empire entre 
			ses fils, tout en distribuant aux soldats tout le butin pris du camp 
			des Grecs.
L’étrange incident suivant fut raconté par 
			cet esclave : « Quand l’armée fut prête et que les noms des soldats 
			eurent été enregistrés, le responsable ne souhaita pas enregistrer 
			le nom de cet esclave, car il se portait mal. Mais le sultan ordonna 
			à l’émir Sa’d ad-Dawlah ou comme d’autre disent, à l’homme chargé du 
			rassemblement, d’enregistrer quand même son nom, car il pourrait 
			arriver que cet homme fasse prisonnier l’empereur. Et cette 
			prémonition se réalisa » ». 
			Fin des récits et retour à notre Abrégé.
			
			Il fut rapporté qu’après cette éclatante victoire et suite à un différent, 
			Alb Arsalan fut poignardé par un de ses commandants juste après la 
			bataille et suite à son décès il fut succédé par son fils Malik Shah 
			qui allait rester au pouvoir jusqu’à sa mort en l’an 485 de l’Hégire 
			(1092) et succédé à son tour par son fils Barkyarouq qui entra dans 
			une guerre fratricide contre son frère Amir Muhammad et qui mena à 
			la division du grand état seljouk en cinq parties.
			- Soulalat Toughroul, le grand état seljouk fondé par Toughroul Bek Ibn 
			Mika'il Ibn Seljouk et ses descendants s’étendait sur le Khorasan, 
			ar-Rayy, l’Irak, al-Jazirah Euphratiyah, Farès, l’Ahwaz et dura de 
			l’année 429 de l’Hégire (1037) jusqu’à sa chute aux mains de forces 
			de Khwarezm en l’an 522 de l’Hégire (1127).
			- Soulalat Sham, l’état seljouk de Syrie, ou Soulalat Toutoush Ibn Alb 
			Arsalan Ibn Daoud Ibn Mika'il Ibn Seljouk. Cet état débuta en l’an 
			487 de l’Hégire (1093) et dura jusqu’en 511 de l’Hégire (1117).
			- L’état seljouk d’Irak al-‘Ajam al-Kurdistan qui débuta en l’an 511 de 
			l’Hégire (1117) et prit fin sous la main des Khwarizmi en l’an 590 
			de l’Hégire (1193).
			- L’état seljouk de Kerman ou Soulalat Tarouk Bek Ibn Daoud Ibn Mika'il 
			Ibn Seljouk qui débuta en l’an 432 de l’Hégire (1040) et prit fin 
			aux mains des Turcomans Ghouz en l’an 583 de l’Hégire (1187) et 
			enfin le cinquième,  
			- Le grand état des Seljouks Roum (salajik roum), ou l’actuelle Turquie 
			(ici il n’est question que du nom puisque le réel état de Turquie 
			était beaucoup plus vaste que celui de nos jours), et qui est l’état 
			concerné par les croisades. Cet état des Seljouks Roum ou Soulalat 
			Koutouloush Ibn Isra'il Ibn Seljouk débuta en l’an 470 de l’Hégire 
			(1077) et tomba aux mains des Turcs Ottomans Ghouz en l’an 698 de 
			l’Hégire (1298).
			
			Il ne fait aucun doute que l’état des Seljouks était grand et personne ne 
			le conteste et ainsi était la situation de l’état abbasside à l’aube 
			des croisades.
			
			
			
			
			
			
			
