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			Luttes coloniales
			
			
			
			En l’an 1321 de l’Hégire (octobre 1903), Lyautey fut appelé pour 
			assurer la pacification de la frontière algéro-marocaine depuis la 
			Méditerranée jusqu’à Béni Alles. Avec ses 8.000 hommes, il 
			outrepassa les pouvoirs que le gouvernement lui avait fixés et 
			dépassant les limites de la frontière, il prit Bechar, au sud-est du 
			Maroc, qu’il renomma Colomb. 
			
			Le Maroc exsangue financièrement, fit appel à la Banque de Paris et 
			des Pays-Bas qui devint le principal créancier du royaume.
			
			
			Au treizième siècle (19ème siècle), l’importance stratégique et le 
			potentiel économique du Maroc excitèrent de nouveau les intérêts des 
			européens. Les rivalités politiques et commerciales perturbèrent 
			bientôt cet arrangement et provoquèrent plusieurs crises 
			internationales. 
			
			La France chercha à gagner le soutien espagnol et britannique contre 
			l’Allemagne et ainsi, en l’an 1322 de l’Hégire (1904), la France 
			conclut un traité secret avec l’Espagne pour le partage du Maroc 
			secrètement approuvé par la Grande-Bretagne (l’entente cordiale) en 
			échange de ne pas s’opposer au projet colonialiste britannique en 
			Egypte.
			
			
			En l’an 1323 de l’Hégire (1905), quand la France demanda un 
			protectorat au Sultan du Maroc, l’Allemagne agit vite et l’empereur 
			Guillaume II visita Tanger et déclara son soutien en faveur de 
			l’intégrité du Maroc. 
			
			
			A l’exigence allemande, la Conférence d’Algesiras (1906) fut tenue 
			pour considérer la question marocaine. Les principes de la 
			Conférence de Madrid furent ré-adoptés et les investissements 
			allemands assurèrent la protection mais il fut permit à la France de 
			patrouiller la frontière avec l’Algérie et de lui permettre ainsi 
			qu’à l’Espagne de surveiller le Maroc. Et sous le prétexte de la 
			pacification, les Français annexèrent progressivement le territoire. 
			
			
			En l’an 1324 de l’Hégire (Mars 1907), l’assassinat à Marrakech par 
			les services secrets français de Mauchamp, un médecin soupçonné par 
			la population d’être un agent travaillant pour la France, entraîna 
			l’occupation d’Oujda par la France. 
			
			Cette même année, des émeutes éclateront en juillet à Casablanca, 
			suite à l’ouverture d’un chantier de voie ferrée à l’emplacement 
			d’un cimetière musulman, entraînèrent le bombardement de la ville 
			par un croiseur français en mer ainsi que le début de la 
			pacification rampante du Maroc par les forces françaises.
			
			
			En l’an 1326 de l’Hégire (1908) un conflit survint à Casablanca sous 
			occupation française, quand le consul allemand donna refuge aux 
			déserteurs de la légion étrangère française. Ce conflit fut réglé 
			par le Tribunal de La Haye. 
			
			
			En l’an 1326 de l’Hégire (1908), Lyautey imposa l’autorité française 
			aux tribus installées entre la frontière algérienne et la Moulouïyah 
			tandis que le Général d’Amade prit le contrôle de la Shawiyah 
			(Chaouïa).
			
			Peu après, sur les conseils de la France, ‘Abdel ‘Aziz fut renversé 
			et son frère plus soumit (laquais) pour les étrangers, ‘Abdel Hafid, 
			fut installé sur le trône. Il eut des difficultés à maintenir 
			l’ordre et reçut l’aide de la France, surtout lors d’une révolte qui 
			éclata en l’an 1329 de l’Hégire (1911). Cette dernière le força à 
			signer une lettre demandant l’appui de la France et les Français 
			occupèrent aussitôt Fès, Meknès et Rabat. 
			
			Guillaume II, le Kaiser d’Allemagne mécontent de l’attitude de la 
			France envoya un croiseur et l’apparition du navire de guerre 
			allemand « Panther » à Agadir le 1 juillet 1911, fut interprété par 
			les Français comme une menace de guerre et mena à une résolution 
			rapide.
			
