‘Ouqbah Ibn Nafi’ (qu’Allah
lui fasse miséricorde) est un des éminents commandants du premier
siècle islamique qui renforcèrent les conquêtes initiales de
l’Afrique du Nord et annihilèrent la résistance berbère.
‘Ouqbah est né dans les
années dernières de la vie du Prophète (Saluts et bénédictions
d’Allah sur lui). Il était le neveu de ‘Amr Ibn al-‘Ā (qu’Allah soit
satisfait de lui), le conquérant de l’Egypte, qui le nomma
Commandant En chef des forces musulmanes en Afrique du Nord. Selon
une source, ‘Ouqbah était retenu à Ghadamès (Libye) et au Soudan
(pas le Soudan actuel mais le pays des Noirs) ou il prêchait
l’Islam. Il commanda une troupe musulmane de dix-mille combattants
dont parmi eux se trouvai un groupe de convertis berbères. En l’an
50 de l’Hégire (670 EC) il bâtit la ville de Kairouan qu’il utilisa
comme une base pour ses futures expéditions. Kairouan (Qayrawan) est
arabisé du mot persan «
كارون
» signifiant « camp » ou « caravansérail ». Pour la construction de
la ville, ‘Ouqbah choisit une forêt épaisse, loin de portée des
navires de guerre romains mais ses soldats eurent peur car la forêt
était pleine des bêtes sauvages et de reptiles venimeux et lui en
firent part. ‘Ouqbah réunit les dix-huit Compagnons (qu’Allah soit
satisfait d’eux) du Prophète (Saluts et bénédictions d’Allah sur
lui) qui se trouvaient dans sa troupe puis, s’adressa à haute voix à
la forêt et dit : « O insectes, reptiles et bêtes ! Nous sommes
des compagnons du Messager d’Allah (Saluts et bénédictions d’Allah
sur lui) et nous avons l’intention de résider dans cette forêt,
prenez congé aussitôt que possible et vous avez trois jours pour la
faire. Après cela quiconque sera trouvé dans la forêt sera tué. »
Et miraculeusement après, les reptiles et les bêtes portant
leur petit quittèrent immédiatement le site. Ce fut comme si chaque
arbre ou chaque rocher abritait une bête ou un reptile et ils
émigrèrent en groupe. Les Berbères furent stupéfiés par cette scène
et une grande quantité d’entre entrèrent dans l’Islam. Ainsi ‘Ouqbah
fonda cette nouvelle capitale ou les gens s’établirent. C’était un
endroit si paisible qu’aucun reptile venimeux n’a été vu durant les
quarante prochaines années. Une grande mosquée fut également
construire dans la nouvelle ville mais la direction de la Qiblah
pour la prière s’avéra une question difficile qui fut résolu
miraculeusement. ‘Ouqbah fit un rêve dans lequel il entendit
quelqu’un dire : « Quand tu iras à la mosquée ce matin, tu
entendras un Takbir. Localise la source du son qui sera la direction
de la Ka‘bah. »
Avant ‘Ouqbah,
Mou‘āwiyah Ibn Houdayj (qu’Allah soit satisfait de lui), un autre
Compagnon, avait choisi le site de « Qarn » pour construire la ville
mais ‘Ouqbah différa avec lui et préféra un autre site pour bâtir la
capitale.
Avec la fondation de
Kairouan, les Arabes établirent une forteresse en Afrique du Nord
pour répandre le message de l’Islam néanmoins ‘Ouqbah ne put
témoigner de l’expansion de l’Islam en Afrique. L’Afrique
(Ifrīqiyyah) était encore sous le contrôle de l’Egypte dont le
gouverneur Maslamah Ibn Moukhallad al-Ansāri désista ‘Ouqbah qu’il
remplaça par son esclave affranchi Abou al-Mouhājir Ibn Dinar en 53
H/673 EC. Abou al-Mouhājir attaqua l’Algérie et s’approcha de
Tlemcen, comme Ibn Khaldoun l’a rapporté. ‘Ouqbah consterné par la
décision se plaignit au Calife Mou‘āwiyah (qu’Allah soit satisfait
de lui) mais ce n’est que le successeur de ce dernier qui restituera
‘Ouqbah à son ancienne position.
Bien qu’il n’y ait aucune
évidence authentique, ‘Ouqbah redevint gouverneur d’Ifriqiyyah en
l’an 62 de l’Hégire (682 EC) tandis qu’Abou al-Mouhājir avait
conquis une vaste région en plus du fait d’avoir vaincu Koceila (en
arabe : Koussaylah), un chef berbère qui accepta apparemment
l’Islam.
‘Ouqbah décida de
surpasser son ancien record de victoires pour compenser son absence
du commandement. Zouhayr Ibn Qays al-Balawi prit le commandement de
son avant garde et précédant ‘Ouqbah, il fit face aux Berbères et
aux forces Byzantines à Zab et à Tahert et peu après être revenu à
Kairouan, ‘Ouqbah se
dirigea vers le centre de l’Algérie ou il vainquit les troupes
ennemies et recueilli le tribut du reste avant de parvenir
finalement à Tanger.
Julian, le chef de la
tribu Ghammarah capitula devant ‘Ouqbah et fut satisfait de devenir
son conseiller militaire. Il conseilla ‘Ouqbah de prendre une
attention particulière aux Berbère non-musulman de Souss et du Grand
Atlas plutôt que de traverser le Détroit de Gibraltar et conquérir
l’Andalousie. Ainsi ‘Ouqbah se concentra donc sur les tribus
berbères et se mit de nouveau en marche vers
le Mont Zarhoun ou il prit
la ville de Volubilis avant de mener ses forces à Dra‘a (Drâa) et à
Souss empruntant le moyen Atlas. Il chassa les combattants de Souss
et de Dra‘a à Lamtounah et se tournant vers l’Océan Atlantique, il
se dirigea vers le territoire d’Asfi et le Mont Daran (Grand Atlas)
pour vaincre les tribus berbères de Masmoudah. Après une campagne
apparemment réussie il arriva finalement à Taroudant, pour soumettre
les tribus berbères de l’Anti-Atlas mais ses victoires s’avérèrent
inachevées. Quand ‘Ouqbah voulut retourner à Kairouan après deux
années d’absence, il n’envisagea pas la reconquête de ces régions.
Koceila quant à lui, avait fui au loin et réorganisé ses forces pour
arrêter ‘Ouqbah qui ignorait les dangers qui l’attendait et
lorsqu’il arriva à Zab, il se dirigea avec un groupe de ses hommes à
Toubna et autorisa le reste de l’armée à retourner à Kairouan.
‘Ouqbah accompagné d’un groupe de combattants arabes quitta alors
Toubna pour les Aurès pour se retrouver peu de temps après à
Tahoudah, sur la bordure du désert, encerclé par les bandes armées
de Koceila l’apostat et en l’an 63 H/683 EC, le grand commandant
arabe trouva le martyre avec trois cents de ses braves guerriers.
‘Ouqbah et ses compagnons, puisse Allah Exalté leur faire
miséricorde, furent inhumés dans un village du nom de Sidi ‘Ouqbah,
près du vieux site de Tahoudah, juste à quelques miles (22 km) au
sud-est de Biskra.
Mosquée Sidi 'Ouqbah Oasis, Algérie