			Les autres états musulmans qui 
			furent concernés par les croisades 
			
			Si nous regardons l’état politique de la Syrie et de l’Egypte à cette 
			époque, avant de regarder la situation de l’Andalousie, il apparait 
			que la situation de la Syrie était synchronisée avec celle de l’Irak 
			et la Syrie, à cette époque, se trouvait sous le contrôle des 
			infâmes ‘oubaydi d’Egypte. Cependant, elle leur fut arrachée par les 
			Seljouks avant que ces derniers n’entrent en conflit entre eux mais 
			aussi avec des chefs de tribus de bédouins comme Salih Ibn Mirdas 
			qui contrôlait Halab, Hassan Ibn Jarah at-Ta'i 
			qui contrôlait la plupart de la Syrie et de la Palestine tandis que 
			Damas était sous le contrôle de Ridwan Ibn Toutoush Ibn Alp Arsalan, 
			Bayt al-Maqdis sous le contrôle de Souqman Ibn Artouk at-Tourkami et 
			Antioche sous le contrôle d’un chef Seljouk nommé Yaghissan 
			al-Armani.    
			Quant à l’Egypte, elle était depuis l’an 359 de l’Hégire (969), sous le 
			contrôle des maudits ismaéliens battini ‘oubaydi comme nous l’avons 
			vu dans l’Abrégé de l’Histoire du Maghreb et de l’Andalousie. 
			Et avant d’aller plus loin, au regard des évènements qui vont 
			suivre, nous devons revoir leur histoire.
			Leur état débuta dans le Maghreb Islamique avec l’aide de ‘AbdAllah 
			ash-Shi’i qui pava la route à ‘Oubaydillah ad-Da’i le juif, 
			malédiction d’Allah sur lui, qui se surnomma al-Mahdi et qui bâtit 
			la ville d’al-Mahdiyah en Ifriqiyah (Tunisie actuelle). Son règne 
			débuta en l’an 297 de l’Hégire (909) et il fut succédé par son fils 
			Muhammad al-Qa'im, puis son fils Isma'il al-Mansour, puis Ma’ad 
			connut sous le nom de Mou’iz Li-Dinillah, qui s’établit en Egypte en 
			l’an 362 de l’Hégire (972), trois ans après son commandant Jawhar.
			Succéda à Ma’ad, Nizar al-‘Aziz connut sous le nom d’al-Hakim Bi-Amrillah 
			puis ‘Ali at-Tahir ou az-Zahir, puis le maudit Ma’ad al-Moustansir 
			Billah le khabith qui enjoliva aux croisés l’attaque des terres 
			d’Islam. Il fut succédé par al-Mousta’ali Billah Ahmad, puis par son 
			fils Mansour Amir Bi-Ahkamillah, puis le fils de son oncle 
			‘Abdel-Majid al-Hafiz, puis son fils Isma'il az-Zafir Ibn al-Hafiz, 
			puis par son fils ‘Issa al-Fa'iz Ibn az-Zafir. Lui succéda le fils 
			de son oncle, ‘Abdillah al-‘Adid qui fut le quatorzième et dernier 
			calife ‘oubaydi et sous son règne prit fin la vile dynastie 
			ismaélienne sous les assauts du fléau des croisés al-Malik an-Nassir 
			Salah ad-Din al-Ayyoubi en l’an 567 de l’Hégire (1171).
			Suite aux immondes actes de cette maudite dynastie ismaélienne, leurs 
			odieux crimes et vils comportement envers les Musulmans, leur état 
			prit finalement fin et il se peut que nous revenions plus en détail 
			sur leur sanglante histoire. 
			Durant leur règne, un certains nombres de conflits et de troubles 
			secouèrent l’Egypte et particulièrement durant le cinquième siècle 
			de l’Hégire qui contribuèrent à détruire le pays. Ces conflits 
			eurent lieu entre les différentes tribus qui habitaient l’Egypte, 
			des Berbères du Maghreb particulièrement de la tribu de Qoutamah, 
			des Turcs, des Soudanais et des Mamalik. S’ensuivit une crise de 
			famine qui débuta en 450 de l’Hégire (1058) et dura sept années 
			durant lesquelles les gens devinrent cannibales. Un grand nombre 
			d’historiens ont rapporté ces évènements tandis que la situation 
			politique était aussi mauvaise que les ‘oubaydi et dans tout leur 
			dominion si bien qu’en neuf années, quatre ministres se succédèrent.
			
			En ce qui concerne l’Andalousie au cinquième siècle de l’Hégire, la 
			situation était aussi mauvaise qu’ailleurs, divisée en royautés, en 
			conflits permanents entre elles tandis que certains gouverneurs 
			n’hésitèrent pas à demander l’aide aux croisés, les ennemis d’Allah, 
			contre leurs frères Musulmans ce qui entraina la chute de la royauté 
			de Tolède aux mains du roi de Castille Alfonsh II en l’an 478 de 
			l’Hégire qui fut suivit par la chute de la Sicile aux mains des 
			croisés Normands en l’an 484 de l’Hégire (1091) et tout ceci fait 
			partit des croisades.
			
			
			Carte d'Asie Mineure ou du 
			Sultanat de Roum
			
			
Asie-Mineure, Turquie-d'Asie, Syrie, Liban. Region-du-Caucase - Atlas-spheroidal
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