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Les houthi
Qui sont donc les houthis et d’où viennent les shi’a du Yémen ?
Nous avons déjà abordé la présence des shi’a au Yémen dans nos
précédents ouvrages et les houthis ne sont donc que des
descendants de ces Zaydi qui se réfugièrent au Yémen après avoir
été persécutés par les Abbassides. Cependant à toute fin utile
voici un bref résumé et s’il cela est nécessaire nous
reviendrons sur le sujet plus amplement dans notre Abrégé de
l’Histoire des Ottomans.
‘Ali Ibn Abi
Talib (radhiyallahou ‘anhou)
Les gens du Yémen dans le sud de l’Arabie se convertirent à
l’Islam durant le vivant du Prophète Muhammad (sallallahou
‘aleyhi wa sallam).
En 631, il y eut des troubles au Yémen et le Prophète
(sallallahou ‘aleyhi wa sallam) envoya ‘Ali Ibn Abi Talib
(radhiyallahou ‘anhou) au Yémen pour rétablir l’ordre parmi les
tribus en conflit. ‘Ali (radhiyallahou ‘anhou) réussit sa
mission et devint très populaire parmi les gens du Yémen, qui le
considérèrent comme leur héros et bienfaiteur.
Les
Imams Zaydi
En 740, Zayd un petit-fils de ‘Ali Ibn Abi Talib (radhiyallahou
‘anhou) connut une fin violente après avoir revendiqué ses
droits au califat. Par la suite, les disciples de Zayd se
réfugièrent dans les régions montagneuses du Yémen et au
neuvième siècle, un état Zaydi vit le jour dans la capitale
San’a au Nord du Yémen. Les Zaydi étaient des shiites mais la
secte la plus proche des Sounni orthodoxes. L’état Zaydi fut
dirigé par un Imam élut parmi les descendants de ‘Ali Ibn Abi
Talib (radhiyallahou ‘anhou). La juridiction de l’état Zaydi
s’étendit aux régions montagneuses du Yémen tandis que dans les
plaines côtières du Yémen, connues comme Tihama, les gens
étaient Sounnis et ils avaient leur propre gouvernement distinct
des Zaydi.
Quand les ‘Oubaydi accédèrent au pouvoir en Egypte, l’état Zaydi
du Yémen leur porta allégeance alors que les Sounni du Tihama
portèrent allégeance aux Abbassides. Salah ad-Din al-Ayyoubi
renversa le règne ‘Oubaydi au douzième siècle et revendiqua la
suzeraineté sur l’état Zaydi, en tant que successeur des
‘Oubaydi. Une armée égyptienne sous le commandement de
Touranshah, un frère de Salah ad-Din envahit le Yémen en 1174 ou
les Zaydi furent vaincus et le Yémen devint une province de
l’Egypte, avec sa capitale à Ta’iz.
Le règne égyptien dura deux générations de 1174 à 1232 et quand
l’état Ayyoubi d’Egypte se désintégra, le Yémen déclara son
indépendance sous une nouvelle dynastie, les Rassouli qui
prirent pour capitale Zabid. Le règne des Rassouli dura environ
deux siècles, de 1232 à 1441.
En 1441, les Mamalik Bourji d’Egypte envahirent le Yémen et le
Yémen est redevint une province égyptienne.
Le Yémen et les Ottomans
Les Turcs envahirent l’Egypte en 1517 qui devint une province de
l’empire ottoman. Avec la chute des Mamalik Bourji, le Yémen
devint indépendant une nouvelle fois avec sa capitale à San’a.
Les Turcs réclamèrent la suzeraineté sur le Yémen en tant que
successeur des Mamalik Bourji. Les Ottomans envahirent le Yémen
en 1538 quand ‘Aden fut pillée.
En 1545, les Ottomans firent des conquêtes supplémentaires et
Ta’iz fut occupé et San’a, la capitale des Zaydi, fut assiégée.
Les Zaydi résistèrent farouchement et les Turcs durent se
retirer des pays montagneux.
