La chute du fort as-Sa’b

 

Durant le siège de Khaybar, les vivres manquèrent à l’armée du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à cause de la durée imprévue du siège et de la résistance juive opiniâtre.

 

Mou’attab dit : « A Khaybar, nous les Aslam[1], furent touchés par la faim car nous sommes restés plusieurs jours dans an-Natat et quand nous avons ouvert le fort, nous n’y avons rien trouvé à manger, alors, Aslam décida d’envoyer Asma la fille de Haritha au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avec ce message : « Nous sommes à bout affamés et épuisés. » Asma se rendit chez le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et lui transmis la plainte de sa tribu en ces termes : « O Messager d’Allah, Nous sommes à bout affamés et épuisés. Prie Allah pour nous. »

 

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pria pour nous puis il lui dit : « Par Allah, je n’ai rien pour les faire nourrir. » Ensuite, il pria à haute voix : « O Allah, ouvre-leur le plus grand fort qui contient les plus grandes quantités de vivres et de graisse. »

 

Oum Mouta’ al-Aslamiyah qui participa à la campagne de Khaybar dit : « Je vis les Aslam quand ils se plaignirent au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Ils étaient dans un état lamentable mais ils ont lutté. Je les ai vu les premiers devant le fort as-Sa’d Ibn Mou’ad qui était défendu par cinq cents combattants. Ce jour-là, le soleil ne s’était pas encore couché qu’Allah Exalté ouvrit ce fort (pour les Musulmans), (Cela ne veut pas dire que le combat fut facile) au contraire, l’affrontement fut violent[2]. »

 

Voici un autre témoignage sur la situation alimentaire durant campagne de Khaybar.

Abou al-Yassar rapporta que pendant qu’ils assiégeaient depuis trois jours le fort as-Sa’b, un troupeau de moutons appartenant à un Juif sortit un jour paitre sous les murs du fort. A la vue du troupeau, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) demanda : « Qui va nous préparer le repas? »

Abou al-Yassar répondit : « Moi, ô Messager d’Allah. » Et je suis parti en courant comme une antilope. Lorsque le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) me vit partir, il dit : «  O Allah ! Epargne-nous le afin de profiter de sa compagnie. » J’arrivais près du troupeau avant que les bêtes n’entrent et pu en capturer deux. Puis je revins en courant comme si je n’avais rien sous mes bras. »

 

Plus tard, quand Abou al-Yassar vieillit, on l’entendait souvent dire : « Ah! Je suis resté le dernier de mes Compagnons après qu’ils ont profité de ma compagnie, suite à l’invocation du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). »

 

Ceci est donc  la situation alimentaire et l’état des forces des Musulmans après vingt-cinq jours de combats qui précédèrent la chute du fort Na’im. Mais leur volonté de vaincre, leur confiance placée en leur chef militaire, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), et surtout leur foi pure en Allah, à Lui les Louanges et la Gloire, les poussa à assiéger le deuxième fort de la partie d’an-Natat, le fort as-Sa’b (le difficile), qui était considéré comme le plus imperméable et le plus défendu après le fort Na’im.

 

Après la chute de ce fort, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) confia l’étendard ainsi que le commandement de l’armée à al-Houbab Ibn al-Moundir al-Ansari en remplacement de ‘Ali Ibn Abou Talib al-Mouhajir qui avait dirigé victorieusement le premier siège et la première bataille et al-Houbab Ibn al-Moundir garda le commandement jusqu’à la chute du fort as-Sa’b[3].

 

Ce fort qui servit de retrait aux Juifs de la première ligne de défense, était défendu par cinq cents guerriers dirigés par deux chefs du nom de Youshou’ et ad-Dayal. Un demi-millier de soldats se retranchèrent donc dans cette forteresse très bien conçue pour les opérations militaires défensives avec des murs très hauts, des tours bien aménagées pour l’observation et des emplacements pour les catapultes. Un demi-millier de guerriers bien organisés en cavaliers, hommes de troupes et archers prêts à défendre leurs forts. Les archers étaient placés sur les murs et prêts à lancer leurs flèches meurtrières du haut de leur position. Quant aux cavaliers et aux hommes de troupes, ils n’attendaient que le signal de leurs chefs pour ouvrir les lourds portails et sortir livrer bataille.