			La révolte des tribus gagna Fès et le sultan demanda aux Français, 
			sur les ordres de ceux-ci, d’aller y rétablir l’ordre et la colonne 
			Moinier entra à Fès puis Meknès fut prise tandis que l’Espagne 
			occupa Larache et Qasr al-Kabir. 
			
			
			Au mois de Mouharram 1329, (décembre 1911), Fès se souleva et 
			les tribus assiégèrent la capitale.
			
			Au mois de Dzoul Qi’dah de cette même année (novembre 1911), 
			l’Allemagne accepta le principe d’un protectorat français au Maroc 
			en échange de la cession de territoire français dans l’Afrique 
			équatoriale. 
			
			
			Finalement, le 30 mars 1912 à Fès, le Sultan donna son accord pour 
			un protectorat français et le 27 novembre 1912 un accord 
			franco-espagnol divisa le Maroc en quatre zones administratives : 
			
			- Le Maroc français soit neuf dixième du pays avec pour capitale 
			Rabat, 
			
			- Le Maroc espagnol avec pour capitale Tétouan, 
			
			- Le Sud du Maroc, administré dans le cadre du Sahara espagnol et, 
			
			- La zone internationale de Tanger.
			
			Et pour les Musulmans marocains, rien ne leur fut attribués si bien 
			qu’ils devinrent des étrangers dans leur propre pays comme dans tous 
			les Musulmans dans leurs pays colonisés d’ailleurs.
			
			
			Au mois de Rabi’ Thani de l’année 1330 (1912), de violentes émeutes 
			éclatèrent à Fès et dans les grandes villes du pays. Le sultan 
			Moulay Hafid fut contraint d’abdiquer au profit de son frère 
			Moulay Youssouf tandis que la pacification du Maroc s’intensifia. 
			Lyautey décida d’installer la capitale à Rabat et il fut nommé 
			résident général du Maroc et quelques mois plus tard, Gouraud écrasa 
			la révolte de Fès dans un bain de sang.
			
			Au mois de Ramadan de cette même année, al-Hibah à la tête de 
			10.000 rebelles des tribus du Sud, « les hommes bleus » s’empara de 
			Marrakech mais il fut battu par le colonel Mangin à Sidi Abou 
			‘Uthman quelques jours plus tard. Pour contenir et repousser les 
			rebelles vers le sud, Lyautey obtient la neutralité des chefs de 
			tribus de l’Atlas dont celle de Thami al-Glawi qui sera récompensé 
			de sa collaboration et nommé Pacha de Marrakech.
			
			
...
			
			La lutte pour l’indépendance
			
			
			
			Les administrations coloniales Françaises et espagnoles, renforcées 
			par un afflux d’environ un demi-million d’européens firent face à la 
			résistance constante contre la présence étrangère, notamment, dans 
			les premiers stades, sous la rébellion de ‘Abdel Karim qui remporta 
			une victoire décisive à Anoual contre une armée espagnole de 20.000 
			combattants, en l’an 1339 de l’Hégire (1921), qui perdit 3500 hommes 
			et dont 5000 furent blessés. ‘Abdel Karim s’empara d’un immense 
			butin en armes, des canons, des fusils et des munitions qui lui 
			permettra d’équiper ses compagnons Moujahidine. 
			
			Par la suite, il gagna le contrôle du Rif, la région montagneuse 
			côtière entre Tétouan et Melilla, jusqu’à sa défaite finale en l’an 
			1345 de l’Hégire (1926) contre une force alliée massive d’environ 
			250.000 Français et Espagnols. Le chef Berbère ‘Abdel Karim se 
			rendit aux troupes françaises qui l’exileront dans l’île de la 
			Réunion après une effroyable boucherie dont seront victimes les 
			populations civiles, sous un déluge de bombardements. 
			
			L’Espagne utilisera massivement contre les rebelles du phosgène, du 
			di phosgène, de la chloropicrine, de l’ypérite ou gaz moutarde qui 
			bientôt sous les pressions des Moujahidine, n’occupera plus 
			que quatre ports après s’être retirée des terres.
			
