Al-Mouthannah Ibn al-Hārithah ash-Shaybāni (qu’Allah soit
satisfait de lui)
Les tribus arabes avaient l’habitude d’exécuter le pèlerinage à La Mecque et le Prophète (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) les appelait à l’Islam. Mouthannah et sa femme, Salma Bint Khasfah vinrent avec un groupe des Banou Shaybān et le Messager d’Allah Prophète (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) leur récita ces Mots d’Allah, a Lui les Louanges et la Gloire : «
Dis : « Venez, je vais réciter ce que votre Seigneur vous a interdit : ne Lui associez rien ; et soyez bienfaisants envers vos père et mère. Ne tuez pas vos enfants pour cause de pauvreté. Nous vous nourrissons tout comme eux. N’approchez pas des turpitudes ouvertement, ou en cachette. Ne tuez qu’en toute justice la vie que Dieu a faite sacrée. Voilà ce que [Dieu] vous a recommandé de faire; peut-être comprendrez-vous. » Qur’an Sourate al-An‘am 6 : 151
« Certes, Allah
commande l’équité, la bienfaisance et l’assistance aux proches. Et
Il interdit la turpitude, l’acte répréhensible et la rébellion. Il
vous exhorte afin que vous vous souveniez. » Qur’an Sourate
an-Nahl 16 : 90
Al-Mouthannah
(qu’Allah soit satisfait de lui) dit alors au Messager d’Allah
Prophète (Saluts et bénédictions d’Allah sur lui) : « J’ai entendu
parler de ton combat, j’ai apprécié tes mots et ce que tu nous a dit
m’a impressionné. Mais nous avons un traité avec Khosrô, qui stipule
que nous n’innoverons en rien ni-même ne donneront l’abri à un
innovateur et ce à quoi tu nous appelle y ressemble et sera détesté
par les souverains. Si tu désires notre aide et notre protection de
ce qui surviendra des terres des Arabes, nous ferons ainsi. »
Le Prophète (Saluts et
bénédictions d’Allah sur lui) répondit : « Vous ne ferez aucun
mal en disant la vérité. Une personne ne peut pas établir la
Religion d’Allah à moins qu’il n’en embrasse tous les aspects. »
Al-Mouthannah
n’embrassa donc pas l’Islam à ce moment-là, mais après cela.
Bien qu’al-Mouthannah
adhéra à la logique, la sagesse et les nobles qualités de l’Islam,
il s’en tint aux traités qu’ils avaient faits auparavant avec les
Perses. Les Bani Shaybān étaient une branche des Bani Bakr Ibn Wā‘il
Ibn Qāssit, de Jadīlah, d’Assad et de Rabī‘ah. Il était
al-Mouthannah Ibn al-Hārithah Ibn Salāmah Ibn Damdam Ibn Sa‘īd Ibn
Zouhl Ibn Shaybān Ibn Tha‘labah. Les terres des Bani Rabī‘ah
s’étendaient d’al-Jazīrah, l’Irak jusqu’au Bahreïn, sur les rives du
Golfe Arabe, mais ils n’avaient ni ville ou village du fait qu’ils
étaient des nomades.
Al-Mouthannah grandit
dans une société guerrière
à cause des guerres entre sa tribu et leurs frères des Bani
Taghlib Ibn Wā‘il et aussi Tamīm. Il était le chef de sa tribu, un
cavalier courageux, résolu, véridique, dévoué et avait une bonne
connaissance des affaires militaires. Il montra maintes fois son
courage contre les Perses et lors de l’invasion du Sawād de l’Irak.
Ibn al-Athīr a
rapporté : « Quand l’Islam arriva, il n’y avait pas de plus forte
maison, de plus fort voisin protecteur et de meilleur allié que les
Banou Shaybān. » Quand Mouthannah (qu’Allah soit satisfait de
lui) s’élança à la poursuite des apostats, il entra dans les régions
de l’Euphrate qui étaient sous la souveraineté perse et les
nouvelles de ses actions parvinrent au Calife Abou Bakr as-Siddiq
(qu’Allah soit satisfait de lui) qui se renseigna à son sujet :
« Qui est celui dont les nouvelles nous sont parvenues avant d’avoir
eu connaissance de son lignage ? » Qays Ibn ‘Assim (qu’Allah soit
satisfait de lui), le sage des Banou Tamīm et l’ennemi des Banou
Shaybān dans la Jahiliyyah était présent et répondit : « Cet
homme n’est ni un inconnu, ni son lignage ignoré et ni de noble
origine. Il s’agit d’al-Mouthannah Ibn al-Hārithah ash-Shaybāni. »
Khālid (qu’Allah soit
satisfait de lui) quitta alors l’Irak avec la moitié de son armée
pour la Syrie et Mouthannah (qu’Allah soit satisfait de lui) devint
alors le commandant de la moitié restante de l’armée et vainquit les
Perses dans la Bataille de Bābil (Babylone).