 

Selon les différents témoignages des historiens, les Juifs tinrent avec acharnement leur position et résistèrent longuement aux attaques musulmanes. Ils sortirent du forts à plusieurs reprises pour stopper l’avancée des Musulmans et les poursuivre jusqu’à la limite du camp où était installé le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Cependant, leur harcèlement du haut de leurs murs eut sur leurs nerfs ce qu’ils n’avaient pas prévu et au fur et à mesure des offensives répétées régulièrement, ils sentirent le siège se resserrer de plus en plus et l’énervement ainsi que l’impatience gagner leurs rangs qui se traduisirent alors par des duels demandés par les deux chefs seulement.

Youshou’ fut le premier à sortir devant le fort et à demander un Musulman eu duel à la manière traditionnelle arabe puis, il fut suivi par ad-Dayal. Le premier combat opposa Youshou’ à al-Houbab Ibn al-Moundir et se termina par la victoire du Musulman. Quant au second combat, il vit aussi la victoire de ‘Oumara Ibn Ouqbah sur ad-Dayal.

 

La mort des deux chefs juifs causa une grande secousse chez les Juifs qui réagirent alors violemment par des tirs nourris de flèches avant d’entamer une offensive. Ces tirs furent dirigés en grande partie sur la position où se trouvait le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) mais les flèches ne pouvaient l’atteindre. Evidemment, les Musulmans répondirent aussi par des tirs mais leur puissance de feu était beaucoup moins efficace que celle des Juifs qui étaient bien protégés derrière les murs du fort.

 

Si aucun historien ne donna de précision sur les conséquences de ces tirs nourris, s’il y eut des blessés ou des victimes parmi les assaillants musulmans. Il est donc très probable que des flèches juives firent mouche d’autant plus que quelques historiens[4] rapportèrent que des Musulmans tombèrent sur le champ de bataille avant la chute du fort.

 

La réplique des assiégés juifs, après la mort de leurs chefs, fut tellement prompte et tellement violente que les Musulmans furent contraints de battre en retraite jusqu’à la position du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). De même, les Juifs faillirent même arriver à cet endroit, si ce ne fut l’intervention du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) qui stoppa le recul de ses Compagnons et qui réorganisa leurs rangs pour les lancer de nouveau sur les troupes juives lesquelles furent obligées à leur tour le revenir sur leurs pas et de se barricader dans le fort.

Mais, dès qu’elles remarquèrent que les Musulmans reculaient sous les jets de pierres et les tirs des archers, elles déclenchèrent une deuxième contre-attaque mais cette fois, les Musulmans firent face avec leur commandant al-Houbab Ibn al-Moundir et réussirent même à la briser.

 

Après deux jours de siège imposé sur le fort as-Sa’b, al-Houbab Ibn al-Moundir, tenant toujours l’étendard, revint le troisième jour avec ses troupes et livra une lourde bataille. Ce jour-là, les deux camps se criblèrent de flèches puis les Juifs lancèrent une puissante offensive qui obligea les Musulmans à reculer jusqu’à l’endroit où se trouvait le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Voyant la désorganisation de ses Compagnons, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) descendit de son cheval qu’il avait confié d’ailleurs à Mouda’im et les appela à faire preuve de retenue et à revenir au combat tandis qu’al-Houbab Ibn al-Moundir,  à cheval faisait seul face aux Juifs.

 

Aux appels répétés du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), les Musulmans se reprirent puis rejoignirent al-Houbab Ibn al-Moundir qui ne s’arrêta pas de les haranguer. La bataille avait repris de plus bel jusqu’au recul des Juifs dans leurs retranchements. Par-dessus les murs, ils continuèrent de jeter des pierres si bien que les Musulmans s’éloignèrent de nouveau. Puis, ils chargèrent une nouvelle fois de sorte que la bataille devint plus acharnée. Les Musulmans perdirent alors trois des leurs mais Allah Exalté Très-Haut vainquit les Juifs. »  

 

Al-Waqidi rapporta un témoignage identique dans son œuvre al-Maghazi, avec toutefois des informations sur les pertes musulmanes et juives (hélas! non exhaustives).

 

Les troupes juives se replièrent et se barricadèrent derrière les portails après leur dernière contre-attaque avortée gagnés par un début de démoralisation et de désorganisation. Profitant de cette nouvelle situation, al-Houbab Ibn al-Moundir déclencha une offensive qui s’avéra opportune et efficace car elle se termina par l’occupation du fort.