			
			En l’an 1346 de l’Hégire (novembre 1927), Moulay Youssouf mourut et 
			les Français imposeront son troisième fils Sidi Muhammad, 
			alors âgé de 17 ans, censé être plus docile que son frère à la 
			régence. 
			
			
			En l’an 1349 (1930) sera signée la loi sur la juridiction berbère 
			qui divisera les deux composantes ethniques de la nation marocaine, 
			les Arabes et les Berbères à la suite de qui éclateront des 
			manifestations à Fès et dans toutes les grandes villes. Cette loi 
			n’avait d’autre but que de semer la division entre les musulmans et 
			une attaque directe contre l’Islam mais devant l’hostilité du Sultan 
			et de l’opinion publique, le projet fut abandonné en 1934.
			
			
			Un très grand nombre de soldats marocains (goumiers) servirent dans 
			l’armée française lors de la première guerre et seconde guerre 
			mondiale ainsi que dans l’armée nationaliste espagnole et lors de la 
			guerre civile espagnole et après.
			
			Pendant la seconde guerre mondiale, le Maroc français resta 
			officiellement fidèle envers le gouvernement de Vichy après la chute 
			de la France en 1940. 
			
			
			Le 8 novembre 1942, les forces alliées débarquèrent dans toutes les 
			principales villes du Maroc et de l’Algérie.
			
			Sous la mission civilisatrice du protectorat français, en plus des 
			nombreux crimes et massacres commis par les colonisateurs on nia aux 
			« indigènes » marocains leurs droits fondamentaux tels que la 
			liberté d’expression, le droit de réunion et de voyager dans leur 
			propre pays. Les colons français construisirent pour eux des villes 
			européennes à côté des pauvres vieilles villes arabes. Le système 
			colonial français défendit aux Marocains le travail et les voyages 
			dans les quartiers français. Le système d’éducation français 
			enseigna à une minorité de familles marocaines l’histoire française, 
			l’art et la culture, en négligeant leur langue natale et leur 
			culture et les autorités coloniales exercèrent un si sévère contrôle 
			sur les écoles religieuses et les universités musulmanes que 
			l’éducation tomba à un niveau zéro. C’est ce que les colonisateurs 
			appellent : « la mission civilisatrice ou l’égalité pour tous » ! 
			
			
			A ce sujet, voici un texte écrit et publié en 1930 par le Dr. Abdel
			Hamid Sa’id, Président général de l’Association de la 
			Jeunesse Musulmane au Caire, intitulé :
			 
			
			
			« La défense des Arabes et de l’Islam »
			
			
			Dans leur ardeur d’évangélisation à tout prix, les zélateurs et 
			leurs acolytes ont dépassé la mesure. Ce fut la goutte d’eau qui fit 
			déborder le vase.
			
			
			Dans tout l’Islam, depuis l’île Formose jusqu’en Amérique, 
			l’indignation fut générale. En Egypte particulièrement, centre 
			intellectuel islamique réputé, le mouvement prit une formidable 
			ampleur. Malgré leurs préoccupations intérieures, tout ce qui a un 
			nom et une situation en pays de Pharaon et toute la presse 
			s’insurgèrent contre nos procédés. Voici l’appel lancé dans tout 
			l’Islam.
			
			
			Appel 
			
			
			Aux souverains de l’Islam, aux peuples musulmans, aux ‘Oulama des 
			Lieux Sacrés, aux docteurs des universités musulmanes, à al-Azhar et 
			ses dépendances, à la mosquée d’al-Qayrawan (Kairouan), à Fès, à 
			l’Institut Déobandi aux Indes, à l’institut d’al-Najaf (Irak), aux 
			diverses associations musulmanes dans les différentes parties du 
			monde et surtout à l’Association du califat, à Bombay, à 
			l’association des ‘Oulama à Delhi, aux Associations de l’Inde 
			Orientale, à la Ligue islamique de Sumatra, à la Société Islam de 
			Java, à l’Association Mohammadienne de Jakarta, aux Conseils 
			islamiques supérieurs à Jérusalem et à Beyrouth, à la Société du 
			progrès islamique en Chine, à la presse orientale en général.
			