La gloire de l’état Zaydi atteignit son apogée sous l’imam
Qassim, dans la dernière partie du seizième siècle. Il fut un
leadership charismatique et devint la personnification de la
lutte du Yémen pour l’indépendance. Sous son règne, la
juridiction territoriale de l’état Zaydi s’étendit et même les
Sounni les joignirent à lui dans sa lutte contre les Ottomans.
La lutte dura plusieurs années jusqu’à ce qu’un accord fut signé
avec ces derniers.
Les Ottomans évacuèrent le Yémen avant 1730 et entre-temps
l’imam Qasim mourut et ses successeurs manquèrent de son
intelligence. Cependant, avec le départ des Turcs, l’état Zaydi
fut capable d’annexer une plus grande partie de Tihama et les
districts du Nord qui devinrent la république démocratique
populaire du Yémen.
Durant le dix-septième siècle, le Yémen connut une prospérité
économique à cause du développement du commerce du café. Moka,
le port du Yémen grandit en importance et devint un centre
commercial mondial. Les Britanniques et les Hollandais
établirent des contacts avec l’état Zaydi et eurent leur propre
quartier dans Moka.
Pendant le dix-huitième siècle, le Yémen resta indépendant du
contrôle étranger. Cependant, les divisions parmi les Zaydi, les
conflits entre les prétendants et les ravages des guerres
tribales menèrent au déclin de l’état Zaydi. Dans les années
finales du dix-huitième siècle, Tihama et d’autres parties du
Yémen habité par les Sounni devinrent des centres de révolte
contre les Zaydi.
Les Britanniques
Quand Ibn Sa’oud vint au pouvoir en Arabie au dix-neuvième
siècle, l’armée égyptienne envahit l’Arabie et étendit par la
suite sa campagne au Yémen. En 1820, l’état Zaydi était devenu
un vassal de l’Egypte et en 1833, les Egyptiens capturèrent Moka
et privèrent ainsi les Zaydi de leur source principale de
revenu. Le contrôle égyptien fut de courte durée car après leur
défaite en Syrie en 1840, les forces égyptiennes se retirèrent
du Yémen. Les Britanniques profitèrent de cet état d’anarchie et
occupèrent ‘Aden.
L’état de Zaydi ne pris aucune mesure de défense et approuvèrent
la capture d’Aden par les Britanniques. Pour contenir
l’influence des Britanniques, les Ottomans envahirent le Yémen
en 1849 et occupèrent Tihama. Par la suite, les forces ottomanes
turques marchèrent sur San’a pour capturer la capitale mais
l’attaque échoua et les forces turques durent se retirer.
Après l’ouverture du Canal de Suez, le gouvernement turque
envoya une plus grande armée à travers la Mer Rouge et réussit
cette fois, à capturer la capitale montagneuse de l’état Zaydi.
Après la capture de San’a, les Ottomans installèrent leur
candidat Zaydi, l’imam Mouhsin tandis que le réel pouvoir était
exercé par le gouverneur ottoman posté au Yémen. Cet
arrangement, finalement servit les intérêts des Zaydi car les
conquêtes ottomanes au Yémen devinrent une partie de l’état
Zaydi.
L’Imam Mouhsin mourut en 1891. Du fait des rivalités impériales
entre les Français à Djibouti, les Italiens en Erythrée et les
Britanniques à ‘Aden, ces deux derniers furent accusés de
soutenir les tribus Zaydi et les pousser à se révolter contre
l’autorité ottomane, ce qu’ils firent à l’égard d’Ibn Sa’oud et
installèrent leur propre imam Zaydi au pouvoir. Exactement comme
Ibn Sa’oud en Arabie, le nouvel Imam, fonda le règne d’une
nouvelle dynastie, les Hamid ad-Din. Le nouvel imam Muhammad
changea l’Imamat, qui devint héréditaire et non plus électoral
et prépara la voie pour défier les Ottomans.
Muhammad fut succédé par son fils, l’imam Yahya qui s’avéra être
un souverain efficace et qui chassa les ottomans du Yémen dans
les premières années du vingtième siècle avec l’aide des
Britanniques et des Italiens qui fournirent les armes
nécessaires pour la rébellion.