 

Les Musulmans, cette fois, purent capturer des juifs et trouvèrent même des stocks d’armes et de vivres. Ces vivres vinrent au bon moment car l’armée musulmane commençait à manquer sérieusement de provisions à cause du siège qui prit plus de temps que prévu. Quant au matériel de guerre, les Musulmans trouvèrent dans ce fort des quantités importantes de lances, sabres, flèches, boucliers, cuirasses, etc. ainsi que des engins de guerre, des catapultes et des chars servant à protéger les soldats des flèches et des lances de l’ennemi placé sur les murs des forts.

Cependant lorsqu’ils occupèrent la forteresse, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donna l’ordre à un héraut de demander aux combattants musulmans vainqueurs de ne rien prendre sauf quoi manger pour eux et leurs bêtes.

 

Al-Waqidi décrivit l’offensive sur le témoignage d’Abou Sabra qui a dit : « Puis notre Compagnon (al-Houbab) a chargé et nous avec lui si bien que nous avons contraint les Juifs à reculer dans le fort et avons profité de l’occasion pour y entrer avec eux. Ils ressemblaient à un troupeau de moutons. Nous tuâmes ceux qui essayèrent de nous barrer la route et nous capturâmes plusieurs d’entre eux. Les autres s’enfuirent et nous les avons laissés ni n’avons cherché à les capturer. Ensuite, les Musulmans montèrent sur les murs (du fort) et lancèrent longuement le Takbir. Je vis les jeunes hommes d’Aslam et de Ghifar (deux tribus) sur le fort en train de lancer le Takbir.

Puis nous avons trouvé, par Allah Exalté, ce que nous ne croyions pas trouver en quantité : de l’orge, des dattes, du beurre fondu et salé, du miel, de l’huile, et de la graisse. Tout cela en grandes quantités ! »

 

Selon Oum ‘Oumara qui aussi fit la campagne de Khaybar, les Musulmans trouvèrent dans ce fort des quantités très importantes de vivres et de provisions que plus d’un mois ne suffirent pas à consommer.

 

Avec la chute de ce deuxième fort, la balance montra clairement que les Musulmans étaient plus forts et surtout plus décidés à en finir de la résistance juive. Quant à ces derniers, ils furent peu à peu envahis par le désespoir après qu’ils crurent évidemment, avant la bataille, que leurs troupes allaient repousser victorieusement l’armée de Muhammad (sallallahou ‘aleyhi wa sallam). Mais, c’était sans compter avec le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

D’autre part, les écrits des chroniqueurs et historiens ont rapporté l’existence d’autres forts dans an-Natat mais qui étaient de très faible importance militaire. Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), pour être à l’abri de toute mauvaise surprise, détacha pour ces forts des éléments dont la mission était d’inspecter et de surveiller surtout les sorties.

 

Selon al-Waqidi, les Juifs se replièrent dans la forteresse az-Zoubayr après la chute des forts, Na’im et Sa’d Ibn Mou’ad. Cependant le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), avant de déplacer son armée vers le nouvel objectif, désigna quelques hommes pour surveiller les entrées des autres forts d’an-Natat dans lesquels restaient quelques éléments disséminés[5].

 

La chute de la forteresse az-Zoubayr

 

Du point de vue de l’emplacement, cette forteresse était imprenable car elle se situait sur le sommet d’une montagne dont les sentiers étaient escarpés et découverts. A première vue, il était impossible aux hommes et aux chevaux de se rapprocher même des murs, étant donné que les tours dominaient parfaitement tous les sentiers qui menaient vers la forteresse.

 

Les Musulmans, à la vue de cette véritable citadelle, stoppèrent leur mouvement et se contentèrent du siège en attendant d’un fait nouveau qui, peut-être, allait changer la situation. Durant trois jours, aucun des deux camps ne prit aucune initiative, les Juifs croyant que leur forteresse suffisait à repousser les attaques et les Musulmans ne trouvant rien qui pourrait les déloger de leur bonne retraite, jusqu’au moment où un Juif du nom de Ghazzal vint secrètement chez le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et lui proposa un marché que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)accepta évidemment.