Lorsque des renforts
arrivèrent commandés par Abou ‘Oubayd Ibn Mas‘oūd (qu’Allah soit
satisfait de lui) Mouthannah redevint le commandant de l’avant-garde
des troupes musulmanes et participa aux Batailles d’an-Namāriq,
d’as-Saqātiyah et de Bāqousyāthā. Puis arriva la Bataille du Pont
(al-Jisr) et Abou ‘Oubayd (qu’Allah soit satisfait de lui) fut en
désaccord avec l’opinion de Mouthannah et traversa le fleuve pour
lutter contre une force perse menée par Behman Jadawaih. Les
musulmans furent alors déroutés et Abou ‘Oubayd (qu’Allah soit
satisfait de lui) martyrisé.
Mouthannah (qu’Allah
soit satisfait de lui) qui fut blessé lors de l’affrontement fut
néanmoins capable d’extraire les musulmans du champ de bataille et
de se retirer avec les combattants survivants. Malgré ses blessures,
Mouthannah (qu’Allah soit satisfait de lui) livra le jour suivant la
Bataille d’Oullays et tomba sur certains chefs perses qui s’étaient
enfuis lors de la Bataille du Pont et les fit prisonniers.
Certains musulmans de
Médine furent attristés par les nouvelles de la défaite dans la
Bataille du Pont et ainsi ‘Umar (qu’Allah soit satisfait de lui)
recruta rapidement des renforts de tous les coins de la Péninsule
Arabe et les envoya en Irak. D’al-Madā'in (Ctésiphon), Roustoum leva
une nouvelle armée composée entièrement des Perses à qui il donna le
commandement à Mehrān Ibn Bāzān. Al-Mouthannah (qu’Allah soit
satisfait de lui) marcha rapidement à sa rencontre et les deux
armées rencontrées à al-Bouwayb, où Mouthannah les assiégea et leur
infligea une lourde défaite tandis que Mehran fut tué. En plus, les
dizaines de milliers de Perses qui furent
tuées, Mas‘oūd Ibn
al-Hārithah (qu’Allah soit satisfait de lui), le frère
d’al-Mouthannah (qu’Allah soit satisfait de lui) trouva le martyre
et ce dernier dit à ses troupes pendant la bataille : « O,
Musulmans ! Ne laissez pas la mort de mon frère vous affliger parce
que les morts des meilleurs d’entre vous lui ressemblent. »
Alors Mouthannah
(qu’Allah soit satisfait de lui) se lanca à la poursuite des fuyards
et les poursuivit jusqu’à ce qu’il atteigne
Sabāt et le Tigre. Tous les rescapés
musulmans de la Bataille du Pont prirent part à la bataille
et leur victoire apaisa leur cœur et restitua leur humeur.
Après la bataille,
al-Mouthannah (qu’Allah soit satisfait de lui) s’assit avec ses
troupes et passa la bataille survenue en revue. De la même manière
qu’il était courageux dans la bataille quand il vint à l’examen de
soi-même, il dit : « J’étais absolument impuissant, mais Allah nous
a protégés de leur mal en me permettant d’atteindre le pont et de le
rompre pour leur couper tout retrait mais je ne le répéterais pas de
nouveau. Ne le faites donc pas vous-même et ne m’imitez pas oh,
gens. C’était une erreur de ma part. Il ne faudrait jamais confiner
un ennemi tant qu’il est capable de se prévenir. » Al-Mouthannah
(qu’Allah soit satisfait de lui) était d’avis que si un ennemi
faible dans une situation critique avait toute voie de retrait
coupée, alors il n’aurait aucun autre recours que de lutter
désespérément et cela causerait plus de morts dans les rangs des
attaquants.
Mais s’il leur
laissait la possibilité de fuir et se disperser, ils pourraient les
capturer dans des circonstances préférables car lutter contre un
ennemi en fuite est préférable que de lutter contre celui qui lutte
pour sa survie. Mais si l’ennemi est dans une situation qui ne lui
permet pas de résister alors il n’y a aucune objection à l’encercler
et le détruire.
Puis Mouthannah
(qu’Allah soit satisfait de lui) s’empressa d’organiser ses forces
et lança des raids en Irak. Ayant fait préalablement une étude
rapide mais complète des distances de ses cibles, les périodes de
repos nécessaires, les réserves de vivres sur lesquelles s’appuyer,
leur heure d’arrivée, la vitesse de sa cavalerie et de son ennemi,
al-Mouthannah (qu’Allah soit satisfait de lui) voulut non seulement
récompenser ses hommes avec un butin suffisant mais qui priverait en
même temps l’ennemi de ses ressources. Il dirigea ses attaques
principales vers les marchés annuels d’al-Khanāfis et de Baghdad qui
était près d’un village proche d’al-Madā'in (Ctésiphon) sur la rive
Est du Tigra. Al-Mouthannah (qu’Allah soit satisfait de lui) avait
bien calculé et gardé ses intentions secrète jusqu’à son apparition
soudaine dans le marché pour capturer la plus grande quantité d’or,
d’argent et de soie qui s’y trouvait. Il lanca d’autres attaques
contre des endroits autre que ces cibles, pour détourner l’attention
de l’ennemi sur ses réelles
intentions et déploya des gardes sur les routes, pour empêcher les
nouvelles de sa présence d’atteindre al-Madā‘in (Ctésiphon) jusqu’à
l’accomplissement de ses raids. Ainsi il fut capable de pénétrer et
de se retirer avec aisance, sécurité et protection.