Yahya Hamid ad-Din gouverna indépendamment les régions
montagneuses du Nord dès 1911. Après le départ des Ottomans en
1918, Yahya chercha à recapturé les terres de son ancêtre Qassim
pour étendre son territoire d’Asir à Dhofar qui le mit en
conflit avec les souverains des territoires réclamés, les
Idriss, Ibn Sa’oud et le gouvernement britannique d’Aden. L’imam
Zaydi refusa de reconnaitre l’accord de frontière Anglo-ottoman
de 1905 en raison du fait qu’il a été conclu entre deux pouvoirs
étrangers occupant le Yémen. Ce traité divisait le Yémen en deux
parties, le Nord et le Sud.
En 1915, les Britanniques signèrent un traité avec les Idriss
garantissant leur sécurité et indépendance s’ils luttaient
contre les Ottomans.
En 1919, Yahya Hamid ad-Din marcha vers le sud pour libérer les
neuf protectorats britanniques mais les Britanniques en
profitèrent pour se rendre vers Tihama et occuper al-Houdaydah
qu’ils offrirent à leur allié des Idrisi. Yahya attaqua
toutefois de nouveau les protectorats du sud en 1922 mais les
forces britanniques utilisèrent leur aviation pour bombarder les
forces tribales de Yahya qui n’avait aucune contre mesure
efficace.
En 1925, Yahya reprit al-Houdaydah aux Idris et continua à les
harceler jusqu’à ce qu’il reprenne Asir poussant les Idris à
proposer un accord qui leur permettrait d’administrer la région
en son nom. Yahya refusa l’offre du fait qu’Idris était de
descendance marocaine. Selon Yahya, Idris et les Britanniques
n’étaient rien d’autre que des envahisseurs qui devaient être
chassés définitivement du Yémen.
En 1927, alors que ses forces étaient à 50 kilomètres d’Aden,
Ta’iz et Ibb furent bombardés par les Britanniques durant cinq
jours et Yahya dut se retirer. Les forces bédouines
principalement des tribus de Madhij, Marib et Shabwah lancèrent
une attaque mais furent aussi bombardés par les Britanniques et
durent se retirer.
Les Italiens furent les premiers à reconnaître Yahya Hamid
ad-Din al-Moutawakkil roi du Yémen en 1926 ce qui inquiéta
grandement les Britanniques, qui interprétèrent cette
reconnaissance comme le droit à une souveraineté sur un plus
large territoire du Yémen incluant les protectorats d’Aden et
Asir. Les Idris se tournèrent vers alors vers Ibn Sa’oud pour
demander de l’aide contre Yahya cependant en 1932, les Idris
rompirent leur accord avec Ibn Sa’oud et se tournèrent vers
Yahya à qui ils demandèrent protection contre Ibn Sa’oud qui
avait commencé à liquider leur autorité et exprimé son désir
d’annexer leur territoire. Yahya demanda en échange
l’intégralité du dominion des Idris.
En 1933, Ibn Sa’oud réprima la rébellion d’Asir 1933, poussant
les Idris à s’enfuir vers San’a. Les négociations entre Yahya et
Ibn Sa’oud s’avérèrent infructueuses et après une confrontation
militaire, Ibn Sa’oud annonça un cessez-le-feu en mai 1934.
Yahya accepta de libérer les prisonniers saoudiens et remettre
les Idris à la garde saoudienne. Yahya céda les trois provinces
de Najran, Asir et Jazan pour une durée de 20 ans et signa un
autre traité avec le gouvernement britannique en 1934 ou il
reconnut la souveraineté britannique sur le protectorat d’Aden
pour une durée de 40 ans. Yahya se soumis aux demandes
saoudiennes et britanniques par peur de perdre al-Houdaydah.
Bien que Yahya Hamid ad-Din perdit Asir, il réussit à déposer
les tribus rebelles du Nord en utilisant des troupes yéménites
formées en Irak. Quand les bases du pays furent fermement
établies, clairement définies et la paix régnantes, la
population Sounni orthodoxe de l’école Shafi’i centrée dans la
province côtière de Tihama, Ta’izz et Aden occupée par les
Britanniques se révoltèrent et se rangèrent au côté du prince
Zaydi ‘Abdallah Ibn Ahmad al-Wazir, qui rejoignit ceux qui
recherchent activement à renverser l’imam Yahya.