 

Tout au début de l’entretien, le Juif demanda au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) des garanties pour sa famille, son fils et ses biens en contrepartie d’informations qui écourteraient la résistance des assiégés. Quand il eut des assurances, il montra une voie qui faciliterait l’assaut final. Il révéla au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) que les assiégés sortaient la nuit par des chemins secrets pour s’approvisionner en eau de sources d’eau qui se trouvaient au pied de la forteresse. Il lui suggéra aussi l’idée d’interdire aux Juifs l’accès à ces sources afin de les amener soit à se rendre, soit à livrer bataille hors de la forteresse et enfin il lui indiqua l’emplacement de ces sources[6].

 

Ainsi les Musulmans empêchèrent les Juifs de s’approvisionner et ces derniers ne tardèrent pas à réagir violemment en déclenchant une violente attaque que les Musulmans continrent rapidement puis les repoussèrent jusque devant la forteresse où ils ne leur laissèrent pas le temps d’entrer et de fermer les portails.

 

Dans cette bataille, les Musulmans enregistrèrent la perte d’un nombre très limité de Shouhadah[7] (pluriel de Shahid, martyr).  Quant aux Juifs, ils perdirent dix hommes. Et aucun chroniqueur ni historien ne parla du butin qui tomba aux mains des Musulmans.

 

Après la chute du dernier fort de la zone d’an-Natat, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) transféra le camp de son armée au premier emplacement qu’il choisit au début puisque les dangers étaient désormais écartés. Quant aux Juifs, ils se retirèrent dans l’autre zone d’ash-Shaq et se barricadèrent dans le fort Oubay dans l’attente des troupes musulmanes.

 

Cette fois ce fut Abou Doujana, le Musulman au turban rouge, qui commanda les troupes musulmanes pour ce fort qui se situait dans une sorte de crevasse près d’une montagne, mais dont les routes étaient très dangereuses. Cependant, sa position très différente de celles des autres forts ne fit pas perdre de temps pour les Musulmans qui lancèrent l’assaut aussitôt le siège en place.

 

Les Juifs résistèrent avec courage aux assauts musulmans et leurs deux chefs militaires allèrent même jusqu’à sortir devant le fort et lancer des défis. Dans le premier duel, le premier chef, du nom de ‘Azoul, fut tué par al-Houbab Ibn al-Moundir. Dans le second duel, le deuxième chef, dont le nom n’a pu être rapporté, tua un Musulman de la tribu de Jahshi, dont le nom n’ pas non plus été consigné par l’histoire. Dans le dernier duel, Abou Doujana prit toutefois la revanche pour son Compagnon.

 

La mort de ces deux chefs ligota complètement les Juifs, ce dont profita Abou Doujana qui donna immédiatement après le signal pour l’assaut final. Voyant les Musulmans décidés, les Juifs se replièrent encore cette fois dans un autre fort dénommé an-Nazzar[8].

 

La chute du fort an-Nazzar

 

Ce fort finit aussi par tomber aux mains des Musulmans après que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) eut ordonné l’utilisation des catapultes car le siège avait trop duré. Dans cette dernière bataille, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) fut légèrement blessé par une flèche juive lancée du haut du fort. Cependant, les Juifs laissèrent en définitive femmes et enfants tomber en captivité et s’enfuirent dans l’autre zone de Khaybar[9].

 

Parmi les captifs, se trouvait Safiyah la fille de Houyay Ibn Akhtab et la femme de Kinana Ibn Abou al-Houqayq, le seigneur de Khaybar.

 

Safiyah (radhiyallahou ‘anha) devient la femme du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) puis Mère des Croyants

 

Bien que les chroniqueurs et historiens ont tous rapporté le fait que Safiyah la Mère des Croyants (radhiyallahou ‘anha), tomba en captivité, ils diffèrent pourtant sur sa capture.

 

Ibn Hisham rapporté qu’elle avait été prise dans le fort al-Qamous, le fort de son mari Kinana Ibn Abou al-Houqayq, fort qui se trouvait dans la deuxième partie de Khaybar[10].

 

Mais al-Waqidi a rapporté que Safiyah (radhiyallahou ‘anha) fut capturée dans le fort an- Nazzar qui se trouvait dans la première partie de Khaybar et rapporta aussi la raison :

« Les Juifs de Khaybar évacuèrent leurs femmes et leurs enfants sur al-Koutayba vidant ainsi les forts d’an-Natat pour le combat. Personne ne tomba en captivité sauf ceux qui s’étaient cachés dans le fort d’an-Nazzar et parmi ces captifs, se trouvait Safiyah, sa cousine paternelle et quelques autres femmes. 