Ses raids allèrent
aussi loin qu’al-Kabath, Siffin et Qasr Shapoūr. Les aptitudes
supérieures d’adaptation et de stratégie de Mouthannah sont
manifestes ; il était sans conteste un maître de la guerre-éclair
(blitzkrieg) selon les théories les plus modernes.
Les Perses convinrent
de nommer Yazdgard comme leur empereur, Roustoum comme leur
commandant militaire et commencèrent à recruter une nouvelle armée
pour lancer une contre-attaque. Mais al-Mouthannah (qu’Allah soit
satisfait de lui) ne les attendit pas et conscient de sa petite
armée c’est sans hésitation qu’il se retira d’Irak vers le désert ou
il attendit des renforts. Mais ses blessures reçues pendant la
Bataille du Pont prirent leur péage tandis qu’il était à Sharaf avec
deux mille combattants attendant l’arrivée de Sa‘d Ibn Abi Waqqās
(qu’Allah soit satisfait de lui). Al-Mouthannah (qu’Allah soit
satisfait de lui) déploya des efforts extrêmes alors qu’il était
blessé et traversa l’Irak du sud au nord lors de ses raids après la
Bataille d’al-Bouwayb. Al-Mouthannah (qu’Allah soit satisfait de
lui) rencontra une fin convenable après avoir envoyé ses
instructions à Sa ‘d par son frère, al-Ma‘na Ibn al-Hārithah qui lui
dit : « Ne lutte pas contre tes ennemis parmi les Perses s’ils
ont réuni leur force dans le milieu de leur patrie. Tu devras
seulement lutter contre eux sur les frontières de leur terre sur la
roche la plus proche des terres des Arabes et près du village le
plus proche dans la terre des non-Arabes. Si Allah, à Lui les
Louanges et La Gloire, donne la victoire aux Musulmans sur eux, ils
auront ce qui est derrière eux et si leurs ennemis sont vainqueurs,
alors ils peuvent
revenir (dans le désert) et s’y réfugier. Ils connaitront mieux leur
route et seront plus courageux sur leur propre terre, jusqu’à ce
qu’Allah Exalté leur permette de revenir et de vaincre leur ennemi. »
Et c’est exactement la même stratégie qu’al-Mouthannah (qu’Allah
soit satisfait de lui) employa.
Al-Mouthannah
(qu’Allah soit satisfait de lui) est né dans le désert, vécut dans
le désert, décéda et fut inhumé dans le désert. Il fut un guerrier
avec son sabre dans la vie de ce monde à laquelle son cœur s’opposa
(c’est-à-dire cette vie terrestre). Sa‘d Ibn Abi Waqqās (qu’Allah
soit satisfait de lui) invoqua la miséricorde d’Allah sur lui et
agit conformément à son conseil dans la Bataille d’al-Qādissiyyah.
Tristement, nous
trouvons peu écrit sur ce vaillant chef et cavalier excepté la
mention de sa femme, Salma Bint Khasfah et ses deux frères, al-Ma‘na
et Mas‘oūd. Nous ne savons pas s’il avait des enfants, ni son âge à
l’époque de ses actions et de son décès. Si nous examinons son
Jihad (combat dans la voie d’Allah pour la suprématie de Son
Verbe ou pour la défense des Musulmans et de leurs terres), nous
observons les traits suivants :
1. Dans la mesure du
possible, il portait une attention particulière sur le choix d’un
site pour la bataille qui possédait certains avantages.
2. Il n’a jamais tenu
à la terre conquise autant qu’il aimait vaincre les forces ennemies
et plusieurs fois, il abandonné le territoire qui était dans ses
mains pour se retirer dans le désert.
3. Il était un
tacticien hors pair qui étudiait ses plans de batailles avec ses
hommes avant et après les combats.
4. Il apprenait de ses
erreurs et comme nous l’avons constaté après la Bataille
d’al-Bouwayb, il était essentiel pour lui de les admettre, de
déclarer qu’il ne le répéterait pas et de demander à ses hommes de
ne pas l’imiter, à moins que certaines conditions soient réunies.
5. La surprise, les
attaques éclairs et la poursuite étaient ses marques et accomplies
selon les théories les plus modernes.
6. Al-Mouthannah
(qu’Allah soit satisfait de lui) était un spécialiste de la guerre
psychologique. Il était calme et aimait ses troupes qui l’aimaient
aussi. Il était courageux, décisif et résolu et savait parler à ses
hommes pour éveiller leur zèle et les rendre dévoués quand l’un des
leurs, tels que son frère, avait été tué et de la même manière il
savait quoi dire pour affaiblir la détermination de ses ennemis. Et
par-dessus tout, il connaissait l’effet du bon exemple et était donc
un modèle pour eux.