Le 17 février 1948, l’opposition se révolta dans San’a et tua
Yahya Hamid ad-Din. Le prince héritier Ahmad rassembla alors les
tribus du Nord et marcha sur la capitale où il mit fin à la
révolte après un siège bref le 12 mars 1948.
La
République
L’Imam Ahmad mit fin à l’imamat Zaydi, inversa la politique
isolationniste de son père et ouvrit l’économie du Yémen et la
société au monde extérieur. Il devint le premier état arabe à
accepter l’aide soviétique et à partir de 1957, il commença à
recevoir de grandes quantités d’armes soviétiques aussi bien que
des conseillers militaires soviétiques et chinois. Quand l’imam
se rendit à l’étranger pour cause de maladie, le prince héritier
Muhammad al-Badr mena un parti prosoviétique et augmenta les
activités communistes mais quand l’imam Ahmad revint en 1959,
une brutale répression s’ensuivie et les communistes furent mis
à la porte.
Ahmad Ibn Yahya mourut en 1962. Il fut succédé par son fils mais
les officiers militaires essayèrent de saisir le pouvoir, en
suscitant la Guerre civile Yéménite du Nord. Les royalistes
Hamid ad-Din furent soutenus par l’Arabie Saoudite, la
Grande-Bretagne et la Jordanie qui fournirent armes, finances et
petites forces militaires tandis que l’Egypte soutint les
putschistes envoyant armes, finances et une large armée pour
participer au combat. Le pays fantôme fournit secrètement des
armes aux royalistes pour occuper les militaires égyptiens au
Yémen et empêcher Nasser de lancer un conflit au Sinaï.
En Février 1968, après six ans de guerre civile, les putschistes
« républicains » emportèrent la victoire et formèrent la
République Arabe Yéménite.
La révolution au nord accéléra la fin du règne britannique au
sud et le 30 novembre 1967, l’état du Yémen Sud qui comprenait
Aden et l’ancien Protectorat de l’Arabie Sud fut formé. Cet état
socialiste fut connut officiellement comme la République
Démocratique Populaire du Yémen.
Les relations entre les deux états yéménites fluctuèrent entre
paix et guerre et en 1972, la guerre fut résolue par un
cessez-le-feu et des négociations où l’unification des deux
Yémen fut agrée et finalement signée en mai 1990. Le double
agent américain-shi’i, ‘Ali ‘Abdallah Saleh, fut nommé président
de la République Unifiée du Yémen quand le président ‘Ali Nasser
Muhammad s’enfuit du pays après des émeutes et fut plus tard
condamné à mort pour trahison.
‘Ali ‘Abdallah Saleh sera lui-même chassé après les émeutes du
printemps arabes en 2011 pour être remplacé par un autre agent
pro-américain ‘Abd Rabbouh Mansour Hadi qui sera renversé en
2014 par les Houthi, un groupe Zaydi de Sa’dah au Nord du Yémen
fondé par Hussein Badr ad-Din al-Houthi soutenu et armé par le
président déchu ‘Ali ‘Abdallah Saleh qui veut retrouver son
pouvoir au profit de l’Iran dont le but est d’occuper l’Arabie
Saoudite et les villes sacrés de l’Islam pour venir à bout des
Sounni et finalement de l’Islam.
Les shi’a marchent sur la capitale du Yémen
Au début du mois d’octobre 2014, les shi’a houthi avancèrent sur
San’a, la capitale du Yémen, précédés par les drones américains
qui bombardèrent toute résistance Sounni sur leur voie. Quand
ils atteignirent la capitale, le président du Yémen demanda à
l’armée de lutter contre les houthi mais les officiers
refusèrent de lutter contre leurs frères shi’a puisqu’ils
étaient eux-mêmes de la même hérésie et la capitale du Yémen,
une autre terre Sounni tomba au profit de l’empire perse shi’i.
Les maisons des Sounni furent pillées et détruites, les hommes
exécutés et leurs femmes enlevées, exactement comme ce qui était
arrivé en Iran, Iraq, Syrie et Liban.