Kinana Ibn Abou al-Houqayq avait jugé que le fort an-Nazzar était le plus sûr et sur la base de ce jugement, il l’avait évacué la nuit précédant la matinée où le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) transféra le camp près d’ash-Shaq. C’est dans ce fort qu’elle fut capturée avec sa cousine et les autres[11], d’après le témoignage de ‘Abd ar-Rahman Ibn Muhammad Ibn Abou Bakr. »

 

Quelques pages plus loin, al-Waqidi rapporta le témoignage de Safiyah elle-même (radhiyallahou ‘anha) pour appuyer son point de vue quant au lieu où fut prise la Mère des Croyants :

« Safiyah (radhiyallahou ‘anha), lors du partage du butin, tomba dans la part de Dihyah al- Kalbi. Alors, un homme alla voir le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) et lui exposa le problème. Il lui dit que Safiyah (radhiyallahou ‘anha) était la dame des Qouraydah et des an-Nazir et qu’elle ne devait être digne que pour lui (le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)).

Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pris effectivement cet avis en considération et procéda ensuite à l’échange de cette dame avec une autre femme captive. Puis, il lui octroya sa liberté afin de l’honorer, avant de lui demander d’être sa femme.

Avec ce mariage librement consenti, Safiyah (la fille de Houyay Ibn Akhtab, le seigneur des Banou an-Nadr et l’ennemi le plus virulent du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)) devint l’une des Mères des Croyants et l’égale de ‘Ayshah (radhiyallahou ‘anha), la fille d’Abou Bakr, de Hafsa (radhiyallahou ‘anha), la fille de ‘Umar Ibn al-Khattab et de toutes les autres épouses du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam).

 

Enfin, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) honora cette dame convertie à l’Islam, car il connaissait son statut de femme estimée et respectée parmi les siens car son père et son mari étaient tous deux des seigneurs juifs. Laissons Safiyah (radhiyallahou ‘anha), la Mère des Croyants, témoigner sur ce point précis : « Les épouses du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) s’enorgueillissaient quand elles me rencontraient en me disant : « Eh toi la fille du Juif ! » Mais le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) était gentil avec moi et m’honorait. Une fois, il me trouva en train de pleurer et quand il me questionna sur la raison de ces pleurs, je lui répondis : « Tes épouses se vantent devant moi en me disant que je suis la fille d’un Juif. »

J’ai vu alors le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se fâcher puis il me dit : « Si elles se vantent encore, dit leur donc : « Haroun est mon père et Moussa est mon oncle[12]. »

 

La capitulation de Khaybar

 

Tous les historiens et chroniqueurs ont mentionné que les Juifs vaincus dans la première partie d’an-Natat et ash-Shaq se replièrent dans la seconde partie de Khaybar où se trouvaient plusieurs forts dont les plus importants étaient :

1. Al-Qamous.

2. As-Soulalim.

3. Al-Woutih.

Si la majorité des historiens sont unanimes à dire que les Juifs retranchés dans ces trois forts ne se rendirent aux combattants musulmans qu’après une résistance acharnée d’un siège de plus de quatorze jours, des divergences persistent toutefois si les Musulmans remportèrent la victoire sur quelques-uns de ces forts en usant de leur puissance militaire comme ils le firent  pour les premiers forts ou si les trois forts déposèrent les armes après des négociations ?

 

Selon Ibn Ishaq, un de ces trois forts fut été ouvert par la force des armes musulmanes. Dans son œuvre Sirah Ibn Hisham, t.2, on trouve à la page 336 ce qui suit :

« Après la chute d’al-Qamous, le fort des Banou Abou al-Houqayq, le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) passa près de Safiyah, la fille de Houyay Ibn Akhtab et d’une autre femme qui était avec elle. Les deux femmes étaient alors sous la garde de Bilal qui les fit passer devant les dépouilles de Juifs morts au combat. Quand la compagne de Safiyah vit les cadavres, elle se mit à crier, à se frapper le visage et à jeter de la terre sur ses cheveux. Le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), qui voyait la scène, dit alors : « Eloignez-la !, » puis il se retourna vers Bilal et lui dit : « N’as-tu donc plus de pitié, ô Bilal, pour que tu fasses passer deux femmes devant leurs morts ? »

Ceci prouve que les Musulmans capturèrent le fort al- Qamous qu’après avoir vaincu les Juifs qui montrèrent une résistance farouche.