			
			La nation berbère, convertie à l’Islam dès les premiers siècles, et 
			sur laquelle l’islam a dû compter pour élargir son domaine 
			territorial et intellectuel et qui fut prête souvent à son appel aux 
			heures graves de son histoire ;
			
			La nation berbère, dont les héros accompagnèrent Tariq lors de la 
			conquête de l’Espagne et combattirent la France sous la conduite de 
			‘AbderRahmane et, en Sicile, sous Assad Ibn al Fourah ;
			
			La nation berbère, qui fournit à l’islam deux dynasties glorieuses : 
			les Mourabitine et les Mouwahhidine ;
			
			La nation berbère, dont les grands savants enrichirent de leurs 
			œuvres immortelles la bibliothèque de l’Islam.
			
			
			Cette nation qui compte, rien qu’au Maroc, sept millions 
			d’habitants, est actuellement victime de l’impérialisme français : 
			la France veut la soustraire à l’Islam, lui faire abandonner sa foi 
			et ses traditions religieuses en la soumettant à un régime contraire 
			aux principes de l’Islam, régime que la France impose par la force 
			des armes, sans se soucier de la liberté de croyance et des 
			convictions religieuses. Jamais l’histoire de l’humanité n’a été le 
			témoin de pareille tyrannie.
			
			
			Les Musulmans d’Egypte viennent d’apprendre de leurs correspondants 
			du Maroc, hommes dignes de foi, que le sultan promulgua en date du 
			18 Dzoul Hijjah 1348 (16 mai 1930) un décret par lequel il se 
			désiste de son pouvoir spirituel sur la nation berbère : et que la 
			France, forte de ce décret, entreprend la réalisation d’un programme 
			criminel en chargeant les forces militaires au Maroc d’interdire 
			l’enseignement du Coran, parmi les Berbères qui forment les 
			trois-quarts de la population. Et, de fait, les écoles où le Coran 
			était enseigné viennent d’être fermées ; à leur place, des écoles 
			dirigées par des missionnaires catholiques (plus de mille) se 
			chargeant de la formation du cœur et de l’esprit des jeunes 
			étudiants des deux sexes. Les Mahkama, ou tribunaux de 
			statut personnel musulman, viennent également d’être abolis ; et 
			cette multitude de Musulmans, se comptant par millions, que forme la 
			nation berbère, est contrainte à se soumettre, en matière de 
			mariage, de succession et, en général, dans tous les cas de ce 
			statut personnel, à une loi nouvelle dont les dispositions ont été 
			puisées dans les anciennes coutumes berbères des temps 
			préislamiques, coutumes qui ne s’adaptent ni aux principes de la 
			civilisation moderne ni même aux règles qui doivent régir 
			actuellement une communauté humaine. Pour n’en citer que les 
			exemples saillants, nous nous contenterons d’attirer l’attention sur 
			la coutume qui considère l’épouse comme un objet.
			
			Ainsi, elle peut être prêtée ou vendue, elle peut être même acquise 
			par voie de succession et n’a aucun droit à la succession de son 
			mari. L’homme peut avoir, dans le même acte, autant de femmes qu’il 
			désire et se marier avec n’importe quelle femme, fût-elle sa sœur, 
			sans restriction.
			
			
			Il suffit de se rendre compte de l’incompatibilité d’une telle 
			législation avec les principes humanitaires et sociaux de l’islam 
			pour décider, avec l’humanité des docteurs musulmans, que ceux qui 
			acceptent de se soumettre à un tel régime cessent d’être musulmans.
			
			
			C’est ainsi que la France, qui fait dire et répéter partout qu’elle 
			est l’état libéral par excellence, oblige le souverain du Maroc à 
			abdiquer son pouvoir spirituel pour qu’elle s’en empare et devienne 
			l’arbitre suprême en matière d’éducation religieuse et de 
			législation parmi le peuple berbère. Or, en droit, cette abdication 
			est nulle est non avenue et le pouvoir spirituel qu’elle vise ne 
			peut point passer à une autorité étrangère et d’un autre culte.
			
			
			Les Français, depuis la promulgation du décret susvisé, considèrent 
			les écoles musulmanes comme inexistantes, et le culte musulman comme 
			suspendu. Aussi, confient-ils l’éducation des jeunes marocains 
			musulmans aux missionnaires pour les convertir au catholicisme et 
			mettent-ils obstacle à toute communication dans les zones berbères, 
			entre la population et les ulémas.
			