 

Quant à Ibn Bourhan ad-Din, il rapporta la même chose dans as-Sirah al-Halabiya, t.2, page 166 : « ‘Ali Ibn Abou Talib fut celui qui dirigea les opérations contre le fort al-Qamous » et « Safiyah (la fille de Houyay Ibn Akhtab) fut capturée dans ce fort. »

 

Mais les deux autres forts (al-Woutih et as-Soulalim) se rendirent sans livrer de bataille mais après un siège qui se révéla très dur pour les Juifs barricadés[13]. Il faut signaler par contre qu’il y a manque dans le récit des évènements rapportés par Ibn Ishaq qui rapporta au sujet de la chute de Khaybar : « Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) triompha de Khaybar, fort après fort. Le fort Na’im fut le premier à tomber puis il fut été suivi par le fort al-Qamous[14]. »  

Comme on peut le voir, Ibn Ishaq n’a cité des cinq forts d’an-Natat et d’ash-Shaq que le fort Na’im. Sa manière de rapporter ces faits nous donne l’impression que le fort al-Qamous faisait partie des forts d’an-Natat ou d’ash-Shaq alors que d’après tous les chroniqueurs et historiens, ce fort se situait à al-Koutayba dans la deuxième partie de Khaybar.

 

Selon un autre historien, al-Waqidi cette fois, les Juifs, après avoir perdu la première partie de Khaybar, se replièrent dans la deuxième partie, plus précisément dans les trois forts (al-Woutih, as-Soulalim et al-Qamous) et se préparèrent de nouveau à la résistance. Ils restèrent retranchés derrière les murs et le siège avait eu raison d’eux[15].

 

Nous voyons ici clairement qu’al-Waqidi a apporté une autre version des faits. Si Ibn Ishaq dit que les Musulmans triomphèrent du fort al-Qamous par l’emploi des armes et que les deux autres déposèrent les armes après des négociations, al-Waqidi par contre soutint que tous les trois forts déposèrent les armes seulement après des pourparlers. Tout cela après un siège de quatorze jours et après que les Juifs virent que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) allait user des catapultes pour ouvrir des brèches dans les murs des forts.

 

Lorsque les Juifs se rendirent compte que leurs sort était scellé et qu’il n’y avait aucune autre possibilité pour redresser la situation, leur seigneur Kinana Ibn Abou Houqayq entra en contact avec le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) par l’intermédiaire de son émissaire (du nom de Shammakh). Dans ce contact préliminaire, il demanda au Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) une rencontre directe afin de mettre fin à cette guerre que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ne refusa pas.

 

Lors de la réunion dans le camp musulman, la délégation juive sous la direction de Kinana essaya de soutirer des conditions et des garanties plus favorables pour la communauté juive en contrepartie d’un traité de conciliation. Mais cette demande de paix des seigneurs et notables juifs vint trop tard car les Musulmans savaient que leur volonté n’était qu’une apparence et que la véritable raison qui poussa les juifs est lorsqu’ils virent les catapultes se placer en face de leurs murs, prêtes à entrer en action.

 

Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) savait parfaitement cela tout comme il savait que Kinana n’était venu parlementer qu’après l’effondrement de la résistance de ses hommes et que donc ces Juifs tombaient sous les dispositions qui s’appliquaient à un ennemi vaincu après une bataille. Cependant le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se montra tolérant puisqu’il signa l’accord dont les principaux articles sauvaient les Juifs d’une mort certaine et épargnaient aux enfants et aux femmes de devenir captifs.

 

Voilà alors les principaux points de l’accord :

1. Les Juifs ne sont plus propriétaires des forteresses et des forts. Ils doivent aussi céder aux Musulmans toutes les armes et machines de guerre.

2. Les Juifs ne devront plus s’armer tant qu’ils resteront à Khaybar.

3. Le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se porte garant de la sécurité des Juifs et de la liberté de leurs femmes et leurs enfants.

4. Les Juifs sont tenus de quitter Khaybar et de s’exiler en Syrie.

5. Les Musulmans permettront aux Juifs de prendre tout ce qu’ils peuvent prendre sur leurs moyens de transport, lors de leur départ.

6. Les Juifs (et à leur tête Kinana Ibn Abou al-Houqayq) s’engagent à remettre aux Musulmans toutes les richesses, y compris les trésors cachés.

7. S’ils transgressent un seul article de l’accord, les Juifs consentent à ce que toute protection soit levée et que les Musulmans ont le droit d’annuler l’accord et d’appliquer alors les lois de guerre.

Après la signature et l’application immédiate de cet accord, les Musulmans deviendraient les propriétaires des armes, des vergers et des richesses de Khaybar. En bref, ils deviendraient les maitres incontestés de la région.

Avec cet accord, prit fin l’expédition de Khaybar qui fut la plus longue bataille que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) mena contre un ennemi de l’Islam.

 

Le butin

 

Concernant le butin de guerre, les Musulmans purent s’octroyer dans les derniers forts mille flèches, quatre cents sabres, cinq cents arcs arabes avec leurs carquois ce qui était considéré comme une importante quantité pour l’époque.

 

Quant au butin non-militaire, il ne put être estimé vu les richesses que recelait la région de Khaybar. Si l’on sait que seulement à al-Koutayba les Musulmans recensèrent quarante mille palmiers. Que peut-on alors dire des autres oasis de Khaybar ?

 

D’autre part, les Musulmans lors du recensement du butin, prirent aussi quelques parchemins de la Torah cependant, quand les Juifs allèrent les demander au Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam), ce dernier ordonna immédiatement de les leur remettre parce qu’elles contiennent des paroles d’Allah et qu’elles sont sacrées pour les gens du Livre. On les remit alors aussitôt à ces Juifs[16].

 

Pour nous Musulmans, c’est là un fait très significatif, qui donne une preuve irréfutable que l’Islam est tolérant avec les religions monothéistes[17]. C’est une preuve qui rejette l’accusation qui consiste à dire qu’ils contraignent les non-musulmans à embrasser l’Islam. Lisez nos Abrégé pour être convaincu du contraire et que c’est plutôt les mécréants qui sont les champions des conversions forcées. En Islam, la conversion est un choix personnel.

 

La remise des pages de la Torah à ces juifs traduit avec fidélité l’esprit du Qur’an en termes de tolérance et de liberté de croyances. Et profitant de cela, un très grand nombre de mécréants endurcis et ennemis de l’Islam se font passer pour des croyants mais ils ne trompent qu’eux-mêmes en vérité.

 

Pourquoi le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) permit-il aux Juifs de rester à Khaybar ?

 

Comme stipulé par l’accord, les Juifs tomberaient sous la menace de la condamnation à mort et de la captivité, s’ils violaient un seul article pendant l’application du traité qui consistait en la remise des clefs de Khaybar et qu’ils étaient tenus de quitter définitivement le pays pour aller s’installer en Syrie.

 

Cependant, la suite des évènements ne permit que l’application d’une partie de cet accord car les Juifs violèrent certaines clauses[18] et la condamnation à mort ne frappa que Kinana Ibn Abou al-Houqayq et son frère ar-Rabi’ car ils furent les premiers responsables de la violation de l’accord.

 

Quant à leur départ vers la Syrie, il n’eut pas lieu car le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) accepta en définitive leur proposition qui consistait à rester travailler en tant que salariés dans les jardins et dans les palmeraies en contrepartie d’une partie de la récolte.

 

Dans Nasb ar-Rayah, t.III, d’az-Zayla’i, nous trouvons à la page 399 : « Nous (les Juifs) connaissons cette terre mieux que vous. » Alors, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) se mit d’accord avec eux sur la base de la moitié de la récolte tout en leur rappelant : « Nous avons le droit de vous en expulser. »

Les mêmes faits concernant la raison qui amena le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) à accepter la présence des Juifs à Khaybar furent aussi rapportés par Ibn Ishaq, al-Waqidi, al-Boukhari et d’autres historiens et chroniqueurs.

 

Après la conclusion du contrat de métayage, les Juifs commencèrent d’abord par reprendre leurs biens confisqués comme butin de guerre par les Musulmans, moyennant des sommes importantes d’or et d’argent qu’ils avaient cachées avant la défaite. Cependant, le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ne prit aucune mesure répressive ou coercitive et ferma au contraire les yeux sur cette transgression manifeste.

 

Dans al-Maghazi d’al-Waqidi, t II, pp. 669-670, il est écrit : « Lorsque le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) donna l’Aman aux Juifs, ces derniers se mirent à acheter, à vendre, à conseiller. Ils dépensèrent beaucoup pour racheter leurs habits et leurs biens ménagers. »

 

La tentative d’assassinat du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam)

 

D’autre part, sur un autre plan parce que lié aux retombées de la bataille de Khaybar, une femme juive essaya d’attenter aux jours du Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) par une offrande empoisonnée.