			
			O Musulmans !
			
			Vos docteurs de tous dogmes sont unanimement d’accord pour 
			considérer que tout Musulman qui consentirait à la conversion à un 
			autre culte d’un autre Musulman cesserait également d’être Musulman. 
			Les Musulmans, individuellement ou par la voie de leurs diverses 
			associations, doivent, par conséquent, protester hautement, 
			énergiquement et par tous les moyens qui sont en leur pouvoir, 
			contre les mesures illégales et iniques dont leurs frères berbères 
			sont les victimes.
			
			
			Au lieu d’adopter des moyens de réformes logiques et libéraux envers 
			les Musulmans du Maroc, la France prive ses protégés de tous les 
			moyens de progrès. Elle entrave l’éducation nationale, dépense les 
			revenus des Waqf (fondations pieuses) sans respecter les 
			dispositions des constituantes ; elle n’accorde pas aux indigènes du 
			Maroc les mêmes droits qu’elle octroie aux étrangers. Les indigènes 
			affectés par ces agissements, se soumettaient philosophiquement et 
			attendaient patiemment l’heure de la libération, mais devant les 
			mesures nouvelles qui portent atteinte à leurs traditions les plus 
			sacrées, les Musulmans du Maroc, et leur coreligionnaires partout où 
			ils se trouvent, ne peuvent que se soulever contre ces mesures.
			
			
			La France doit apprendre que l’Islam n’est pas mort, que les 
			Musulmans se sont réveillés, que chaque musulman se rend maintenant 
			compte de tout acte qui nuit soit aux intérêts, soit aux convictions 
			de ses coreligionnaires. Elle doit également comprendre que le fait 
			de construire une mosquée à Paris, avec les millions qu’elle a reçu 
			des Waqf des Lieux Sacrés, ou des souscriptions d’Afrique, du monde 
			musulman, ne peut pas convaincre ce monde que la France est un état 
			libéral, qu’elle jouit de l’amitié des peuples musulmans qu’elle 
			gouverne et pour lesquels elle se donne quelquefois le nom d’état 
			musulman, car le dernier acte qu’elle vient de commettre en 
			attentant aux traditions les plus sacrées de l’Islam, ne peut lui 
			valoir que la haine de ses sujets et de leurs coreligionnaires.
			
			
			Si la France ne se ressaisit pas - il en est temps encore - si elle 
			n’abroge pas les mesures qu’elle vient de prendre au Maroc, le monde 
			musulman sera en droit de se considérer comme attaqué ouvertement, 
			et il ne tardera pas à le proclamer partout, du haut des Minbar 
			(chaires des mosquées) comme dans les organes de presse, ainsi que 
			dans les cours universitaires et au sein des différentes 
			associations musulmanes.
			
			
			L’heure est propice pour apprécier le degré de « libéralisme » des 
			hommes d’état d’occident qui proclament partout la liberté des 
			convictions religieuses. Faut-il leur rappeler qu’ils ont 
			quelquefois toléré des grossièretés avec la seule excuse du respect 
			de la liberté de personne ? Cette liberté est aujourd’hui à 
			l’épreuve au Maroc, que la France tâche de détacher de l’Islam.
			
			
			La voix de l’Europe s’est élevée hautement pour protester contre la 
			Russie bolcheviste qui a ordonné la fermeture de tous les 
			établissements religieux, bien que le pouvoir russe n’ait atteint 
			que ces établissements, sans combattre les convictions en 
			elles-mêmes des croyants. Or, le monde musulman se croit en droit 
			d’attendre également que la voix de l’Europe s’élève pour faire 
			respecter par la France les croyances des Musulmans au Maroc et 
			l’empêcher de recourir à la force armée pour astreindre un peuple de 
			sept millions d’âmes à renier sa foi et se priver de toute communion 
			spirituelle avec ses coreligionnaires.
			