 

Une juive, Zaynab, la fille d’al-Harith, femme de Sallam Ibn Moushqim et la nièce de Marhab, le frère d’al-Harith, prit la décision d’empoisonner le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pour venger la mort de son père, de son oncle et de son mari, tous les trois tués à an-Natat. Elle égorgea un mouton quelle enduit de poison mortel et grilla puis juste avant la tombée de la nuit, elle alla se mettre devant la tente du Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) avec la ferme intention d’assouvir sa vengeance.

 

Lorsque le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) arriva avec ses Compagnons après l’accomplissement de la prière du Maghrib, la juive lui donna le mouton empoisonné comme une offrande car elle savait que le Prophète (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) ne refusait pas les cadeaux.

Il invita alors ses Compagnons à diner avec lui se rendit compte très rapidement que ce cadeau avait été empoisonné. Il alerta alors vite ses Compagnons de ne pas continuer à manger mais seulement après qu’il eut avalé une bouchée. Un autre Compagnon qui participait au repas, Bishr Ibn al-Bara', qui pris aussi une bouchée ne put résister longtemps à l’effet du poison et il mourut paralysé, une année plus tard.

 

Hammad Ibn Salma a dit que le Messager d’Allah (sallallahou ‘aleyhi wa sallam) pardonna pour sa part à cette femme mais qu’il ordonna de l’exécuter pour la mort de Bishr al-Bara' en application de la loi du talion[19].



[1] Aslam, tribu de Khouza’a des Qahtan dont les terres se situaient près de Médine.

[2] Maghazi al-Waqidi, t.2, p.660, al-Bidayah wa an-Nihayah, t.IV, p.195, Sirah Ibn Hisham, t.2, p.332, as-Sirah al-Halabiya, t.2. p.164. 

[3] Imta‘ al-Asma‘, p.316 et as-Sirah al-Halabiya, t.II.

[4] Parmi ces historiens, al-Maqrizi dans son livre Imta‘ al-Asma’.

[5] Maghazi al-Waqidi, t.II, p.666.

[6] Zad al Mi’ad, t.II, p.331, Maghazi al-Waqidi, t.II, p.666, al-Bidayah wa an-Nihayah, t.IV, p.198, as-Sirah al-Halabiya, t.I. p.165.

[7] Al-Bidayah wa an-Nihayah, t.IV, p.198.

[8] Maghazi al-Waqidi, t.II, p.667.

[9] Maghazi al-Waqidi, t.II, p.p.667-668.

[10] Al-Bidayah wa an-Nihayah, t.IV, p.198, as-Sirah al-Halabiya, t.II. p.165 et Maghazi al-Waqidi, t.II, p.p.668-669.

[11] Sirah Ibn Hisham, t.II. p.336.

[12] Maghazi al-Waqidi, t.II, p.669.

[13] Maghazi al-Waqidi, t.II, p.674.

[14] Sirat Ibn Hisham, t.II, p.337.

[15] Sirat Ibn Hisham, t.II, p.330

[16] Al-Waqidi, al-Maghazi, t.II, p.680, as-Sirah al-Halabiya, t.II, p.166

[17] Contrairement chez les mécréants qui brulent et dégradent des milliers de copies au jour le jour, en Iraq en Afghanistan, en Inde et même en Amérique ou il existe le jour de « combustion du Qur’an » comme à l’époque de l’inquisition. Et bien que les Musulmans savent très bien que la Bible n’est qu’une grosse imposture, jamais l’un d’entre eux n’a manqué de respect à son égard. Vous comprendre pourquoi donc les mécréants le sont véritablement, en effet il n’y a qu’eux pour faire cela. 

[18] Al-Maghazi al-Waqidi, t.II, p.670.

[19] Zad al-Mi’ad, t.II, p.332, al-Bidayah wa an-Nihayah, t.IV, p.199, Sirah Ibn Hisham, t.II, p.336, Maghazi al-Waqidi, t.II, p.672, Imta’ al-‘Asma’, p.320, as-Sirah al-Halabiya, t.II. p.167, Tabaqat al-Koubra Ibn Sa’d, t.II, p.112.






Ruines de Khaybar