			
			O Musulmans, l’Islam est en danger de disparaître. Si la France 
			poursuit son programme, les autres états d’occident ne tarderont pas 
			à suivre le même exemple. Vous devez, devant la gravité de l’heure 
			actuelle, vous sacrifier corps et biens pour la défense de la cause 
			sacrée. Vous êtes en état de légitime défense. Allah vous dit : « 
			Ne les craignez pas ; c’est Moi que vous devez craindre si vous êtes 
			de vrais croyants. » Il dit encore: « Ils ne cesseront de 
			vous combattre jusqu’à ce qu’ils réussissent à vous convertir s’ils 
			le peuvent. Quiconque de vous renierait sa foi et mourrait en la 
			reniant serait un athée. Ceux qui agiraient ainsi verraient leurs 
			œuvres détruites ici-bas et dans l’autre monde. A ceux-là, l’enfer 
			pour l’éternité. » Il dit également. « O croyants, si vous 
			faites triompher la cause divine, Dieu vous fera triompher ; vos pas 
			seront plus fermes. » Et il ajoute : « Nous devons faire 
			triompher les croyants. »
			
			
			Suivent les signatures de princes de sang, de hauts fonctionnaires, 
			de grands savants, etc.
			
			
			Des télégrammes furent envoyés à la Société des Nations, au 
			Président de la République Française, au Président du Conseil M. 
			Tardieu, partout où ce fut nécessaire. Partout il fut recommandé 
			(recommandation suivie d’effet) de boycotter les marchandises 
			françaises. La France devint l’ennemie.
			
			
			Or, dans le premier trimestre 1930, à la suite de la publication de 
			notre petit livre l’islam et les Musulmans dans l’Afrique du Nord, 
			dans lequel nous préconisions la politique nécessaire et juste de « 
			La France amie et alliée de l’Islam » et donnions comme exemple la 
			clairvoyance de Bonaparte les mêmes milieux et la même presse arabes 
			avaient donné leur pleine et enthousiaste approbation, acclamaient 
			la France, et des articles de plusieurs colonnes colportaient 
			partout l’heureuse proposition.
			
			
			Hélas, au lieu de se servir de cet atout utile, ce fut notre livre 
			qui fut interdit par les agents de notre gouvernement. En ce 
			faisant, celui-ci commettait une déplorable erreur ; il déclarait 
			ouvertement qu’il ne voulait être ni l’ami ni l’allié de l’Islam et 
			il le fit bien voir. On ne peut être plus maladroit. Il faut que les 
			liens qui unissent le Quai d’Orsay au Vatican soient bien forts pour 
			que notre ministère des affaires étrangères pratique une politique 
			aussi contraire aux intérêts de la France ».
			
			Fin de citation.
			
			
			
			Un certain nombre de mouvements de résistance et de partis 
			politiques pour l’indépendance virent le jour pour la restitution du 
			pays à ses propres gens. Le Parti d’indépendance Istiqlal vit le 
			jour en 1944 et fit une de ses premières demandes publiques pour 
			l’indépendance. Ce parti fournit par la suite la plupart des 
			leaderships pour le mouvement nationaliste.
			
			
			En l’an 1373 de l’Hégire (1953), Sidi Muhammad fut déposé et 
			exilé après avoir réclamé l’indépendance, l’union des arabes et 
			l’adhésion du Maroc à la Ligue arabe (fondée en 1945). Ces mesures 
			s’avérèrent inefficaces et sous la pression des rébellions en 
			Algérie et des désordres au Maroc, les Français contraints, 
			restituèrent Sidi Muhammad. 
			
			
			En l’an 1376 de l’Hégire (1956), la France renonça à ses droits au 
			Maroc suivit par les Espagnols et Tanger fut rendue au Maroc qui 
			obtint son indépendance.
			
			
			Le Sultan Muhammad V, proclama son intention de transformer 
			le pouvoir en monarchie constitutionnelle et en 1377 de l’Hégire 
			(1957) prit le titre de roi avant de mourir en l’an 1382 de l’Hégire 
			(1962), succédé par son fils, Hassan II qui gouvernera durant 
			quarante ans par le fer et le sang avant de mourir en 1999. 
			
			Son fils Sidi Mohammed, ou Muhammad VI lui succéda et il 
			exerce toujours le pouvoir à ce jour.
			
			




